Fiction: Pour l'amour du rock.

Trois mois plus tôt, l'homme qu'elle aime disparaît soudainement, sans la moindre justification. Sakura, avide de réponses, ne peut se résoudre à tourner la page, jusqu'à ce qu'un événement vienne tout chambouler. Accompagnée d'Ino, sa colocataire et meilleure amie, elle se voit offrir un voyage tous frais payés sur la terre bénie des groupes de rock les plus en vogue : Los Angeles. Et si les réponses que Sakura cherchait se trouvaient par delà l'Atlantique ?
Classé: -12I | Drame / Romance | Mots: 37466 | Comments: 11 | Favs: 14
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Beverlyy (Féminin), le 09/01/2014
Coucou les choux~ !

Je suis de retour avec mon nouveau projet spécialement pour les grandes vacances ! J'ai décidé de refaire une fiction longue et de suivre un rythme régulier d'un chapitre par semaine environ. Donc, à peu près tous les mercredis, il y aura un chapitre ! Et vous aurez de quoi faire croyez moi !

Voilà, comme tout début de fiction qui se respecte, je vous souhaite une trèèèès bonne lecture, en espérant qu'elle vous plaira autant que les précédentes si ce n'est plus !




Chapitre 7: Beautiful Mistake



-Putain.

Ce fut le seul mot que je pus prononcer. Je m’étais retrouvée dans une chambre noire, au milieu de draps froissés, encore humides de notre échange passionnel, la boule au ventre, l’impression d’avoir commis la plus grosse connerie qu’il était possible de commettre. J’avais couché avec Gaara, sans même hésiter un seul instant. Le contact de sa peau, son odeur se mêlant à la mienne, nos lèvres devenues complices… Le reste était allé de soi, tout simplement.

Et l’after ne promettait pas. Je m’étais assoupie, comblée de bonheur, morte de fatigue, sentant sa respiration saccadée au rythme de la mienne. Son torse m’avait semblé être le meilleur oreiller au monde, ses bras le plus beau des refuges. Pourtant, passé l’excitation du moment, ce lit me semblait froid, presque malsain. Peut-être était-ce seulement moi, la fille malsaine, celle qui n’avait pas pu réfléchir deux minutes avant d’ôter son string et de s’envoyer en l’air comme la première des groupies. Peut-être que je me dégoûtais, tout simplement.

Gaara était endormi et j’en avais profité pour m’échapper de la tiède moiteur des couvertures. Comme une voleuse, j’avais rassemblé mes affaires et étais sortie. Un mauvais goût de déjà vu de mon escapade matinale au Black Dance, voilà que je remettais ça au Psychotik. J’allais écumer les clubs et devenir nympho à ce rythme. Un rire amer me prit tandis que je remettais progressivement mes fringues en dévalant le couloir. Ce club ressemblait plus à un hôtel de passe qu’à autre chose et, à avoir remarqué ça, j’avais désormais l’impression d’avoir servi de pute pour la soirée. Une pute consentante et non rémunérée.

Autant dire une salope.

« Mais il t’aime ». Cette maigre consolation me fit sourire autant qu’elle aurait pu me faire pleurer. Si seulement j’avais pu en dire autant, peut-être que je n’aurais pas dévalé les rues, mon mascara à nouveau poisseux sur mes joues, mes cheveux en bataille et l’impression de voir mon rêve virer au cauchemar.

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Au bout du compte, le Psychotik n’était pas très loin de la villa. Peut-être une bonne demi-heure de marche avec mes boots inconfortables. Mes pieds hurlaient qu’on les achève et pourtant, la douleur me fit du bien, m’empêchait de repenser à Gaara. Lors de ma longue marche solitaire dans les rues bordés de pavillons encore endormis, des flashs de notre démonstration d’amour me revenaient en tête, me donnant autant envie de sourire que la nausée. Je repensais aux étreintes avec Kakashi avec l’idée horrible qu’ils avaient beaucoup de choses en commun lui et Gaara. Leur façon d’embrasser, leur manière de caresser mes hanches, leurs baisers dans le cou… Ils avaient le même mode opératoire. Et j’étais assez conne pour les avoir essayé tour à tour.

Lorsque la villa apparut, je priai pour que cette enflure de Saï ne soit pas debout. Je n’avais pas besoin de ses commentaires, ni même d’une nouvelle confrontation. Le sujet Ino pouvait attendre, pour l’instant, seul Gaara m’obnubilait. Lui, ainsi que Kakashi, pour ne pas changer les vieilles et mauvaises habitudes.

Avant de franchir la porte, je fis en sorte de me débarrasser des quelques sanglots qu’il me restait.

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Mon cœur fit un bond. Le couloir, bordé de rayons lumineux, indiquait que quelqu’un était toujours debout, confortablement installé dans le salon. Je devinai Saï, affalé dans son fauteuil de cuir blanc, attendant de me charrier à nouveau. L’envie de faire demi-tour grandit en moi et pourtant, l’optique de me retrouver à la rue avec le look d’une prostituée violentée ne me séduisait pas. Prenant mon courage à deux mains, j’avais avancé dans le corridor à pas feutrés, me sentant l’âme d’une mauvaise Catwoman.

Je ne fus pas assez discrète.

-SAKU !

Une traînée de cheveux blonds me passa sous le nez et le visage de mon amie me fit face, l’air inquiet et les valises sous les yeux. Elle n’avait pas fermé l’œil et ce constat me remplit de culpabilité. Visiblement, je n’avais pas épuisé mon stock de larmes puisque ma tête s’échoua sur l’épaule d’Ino, laissant déferler toute ma peine et mon amertume.

Lorsque nous fûmes installées dans le canapé, Ino m’apporta un bon verre de triple sec, de quoi me donner un coup de fouet. J’avais avalé le tout, grimaçant tant le mélange avait du mal à passer sans me brûler l’œsophage au troisième degré. La chaleur me fit pourtant du bien et sentir les oreillers moelleux contre mon dos me fit presque somnoler. C’était sans compter sur Ino qui était remontée comme une pile électrique.

-Alors ! Où est-ce que t’étais passée ? Tu as disparu dès que les mecs sont sortis de la scène ! On ne trouvait pas Gaara non plus… Ne me dis pas que tu…
-Tu connais déjà la réponse Ino, répondis-je, à la fois honteuse et amère.
-Mais ! MAIS JUSTEMENT ! C’est génial ! Tu vas pouvoir passer à autre chose ! Gara toujours été là pour toi et…
-Non. Ino arrête.

L’effervescence de mon amie me donnait envie au mieux de pleurer, au pire de m’énerver. Comment pouvait-elle trouver ça comme étant une bonne chose ? Gaara et Kakashi, dans le passé, c’était un duo, deux collègues. Ils se connaissaient avant même que je déboule dans leur vie, moi, la p’tite lycéenne effrontée au look improbable. Si Kakashi avait craqué pour moi, Gaara avait aidé à la manœuvre. Kakashi, Gaara… Gaara, Kakashi… Même combat, du pareil au même.

-Comment veux-tu que je passe à autre chose Ino ? Tu sais bien… Tu sais même très bien ce qu’il en est. Tu sais que ces deux-là sont complémentaires.
-Non Sakura. Tout ce que je sais, c’est que c’est toi qui cherches la petite bête.

Ino se leva, me dominant de sa hauteur et me réduisant à une petite fille qui se fait rappeler à l’ordre. Elle était la seule à pouvoir se le permettre.

-Kakashi n’est pas Gaara, et inversement. Ces deux-là étaient collègues, amis, mais les choses changent ! Gaara veut te prouver qu’il n’est pas comme Kakashi et tu le laisses toujours au même plan. Qui t’a abandonnée ? Qui s’est barré à l’autre bout du monde en te laissant crever comme la dernière des merdes ? Qui n’a pas assumé et s’est sauvé comme un bâtard sans donner de nouvelles ? Gaara était là lui, j’étais là et je peux en témoigner. Tu sais que j’ai raison et qu’au fond, depuis le départ de Kakashi, Gaara joue les remplaçants.
-Gaara ne remplace personne.
-Justement, je voulais te l’entendre dire, parce que Gaara n’est pas comme Kakashi. Et c’est bien là l’idée ! Lorsque tu peux remplacer une pomme pourrie par une neuve, dis-toi que c’est l’occasion.

Mon amie avait toujours une façon bien prosaïque de démontrer par A + B que vous aviez tort et le pire, c’est que vous le saviez tout en voulant la contredire. Je savais qu’elle avait raison, qu’on ne pouvait pas décemment comparer Kakashi et Gaara, mais même cette pensée pleine de bon sens en tête, mon cœur ne savait plus faire la différence. Stupide cœur défaillant, bousillé par un homme, sûrement impossible à réparer. Quand un PC est mort, vous en rachetez un. Quand un cœur se meurt, vous ne pouvez pas en trouver un de rechange. Il faut faire avec, ou être douée de ses mains. Manque de bol, je ne l’étais pas.

-Ino, je ne sais vraiment plus où j’en suis.
-Pourtant, hier soir tu le savais. Lorsque je t’ai vu partir, ne crois pas que je n’avais pas une petite idée de la personne que tu allais rejoindre. Je pensais pourtant que j’allais te revoir avant que vous ne partiez tous les deux.
-Je suis désolée. J’aurais dû te prévenir.
-Et gâcher le seul moment où tu as fait preuve de spontanéité ? Tu ne te fais pas confiance Saku, c’est pour ça que ça ne peut pas aller. Kakashi est un enculé, tu lui as fait confiance, il n’a pas su en être digne, mais ils ne sont pas tous ainsi. Si tu t’autorisais à faire confiance à Gaara, alors tout serait différent. Tu risques quoi ? Si ce n’est que de rater une occasion d’aller de l’avant ? Même si tu te casses la gueule, compte sur moi pour te relever. Tu es ma meilleure amie Sakura, tu sais bien que je ne te laisserai jamais à terre.
-Ino…

Elle avait souri, l'assurance d'une femme forte et pleine de confiance illuminant ses traits. En fait, je crois bien que je voyais Ino plus mature à chaque fois. Elle si délurée, si extravagante, elle avait toujours ce pouvoir de sortir des paroles franches qui vous font réfléchir. J'étais forcée de le reconnaître, j'en étais presque jalouse. Si ça n'avait pas été Ino, j'aurais certainement haï cette fille et envié au possible ses qualités.

-Qu'est-ce que tu comptes faire ?

C'était la question qui arrivait comme un cheveu sur la soupe. Ino s'était assise près de moi, je sentais son regard, mais continuais à promener le mien dans le vide. Qu'allais-je faire ? C'était là le problème, je n'en savais rien.

-Je suis partie comme une voleuse Ino. Gaara dormait encore.
-Je l'avais deviné vu ton état et il ne va pas bien le prendre à mon avis.
-Non tu crois ? Dis-je ironiquement avant d'émettre un rire caverneux.
-Ecoute Sakura, tu crois vraiment que ta place est ici en ce moment ?

Je m'étais tournée vers mon amie, faisant face à ses traits tirés de contrariété.

-Qu'est-ce que tu veux dire ?
-C'est simple pourtant, tu sais très bien ce que je veux dire. L'homme qui t'aime n'est sûrement pas dans l'un des lits du premier étage et je crois bien que ton cœur est resté au Psychotik.
-Je...
-Tu es amoureuse Sakura, tu as juste peur de te l'avouer. Une séance de galipettes ne reste qu'une séance de galipettes tant que les sentiments n'entrent pas en jeu. Je te connais Sakura et tu sais comment ça se passe, nous ne sommes plus des gamines. Un mec, une nana, un pénis, un vagin et la suite s'enchaîne, les animaux font pareil. Or, la difficulté, c'est que le cœur joue un rôle. Tu avais envie de Gaara n'est-ce pas ? Et lui, après sa révélation, je n'en doute pas. Alors, qu'est-ce qui te retient de retourner dans ses bras en quatrième vitesse ?

Lorsqu'Ino quitta le salon sur ses paroles, la pièce me sembla affreusement oppressante. Il ne fallut que quelques minutes pour me donner l'impression de suffoquer. Je m'étais levée d'un bond, sans même attraper mon sac, le trousseau de clefs. Mon portable calé dans la poche de mon jean encore crade de mon escapade nocturne, j'avais couru jusqu'à la porte d'entrée, sous le regard de mon amie du haut des escaliers.

Je courrai, mon cœur connaissait déjà le chemin.

_

Le Psychotik, chambre vingt-trois. La porte à la peinture écaillée, la pièce rectangulaire et noyée dans l'obscurité la plus totale. Je devinai à peine le grand lit, les draps, Gaara niché au creux des couvertures. Pourtant, la surface était aussi lisse qu'un miroir. Pas une bosse, plus une présence, plus qu'un lit vide. Affreusement vide.

J'étais revenue trop tard, Gaara avait quitté le navire. Le problème, c'est que la carrière de voleuse n'était pas faite pour moi. Il faut retenir une leçon : le criminel revient toujours sur les lieux de son méfait. Je m'étais retournée, avais fait le chemin en sens inverse, mais ma victime venait de disparaître. Et, à vrai dire, la victime au final, c'était bel et bien moi.

Assise sur le bord du matelas, à bout de forces, mes yeux ne retinrent pas d'avantage mes larmes.

_

Je ne sais pas comment j'eus la force de composer le numéro d'Ino. Le désespoir sûrement. On n'arrive pas à comprendre comment certaines personnes font le grand saut, qu'elles passent l'arme à gauche en laissant famille et responsabilités. Pourtant, il suffit de se sentir au fond du trou pour agir sans même s'en rendre compte. Lorsque la blonde déboula dans la chambre pour dresser un bilan des lieux, mon esprit était déjà ailleurs. Elle n'avait pas grand-chose à voir, ne serait-ce qu'une pauvre cruche assise sur le bord du lit, l'air d'une junkie sur le retour. Sakura, l'étudiante en histoire, la jolie poupée à l'âme de rockeuse rebelle et indépendante... Conneries. Cette Sakura-là, il fallait croire que je l'avais abandonnée en France.

Ino m'avait reconduit à la villa et j'avais vaguement aperçu Saï sur le seuil, dans son pyjama de satin vert qui devait valoir plus que toute ma penderie réunie. Lorsqu'il voulut ouvrir la bouche, Ino l'arrêta sèchement, passant devant lui en m'agrippant le bras. Une fois en haut des marches, elle ferma la porte du couloir derrière elle et me conduit à ma chambre. Un bordel monstre s'était emparé de mon lit, restes de notre préparation pour le premier concert en duo des Suna'rakiri et des Kunaika. Si j'avais su que ça finirait ainsi, j'aurais pu carrément y aller à poil et m'éviter toute cette galère.

Le fatras fut par terre en moins de deux et je m'étais glissée entre les draps sans demander mon reste. Ino estima qu'il valait mieux me laisser et retrouver son prince charmant pour une énième scène de ménage. Grand bien leur fasse. Je fus presque soulagée lorsque mon amie passa la porte. Être seule... C'est ce qu'il me fallait. J'arrivais à un point où je ne comprenais même plus pourquoi les événements s'enchaînaient ainsi et j'étais passablement saoulée de ne rien contrôler. J'étais là pour le rock, pour ma passion, pour un rêve d'ado... Pas un cauchemar d'adultes.

_

J'avais essayé d'appeler Gaara des dizaines de fois. Avant de m'endormir, en me réveillant, en m'habillant, en rangeant un minimum le foutoir que j'avais accumulé... Mais rien. Répondeur, répondeur et, oh surprise, répondeur. Foutue voix mécanique qui vous annonce que votre correspondant est "occupé" pendant que vous vous morfondez à vous dire que vous avez fait la connerie de votre vie. Peut-être était-ce aussi ce qu'il pensait ? Que notre partie de jambes en l'air ne devait rester que ça. Mais alors pourquoi avouer ses sentiments à ce connard de Kakashi ? Et pourquoi fallait-il que je surprenne ça ? Comme si tout n'était pas déjà assez compliqué comme ça...

En tombant une nouvelle fois sur le disque atroce du "Gaara est occupé et vous rappellera plus tard si vous lui laissez un message à la con où vous passez pour une conne à demander une explication quant à la démonstration de la veille", j'avais balancé mon portable sur l'oreiller, avant de me rendre compte qu'il s'était mis à sonner à ce moment-même. Je m'étais précipitée sans même jeter un coup d'œil à l'émetteur, le cœur battant à tout rompre.

-A...Allô ?
-WEEEEEEEESH Saky, ça va ou quoi ?
-Kankurô...
-Le seul et l'unique bébé ! Je sais que je suis très occupé mais je ne rechigne jamais à appeler ma jolie poupée ! ALORS ? T'sais que t'as assuré ?
-Assuré ?
-Bah attends ! Depuis le temps que le p'tit frère se tripotait les amygdales en pensant à toi, il était temps qu'il se passe quelque chose !
-Kankurô pitié...
-Hey ! Faut dire les choses comme elles sont Baby ! Vous allez pouvoir vous enjailler officiellement maintenant ! Don't worry mon Kiki !
-Ecoute tu... Tu es avec Gaara là ?
-Nop ! J'suis en train d'attendre mon tour pour le salon de l'érotisme ! Le bourreau des cœurs vise l'internationale ! Je vais devenir une légende, UNE LEGENDE !
-Et est-ce que tu sais où il est ? J'ai besoin de lui parler, c'est urgent !
-Bah attends chérie, j'pensais qu'il était avec toi. Faut dire, il aurait été fatigué en rentrant, pauvre bichon ! Ménage-le, il a pas l'habitude ! Ou la bite rude haha !

Sur cette blague vaseuse purement Kankurienne, j'avais raccroché d'un coup sec. Au moins, une chose était sûre, tout le monde était au courant. Je m'attendais même à faire la une du prochain tabloïde, ça ne m'aurait sûrement pas étonné. Heureusement pour moi, Gaara n'avait pas encore la notoriété d'un Sasuke, mais c'était sans compter sur la grande gueule de Kankurô.

J'avais quitté la chambre d'une humeur massacrante associée à un air de serial killeuse. Pour le coup, j'aurais pu trouver la gloire en faisant figurante d'un film d'horreur. Le retour du zombie ou une connerie dans le genre, ça m'aurait été parfaitement au teint.

Laissant échapper un profond soupir, je ne me rendis pas tout de suite compte que le couloir était loin d'être désert. Je m'étais figée devant la porte du fond, hésitant à faire un pas de plus. Je m'attendais au mieux à un domestique, au pire à la vieille gueule de Mister Monde. Pourtant, un rire aigu que je ne connaissais que trop bien me parvint, me confirmant qu'il ne s'agissait ni de l'un, ni de l'autre.

-Haha ! Arrête de raconter n'importe quoi Gen !

"Gen" ? Comme Genma sans doute. Ce petit surnom doucereux ne me disait rien de bon compte tenu des circonstances.

-C'est vrai ? Je peux vraiment ? Oh génial ! J'arrive tout de suite alors ! A toute Gen !

Lorsqu'un bip significatif retentit comme pour confirmer que la conversation était terminée, j'avais franchi l'arche, faisant face à la jolie blonde, apprêtée comme pour un rendez-vous galant, vêtue d'une élégante robe parme qui mettait ses formes en valeur. L'art de la préparation féminine par Ino, cela ne m'étonnait pas le moins du monde. En revanche, ce qui me laissait présager le pire était la personne pour qui étaient destinés ces efforts de présentation.

-Saky ! T'es debout ? Je pensais que tu allais dormir toute la matinée.

Elle vint me taper la bise comme si la veille n'avait jamais été. Ma meilleure amie avait ce pouvoir extraordinaire de ne jamais s'inquiéter du passé, de savoir avancer quoi qu'il arrive. Si j'avais pu vendre mon âme pour un tel don, je n'aurais pas hésité une seule seconde. Moi, la fille qui faisait encore l'impasse sur ce crétin de Kakashi au point de m'en pourrir la vie, j'aurais donné plus que cher pour changer tout cela.

-Tu sors ? Demandai-je le plus innocemment du monde.
-Oui. Je... vais faire des courses.
-Des courses.

Quelques secondes de silence suffirent à ce que mon amie capitule.

-Tu as tout entendu n'est-ce pas ?
-Une partie. Tu as rendez-vous avec Genma ?
-Ce n'est pas un rendez-vous !
-Ah bon ?
-... Oui bon, mais pas un rendez-vous en tête à tête ! Il m'a juste invitée à la répétition d'aujourd'hui.
-Répétition ? Je pensais qu'ils en avaient fini jusqu'à la fin de la semaine.
-C'est ce qui était prévu mais apparemment il y a eu un changement de dernière minute.
-Je viens d'avoir Kankurô au téléphone, il ne m'a rien dit.
-Va savoir... Peut-être qu'il n'a pas encore été mis au courant ? La répétition commence dans une demi-heure.

Cette histoire était louche. Au pire Ino me mentait, mais je n'en voyais pas encore la raison valable, hormis le fait de se retrouver seule avec Genma et d'être couverte sous un bon prétexte. Au mieux, il y avait anguille sous roche. Avant même que mon amie ne me le propose, j'avais décidé de m'inviter à cette petite répétition improvisée. Après tout, c'était peut-être la seule façon pour moi de pouvoir voir Gaara et lui parler en toute franchise. Même si cela signifiait m'incruster à un pseudo rendez-vous entre Miss Monde et Mister Genma, ce qui ne m'enchantait pas plus que ça.

Une fois prêtes à partir, Ino passa par le salon pour y prendre les clés de la voiture. Une fois le sésame en main, j'avais ouvert la porte, invitant cette dernière à passer la première. Cependant, avant même d'arriver à ma hauteur, le bras musclé de Saï vint fermer la porte d'un coup sec, me faisant presque tomber au passage. Je croisai son regard haineux et l'envie de lui cracher à la gueule me pris. Je ravalai ma hargne, laissant le soin au paon d'effectuer sa marche nuptiale.

-Où est-ce que vous allez ?

"Nulle part Papa, pourquoi ? Tu veux nous foutre une fessée qu’on risque de dépasser le couvre-feu ?". Quel gros con.

-Faire du shopping chéri. Je n'ai même pas encore eu l'occasion d'écumer les boutiques depuis que je suis ici !
-Parce-que tu sors tous les soirs avec cette bande de...
-Rockeurs, chéri.
-Tssh.

J'imaginais les insultes qui pouvaient fuser dans sa tête d'abruti. Pour autant, je ne me gênais pas d'en faire autant à son égard. Connard, pauvre merdeux, prétentiard arrogant, gueule de minet... La suite pouvait se faire sans fin. Seulement, un élément vint troubler mon énumération. Au creux de sa main, un coffret de velours fit son apparition, dissimulé avec le plus grand soin. Le magicien venait de sortir le lapin blanc de son chapeau... La carte maîtresse.

-Ino, je dois te parler.
-Sai chéri, ça ne peut pas attendre plus tard ? Les magasins vont fermer !
-Non, ça ne peut pas attendre et tu...

Sauvées par le gong ! Sa sonnerie ridicule résonna dans tout le hall, interrompant à la fois Minet et Princesse Raiponce qui s'empressa de rouvrir la porte et de prendre la poudre d'escampette. Sai, pris au dépourvu, fut contraint de capituler et de répondre à je ne sais quelle agence de mannequin pour ce qui semblait être un énième contrat. La demande devrait attendre et je me réjouissais de voir sa tronche déconfite depuis la décapotable.

Le moteur gronda et les routes californiennes nous tendirent à nouveau les bras.

-

Au volant, Ino semblait plus heureuse que jamais. Je la soupçonnais de penser à Genma tout en se refaisant une beauté au rétroviseur. Son reflet radieux contrastait totalement avec le mien. J'avais encore la tête des mauvais jours, une gueule de déterrée en somme. J'appréhendais limite de montrer cette tronche à Gaara même s'il m'avait vu dans un état parfois pire que celui-là. Quoi qu'il en soit, ce fut la boule au ventre que j'aperçus le studio et Genma en guise de comité d'accueil.

-Hey ! J'vous attendais.
-Salut Gen !

Ino descendit de voiture, un immense sourire aux lèvres. Je faisais de même, la chandelle à la main. La réunion du pseudo petit couple se passait de commentaires tant il était évident que j'assistais à un remake de drama romantique.

Genma vint me taper la bise et nous invita à le suivre. Ce studio me rappelait de mauvais souvenirs, ou plutôt un en particulier. L'image de Kakashi semblait s'imprimer sur les murs au fur et à mesure que nous passions les couloirs, tous identiques, froids et fonctionnels. Trop concentrée à chasser ces idées de ma tête, j'en zappais la conversation des deux tourtereaux, ne pigeant qu'un mot sur quatre. Pourtant, une voix familière capta mon attention. C'était léger, aussi léger qu'un murmure et sans doute n'aurais-je rien entendu si ça n'avait pas été sa voix. Cette voix, je ne la connaissais que trop bien.

Je m'étais brusquement arrêtée.

-Avancez, je vous rejoins.
-Mais... Sakura ? Où est-ce que tu...
-Rien, j'ai oublié quelque chose, je reviens.

Ino esquissa un geste vers moi comme pour signifier qu'elle allait me suivre mais j'avais pris la poudre d'escampette avant même que Genma n'intervienne. Laisser le duo ensemble m'enchantait en soi mais la voix que je venais d'entendre ne fit qu'accentuer mon humeur massacrante. Plus je me rapprochais, plus mes doutes s'estompaient. C'était un déjà-vu, un énorme déjà-vu. Vers quoi je me dirigeais encore, si ce n'était qu'une nouvelle révélation meurtrière ? Je le savais mais je ne pouvais pas fermer les yeux, encore moins faire comme si je n'avais rien entendu. Non, cette voix était trop réelle pour être ignorée.

Quelques corridors plus loin, un tournant, la voix se fit plus nette. Une salle était entrouverte, comme pour m'inviter à y jeter un œil. Il n'y avait plus aucun doute possible : la voix que j'avais entendue était celle de Gaara.

-Brother tu déconnes !

Kankurô était là aussi, forcément. Je m'étais calée contre le mur et la porte. La force de l'habitude sans doute. Depuis la révélation de Kakashi, je pense que mon âme d'espionne prenait le dessus... Si tant est que j'en avais une.

-Je ne pouvais pas prévoir ça Kankurô.
-Tu vas me dire que tu ne savais pas qu'entre Saky et toi y aurait plus qu'un roulage de pelle ? Naaan, sérieux ? T'as quel âge Gaara, quatorze ans ?
-Je ne pouvais pas prévoir qu'elle accepterait !
-Elle est majeure, tu t'attendais à quoi ? Ell se la fout pas derrière l'oreille !
-Ce n'est pas ce que j'ai dit. C'est juste qu'avec l'histoire Kakashi...
-Sérieux, il fallait bien qu'elle passe à autre chose !
-Justement. C'est bien là le problème. J'ai été son "passage à autre chose".
-V'la que t'as des états d'âme ? C'est pourtant toi qui viens de t'envoyer en l'air avec tout en sachant que t'avais déjà une copine.

Quoi ? Qu'est-ce que je venais d'entendre ? Une copine ? Une... Copine ?

-Kankurô, c'est déjà assez compliqué pour moi !
-T'as pas de chance qu'elle ait tout découvert hein ? T’imagine si Saky découvre tout aussi ? Remarque, c'est pas Matsuri qui irait le lui dire directement, tout ce qui lui importe c'est que tu fasses d'elle la meuf d'une star du rock. Toutes intéressées ces pétasses.
-Ne parle pas de Matsuri comme ça.
-Hey, j'dis la vérité moi ! Et faudrait savoir, t'es amoureux d'qui ? J'croyais que t'en avais rien à foutre de Matsuri. Et puis, maintenant Sakura te mange dans la main, sois heureux mon vieux.
-Si tu crois que c'est si simple.
-Bah ouais c'est même méga simple ! Largue la pétasse, garde la bonnasse ! Entre nous, Sakura a l'avantage de ne pas être une peste.
-Sakura n'a jamais su ce qu'elle voulait.
-Si y a que ça qui importe pour toi Bro, tu m'déçois. Matsuri ne veut que ta bite et ton portefeuille et ta bite c'est pas ce qu'elle chope en premier ! Si j'étais toi, j'réfléchirais à deux fois.

J'eus l'impression que mon cœur allait exploser. J'avais envie de claquer la porte, de lui arracher les yeux, de l'étouffer... Comment est-ce que j'avais pu être stupide à ce point !? Comment j'avais pu croire à ces conneries !? Alors comme ça il m'aimait, au point de me tenir en second choix, une roue de secours. Je me sentais salie, trahie, dégueulasse. Moi qui m'inquiétais de savoir si je n'avais pas limite été trop vite en besogne, moi et mon cœur hésitant, mon pauvre cœur d'artichaut. J'avais peur d'avoir écarté les jambes aussi facilement qu'une traînée, sans même penser un seul instant de la symbolique que cela aurait aux yeux de Gaara. J'ai eu peur qu'il me voit comme une pute qui profite d'un coup histoire de se remonter le moral. Putain, j'ai pris en considération ces paramètres au point de m'en rendre malade, de fuir en pleine nuit du Psychotik, de revenir et de trouver les draps encore chauds et l'amant envolé.

J'avais été stupide, encore une fois, sur toute la ligne.

J'avais refusé d'en entendre plus. Je m'étais décalée sans un bruit et avais quitté ma cachette pour rejoindre le tournant. Une fois à l'abri des regards, j'avais lâché un flot de larmes brûlantes et amères. Mes sanglots étaient douloureux, ma gorge me donnait l'impression de bouillir. Je ne sais plus combien de temps j'étais restée à chialer dans ce couloir désert, peut être le temps qu'il faut à un cœur pour achever de se fendre. Tout ce que je sais, c'est que le mien était bel et bien brisé, et ce depuis longtemps.

-

J'avais précautionneusement évité la salle d'enregistrement où je devinais les Kunaika trop occupés à parler musique. J'imaginais même Kakashi fidèle au poste et Ino hargneuse devant Mister Manager. Peut-être que Gaara et Kankurô les avaient rejoints. En tout cas, je n'allais certainement pas me mêler au groupe. Il en était hors de question. En fait, il était presque hors de question que je reste ici plus longtemps. Que me restait-il ? Après tout, j'étais venue ici pour vivre mon rêve, pour rencontrer mes idoles, pour suivre les Suna'rakiri au long de leur tournée... Mais comment suivre un groupe dont il s'avère que vous ne pouvez plus en saquer le leader ? Je n'étais pas là pour jouer les groupies salopes de base et pourtant, c'était le rôle que je m'étais inconsciemment attribué. C'en était assez, pour moi, la coupe était pleine.

Je m'étais résolue à quitter cet endroit, peut-être à faire du stop en espérant ne pas tomber sur un psychopathe et à voir du pays. Les Etats-Unis étaient vastes, mes obligations moindres. Une chose était sûre, je ne voulais plus voir Gaara... Ni même une seule personne qui ne me fasse penser à lui.

Peine perdue.

Un couloir plus loin, une femme en tailleur fit son apparition. Courte sur pattes, l'air sévère, le nez retroussé et les cheveux bruns au carré, elle avait tout de la manager type qui éloigne les groupies tel un bouledogue, tous crocs sortis. Lorsqu'elle me vit, un air de dégoût tordit son visage et, quand bien même elle faisait une tête de moins que moi, je la soupçonnais capable de m'en foutre une facilement.

Lorsqu'elle arriva à ma hauteur, elle s'arrêta, sûrement prête à déclencher les hostilités. Elle n'allait pas être déçue.

-Ce n'est pas un hôtel de passes ici vous savez.
-Alors qu'est-ce que vous faites ici ?

Sa bouche tressauta.

-Ecoute-moi bien, Gaara est à moi et je ne permettrais pas qu'une petite salope dans ton genre me le pique, c'est clair ?
-Quelle confiance en toi dis-moi. Tu ferais mieux de mettre un antivol dessus au lieu de venir l'ouvrir auprès de moi.
-Je sais déjà que vous avez couché ensemble.
-Je le sais aussi puisque j'y étais.

Mon ironie ne fit qu'accentuer sa rage. Pourtant, son rictus m'indiqua qu'elle frapperait là au point sensible.

-Et il ne t'avait sûrement pas dit qu'il était avec moi. Tu n'étais donc qu'un coup d'un soir.

Touchée.

-En tout cas, je t'ai à l'œil. Mets-toi ça dans le crâne. Je suis le manager des Suna'rakiri et je ne laisserai personne empiéter sur mes plates-bandes. Le show-business c'est aussi savoir écraser ses adversaires et tu es déjà sous mon talon.

Elle passa devant moi, l'air satisfait. J'aurais voulu tendre ma jambe et la voir se vautrer au sol mais au fond, je ne pouvais pas me résoudre à faire ça. Une salope trahie reste une personne trahie avant tout. J'étais dans le même panier. Le connard dans l'histoire, c'était Gaara et personne d'autre.

J'étais restée plantée là, à regarder Matsuri s'éloigner, faisant claquer ses escarpins au sol. Lorsqu'elle eut disparu, une impression étrange s'empara de moi, comme si je venais de perdre une bataille de longue haleine. J'avais perdu Kakashi, je venais de perdre Gaara, les deux hommes qui comptaient le plus pour moi. Voilà que je repartais de zéro, débarrassé des hommes, en bonne femme libérée que j'étais.

Si cela avait pu durer...

-Je vois que ma cousine n'a pas perdu de son mordant.

C'aurait été trop beau. J'avais fermé les yeux, sans me retourner. Je ne pensais qu'une chose.

"Pas lui..."



Wooow, trop longtemps que j'étais pas passée par là (ouais, avec les études + le taff + la salle de sport où je ne peux pas tenir un ordi tout en courant sur le tapis de course, j'ai eu du mal à repasser par ici !)
Bon, chapitre 7 (qui avait déjà été publié y'a un bail sur Fanfic mais que j'avais pas posté ici faute de temps !). Le 8 arrive dès que possible (dès que je m'y mets haha !)
Pour ceux qui continuent de lire mes fictions, un énorme MERCI malgré mon irrégularité ! <3 Enjoy




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