Fiction: Les héritières

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Sasuke ouvrit péniblement les yeux sur un monde de ténèbres. Il chercha à percer l’obscurité, mais en vain, et il referma les yeux… Il tendit l’oreille mais ne perçut aucun son… A tâtons, il chercha à se repérer… mais ne rencontra rien qu’une surface humide et froide.
« Au moins je ne suis pas mort. »
Désorienté, il finit par réaliser qu’il était allongé au sol, ce qui lui donnait une curieuse sensation de malaise. Il banda ses muscles et s’assit tant bien que mal… Il se sentait affreusement faible… Perclus de courbatures… Nauséeux…
Il grimaça. Il ne s’était pas senti aussi mal depuis… depuis la fin de son duel à mort contre Itachi…
Le souvenir de son frère lui redonna quelques forces. Pas question de se laisser abattre alors qu’il avait donné sa vie pour le débarrasser d’Orochimaru…
« Le bon côté des choses, c’est que je suis dans Konoha. J’aurais moins de difficultés à trouver Danzô pour lui régler son compte… »
Il se releva, vacilla et réprima une nouvelle nausée.
« Si je chope Naruto, je lui ferais amèrement regretter de m’avoir drogué… »

Il sentit soudain un courant d’air frôler son visage. Il tourna aussitôt la tête dans cette direction, et une violente douleur le percuta. Un instant abasourdi, il se reprit vivement. On venait de le frapper. Il y avait donc quelqu’un dans sa cellule. Quelqu’un qu’il ne voyait ni n’entendait… Il se concentra sur ses autres sens.
Sa peau capta des déplacements d’airs autour de lui, et son odorat aiguisé repéra bientôt plusieurs odeurs… Deux… Non, trois… Trois hommes qui l’entouraient… Il voulut bondir sur le premier mais il se sentit agrippé sans ménagement. Les hommes le forcèrent à s’agenouiller… Sasuke bouillait intérieurement. Privé de l’ouïe et de la vue, il se sentait aussi vulnérable qu’un chiot abandonné par sa mère… Et cela le mettait hors de lui.

Des mains rudes se posèrent sur ses oreilles. Il secoua la tête avec violence mais reçut un nouveau coup qui l’étourdit… Et lentement, le monde commença de retrouver sa sonorité.
L’espace d’une seconde, Sasuke fut surpris de découvrir à quel point les bruits lui avaient manqué…
_ Ecoute-moi bien, minus. Je suis Morino Ibiki, et on m’a chargé d’obtenir de toi des renseignements sur l’Akatsuki. Alors je t’écoute. Qu’as-tu à m’apprendre ?
La voix était rauque, autoritaire… Oui, il s’en souvenait ! Il l’avait rencontré lorsqu’il avait tenté l’examen Chuunin. Un homme très grand, très barraqué, le visage couturé de cicatrices…
_ Je suis bien content de ne pas vous voir, vous avez toujours eu une tête effrayante, répondit insolemment Sasuke.
Il y eut un bref éclat de rire.
_ Tu crois vraiment que je vais rentrer dans ton jeu ?!
La voix devint un murmure menaçant :
_ Je te connais, Uchiwa…Tu me provoques dans l’espoir de me soutirer des informations…
« Et en général, ça fonctionne comme tactique… », songea Sasuke, sans se départir de son calme.
_ Enchainez-le !, reprit Ibiki. Puis laissez-nous. Il faut que je lui explique les règles du jeu.

Malgré la farouche résistance qu’il opposa à ses geôliers, Sasuke fut traîné en arrière, plaqué violemment contre le mur glacé et enchainé. Les hommes s’écartèrent et Sasuke grimaça intérieurement face à l’inconfort de sa position. Quand ils décidaient de torturer quelqu’un, ils ne faisaient pas les choses à moitié.
Ils lui avaient étendu les bras à l’horizontale, et les fers tiraient dessus, déchiraient la chair fragile des poignets… Un élancement douloureux courait depuis la base de la nuque jusqu’au bout des doigts…
_ La nature est bien faite, ne trouves-tu pas ?, dit calmement Ibiki. En mettant tes bras dans cette position d’étirement à l’extrême, tu vas très vite te fatiguer… Quant à la douleur, cela va sans dire que tu n’as pas vraiment moyen de la soulager… et qu’elle ne fera qu’empirer. Donc, quand tu seras prêt à me raconter ta vie depuis ta désertion, appelle-moi ! Je serai dans la pièce à côté.

