Fiction: Pour l'amour du rock.

Trois mois plus tôt, l'homme qu'elle aime disparaît soudainement, sans la moindre justification. Sakura, avide de réponses, ne peut se résoudre à tourner la page, jusqu'à ce qu'un événement vienne tout chambouler. Accompagnée d'Ino, sa colocataire et meilleure amie, elle se voit offrir un voyage tous frais payés sur la terre bénie des groupes de rock les plus en vogue : Los Angeles. Et si les réponses que Sakura cherchait se trouvaient par delà l'Atlantique ?
Classé: -12I | Drame / Romance | Mots: 37466 | Comments: 11 | Favs: 14
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Beverlyy (Féminin), le 01/08/2013
Coucou les choux~ !

Je suis de retour avec mon nouveau projet spécialement pour les grandes vacances ! J'ai décidé de refaire une fiction longue et de suivre un rythme régulier d'un chapitre par semaine environ. Donc, à peu près tous les mercredis, il y aura un chapitre ! Et vous aurez de quoi faire croyez moi !

Voilà, comme tout début de fiction qui se respecte, je vous souhaite une trèèèès bonne lecture, en espérant qu'elle vous plaira autant que les précédentes si ce n'est plus !




Chapitre 5: Eyes full of stars



Le Black Dance, c'était un mélange de tout ce qui n'allait pas dans un club. La fréquentation était à 90% féminine, des groupies surtout, les cocktails avaient des noms aussi subtils que "Cri de plaisir" ou "Orgasme fruité" et le barman attendait que les minettes accoudées au comptoir soient suffisamment ivres pour passer à l'action. En somme, le genre d'endroit glauque qui ne me donne pas envie de tortiller du croupion sur la piste de danse et, visiblement, Ino était de mon avis. Elle jeta un coup d'œil à la scène déjà inaugurée par un public de nanas en chaleur et m'adressa un sourire appuyé.

-T'as envie de te la jouer fan de Justin Bieber ?

-Ino pitié...

-Je n'ai rien dit. On va au bar ?

-J'crois que c'est ce qu'on a de mieux à faire.

J'avais suivi mon amie jusqu'au comptoir où le barman nous accueillit avec un sourire mi-carnassier, son bon mètre quatre-vingt-dix et sa peau grisonnante sous les lumières colorées et flashy des projecteurs. Je levai les yeux au ciel, voyant déjà qu'il reluquait nos poumons à la recherche de quoi fantasmer pour la soirée lorsqu'Ino sortit le grand jeu, comme à son habitude.

-Salut beau-gosse ! Deux... "Mouss'coconut".

-Hey, mais t'es rudement mignonne toi. Tu préfèrerais pas un beau barman à la place du verre ? Et gratuit en plus.

-Ah, parce-que tu connais un beau barman dans le coin ?

J'avais étouffé un rire devant l'excellente répartie de ma meilleure amie. Le barman visiblement vexé alla chercher de quoi faire nos cocktails en jetant un regard sombre à celle qui avait osé l'offenser. Il avait pourtant gardé un grand sourire et refusa le billet qu'Ino lui tendit une fois nos boissons sur le comptoir. En revanche, il exigea ardemment son numéro et la blonde craqua au bout de deux longues minutes de supplications. En nous éloignant du bar, je remarquai qu'il ne se gênait pas pour mater la marchandise de derrière.

-Tu lui as vraiment donné ton numéro ?

-Saku ! Tu me prends pour qui ?

-Pour une blonde évidemment.

-HEY ! Pffew, la blonde est bien plus futée que ça ! S’il essaye de me joindre, c'est raté. En revanche, il tombera sur une gentille japonaise qui lui fournira tous les renseignements qu'il voudra sur les sushis, makis et sashimis.

-T'es grave !

-Je sais.

