Fiction: Une mission de rang C (terminée)

Pour les lecteurs des Lettres d'Itachi. La toute première mission de Flamme au sein de Kuro. Avec Flamme en Newbie, Le Doc en stratège sarcastique, Vert en nouveau chef (trop ?) enthousiaste et Neige soumis à rude épreuve.
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elane. (Masculin), le 30/10/2013
Le dernier Jour de cette mission farfelue.



Chapitre 5: Troisième jour



Auberge du chat noir


Après avoir écumé toutes les auberges de la région, ils trouvent enfin refuge dans le plus petit des établissements de la ville qui se trouve à la frontière des pays des cascades et du feu. De même que la nuit précédente, toutes les chambres ont été prises d’assaut par les participants et les spectateurs du concours de musique auquel ils se rendent…

Et notre incapacité à produire le moindre mensonge n’a pas arrondi les angles avec nos hôtes potentiels, pense Le Doc en soupirant.

Chance avait décidé de prendre le premier quart auprès d’Hide. Le ninja de Kumo ne les suit plus. Et à cet instant, une seule chose est claire dans l’esprit de Chance, si cette farce se prolonge trop longtemps, retrouver cet enfoiré serait la première priorité de son équipe… Mission ou non. Les longues heures de marches silencieuses s’étaient transformées en un long et terrifiant calvaire.

- Vous feriez mieux de vous reposer. Votre concours est pour demain, vous devez être en forme et la journée a été éprouvante, dit Chance.
- Dormir alors que nous ne sommes que tous les deux, seuls, dans la même chambre… Je ne suis pas fou !

Oh mon Dieu ! Hide est à deux doigts de se frapper la tête contre le mur de honte. Pourquoi ne pas être tout simplement resté silencieux !

- Vous vous êtes admirablement bien comporté, dit Chance magnanime en faisant semblant de ne pas avoir entendu sa dernière réplique. Vous avez pensé à la vie de mon équipe avant de vous soucier de votre propre sécurité.
- Je n’ai pas vraiment réfléchi, j’ai fait ce qu’il fallait faire, ce qui me semblait juste. Rien de plus.
- A votre place, j’aurais sûrement fait la même chose et je vous en remercie, dit Chance.

Hide se sent plus gêné qu’il ne serait le dire par les mots de Chance.

- Si j’avais su à quoi cela nous exposerait, je l’aurais détruit plutôt que lui donner aussi facilement!
- Et on ne serait sûrement plus là pour en parler, ajoute Chance.

Hide tremble nerveusement en se souvenant des eaux noires se précipitant sur eux. Il avait bien cru sa dernière heure arrivée !

- Il ne nous suit plus, dit Chance. Je doute que nous ayons d’autres problèmes sur cette mission.
- Ce n’était pas exactement ce que j’avais prévu, dit Hide, ce genre de problèmes…

Un mot qui lui semble bien faible pour décrire ce qu’ils venaient de vivre.

- Ça, je veux bien le croire, dit Chance.
- Je voulais juste avoir la possibilité de vous revoir, dit-il. Le jour où vous nous avez sauvés, mon père et moi, je suis tombé sous votre charme.
- Je vous en prie, dit Chance. Vous…
- Laissez-moi finir. Je ne suis pas un très bon musicien mais je sais reconnaître la valeur d’une mélodie, de même que je sais décrypter les gens à leur façon de se comporter, de parler, de regarder. Et il ne m’a pas fallu longtemps pour me rendre compte que vous étiez quelqu’un d’extraordinaire, Et avant d’avoir compris comment, je suis tombé amoureux. Pour la première fois de ma vie.
- Hide …

Hide s’approche d’elle en posant un doigt sur son masque pour l’empêcher de continuer.

- Je sais que cela doit vous sembler maladroit et inconvenant de ma part de vous imposer mes sentiments ainsi. Je ne suis pas aveugle. Aussi puissante, incroyable et dévouée que vous soyez envers votre équipe, vous portez une part d’ombre si grande que je ne peux vous regarder en face sans trembler pour vous.

Chance ne peut empêcher un mouvement de recul devant les yeux sombres d’Hide.

- Vous avez besoin d’un équilibre dans votre vie, d’un côté lumineux pour repousser toute cette noirceur qui vous dévore un peu plus à chaque seconde. Et à cet instant, je donnerai tout pour être celui qui vous apportera cet équilibre.
- Je suis désolée, Hide. Je ne connais rien de vous, je…
- Alors donnez-moi une chance de vous montrer qui je suis. Un simple rendez-vous, une fois que nous serons rentrés à Konoha.
- Vous savez vous montrer persuasif.
- Toujours quand cela en vaut la peine.
- Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée.
- Donnez-moi une chance.

Il a sauvé mon équipe, pense-t-elle, je pense que je lui dois bien ça.

- Un rendez-vous quand nous serons tous rentrés à Konoha. Mais je ne peux rien vous promettre.

Le sourire confondant d’Hide la rend nerveuse et cette situation particulièrement mal à l’aise.



Kakashi frappe doucement à la porte, conscient que la discussion qui l’attend n’allait pas être si évidente avec ce jutsu débile qui l’empêche de sortir le plus pieux des mensonges. En entrant dans la pièce, il voit sans surprise la petite chambre partagée par Newbie et Vert, victime d’un de leur défi dont il ne souhaite pas connaître la nature et plus dévastée que si un ouragan avait élu domicile entre les quatre murs.

Heureusement qu’il n’est pas logé dans cette chambre avec ses deux énergumènes ! Et la seconde d’après, il se souvient qu’il partage sa chambre avec son chef, qu’il n’y a qu’un lit, grand, certes, mais unique et qu’il est dans l’incapacité de mentir ! Heureusement qu’il a organisé les tours de garde pour pouvoir succéder à Chance dans la surveillance d’Hide.

Il doit bien avouer que ça ne lui plait guère de savoir Chance seule avec cet homme. Pas du tout même.

- Vert, je peux te parler.
- Bien sûr, dit-il simplement.

Kakashi soupire intérieurement. Parce qu’il sait que Chance lui en voudrait s’il ne se décidait pas, il est prêt à faire ses excuses à quelqu’un qui avait déjà oublié l’offense dont il avait été victime. Chance est vraiment capable de lui faire faire des choses étranges. Heureusement qu’elle n’en sait rien.

D’un signe de tête, Vert comprend qu’il souhaite le voir seul à seul et le suit.

- Vert, je voulais te parler de ce que je t’ai dit tout à l’heure.
- Pas la peine de t’excuser, dit Vert, c’est déjà oublié.

Neige se tourne vers lui, étonné devant son équipier pour qui la notion de mensonge et de rancune semble être totalement étrangères.

- Je ne voulais pas m’excuser, dit Neige.

Vert sursaute devant les mots de Kakashi.

- Parce que d’une certaine façon, je t’envie d’être capable de t’exprimer aussi simplement, de dire tout ce que tu as sur le cœur si simplement. Moi, j’en suis incapable.

Pour une fois, c’est au tour de Vert de rester sans voix.

- Je vais relayer Chance avant qu’Hide ne lui saute dessus.
- Ou que ce soit elle qui nous le rende en petits morceaux, rétorque Vert.

Ce qui me dérangerait beaucoup moins, pense Kakashi.

- Oh, Vert… Le Doc se trompe.
- Le Doc se trompe ? répète Vert peu habitué à voir Le Doc être pris à défaut sur quoi que ce soit.
- Tes défis m’amusent plus qu’ils ne m’ennuient …

Oh, je sens que je vais le payer cher cet aveu, pense Kakashi.



Toc Toc Toc

Le Doc regarde Kakashi devant la porte d’Hide du coin de l’œil en réfléchissant. A peine a-t-il frappé à la porte que celle-ci s’ouvre un peu trop vite et Chance, contrariée ou soulagée, il n’aurait su dire, se dirige d’un bon pas vers sa chambre.

Que faire…

Donner un petit coup de pouce au destin ? En aidant le jeune Hide, il pouvait peut-être arriver à révéler certaines vérités cachées … Chance et cet idiot aux cheveux argentés, deux shinobis d’exceptions. Et pas plus doués que des enfants quand il fallait faire face à leurs sentiments !

Il pourrait peut-être pousser Kakashi dans ses retranchements… Qui sait ? Chance le repousserait-elle ? Non, il ne le pense pas.

Mais il allait perdre le spectacle quotidien de ces deux grands enfants qui se cherchent et de la multitude de scènes absolument délicieuses qu’ils lui offrent quotidiennement... Un florilège de non-dits et second degrés qu’à tour de rôle ils s’ingénient à dispenser ou à ne pas comprendre…

Cruel dilemme !

Mais son choix est déjà fait.

- Neige, va te reposer, je m’en occupe.

Kakashi, étouffant un bâillement le remercie d’un hochement de tête. Le Doc l’œil moqueur sait qu’il a déjà oublié que Chance partage sa chambre et donnerait cher pour voir sa tête quand il s’en rendrait compte.

Si ça, ça marche pas, je peux plus rien pour eux, pense-t-il.





Le Doc se pose devant Hide dont le petit sourire l’intrigue. Il affiche un mélange de contentement et d’anxiété qu’il ne s’explique pas.

- Vous feriez mieux d’essayer de prendre un peu de repos, dit Le Doc. Le concours…
- Je n’irais pas, dit Hide d’une voix posée.
- Pourquoi ?
- Quand j’ai découvert cet étrange instrument de musique, j’ai cru que j’avais trouvé l’instrument qui me convenait, avec lequel je pouvais faire passer mes émotions dans ma musique. Maintenant je sais que tout ceci n’était qu’une supercherie. Je…

Il allait dire qu’il n’était qu’un piètre musicien, mais le jutsu ne lui permet pas ce modeste mensonge.

- Je suis un musicien honnête, mais je n’ai rien d’extraordinaire et je n’ai rien à faire dans un tel concours.
- Je pense que vous vous sous-estimez, dit Le Doc. Cette chose, vous avez su vous en servir et ce ninja de Kumo semblait vraiment surpris. Il faut sûrement être plus qu’un « honnête musicien » pour réussir à s’approprier les mystères d’un tel instrument.
- Vous avez peut-être raison. Mais je n’ai rien d’original à présenter, aucun morceau, rien qui ne justifie une participation à un tel concours. Je vais juste me ridiculiser.
- Suivez-moi, dit Le Doc.

Hide le regarde, étonné, empoigner son sac et lui emboîte le pas. Ils se retrouvent dans la cour de l’auberge sous la voute étoilée et Le Doc tire deux chaises en lui intimant de s’assoir. Il lui tend la flute qu’il transporte toujours avec lui.

- Essayez d’exprimer ce que vous ressentez avec vos propres armes, dit Le Doc. La lune et moi serons vos seuls juges.

Il la prend à deux mains et ferme les yeux. Une mélodie simple, belle et mélancolique où réside un espoir fragile. Un chef d’œuvre.

- Vous avez parlé à Chance, dit Le Doc.

Hide acquiesce en baissant les yeux.

- Elle a accepté un rendez-vous, dit-il.
- Alors pourquoi êtes-vous si triste ?
- Parce que j’ai compris depuis longtemps que je n’ai aucune chance avec elle. Nous n’appartenons pas au même monde et surtout, j’ai bien compris que je ne fais pas le poids contre vous, son équipe. Et plus particulièrement…
- Cet idiot de Neige, dit Le Doc en hochant la tête.
- Mais cela ne m’empêchera pas d’essayer, ajoute-t-il avec un timide sourire.
- Vous auriez tort de ne pas le faire, dit Le Doc, ni Chance ni Neige ne sont vraiment doués pour ce genre de choses.
- J’avais deviné, dit Hide. Mais si comme je le crains, je n’arrive à rien, j’espère que vous les aiderez à se trouver. Chance mérite d’avoir quelqu’un dans sa vie pour l’empêcher de sombrer dans les ténèbres qui s’accrochent à chacun de ses pas. Je donnerais tout pour être cet homme, mais j’ai malheureusement l’impression que ce rôle ne m’est pas destiné.

Le Doc fixe Hide, surpris. Il doit réellement tenir à son chef pour préférer la voir heureuse avec quelqu’un d’autre si elle le repoussait que seule et déprimée. Une attitude assez rare pour être notée…

Vous êtes quelqu’un de bien, Hide.

- Avec cette musique, dit Le Doc, vous avez toutes vos chances.





Kakashi se glisse dans sa chambre, soulagé de pouvoir se glisser dans des draps propres. Il se fige en distinguant dans la pénombre une forme allongée.

Yoshiko.

Allongée sur le côté, les jambes repliées en chien de fusil, elle lui tourne le dos.

- Un problème ?
- Le Doc a pris ma place. Je… Je vais te laisser, je …
- Sois pas bête, tu sais que l’auberge est pleine, on peut partager. Tu n’es pas comme Hide, si j’avais quelque chose à craindre de toi, ça fait longtemps que tu aurais tenté quelque chose.

Il n’aurait su dire pourquoi mais il se sent particulièrement vexé par sa réplique. Lentement, il se place de son côté, dos à dos en tremblant quand il sent ses cheveux d’or lui frôler l’échine. Mais harassé par la fatigue, il s’endort doucement.

Il se réveille au beau milieu de la nuit et les derniers mots de Chance lui reviennent inlassablement aux oreilles. Doucement, il se tourne vers elle. Son souffle se coupe lorsqu’il se rend compte qu’elle non plus, ne dort pas.

Un peu trop brusquement à son goût, il se rapproche un peu plus. La chaleur de son corps et l’odeur de sa peau l’électrise. Il n’a qu’à fermer les yeux pour se rappeler cette nuit qui hante ses souvenirs et le fait trembler à chaque fois qu’il s’attarde un peu trop longuement sur sa silhouette élancée ou qu’il se perd dans le bleu de ses yeux si clairs.

- Tu le penses vraiment ?

Le silence s’éternise… Avait-il vraiment prononcé ces mots ou les avaient-ils juste rêvés ? Il n’est sûr que d’une chose. Elle ne dort toujours pas.

- Quoi ?

La tension dans sa voix et le fait qu’elle ne l’a toujours pas remis à sa place… Pour une fois dans sa vie, il se sent prêt à prendre un risque. Cette fois, il épouse chacune de ses formes en tremblant qu’elle ne le rejette.

Il la sent se tendre un instant. Mais elle se laisse faire. Avec une lenteur mesurée, il l’entoure de ses bras, l’un qui glisse contre ses épaules et l’autre qui s’attarde sur sa hanche avant de fondre sur son ventre. Il se penche vers son oreille et murmure :

- Que tu n’as rien à craindre de moi.

Sa main droite sur son ventre remonte vers son sein avant de le prendre au creux de sa paume tout en le caressant en rythme de la respiration haletante de Yoshiko. Le cœur de Kakashi s’arrête lorsqu’elle pose sa main sur la sienne pour l’arrêter.

Maintenant il sait et à cet instant, son cœur et sa raison hurlent en silence dans le vide de son esprit à mesure qu’elle éloigne sa main de son paradis perdu.

Puis il frissonne lorsqu’il sent sa main, guidée par Yoshiko, passer sous sa tunique et toucher sa peau soyeuse pour remonter, lentement, et atteindre son sein qui repose contre sa main. Délicatement, il le presse contre sa main tout en se délectant de chacun des soupirs que laisse échapper Chance. La tension et le feu qui coulent dans ses veines lui arrachent ses dernières réserves et il fait basculer l’objet de sa folie sur le lit, la dévorant des yeux dans la pénombre.