Un bruit sourd conclut cette dernière phrase et le silence retomba peu à peu tandis que les pas des trois hommes s’éloignaient…
Sasuke se mit sur la pointe des pieds. La douleur lancinante dans ses bras décrut un peu.
« Une bonne chose de faite, mais je ne tiendrai pas éternellement dans cette position … »
Il était temps de réfléchir sérieusement à la situation…
« Qui, pourquoi, où et comment… les quatre mots clés d’un bon raisonnement… Alors qui ? Morino Ibiki, un as de la torture et des interrogatoires. J’ai du mouron à me faire s’il lui prend l’envie de me faire parler contre mon gré. Pour l’instant ce n’est qu’une mise en bouche… Mais il est directement sous les ordres de l’Hokage, ça pourrait bien arranger mes affaires…
Pourquoi ? Pour avoir des informations sur l’Akatsuki et Orochimaru… Lui, on s’en fiche, il est mort… Par contre, l’Akatsuki… Ils peuvent m’aider à accomplir mon objectif alors il n’est pas question que je les balance…
Où ? Là c’est un problème… »

Il tendit de nouveau l’oreille… Rien. Pas un bruit qui lui permette d’identifier le lieu où il se trouvait. Il inspira profondément… le bruit de sa respiration lui parvint déformé par l’écho.
« Bon déjà, je ne suis plus sourd. Il devait s’agir d’un sceau sensoriel. Et ils ont dû m’en poser pour les yeux aussi… Ils doivent penser que c’est une parade efficace contre mon Sharingan ! »
Il tenta d’activer son Dôjutsu, en vain…
« M*** ! Ils m’ont apposé un sceau de restriction de chakra !! »
Sasuke laissa échapper un cri de rage, vite réprimé quand il perçut des bruits de pas qui approchaient lentement. Le jeune homme se composa un visage impassible et attendit. Après un moment qui lui parut une éternité, il entendit la porte s’ouvrir et le nouvel arrivant pénétrer dans le cachot. De nouveau, le silence retomba…

_ Bonjour, Sasuke.
Le jeune homme tressaillit. Il ne s’attendait pas à entendre la voix d’un vieillard, mais plutôt celle d’Ibiki… Un instant déconcerté, il n’en laissa pourtant rien paraître.
_ … J’ai toujours pensé que ton frère avait eu tort de t’épargner la nuit du massacre des Uchiwa. Je me doutais que tu deviendrais un problème un jour où l’autre…
_ Tu es Danzô ?
_ Tu ne me reconnais pas ? J’en conclus que tu ne me vois pas… L’équipe d’ANBUs a bien travaillé, répliqua le vieil homme, satisfait.
_ Je te jure que tu vas payer pour ce que tu as fait à ma famille.
_ Mais je n’ai rien fait. Ton frère s’est occupé d’eux, pas moi…
_ C’était sur tes ordres !
_ Que tu dis… Et qui donc te croira ? Tu es un nukenin, un déserteur, un traître… Personne ne lèvera le petit doigt pour toi.
_ Tu as sacrifié mon clan et la vie de mon frère sans aucun scrupule ! Sale ordure ! Tu…

Sasuke ne put finir sa phrase et poussa un cri de douleur… Le sol s’était soudain dérobé sous ses pieds, tout son poids était brusquement reporté sur ses bras.
_ Ne m’insulte pas. Je suis peut-être vieux mais pas impotent… Te faire souffrir reste dans mes cordes et crois-moi, je vais y prendre un certain plaisir. J’attends ce moment depuis si longtemps….
Sasuke reprit son souffle et se replaça sur la pointe des pieds. En voyant cela, Danzô eut un ricanement sinistre :
_ Par exemple, je pourrais charger un ANBU de te faucher les pieds à chaque que tu retrouverais ton équilibre. Qu’en penses-tu ?
Le jeune homme se mordit la joue pour ne pas lâcher une réponse cinglante et conserva son masque impassible. Inutile de s’abaisser à lui adresser la parole.
_ Autre chose, dis-moi : quel sort devrais-je réserver à tes nièces ? Je me disais que je pourrais les noyer… Autrefois, c’est ce qu’on faisait aux enfants non désirés. Ça pourrait être amusant… Ou alors, une mort sans douleur… je pourrais leur briser la nuque, non ?

Cette fois, Sasuke ne put se retenir : malgré les fers qui l’entravaient, il tenta de se jeter sur son interlocuteur. Il ne réussit guère qu’à se blesser un peu plus… Le rire satisfait de Danzô acheva de l’écœurer.
La haine de cet homme lui apparaissait dans son intégralité… Une haine totale et absolue envers les Uchiwa… Ses nièces étaient en danger… En une fraction de seconde, il saisit la situation dans son ensemble : lui à la merci de Danzô, ses nièces menacées de mort, avec pour seul rempart une mère faible et à moitié folle… Ce sentiment d’impuissance lui donna une soudaine envie de hurler sa rage.
Une voix étrangère retentit soudain dans la pièce :
_ Maître Danzô. Maître Hokage souhaite vous voir. Elle semble ne pas avoir apprécié que vous ayez renvoyé Morino Ibiki de cet interrogatoire.
_ J’y vais. Convoque l’équipe Yamaneko. Qu’ils s’occupent de lui tant que l’Hokage ne nous a pas retiré la garde de notre invité.
_ Bien.
Danzô lâcha un soupir et se dirigea vers la porte.
_ Je te souhaite bien du courage, Uchiwa, ironisa-t-il tandis que la lourde porte se fermait sur lui. Passe le bonjour à ton frère de ma part quand tu l’auras rejoint.
_ DANZÔ !!

Le cri de Sasuke se perdit dans le dédale des couloirs souterrains… Il fit un effort sur lui-même pour réprimer le tremblement de colère et de frustration qui l’avait saisi… Ce sentiment, il ne le connaissait que trop… Cette envie de meurtre, il vivait avec depuis le jour maudit où son frère avait exterminé sa famille… Mais il avait rarement atteint un tel paroxysme… Pendant de longues minutes, le jeune homme lutta pour se recomposer un masque impassible. Danzô avait parlé d’une équipe pour « s’occuper de lui ». Cela ne présageait rien de bon, mais il était hors de question d’abandonner.
« Danzô veut me briser. Il verra qu’un Uchiwa reste imperturbable quoiqu’il arrive. »

La présence soudaine de plusieurs personnes lui fit relever la tête. Le visage de marbre, il fixa ses tortionnaires de son regard aveugle. Certes, il ne les voyait pas, mais il les sentait, les entendait. Ils étaient trois, à moins d’un mètre cinquante de lui. Il les imaginait revêtus de l’uniforme des ANBUs, masqués, le tatouage des forces spéciales sur l’épaule. Il se dégageait d’eux une impression de force tranquille, de cruauté, et de satisfaction mêlée de haine… Sasuke n’eut pas besoin de ses yeux pour savoir qu’ils souriaient…

……………………………………………………………………..

La voix de Tsunade semblait lui parvenir de très loin. Sasuke réalisa lentement qu’elle se tenait dans sa cellule… et qu’elle était particulièrement mécontente.
_ Est-ce qu’il m’entend ?
_ Oui Maître Hokage. Son ouïe n’est plus soumise au sceau sensoriel. C’était essentiel pour qu’on puisse l’interroger.
_ Ce n’est pas ça que je vous demande ! Poussez-vous !
Un bruit de bousculade… Puis Sasuke sentit une respiration toute proche, aussitôt suivie d’un contact délicat. Les doigts experts de l’Hokage palpèrent son visage et s’attardèrent une longue minute sur sa gorge.
_ Pouls faible et irrégulier, pupille à peine réactive…
La voix professionnelle du médecin trancha le silence aussi nettement qu’un scalpel.
_ Ce qui veut dire ?, hasarda la seconde voix…
_ Ce qui veut dire qu’il est à peine conscient et qu’il ne m’entend sûrement pas !!
La sévérité du ton ne laissait aucun doute : le Cinquième Hokage était furieuse !

Sasuke écouta encore quelques instants cette étrange conversation… Il se sentait bizarrement détaché, comme si ce qui l’entourait n’avait aucune réalité physique.
_ Voyons, ce n’est pas si grave… De plus, nous avons posé un sceau sensoriel pour le priver de la vue. Comme tout Uchiwa, ses yeux sont particulièrement dangereux, il ne faudrait pas qu’il puisse nous voir. Je suis sûr qu’il est parfaitement conscient et qu’il va vous répondre d’un instant à l’autre… N’est-ce pas, Uchiwa ?!
L’individu qui parlait ponctua sa dernière phrase d’une bourrade. Secoué par le choc, Sasuke reprit brutalement contact avec la réalité lorsqu’une douleur sourde explosa dans sa cage thoracique et se répandit en ondes successives dans tous ses membres. Un lourd silence succéda au cri du jeune homme.
_ Vous serez dans mon bureau ce soir à 18h30, lâcha sentencieusement Tsunade. De plus, vous allez immédiatement retirer ce sceau sensoriel qui le rend aveugle. C’est ridicule. Le sceau de restriction l’empêche de se servir de son chakra donc son Sharingan est inutilisable.
_ Mais Maître Danzô a bien précisé que…
_ Retirez ce sceau.
_ Bien sûr, Maître Tsunade.

Sasuke sursauta de nouveau quand l’ANBU présent ôta le sceau qui le privait de la vue. Petit à petit, il aperçut des formes floues aux couleurs éblouissantes. Puis le contour des silhouettes se précisa et Sasuke distingua les personnes présentes. Un jeune garçon, à peine plus âgé que lui, baissait la tête sous les réprimandes sévères de l’Hokage, tandis que son camarade, un ANBU chevronné, la fixait dans les yeux sans paraître s’émouvoir de sa colère. Le jeune homme discerna deux autres personnes qui restaient en retrait près de l’entrée. Epuisé par l’effort, Sasuke ferma les yeux.
_ Détachez-le.
_ Je regrette, Maître Hokage, mais il s’agit d’un criminel hautement dangereux. Le protocole du quartier de haute sécurité est très clair sur ce point. Tous les résidents doivent être enchaînés.
_ Certes, mais enchaîner quelqu’un ne signifie pas l’écarteler. Détachez-le, puis je veillerai personnellement à ce qu’on lui remette des fers aux pieds.

L’ANBU s’exécuta de mauvaise grâce. Il libéra violemment les poignets du jeune Uchiwa qui s’effondra aussitôt, incapable de tenir debout.
_ Parfait, et maintenant hors de ma vue !
_ Oui, Maître Hokage, balbutia le plus jeune des geôliers.
_ C’est valable pour vous aussi, insista Tsunade à l’encontre de son camarade.
_ Aucun visiteur ne doit rester seul avec les prisonniers, répondit-il sombrement.
_ Votre Hokage vous a donné un ordre ! Quittez cet endroit sur-le-champ, et allez donc rapporter ceci à Danzô : « Quand l’Hokage commande, les sous-fifres restent à leur place et obéissent ». Et maintenant, du balai !

Les deux hommes sortirent rapidement et le silence retomba dans la cellule. Tsunade s’avança et redressa avec douceur Sasuke contre le mur. Elle l’examina quelques instants et grimaça.
_ Ces ordures lui ont déboîté les deux épaules… Kakashi ! Viens m’aider.
_ Vous ne pensez pas qu’il serait plus judicieux d’attendre qu’il aille mieux avant de lui remettre les articulations en place ?
_ Il faut le faire tant qu’elles ne se sont pas adaptées à cet état. Et il vaut mieux le faire tant qu’il n’est pas totalement conscient…
_ C’est vous le médecin…
_ Maintiens-le assis… oui comme ça. Sasuke ? Désolée, tu vas avoir un peu mal…
Le jeune homme ne put réprimer un gémissement quand la femme blonde lui remit successivement les deux épaules.
« Un peu mal, pensa-t-il confusément, quel euphémisme… »
Mais la violente douleur s’estompa peu à peu jusqu’à ce qu’il n’en subsiste plus qu’un infime élancement dans les épaules.
_ Bon, tu vas déjà te sentir un peu mieux… Tu m’écoutes ?
Sasuke ne jugea pas utile de lui répondre… il ne s’en sentait pas la force et n’aspirait qu’à dormir.
_ Sasuke ? Ne t’endors pas ! J’ai des choses à te dire !

L’Hokage posa les mains sur ses épaules et insuffla un peu de son chakra au jeune homme qui reprit quelques couleurs. Il inspira profondément et ouvrit difficilement les yeux.
_ Bon, c’est une bonne chose. Tu es avec nous ?
Sasuke hocha imperceptiblement la tête et fit un effort pour fixer le visage de l’Hokage. Cela n’échappa pas au regard expert de Tsunade:
_ On va faire vite, tu as besoin de repos. Kazan ! Approche.
La jeune femme s’avança lentement. Sasuke tourna les yeux vers elle et fut surpris des émotions contradictoires qui crispaient son visage.
_ Kazan voulait te parler seule à seul. Pour votre sécurité à tous les deux, Kakashi et moi allons rester près de la porte.

L’Hokage et le ninja copieur se retirèrent vers le fond et laissèrent les jeunes gens en face à face. Un silence tendu s’installa.
_ Qu’est-ce que tu veux ?, siffla Sasuke à voix basse.
La jeune femme le dévisagea avant de laisser échapper un soupir à fendre l’âme.
_ Pourquoi ?, murmura-t-elle.
_ De quoi tu parles ?
_ … Itachi… Pourquoi as-tu fait ça à ton frère ? Il t’aimait tellement…
Sasuke serra les dents… Il préférait encore être confronté à la colère explosive de la jeune femme, comme ça avait été le cas jusqu’à présent, plutôt que de faire face à la douleur résignée qu’il lisait désormais dans ses yeux.
_ Je ne l’ai pas su à temps.
_ … Tu es comme lui… Dès que tu te sens vulnérable, tu te fermes, soupira la jeune femme en voyant le visage froid que Sasuke s’était aussitôt composé.
_ C’était mon frère.
_ Et c’est pour ça que tu devrais le pleurer.
_ Je n’en ai pas le temps. Les coupables doivent payer.

Les yeux rouges sombres de la jeune femme scintillèrent de fureur contenue, mais elle s’attacha à garder un ton calme.
_ Tu parles de toi, alors…
_ Je parle de ceux qui ont mis fin à son existence.
_ TU l’as tué…
_ Mais son existence avait pris fin bien avant cela…
_ … C’est vraiment ce que tu crois ?
Sasuke retint son souffle. Ce qu’il avait perçu dans la voix de la jeune femme, était-ce… de la pitié ? Il jeta un regard de défi à la jeune femme. Qui se croyait-elle donc pour oser avoir pitié d’un Uchiwa ? Elle eut un petit sourire où se mêlaient tristesse et amusement :
_ Tu ne trompes personne avec tes airs de grand seigneur outré… Le temps est presque écoulé, alors écoute-moi bien. Tu dis que la vie d’Itachi a pris fin le jour du massacre de ta famille. Si c’est le cas, comment expliques-tu l’existence de mes filles ? Et pourquoi tiens-tu autant à elles ?... Non ! Réfléchis avant de répondre ! Je ne veux pas de tes phrases préfabriquées que tu ressors sans cesse à qui veut encore les entendre…

Le jeune homme serra les dents. Décidément, elle faisait tout pour l’énerver. Rares étaient les personnes à lui poser des questions pour lui dire dans la foulée de ne pas y répondre… A part Itachi ou Naruto… Personne ne l’avait jamais fait… Il fut tenté de l’envoyer sur les roses avec une réflexion bien sentie sur son revirement soudain à son sujet… Quelque chose dans l’expression de la jeune femme l’en dissuada… Il ferma les yeux…
Tsunade toussota et Kazan se releva lentement.
_ Réfléchis bien, Sasuke Uchiwa. Je viendrai chercher ta réponse…

Il l’arrêta :
_ Attends !
Elle suspendit son geste. Sasuke planta son regard dans le sien :
_ … Est-ce qu’il t’aimait ?
La jeune femme blonde frémit et posa sur lui ses yeux incandescents. Le silence se prolongea quelques secondes puis :
_ C’est une question que tu devras lui poser dans l’autre monde…
_ Ne me dis pas que tu ne peux pas y répondre ! Tu devais le savoir pourtant, répliqua-t-il éberlué.
Elle hésita un instant avant de s’agenouiller auprès du jeune homme :
_ Tu devras apprendre qu’il est des choses trop nobles pour être dévoilées…
_ Tu te fiches de moi ?!
_ Je crois que tu vas mieux pour t’énerver comme ça !
_ Kazan !
_ Ah ! Tu te souviens de mon nom maintenant ?
Elle parut sur le point d’éclater de rire puis redevint sérieuse :
_ Juge par toi-même d’après les faits, plutôt que de croire sur parole tout ce qu’on te dit… Et si un jour tu veux vraiment entendre ma version de l’histoire, je te la raconterais…
_ Parfois les faits sont trompeurs. Alors ?

La jeune femme baissa les yeux, pas assez vite cependant pour que Sasuke n’ait le temps d’y déceler une émotion intense.
_ … Donner vaut mieux que recevoir… Un jour, tu comprendras…
La jeune femme sursauta quand Tsunade, qui s’était approchée discrètement, lui mit la main sur l’épaule :
_ Kazan, il faut vraiment y aller.
_ Je vous suis, Maître Hokage, répondit-elle après un dernier regard à l’héritier des Uchiwa.
Les deux femmes sortirent, aussitôt suivies de Kakashi, ombre silencieuse.

_ ... Donner vaut mieux que recevoir, hein ?...

Sasuke soupira derechef et esquissa un sourire quand il s’aperçut que personne ne lui avait remis de chaînes…




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