Fiction: One Shot : Plus rien à perdre. (terminée)

Il m'aime, comme une amie. Je l'aime, à la folie. Elle l'aime aussi. Je suis condamnée à les regarder être heureux, spectatrice de leur amour, personnage principal de ma propre destruction. La jalousie étreint mon cœur. Si seulement j'étais à sa place ... Gaara/Matsuri, romance, jalousie, un peu de drame, j'espère que ce One Shot vous plaira ! :)
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Akai-Tanuki (Féminin), le 11/07/2013
Ceci est un OS que j'ai écrit pour un concours (je suis arrivée deuxième !). C'est de la romance/drame (un peu). J'espère qu'il vous conviendra, laissez-moi vos avis ! :D



Chapitre 1: Plus rien à perdre.



Tout ce bonheur représentait bien plus que je ne pouvais supporter.
Je m'étais barricadée, je les avais fuis, j'avais poussé la musique à fond dans mes oreilles pour ne plus les entendre mais, à travers elle, je percevais toujours les échos de leurs rires qui résonnaient dans ma tête.
Ils étaient heureux. Moi, je prétendais de l'être. J'avais toujours été une bonne menteuse ...
A leurs yeux, j'étais leur amie la plus fidèle, la plus sûre, celle à qui ils pouvaient sans problème confier leur vie. Surtout lui ; il me l'avait dit et répété. J'étais sa meilleure amie et je le resterai toujours, quoi qu'il advienne.
Si seulement il avait su. S'il avait jeté ne serait-ce qu'un coup d'œil dans mon cerveau à cet instant précis, il n'y aurait trouvé que vengeance, haine, douleur.
Amour.
Un amour incommensurable et insensé, qui empoisonnait mes veines et me consumait de l'intérieur, à petit feu, inexorablement.
Tandis que je me tenais en boule contre un pied de mon lit, mon portable se mit à vibrer frénétiquement, telle une abeille en colère. Je le laissais s'agiter quelques instants sans esquisser le moindre geste, avant de glisser une main dans ma poche et de porter lentement l'appareil à mon oreille.

« Oui ? émi-je d'un ton monocorde, ayant d'ores et déjà deviné qui se trouvait au bout de la ligne.
- Kin ? C'est Gaara.
- Je sais, soupirai-je d'une voix lasse. Je reconnais encore ton numéro ...

« ... A défaut de te reconnaître toi. » songeais-je en mon for intérieur.

- Qu'est-ce que tu veux ? embrayais-je, avec l'espoir d'en finir au plus vite.
- Pourquoi tu t'es enfuie comme ça ? On était inquiets ...
- Il ne fallait pas, j'avais juste besoin de calme.
- Tu aurais pu nous le dire au lieu de partir en coup de vent ! S'agaça Gaara à l'autre bout du fil.
- Écoute, si c'est pour m'engueuler que tu as appelé ... répliquai-je sur le ton de la menace, mon pouce survolant déjà la touche « Raccrocher ».
- Non, non, c'est bon, se radoucit-il.

Il y eut un silence, pendant lequel je m'évertuai à guetter la moindre de ses respirations.

- Tu voulais autre chose ? fini-je par demander, ce blanc dans la conversation devenant insupportable.
- En fait, oui, répondit-il finalement après un temps d'hésitation.
- Quoi ?
- J'aurais une question à te poser.
- Ben vas-y, accouche ! M'impatientais-je.
- Est-ce que tu trouves qu'on forme un beau couple, Matsuri et moi ? lâcha-t-il enfin d'un ton embarrassé.
- Oui, bien sûr ! Vous allez super bien ensemble ! Répondis-je, la gorge serrée.

Un soupir soulagé résonna dans le combiné.

- Vraiment ? Tu me rassures. Des fois, j'ai l'impression de ne pas être assez bien pour elle ...
- T'inquiètes pas pour ça. Vous êtes faits l'un pour l'autre, mentis-je.
- Merci Kin. Allez, salut !
- Salut ...

