Fiction: Comme une tornade

Sakura Haruno, dix-sept ans. Ou comment se retrouver embarquée dans une tornade avec Karin et Sasuke.
Classé: -12D | Drame / Humour / Romance | Mots: 34355 | Comments: 36 | Favs: 12
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hane-chan (Féminin), le 19/05/2014
Une fic qui m'est venue en plein cours de S.V.T
Je pense qu'elle sera plutôt longue.




Chapitre 10: Tout part en charpie



La pause de midi arrivait, et j'étais soulagée de pouvoir m'échapper du lycée et de tous ces regards curieux. Ino collée aux basques, nous rentrâmes dans l'appartement, épuisées, et je commençais à en avoir marre de sa mauvaise foi. C'est vrai, quoi ! C'est que cinq pauvres petits étages ! Elle peut les monter à pieds quand même ! C'est bon pour la santé, un peu d'effort physique, et c'est bon pour la ligne... Sinon, elle y va toute seule dans l'ascenseur ! Pas moyen pour moi de l'accompagner... L'épisode SMBA m'avait suffi. Quoi, vous savez pas ce que c'est ? Mais voyons, SMBA, pour Sasuke et Moi Bloqués dans l'Ascenseur ! C'est évident, pourtant ! Oh, ça y est, vous vous dites que je suis accro aux acronymes... Euh... Mauvais jeu de mots, oubliez.

Bref, tout ça pour dire que ne pas manger au self, c'est cool. Surtout pour une fille qui est constamment seule, sauf cas exceptionnel - c'est-à-dire débarquement inopiné de la folle furieuse de meilleure amie à deux semaines de Noël.

L'après-midi passa relativement vite, et - pour mon plus grand bonheur - sans encombres. Karin semblait avoir disparu de la circulation, et ne se présenta même pas en classe, ce qui m'assurait un peu plus de ma victoire écrasante de la matinée et de la honte qu'elle en avait éprouvée. Et pour tout dire, j'étais pas peu fière. J'avoue, c'était puéril. Mais franchement vous auriez fait quoi à ma place ? Autant savourer mon petit succès, non ? J'allais pas non plus faire une danse de la joie, merci bien ! Je n'étais pas désespérée à ce point... Je m'autorisai malgré tout un regard en coin à Monsieur, et j'eus l'entière satisfaction de le voir détourner les yeux au bout de quelques secondes seulement : il ne me fuyait plus comme une vierge effarouchée ! Pour le coup, je faillis hurler et sauter partout pour clamer haut et fort l'immensité de mon allégresse.

Malheureusement toutes les bonnes choses ont une fin, et il nous fallut, à Ino et moi-même, nous rendre dans la salle de classe d'Anko.

Le bocal du serpent dans les mains, je déjantais. C'était plus fort que moi. L'animal ne s'y trouvait pas encore mais son arrivée imminente me faisait déjà craindre le pire. Pas de ma faute si mon amour pour ces trucs visqueux équivalait celui que je portais aux ascenseurs ! Encore qu'un ascenseur, je pouvais m'approcher un minimum de lui, il allait pas risquer de me sauter à la tronche... Après une bagarre de bocal avec Ino, à coup de Prends-le toi ! de Non, vas-y prends-le toi, c'est toi qu'est punie ! et de Ouais mais c'est toi qui a établi tes quartiers chez moi sans demander mon avis ! J'avais été déclarée grande perdante, et porteuse attitrée du reptile. J'avais beau savoir qu'il n'était pas venimeux, il ne m'en semblait pas moins dangereux pour autant. Après tout, ça peut toujours s'enrouler autour de notre cou pour venir nous étrangler, non ? Rien que d'y penser, j'en avais d'horribles frissons...

La prof de bio des premières débarqua avec l'animal sur ses épaules. Je me reculai vivement jusqu'à l'autre bout de la pièce, quand elle nous lança un regard on ne peut plus sadique en demandant si on voulait le toucher. Ino se mit à trembler en faisant une tête dégoûtée, mais ne se décala pas autant que moi. Le serpent était beaucoup plus imposant que ce que j'avais pensé au début, et je comprenais mieux qu'on m'ait demandé si des techniciens pourraient passer dans la soirée installer le terrarium chez moi. Je déglutis quand il glissa sur le bras d'Anko, relevant son corps noir pour me fixer de ses horribles pupilles, menaçant. Ses espèces de taches vertes sur son corps semblaient me défier de garder mon regard fixé sur elles sans avoir envie de décamper dans une autre galaxie.

Finalement mademoiselle Anko enfourna la chose dans son drôle d'aquarium, qu'elle ferma affectueusement, de peur qu'il ne décide de s'enfuir et qu'elle ne perde son précieux animal de compagnie. Berk ! Et elle s'en alla, après avoir précisé que les techniciens m'expliqueraient comment il convenait de s'en occuper.

- Tu crois que... commençai-je, peu rassurée.

Mais Ino ne me fut d'aucun secours. À part me lancer un regard assassin en me gueulant : " Eh ben vas-y, prends-le ! Qu'est-ce que t'attends ? " d'une voix suraiguë... J'avançai donc timidement vers la... le... Truc, on ne peut plus effrayée, prête à décamper comme une gazelle sauvage et bondissante. L'espèce de monstre darda son regard sombre et vide dans le mien, comme pour mieux me narguer, et je déglutis avec difficultés. Bon sang, pourquoi tout tombait toujours sur moi ?! Monde cruel...

Alors que je m'apprêtais à poser mes mains sur le verre, la chose se releva, me faisant inutilement sursauter. Comme si je n'étais pas déjà à cran. Sans blague, vous croyez que j'ai besoin de quelque chose de plus pour devenir folle ? Franchement, j'ai eu mon quota pour au moins les trois cent prochaines années ! C'est pas possible quoi ! Je dois être maudite... Mais qu'ai-je pu bien faire dans une vie intérieure pour qu'on m'en veuille à ce point ?!

- Besoin d'un coup de main, peut-être ?

Toutes les cellules de mon corps s'arrêtèrent de fonctionner en même temps. Mon sang se glaça, ne laissant dans ma tête qu'un froid polaire et des pensées aussi peu fournies que la seule constatation de la blancheur extrême de la neige en Antarctique. Et Ino l'ours polaire déboula une fois de plus avec sa délicatesse incarnée :

- Sas'kaaaaaay ! T'es vraiment trop sympa ! Mais tu sais, je crois que Saku' s'en sort bien ! termina-t-elle avec un clin d’œil.

Ou comment chercher la mort la plus douloureuse et humiliante pour sa meilleure amie. Des fois, je la hais.

Sasuke étouffa un sourire, divin bien entendu, comme tout ce qui relève de sa personne, et je m'émerveillai comme une teubé de ce changement brutal d'attitude alors que j'étais censée être au bord de l'apocalypse avec cette incarnation visqueuse des enfers. Je jetai un regard à ce démon, peu rassurée de lui tourner le dos, persuadée qu'il profiterait de la moindre occasion pour se jeter à mon cou et s'enrouler lentement autour de celui-ci, serrant doucement mais surement sa prise jusqu'à ce que je ne puisse plus rien faire d'autre que chercher désespérément un souffle dans mes poumons, quelques molécules d'oxygène pour alimenter mon corps, en vain. Un horrible frisson me parcourut l'échine à cette seule pensée, et je m'avouai piteusement vaincue.

- Je crois que ça serait pas de refus...

C'est comme ça que Monsieur se retrouva à nous accompagner, nous délestant du poids certain de la Chose et de sa terrifiante aura. Jouant les chevaliers servants, me déroutant et me sauvant, il se comportait comme si rien ne s'était jamais passé. Non pas que je n'en sois pas heureuse, loin de là, mais j'étais juste... Perdue. Qu'est-ce qui pouvait bien se passer dans sa tête de faux ténébreux à stature de dieu grec ? Décidément, que ce soit lui ou sa copine, ils me restent bien obscurs à décrypter...

- Jeunes gens, puis-je savoir pourquoi c'est Sasuke Uchiwa qui porte Hebi-kun ?

Nous nous retournâmes de conserve vers monsieur Orochimaru qui nous transperçait de son regard terrifiant. Oh merde...

- Et bien... entama Ino, à cours d'arguments.

On s'échangea un regard angoissé, incapables de savoir ce qu'il convenait de faire. Vite, merde ! Réfléchis... Je sais !

- Le vivarium était trop lourd pour nous et on avait peur de faire tomber... Hebi-kun, alors on a demandé à Sasuke - qui passait justement par là - de nous aider !

Le prof me dévisagea avec suspicion, peu convaincu par ma sortie. Discrètement, je me mis à croiser mes doigts.

- Hum. Soit ! Imaginons que ce soit le cas ; ce n'est pas une raison pour employer un tel ton, jeune fille. Est-ce clair ?

Je hochai piteusement la tête, rouge, le regard rivé au sol. Mais intérieurement, je jubilai.

Enfin chez moi, la bête domptée pour un temps dans son bocal, laissée aux soins de ma mère évanouie - aurais-je omis de lui parler du séjour de l'animal chez nous ? Non, voyons, je n'oserai pas ! - nous nous rendîmes tous les trois dans ma chambre. Que Sasuke ne se barre pas à la première occasion venue me souffla, et j'eus la vague impression d'être un zombie dans le monde de Mon Petit Poney. Car oui, ma chambre est rose. Très rose. Vous qui connaissez mon aversion pour cette couleur, vous devez vous demander pourquoi alors j'en ai peinturluré les murs qui m'entourent du matin au soir. Eh bien, autant dire que ça date de ma petite période princesse quand j'avais douze-treize ans - oui c'est tard, pas de commentaires je vous prie - et que je n'avais pas encore perdu foi en l'humanité. Ah, monde cruel ! Le seul point positif à cette maison de poupées géante, c'est de pouvoir admirer la superbe tête de déluré du grand Uchiwa. Ça lui apprendra, à vouloir squatter ! Certes, c'est pas comme si je lui en voulais mais bon... Chut !

- Au fait, tu as trouvé un cavalier pour le bal ?

Je fus tellement choquée que j'eus envie de rire, mais une sorte de couinement atroce m'échappa, et je m'étouffai à m'en décalquer la gorge. Que Sasuke me balance une telle absurdité sans préambule dépassait complètement l'entendement. Merde, quoi ! Sasuke Uchiwa qui parle de bal ! Manquerait plus qu'il se mette à déblatérer à propos de robes, satin et taffetas, et de maquillage ! Eh. Attendez. De bal ? Quel bal ?

- Ne me dis pas que t'as oublié ! Avec toutes les affiches, toutes les personnes qui pépient et le comité de réalisation qui passe son temps à tourner dans les classes pour demander de l'aide à des bénévoles...
- Un bal ?! s'écria Ino, toute pimpante, complètement remise d'aplombs de sa rencontre avec Hebi-kun. C'est quoi, c'est quoi !
- Ben, c'est-à-dire que...
- Le bal de noël, voyons !

Je ne sais pas ce qui m'ébranla le plus. Me rendre compte que, tellement absorbée dans mon monde où Mademoiselle régnait en maître à m'en faire voir de toutes les couleurs, je n'avais pas prêté la moindre attention aux conversations intempestives de mes camarades à propos du bal de noël, événement par excellence venu conclure les trois années de souffrances des lycéens ; ou bien de voir le ténébreux et taciturne Sasuke s'emporter à ce point pour une telle comédie. Hébétée, ne sachant plus si je devais rire ou pleurer, je restai statufiée avec la désagréable impression que toute vie avait déserté mon corps et que ma mâchoire était tombée si bas que ma langue aurait pu rouler sur le sol en guise de tapis rouge.

