Fiction: Pour l'amour du rock.

Trois mois plus tôt, l'homme qu'elle aime disparaît soudainement, sans la moindre justification. Sakura, avide de réponses, ne peut se résoudre à tourner la page, jusqu'à ce qu'un événement vienne tout chambouler. Accompagnée d'Ino, sa colocataire et meilleure amie, elle se voit offrir un voyage tous frais payés sur la terre bénie des groupes de rock les plus en vogue : Los Angeles. Et si les réponses que Sakura cherchait se trouvaient par delà l'Atlantique ?
Classé: -12I | Drame / Romance | Mots: 37466 | Comments: 11 | Favs: 14
Version imprimable
Aller au
Beverlyy (Féminin), le 11/08/2013
Coucou les choux~ !

Je suis de retour avec mon nouveau projet spécialement pour les grandes vacances ! J'ai décidé de refaire une fiction longue et de suivre un rythme régulier d'un chapitre par semaine environ. Donc, à peu près tous les mercredis, il y aura un chapitre ! Et vous aurez de quoi faire croyez moi !

Voilà, comme tout début de fiction qui se respecte, je vous souhaite une trèèèès bonne lecture, en espérant qu'elle vous plaira autant que les précédentes si ce n'est plus !




Chapitre 6: Lost in a dream.



Lorsque j'ouvris les yeux, je m'attendis à voir au mieux le plafond marbré de la villa, au pire les dalles blanc cassé d'un hôpital lambda. Pourtant, un fond gris crasseux d'où l'on devinait le reflet des néons multicolores fut la première chose qui entra dans mon champ de vision dès que je revins à moi. J'avais l'impression de me réveiller d'un long sommeil, à moitié groggy par l'alcool et l'ambiance du Black Dance. Le temps de me redresser, Sasuke était apparu à côté de moi, me faisant sursauter au passage.

-Désolé, j'avais pas vu que t'étais réveillée. Ça va ?
-Ouais... Ouais impec', j'ai juste l'impression qu'un troupeau d'éléphants vient de me marcher dessus mais ça va.
-Au moins t'as pas perdu ton sens de l'humour.

Il me tendit un café sans rien ajouter de plus. Noir, amer, sans sucre, forcément. Je me fis violence en injectant le nectar caféiné qui me donna l'impression de m'ébouillanter l'estomac. Sasuke avait dû voir ma grimace peu élégante puisqu'il m'adressa un sourire moqueur avant de vider son propre gobelet.

Je reconnaissais petit à petit la loge des coulisses et ses quelques meubles spartiates. Mon reflet me parvint depuis la coiffeuse à l'autre bout de la pièce. J'étais vraiment dans un état lamentable. L'eye liner dont je n'abusais pas avait pourtant coulé au point de me former deux auréoles noires. J'avais la tronche d'un panda, mal coiffée en plus de cela, un lendemain de cuite, qui se rend compte qu'en plus d'être paumée, se retrouve face à l'une des stars montantes de la musique. Cendrillon du vingt-et-unième siècle avait vraiment un scénario pourri.

-Ta copine est partie avec son mec.

Il m'avait annoncé ça d'un ton égal, comme s'il venait de me citer le bulletin météo. Il s'attendait peut-être à ce que je pique une crise, il pouvait toujours attendre. Ino n'avait certainement pas eu le choix et j'avais sombré comme une junkie après la dose fatale. L'ambiance, l'alcool, l'émotion, tout avait eu raison de moi et je n'allais sûrement pas me préoccuper du couple présidentiel dans mon état. Je ne me préoccupais pas plus du chanteur torse-nu qui exhibait ses abdos discrets et sa peau hâlée si significative du Californien moyen et pourtant, en temps normal, j'aurais certainement plus qu'attardé mon regard aux endroits stratégiques.

J'avais chopé mon portable toujours dans ma poche. Outre les cinquante messages de divers destinataires, l'heure me frappa en pleine face. Huit heures du mat'. Mon coma avait donc duré six heures et bien évidemment, j'aurais pu être violée ou torturée dans un club aussi pourri que mal famé, il y avait autant de risques de me réveiller que de réveiller un mort. Bordel, voilà comment je commençais mon rêve, mon escapade, l'évasion d'une vie : mon ex au débarquement, des secrets en pagaille et une cuite improvisée couronnée d'un coma éthylique. Je pensais simplement mourir de bonheur en visitant L.A, en faisant la tournée des concerts et en suivant les Suna'rakiri à travers le pays. Manque de bol, je frôlais la mort par excès de bière bon marché.

Je m'étais levée, sentant à peine mes jambes une fois debout. Au moins, je tenais à peu près droit, ce dont je ne me serais pas cru capable. Il ne restait qu'à prier pour que je puisse conduire et c'était pas gagné. Sasuke avait sûrement deviné mon intention car il fit de même, ses gestes bien plus assurés que les miens. J'attrapai ma veste, mon sac et le suivis à travers le long couloir. La boîte était déserte et seul le ronflement sonore de Kiba endormi sur l'une des banquettes brisait le silence. Sasuke émit un petit rire en passant devant la Belle aux bois dormant et je ne pus m'empêcher de faire pareil.

Une fois dehors, la brise matinale me fit bien plus de bien que le jus de chaussettes que m'avait servi Sasuke. J'inspirais une grande goulée d'air frais, trop heureuse d'être enfin sortie de ce club. Je repérais l'entrée par laquelle nous étions arrivées Ino et moi hier soir et le parking où Beau-Gosse nous avait briefées sur le Black Dance. Notre voiture de location se trouvait alignée à côté d'un 4x4 flambant neuf aux gentes chromés et à la carrosserie étincelante. L'attirail parfait du frimeur moyen, pensai-je en cherchant frénétiquement les clés de la bagnole dans ce fourbi que je qualifiais de sac à main.

-Qu'est-ce que tu fais ?
-Ça se voit non ? Je cherche mes clés de voiture !
-Si tu crois que je vais te laisser prendre le volant.

J'avais stoppé mon geste, me tournant vers l'intéressé qui jonglait avec son trousseau. Quel prétentieux, j'étais sur le cul. Star du rock qui pense pouvoir emballer une nana avec une démonstration de force et de fric, quel pauvre cliché. Moi qui pensais qu'il était peut-être différent mais au final, tous les mêmes.

-N'espère même pas me raccompagner, Casanova.
-Tu sais, si ta bagnole est équipée d'un éthylotest, n'espère même pas démarrer ta caisse, Miss Monde.
-Très drôle.
-Oh mais je suis sérieux.

Levant les yeux au ciel, je repris ma fouille et extirpai les fameuses clés salvatrices. Sans un regard pour le chanteur, j'ouvris la voiture, mis le contact et entrepris de démarrer, sans succès. Moi qui ne voulais pas perdre la face devant la démonstration machiste d'Uchiwa, voilà que je confirmais le vieil adage du "Femme au volant, mort au tournant". Bon, il fallait que je réfléchisse. Batterie, okay. Essence, impec', réservoir plein. Alors qu'est-ce qui clochait dans cette foutue bagnole !?

Soudain, un voyant rouge s'alluma près du levier de vitesse. "Soufflez dans l'éthylotest pour faire démarrer le véhicule". Voilà ce que j'en traduisais tout du moins. Et merde, et doublement merde ! Avec mon haleine qui empestait encore la bière, j'aurais eu plus de chance de voir une pluie de météorites que de faire démarrer l'engin.

Honteuse, je me retrouvais calée sur le siège avant de la décapotable, l'air d'une idiote condamnée à rentrer à pieds. C'était sans compter le chevalier servant qui s'amusait de la situation.

-J'pense que tu n'as pas d'autre choix que de monter.
-On a toujours le choix, lançai-je depuis mon siège en contemplant le pare-brise.
-Comme tu voudras. Après tout ce n'est pas grand-chose une vingtaine de kilomètres à pieds.
-C'est ça ton argument ?
-Il est tout à fait valable.

C'était drôle, mais il ne m'impressionnait pas. J'aurais pu parler à Gaara en l'instant, c'était exactement la même chose. Peut-être l'alcool m'avait un peu trop désinhibée mais pour le coup, la grande vedette des Kuruchiwa n'avait rien de grandiose et si hier j'avais été aux anges de le rencontrer, aujourd'hui je ne voulais qu'une chose : qu'il me foute la paix.

Pourtant, il avait raison. Ce n'était pas en escarpins que j'allais crapahuter vingt bornes. Ca me tuait de l'admettre, mais je n'avais pas le choix. Conservant le peu de fierté qu'il me restait, je montais à bord en claquant la porte d'un coup sec et en évitant précautionneusement le regard du rockeur. Il dû se contenter de mon profil lorsqu'il démarra, élançant le bolide sur la longue allée bordée de palmiers.

Le soleil était déjà levé, parsemant la route d'un éclat féerique. Ce spectacle aurait pu me ravir si je n'avais pas été aussi mal dégrisée et blasée. Mes pensées n'allaient que vers Ino et son blaireau ou vers Kakashi. Je me demandais ce qui était le pire. Quitte à choisir, j'aurais plutôt préféré rester dans le coma.

-Hey.

Sasuke avait brisé le silence sans que je m'y attende. Je me tournai vers lui, le bon conducteur concentré sur sa route.

-Je ne connais pas ta copine et j'te connais pas assez non plus mais...
-Mais tu me tutoies, c'est déjà ça.

Je l'avais interrompu sans pitié. Je savais déjà ce qu'il allait me dire... Comme tous les autres.

-Bref. Son copain a l'air d'un enfoiré complet.
-Tu n'es pas le premier à t'en rendre compte.
-Qu'est-ce qu'elle fout avec sans indiscrétion ?
-C'est indiscret.
-Je le sais.

Sasuke n'était pas la personne rêvée à qui se confier mais j'avais l'impression que ce serait la seule personne avec qui j'arriverais à tenir une conversation en l'instant. Il semblait en tout cas prendre à cœur la situation d'Ino sans pour autant la connaître. Peut-être était-ce de la simple curiosité, mais peu importe, je me persuadais moi même qu'il s'agissait d'une délicate attention.

-Par où commencer...
-Par le début ?
-Très drôle.
-J'aime à me dire que je suis drôle, oui, dit-il en souriant.
-Quoi qu'il en soit, Ino a rencontré Saï dans un night-club.
-Charmant, comme quatre-vingt pourcent des couples.
-Mais Saï ne fait pas partie d'un pourcentage quelconque, il est mannequin.

Sasuke siffla et je pris ça pour une ironie toute trouvée. Au moins, on partageait le même point de vue.

-Je vois. Et ?
-Et il est pété de thunes. Ino est aveuglée par de la poudre aux yeux. Un mannequin qui a flashé sur elle alors même qu'elle venait de se faire larguer par un mec qui ne la trouvait pas assez belle pour lui, ça vous convainc sans même besoin de discours.
-En gros, le mec est beau, riche et célèbre et ça suffit ?
-Pourquoi ? Tu trouves ça si irréaliste ? Tu es dans le même cas non ?

Il ne répondit pas et son sourire avait totalement disparu. J'avais l'impression d'avoir touché le point sensible. La conversation s'était arrêtée là jusqu'à l'arrivée devant la villa. Je n'avais ouvert la bouche que pour guider mon chauffeur improvisé et lorsque la voiture s'arrêta, il ne fut pas plus bavard.

-Merci.
-Mh.

Je n'avais pas envie d'insister. Si c'était pour flatter son égo ou le rassurer, je n'étais pas la mieux placée pour ça. De toute manière, je n'avais fait que dire la vérité. Certes Saï était d'un autre niveau, mais il fallait admettre que cette prétendue célébrité montait vite à la tête. Il suffisait de voir Kiba pour comprendre que vous pouvez être le plus adorable du monde, si la gloire entre en jeu, le reste devient secondaire. C'était triste, con, mais c'était ainsi.