Elle me fit un clin d'œil et sirota tranquillement dans sa noix de coco. Personne n'aurait pu deviner que quelques heures auparavant, Ino venait de se prendre la tête avec son bellâtre. Elle semblait au taquet, bien décidée à profiter de la soirée, quitte à jouer les groupies sans cervelle. Pour moi, l'optique était totalement différente. J'avais voulu sortir uniquement pour échapper à l'immense cage dorée offerte par Monsieur le mannequin et noyer chaque pensée pour Kakashi au fond de chaque verre que j'entreprendrai de boire. Pourtant, plus mon cocktail se vidait, plus je devinai qu'il serait difficile d'oublier cette après-midi, quand bien même je mettais le bar à sec.

"Sakura est assez grande pour avoir compris qu'entre nous il n'y a plus rien."

Bien sûr que je l'avais compris. Cette espèce de crétin ne m'en avait pas laissé le choix. Après sa disparition et trois mois sans nouvelles, ainsi que Gaara et ses airs de faux jeton, j'avais bien compris que tout était terminé. Pourtant, était-ce ma faute de l'avoir aimé au point d'avoir senti mon cœur crever lorsqu'il est parti ? D'avoir cherché désespérément la moindre piste pour comprendre le pourquoi du comment ? D'être au bord de la crise de nerfs en l'ayant retrouvé à des milliers de kilomètres ? Si c'était le cas, alors je n'hésitais pas une seule seconde à plaider coupable. Mais merde quoi, pourquoi faut-il se prendre une rafale de gifles pour découvrir que l'homme en qui vous avez totale confiance est un enfoiré de la pire espèce ?

Sur ces considérations féminines, je vidais mon verre et chargeais Ino d'user de ses charmes pour m'en chercher un autre. Quitte à se torcher, autant le faire à moitié prix et ce n'était pas avec mon humeur de quasi-dépressive que j'aurais intéressé le serveur. Force était de constater qu'hormis Kakashi, aucun homme ne trouvait grâce à mes yeux. J'avais souvent vu des mecs pas mal, pas dans le genre du thon qui jouait les barmans mais plutôt stripteaseurs ou même beaux livreurs, pompiers et autres bibliothécaires. Chacun leur style, mais incomparable à celui de Kakashi. Il était unique, inégalable. A mes yeux, il avait tout pour lui. Il n'avait pas eu besoin de grand-chose pour me mettre à ses pieds et à vrai dire, je n'étais pas la seule. Mais il m'avait choisie moi. Pas une de ces minettes qui suivaient son cours, moi, Sakura, la fille chelou qui passe pour une illuminée au look emo, la nana qui n'a eu qu'un mec dans sa vie et encore, il fallait voir la tronche du mec en question. Kakashi n'avait même pas cherché à s'interroger. J'étais son élève, loin d'être un canon, plutôt zarb qu'autre chose, mais il m'avait prise comme j'étais, sans hésiter. Moi, toute entière.

Ino m'interrompit dans mes pensées en m'amenant un nouveau verre bordé de sucre glace. Pour faire bonne mesure, elle me tapa dans le dos comme son meilleur pote de régiment.

-Hey, t'as pas intérêt à déprimer, j't'ai à l'œil !

-Désolée Ino, j'suis pas dans l'ambiance.

-Bon, on est loin d'un bon festival style Rock en Seine, mais tout de même, on est là pour s'éclater ! Tu sais quand même qu'on est à L.A hein ?

-Mouais. Les groupies de douze ans en string léopard y en a aussi chez nous.

-Mais il n'y a pas ça !

Elle pointa la scène du doigt. Les projecteurs venaient de s'allumer, diffusant une lumière d'un rouge criard. Des étoiles vinrent tapisser le décor et des fumigènes furent propulsés, embaumant toute la pièce d'une odeur de poudre. Les filles hurlaient à vous en briser les tympans et les quelques rares mecs avaient tous pris d'assaut le bar pour s'envoyer quelques bières. J'avais reconnu le mec du parking qui leva son verre en ma direction pour me signifier qu'il m'avait repérée. Même s'il était mignon, j'étais loin d'être disposée à sympathiser et me concentrai sur le spectacle.

Un batteur, un bassiste et deux guitaristes prirent la scène d'assaut, lançant une instru rythmée et puissante qui couvrit les hurlements hystériques des gamines en chaleur. Loin derrière la horde de fans, je ne voyais pas grand-chose des musiciens. Je devinai surtout ici et là la forme de leurs instruments ou leurs coupes de cheveux mais sans plus. A vrai dire, je m'en désintéressais. Ce qui était vraiment intéressant était plutôt...

-AAAAAAAH ! REGARDE SAKU ! ILS SONT LA !

Ino m'avait secouée comme un cocotier, me faisant renverser la moitié de mon cocktail au passage. Les deux chanteurs venaient de débarquer sur scène, déclenchant la folie générale. Baignés de lumière, je pus distinguer facilement leurs visages. Le premier chanteur aux cheveux en épi était assez connu dans le milieu du rock. Une star en devenir comme on en fait plus : le genre beau-gosse, plein de charisme, qui mène d'une main de maître son groupe en composant des succès aux titres aussi ravageurs que "Ninja's soul" ou "Dark Shuriken". Sasuke Uchiwa était une sorte de tiercé gagnant sur lequel on ne pariait que la réussite, à l'instar du second chanteur.

Deux tatouages rouges, un look destroy et un tempérament enflammé, Kiba Inuzuka n'avait pas son pareil. Son groupe Akamarush commençait tout juste à être connu, mais les critiques étaient déjà positives de la part de tous les magazines de tendances musicales. Et j'imaginai aisément qu'un duo avec les Kuruchiwa ne ferait qu'accentuer leur notoriété. En tous cas, il semblait déjà avoir son lot de groupies.

Lorsque la chanson prit fin et que la vague de nanas essaya de prendre la scène d'assaut, Ino trouva un coin près du bar où nous accouder et finir notre verre. J'observai le spectacle des minettes dégrafant leurs soutien-gorge d'un air consterné.

-Je trouve que ce duo tourne vraiment bien ! Pas toi Saku ?

-Si. Dommage qu'on puisse pas en dire autant du public.

-C'est vrai qu'on se croirait à un bœuf des One-Direction.

-Mais il n'y a pas que des filles ici, Mademoiselle.

Une voix familière s'était élevée derrière nous et Ino faillit lâcher sa noix de coco par-dessus le comptoir. Genma était là, tout sourire, un jean clouté et un tee-shirt des Akamarush sur le dos. J'avais bien senti qu'il ne laissait pas Ino indifférente et la réciproque était sûrement vraie étant donné le regard pétillant de ce dernier. J'avais presque envie de les laisser entre eux, comme un petit couple. A vrai dire, j'avais carrément envie d'être seule ce soir mais je me voyais mal crapahuter au dehors, dans une ville qui m'était pour le moment encore inconnue.

Genma fit signe au serveur de nous mettre une tournée. Mon verre encore à moitié plein, je déclinai son offre, mais il protesta vivement, encouragé par ma meilleure amie qui avait visiblement envie de s'enivrer de la soirée. Sai devait l'avoir bien secouée, je l'avais deviné, mais de là à ce qu'elle se torche, c'est qu'il avait fait fort. Au final, peut-être que même moi j'ignorais la situation d'Ino. Je savais que Sai était un enculé, le tout était encore de savoir jusqu'à quel point et ça, mystère. Sous ses allures de prince plein aux as, la réalité cachait sûrement un mauvais conte de fées moins romancé.

-Je ne m'attendais pas à vous trouver ici les filles.

-On a décidé de sortir un peu, il faut bien profiter. Hein Saku ?

-Ah... Ouais.

Le duo m'avait sorti de mes pensées et je prenais une gorgée histoire de m'intégrer à nouveau à la soirée.

-En tout cas, j'ai bien aimé le show.

-C'était cool ouais ! Je trouve que Kiba est vachement bien sur scène et pourtant, son groupe n'est pas encore très connu.

-Ah, quelque chose me dit que ce compliment lui ferait très plaisir.

Genma avait lâché un petit rire plein de sous-entendus avant de se rabattre sur son cocktail.

-Qu'est-ce que tu veux dire ? Tu... Connais le chanteur des Akamarush ?!

-Haha. Je ne sais pas si connaître est le mot exact.

Ino avait posé son verre, dévisageant le chanteur.

-Après tout, c'est mon petit frère.

C'était à mon tour d'halluciner. Il faut dire, les artistes se connaissent entre eux... Mais de là à être un domaine familial. Oh certes, on connaissait le duo de frères qui bousculaient les charts. Itachi Uchiwa, chanteur des Sharkringan et son frère Sasuke, des Kuruchiwa. Le petit frère était en passe de devenir aussi populaire que son aîné et on criait déjà à l'appui de ce dernier. Après tout, la réputation d'Itachi aidait le groupe de Sasuke à prendre du poids, c'était évident. Pourtant, ils se démarquaient et ça se sentait. Il n'y avait pas une once de copie ou d'imitation dans ce qu'ils faisaient l'un et l'autre et n'importe quel fan pouvait en témoigner. Du coup, on se moquait pas mal de savoir les histoires de familles. Seuls les journaux à scandales s'y intéressaient.

-Ton petit frère !?

Ino était sur le cul. Faut dire, je l'étais aussi pour le coup. Genma continuait de sourire comme s'il venait de trouver de quoi définitivement attirer l'attention de mon amie.

-Ne soyez pas aussi surprises. Oh, certes nos groupes respectifs ne sont pas vraiment connus mais j'avoue que mon petit frère a une longueur d'avance sur moi.

-Mais... Alors tu es venu pour le voir jouer ?

-Oui. En fait, je devais surtout le raccompagner. Cet idiot n'a pas encore son permis. A Los Angeles en plus. Ici, vaut mieux avoir une voiture pour éviter les kilomètres à pied.

-Du coup tu es de corvée de chauffeur ?

-On peut dire ça. Ça vous plairait de le rencontrer ?

C'était une phrase qu'il ne fallait pas me dire deux fois. J'étais ici pour réaliser un rêve de gamine, pour voir tous les groupes de rock qui touchaient mon cœur avec chacun de leurs titres, alors les rencontrer en personne, c'était la concrétisation ultime ! Ino n'hésita même pas une seconde avant de poser son verre et d'adresser un grand sourire à Genma, visiblement heureux de son effet.

-Ce serait génial !

-Alors suivez-moi, on file en coulisses.

Le film californien reprenait. Après les allées immenses bordées de palmiers, le vent dans mes cheveux et la décapotable typiquement américaine, voilà que je me retrouvai escortée par Genma, passant devant le vigile à l'aide du fameux pass officiel cliché et faisant une virée à travers les longs couloirs des coulisses. J'avais le cœur qui battait à cent à l'heure et l'impression d'avoir les pieds montés sur ressorts. Alors que l'envie de sautiller me prenait, Genma s'arrêta devant une porte blindée agrémentée d'une pancarte "Privé". Attention, l'antre des secrets interdits au public.

Il ne prit même pas la peine de frapper et entra comme on entre dans une boulangerie. A l'intérieur, rien de bien fameux. Deux coiffeuses, des tentures, une grande armoire et les instruments auparavant sur scène. Il fallait y ajouter les cendriers débordant de mégots et les bouteilles de bière si chères au cœur des punks. Je m'attendais à y voir tous les membres réunis, bavardant joyeusement, mais il n'y avait que deux personnes dans la pièce. Deux personnes que l'on venait de voir se déchaîner sur scène.

-Hey p'tit frère. J'ai amené deux amies, ça t'dérange pas ? Elles sont fans de vous.

-Tiens, tu t'es enfin trouvé une copine ? On disait justement avec Sasuke qu'il était temps ! On t'imaginait finir par rejoindre la communauté homo.

Kiba Inuzuka s'était levé et avait ri de bon cœur devant l'air embarrassé de son grand frère. Il n'y avait pas à dire, des deux, on savait qui avait le charisme et qui avait le flegme. En tous cas, j'étais complètement paniquée, ma poitrine menaçant d'exploser. C'était comme voir l'un de mes rêves se réaliser, c'était surréaliste et je priai intérieurement pour ne pas me réveiller. J'imaginai déjà le décor disparaître pour laisser place au plafond de ma chambre et me laisser un goût amer de désillusion. Pourtant, Kiba s'était approché, tout sourire, devant une Ino tétanisée. De près, on pouvait distinguer tout l'éclat de ses joues tatouées, la moindre de ses mèches rebelles et le plus petit de ses innombrables piercings. J'analysais le tableau qui m'était donné de manière scrupuleuse, comme pour marquer le plus petit détail en mon esprit.

-En tout cas, tes amies sont très mignonnes.

-Commence pas à draguer Kiba.

-Oh oh, tout doux ! Je ne vais pas te les piquer, "grand frère".

Genma piqua un fard et fit presque de la concurrence à Ino. Malgré mon état d'excitation, je sentais une aura agréable émaner des deux musiciens. Il n'y avait pas une once de prétention ou de frime, rien de tel. On sentait qu'ils avaient su rester simples, entre amitié fraternelle et beuveries collectives. On était très loin des strass et des paillettes, plus près d'un festival de rock moyen où tout le monde est ami sans même se connaître.

Kiba nous invita à prendre une bière et céda même sa chaise à Ino pour prouver sa galanterie. Sasuke siffla ironiquement et lui proposa son tabouret de la même manière.

-Princesse, si vous le permettez...

-Sasuke ! Arrête de te foutre de ma gueule !

-Pour une fois que ce n'est pas toi qui te fous de la tronche des autres, ça change.

-Pffeuh ! J'te signale que nous avons des fans avec nous ! Faudrait pas leur donner l'image d'un vieux duo comique raté.

-Trop tard.

Sasuke attrapa Kiba par le cou et lui asséna un coup de poing sur le sommet du crâne avec l'expression d'un évadé du Muppet Show. Ino ne put s'empêcher d'émettre un rire sonore et je l'imitai rapidement, m'étranglant à moitié avec une gorgée de bière. Je n'arrivais pas à croire ce que je voyais, le naturel de ces deux mecs qui se déployait sous mes yeux. Dire que je les écoutais le soir dans ma chambre, le matin en allant à la fac, la journée en dévalant les rues en rollers... Je ne m'imaginais pas un seul instant les rencontrer et me fondre dans le décor d'une conversation sympathique entre potes.

-Sinon les filles ! Vous êtes d'où ? Vous avez un accent chelou n'empêche... On dirait des suédoises ou...

-Elles sont françaises imbécile.

-Ah ouais maintenant que tu le... SASUKE ! QUI EST-CE QUE TU TRAÎTES D'IMBECILE !?

-A ton avis ? Bref. Donc vous êtes françaises ? De Paris ?

Sasuke s'était tourné vers moi et je m'étais tournée instinctivement vers mon amie pour la laisser parler. Les grandes explications en langue étrangère n'étaient pas mon fort.

-Oui, nous sommes parisiennes. Comment as-tu deviné ?

-Je voyage souvent. Paris est une de mes escales favorites. Le Zénith est une salle pourrie mais le public est pas mal.

-Sasuke arrête de te la péter ! Moi j'ai jamais foutu les pieds en France encore, mais tu verras ! Mon groupe risque de tout déchirer au prochain festival Interock.

-On verra ça. En tous cas, c'est sympa de rencontrer des fans d'outre-Atlantique.

Ino réprima un soupir d'excitation et si en temps normal j'aurais trouvé ça ridicule, je n'étais pas en position de porter un tel jugement. J'étais moi-même aux anges, en train de vivre un moment pour lequel je n'aurais pas hésité à crever sur place.

-C'est même génial ! Le début de la célébrité vieux !

-Parle pour toi, lança Genma en posant sa canette. Sakura ne connaissait pas mon groupe, n'est-ce pas ?

-Non... C'est vrai que je ne le connaissais pas avant la collaboration avec Suna'rakiri.

-T'es aussi peu connu que ça ? Pauvre vieux ! Le petit frère dépasse le grand !

Kiba émit un rire, très content de ses taquineries incisives. Genma fit mine de ne pas noter la remarque mais il tiqua quelques secondes, assez pour que je m'en aperçoive.

- Tais-toi. T'es même pas sec derrière les oreilles gamin !

-Gamin !? Sache que j'ai presque mon Harem moi !

-En tous cas, Ino connaissait mon groupe.

Tous se tournèrent vers l'intéressée qui aurait facilement pu passer inaperçue au milieu d'un champ de tomates. Kiba siffla longuement avant de lui balancer une nouvelle bière.

-Point pour toi ma jolie ! Faut le trouver ce bon vieux groupe !

-T'abuses Kiba, les Kunaika ont quand même leur public, intervint calmement Sasuke.

-Mouais, sans le lot de groupies, ça décolle pas ! Faut dire, t'es pas assez sexy Gen' ! Mouille le maillot !

-Toi, tu le mouilles un peu trop si tu veux mon avis. C'est pas à moitié à poil que j'envisage la musique.

L'ambiance commençait à prendre une tournure pour le moins étrange. La rivalité fraternelle sans doute, justifiée en tous cas. Kiba misait tout sur l'allure et Genma sur la musique. A savoir ce qu'il convenait de faire sur une scène, c'était une autre histoire. En tous cas, les coulisses des groupes de rock en vogue étaient loin d'être un lieu de discussions légères vu sous cet angle. C'était également là que se jouait la stratégie musicale. Plaire à un public ou se foutre de la notoriété, certains faisaient leur choix et d'autres hésitaient encore. J'imagine que Sasuke n'était pas fixé, ne prenant pas part au débat. Et si j'étais dans mes pensées à m'éloigner de l'épineux problème, Ino buvait les paroles des frangins, l'air aussi concentrée que lors d'un colloque universitaire.

Empêchant la dispute de prendre des proportions internationales, Sasuke posa lourdement sa canette vide sur la table, interrompant à la fois un Genma calme et posé et un Kiba enflammé.

-C'est pas le tout mais j'ai pas envie d'me contenter d'une vieille bière à deux dollars. Un cocktail pour fêter la rencontre, ça vous branche ?

-Tu vois Sasuke, t'es p'tètre aussi agréable qu'un duo de glaçons dans le froc de Georges Bush mais là tu m'plais !

-Évite de virer gay Kiba, j'ai pas envie que les gens se fassent des idées, surtout depuis notre duo...

-C'est plutôt à toi qu'il faut dire ça tapette ! Moi les nanas, c'est pas ce qui manque !

Arborant un sourire satisfait, il attrapa la main d'Ino une fois celle-ci levée et l'emporta d'un seul coup à travers la pièce. Il avait l'air d'un gamin tout content d'avoir trouvé un jouet et j'hésitais entre éclater de rire ou protester vivement. Genma ne m'en laissa pas le temps.

-KIBA !

-LE DERNIER AU BAR EST LE FILS DE SUSAN BOYLE !

-Putain, il est incorrigible... Ne t'en fais pas, j'te ramène ton amie en un seul morceau Sakura !

Sur ces paroles, il tapa un sprint et quitta la pièce. Je me retrouvais seule avec Sasuke Uchiwa, LE Sasuke Uchiwa. Je m'en voulais moi-même de l'idolâtrer de la sorte. Après tout, c'était un être humain lambda, qui rote, qui pète et qui va aux toilettes. Cette pensée ne fit qu'accentuer mon malaise et je me maudissais intérieurement d'être aussi stressée.

-Dis, tu vas bien ?

-Ouais... Ouais ça va.

-Tu parles pas beaucoup.

-J'suis pas une angliciste hors-pair.

-Tu te démerdes bien pourtant. J'arrive à te comprendre, c'est déjà ça.



D'un geste, il m'indiqua la porte. Il fallait suivre les autres bien évidemment. Pourtant, j'aurais voulu que notre "tête à tête" se prolonge. J'étais un peu maso sur les bords faut reconnaître, mais merde, on parlait quand même bien d'un moment privilégié avec l'un des chanteurs les plus en vues de la scène rock. J'aurais pu avoir mon lot de jalouses, entre menaces de mort et autres manifestations de groupies en rage.

Il n'était pas du genre bavard, c'était le cas de le dire. A travers les coulisses, j'entendais carrément mes pas résonner et les siens en cadence. J'aurais eu des millions de choses à lui demander en temps normal. "Quelles sont tes sources d'inspirations ?", "Qu'est-ce que tu ressens lorsque tu es sur scène ?", "A quoi penses-tu devoir ta notoriété ?"... Des questions dignes d'un journaliste de France 3 bourgogne. Dans ces cas-là, mieux valait la fermer.

Lorsque le club réapparut, son lot de néons flashys m'agressèrent la rétine. Je cherchais des yeux une traînée de cheveux blonds sans parvenir à les trouver. Fallait dire, les gens qui dansaient sur un fond de pop-rock n'aidaient pas. Poussée de toutes parts, prise dans un pogo agressif, attaquée par un coude qui se balade... J'étais aussi à l'aise sur cette piste bondée qu'un homo à une réunion du FN. En revanche, Sasuke évitait les danseurs excités avec facilité. A croire qu'il avait passé sa vie dans ce club.

Il repéra le trio infernal à l'une des tables près de l'entrée et m'agrippa le poignet pour m'extirper de l'enfer. Ses mains étaient à la fois douces et puissantes. J'imaginais le contact de ses doigts sur ma peau pareil à celui sur les cordes de sa guitare. Mes joues me picotèrent.

-On ne vous attendait plus ! Sasuke, me dis pas que t'as essayé de la gérer ? Quand même ! Elle est trop jolie pour toi !

Kiba avait ri de bon cœur, Ino quelque peu éméchée suivant le rythme. Genma, en revanche, ne semblait pas trouver le côté fun de la chose et se contentait d'agiter les glaçons qui baignaient dans son whisky coca. Sasuke m'avait lâchée et s'était installé, visiblement partagé entre l'amusement et l'exaspération. Moi, j'étais restée droite comme un piquet. Cette scène était peut-être même plus surréaliste encore. Ils formaient la bande lambda des nightclubs. La nana ultra fraîche et ses rockeurs.

-Assis-toi Saku !

-Ouais, reste pas plantée comme un piquet ! A moins que t'aies envie de nous faire un strip !

-Kiba, reste cool.

-Sasuke, dis pas que ça te déplairait !

Sasuke n'avait pas daigné répondre et m'invita à m'asseoir à côté de lui. Bizarrement, aucune fille ne nous approchait bien que je sentais de temps à autre des regards à vous geler les os posés sur nous. Kiba comprit sans doute mon malaise tandis que je bougeais la tête dans tous les sens. D'un geste, il désigna deux molosses à lunettes dignes de figurer dans un mauvais film pour mecs moyens. Un mètre quatre-vingt-dix et cent kilos de muscles, taillés dans le marbre, cliché parfait du garde du corps. C'était ça la vie d'artiste, se faire fliquer H24 par une horde de serviteurs payés à l'heure. J'imaginais bien que ça ne devait pas être désagréable mais quitte à choisir, j'aurais préféré me passer des frères Bogdanov.

-Pas le choix. C'est ça d'être connus !

-Ouais, bah si tu veux mon avis, c'est pas une sinécure.

-Gen', arrête ton baratin d'intello ! Tout le monde kifferait être à notre place !

Kiba posa son verre avec fracas sur la table comme pour appuyer ses paroles pleines de bon sens. Un bon sens suffisamment alcoolisé pour ne pas prendre auprès de son frangin. Le débat s'animait, s'arrosait copieusement, à tel point que je vis Ino dodeliner de la tête en émettant une série de rires aigus qui me vrillaient les tympans. Moi-même je me sentais partir, j'avais l'impression que mes problèmes s'envolaient au fil des verres. Finalement, même ce club pourri me semblait cool, bien que les fumigènes colorés me donnaient la mauvaise impression d'une cave sombre remplie de fans de Bob Marley.

La fumée verte brouillait ma vision, créant un vague rideau trouble. Mon verre se vidait, j'allais en toucher le fond. Le rire d'Ino me parvenait encore tandis que je voyais Sasuke me dévisager. Je devais avoir l'air bourrée à en manger mon propre vomi et pourtant, je n'avais envie que d'une chose : boire jusqu'à l'écœurement le plus complet. Inutile de chercher pourquoi, l'instant présent s'y prêtait et je ne voulais pas réfléchir... Je ne voulais plus réfléchir. Depuis mon arrivée, depuis des mois, depuis que cet enfoiré m'avait laissée sans rien dire, je ne faisais que réfléchir, encore et encore. Il était temps d'oublier, de noyer la réflexion au fond d'un mojito... Ou même d'un autre.

J'allais poser mon verre vide et en redemander un autre. Peu importe la vision qu'aurait le grand Sasuke de moi, après tout, il ne devait pas en être à sa première groupie torchée à mort. Je haïssais ce genre de nanas et pourtant je me comportais comme elles. Chacune ses faiblesses, ma gueule de bois me rattraperai. Mais en tous cas, Kakashi ne me suivra pas dans mes maux de crâne et c'était déjà une bonne raison pour vider une bouteille de plus.

Pourtant, alors même que Kiba s'empressait de faire le ravitaillement, une ombre vint obscurcir la table. Grande, longiligne, rappelant celle d'un homme... D'un homme que je ne connaissais que trop bien. Mon cœur fit un bond magistral.

-INO !

Sai se tenait là, fulminant de rage. Ino n'avait pas réalisé sur le coup, prise dans l'ambiance entre les frères qui lui faisaient du rentre-dedans et l'alcool qui coulait à flots. Lorsque la voix grave du mannequin se fit entendre plus forte encore, la blonde ouvrit de grands yeux, comme lorsque l'on voit poindre la fin du monde. En l'occurrence, la situation laissait présager l'apocalypse. Monsieur costard à mille briques dans un club puant l'alcool et la clope où se retrouvaient une bande de rockeurs accrocs à la canette retrouvant princesse Raiponce en tenue moulante comme la dernière des Go-Go, à moitié sur les genoux du Punk vedette. Le tableau ne laissait aucun doute quant à la suite des événements. Pourtant, j'étais trop pétée pour intervenir. Si j'ouvrais la bouche, c'était parti pour un remake de la soupe de l'exorciste. Si je me taisais, Ino en prenait plein la gueule.

Ce fut Kiba qui ne me laissa pas le choix.

-Hey, tu lui veux quoi Minet ? Pas mal ta cravate, t'es le VRP du coin ? Désolé j'ai pas besoin de doubles vitrages.

-Ino, lève-toi, on s'en va. Tout de suite.

-Sai... Attends... Je vais t'expli...

Avec force, Sai avait empoigné Ino comme l'avait fait Kiba auparavant. Les frangins se levèrent, l'air menaçant. Moi, je n'avais même pas la force de bouger et j'observais, impuissante, le combat des titans.

-Tu ferais mieux de la lâcher mec, j'aime pas les p’tits macs sapés chez Channel.

-Et j'ai horreur des petits merdeux de ton espèce, des branleurs de merde.

Le poing fusa et arracha un étouffement de douleur. Genma retint de justesse son frère qui manqua de renverser la table au passage. Sai fit tendre ses muscles et rendit la pareille à son agresseur qui manqua de tomber à la renverse. Sasuke se leva, prêt à intervenir et j'essayai de faire de même lorsque mes forces m'abandonnèrent.

Des cris de toutes parts, des gestes précipités qui fouettaient l'air autour de moi et Ino qui hurlait.

Cette horrible symphonie fut la dernière chose dont je me souvins de cette soirée.



Et voilà pour le chapitre 5 ! :) J'espère qu'il vous aura plu encore une fois !

Chapitre 6 la semaine prochaine ! Merci pour votre suivi et votre lecture !

See Ya :D




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