- Ferme la bouche, tu vas gober des mouches !

M'exécutant, je me mis à dévisager franchement ma meilleure amie, certaine que celle-ci trouverait le moyen de me soudoyer jusqu'à ce que j'accepte de l'emmener. Elle sautillait déjà sur place, se dandinant comme une cruche, comme si elle hésitait entre sauter au cou de Sasuke et se mettre à danser la samba.

- D'accord, il y a un bal. Où, quand ? Et pourquoi tu me parles de cavalier ?

Il soupira tant et si bien qu'on aurait dit qu'il cherchait à expulser son âme de son corps. Soudain, je le trouvai adorable. Si expressif, si vivant ! Mon cœur manqua de me lâcher pour de bon, mais étrangement, tînt le coup. Il avait cette petite bouille trognone de celui qui se dit qu'il va devoir tout expliquer avec un ton paternaliste. Plutôt vexant, certes, mais dans le fond, c'est comme s'il m'apparaissait enfin sans masque ni subterfuge pour se cacher. Je ne sais pas si c'était dû à la présence si rafraîchissante d'Ino, qui nous ramenait tant d'années en arrière, ou s'il était juste tombé sur la tête, mais je me promis d'être plus gentille envers ma tête de linotte préférée.

- C'est mercredi prochain, à la première semaine des vacances. Ça commence à partir de dix-neuf heures trente, vingt heures, il vaut mieux avoir mangé avant. Il y aura deux-trois bricoles à grignoter, mais ça risque de partir très vite. Bien sûr, ça sera dans le gymnase. En bonne copie des bals de promo américains... Aussi, tout le monde doit avoir un cavalier au risque de se faire refuser l'entrée. Avis aux solitaires...

Je pris la mouche. Sa dernière remarque était au comble de l'agacement. Agressive, je le forçai à me révéler les raisons qui le poussaient à vouloir se rendre à ce point à ce stupide bal. Mais lorsque sa réponse fusa, je m'en mordis les doigts.

- Ça fait des mois que Karin me tanne avec ce bal. Aucun moyen d'y échapper. Alors à force, je sais pas trop comment, j'ai fini par me dire que ça serait amusant et à l'attendre de pied ferme. Quel abruti... Le comble de la niaiserie ! Mais bon, si ça peut lui faire plaisir...

Il avait un regard et un sourire si doux que je n'osai pas lui balancer une remarque cinglante. Et pourtant, c'est pas l'envie qui manquait. Ce sourire, ce regard qu'il n'adressait qu'à Mademoiselle, j'aurais voulu lui arracher et les lui voler, à cette pauvre rousse ! Mon amour et mon orgueil blessés se repliaient sur moi-même dans l'espoir de se protéger, et par le rôle de bouclier que jouait mon enveloppe corporelle, je me refusai à laisser paraître la moindre faiblesse qui avait pourtant pris d'assaut mes jambes. Sasuke me reparlait. C'était tout ce qui m'importait. Je fermai les yeux, et balayai le reste d'un revers de la main, comme s'il n'avait pas d'importance.



Ah ! J'en ai eu du mal pour écrire la fin de ce chapitre ! Mais c'était assez compliqué d'introduire l'idée du bal de noël aussi tardivement, j'espère que ça passe quand même !

Bref Sasuke fait pas mal OOC (out of character) mais je voulais montrer qu'il pouvait être autre chose que ce masque de glace qui lui colle tout le temps à la peau. C'est pas mal exagéré ici, mais je trouvais ça drôle de m'imaginer Sasuke en fervent défenseur du bal de noël !

Ne me tuez pas tout de suite ! Laissez plutôt votre avis dans les commentaires !




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