Fiction: Les héritières

Le dernier face à face des frères Uchiwa s'achève... Itachi mort, Sasuke apprend la terrible vérité: son frère n'était pas celui qu'il semblait être... Pour se venger de Konoha, il rejoint l'Akatsuki où il doit faire provisoirement équipe avec Kisame. Mais voilà, Kisame s'entendait très bien avec Itachi, mais ça n'a pas l'air d'être le cas avec son petit frère. D'autant plus qu'il paraît au courant de tout un pan de la vie d'Itachi que Tobi lui même ignore...
Classé: -12D | Action/Aventure / Drame / Romance | Mots: 36499 | Comments: 13 | Favs: 6
Version imprimable
Aller au
Nahtsuhi (Féminin), le 12/03/2014
Bonjour bonjour!!
Et voilà la suite de ma fic! j'ai un peu galéré à réécrire ce chapitre suite à mon problème informatique mais bon... j'y suis enfin arrivée^^
Donc ce chapitre, petit retour dans le temps... mais je ne vais pas vous raconter ce que j'ai écrit, à vous de le lire^^




Chapitre 7: Rencontre



Il n’y avait dans l’étroite vallée qu’une maison en bois sombre coiffée d’un toit d’ardoise. Tout autour s’échelonnait un jardin en terrasses bordé d’une haie de bambous. Le soleil qui déclinait jetait des lueurs flamboyantes dans le ciel tandis que la montagne étendait son ombre violette sur la vallée aux parois abruptes. Une lumière vacillante s’alluma dans un cabanon en contrebas du jardin. La jeune femme blonde qui s’y trouvait régla la mèche de sa lampe à huile et se rassit devant son établi. Ce cabanon lui servait d’atelier et des dizaines d’objets en faïence délicatement peints étaient entreposés sur les étagères.

La jeune femme déposa son pinceau et esquissa un sourire satisfait en contemplant la théière qu’elle venait de terminer. Voilà qui serait parfait pour compléter le service à motifs floraux ! Elle s’étira et entreprit de rincer son matériel après avoir déposé en lieu sûr sa dernière création. Puis, la lampe dans une main, elle prit de l’autre le seau où elle avait rincé ses pinceaux et sortit de son atelier. Elle ferma avec soin la porte branlante et remonta tranquillement le jardin. La jeune femme huma l’air avec délice. La fraîcheur du soir exacerbait les parfums des fleurs qui croissaient sur les terrasses.
_ Il faudra que je pense à tailler les rosiers, songea-t-elle.
Elle se déchaussa et poussa la porte coulissante qui donnait sur la pièce principale. D’un geste machinal, elle accrocha sa lampe à la poutre au-dessus de l’entrée et s’avança pour rejoindre la cuisine. Un mouvement dans le fond de la pièce attira son attention. Soudainement figée sur place, elle regarda le jeune homme brun vêtu d’un ample manteau noir aux motifs sanglants.
_ Qui êtes-vous ?, demanda-t-elle d’une voix moins assurée qu’elle ne le souhaitait.

L’inconnu s’approcha sans mot dire. Instinctivement, la jeune femme recula vers la porte.
_ N’avancez pas !, reprit-elle en haussant le ton, luttant pour ne pas céder à la panique.
_ Je me suis permis d’entrer. Mon ami est malade et je…
Les nerfs à fleur de peau, la jeune femme aperçut soudain les yeux de son interlocuteur… Des yeux froids, dont la couleur écarlate jetait un éclat sanglant sur le visage de l’inconnu… Ce dernier fit un pas vers elle pour tenter d’atteindre la lampe…
_ N’AVANCEZ PAS !, cria-t-elle.
Et dans un ultime geste de défense, elle lui jeta son seau au visage…
Son cœur battait la chamade. Elle voulait fuir, mais ses jambes refusaient clairement d’obtempérer… L’inconnu, dégoulinant d’eau sale, la fixa de ses pupilles terrifiantes…
_ Pardonnez-moi, reprit-il de sa voix glacée. Je ne voulais pas vous effrayer.
Il recula lentement de quelques pas et ses yeux rouges virèrent soudain au noir profond. Interdite, la jeune femme ne savait plus que faire. Il lui semblait beaucoup moins menaçant à présent, mais pouvait-elle s’y fier ?
_ Mon ami souffre d’une forte fièvre, savez-vous où je pourrais trouver un médecin ?
La jeune femme hésita puis répondit :
_ Il n’y a personne à des kilomètres à la ronde…
_ C’est ennuyeux, répliqua le jeune homme, impassible. Mais bon, il faudra bien que Kisame tienne le coup quelques heures.
« C’est ennuyeux, dit-il… Ça n’a pourtant pas l’air de l’atteindre outre mesure», songea la jeune femme, stupéfaite.
_ Merci, et encore pardon de vous avoir fait peur, reprit-il en s’inclinant.
Il passa à côté d’elle et ouvrit la porte.
_ Attendez !

Il se retourna et lui jeta un regard en coin. La lampe se trouvait presque au-dessus de lui et l’éclairait de sa chaude lumière. Pour la première fois, la jeune femme put détailler l’inconnu et elle fut surprise par sa jeunesse et la finesse de ses traits. Son visage offrait des proportions harmonieuses, qui n’étaient en rien altérées par les étranges rides qui couraient de ses yeux le long de son nez… Comme si les larmes d’un triste sort avaient creusé là leurs sillons… L’espace d’un instant, la jeune femme resta fascinée par le mystère qui enveloppait ce jeune homme… Un mystère qu’elle sentait percé à travers le masque impassible qu’il affichait.

Elle réalisa soudain qu’il attendait qu’elle parle, son regard sombre fixé sur elle.
_ Je connais quelques remèdes contre la fièvre, bredouilla-t-elle, en secouant la tête dans l’espoir de dissimuler son trouble. Je vais les chercher.
_ Merci, répondit-il, immobile.
Elle disparut dans une petite pièce et revint les mains pleines de petits sacs de toile aux arômes entêtants. Elle les lui tendit puis se ravisa, sous le coup d’une intuition.
_ Votre ami souffre-t-il d’autres symptômes ?
_ Possible…
_ Je ne veux pas paraître indiscrète, mais je ne saurai pas quel remède vous donner si je ne sais pas de quoi il souffre…
Il y eut un instant de silence, seul troublé par le début d’une averse.
_ Je ne sais pas, avoua-t-il.
_ Ah… Eh bien… Il vaudrait peut-être mieux que je vous accompagne dans ce cas…
_ Non.
Il avait répondu sans animosité… Il exprimait calmement un fait: il ne voulait pas d’elle. La jeune femme frissonna au son de cette voix aussi claire et tranchante qu’une lame.
_ Ah… euh…
L’inconnu l’observa une nouvelle fois.
_ Je n’ai pas de temps à perdre. Désolé pour le dérangement.

Il sortit, la jeune femme sur les talons. Il l’ignora et s’élança à travers la forêt qui croissait de l’autre côté du jardin. La jeune femme fronça les sourcils… et fonça à sa suite sous la pluie battante.
Il la distança rapidement. Pourtant au bruit qui lui parvenait, il comprit que la jeune femme le suivait toujours. Il réfléchit un instant et accéléra. Il ne pouvait se permettre de laisser Kisame seul encore longtemps. Un choc sourd loin derrière lui, lui apprit que la jeune femme avait dû tomber. Il s’immobilisa et tendit l’oreille. Rien. Il ferma les yeux, poussa un profond soupir. Il se retourna et repartit.
Il ne tarda pas à trouver la jeune femme qui, malgré la pluie battante, continuait d’avancer.
…………………………………………………………………..

Courir de nuit dans la forêt n’est pas donné à tout le monde. La jeune femme venait de s’en rendre compte. Elle s’était pris les pieds dans une souche et s’était étalée de tout son long. Elle ramassa ses sacs d’herbes aromatiques et se releva. Ses mains et ses genoux étaient écorchés. La pluie tombait drue, lui cinglait le visage et lui piquait les yeux. Elle fit un tour sur elle-même pour tenter de s’orienter et reprit sa course. Un craquement dans les arbres lui fit lever la tête. Deux yeux rouge sang la toisaient durement. Elle rendit son regard à l’inconnu jusqu’à ce qu’il saute à terre.
Alors qu’elle s’apprêtait à lui demander pourquoi il était revenu, il l’attrapa par la taille sans ménagement et bondit à travers les fourrés. Le souffle coupé par la vitesse de la course, la jeune femme ne songea nullement à se plaindre de l’inconfort de sa position, trop occupée à tenter de se redresser. Bientôt, il s’arrêta, la remit brutalement sur pied, et s’approcha d’une forme étendue au sol. La jeune femme le suivit pour découvrir un géant au visage défait, vêtu du même manteau rouge et noir que le jeune homme. Ce dernier s’était agenouillé auprès de son compagnon, dont la respiration laborieuse témoignait de son mauvais état. A son tour, elle se pencha sur le malade.

Il ne lui fallut guère de temps pour se rendre compte que la fièvre n’était pas la seule chose dont souffrait le géant. De nombreux hématomes lui couvraient le corps. Elle fronça les sourcils. Il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas vu ces symptômes réunis chez une même personne. Voilà qui ne présageait rien de bon.
_ Quand s’est-il fait tous ces bleus ?, interrogea-t-elle tandis qu’elle retournait ses sacs d’herbes médicinales en quête de la bonne plante.
_ Il ne les avait pas ce matin quand je l’ai quitté.
Elle suspendit ses recherches.
_ Vous en êtes sûr ?
_ Certain.
_ Et depuis quand a-t-il de la fièvre ?, demanda-t-elle en reprenant sa fouille.
_ Aucune idée. Hier, peut-être avant-hier.
_ C’est votre ami et vous ne savez pas depuis quand il est souffrant ?, lâcha-t-elle, une pointe d’incrédulité dans la voix.
_ Mon camarade n’est pas du genre expansif.
_ Eh bien, qui se ressemble s’assemble, marmonna-t-elle, en guise de réponse.
Elle brandit soudain une poignée de feuilles rougeâtres au parfum amer.
_ Les voilà ! Vous avez de quoi faire bouillir de l’eau ?
Le silence du jeune homme brun fut plus qu’éloquent.
_ Comment voulez-vous que je soigne votre ami si vous n’avez même pas de quoi faire une infusion ??
Elle secoua la tête face à l’impassibilité du jeune homme.
_ Nous allons le ramener chez moi. Il ne peut pas rester dehors par ce temps et dans cet état. Je lui préparerais le remède quand nous serons rentrés… en espérant que son état ne se soit pas aggravé d’ici là.
_ Il n’y a pas de raison, répondit l’inconnu en se relevant.
_ Il y a une raison : à première vue, votre ami souffre d’une sorte de fièvre hémorragique. Et croyez-moi, cette fièvre est foudroyante… Au sens littéral du terme. Maintenant, si vous êtes prêt, je propose qu’on se mette en route avant d’être tous trempés comme des soupes.

Le jeune homme acquiesça silencieusement et chargea sans difficulté son ami à demi-conscient sur son dos. Il partit sans attendre, vérifia à peine si la jeune femme le suivait. Elle leva les yeux au ciel et ne reçut en guise de réponse qu’une trombe d’eau violemment déversée par les nuages sombres. Elle voulut rattraper l’inconnu, mais la boue autant que l’obscurité la ralentissait. Un bruit de branches brisées sur sa droite capta son attention. Elle avait sûrement fini par attirer quelques prédateurs avec le boucan qu’elle faisait. Quelle idée aussi, de se promener en pleine forêt au beau milieu de la nuit. Elle sursauta quand le jeune homme sortit des fourrés :
_ Je croyais qu’il fallait se dépêcher ?, demanda-t-il.
Son ton calme et dégagé ne l’aurait sûrement pas énervé s’il ne lui avait pas fait aussi peur quelques secondes plus tôt.
_ Oui, mais figurez-vous que tout le monde n’est pas capable de courir les bois en pleine nuit sans se payer un seul arbre !
Il fut près d’elle tellement vite qu’elle eut du mal à comprendre comment il avait fait. Et de la même façon qu’à l’aller, il l’attrapa et, sans lui laisser le temps de protester, reprit sa course à travers les bois. Décontenancée, elle hésita à se mettre en colère puis décida de s’y prendre autrement.
_ Je peux marcher, énonça-t-elle placidement tandis que défilaient les ombres autour d’eux.
Il prêta à peine attention à sa phrase et poursuivit sans lui adresser ne serait-ce qu’un regard. Elle se retrouva soudain sur ses deux pieds, à quelques dizaines de mètres de sa maison. Elle la rejoignit en courant. Le jeune homme était déjà derrière elle, attendant patiemment qu’elle le laisse entrer. Elle posa sa main sur le front du malade : apparemment, sa fièvre n’avait pas baissé, et sa respiration sifflante se faisait de plus en plus faible.
_ Par ici, dit-elle tandis qu’elle pénétrait dans la maison et invitait du regard le jeune homme à faire de même.

Elle le guida jusqu’à une chambre où trônait un poêle imposant. Elle raviva le feu qui s’y mourait et commença à distribuer ses instructions d’un ton pressé :
_ Allongez-le sur le lit. Et retirez-lui ce manteau détrempé. Je vais préparer l’infusion. Ah ! Et faites très attention : il ne doit recevoir aucun heurt. S’il a bien contracté la fièvre hémorragique, ses hématomes pourraient se changer en hémorragies internes en un rien de temps.
Elle quitta la chambre et s’activa dans la cuisine. Faire bouillir l’eau, préparer le mélange d’herbes médicinales, laisser infuser les plantes. Pour finir, elle préleva une poignée des feuilles rougeâtres qu’elle avait cherchées plus tôt et les écrasa dans un bol avec un peu d’eau chaude. Cela fit bientôt une affreuse bouillie peu ragoûtante, dont elle dilua une partie dans l’infusion. Quand elle revint dans la chambre, le jeune homme brun terminait d’enfouir son camarade sous une pile de couvertures.
_ Très bonne initiative, le complimenta-t-elle.
Il ne répondit pas, le regard impénétrable fixé sur le visage défait du géant.
La jeune femme s’approcha du malade et lui fit boire l’infusion. Puis ils attendirent en silence. Bientôt, la respiration saccadée du géant se fit plus régulière. La jeune femme s’assura qu’il dormait puis fit signe au jeune homme de quitter la chambre. Elle laissa la porte entrebâillée en sortant.
_ Laissons-le se reposer, il en a bien besoin… et c’est tout ce que nous pouvons faire de plus pour lui.
Ils gagnèrent la pièce principale. Le jeune homme gardait toujours le silence, ce qui mit rapidement la jeune femme mal à l’aise. Non pas qu’elle n’eut pas l’habitude du silence… Loin de là ! Le silence et la solitude étaient son quotidien. Mais l’attitude silencieuse de l’inconnu avait quelque chose d’inquiétant… Pour échapper au malaise qui s’installait dans cette étrange atmosphère, elle entreprit de relancer un feu dans la cheminée. Elle choisit avec soin les bûches, amassa des branchettes dans le fond de l’âtre puis disposa ses bûches par-dessus. En un rien de temps, le feu avait pris.

Quand elle se redressa, elle prit conscience de l’état dans lequel ils étaient. Tous les deux trempés jusqu’aux os, et tous deux particulièrement sales. Elle, pour être tombée dans la boue, lui, pour avoir pris son seau d’eau sale dans la figure. Elle éprouva une pointe de culpabilité à ce souvenir. Il lui fallut quelques minutes pour se décider puis elle se leva et disparut dans une pièce derrière la cuisine. Elle revint quelques instants plus tard.
_ Vous pouvez disposer de ma salle de bain... Je vous ai sorti des vêtements secs… et propres, ajouta-t-elle prestement.
Il la fixa sans répondre. Elle ne savait pas comment réagir face à cet homme presque aussi démonstratif qu’une statue de marbre. Elle crut qu’il attendait qu’elle s’explique, et elle reprit :
_ C’est que… Ce n’est pas bon de rester dans des habits mouillés. Vous risquez de prendre froid…
Le jeune homme l’observait toujours, sans prononcer un mot. Sans ses prunelles d’onyx qui la détaillaient avec acuité, son visage aurait pu paraître morne et sans vie. Nul frémissement de ses muscles ne venait trahir ses émotions. La jeune femme sentit qu’elle perdait ses mots.
_ Et puis… Le seau que… je vous ai jeté… à la figure… Ce n’était pas de l’eau très propre…
Le rouge lui monta aux joues et elle baissa les yeux face au regard insistant du jeune homme.
Enfin il se leva et s’approcha de la jeune femme blonde. Elle contemplait ses pieds avec une obstination qui lui arracha un sourire intérieur. Mais sa voix ne trahit en rien son amusement quand il lui répondit :
_ Merci. Je vais donc profiter de votre offre.

Il s’éclipsa dans la salle de bain et la jeune femme s’autorisa un soupir de soulagement une fois qu’elle eût entendu la porte se refermer sur lui. Quel être mystérieux… Indéchiffrable, et pourtant elle avait l’impression de percevoir chez lui une immense tristesse…
Un mouvement dans la chambre lui rappela l’existence du géant. Elle entra sur la pointe des pieds… Le malade s’était violemment retourné dans son sommeil. Elle posa la main sur son front hâve et estima que sa température était légèrement retombée. Les herbes commençaient à être efficaces… Mais elle s’inquiétait qu’un homme qui était semblait-il, en excellente condition physique, put déclarer aussi rapidement une fièvre hémorragique, affection dont seules les personnes déjà affaiblies souffraient, en général. Elle se redressa sous le coup d’une intuition. Et si… ?
Elle secoua la tête. Elle vérifierait son hypothèse plus tard. Elle ouvrit discrètement son armoire, choisit des vêtements propres et se changea rapidement. Puis elle regagna le salon et s’assit devant la cheminée. Elle s’emmitoufla dans une couverture de laine aux couleurs vives pour attendre le retour du jeune homme. Mais c’était sans compter sur sa fatigue. Bien au chaud, elle sentit ses paupières s’alourdir… Elle eut beau lutter contre le sommeil, elle finit par s’assoupir.

Lorsqu’il revint dans la pièce, le jeune homme l’observa quelques minutes : à la lueur dansante des flammes, ses cheveux blonds semblaient des fils d’or ondoyants sous l’effet d’une brise. Elle avait le teint clair, aux nuances de porcelaine, et les pommettes rosies par la chaleur du feu. Il se dégageait d’elle une délicatesse et une sérénité qui le laissèrent perplexe. Comment pouvait-on dormir aussi calmement en sachant qu’il y a deux inconnus sous son toit ?
Il se détourna pour s’approcher de la chambre où son compagnon se reposait. Il écouta attentivement sa respiration, guettant une quelconque agitation. Mais il avait l’air de dormir paisiblement, la fièvre avait dû retomber. Quelle chance d’avoir trouvé une personne capable de le soigner… Il connaissait comment prodiguer les premiers secours, et savait s’occuper d’une personne blessée et affaiblie. Mais il avait été pris au dépourvu quand son camarade s’était brutalement effondré après une courte crise de fébrilité. Le jeune homme tira un fauteuil vers la cheminée et s’installa confortablement. Inutile de se ronger les sangs, il valait mieux se reposer tant que c’était possible...

La sensation de changement le réveilla. Par habitude, il garda une respiration égale le temps d’analyser son environnement. Les yeux clos, il s’appliqua à rechercher d’où venait la menace. Il ne détecta d’abord qu’une subtile modification de l’atmosphère, puis il en identifia les causes : le bruissement d’une personne qui se déplace à pas feutrés, l’odeur douce-amère des feuilles de thé séchées, le clapotis de l’eau qu’on verse. Apparemment pas de danger imminent. Il ouvrit lentement les yeux.
La jeune femme s’affairait auprès du feu. Elle finissait de préparer deux tasses de thé. Il observa son profil délicat qui se découpait en ombres chinoises sur le fond des flammes. Pour la seconde fois, il se fit la remarque qu’elle semblait bien calme pour quelqu’un qui héberge deux inconnus… Mais qu’après tout, ça l’arrangeait bien qu’elle ne se montre pas plus méfiante… Ou curieuse…
Comme en réponse à ses pensées, elle tourna vivement la tête et planta son regard dans le sien. Elle avait des yeux rouges sombres que les braises illuminaient d’éclats flamboyants, donnant à son regard l’intensité de la lave venue du plus profond de l’abîme. La jeune femme lui adressa un sourire chaud comme un soleil d’été.
_ Je ne voulais pas vous réveiller.
_ J’ai le sommeil léger, expliqua-t-il avant de se rendre compte qu’il n’avait pas besoin de se justifier.
_ Je peux vous poser une question ?
_ Vous pouvez. Mais rien ne m’obligera à y répondre.
_ Avez-vous traversé les marécages qui se trouvent au nord-est d’ici ?
_ Voilà, par exemple, une question à laquelle je ne souhaite pas répondre.
Son ton était toujours aussi impassible, pourtant, la jeune femme comprit qu’elle s’était montrée indiscrète.
_ Je vous prie de m’excuser, je ne voulais pas être grossière.
Le jeune homme hocha gravement la tête. La jeune femme hésita et poursuivit :
_ Cependant je me vois obligée d’insister… Je vais vous expliquer, se hâta-t-elle d’ajouter avant qu’il ne puisse rien dire. Les marécages au nord-est d’ici sont infestés de moustiques porteurs de la fièvre hémorragique. Si vous y êtes passés, cela pourrait expliquer qu’un homme en parfaite condition physique ait contractée une pathologie dont seuls les plus faibles souffrent généralement.
Il garda le silence quelques instants puis acquiesça.
_ Nous les avons traversés il y a deux jours. Il y a effectivement des nuées de moustiques là-bas, et Kisame s’est plaint de leur avoir servi de déjeuner.
_ Vous n’avez pas été piqué ?, s’enquit-elle immédiatement tandis qu’elle retenait son souffle.
Il lui fit signe que non. La jeune femme poussa un soupir de soulagement.
_ C’est une bonne nouvelle. D’ici trois jours, avec les herbes que je lui ai données, il n’y paraîtra plus. Heureusement pour nous, car si votre ami avait contracté n’importe quelle autre fièvre, nous serions tous les trois très mal en point à l’heure qu’il est. Celle dont ces moustiques sont porteurs n’est pas contagieuse d’homme à homme.

Elle lui sourit de nouveau, et lui tendit une tasse de thé. Il l’accepta poliment et attendit qu’elle ait bu une gorgée avant de l’imiter. Son geste ne lui échappa guère.
_ Il n’est pas empoisonné, fit-elle en riant tout bas.
_ … Sait-on jamais ?...
Le rire de la jeune femme repartit de plus belle.
_ Vous avez un humour assez particulier, remarqua-t-elle amusée.
« Ce n’était pas de l’humour. », manqua-t-il de répondre, mais il se retint. Inutile de la détromper.
Il porta la tasse à ses lèvres et suspendit son geste. De nouveau, elle le regardait fixement dans les yeux. Une telle impolitesse le hérissait toujours… Sans doute à cause de l’éducation stricte qu’il avait reçue… L’envie subite d’activer son Sharingan et de la laisser s’empêtrer dans un genjutsu l’effleura… Cependant, il avait besoin d’elle pour soigner Kisame… Mieux valait ne pas l’abîmer…
Il ferma les yeux et dégusta tranquillement son thé. Il savait parfaitement qu’elle le dévisageait toujours… Le jeune homme inspira profondément, et posa son regard sur la jeune femme blonde.
_ Je peux faire quelque chose pour vous ?, lâcha-t-il d’un ton volontairement acide.
Elle cligna des yeux, comme quelqu’un qu’on arrache au sommeil, puis secoua la tête.
_ Vous disiez ?
_ Pour quelle raison me fixez-vous ?, demanda-t-il brutalement sans plus s’encombrer de formules polies.
Elle sursauta comme si elle avait pris une gifle. Elle resta quelques secondes silencieuse, plongée dans ses réflexions. Enfin une esquisse de sourire apparut sur ses lèvres.
_ Vous êtes amusant, répondit-elle tandis que son sourire gagnait ses yeux.
_ Ce n’est pas l’adjectif dont j’ai l’habitude, fit-il froidement.
Un éclat taquin scintilla dans son regard rouge sombre.
_ Vous êtes le premier homme que je rencontre à vous mettre en colère parce qu’on le regarde. C’est amusant…
_ … Admettons. Pourquoi me regardez-vous ?
_ …
Le teint blanc de la jeune femme prit une séduisante teinte pivoine tandis que le jeune homme ne la quittait pas des yeux. Il avait deviné la réponse, mais il était bien plus distrayant de pousser la jeune femme à le dire elle-même.
_ Vous avez les traits fins, dit-elle dans un souffle, un menton volontaire, le regard profond et… Mais ça vous amuse de me mettre mal à l’aise !!!, s’exclama-t-elle soudain les joues en feu et les yeux écarquillés.

Le jeune homme réalisa alors qu’il affichait un grand sourire moqueur. Il se sermonna intérieurement et reprit aussitôt son masque impassible. Mais la jeune femme ne l’entendait pas de cette oreille. Elle le dévisagea silencieusement, un air de profonde vexation étirant les coins de sa bouche. Enfin, elle se dérida et étouffa un petit rire :
_ Désolée, je ne tiens plus… Nous devons avoir l’air de deux chiens de faïence sur une cheminée, à nous regarder comme ça les yeux dans les yeux.
_ ...
_ Je m’appelle Kazan.
Son sourire lumineux exprimait une telle franchise et une telle chaleur… Le jeune homme ne put s’empêcher de penser qu’il y avait bien longtemps qu’il n’avait pas rencontré quelqu’un d’aussi…
« Captivant… Oui, c’est ça… Cette fille est captivante. Et accessoirement, distrayante aussi… Je sens que je vais bien m’amuser… », songea-t-il.
Il reporta son attention sur elle. En l’espace d’un instant, les moindres détails de la scène s’imprimèrent en lui. Il accrocha alors le regard sombre de la jeune femme. Elle attendait une réponse… Il soupira, lui renvoya son regard :
_ … Itachi…




Pardon, pardon!! je m'étais promis de ne pas faire intervenir Itachi mais... c'était trop tentant!!
Et pi difficile de remonter dans le passé de Kazan sans le faire apparaître n'est-ce pas?^^




Chapitres: 1 2 3 4 5 6 [ 7 ] 8 9 10 11 12 Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: