Fiction: Pour l'amour du rock.

Trois mois plus tôt, l'homme qu'elle aime disparaît soudainement, sans la moindre justification. Sakura, avide de réponses, ne peut se résoudre à tourner la page, jusqu'à ce qu'un événement vienne tout chambouler. Accompagnée d'Ino, sa colocataire et meilleure amie, elle se voit offrir un voyage tous frais payés sur la terre bénie des groupes de rock les plus en vogue : Los Angeles. Et si les réponses que Sakura cherchait se trouvaient par delà l'Atlantique ?
Classé: -12I | Drame / Romance | Mots: 37466 | Comments: 11 | Favs: 14
Version imprimable
Aller au
Beverlyy (Féminin), le 08/05/2014
Coucou les choux~ !

Je suis de retour avec mon nouveau projet spécialement pour les grandes vacances ! J'ai décidé de refaire une fiction longue et de suivre un rythme régulier d'un chapitre par semaine environ. Donc, à peu près tous les mercredis, il y aura un chapitre ! Et vous aurez de quoi faire croyez moi !

Voilà, comme tout début de fiction qui se respecte, je vous souhaite une trèèèès bonne lecture, en espérant qu'elle vous plaira autant que les précédentes si ce n'est plus !




Chapitre 8: New start.



"Pas lui... Tout sauf lui, bordel de merde !"

Le ton arrogant, la voix grave et profonde, les syllabes détachées comme s'il signifiait à chaque mot "J'ai une longueur d'avance sur toi ma p'tite"... J'aurais pu reconnaître ce mec les yeux fermés. C'est d'ailleurs ce que je fis.

Lorsque le couloir apparut à nouveau à mon champ de vision, il était entré dans le cadre, le dos appuyé contre le mur d'en face, les bras croisés, l'air suffisant. Sasuke Uchiwa, alias la superstar qui pète plus haut que son cul me faisait l'honneur d'une visite surprise. Quelle joie, de quoi faire se suicider une groupie de bonheur. Hélas, c'était loin d'être mon cas.

-J'aurais dû me douter qu'elle avait un lien de parenté avec toi. L'arrogance, c'est de famille.

Son sourire retomba, je m'en félicitai.

-Tout doux, pouliche sauvage. Ne sors pas les armes alors même que tu as plutôt la tête de celle qui vient de perdre le combat.

C'était à mon tour de perdre de mon estime. Il avait certainement raison, encore une fois, ce qui eut le don de me foutre en rogne. Je ne m'étais pas attendue à le croiser ici, encore moins après notre séparation de la dernière fois. Poser la question aurait été débile et inutile, après tout, je me foutais pas mal de son emploi du temps, pour peu qu'il en ait un. Tout ce qui m'importait, personnellement, c'était de me tirer d'ici avant qu'Ino, Genma ou, pire encore, Gaara, n'ait l'excellente idée de se foutre à ma recherche.

Sans lui adresser le moindre regard, j'entrepris de tracer ma route. Pourtant, des pas résonnèrent au rythme des miens, m'indiquant que je n'allais pas me débarrasser de Mister Popularité aussi facilement.

-Je peux savoir pourquoi tu me suis ?
-Je vais dans cette direction moi aussi.
-Fous toi de ma gueule.
-C'est ce que je fais.

La guerre des nerfs. Avec ce mec, c'était chose permanente. J'en venais même à me demander combien de meufs avaient pu le supporter au delà de son physique ravageur et de sa notoriété qui n'était plus à prouver. Enlevez l'attirail, il ne reste qu'un mec assez prétentieux pour faire rivaliser son crâne avec une pastèque.

J'avais atteint la sortie, l'emmerdeur toujours sur mes talons. Je savais pertinemment que je ne le sèmerais pas aussi facilement, pour peu qu'il ait décidé de me stalker. Mais une fois dans la rue, je me retrouvais comme une conne. C'était Ino qui avait les clés, et accessoirement la bagnole que son Jules lui avait offert de bonne grâce. Deux solutions : Me taper le chemin à pied vers Nowhere-Land ou demander à Mister Monde de m'emmener aussi loin que possible. Deux propositions aussi tentantes que de choisir entre les orties et le gravier.

-Tu comptes rester là toute la journée ?
-Tant que tu n'auras pas foutu le camp, oui.
-Quelle agressivité. Bon courage pour te taper six bornes à pied !

Il avait ponctué sa phrase d'un petit sourire moqueur et d'un léger signe de la main. Si seulement j'avais pu tatouer "Tapette" sur son front, histoire qu'il redescende de son piédestal, ç'aurait été sans hésiter. Et, encore une fois, j'étais en position de faiblesse, mes pieds me rappelant douloureusement l'épreuve after-Psychotik.

-Attends.
-Pour quoi faire ?
-J'pense pas que ce soit le fric qui t'intéresse mais, si je raque de quoi t'offrir un énième piercing, tu pourrais m'emmener jusqu'à l'aéroport ?
-Pourquoi l'aéroport ?
-Pour danser avec les gnomes en string dentelle, quelle question !
-Tu veux te barrer ?

Mon regard se perdit au loin. Si seulement j'avais pu répondre un "oui" catégorique. Oui, je veux me barrer, je veux échapper à mes démons, à cet homme qui m'a abandonné, à l'autre qui m'a menti, à l'ambiance de merde qui a ruiné le rêve de ma vie. Oui, je veux retourner là d'où je viens, où mon quotidien me bouffe le moral mais où je n'ai aucune désillusions, où je peux prédire à l'avance qu'il n'y aura jamais une péripétie qui entravera le métro-boulot-dodo. Je veux tout oublier, me faire une raison et me dire que plus rien ne me retient ici, pas même Ino, le rock, la passion, les concerts, les idoles qui croisent ma route... Et pourtant... Ces mots restèrent bloqués au fond de ma gorge.

-Donc tu t'casses comme une voleuse ?
-Je me fiche de tes réflexions...
-J'en doute bien, j'me disais juste que tu aurais plus de couilles que ça.
-Je suis une nana, à quoi tu t'attendais ?
-A ce que tu sois au dessus de la moyenne.
-Trop d'honneur, ravie de ne pas avoir comblé tes espoirs.

Je croisai son regard et sentis mes jambes se glacer. Je ne savais même plus comment interpréter ses réactions, j'avais l'impression qu'il prenait ma situation à coeur, au point d'en faire une affaire personnelle. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui foutre, c'est ce que je me demandais. Après tout, Sasuke Uchiwa, star mondiale, n'a pas besoin de s'émouvoir de la situation d'une groupie lambda rencontrée à deux reprises dans des night-clubs. Alors merde, pourquoi était-il devant moi à me faire la morale ? A me suivre partout comme un conseiller Pôle-emploi ?

-Sakura, pourquoi est-ce que tu es là ?
-Je...
-La première fois que je t'ai vu entrer dans notre loge, tes yeux pétillaient. Tu avais l'air aux anges, comme si tu venais de concrétiser ton plus beau rêve. Aujourd'hui, ce que je vois dans ton regard, ce sont les restes d'un brasier éteint trop vite, une pluie de cendres.
-Passe toi de poésie pour dire que je suis morte de l'intérieur.

Je refoulai de grosses larmes sur le coup. Il fallait que j'encaisse, que je ne brise pas la carapace. Je savais qu'il devinait à quel point je faisais en sorte de me retenir, mais je m'en foutais.

-Laisse moi te faire renaître, Sakura.

Il m'avait tendu la main et tout le sarcasme dont il faisait preuve avait totalement disparu. J'aurais pu lui répliquer qu'il n'y avait pas de quoi se prendre pour le sauveur de la veuve éplorée et pourtant, sa paume ouverte à ma rencontre me fit renoncer à toute pointe d'ironie. Sans réfléchir, bêtement, j'avais saisi ce qu'il me tendait.

La promesse d'un renouveau.

_

Sasuke filait sur la route quasi-déserte. De mon côté, j'étais partagée entre l'envie de sauter de la voiture en marche, quitte à me viander sur la route et à crever comme un lapin qui aurait rencontré les roues d'un 4x4 et l'allégresse de ne pas savoir où je me rendais. Je me sentais libre, comme si j'échappais au cloaque Sai/Ino pour la première fois depuis mon arrivée. Quand bien même il aurait pu me conduire jusqu'au Mexique, je n'en aurais pas été moins heureuse. D'un autre côté, il ne fallait pas se fier aux apparences. Sasuke restait Sasuke, son fiel indissociable de sa gueule d'ange, son arrogance de rockstar pour groupiasses en chaleur, sa désinvolture manifeste... Il ne fallait pas que je me fasse des films. Pas comme avec Gaara. Pas encore la même connerie de remake de grand amour hollywoodien, il fallait que je passe à autre chose.

-Pour info, je ne t'emmène pas à l'aéroport.

Il avait brisé le silence, j'en avais frissonné, habituée à ma bulle réflexive dénuée de tout son.

-Si tu crois que j'étais assez stupide pour avoir l'espoir que tu accomplisses mon souhait.
-Je sais bien que tu n'avais aucune illusion là dessus. En fait, je veux que tu bosses pour moi.

Il s'arrêta à un feu rouge et me contempla longuement. Il était sérieux... Même on ne peut plus sérieux. J'eus envie de rire, de tourner ma tête sur le côté pour y apercevoir l'objectif peu discret d'une grosse caméra, faire un doigt d'honneur au caméraman en lui intimant ma sortie de ce piètre feuilleton de téléréalité. Pourtant, à ma droite, la portière me barrait la route et me laissait vue sur la longue rangée de palmiers légèrement courbés, comme pour me narguer en silence.

-Que je bosses pour toi ? Tu as l'intention que je sois ton larbin ?
-J'ai déjà ce qu'il me faut de ce côté là, et des plus compétentes. Non, je voudrais que tu sois... Notre manager.

J'étais restée bouche bée, comme une carpe hors de l'eau. Manager ?! Moi ? Soit il était devenu totalement fou, soit c'était moi qui venait de péter une durite.

-Tu n'es pas sérieux là ?
-Regarde moi bien Sakura, est-ce que j'ai l'air de plaisanter ?
-Non mais...
-Alors c'est réglé.
-Non mais attends ! Rien n'est réglé tu entends ? Arrête cette bagnole !
-Et si je refuse ?
-Alors je saute en marche !

D'un coup sec, j'avais fait claquer la poignée de ma portière... Dans le vide. La cloison était restée scellée et Sasuke se fendit d'un sourire.

-La protection enfant. Plutôt pratique pour les sales gosses qui ne veulent pas entendre raison.
-Parce-que tu es devenu un exemple à suivre peut-être ?
-Loin de là, mais je sais ce que je fais... Et ce que je dis. Ta place est ici Sakura. Quant à ton rôle, il est tout trouvé.

De profil, Sasuke avait toujours l'air le plus déterminé du monde. Il observait la route d'un regard droit, parfaitement horizontal, comme si l'on avait placé une règle entre son visage et le pare-brise. Ce profil là avait le don de réduire tous vos arguments au silence. J'étais à nouveau désarmée, mais ça, je commençais à en avoir l'habitude, un peu trop à mon goût d'ailleurs.

-Il reste un problème Einstein. Je n'ai jamais été manager.
-Parce-que tu crois que Matsuri l'ait été un jour ?
-Qu'est-ce que...

Il avait laissé échappé un petit rire qui ne lui allait pas. Le rire malin d'un gamin qui vient de piquer un paquet de bonbons sous le nez de sa mère.

-Matsuri a toujours été grande gueule, c'est de famille comme tu l'as justement fait remarqué. Pour autant, si elle n'est pas un canon de beauté intégral, elle sait se rendre indispensable. Mais j'imagine que tu ne veux pas vraiment entendre le compte rendu de sa "romance" avec Gaara.
-Pourquoi ai-je l'impression que tu en sais beaucoup plus sur le sujet que tu ne veux en dire ?
-Ah. Certaines histoires ne sont jamais bonnes à entendre Chaton.

J'émis un soupir appuyé avant de laisser mon front se reposer contre la vitre tremblotante. Sasuke avait dépassé les cent cinquante kilomètres à l'heure et le bolide distançait tous les autres avec facilité. Mon coeur semblait pareil au véhicule qui filait à toute allure : Plus j'en apprenais, plus mes sentiments s'enfuyaient, comme l'air d'un ballon que l'on dégonfle. Peut-être valait-il mieux tout faire exploser d'un coup... Être définitivement fixée et faire le deuil d'un coeur neuf.

-Cette... Matsuri. Elle est amoureuse de Gaara n'est-ce pas ?
-Pourquoi cette question ?
-Tu la connais, c'est ta cousine et vu sa réaction, j'imagine que j'ai raison ?
-Ha. Le moins qu'on puisse dire, c'est que tu sais décrypter les émotions. C'est peut-être du bluff à n'en pas douter. Si tu l'assimiles à mon humble personne, tu ferais mieux de considérer que c'est une baratineuse de la pire espèce.
-Elle n'a pas grand chose à voir avec toi au fond.

L'image de Matsuri me revint en tête. Ses prunelles tranchantes, ses mots calculés, l'acide de ses répliques... Et le vide de ses iris, le manque d'éclat au fond des yeux... La gorge qui contient les tressautements d'émotion, la retenue extrême...

Je m'étais plantée sur toute la ligne. Ma connerie avait été de céder à l'appel du coeur, à Gaara, à son réconfort... Alors même qu'il avait déjà tout ce dont il avait besoin. Matsuri en avait souffert mais moi... J'avais simplement pensé à ma petite personne. J'avais couché avec Gaara par dépit, histoire d'oublier ce connard de Kakashi, d'avancer, de me faire une petite place dans le creux de ses bras, là où n'avait jamais été ma place.

-J'abandonne.
-Ce mot là ne te vas pas Sakura.
-Pourtant il devrait te satisfaire. Tu as gagné Sasuke, donne moi ce taff, je ne te demanderai même pas de congés payés.
-M'en voilà ravi et d'ailleurs...

Il mit le pied au plancher, je me retrouvais enfoncée dans le siège en cuir.

-Les congés payés sont contre mes principes de méritocratie à l'Américaine.

_

"Skullcorp". Les lettres d'un noir verni s'étalaient sur la devanture d'un bâtiment ressemblant à s'y méprendre au studio Rockitindustry. Il fallait croire que les studios d'enregistrement étaient tous façonnés dans le même moule... A l'image des groupes qui en sortent.

L'intérieur confirmait ma théorie. Les longs couloirs froids et impersonnels, les portes métallisées, les quelques rares ingénieurs qui croisaient notre route, le casque vissé sur les oreilles, le visage impassible et les interminables croisements de corridors. J'avais l'impression que mes cauchemars me poursuivraient jusqu'ici, qu'à la prochaine déviation, Gaara ou Kakashi surgirait, me faisant frôler la crise cardiaque.

J'avais suivi Sasuke, en silence, comme une vache condamnée à l'abattoir. Je me demandais ce que ça ferait de m'imaginer une seconde comme étant réellement manager. J'imagine que j'aurais du marcher droit, le regard fixe, l'air professionnel... Tout ce que je ne faisais pas. Mes jambes me donnaient l'impression de flancher après la virée à deux cent à l'heure, mes mains tremblaient d'émotion et je sentis quelques gouttes de sueur se nicher au creux de ma nuque, m'arrachant un long frisson. Dans mon état, je n'avais même pas remarqué la haute silhouette qui s'avança jusqu'à nous.

-Hey Sasuke ! Putain t'as mis le temps !
-Désolé, j'ai eu un... contretemps.

Les yeux de Kiba se posèrent sur moi et ce dernier esquissa un sourire en coin. J'avais envie de crier "CE N'EST PAS CE QUE TU CROIS !", mais ma gorge me semblait être pleine de verre pilé.

-J'vois ça ! Salut Sakura !
-Salut...
-Désolé d'être si informel mais on a un problème mec ! Faut qu'on parle... En privé.
-Sakura vient avec nous.
-Sasuke ! On doit parler boulot !
-Notre nouvelle manager est donc conviée.

Le tatoué ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes. Une grimace vint tordre mon visage sous l'effet de l'étonnement. Sasuke avait sorti ça le plus naturellement du monde, comme s'il annonçait qu'il avait mangé un croissant au petit déjeuner. L'air effaré de Kiba ne semblait pas le gêner le moins du monde et il entra sans rien dire dans l'une des salles adjacentes, nous invitant à faire de même. Mon teint était devenu rouge brique et les regards que me balançait Kiba n'arrangeait rien.

-Sasuke ! Eh attends !

Uchiwa était assis comme un pacha dans l'un des fauteuils en cuir, s'en grillant une au passage. Je n'osais même pas prendre un siège, partagée entre l'envie de me barrer en courant et la fascination de voir ce mec aussi désinvolte.

-Mec, qu'est-ce que t'entends par manager ?!
-Kiba tu me déçois, je pensais que tu avais un minimum de culture générale...
-ME PRENDS PAS POUR UN ABRUTI ! T'as très bien compris ce que j'te demande !
-Nous avons besoin d'un manager, j'en ai trouvé un.
-Ah parce-que les Kuruchiwa ont besoin d'un nouveau manager ? Baki est au chômage technique ?
-Et on doit pas te prendre pour un abruti avec ça ? Il nous faut un manager pour nous. Notre duo.

Sasuke expira longuement. Un long serpent de fumée traversa la pièce pour s'évanouir un peu plus loin. Kiba donnait l'impression d'avoir avalé une brique. Il vint vers moi et m'obligea à m'asseoir avant de se laisser tomber sur l'un des poufs. J'étais aussi à l'aise qu'un manchot dans le désert et l'atmosphère me semblait étouffante, l'air incroyablement sec et irrespirable.

-Alors tu as pris ta décision ? Je pensais qu'Itachi...
-Itachi est mon frère. Ce n'est pas avec lui que j'ai envie de partager ma musique.
-Mais... Et les membres de nos groupes ? Tu y as pensé ?
-Justement. Les Kuruchiwa vont rejoindre les Sharkringan, Itachi est d'accord. J'ai pensé qu'en ce qui concerne tes membres, nous avons tout de même besoin d'un batteur. Hana est ta soeur et elle est vachement douée. Je pense qu'elle et Zaku comme bassiste feraient parfaitement l'affaire.
-... Alors t'avais tout prévu pas vrai ? Enfoiré va...

Un sourire à la fois gêné et amusé vint illuminer le visage de Kiba. Je venais de comprendre... Leur représentation en duo au Black Dance était un test, une avant-première, et vu le carton qu'ils avaient fait, un duo en bonne et due forme était une suite logique.

-Bon, je marche. Mais j'ai une condition !
-Si c'est me faire les mêmes tatouages que toi, la réponse est non d'office Kiba.
-Mais non espèce d'imbécile ! Nous sommes deux, n'est-ce pas ?
-Nous sommes un duo, donc logique.
-Ouais. Alors j'exige qu'on ait deux managers.
-... Qu'est-ce que...

J'avais regardé Kiba comme s'il venait d'annoncer qu'il parait en pèlerinage au Pérou à dos de lama. Sasuke fit de même avant de faire mine de comprendre et de se tourner vers moi. Une paire de regards était posé sur moi et je me sentis aussi vulnérable qu'un chaton.

-Qu...Quoi ?
-Je crois que ton boulot de manager vient de commencer Sakura. Je pense que tu as la personne qu'il te faut dans tes contacts.

Kiba avait souri de plus belle. J'avais empoigné mon téléphone et mon fond d'écran me donna instantanément la réponse.

Ino.

-

Mon amie avait débarqué une demi-heure plus tard, déboulant en trombe dans le studio. Sasuke était accroché à son téléphone, donnant un ensemble de directives aux membres de son groupe tandis que Kiba s'entretenait avec sa soeur en prévision des futurs arrangements pour le duo. Tout s'enchaînait à vitesse grand V, tant et si bien que j'en avais le vertige.

Une fois posées à la cafétéria du studio, loin du barouf qui régnait dans la salle du premier étage, Ino laissa éclater sa joie, terriblement excitée à l'idée de devenir manager d'un duo de célébrités. Il faut dire, ce n'était pas donné à tout le monde d'avoir ce genre de poste en or à faire pâlir tous les conseillers pôle-emploi et l'enthousiasme de ma meilleure amie me détendit instantanément. La nervosité s'estompait peu à peu et après une bonne dose de caféine, je pus me résoudre à raconter la conversation que j'avais surprise entre Gaara et Kankuro ainsi que le face à face avec Matsuri. Ino m'écouta avec attention, ses sourcils se fronçant un peu plus au fur et à mesure que mon récit s'enchaînait. Une fois fini, elle frappa du poing sur la table, renversant un peu de son cappuccino au passage.

-PUTAIN ! Quel encu...
-Laisse.
-Ecoute Saku... Il faut que tu saches quelque chose en plus de ça. C'est Genma qui me l'a annoncé...

Les iris azur de mon amie semblaient plus vives encore tant elle me regardait avec intensité. Un frisson me parcourut la nuque.

-Les Suna'rakiri s'en vont en tournée au Canada. Gaara prépare déjà ses bagages et il voulait te voir... Ils s'en vont ce soir à dix-neuf heures.

Mon coeur se glaça. Gaara allait donc partir en tournée... Et j'imaginais ce qu'il voulait m'annoncer. Peut-être me demander de le suivre, de sillonner le Canada avec lui... Ou simplement me dire au revoir. Il réalisait un rêve, tout comme je réalisais le mien. En réalité, je réalisais que c'était le bout de notre chemin.

-

Sasuke, Kiba, Hana, Zaku et Ino... Ils étaient tous partis fêter la formation du duo du siècle. Je m'étais éclipsée, pas le coeur à la fête. Depuis l'annonce d'Ino, mon esprit avait été accaparé par Gaara. Ce qui était ironique, c'était de voir à quel point lui et Kakashi avaient pu se refiler le bébé. Deux hommes, mon coeur brisé par deux fois. Et encore une fois, un départ.

En venant aux Etats-Unis avec Gaara, j'avais ce fol espoir de construire quelque chose, la folle idée que nous allions vivre notre rêve à deux, parcourir les routes californiennes ensemble... Je pense que j'avais seulement fabulé. Je me rendais compte que ce genre de scénarios étaient bons pour le box-office hollywoodien. Rien de bien adaptable à la triste réalité. Pourtant, mon coeur hésitait encore, voulant y croire jusqu'au bout.

J'avais atterri à l'aéroport de Los Angeles après avoir hélé un taxi. Le chauffeur avait dû avoir pitié de ma mine déconfite et de mon teint brouillé par les larmes. Il m'avait conduite à la vitesse de l'éclair jusqu'au parking du troisième hall. Dix-huit heures cinquante-cinq. Plus que cinq minutes, le temps d'enfourner une poignée de billets dans la paume du taximan, sans prendre le temps de réclamer ma monnaie et voilà que je m'élançais à travers le corridor, me faufilant entre les valises et les voyageurs pressés et nerveux.

Mon coeur battait à tout rompre. La salle de l'aéroport était presque vide. Les passagers avaient déjà embarqués, Gaara également... J'arrivais trop tard. Encore une fois.

-Saky !?

La voix de Kankuro me fit sursauter et le visage peinturluré de ce dernier apparut devant moi, affichant un sourire sincère.

-Bah alors chérie, qu'est-ce que tu fous là ? On t'attendait plus ! Gaara est déjà dans l'avion ! On s'barre pour le Canada ! Appelle moi EL CARIBOU maintenant hahaha ! Allez viens au moins dire au revoir à...

J'avais attrapé le poignet du boute-en-train avec force, l'empêchant d'avancer vers la plateforme. Les derniers voyageurs se dirigeaient vers le Stewart et Kankuro se calma d'un seul coup, comme s'il venait d'être assommé.

-Saky... Qu'est-ce qu'il y a ?
-Ne dis pas à Gaara que je suis venue Kankuro... Je t'en prie.
-M...Mais... Il voulait... Et tu...
-Ma place n'est pas avec lui. Je le sais.
-... T'es au courant pas vrai ?
-...
-Il t'aime Saky... Tu sais il a attendu quand ce connard est parti il a...
-Je le sais. Mais ce n'est pas comme ça que les choses doivent se passer.

Une hôtesse s'approcha pour signifier à Kankuro qu'il était temps d'embarquer. Ce dernier m'attrapa avec force pour me serrer contre lui. J'eus dans l'idée qu'il voulait remplacer l'étreinte que Gaara ne me donnerait pas. Mon regard erra par dessus l'épaule du rockeur pour se poser sur l'engin qui n'allait pas tarder à décoller. J'imaginais Matsuri aux côtés de son homme, trop heureuse de jouer le rôle prestigieux de la copine manager. J'imaginais Gaara à ses côtés... Que pouvait-il bien penser ? Que pouvait-il ressentir ? J'avais envie qu'il ait une pensée pour moi... Envie stupide.

-Prends soin d'toi Saky.
-Toi aussi Kankuro... Prends également soin de "lui".

L'avion décolla quelques minutes plus tard, et moi, j'étais restée à admirer le spectacle. La nuit tombait, les derniers rayons du soleil s'évanouirent, laissant de longues traces orangées sur fond de ténèbres. Je ne savais pas si Gaara avait eu l'idée de jeter un coup d'oeil par le hublot, si Kankuro avait tenu sa promesse en le rejoignant, s'il avait regretté de ne pas me voir une dernière fois avant le départ... Je savais en revanche que notre histoire venait de s'achever de la même façon qu'au Psychotik. Sans un au revoir. Sans même un mot, sans même un dernier regard. J'avais fui cet homme qui m'avait aidé à oublier l'abandon de Kakashi. J'avais fui cette source de réconfort par peur de passer pour cette profiteuse sans scrupule. J'avais été effrayée à l'idée de passer pour la pute de service, celle qui ne rougirait pas d'avoir écarté les cuisses sans se faire prier. J'avais tout autant peur des adieux, lents, poignants, douloureux...

Il valait mieux finir sur un silence.



Pffewah ! Longtemps que je n'avais pas continué cette fiction ! Bon bah voilà, nouveau chapitre tout neuf ! J'espère qu'il vous aura plu :)



Chapitres: 1 2 3 4 5 6 7 [ 8 ] Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: