Fiction: Les héritières

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Malgré l’heure matinale, Kazan finissait de se préparer à sortir. Elle aurait apprécié de dormir quelques heures supplémentaires, mais les jumelles l’avaient réveillée à l’aube. Elle leur avait donc préparées un biberon, puis avait jugé inutile de retourner se coucher, et après une bonne douche et un petit-déjeuner frugal, elle envisageait différentes solutions pour organiser sa journée.

Hinata lui avait parlé d’une boutique de fleurs dans le centre-ville, et elle espérait qu’ils accepteraient de l’embaucher, au moins provisoirement. Le vrai problème n’était pas là. Elle n’avait personne pour garder Ayame et Airisu pendant qu’elle serait sortie. Hinata s’était gentiment proposée, mais Kazan avait refusé avec tact. Elle n’ignorait pas que la jeune fille avait des obligations, et Kazan savait qu’Hinata pouvait être envoyée en mission à tout instant. Elle devait donc prendre au plus tôt, l’habitude de se débrouiller seule. La seule option restait d’emmener les petites avec elles.

La jeune femme blonde jeta un coup d’œil sur les couffins dans lesquels gazouillaient ses filles. Pas question de partir travailler avec : ils étaient bien trop encombrants.
_ Je pense que je pourrais en tresser un plus petit et plus transportable… Il faudra que je trouve de l’osier souple…

En attendant… elle devait trouver un autre moyen… Elle laissa son regard errer dans sa chambre. Elle s’attarda sur un grand châle qui traînait sur son lit. Avec précaution, elle le déplia pour en estimer les dimensions. C’était un long rectangle de toile fine aux couleurs délicates. Des entrelacs floraux se fondaient les uns dans les autres en volutes multicolores et dessinaient des motifs sans cesse renouvelés.
_ Oui… Il doit être assez grand pour me permettre de maintenir les petites dans mon dos…

Elle le contempla intensément, bien que ce ne soit pas nécessaire. Elle en connaissait chaque détail par cœur. C’était la seule chose qu’Itachi ne lui eût jamais offerte. Ils n’avaient jamais, ni l’un ni l’autre, ressenti ce besoin impérieux qu’ont certains de manifester leur affection par des cadeaux… Sauf une fois… Cette unique fois où…

Une douleur cinglante éclata dans sa poitrine, lui coupant le souffle. Elle porta les mains à son cœur, comme si le comprimer pouvait en atténuer le déchirement… Aussi soudainement qu’elle était apparue, la douleur s’évanouit. Kazan inspira timidement, à l’affût de la douleur, puis rassurée respira plus librement. Sous l’effet du contrecoup, ses jambes lui parurent de plomb et elle s’effondra à genoux au pied du lit… Alors même qu’elle s’efforçait de ne pas penser à Itachi, son visage s’imposa à son esprit et elle fondit en sanglots…

Elle pleura de longues minutes, avant que les voix de ses filles ne la tirent de sa détresse. Elle prit une longue inspiration entrecoupée, et se releva enfin, les yeux rougis par les larmes. Elle serra le châle contre son cœur :
_ Ça devrait suffire pour aujourd’hui, mais il faudra que je trouve rapidement une autre solution.

Elle entreprit donc de former une sorte de baluchon dans lequel elle installa ses filles. Après les avoir calées dans son dos, elle s’examina dans le miroir. On apercevait par-dessus son épaule les petites têtes brunes qui s’agitaient et s’émerveillaient de ce point de vue sur le monde tout-à-fait inhabituel. Kazan s’aperçut alors qu’elles étaient gênées par ses cheveux lâchés comme à l’ordinaire. Ayame lui agrippa soudain les cheveux, et Kazan étouffa un cri.

_ Aie, aie, aie… Lâche les cheveux de Maman… Ayame, lâche-ça s’il te plaît, s’écria-t-elle tandis qu’elle manquait de se déboîter l’épaule pour récupérer les mèches blondes que la petite fille tirait en tous sens.

Puis elle les natta avec soin, et se jaugea une dernière fois dans le miroir. Elle portait un pantalon anthracite. Elle avait enfilé par-dessus une tunique noire, longue jusqu’aux genoux, et fendue à gauche pour laisser une plus grande liberté de mouvement. Un cordon du même gris que son pantalon resserrait sa tunique à la taille. Elle hocha la tête et sortit.

Il faisait froid. Kazan descendait l’allée du jardin, quand elle ressentit tout à coup une présence derrière elle. Instinctivement, elle fit un bond de côté. Son réflexe lui sauva la vie. Un sabre fendit l’air à l’endroit où elle se trouvait une seconde plus tôt. Kazan écarquilla les yeux : face à elle se dressait un adolescent. Ses vêtements sombres mettaient en évidence la pâleur de ses bras nus. Sur son épaule droite courait un tatouage. Son visage disparaissait derrière un masque blanc orné d’arabesques pourpres. Il n’émanait de lui aucune hostilité… En réalité, il n’émanait rien de lui. La jeune femme ne discernait qu’une absence d’émotions, tel un foyer de glace qui irradierait en ondes gelées…

Kazan avait perçu toute la scène en un regard… Déjà, le garçon disparaissait de nouveau. Avant même qu’il ne réapparaisse, elle savait déjà que ce serait dans son dos. Elle fit volte-face, et le cueillit d’un coup de pied au ventre à l’instant où il se matérialisait. L’adolescent en eut le souffle coupé, mais le choc avait été insuffisant. Elle bondit en arrière, ramassée sur elle-même et mit un genou à terre tandis qu’elle effectuait de rapides signes des mains. Son adversaire se redressa. Elle posa sa paume contre le sol :

_ Invocation ! Les Fauves en Chasse !

Elle ne s’attarda pas. Sans savoir si ses félins tiendraient face à l’inconnu, elle s’enfuit en courant… Ses pas la portèrent droit vers le centre-ville. Son cœur battait la chamade, elle avait envie de crier mais une peur bien plus grande s’insinua en elle. Et si d’autres personnes la reconnaissait et essayaient de la tuer ?

Un coup au cœur lui apprit qu’un de ses fauves venait d’être éliminé. Il n’en restait plus que deux pour tenir tête à l’assassin… Cette nouvelle donna des ailes à la jeune femme. Sans réfléchir, elle s’engouffra dans la rue principale qu’elle remonta à toute vitesse vers les portes Ouest. Les passants lui jetèrent des regards surpris lorsqu’elle s’arrêta subitement, victime d’un point de côté. Elle repartit plus lentement, et passa les portes sous les yeux attentifs des ninjas de garde. L’un d’eux la détailla en silence puis s’éclipsa.

Elle suivit la route qui quittait Konoha, aussi calmement qu’elle le put, jusqu’à ce qu’un virage la dérobe à la vue des sentinelles. Alors elle s’engouffra dans les fourrés et s’arrêta quelques instants pour souffler. Elle replaça son châle autour des jumelles et resserra le nœud sur sa taille. Elle jeta un dernier coup d’œil sur la route, puis tournant résolument les talons, elle s’enfonça sous le hallier. Elle se fraya un sentier à travers les buissons. La forêt se refermait sur elle… Sa douleur au côté s’était calmée et elle avait retrouvé son souffle. Elle se remit à courir sans se soucier des branches basses qui lui griffaient le visage. Sa fuite la mena tout droit dans une clairière où elle s’engagea sans prudence.

Un nouveau coup au cœur la fit trébucher et l’avertit qu’un deuxième fauve venait de disparaître. Kazan s’arrêta net. Seul, le dernier ne tiendrait pas longtemps. La force de ses invocations tenait à leur nombre et leur coordination. Pris séparément, ses fauves n’étaient guère dangereux pour des shinobis entraînés… Secouées par sa course précipitée, les fillettes pleuraient dans son dos.
_ Chut, chut, ne craignez rien, tout va bien, les rassura-t-elle tant bien que mal.
Elle aurait voulu les consoler dans ses bras, les étreindre de toute sa tendresse… Le cœur serré, elle secoua la tête… Impossible… Elle devait partir au plus vite… L’ennemi ne tarderait plus…
_ Ne vous inquiétez pas, mes chéries… Personne ne vous fera de mal… Je vous protégerai…

_ J’espère bien.

Kazan resta pétrifiée au son de cette voix glacée, où certaines intonations lui étaient par trop familières… Elle se tourna lentement vers l’arbre d’où la phrase, mélange d’encouragements et de menaces, était tombée. Elle se mit à trembler de tous ses membres, tandis que la frayeur lui tordait le ventre… Négligemment assis sur une branche maîtresse, Sasuke les fixait…

_ Notre dernière conversation a été interrompue, je crois. Merci de venir jusqu’à moi pour la terminer. Je ne m’attendais guère à te voir débouler ici, avec les filles d’Itachi.

Ces derniers mots parurent électrifier Kazan qui bondit à l’opposé de la clairière. Son instinct lui disait de fuir, mais elle ne pouvait pas tourner le dos à l’assassin fratricide.
_ Ne t’approche pas d’elles, gronda-t-elle tandis qu’il se laissait glisser au sol.
_ Personne ne m’empêchera de prendre soin des filles de mon frère.

Ils se défièrent du regard. La tension dans l’atmosphère crût en flèche alors même que les deux antagonistes retenaient leur respiration.
_ Que ce soit clair : ces enfants sont des Uchiwa. Je me charge d’elles. C’est ce qu’Itachi aurait voulu…
La réponse de Kazan se serait perdue dans le murmure du vent si Sasuke n’avait pas eu l’ouïe fine :
_ … Comment peux-tu le savoir ? Tu le haïssais…
_ Il a tout fait pour que je le haïsse, répondit-il froidement, le regard inexpressif.
_ ... Il a tout fait pour te protéger…
Ses tremblements s’accentuèrent.
_ … Mais tu l’as tué !!

Au cri de la jeune femme, les jumelles se mirent à pleurer… Ses yeux flamboyèrent de douleur ; aussitôt, Sasuke activa son Sharingan et bondit en avant. Kazan se ramassa sur elle-même pour l’éviter. Un dernier coup au cœur la jeta à genoux… Là-bas, à Konoha, son dernier fauve venait de disparaître… Livide, elle trouva la force de relever la tête. Sasuke tendait déjà la main vers ses filles… Elle n’avait pas la force d’esquiver… Elle avait échoué…

_ Jûho sôshiken !

Surprise, Kazan rouvrit les yeux pour voir la silhouette d’Hinata s’interposer tandis que son assaillant se rejetait en arrière in extremis. L’attaque de la jeune fille s’acheva dans un dérapage de poussière tandis qu’elle adoptait la position typique du Jôken.

_ Hinata ! Qu’est-ce que tu fais là ?!
_ J’étais avec Maître Hokage quand une sentinelle de la porte Ouest est venue la prévenir que tu avais quitté le Village dans tous tes états.
_ Je…
_Tu vas bien ?, s’enquit la jeune Hyûga sans quitter son adversaire des yeux.
_ Merci, répondit la jeune femme blonde en hochant faiblement la tête.
Elle détacha rapidement son châle et serra ses enfants effrayées contre elle.
_ Ne craignez rien, mes chéries, c’est fini…

Et Kazan entama une litanie monotone où se mêlaient sans cesse les prénoms de ses filles et des mots rassurants pendant qu’elle les berçait tendrement.

…………………………………………………………………………

Cependant, Sasuke jaugeait son adversaire. Hyûga Hinata… Dans ses souvenirs, elle n’était pas si rapide… Il s’en était fallu de peu qu’il ne soit touché… Sans son Sharingan, il ne l’aurait pas vue à temps.

_ Des années sans se voir, et on se croise deux jours de suite. Le hasard est capricieux, n’est-ce pas ?
_ J’aurais préféré ne pas te revoir, lâcha Hinata sentencieusement. Tu as brisé Naruto le jour où tu as déserté Konoha. Je ne suis pas prête à te pardonner. Disparais avant qu’il n’apprenne ta présence dans les parages.

« Toujours aussi solennelle par contre… »

_ Je pars dès que j’aurai récupéré mes nièces.
_ ...
_ Ah tu n’es visiblement pas au courant, reprit-il condescendant. Les fillettes derrière toi : ce sont les filles de mon frère.
_ Tu mens !
_ Pense ce que tu veux, Hinata. Mais je ne laisserai pas Konoha élever les membres de ma famille ! Alors, remets-moi les fillettes et je disparais, comme tu me l’as si gentiment demandé…
_ Tu ne poseras pas la main sur ces enfants ou leur mère.
_ Et tu crois pouvoir m’en empêcher ?
_ … Tu l’as dit : nous ne nous sommes pas vu pendant des années. Tu n’as aucune idée de ce que je peux faire.
_ C’est valable dans les deux sens.
_ Alors viens, ne te gêne pas !

Sasuke scruta les alentours : personne. Ce n’était pas une embuscade, elle le provoquait réellement, en un-contre-un… Lui, Uchiwa Sasuke ! Bluffait-elle ?... Il ne reconnaissait plus la timide enfant qui rougissait avant même de parler… Elle avait largement gagné en assurance… et à voir son regard, en détermination. Il hésitait entre le rire et la perplexité. Son regard passait de la jeune fille au petit groupe serré derrière elle. Il s’attarda sur les jumelles… et Sasuke s’élança soudainement.

Il dégaina Kusanagi. La réaction d’Hinata ne se fit pas attendre. Elle bondit en arrière au plus près de Kazan :

_ Les soixante-quatre points du Hakke protecteur !

Avec une agilité surprenante, la jeune fille entremêla habilement des fils de chakra qui tissèrent aussitôt une défense impénétrable. Emporté par son élan, Sasuke heurta la barrière étincelante. Kusanagi ricocha avec un bruit mat et fit reculer le jeune homme surpris.

« Je vois… Elle a bien progressé depuis 3 ans… Mais elle est loin d’être à mon niveau… »

Rendu prudent par son premier échec, Sasuke tenta une attaque de biais. Mais Hinata, Byakugan activé, était parée à cette éventualité. Elle projeta son chakra autour d’elle, incluant Kazan et les jumelles dans la sphère ainsi formée.

_ Les soixante-quatre points du Hakke protecteur !

Le jeune Uchiwa ne se laissa pas déstabiliser... Le cri des Milles Oiseaux retentit dans la clairière quand il déclencha son Chidori dans son sabre. La lame parcourue par la foudre commença de transpercer le bouclier de chakra.

Hinata perçut aussitôt la menace. Pivotant sur elle-même, elle donna une impulsion à sa barrière de chakra qui se mit à tourner.

_ Hakke Kaiten !

Entraîné dans la rotation, Kusanagi dévia et il s’en fallut de peu que la puissance du Tourbillon Divin ne l’arrache des mains de Sasuke.
Ce dernier dut reculer une nouvelle fois. D’abord tenté d’employer le Mangekyou Sharingan, il se ravisa. Le Byakugan de son adversaire, ainsi que sa maîtrise du chakra, la mettait quasiment hors d’atteinte d’un genjutsu. Inutile de gaspiller du chakra. Il scruta attentivement la défense de la jeune fille. Evidemment, elle manquait de puissance, et ne paraissait pas vouloir l’attaquer… Malgré tout, sa défense sans faille, la détermination qu’il pouvait lire dans son regard d’opale forçaient son admiration.

« Jamais je n’aurais pensé qu’elle puisse autant changer… »

_ Va-t’en !, ordonna-t-elle d’une voix forte, coupant court à ses réflexions. Peu importe le nombre de fois où tu essaieras, je te repousserai…

Sasuke la dévisagea comme si c’était la première fois qu’il la voyait… Et vraiment, c’était peut-être la première fois… Il n’avait jamais fait attention à elle, et hier encore, quand il avait voulu l’affronter dans sa fuite, il n’avait rien vu d’autre que la faible et timide fille aînée des Hyûga.

A présent, il n’était plus aussi sûr de lui… Elle inspirait le respect, et la force de caractère émanait d’elle… Sa volonté de protéger son amie et les jumelles était presque palpable dans l’air chargé d’électricité. L’espace d’un instant, elle lui évoqua un rocher sur lequel se brisent les vagues… Quelques soient leurs assauts, le roc se dresse, immuable…

« Mais le rocher s’use quand même à la fin… Ses réserves de chakra finiront donc par s’épuiser elles aussi… »

Il tressaillit. La jeune fille le regardait, un sourire triomphant aux lèvres. Il sentit soudain ce qu’elle devait voir depuis un moment grâce à son Byakugan.

« Des renforts ! »

Déconcentré par son adversaire, il avait oublié de surveiller ses arrières… Et pas moyen de s’échapper… Il avait été encerclé comme un débutant…
Deux garçons sortirent des fourrés derrière lui, et se placèrent prudemment à bonne distance. Un troisième s’approcha de la jeune Hyûga :
_ Hinata ! Vous allez bi…

Le jeune homme blond se figea soudain, comme son regard azur se posait sur l’Uchiwa… Un silence profond recouvrit la clairière de sa chape de plomb.
_ Sasuke…, murmura-t-il après quelques instants, comme pour se convaincre de la réalité.
Il semblait désemparé…

_ Ho, Naruto !, l’interpella un de ses camarades, engoncé dans une combinaison moulante verte. Ça va aller ?
Aussitôt le blond se reprit :
_ Evidemment ! Ne t’inquiète pas, Lee ! Je vais m’occuper de lui !
_ Galère… Voilà qui complique sérieusement la situation, lâcha enfin leur dernier équipier.
_Shikamaru, qu’est-ce que vous faites là ?, interrogea Hinata sans rompre sa position de défense.
_ Tsunade était dans tous ses états quand tu es partie sans lui laisser le temps de rien dire. Je m’entraînais avec Lee et Naruto quand elle a déboulé comme une furie pour nous envoyer te chercher, en précisant bien que ça risquait d’être dangereux…

« Quand je pense qu’elle a envoyé Naruto avec nous pour éviter qu’il n’apprenne que Sasuke était venu à Konoha, poursuivit-il pour lui-même… Quelle ironie… »

_ Sasuke, reprit-il à voix haute, tu me connais : je suis partisan du moindre effort… Alors, s’il te plaît, rends-toi sans faire d’histoire, qu’on puisse te ramener à Konoha…
Pour toute réponse, le jeune homme fit brutalement volte-face et s’élança sur Shikamaru.
_ Lee !, cria le fainéant en s’accroupissant.

_ O.K !, répondit son coéquipier. Ouverture de la 1ère porte !
L’afflux de chakra autour du jeune homme fut énorme. Il s’interposa en un clin d’œil entre son chef d’équipe et leur adversaire. Sasuke serra les dents : sa vitesse était impressionnante. Le choc risquait de faire mal mais il devait éliminer Shikamaru au plus vite. Ses capacités stratégiques le rendaient bien plus dangereux que la force de Lee. Il relâcha un Chidori dans son sabre et plongea en avant.

Un coup de pied magistral l’accueillit. Incapable de résister, il se sentit projeter en l’air. Une seconde plus tard, Lee réapparut dans son dos. Le jeune Uchiwa avait déjà eu un vague aperçu de cette technique bien des années plus tôt… La fleur de Lotus ! Cette fois, il avait une chance de la contrer grâce à l’allonge exceptionnelle de son sabre… Il inversa sa prise sur la garde de Kusanagi et effectua un mouvement vers l’arrière.

Lee vit la pointe du sabre se rapprocher de lui à toute vitesse… il bloqua la lame de justesse et afficha un sourire triomphant : son entraînement avait payé, il était vraiment capable d’arrêter un sabre à mains nues ! Sa satisfaction fut de courte durée. Profitant du point d’appui que lui fournissait Lee, Sasuke se retourna brusquement et activa son Mangekyou Sharingan… Estomaqué, il vit que Lee avait les yeux fermés, rendant inutile toute tentative de genjutsu. Il se débarrassa de son adversaire d’un coup de pied et se réceptionna au sol dans un roulé-boulé.

Il se redressa pour tomber nez-à-nez avec une dizaine de clones de Naruto.
_ Vous croyez que c’est ça qui va m’arrêter ?, cracha-t-il, méprisant. Housenka !
Son jutsu de feu eut tôt fait de réduire à néant les clones de Naruto. La diversion fonctionna à merveille : Lee en profita pour revenir à la charge. Shikamaru évalua la situation :
_ Naruto ! Ce n’était pas ça qui était prévu ! Nos attaques combinées ne seront pas efficaces si tu ne suis pas les consignes !
_ T’inquiète !, cria le jeune homme blond en se tournant vers Hinata. Je sais que Sasuke préfèrera qu’on le tue plutôt que d’être capturé. Il faut que tu m’aides.

_ Vous pouvez le tuer, coupa froidement Kazan.
Elle avait relevé la tête et planta son regard de braise dans celui, azuréen, de Naruto. Ce dernier tressaillit comme sous le coup d’une violente douleur.
_ Hors-de-question !
Son exclamation tenait plus du feulement bestial. Ses yeux bleus virèrent au rouge sang tandis que ses pupilles s’étrécissaient. Kazan détourna le regard et étreignit ses filles. Cependant, Naruto retrouva ses yeux azur et son timbre de voix aussitôt qu’Hinata eut posé une main apaisante sur son bras.
_ Je vais t’aider, Naruto…

Le conciliabule qui s’ensuivit ne manqua pas de préoccuper Shikamaru qui, de l’autre côté de la clairière, ne les entendait pas.

« Galère… qu’est-ce qu’il mijote encore ? », songea-t-il sans pour autant cesser de rechercher les faiblesses de leur adversaire.

Le combat faisait rage au centre de la clairière. Lee avait ouvert la 3ème porte tandis que Sasuke déployait de plus en plus de puissance.

_ Il va falloir l’arrêter avant qu’il ne se décide à y aller à fond. Pour l’instant, on dirait qu’il se retient… La proximité du Village n’y est pas étrangère. Si on repère son chakra à Konoha, on nous enverra du renfort et il risque de passer un sale quart d’heure… Mais ! Elle est cinglée !

Il se redressa brusquement quand Hinata se jeta la clairière. Il retint son souffle : l’agilité naturelle de la jeune fille lui donnait des allures de grand félin alors qu’elle se frayait un chemin à travers la bataille… En réalité, les mouvements souples du Jôken qu’elle accomplissait avec aisance lui permettaient de se déplacer rapidement tout en esquivant le plus gros de la bagarre.

Elle acheva son enchaînement en dérapage auprès de lui :
_ Voilà le plan de Naruto. Tu crois pouvoir nous aider ?
Shikamaru l’écouta attentivement et finit par hocher la tête :
_ C’est bon, fais-lui signe quand je te le dirai.
Le jeune homme s’accroupit de nouveau. Ses yeux s’assombrirent alors qu’il se concentrait sur la stratégie mise en place par ses camarades. Ça pouvait marcher… A lui de trouver la bonne ouverture…

_ Maintenant !

De l’autre côté de la clairière, Naruto bondit en avant :
_ Tajuu Kage Bunshin no Jutsu !
Brutalement submergé par le multi clonage de Naruto, Sasuke poussa un hurlement de rage et se dégagea à l’aide d’une puissante boule de feu. A peine avait-il fini son jutsu que Lee surgit sur sa droite :
_ La tornade de Konoha !
Sasuke se jeta en avant pour échapper à la force destructrice du jeune expert en Taijutsu. Il s’arrêta net et tourna son regard vers Shikamaru qui affichait un sourire tranquille.
_ Manipulation des ombres réussie…

Le jeune Uchiwa grinça des dents… Shikamaru et son Kage Mane… C’est déjà ça qui lui avait permis de sauver la face lors de leur examen Chuunin… Sasuke avait sous-estimé la portée de sa technique… Visiblement, Shikamaru s’était amélioré. Mais il venait de commettre une grossière erreur : ne jamais regarder un Uchiwa dans les yeux !

_ Tsukiyomi !

A quelques dizaines de mètres, Shikamaru se figea soudain, prisonnier du terrible genjutsu. Sasuke sentit aussitôt que sa technique d’immobilisation s’amenuisait. Un cri derrière lui, l’avertit de la prochaine attaque :
_ Rasengan !

Ses réflexes jouèrent aussitôt. Il s’élança sur sa droite, échappant de justesse à l’orbe tourbillonnante de Naruto, se rétablit juste à temps pour contrer un nouvel assaut de Lee… Malgré sa vivacité à se mettre en garde, la puissance du choc l’abasourdit un instant. Il perdit quelques secondes et sursauta quand Hinata jaillit à son tour dans la bataille. Il esquiva le premier coup… et fut bloqué net par trois clones de Naruto qui l’immobilisèrent de leur mieux.

_ T’es persévérant, comme mec !, s’énerva-t-il en se dégageant.

Il n’eut pas le temps de finir. Hinata était déjà sur lui. Elle s’éclipsa soudain et Naruto désarmé apparut derrière elle. Lancé à pleine vitesse, il percuta Sasuke de front et les deux ninjas, blond et brun, roulèrent dans la poussière… Sasuke fut sur pieds en quelques secondes et jeta un regard méprisant à son ancien coéquipier :

_ C’était quoi, ça ? Tu ne sais plus comment attaquer quelqu’un ou tu as eu peur de me blesser ?

Le sourire du jeune homme le déstabilisa. Une légère douleur sur le côté du cou lui fit froncer les sourcils. Il y porta la main et découvrit une marque de piqûre. Aussitôt, tout fut très clair… Toutes ces attaques combinées, l’immobilisation par Shikamaru, l’apparition soudaine d’Hinata qui n’avait pas pris part au combat une seule fois et pour finir l’attaque de Naruto à mains nues… Tout ceci n’était qu’une vaste stratégie destinée à détourner son attention et à le droguer…

Sasuke grogna alors que sa vue s’obscurcissait et s’effondra au sol inconscient.

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