Le désir qu’il lit dans ses yeux clairs le rend fébrile et lorsqu’elle fait lentement glisser son masque, il tremble devant son regard qui scrute avidement les traits de son visage.

- Neige.

Il se penche pour savourer ces lèvres qui se tendent vers lui…

- Neige !

Ouvrant un œil, la lumière du soleil l’agresse et le rêve prend fin brutalement lorsqu’il tombe nez à nez avec Le Doc qui le scrute comme une bête curieuse.

Un rêve.

La tiédeur des draps prouve que Chance s’est levée depuis peu. Le Doc continue de le fixer alors qu’il émerge difficilement dans la terne réalité. Soudain, sans prévenir, Le Doc attrape son masque et le baisse tout en le scrutant avec une attention étrange.

Estomaqué par ce geste, il n’a pas le temps de réagir et Le Doc dit :

- Pourtant t’as rien à cacher, gamin.

Kakashi allait rétorquer les premiers mots qu’il est capable de sortir. Mais de nouveau Le Doc le devance :

- Il y a un temps pour les rêves et un temps pour les vivre.

Kakashi affronte le regard du Doc.

- Je pensais que toi, tu comprendrais mes raisons mieux que quiconque.
- Tes raisons ?
- Quelle que soit la suite des évènements qui en découlerait, aucune ne serait souhaitable.
- Alors là, je ne te suis pas, mais alors pas du tout…
- C’est pourtant simple. Premier cas, elle me rejette et je ne pourrais plus travailler dans cette équipe. Deuxième cas, elle m’accepte et je ne pourrais plus travailler dans cette équipe…
- Personne de l’équipe n’irait rapporter quoi que ce soit à qui que ce soit, dit Le Doc.
- Je n’en doute pas mais Chance le ferait elle-même. Elle cherche depuis des mois à récupérer la garde de son neveu. Le moindre élément de ce genre donnerait un poids supplémentaire à tous les arguments ridicules contre lesquelles elle se bat.
- Quitter l’équipe, dit Le Doc, ce…
- Ce n’est pas une option, le coupe Kakashi. Tu sais comme moi que sans garde-fou, Chance sera la première à faire un n’importe quoi qui lui coûtera cher. Elle sacrifierait dix fois sa vie plutôt que de laisser un seul membre de son équipe prendre un risque trop grand. Et si ce n’est pas moi qui joue ce rôle, qui le fera quand Vert ne sera plus là. Newbie ? Toi ?

Le Doc baisse les yeux, conscient qu’avec ses fameux plans B, il porte sa part de responsabilité.

- Et crois-moi, j’ai bien plus peur de devoir la voir partir, la peur au ventre, pour chacune de ses missions, en sachant que je ne serais pas là pour assurer ses arrières que de me faire repousser. Alors tant qu’elle n’aura pas changé, tant qu’elle continuera à faire deux plans pour chacune de ses missions, je me contenterais de mes rêves.
- Kakashi…

Kakashi lève un œil, étonné par le fait que Le Doc utilise son vrai nom.

- Le carnet où je note toutes mes parties de shogi.

Il s’apprête à sortir quand il ajoute lentement.

- J’y reporte consciencieusement tous nos plans B…

Le Doc s’apprête à partir lorsque Kakashi l’arrête d’un simple et sincère merci.

- Si Chance apprend d’une façon ou d’une autre que je t’ai mis au courant, ajoute Le Doc, j’en ai entendu assez pour te le faire payer chèrement.

Lentement, Kakashi remet son masque et se promet de ne jamais se faire avoir aussi simplement.

Et de toujours avoir un deuxième masque sous le premier.



Alors que la matinée est déjà bien entamée, il reprenne la route dans un silence pesant que Newbie, excédé, rompt d’une voix mal assurée.

- Je voulais vous proposer quelque chose, dit-il, que j’ai fait avec mon ancienne équipe avant de les quitter et qui me permettra de vous connaître un peu mieux.
- Quoi ? demande Gaï, déjà conquis par une idée qu’il n’a même pas encore entendue.
- De raconter chacun à notre tour une chose, qui a l’air insignifiante aux yeux de tous mais qui est importante pour vous.

Tous réfléchissent une seconde, conscient qu’ils ne pourraient ni mentir ni faire des raccourcis flatteurs sur ce qu’ils choisiraient de dévoiler.

- Bonne idée Newbie, dit Vert.

N’importe quoi qui stoppe ce silence inconfortable est une bonne idée, pensent tous les membres de l’équipe sept au même instant.

- Je commence, dit Kakashi.

Tous se retournent incrédules. Ils auraient imaginé sans peine que Vert ou Newbie commence les hostilités… Mais Neige, c’est à peu près aussi improbable qu’un orage en plein désert.

- J’adore les livres de Maître Jiraya.
- Ça, on sait ! dit Chance d’un air moqueur.

Même Newbie semble être au courant des goûts discutables de Neige, constate Chance. Mais ce qu’elle ne s’explique pas c’était le petit sourire qu’elle devine sous le masque de Kakashi.

- Mais ce que vous ne savez pas, c’est que le premier livre de Maître Jiraya que j’ai lu, c’est mon Maître qui me l’avait offert, continue Kakashi.
- Je ne peux pas croire que Minato lisait ce genre de choses, s’insurge Yoshiko.
- Le premier livre de Maître Jiraya, continue Kakashi imperturbable, est l’histoire d’un ninja courageux du nom de Naruto, une histoire passionnante, pleine d’aventures et de rebondissements. Je l’ai dévoré alors j’ai décidé de découvrir ce qu’il avait pu écrire d’autre… Je ne vous dis pas la tête du libraire quand un gamin de douze ans lui a demandé les autres livres de Maître Jiraya. Si je n’avais pas été un ninja entraîné, je n’aurais sans doute pas survécu à la façon dont il m’a viré de son magasin.

Tous rigolent un instant devant le contraste entre le ton calme et posé de leur équipier et l’image d’un jeune Neige croulant sous les livres et la fureur d’un commerçant outré! Puis c’est au Doc de prendre la parole.

- Pour ma part, je suis assez fier d’être à l’origine du surnom de Chance. Et je suis l’un des seuls qui connaisse son ancien surnom, ajoute-t-il d’une voix chargée de mystères.
- Doc ! s’insurge Chance. Tu es censé raconter quelque chose sur toi !

Hide, Vert et Newbie fixent Le Doc, l’exhortant désespérément à parler en agitant nerveusement la tête. Le Doc remarque sans peine que le seul à ne pas sembler être intéresser est celui qui devait déjà le connaître. Neige.

- Bien, capitule Chance. Je vous donne moi-même mon ancien surnom et l’histoire qui va avec. Mais après, c’est ton tour, Doc. Et ton histoire a intérêt à être bonne !
- Marché conclu, Chef.
- J’ai intégré Kuro le jour où je suis passée junin. Ma première équipe était constituée de deux montagnes qui avaient écumé plus de champs de batailles que je n’en foulerais jamais et du plus grand capitaine sous lequel j’ai jamais servi, Nami Uchiha. Elle était tout ce que j’aurais voulu être. Grande, belle, noble, possédant un don héréditaire et une autorité naturelle indiscutable. Et moi, j’étais suffisamment arrogante pour penser que j’avais déjà tout vu, tout fait… Alors pour calmer la sale gamine que j’étais, ils m’ont affublée d’un surnom ridicule qui ne m’a pas quittée pendant des années…

Hide, Newbie et Vert retiennent leur souffle.

- Roseau, avoue du bout des lèvres Chance.

Kakashi sourit derrière son masque. Chance, à treize ans semblait aussi petite et fragile que ses deux partenaires étaient massifs et impressionnants. Il doit avouer que Roseau lui allait plutôt bien. Et qu’il n’avait pas raté une occasion d’utiliser son surnom pour énerver Yoshiko. C’était presque trop facile.

- Pourquoi avoir gardé un tel surnom pendant tant d’années ? demande Le Doc.
- A ton tour, dit sèchement Chance, évitant délibérément la question.

Kakashi sait pourquoi et comprend les réticences de Yoshiko. Garder son surnom était autant une façon de ne pas oublier sa première équipe et de cultiver de façon presque malsaine son sens grandissant de culpabilité. Le Doc allait insister mais devant le regard assassin de son Chef, il se ravise.

- Roseau, c’est plutôt mignon, Roseau, dit innocemment Hide.
- Surtout pour un ANBU ! dit Le Doc en rigolant. Mignon, j’aurais pas dit mieux moi-même !
- Ton histoire a intérêt à être bonne, Doc ! dit Chance dévisage d’un regard noir Newbie et Vert hilares.
- Ça va être dur d’être au niveau, Chef, dit Le Doc.
- Je t’écoute, dit-elle d’une voix glaciale.
- Bien, puisqu’il le faut. J’ai appris à jouer au shogi avec mon grand frère et autant j’adore mon frère, autant je déteste jouer avec lui.
- Pourtant tu aimes ce jeu autant que moi, dit Chance.
- Oh, ce n’est pas le jeu que je déteste, c’est jouer avec lui, que je ne supporte pas. Je n’ai jamais réussi à gagner une seule fois !

Chance fixe Le Doc, les yeux grands ouverts, incrédule et se promet de tout faire pour rencontrer ce génie du shogi.

- Je n’aime pas perdre, dit Le Doc du ton boudeur de l’enfant pris en faute.
- Heureusement que je ne suis pas aussi susceptible que toi, dit Chance, il y a longtemps que j’aurais arrêté de jouer sinon ! Moi aussi, c’est mon grand frère qui m’a appris à jouer. Et je n’ai non seulement jamais gagné ni contre lui, ni contre toi.
- Il ne doit pas être mauvais ton frère, dit Le Doc.
- C’était le meilleur, dit Chance.

C’était…

Même Hide et Newbie se sentent particulièrement mal à l’aise par le mélange de fierté et de sourde douleur qui transparait dans la voix.

- Je crois que nous sommes arrivés, dit Hide.
- Je me demande ce qui vous a mis sur la voie, murmure Le Doc en fixant d’un œil la rue principale du Village, noire de monde et couverte de banderoles et d’affiches aux couleurs criardes.



Une heure plus tard, une scène montée sur la place centrale de la petite Ville fait face à une foule aussi dense que bruyante. Vert et Newbie se trouvent en coulisse pour assurer les arrières et le reste de l’équipe sept s’est fondu dans le public, attendant patiemment la performance d’Hide. Neige garde un œil sur les frères Kama. Ils n’ont pas pu participer aux concours, ayant attrapé une grippe carabinée et tremblent de tous leurs membres, emmitouflés sous des couches de vêtements chauds mais sont déterminés à assister au concours. Et vu le regard fiévreux qu’ils lancent vers la scène entre deux reniflements sonores, l’équipe de Chance est prête à faire face à un ou deux plans tordus de leur part.

- Hide avait prévu d’utiliser cet étrange instrument, dit Chance. Je ne peux m’empêcher d’avoir un peu peur pour lui.
- Oh, crois-moi, il a de quoi nous surprendre, dit Le Doc.
- Je pense que c’est surtout nos deux idiots que l’on devrait garder à l’œil, dit Neige.

Le Doc se retient d’ouvrir la bouche, sachant qu’il n’aurait pu dissimuler ses pensées. Mais il ne peut s’empêcher d’apprécier à sa juste valeur la vision de Neige affichant un air presque énervé devant l’inquiétude de Chance pour Hide. Une véritable et inhabituelle débauche de sentiments provenant de la part de son taciturne équipier et dont il n’arrive définitivement pas à se lasser.

Chance est surprise de constater que toutes les femmes de l’audience sont complètement subjuguées par la seule apparition d’Hide et rougit atrocement, soulagée de savoir son masque en place, en voyant le jeune homme lui réserver toute son attention. A cet instant elle n’aurait su dire ce qui est le plus dur à supporter, l’attitude désarmante d’Hide ou celles meurtrières de toutes les femmes qui l’entourent. Et dès les premières notes, tous retiennent leur souffle et se tournent vers la scène comme hypnotisés par le rythme de la mélodie aussi simple que magique qui nait de la petite flute d’Hide.

Et pour les membres de l’équipe sept, alors que la dernière note s’attarde en une vibration délicate dans l’air, le temps semble suspendre son vol et la Terre arrêter sa course folle.

La respiration coupée, Chance vacille un instant et au même instant, sur la scène, Hide est rattrapé de justesse par Vert qui ne semble pas plus en forme.

D’une façon que tous perçoivent sans en comprendre la cause, la musique d’Hide a déjoué le jutsu qui emprisonnait leur esprit de son emprise aveuglante.

Et la mission s’achève.





Konoha, deux semaines plus tard


Yoshiko s’avance à pas lent dans la rue. Comme toujours, sans sa tenue de ninja, sans son masque, perdue dans ses habits de civils, elle se sent déplacée, insolite, différente. Fragile. Ce sentiment la submerge avec une telle violence qu’elle ne sait comment y faire face.

Un rendez-vous. Elle l’avait accepté et elle n’allait pas se défiler même si l’envie de fuir s’impose à elle comme une obligation. Elle le voit, droit devant elle, presque pétrifié alors qu’il la détaille d’un air idiot, la bouche, légèrement ouverte.

- Bonjour…

Une entrée en matière assez pauvre, pense Yoshiko, mais qui d’ordinaire appelle une réponse. Hide se reprend difficilement et bafouille deux trois mots incompréhensibles. Chance pense qu’il est aussi mal à l’aise qu’elle. Une chose qu’elle n’aurait pas crue possible.

- Vous êtes déçu ? demande-t-elle timidement.

Il voit pour la première fois son visage. La réalité ne devait pas être à la hauteur de ses attentes.

- Pas du tout, se reprend Hide. Vous êtes aussi belle que je l’imaginais.
- Flatteur.

Avec un grand sourire, il lui tend son bras et elle se laisse conduire à travers le dédale des ruelles de Konoha jusqu’à un bar à l’ambiance feutrée. Deux des amis d’Hide les attendent, un homme d’une vingtaine d’années à la longue silhouette longiligne et au regard aussi perçant qu’inquisiteur et sa compagne, une beauté aux longs cheveux noirs et soyeux qui la dévisage sans détour. Yoshiko ne s’est rarement sentie aussi mise à nue et constate que les amis d’Hide, Chizu et Hayashi adoptent une attitude protectrice qu’elle ne comprend pas vraiment.

Chizu la prend par la main et l’installe à une table à côté de la scène pendant qu’Hide et Hayashi se placent chacun l’un en face de l’autre, une guitare à la main.

- Séparément, dit Chizu sur le ton de la confidence, ce sont des musiciens assez bons, sans être extraordinaires. Mais une fois tous les deux, ils s’amusent et c’est un tout autre niveau !

Et dès les premières notes, Yoshiko comprend que l’amitié entre les deux hommes transparaît dans chacune de leurs notes, de leurs harmonies. Ils ne jouent pas, ils se répondent dans une alchimie complexe et envoutante.

- C’est la première fois qu’Hide amène une amie ici, dit Chizu.

Au ton qu’elle emploie, Yoshiko comprend qu’elle n’allait pas échapper à un interrogatoire en règle des plus efficaces.

- Vous êtes qui exactement ? Hide nous a beaucoup parlé de vous et en même temps il ne nous a pas dit grand-chose.

Beaucoup parlé de moi, pense Yoshiko… Mon Dieu.

- J’étais dans l’escorte qui l’a accompagné au pays des cascades, dit Yoshiko.
- Dans l’escorte ? dit-elle en fronçant les sourcils.
- Je suis un des ninjas qui faisait partie de l’escorte d’Hide, explique Yoshiko.

Chizu la regarde comme si elle venait d’affirmer que le ciel était soudain devenu vert ou que le soleil avait soudainement disparu dans une explosion cataclysmique. Puis elle se met à rire ouvertement devant Yoshiko qui s’enfonce un peu plus dans sa chaise.

- Excusez-moi, dit Chizu, tentant de reprendre difficilement son souffle, mais vous avez l’air tellement sur la défensive. J’ai du mal à vous imaginer un kunaï à la main en train d’attaquer qui que ce soit.
- Je suis très forte dans les missions d’infiltration, dit Chance avec ironie.

Cette fois, Chizu ne se retient plus et éclate de rire devant Yoshiko qui ne pensait pas avoir de tels dons comiques.

- Pardonnez-moi, dit Chizu. Recommençons au départ. Dites-moi comment Hide vous a extorqué ce rendez-vous qui vous rend si mal à l’aise.
- Il a mis hors de danger mon équipe au péril de sa propre vie sans hésiter une seule seconde, répond Chance.

Chizu la fixe incrédule.

- Hide a fait quoi !? Votre équipe…

De nouveau en terrain connu, Yoshiko raconte les grandes lignes de leur confrontation avec le nukenin de Kumo. De leur première rencontre à la mission pour le pays des cascades et l’acte de bravoure d’Hide. Elle ne se rend même pas compte que la musique s’est arrêtée depuis plusieurs minutes et qu’Hide et son ami les ont déjà rejoints.

- Je crois que je me suis un peu trop emportée, dit-elle d’une petite voix… Et que non seulement j’ai du mal à décrocher mais qu’à chaque mot que je prononce, je les effraie un peu plus. Je n’ai pas vraiment l’habitude de sortir avec des civils… En fait, je n’ai pas vraiment l’habitude de sortir tout court…
- Pas du tout, dit Chizu. Toute cette histoire est incroyable ! Hide, tu nous avais caché tout ça.
- Oh, je n’ai pas vraiment réfléchi à ce que je faisais, dit Hide. Parlons d’autre chose !

Et c’est exactement ce que craint Yoshiko. Parler d’autre chose… En est-elle capable ? Et à mesure que la conversation lui échappe, elle se rend compte qu’elle est irrécupérable. Et les mots qu’elle craint le plus finissent par arriver.

- Et vous ? Parlez-nous un peu de vous, Yoshiko.
- Oh, il n’y a pas grand-chose à dire.
- Voyons, je suis sûre que si, dit Chizu.

Pas moi, pense Yoshiko qui, sur le moment, ne sait absolument pas quoi dire qui ne soit directement en lien avec son travail et suppose que « je m’entraîne avec mon équipe » n’est pas le genre de réponses attendu.

- Qu’est-ce que vous faîtes entre vos missions ?
- Je joue au shogi, dit-elle d’une petite voix,

Elle n’ose rajouter que son unique partenaire n’est autre que Le Doc et qu’elle n’a encore jamais gagné une seule partie. Ce qui certainement en dit plus long sur elle qu’elle ne l’aurait cru. Et vu les regards apitoyés qu’ils lui lancent, elle se retient d’ajouter qu’elle lisait aussi des livres sur le shogi.

Oh mon Dieu, achevez-moi, pense Yoshiko.

- Ah oui, je me souviens, vous avez appris avec votre frère, dit Hide.
- Il était très fort, aussi bien en shogi que dans tout ce qu’il faisait, dit Chance.
- Vous aussi, dit Hide, vous êtes devenue ANBU très jeune.
- Mon frère est devenu Hokage très jeune, dit-elle.

Tous la regardent comme si tout à coup une chose évidente leur revenait soudainement en mémoire. Cette ressemblance, c’est si évident. Comment n’avaient-ils pas pu s’en rendre compte ! L’Hokage, celui qui s’était sacrifié pour la survie du Village.

La douleur, aussi furtive que violente qui s’est attardée sur les traits de Yoshiko les a plongés dans un lourd silence.

Chizu fait un petit signe de la tête vers son partenaire, une façon plus ou moins discrète de lui faire comprendre qu’il est temps de les laisser seuls. Et Yoshiko avait soudainement envie de se fondre dans l’air avant de mourir d’embarrât

- Ça ne s’est pas passé exactement comme je l’avais imaginé s’excuse Hide.
- Tout est de ma faute, dit Yoshiko. Vos amis ont dû me trouver terriblement ennuyeuse.
- Vous rigolez ! Je ne crois pas que je n’ai encore jamais entendu Chizu rire autant !

Elle riait de moi, pas avec moi, pense Yoshiko.

- Et vous avez su rendre toute cette histoire passionnante ! J’ai presque eu l’impression d’avoir fait quelque chose de fou et de dangereux pour la première fois de ma vie, continue-t-il.
- Fou et dangereux, répète Yoshiko, deux mots qui définissent une grande partie de mes coups d’éclats, du bout des lèvres.

Hide étouffe un petit rire avant de se reprendre et Chance se demande depuis quand elle était devenue si drôle !

- Je voulais vous montrer une petite part de moi, maintenant j’aimerai bien que ce soit votre tour. Amenez-moi à un endroit que vous aimez, qui vous correspond.
- Je ne suis pas sûre qu’un tel endroit existe, dit Yoshiko.

Mais Hide ne l’écoute pas, déjà trop perdu dans son enthousiasme et entraîne Yoshiko à l’extérieur qui l’emmène sans trop savoir où elle se dirige à travers Konoha. Ce n’est qu’un peu trop tard pas, qu’elle se rend compte, qu’ils se dirigent vers cette stèle qui attire un peu trop souvent ses pas.

- Je crois que cet endroit me résume assez bien.

Hide observe la plaine verdoyante et calme qui l’entoure avant de tomber nez à nez avec l’énorme pierre grise.

- Depuis toujours, je n’ai jamais été autre chose qu’un ninja, comme mon frère et mes parents avant moi. Et tous ceux qui ont jamais compté dans ma vie ont leur nom gravé sur cette maudite pierre. Je m’excuse, ce n’est sûrement pas ce que vous auriez voulu voir.
- J’ai su dès le premier jour que vous aviez cette part de noirceur en vous. Elle fait partie de vous et j’aimerai tant la partager avec vous.

Prenant son courage à deux mains, Hide s’approche et pose chastement ses lèvres sur les siennes. Trop surprise pour esquisser le moindre mouvement de recul, Yoshiko ne le repousse pas mais laisse ce baiser glisser sur ses lèvres.

Hide se recule, esquissant un triste sourire.

- J’espère que vous ne m’en voulez pas d’avoir essayé.
- Non, dit Yoshiko, le souffle coupé, encore surprise de l’audace d’Hide.
- J’espère aussi que vous ne m’en voudrez d’apprendre que je ne perds pas espoir aussi facilement, dit-il.

Interdite, Yoshiko le regarde s’éloigner lentement. Elle pose une main sur la stèle en fermant les yeux.




- Ça c’est si mal passé, dit une voix derrière elle.

En se retournant elle tombe nez à nez avec Kakashi qui se pose à ses côtés.

- Je suis définitivement pathétique, dit Yoshiko.

Kakashi préfère se taire, ne sachant trop comment lui remonter le moral et redoutant que la moindre de ses paroles soit suffisamment maladroite pour aggraver la situation. Mais le silence qui s’installe entre eux n’est ni tendu ni inconfortable. Chance se met à sourire sans trop savoir pourquoi.

- Alors, tu as déjà trouvé un surnom à Newbie ? demande Kakashi.
- Depuis le premier jour, s’amuse Yoshiko. Mais comme il a été le premier à rire de mon ancien surnom, il va devoir supporter Newbie encore quelque temps !
- Oh, c’est faux, dit Neige.
- Faux ?
- C’est moi qui ai ri le premier de ton surnom !
- Idiot !

Mais contrairement à ce que Kakashi attendait, Yoshiko ne s’énerve pas et sort un petit paquet de son sac qu’elle lui tend. Kakashi, peu habitué à recevoir le moindre présent, et l’ouvre d’un geste. Il observe d’un œil le délicat sept d’argent qu’il tient entre ses mains.

- J’en ai fait un pour chacun d’entre vous, dit Yoshiko. Je tenais à te le donner en premier.

Kakashi se maudit de ne pouvoir réprimer le petit sourire idiot qui se dessine sur ses lèvres, bien dissimulé derrière son masque.

- J’avais prévu d’aller apporter celui de Vert, tu veux venir ?
- Pour rien au monde, je ne louperais ça, dit Kakashi.

Yoshiko fronce les sourcils sans comprendre ce qui amuse tant Neige.

- La tête qu’il va faire quand il va te voir !

Yoshiko se met à rougir atrocement. Elle est non seulement à visage découvert mais elle porte une robe, simple et élégante, la seule qu’elle possède et qui correspond à peu près à l’idée qu’elle se fait d’un rendez-vous… A des années lumières de son uniforme.

- Y a pas à dire, t’es vraiment doué pour mettre les gens à l’aise ! dit Yoshiko.
- Pas de quoi, Roseau.
- Kakashi ! Si tu tiens à la vie, retire ça tout de suite !

Kakashi évite de justesse toute une flopée de projectiles plus ou moins insolites constituée de tout ce que Yoshiko peut attraper et qui se trouve à sa portée. Ce n’est qu’une fois arrivés devant la porte de Vert que Chance capitule devant l’effronterie de Kakashi après l’avoir traité de gamin. Elle frappe à la porte, attendant patiemment que Vert lui ouvre, son cadeau à la main.

- Yoshiko, dit Kakashi.

Elle se tourne vers lui et l’espace d’un instant, l’image d’une gamine, à peine âgée de douze ans, les cheveux blonds indomptables, un regard franc et un air perpétuellement curieux et légèrement insolent se superpose à la Yoshiko qui se tient devant lui.

- Surtout ne change jamais.







J'espère que cette petite mission vous a amusé :-)



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