Sasuke m'adressa un signe de la main avant de redémarrer le moteur. Le 4x4 dévala l'allée et disparut au premier virage. Je me retrouvais seule devant un palais beaucoup trop grand pour moi et où le rôle de princesse était déjà attribué à une autre.

_

La porte claqua, ce fut le seul bruit qui brisa la quiétude de la villa. Ambiance de folie, pensai-je avant de balancer mon sac sur le porte manteau. J'avais envie d'une bonne douche, d'un Red Bull Cramberry pour faire passer l'amertume du café et un bon repos réparateur. Pourtant, je ne m'étais pas fait d'illusions, cela n'allait pas être aussi simple. Même si l'absolue nécessité de me décrasser se faisait ressentir, je ne pouvais pas ignorer que ma meilleure amie était sûrement en haut, dans l'une des chambres, le moral à plat.

Trop d'escaliers, trop de portes, trop de pièces superflues, trop de marbre, trop de clinquant, trop de bling bling... Cette villa était la parfaite représentation de l'abondance et de ses méfaits. Certes impressionnante, je trouvais la baraque oppressante. Se sentir comme une fourmi enfermée dans une boîte d'allumettes, aussi luxueuse soit-elle, reste le sentiment d'être en cage, rien de plus. Et c'est après dix minutes à jouer les exploratrices du même niveau intellectuel que Dora que je trouvai enfin ce qui semblait être plus un musée miniature qu'une chambre.

Tentures, tableaux et j'en passe. Ici plus qu'ailleurs, la décoration ne manquait pas. "J'ai du fric, regardez !", tout à fait le style de Saï. Pourtant, au milieu de ce faste, d'un lit aux draps de soie blanche, la princesse n'avait pas l'air heureuse, loin s'en faut. Mon amie dormait, un sommeil que je devinais plus salvateur qu'autre chose, les joues et l'oreiller encore humides.

Il était temps d'avoir une petite discussion avec le maître des lieux. J'avais refermé la porte, ne supportant même pas l'idée d'imaginer ma meilleure amie en larmes, à implorer le pardon divin de son connard de bellâtre. Je n'eus pas besoin de le chercher bien longtemps, il semblait n'avoir pas bougé depuis hier, au moment où il s'en allait pour sa séance photo. Dans le même fauteuil de cuir blanc, un verre encore à la main, Monsieur se prélassait comme un coq en patte, fier de pouvoir me regarder de haut en étant pourtant plus bas que moi.

-Tiens, tu as retrouvé le chemin de la villa ? Dans ton état, c'est admirable.
- Épargne-moi tes commentaires Saï. J'ai à te parler.
-Tiens donc, il se trouve que moi aussi. Mais tu es ici chez moi et j'apprécierai que tu sois un poil plus cordiale.
-Je ne vois pas en quel honneur votre Majesté.

Je m'étais assise sur le canapé, histoire de pouvoir le regarder droit dans les yeux. Ses pupilles sombres semblaient me juger constamment. Mes cheveux décoiffés sans doute, mon maquillage à moitié effacé sur mes joues, ma boucle d'oreille manquante... Chaque petit détail que lui, ne laissait jamais au hasard. Un mannequin en puissance : riche, con et superficiel.

-Alors, qu'as-tu à me dire de si important Sakura ?
-Je pense que tu le sais déjà.
-Haha, mais c'est bien sûr. Tu veux sûrement venir vanter la bonne influence que tes connards d'amis ont sur Ino ?
-Ce ne sont pas des connards, ni même mes amis. Ce sont des artistes.
-Ce sont des branleurs, des petits merdeux bruyants, alcooliques et stupides.
-Parce-que tu crois que tu es mieux qu'eux ? Parce-que tu crois que ton fric t'autorise à te sentir supérieur à eux ?
-Il y contribue, oui.