Il coupa la communication. Je fixai durant plusieurs secondes l'écran redevenu opaque. Une grosse larme, ronde et translucide, vint s'écraser dessus, suivie de dizaines d'autres.
Je pleurais en silence, et chacun de mes sanglots réprimés serrait ma gorge comme si elle avait été prise dans un étau.
J'avais beau jouer les filles fortes, ce « nous » qu'il évoquait chaque fois qu'il en avait l'occasion, ce « nous » qui les représentait eux, me tuait.
J'aurais tant aimé faire partie de ce « nous », à sa place à elle, cette fille qui avait pris ma place dans son cœur à lui.
La jalousie me rongeait. C'était un feu acide qui menaçait de me rendre folle, chaque fois qu'il prononçait son nom.
Elle avait pourri mon existence à un point que personne ne pouvait ne serait-ce que concevoir. Le pire était sans doute le fait que je ne pouvais rien y faire. Alors je me contentais de chialer tous les soirs et toutes les nuits. Mon oreiller était continuellement trempé, et ces larmes de douleur et de rage mêlées étaient devenues habituelles.
J'aurais voulu saigner. Arborer une blessure visible aux yeux de tous, pour justifier la douleur qui me taraudait. Avec une plaie ouverte, j'aurais une bonne raison de souffrir.
Je levai les yeux vers mon bureau, sur lequel un éclat métallique attira mon attention. Je tendis le bras dans cette direction, et mes doigts accrochèrent une surface glacée. Je me saisis de l'objet et le posai sur mes genoux : il s'agissait d'une paire de ciseaux.
Je les ouvris et posai une des deux lames contre mon poignet. Je restai ainsi à le fixer de longs instants, des minutes, peut-être même des heures, je n'en savais rien, j'avais perdu toute notion du temps. Le métal scintillait, semblant me mettre au défi de le plonger dans ma peau.
Je frissonnai à cette idée, et reposai les ciseaux en soupirant. Je n'étais pas une lâche. Et je ne me taillerai pas les veines par amour. J'avais toujours trouvé cela stupide.
Je me levai lentement et m'avançai au même rythme vers ma fenêtre : à l'image de mon visage ravagé, il pleuvait.
Je levai la vitre, grimpai agilement sur le rebord, et je sautai.
Je retombai souplement sur mes pieds nus et fis quelque pas dans l'herbe mouillée. Il tombait des cordes.
Au bout de quelques secondes, j'étais tellement trempée qu'il était devenu impossible de faire la différence entre la pluie et les traces de larmes qui maculaient mes joues. Parfait.
Alors, je me mis à courir.
Je courus longtemps. Si longtemps qu'à force, chacun de mes pas était devenu un automatisme. Mes muscles me semblaient être en feu, je n'avais plus de souffle, et je crevais de froid, mais je m'en fichais. Je continuais de courir. La pluie avait transpercé mes vêtements, qui me collaient à présent au corps, et j'avais l'impression qu'elle s'insinuait jusque sous ma peau. J'aurais dû m'arrêter ; au lieu de ça, j'accélérai.
Au bout d'un long moment, je sentis mes jambes céder, et ce fut le noir.

Lorsque je revins à moi, une blancheur aveuglante se substitua à l'obscurité la plus totale. Je battis des cils plusieurs fois de suite et, constatant que la lumière était bien trop forte pour mes yeux, je les refermai. Quelqu'un dut le remarquer car je sentis, à travers mes paupières closes, la luminosité s'atténuer.
Je ne me demandais même pas où je pouvais bien me trouver. Une seule question s'imposait : qu'est-ce que j'y faisais ?
Et puis tout me revint en mémoire, à la manière d'un flash :
Ma course effrénée, mes pieds nus heurtant violemment le sol, s'écorchant un peu plus à chaque nouvel impact. La pluie qui s'infiltrait jusque dans mes os. Mes larmes qui continuaient de couler.
J'avais voulu souffrir de la morsure du froid, pour oublier la douleur qui refusait de me lâcher.
Je serrai violemment les poings, comme pour me convaincre que je possédais encore de l'énergie, mais j'étais vidée. Sur le coup, ma souffrance intérieure avait diminué, éclipsée par l'eau glacée qui congelait mon corps. Mais le visage de Gaara me revint en tête, et force m'était de constater que la jalousie avait repris ses droits ; j'étais de nouveau piégée.
Je sentis une main légère se poser sur ma joue. Je fronçai les sourcils et rouvris mes yeux : la première chose que j'aperçus fut une paire de grands yeux bruns au contour assombri par une bonne couche de maquillage. Ensuite, je remarquai les longs cheveux framboise encadrant le joli visage qui me faisait face, et c'est alors que j'identifiai enfin la personne qui me fixait :

- Tayuya ? marmonnai-je difficilement, avec l'impression que ma langue avait triplé de volume et qu'elle remplissait toute ma bouche.
- En personne ! claironna mon amie avec un grand sourire. Je suis contente que tu te réveilles enfin !
- Mais ... émis-je tout en observant autour de moi, Qu'est-ce que ... Qu'est-ce que je fous chez toi ?
- On se baladait et on t'a trouvée étalée par terre. On aurait dit que tu dormais, mais tu sais que ma sœur fait des études de médecine, alors elle a tout de suite vu que t'étais évanouie et on t'a ramené à la maison. Fin de l'histoire, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants, résuma Tayuya.
- Ah ...

Notre discussion tourna court, car une jeune fille aux courts cheveux roses et aux yeux verts émeraude sortit de la cuisine en s'essuyant les mains sur un torchon et s'approcha du canapé où j'étais allongée. Je ne dis rien lorsqu'elle s'assit à côté de moi. Je n'avais jamais apprécié cette fille. Elle ne dit rien non plus. Elle se contenta de m'adresser un sourire qui se voulait rassurant - auquel je ne répondis pas - et de poser sa main sur mon front. Au bout de quelques instants, elle décréta :

- Ta fièvre a baissé. Reposes-toi encore quelques heures, et tu pourras rentrer chez toi.
- Non ça va, je peux partir maintenant, protestais-je faiblement tout en tentant de me redresser. Ma tentative échoua et je retombais lourdement sur le canapé.
- Et voilà, tu restes ! triompha Tayuya. Sakura, tu peux nous laisser ?

Sa sœur acquiesça et disparut de nouveau dans la cuisine.

- Bon, maintenant qu'on est seules, tu peux tout me raconter. Qu'est-ce qui s'est passé pour que tu te retrouves dans les vapes, sur le trottoir et sous la pluie, et qui plus est à une demi-heure de chez toi ? me questionna mon amie, l'œil avide.

Je soupirai. J'adorais Tayuya mais ... Devais-je vraiment tout lui raconter ? Elle ne savait pas que j'aimais désespérément Gaara. Personne ne le savait. C'était mon secret, celui qui me pesait le plus, celui que j'aurais tant aimé pouvoir révéler ; mais je ne le pouvais pas, pour la simple et bonne raison que cet amour m'était interdit.
A cet instant, j'étais sur le point de craquer. De tout avouer à quelqu'un, enfin. Tayuya soutenait son regard encourageant, qui semblait m'inciter à tout lui dire.
Pouvais-je lui faire confiance ?
J'avais toujours été de nature méfiante. Le simple fait de révéler mon nom à un inconnu m'était compliqué, alors avouer que j'étais amoureuse de mon meilleur ami ...

- Ben alors, t'as perdu ta langue ? insista Tayuya.
- Je ... Non ... Mais c'est ... C'est compliqué, éludai-je.
- J'suis pas complètement débile je crois, je peux comprendre ! s'agaça-t-elle.
- C'est pas le problème, c'est juste que c'est ... Douloureux et puis ... Et puis j'ai vraiment pas envie d'en parler maintenant, terminai-je d'une voix sans appel.
- T'es nulle Kin, bouda mon amie.

Je ne lui répondis pas. Je me retournai du côté du dossier du canapé, fermai les yeux et me mis à faire semblant de dormir. Tayuya soupira. Je la sentis se lever et j'entendis ses pas qui s'éloignaient vers l'escalier. Soulagée, je me détendis, et mon souffle se fit plus régulier. J'allais enfin pouvoir me reposer ...
... Ou pas. Un poids atterrit à côté de moi, ce qui me força à rouvrir les yeux, pour croiser le regard émeraude de Sakura. Merde alors.
Elle ne me laissa pas le temps de lui demander ce qu'elle voulait que déjà, elle commençait à parler :

- J'ai aimé un garçon, une fois.

« Cool ta vie, tu veux un biscuit ? » songeai-je en baillant intérieurement.

- J'étais raide dingue de lui. Tout le monde le savait, même lui. J'avais beau faire partie de ses meilleurs amis, pourtant, il ne m'avait jamais regardée. Il était indifférent à tout ce qu'il pouvait m'arriver. Je serais morte, qu'il ne serait même pas venu fleurir ma tombe ...

Elle marqua une pause et malgré moi, j'écoutai la suite :

- J'étais jeune et conne. Je le collais, je l'étouffais ; mais je l'aimais. Il n'a jamais compris que j'étais sincère. Un jour, en sortant de cours, je l'ai vu embrasser ma meilleure amie. Elle l'aimait, aussi : mais pas autant que moi. Et elle était bien plus envahissante que moi, également. Pourtant, il l'avait choisie elle. Ils sont sortis ensemble pendant des mois et des mois et, à ma connaissance, ils n'ont jamais cassé.

Elle baissa les yeux, et son regard douloureux me rappela le mien.

- Je ne l'ai jamais oublié. Tu sais pourquoi je te raconte ça ?

Mes yeux croisèrent les siens.

- Oui, soufflai-je.
- Comment s'appelle-t-il ?

Je n'hésitai pas.

- Gaara.
- Et elle ?
- Matsuri.

Elle sourit, d'un sourire triste.

- On se comprend.

Je hochai la tête en silence.
Elle se leva, s'en alla lentement, et referma la porte derrière elle. J'enfouis ma tête dans un coussin et, malgré moi, je recommençai à pleurer. J'avais toujours détesté Sakura. Elle m'énervait avec son amour désespéré pour Sasuke Uchiwa, sa manière de l'appeler d'une voix sucrée et mielleuse, ses cheveux roses bonbon, l'habitude qu'elle avait de s'énerver pour rien, et de frapper le seul garçon qui lui serait à jamais fidèle. En plus, ils étaient tous à ses pieds.
Je prenais un plaisir cruel à me moquer de sa poitrine de planche à pain, de son grand front, de son goût vestimentaire douteux ... Et je me dégoûtais moi-même à présent. Parce qu'en fait, cette fille souffrait autant que moi. Elle était devenue belle et forte, sans l'aide de personne. Et cette fois, c'était moi qui étais plus bas que terre.
Je sanglotais comme la gamine que j'avais toujours prétendu ne pas être. Le monde entier me prenait pour une adulte, mature et forte. Mais ma vie n'était bâtie que sur un mensonge, et rien d'autre.
Et je pleurais bêtement, parce que je ne savais faire que ça. Peut-être était-ce la raison pour laquelle Gaara ne m'avait jamais vue autrement que comme sa meilleure amie. Peut-être avait-il remarqué que je passais mon temps à mentir. Peut-être, peut-être pas ; au fond, je m'en fichais. Il était temps que j'arrête de me voiler la face, et que j'accepte mon devoir.
Avec difficulté, j'extirpai mon portable de ma poche. Mon pouce effleura les contacts, fit défiler la liste. Je sélectionnai Gaara, puis « envoyer un SMS ».
Mes doigts se posèrent doucement sur les touches, les mots venaient tous seuls.

A : Gaara

Je ne sais pas par où commencer. D'habitude, nos discussions débutent toujours pas « Salut » ou quelque chose du genre. Là, ça ne me semble pas être la bonne solution.
Je crois que je vais aller droit au but, et ne pas hésiter trop longtemps. Sinon, je n'aurai jamais le cran de t'envoyer ce SMS.
Je vais t'apprendre un truc, Gaara. Tu sors depuis deux ans avec une fille capricieuse, pleurnicharde, mignonne certes mais manipulatrice aussi, jalouse et possessive. Elle te dirige et tu te laisses faire. Pourtant, il y a une fille qui est depuis toujours à tes côtés. Qui ne te laissera jamais tomber, ne te fera jamais mal volontairement. Une fille qui t'aime d'un amour pur et sincère. Tu veux savoir qui c'est ? Voyons, je suis sûre que tu as deviné. Tu n'es pas idiot, Gaara.
Allez, creuse-toi un peu la tête, tu trouveras un nom, en trois lettres. Oui oui c'est ça, K-I-N. Kin. Moi. Eh ouais, je t'aime. Ça t'étonne ? C'est bizarre que tu n'aies jamais rien remarqué.
Je n'attends pas spécialement de réponse, mais il fallait juste que tu saches.
Je suis désolée, mais c'est comme ça. Je t'aime.
Kin.

Envoyer. J'éteignis mon portable sans me relire, je le rangeai dans ma poche avec un sourire, et je fermai les yeux. Je voulais dormir, et j'espérais ne plus jamais me réveiller.
Parce qu'au fond, je n'avais plus rien à perdre.

FIN




Et voilà, il m'a pris plusieurs jours, mais j'en suis assez fière, bien qu'il soit plutôt long. J'attends vos avis si vous en avez, vous pouvez critiquer, peut-être que je le prendrai mal au début, mais je vous promets que je finirai par y réfléchir et que je me corrigerai ! :D
Enjoy !




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