Pauvre con, avais-je envie de ponctuer. Il n'avait pas perdu son sang-froid, pas pour le moment, mais je sentais que la corde était prête à se rompre.

-Je me fous de toi Sakura, sache-le.

Il remua les glaçons de son verre, les faisant tinter délibérément. Je souriais. C'était tout à fait ce que je voulais entendre.

-De même mon cher Saï. En fait, pour être franche avec toi, je ne peux pas te blairer.
-Au moins, nous avons ça en commun.
-En réalité, on a autre chose en commun.
-Ah, et c'est là où se trouve le problème.

Il avait fini son verre d'une traite et se contenta d'une mine satisfaite. Pauvre tâche, continuai-je. Les insultes fusaient dans ma tête et je m'obligeais à les taire, me mordant même la langue au passage.

-Ino, bien entendu.
-Ma meilleure amie, oui.
-Ma petite amie, chère Sakura.

Qu'est-ce qu'une petite amie comparée à une amie d'enfance, une confidente, une personne qui a partagé votre quotidien durant de longues années ? Sous prétexte qu'il avait réussi à avoir son cœur et sa petite culotte, il avait les pleins pouvoirs. J'eus envie de lui cracher mon venin à la tronche, mais il fallait que je me retienne, il fallait que je la joue plus fine.

-Tu sais Saï, un petit ami c'est éphémère.
-Je le sais éperdument. Par contre, je sais également qu'une amie, aussi proche soit-elle, reste une femme. Il suffit d'une petite erreur de ta part Sakura, que je lui dise que tu me dragues ou que tu veux ruiner notre couple, et là, Ino fera volte-face.
-Tu penses réellement qu'elle va te croire !? Répondis-je estomaquée.
-Et pourquoi pas ? Sache une chose Sakura, une relation ne devient officielle qu'avec des actes et j'ai de quoi mettre la barre un cran au-dessus.

Il se leva et se dirigea vers le buffet, d'une démarche lente et assurée. La démarche des mannequins, ou plutôt de celle du mec qui pète plus haut que son cul. Il prit un petit coffret de velours, j'eus un haut le cœur. Le goût de la bière digérée me revint en pleine gorge tandis qu'il s'assit devant moi et posa l'écrin, ouvert, sur la table basse. Dix-huit carats, à vue de nez, ou une connerie du genre. Une brique, ou bien plus.

-Tu n'es pas sérieux... Arrivai-je à peine à articuler.
-Et pourquoi pas ? Les diamants sont éternels.
-Tu crois que c'est en lui offrant une pierre qui coûte un bras que tu pourras la garder près de toi ? Tu la crois réellement aussi superficielle !?
-Je vais t'apprendre une chose Sakura : la femme est un animal qu'on ne garde qu'avec le fric. En lui offrant ce qu'elle ne pourra jamais s'offrir, on a la condamne à vouloir se voir offrir toujours plus. Je peux lui apporter ce plus, toi, tu en es incapable et à vrai dire, ce n'est pas ton job.

Il referma l'écrin d'un coup sec.

-Tout se monnaye, Ino n'est pas différente. Le seul ennui, c'est son adoration pour toi... Et ces "rockeurs".
-C'est ce qui la différencie de toi. Ino a des valeurs et n'est pas un objet que tu peux acheter et échanger à ta guise.
-Haha. Tu sais Sakura, au fond, tu me fais rire. Je vais quand même te rappeler que tu es chez moi et que tu en profites uniquement parce-qu'Ino le souhaite.
-Et ? Tu profites d'elle au même titre. Tout ce que tu veux, c'est qu'elle devienne ton petit jouet attitré. Ça te fait mal de penser un seul instant qu'elle pourrait craquer pour un autre que toi, un mec qui n'est pas aussi friqué, qui n'est que musicien.

Je reprenais la main. En voyant le visage de Saï se tordre en une grimace, je compris que j'avais tapé dans le mille. Il pouvait bien acheter toutes les bijouteries du monde, il savait pertinemment qu'Ino restait un électron libre, passionnée par un univers qui lui échappait. Je voyais mal cette caricature de minet en costard s'essayer à la guitare électrique et rien que l'idée aurait constitué une bonne comédie. Quoi qu'il en soit, il était conscient de sa faiblesse et je m'en réjouissais.

-N'imagine pas une seule seconde me mettre des bâtons dans les roues, Sakura.
-Je n'en ai pas l'intention, je te laisse te planter tout seul, comme un grand.
-Restez hors de ma vue, toi et tes saloperies de rockeurs.
-Je vais tâcher de m'en souvenir. De toute manière, j'aurais peur qu'ils te fassent une nouvelle intervention de chirurgie esthétique peu conventionnelle.

Saï fit disparaître le coffret dans sa poche et quitta la pièce après m'avoir fusillé du regard. C'était clair, la guerre était déclarée. Mais après tout, cela ne me faisait ni chaud ni froid. On savait depuis le début qu'on ne pouvait pas se blairer et cette altercation n'avait fait que confirmer, voire amplifier ça.

A bout de nerfs, je m'affaissais dans le canapé. Finalement, je commençais à regretter mon quotidien, Paris et son lot de galères insignifiantes. Tout allait trop vite, tout semblait revenir à la charge. Effet boomerang. Kakashi, Gaara, Sasuke, Saï... Tout un lot de mecs pour me faire une vie d'enfer. Les Etats-Unis, je n'en voyais qu'une partie : celle des emmerdes. J'étais loin de la teenager qui se fait dorer la pilule à l'ombre d'un palmier en sirotant un granité. Non, pour le coup, j'étais la groupie de base qui comprend que l'univers du fric a ses règles et ses enjeux. Puisque je n'étais pas l'enjeu, je devais me soumettre aux règles. Celui qui ne peut pas surenchérir a perdu. Est-ce que c'était ça ? Est-ce que j'étais condamnée à être une perdante sous prétexte que j'étais plus de la trempe de ceux qui sont à découvert à la fin du mois ? Perdre l'homme de ma vie, perdre mon confident, perdre ma meilleure amie...

J'étais prête à sacrifier tous les rêves du monde pour que cela n'arrive pas.

_

Je m'étais endormie dans le salon, visiblement pendant un bon moment. Lorsqu'Ino me réveilla en m'apportant un plateau garni, l'après-midi était déjà bien entamée. Elle ne semblait pas avoir envie d'aborder le sujet de la soirée d'hier, et à vrai dire, moi non plus. Je n'avais pas plus envie de lui raconter le règlement de comptes avec Saï, bien consciente de devoir ruiner la surprise de la demande de fiançailles. Je riais intérieurement de voir la scène capoter mais je m'interdisais d'y foutre mon nez. Après tout, ce connard était libre de proposer et Ino de disposer. Et même si l'idée de voir ma meilleure amie s'engager dans une relation CDI avec un abruti de la pire espèce ne m'emballait pas, je ne pouvais pas vraiment l'en empêcher.

Chassant cette idée de ma tête, j'entamais un morceau de gâteau au chocolat lorsque mon amie lâcha son verre et se tourna vers moi.

-J'avais complètement oublié ! Ton portable a sonné toute la matinée et j'ai été forcée de décrocher !
-C'est pour ça que tu as failli me renverser ton coca dessus ? Relax, c'est pas la première fois que tu joues les standardistes !
-Non mais... C'était Gaara.

J'avais avalé de travers. Ino me tapota le dos jusqu'à ce que je puisse reprendre mon souffle.

-Gaara !? Qu'est-ce qu'il... voulait ?
-Et bien... La date du premier concert des Suna'rakiri en duo avec les Kunaika est fixée. Il aura lieu au club Psychotik...
-Oh, c'est cool et quand est-ce que...
-Ce soir.

J'ouvris deux soucoupes en guise d'yeux. Ino me rendit un sourire confus.

-Oui, il m'a prévenu tout à l'heure. En fait, il ne devrait pas tar...

Une sonnerie retentit dans toute la villa, coupant Ino en pleine phrase. Cette dernière se dépêcha d'accueillir les nouveaux arrivants et me laissa là, plantée comme un piquet. J'avais la boule au ventre, encore moite de sueur de la veille et de nouveau à transpirer à grosses gouttes. Pourquoi est-ce que je m'en faisais autant ? Certes j'avais grillé la conversation entre Gaara et Kakashi, certes il avouait qu'il m'aimait mais... Non, je ne devais pas penser à ça. Si je voulais que tout se passe pour le mieux entre nous, il fallait que je chasse chaque petit souvenir de ce que j'avais pu entendre au studio.

Pourtant, lorsque Gaara débarqua dans la pièce en compagnie de son frère, les perles de sueur me glacèrent le dos.

-Ffffeeew ! Jolie crèche ! Il fait quoi ton mec déjà Ino ? Modèle lingerie ? J'devrais m'y mettre, ça paye bien d'après c'que j'vois !
-Kankuro...
-Hey Saky-ki ! Bah alors, c'est quoi cette tête de poisson pané ? Gimme five !

Le bout en train s'approcha, trop heureux de se laisser choir dans un fauteuil à une brique. J'essayais de me concentrer sur lui, évitant précautionneusement le regard de Gaara. Inévitablement, il vint prendre place à côté de moi et je le sentais me dévisager, comme s'il m'interrogeait sans même besoin de mots. Je n'avais de toute façon pas la force de lui parler.

-Bah alors ma vieille, t'as l'air crevée ! T'as fait trop de folies de ton corps hier soir ? M'enfin j'te comprends, moi j'serre de la nana à la pelle ici ! Kankuro les fait toutes craquer, elles en redemandent !
-Kankuro, arrête tes conneries.
-Gaara relax, t'es tendu comme un string, normal que Saky prenne la mouche !
-Non, je vais bien, j'vous assure, dis-je en tentant d'être convaincante. Alors, c'est pour ce soir la grande première ?
-Eh ouais Baby ! On fait nos débuts sur la scène internationale, ça va être du saaaaaaale !
-Je sens que ça va être passionnant, enchaîna Ino en se retenant de rire devant l'excitation extrême d'un Kankuro en forme.
-Absolument poulette ! Et vous pouvez pas nous lâcher ! Même si ton mec t'empêche de sortir Cendrillon, on t'emmène au bal ! Quant à Saky, t'as aucune excuse, t'as pas de garde du corps !

Ne pas se tourner vers Gaara, ne pas le regarder... Mon crâne semblait surchauffer à mesure que ces quelques phrases résonnaient en mon esprit. Les plaisanteries de Kankuro ne donnaient pas matière à esquiver les sujets qui fâchent ou peuvent fâcher. En l'occurrence, il foutait les pieds dans le plat dès le début. C'était son style, mais ce n'était pas pour arranger ma situation. Pourtant, il avait raison, je n'avais pas le droit d'abandonner le groupe, quand bien même j'aurais préféré courir un marathon plutôt que de devoir paraître souriante au point de m'en donner une crampe aux zygomatiques. Il allait falloir encore simuler la fille heureuse et épanouie, mais j'avais l'habitude. Trois longs mois d'entraînement que Kakashi m'avait offert me suffisaient à remporter le prix de la meilleure actrice faux-cul du box-office.

-Mais je suis de la partie Kanky.
-CA c'est ce que j'aime entendre ! Alors allez vous faire belle les filles, j'veux deux jolies poulettes, une à chaque bras !
-Kankuro...
-Non Gaara, n'insiste pas, elles sont toutes pour moi !

Kankuro riait de bon cœur et m'offrait même la meilleure excuse pour m'éclipser. Je ne me fis pas prier et laissais le trio pour monter les escaliers quatre à quatre. A mon grand soulagement, Ino ne me suivit pas et je pus m'enfermer dans ma chambre, prendre un change et me foutre sous le jet brûlant de la douche. Pourtant, je n'aurais su dire si mes larmes étaient plus brûlantes encore.

J'avais relâché la pression et, en une demi-heure, j'étais prête. Remaquillée, rhabillée, pimpante et mon faux sourire en place. Ino m'attendait à la sortie de ma chambre, visiblement dans le même état que moi. Une fois les sourires tombés, le fou-rire nous prit, nerveux, le genre de rire qui vous donnerait presque envie de pleurer.

-Tu crois qu'on fait une connerie avec ce séjour ?
-Je crois surtout que ce séjour est une belle connerie.
-Sakura, je ne sais plus où j'en suis.
-Moi non plus Ino.
-Alors on est paumées toutes les deux.
-On dirait.

Ino me prit la main et la serra le plus fort possible.

-Dans ce cas, on a plus qu'à suivre notre propre chemin.

J'avais souri, sans rien ajouter de plus. Lorsque le corridor apparut, je me rendis compte avec soulagement que je pouvais à nouveau regarder Gaara dans les yeux. Je n'avais jamais remarqué à quel point ils étaient profonds... A s'y noyer.

_

Ce soir-là, le concert me passa au-dessus de la tête. Ce fut comme regarder un film sur-joué. Vous avez conscience de voir les images défiler, sans pour autant les imprimer dans votre mémoire. Ino et moi avions revu une pâle copie du Black Dance, hormis l'absence de minettes de seize ans. Le Psychotik avait une scène pourrie, des néons d'un flashy aussi dégueulasse à vous en taper une migraine et son lot de clients à l'affût d'une minijupe. Pourtant, je n'avais rien remarqué. Lorsque les Suna'rakiri prirent la scène d'assaut en compagnie des Kunaika, que Gaara hurlait les paroles de leur collaboration, je n'avais plus d'yeux que pour lui.

"Baby Baby, can't you see ? You're just perfect, perfect for me"

J'imaginai. Kakashi me disant ça. Trop peu crédible, illusoire. Son visage changeait, les traits de Gaara apparurent. Les verres défilaient à nouveau et dans ma tête, les scénarios les plus fous se réalisaient à nouveau. Ino s'embarquait à nouveau sur le même chemin, trop heureuse de s'abandonner à l'ambiance du rock dont Saï voulait la priver.

"Please take my hand, touch my lips, kiss me again, give me just one chance"

Les larmes coulèrent à nouveau, pourtant je ne sentais plus les sillons creuser mes joues. C'était ainsi, peut-être que j'allais enfin avancer. Je ne savais plus où j'allais, mais j'allais suivre mon propre chemin comme me l'avait dit si justement Ino.

Lorsque la musique prit fin, que Gaara descendit de scène en compagnie de Genma, le mouvement de la foule m'emporta jusqu'à l'entrée des coulisses. Je réussis à me faufiler, trop impatiente de comprendre enfin ce que Kakashi avait voulu dire.

"Si tu es toujours amoureux d'elle, tu n'as qu'à le lui dire, je suis sure qu'elle serait ravie de se consoler auprès de toi Gaara"

C'était comme lui donner raison. Pourtant, ma raison n'écoutait plus, seul mon cœur parlait. Et, lorsque j'eus enfin trouvé la loge des Suna'rakiri, que seul Gaara s'y trouvait, mon corps entier ne m'appartenait déjà plus. Il avait suffi d'un seul regard, un seul nouveau contact pour que l'histoire s'enchaîne d'elle-même.

-Gaara...

Il m'avait fait prisonnier de ses bras. Il avait compris, il avait forcément dû le comprendre. J'avais capturé ses lèvres sans lui laisser le temps d'un dernier souffle. La porte se claqua derrière nous, comme pour garder secret l'échange passionné de deux amants qui ne faisaient que suivre la logique des choses.

Tels deux pantins, on ne faisait qu'exécuter le scénario. Scénario beaucoup trop prévisible.



Voilà pour le chapitre 6 ^^ J'espère qu'il vous aura plu. Merci pour votre lecture~



Chapitres: 1 2 3 4 5 [ 6 ] 7 8 Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: