Fiction: Pour l'amour du rock.

Trois mois plus tôt, l'homme qu'elle aime disparaît soudainement, sans la moindre justification. Sakura, avide de réponses, ne peut se résoudre à tourner la page, jusqu'à ce qu'un événement vienne tout chambouler. Accompagnée d'Ino, sa colocataire et meilleure amie, elle se voit offrir un voyage tous frais payés sur la terre bénie des groupes de rock les plus en vogue : Los Angeles. Et si les réponses que Sakura cherchait se trouvaient par delà l'Atlantique ?
Classé: -12I | Drame / Romance | Mots: 37466 | Comments: 11 | Favs: 14
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Beverlyy (Féminin), le 01/08/2013
Coucou les choux~ !

Je suis de retour avec mon nouveau projet spécialement pour les grandes vacances ! J'ai décidé de refaire une fiction longue et de suivre un rythme régulier d'un chapitre par semaine environ. Donc, à peu près tous les mercredis, il y aura un chapitre ! Et vous aurez de quoi faire croyez moi !

Voilà, comme tout début de fiction qui se respecte, je vous souhaite une trèèèès bonne lecture, en espérant qu'elle vous plaira autant que les précédentes si ce n'est plus !




Chapitre 4: Love can't match with music



Sai était parti à son boulot, nous laissant seules dans l'immense villa. Ino ne rechigna même pas à laisser partir son cher et tendre, trop excitée à l'idée d'aller visiter les environs. Cependant, lorsqu'elle croisa mon regard quelque peu soucieux, elle leva les mains en signe d'impuissance et prit l'air faussement boudeur.

-Okay ! J'ai compris ! Le studio des Kunaika avant le shopping !

Elle devait savoir que je ne pensais qu'à une chose : parler à Kakashi. J'avais fui comme une conne devant son silence mais la question qui subsistait était la suivante : et après ? Oui, et après ? Qu'est-ce que j'allais faire ? Y penser durant tout le mois ? Me gâcher la vie pour lui ? Tout ce que j'espérais, c'était une réponse. Rien de plus. Je voulais pouvoir vider mon sac et passer à autre chose. Il le fallait absolument.

Ino ne me laissa même pas le temps de mettre mes idées en ordre qu'elle me poussa dans le coupé sport que Sai avait loué pour nous et mit le contact. Je n'avais pas le choix de la marche arrière ni de la réflexion. Les routes parfaitement droites défilaient devant moi, accompagnées de leurs lots de villas identiques et de rangées de voitures toutes aussi exubérantes les unes que les autres. La voiture filait à toute vitesse, ne me laissant même pas le temps d'admirer plus longtemps le paysage. Par trois fois, Ino dut demander son chemin et éviter les bouchons du centre-ville. Ce fut le parcours du combattant et dans ma tête, le carrefour des idées n'était guère moins encombré. Je me demandais vraiment ce que j'allais dire à Kakashi, ce que j'allais pouvoir baragouiner une fois face à lui.

A peine un semblant de réponse parvint à mon esprit qu'Ino m'annonça fièrement qu'on était arrivées. Un immeuble aussi haut que large prenait facilement la moitié du trottoir et s'étalaient en toutes lettres sur la façade : ROCK-IT-INDUSTRY.

Je n'osais pas sortir de la voiture. Etait-ce vraiment une bonne idée de recroiser Kakashi ? Je ne me sentais pas à la hauteur, pas à même de lui dire tout ce que j'avais sur le cœur mais il fallait pourtant en passer par là. L'appréhension me clouait sur le siège passager et je sursautais en sentant la main d'Ino se poser sur mon avant-bras.

-Saku, rien ne t'y oblige.

-Si... Je dois lui parler... Je suis en train de gâcher le séjour putain...

-Tu ne gâches rien du tout Saku, c'est cet idiot qui fait tout capoter. Écoute, je sais que c'est de Kakashi qu'on parle, mais ne te pourris pas la vie pour lui. Il est là, bien... Et alors ? Tu l'emmerdes allègrement.

-Je...

Un bruit m'interrompit. On venait de frapper au carreau côté passager et Ino se retourna pour abaisser la vitre. Genma apparut, appuyé sur la portière, tout sourire.

-J'avais deviné que c'était vous. Vous nous rendez une petite visite ?

Le visage d'Ino s'étira en un sourire.

-Oh, oui ! J'espère que ça ne dérange pas ?

-Pas du tout ! On allait justement commencer une répétition, à vrai dire, c'est moi qui suis en retard.

Il se passa une main dans les cheveux, l'air gêné. Je comprenais Ino qui souriait, il était vraiment mignon. Pas mon type, mais il avait un truc. En tout cas, il était vraiment agréable et sympathique, ça ne faisait pas l'ombre d'un doute. Je descendais du véhicule et suivais Genma en compagnie d'Ino à travers les halls du studio. L'intérieur était un véritable labyrinthe et j'osais à peine imaginer nous perdre là-dedans grâce au légendaire sens d'orientation d'Ino.

Après avoir monté cinq étages, emprunté trois longs couloirs, Genma nous fit entrer dans une immense cabine insonorisée. Les membres des Kunaika étaient tous là, à discuter autour d'un verre et nous saluèrent copieusement en sifflant Genma qui se ramenait avec deux nanas. Ce dernier les envoya balader non sans rougir et nous apporta deux chaises pour que nous puissions nous asseoir. Je remarquai bien qu'il faisait les yeux doux à Ino et me demandai définitivement qu'est-ce que je foutais encore là à tenir la chandelle lorsqu'un troupeau déboula dans la salle, guidé par leur tête de gondole.

-HEY ! LES FILLES !

-Tiens... Kankuro...

-Wesh Saku ! Toujours aussi belle ! Non ne me remercie pas, dit moi juste "Sankyu" ! MOUAHAHA !

-Et toi toujours aussi énergique.

-Tu m'étonnes ! J'me suis enfilé deux Red Bull ! J'sais pas si ça donne des ailes, mais ça donne la trique.

Se tapant le front pour bien marquer son indignation, Ino s'excusa auprès de Genma qui semblait plutôt désarçonné. J'attrapai Kankuro par la manche et l'entraînai vers moi comme pour signifier qu'il allait trop loin. Le bout-en -train de service ne prit pas la peine de noter le geste et s'avança vers le leader des Kunaika pour lui en taper cinq. Ce dernier lui adressa un sourire à la fois amusé et affligé avant de répondre à son salut. Kankuro se frotta les mains, il était temps de parler musique et Ino s'approcha de moi, laissant les deux chanteurs à leur besogne.

-Dis, t'as pas remarqué qu'il manque quelqu'un ?

-Si... Où est Gaara ?

-Je ne sais pas...

Ino jeta un coup d'œil autour d'elle pour confirmer l'absence de Gaara et se remit à murmurer à mon oreille.

-Il manque aussi Kakashi... et les Suna'rakiri ne sont pas censés avoir un manager ?

-C'est étrange...

Oui, c'était étrange. Comme par hasard, c'étaient ces deux-là qui manquaient. Alors que je me tâtais quant à la démarche à suivre, Genma vint vers nous, nous apporter deux cannettes de coca. Je le remerciai poliment tandis qu'il engagea la conversation avec Ino. Je devais profiter de cette occasion pour m'éclipser et partir à la recherche de Gaara. Adressant un regard à mon amie, je me levai et quittai la pièce, laissant tout ce petit monde dans une bonne ambiance. Je n'arrivais pas à m'adapter à l'atmosphère sympathique qui régnait dans le studio et je savais bien que c'était encore et toujours à cause de Kakashi. A vrai dire, je ne savais même pas ce que je faisais en m'en allant de la sorte à travers les longs corridors carrelés, mais au moins, j'avançais.

Je pensais m'être paumée en à peine cinq minutes à tourner à droite, puis à gauche dès qu'un embranchement s'était présenté à moi jusqu'à ce que j'entende des voix s'élever d'une des salles dont la porte était entrouverte. Je n'y avais pas prêté attention de prime abord, voulant continuer mon escapade pour au moins retrouver le chemin du studio lorsqu'une voix familière arriva jusqu'à moi. Je ne pouvais décidément pas me tromper, c'était bien la personne que je cherchais.

Je m'étais calée contre la porte, dans un coin d'ombre pour être sure que personne ne puisse me voir. Je me faisais l'effet d'être une espionne, une fille qui laisse traîner ses oreilles partout, mais la curiosité l'avait emporté sur la raison avant même que je ne puisse y réfléchir à deux fois. En entendant la voix de Gaara, puis celle de Kakashi, je sus que je ne devais pas rater cette conversation.

-Kakashi écoute, tu ne peux pas faire ça à Sakura. Tu es parti comme un voleur il y a des mois de cela et je ne t'ai retrouvé que par pur hasard ! Elle est là maintenant, qu'est-ce que tu comptes faire ?

-Je ne t'ai jamais demandé de me retrouver Gaara.

-Kakashi... Nous sommes amis, même si je t'en ai toujours voulu d'avoir eu le cœur de Sakura. Je l'aimais comme un fou, je savais que toi aussi et elle a fait son choix. Mais que tu sois parti comme ça, comme la pire des ordures, c'était insoutenable.

-Et alors Gaara ? Que veux-tu que je te dise ?

-Sois désolé au moins ! Explique-toi !

Un silence de quelques secondes s'installa, me clouant sur place. Ma respiration s'était coupée et je sentais que le moindre mouvement me trahirait. Ce ne fut que lorsque Kakashi consentit à répondre que je pus expirer silencieusement.

-Je n'ai rien de plus à ajouter. Sakura est assez grande pour avoir compris qu'entre nous il n'y a plus rien. Je suis parti, j'assume mon choix et je ne vous dois rien. Si tu es toujours amoureux d'elle, tu n'as qu'à le lui dire, je suis sûr qu'elle serait ravie de se consoler auprès de toi Gaara. Maintenant, nous devons bosser ensemble, mais ne pense pas que je vais me remémorer le bon vieux temps. Le passé c'est le passé, j'avance et vous feriez bien d'en faire de même.

Ses chaussures claquèrent sur le carrelage lorsqu'il passa la porte et tourna à l'opposé de la porte, puis disparut au bout du couloir. Je n'avais eu le temps que d'apercevoir que sa chemise bleue à carreaux, celle qu'il avait achetée il y a bien longtemps dans cette galerie marchande où nous avions passé un après-midi ensemble. Je réprimais un sanglot, ravalant ma fierté pour ne pas me faire repérer.

Au bout de quelques minutes, Gaara quitta la pièce sans me voir, l'air abattu. Quant à moi, j'étais restée là, dans l'ombre, derrière la porte, à réaliser que mon cœur venait d'être définitivement réduit en miettes.

_

J’avais enfin pu me relever et sortir de ma cachette improvisée dès que le silence complet s’était emparé du couloir désert. Je sentais mes jambes flageolantes, comme si j’étais restée assise durant des semaines. Je me faisais l’effet d’une pauvre laissée pour compte, une espèce de bonne femme totalement aveugle qui venait de réaliser qu’elle était cocue. L’effet d’être trahie, c’est ce que je ressentais. Pourtant, la situation était toujours la même. Je n’attendais plus rien de Kakashi, c’était inutile. Je l'avais compris depuis notre face à face à l’aéroport et pourtant… Ce petit espoir fou qu’il ait joué un rôle devant les autres, qu’une fois dans l’intimité tout repartirait comme en l’an quarante, cet espoir fou m’avait conduit jusque de ce studio aux allures de bureaux froids et lugubres.

Les Etats-Unis me paraissaient moins idylliques tout à coup. Au bout du corridor, j’atteignais la petite fenêtre donnant sur les routes dégagées et industrialisées de la Californie profonde, admirant au loin les palmiers bordant les chemins plus exotiques en direction de la côte. Et, malgré ce rêve qui s’étalait sous mes yeux, mon cœur semblait aussi vide et épuré que l’agencement du bâtiment. Aucun, pas même le plus infime rayon de soleil ne filtrait désormais en moi, quand bien même le zénith déclinait, déversant son halo orangé sur l’horizon.

J’avais retrouvé la salle d’enregistrement des Kunaika non sans mal. Les croisements se ressemblaient tous, les allées également et il n’était pas facile de se repérer lorsque même les portes étaient parfaitement identiques, toutes forgées dans cet acier d’un métallique presque agressif. A peine avais-je franchie le pas de la porte que Kakashi se présentait à moi. Assis sur une chaise devant un panel de d’égaliseurs sonores aussi colorés que compliqués, il n’avait même pas remarqué mon arrivée. Seule Ino se leva de son siège pour venir à ma rencontre, m’indiquant qu’il valait mieux parler à l’extérieur, les deux groupes en plein essai à l’intérieur de la cabine insonorisée. Avant de quitter la pièce, je croisai le regard de Gaara, visiblement plus concentré sur ma réaction que sur sa musique. Je ne pris pas le temps d’échanger avec lui plus qu’un coup d’œil furtif avant de refermer précautionneusement la porte.

-Pffew, l’ambiance est pesante dans cette salle ! Surtout depuis que Kakashi a débarqué ! D’ailleurs, où étais-tu hein ?

Devant l’air plein de sous-entendus de mon amie, je m’empressais d’hocher vivement la tête pour lui signifier qu’elle se plantait complètement. J’essayai de lui retranscrire mot pour mot la conversation que j’avais surprise même si le discours de Kakashi m’arrachait la gorge à mesure que je le débitais. Ino prit un air grave, puis adopta bien vite une mine résignée. Je devais avoir la même, agrémentée de la douleur horrible que quelques termes pouvaient m’infliger.

-Un connard restera à jamais un connard j’imagine.

-Kakashi n’était pas un connard.

-Il n’était, rétorqua Ino. Il l’est devenu. Les gens changent et évoluent, certains régressent. La preuve.

-Je veux rentrer.

-J’ai cru que tu ne me le proposerais jamais ! On a une villa nom d’une citrouille ! Qu’est-ce qu’on fait à s’emmerder dans ce studio ? L.A nous attends !

Avec un sourire appuyé, je m’apprêtais à quitter l’enfer au bras de mon amie lorsqu’une main étrangère lui agrippa le poignet.

-Ino !

L’intéressée fit face à Genma, à peine sorti du studio, l’air contrarié. Visiblement, il avait dû entendre notre résolution de quitter le studio et je devinai qu’il ne comptait pas en rester là. Adressant un petit sourire devant la mine joviale d’Ino, il lui lâcha précipitamment le poignet, se rendant compte peut-être trop tard qu’il avait été un peu cavalier.

-Vous nous quittez déjà ?

-Oh, oui. On ne va pas vous déranger plus longtemps et puis, vous êtes en plein boulot après tout ! Notre place n’est pas en studio, plutôt à écouter le disque que vous produirez, ou à vous faire de la pub dans le pire des cas !

Je devinai mon amie en train de jouer les cruches comme pour inciter Genma à ne pas insister et comme à chaque fois, son stratagème marchait. Je m’étonnais toujours de sa capacité presque surnaturelle à embobiner les mecs, en étant moi-même incapable. Le chanteur ne fit pas exception à la règle et préféra une approche tout autre.

-Que dirais-tu qu’on prenne un verre un de ces quatre ? Je veux dire, rien que nous deux. Désolée Sakura, ce n’est pas du tout contre toi hein !

-Oh mais ne t’excuse pas Genma, je comprends tout à fait.

-Alors Ino, qu’en dis-tu ?

Visiblement, Ino ne s’était pas attendu à ce qu’il lui propose un rendez-vous. Elle prit son habituelle expression surprise et je réprimais un petit rire face à mon amie prise au dépourvu. Je savais qu’elle refuserait, après tout, elle avait Sai et quand bien même j’aurais été également conviée, ce dernier n’aurait jamais accepté que sa précieuse Ino se pâme avec un de ces rockeurs complètements idiots.

-Je… C’est gentil Genma mais je dois refuser.

-Je vois… Tant pis ! Une prochaine fois ! Rentrez bien les filles.

Il s’éloigna et j’eus un petit pincement au cœur pour lui. Il était si adorable qu’essuyer un refus lui avait arraché une moue de déception. Mon regard croisa celui d’Ino qui, manifestement, s’en voulait d’avoir envoyé paître Genma de la sorte, mais elle ne pouvait pas se permettre de contrarier le prince du château. Après tout, la villa était au nom de ce fumier de Sai et ça, c’était loin de me réjouir.

Mes craintes furent confirmées lorsqu’Ino s’engagea dans l’allée du garage pour y ranger la voiture. Celle de Sai y était bien sûr et je craignais qu’il soit rentré depuis suffisamment longtemps pour perdre patience. Il fallait que je reste calme, même si l’histoire avec Kakashi avait eu raison aussi bien de mon cœur que de mes nerfs. Je décidai de ne rien laisser paraître. Pas trop souriante, pas trop déprimante, pile ce qu’il fallait pour que l’autre pigeon ne me fasse pas une remarque détournée comme s’il se prenait pour mon père.

Ino entra la première, appelant de sa voix la plus enjouée possible son débile en costard, lequel apparut au détour du salon. Assis confortablement dans un fauteuil de satin blanc très « modern chic », un cocktail à la main, il avait tout du friqué moyen qui ne perd pas une minute pour jouer les pleins aux as. Avec un air de dégoût, je le toisais de haut en bas tandis qu’il n’avait d’yeux que pour Ino, lui adressant un regard sévère.

-Coucou mon chéri.

-T’étais où ?

-Quelle amabilité ! Tu as l’air d’avoir passé une mauvaise journée toi.

-Ino, je ne plaisante pas. Réponds.

-Mais enfin ! J’étais avec Saku au studio des Kunaika pour voir les Suna'ra…

-ENCORE EUX !

Balançant son cocktail sur la table basse avec force, il se leva et se mit à la fenêtre, histoire d’admirer la vue. Ses yeux, pourtant, ne quittaient pas Ino qui n’avait pas daigné baisser le regard. Je sentais que mes résistances s’affaiblissaient, au fur et à mesure que l’envie de coller deux droites à cet idiot me taraudait.

-CES PUTAINS DE ROCKEURS ! Tous des bons à rien ! Pourquoi tu continues à aller voir ces imbéciles profonds !?

-Mais parce que j’aime ça Sai ! Tu n’as jamais rien compris à la musique !

-LA MUSIQUE NE SERT A RIEN ! C’est juste un prétexte pour que ces branles-la-mort aient un revenu ! C’est à cause de la crédulité des gens comme toi qu’ils se font du fric en ne foutant rien !

-Sai ! Tu entends ce que tu dis !? Tu penses vraiment que faire de la musique est à la portée de tout le monde ?

-Pffah ! Arrête Ino, sois réaliste deux secondes ! Ces mecs-là n’ont jamais rien appris ! Ce sont des imbéciles ! Et tu es assez idiote pour perdre ton temps à les encourager !

Je commençais à perdre patience. Le ton montait et je sentais qu’Ino n’allait pas tarder à exploser. Je la comprenais. Pour moi, la musique était un art complexe, dont on ne peut se passer pour espérer être bien dans sa tête. Lorsque mon mal être était trop grand, que le monde autour de moi me donnait tout simplement envie de gerber, de me pendre au plus vite, la musique adoucissait mon âme. Chaque musique avait des détails différents, amenait des émotions plus ou moins vives, plus ou moins fortes. Et, je ne me sentais jamais seule. Je savais que ces émotions, quelqu’un d’autre les avait ressenties avant moi. C’était le vecteur d’un apaisement, d’une souffrance qui panse la vôtre.

C’était définitivement ça, la musique.

-Tu ne comprends rien Sai, tu ne comprendras jamais rien. Tu es mannequin pourtant, tu devrais comprendre ce que c’est que se donner corps et âme à un public. Tu ne fais que poser bêtement, profiter de ton physique. Les sentiments sont absents du rendu, toutes tes photos sont mortes, plates et n’expriment rien. Le jour où tu auras compris qu’il ne suffit pas d’avoir une belle gueule, d’être apprécié pour ça, d’avoir richesse et gloire pour comprendre ce qu’est réellement la force de la plus petite émotion, tu arrêteras de te comporter comme un parfait idiot.

Je sentais Sai à bout de nerfs et je m’attendais à ce qu’il saisisse le premier objet pour l’envoyer voler à travers la pièce. Par chance, son portable se mit à sonner à ce moment précis et, hésitant quelques secondes, il finit par décrocher et marmonner quelques réponses évasives à base de « oui », « non », « mh ».

Lorsqu’il raccrocha, il n’adressa plus le moindre regard à Ino, se contentant de rassembler ses affaires.

-J’ai une réunion au Podium. Je rentrerai tard.

-Très bien, répondit simplement Ino. Bon courage.

-Mh.

Il l’embrassa furtivement, comme s’il avait eu peur de se brûler les lèvres et Ino lui rendit la pareille. Lorsque sa voiture s’éloigna dans la pénombre d’une fin de soirée californienne, mon amie se tourna vers moi, visiblement embêtée. Devinant qu’elle allait se répandre en excuses, je l’arrêtais d’un mouvement rapide de la main.

-On n’en parle plus okay ?

-Mais, Saku…

-Ça arrive dans tous les couples et je suis ta meilleure amie, j’en verrai d’autres.

-Je n’aime pas lorsqu’il joue les connards.

-C’est un mec, c’est leur nature sous-jacente !

-C’est à chier.

-Absolument.

Je constatai que même dans les coups durs, Ino ne perdait pas son humour. Ça me rassurait. Si j’étais capable de lui rendre un sourire, c’était le principal.

D’un coup, cette villa luxueuse surchargée de l’aura de Sai me semblait étouffante, comme si la dispute qui venait d’éclater s’était matérialisée et dissipée dans l’atmosphère. Je n’avais qu’une seule envie, c’était de quitter cet endroit. Malgré la nuit qui venait de tomber, le besoin d’évasion n’avait jamais été aussi fort, pas même le jour de la disparition de Kakashi où la salle de cours m’était apparue comme une prison aux murs blindés. Je croisais le regard d’Ino et cela suffit à me confirmer qu’elle aussi ressentait la même chose. Il fallait qu’on se change les idées, quand bien même nous avions pour nous seules un joli palais doré.

Après avoir pris une douche rapide et m’être changée en conséquence, arborant un jean usé et une veste vintage en cuir, je me sentais enfin revivre. Ino avait opté pour une paire de leggins en simili accompagnée d’une tunique style destroy, aux multiples chaînettes argentées. On se demandait qui elle comptait aguicher étant donné le valeureux cavalier qu’elle portait à son bras en temps normal, mais mon regard plein de sous-entendus ne fit qu’encourager Ino à remettre en place son soutien-gorge.

-Je crois qu’il est temps de s’amuser ! Lança-t-elle.

-Tu ne fais pas ça par vengeance j’espère ?

-Pas du tout. Disons que j’ai quartier libre et je compte bien faire ce qu’il me plaît.

Prédiction d’une autre crise de nerfs de ton imbécile, pensai-je avant de choper le trousseau de clés, et de m’élancer avec mon amie à la conquête de L.A.

Les routes étaient baignées de la lueur des réverbères. La nuit, les routes californiennes vous paraissaient encore plus idylliques. Un véritable boulevard de routes qui semblaient mener vers un paradis de liberté. Une sensation extrême, celle de n’être attachée à rien, celle de pouvoir aller tout droit, vers l’inconnu, vers l’horizon. Mon cœur en battait la chamade. Ce rêve était réalité et peut-être pour la première fois depuis mon arrivée, je savourais pleinement le délice que m’offrait la concrétisation d’un tel songe. Sur le siège passager, Ino souriait, profitant de la décapotable qui laissait passer le vent tiède et rapide, agitant sa longue chevelure. J’avais moi-même l’impression d’être dans un film pour minettes, le genre de films où les héroïnes sont belles, riches et charismatiques. En cet instant, rien ne me faisait plus plaisir que d’imaginer faire partie d’un tel scénario de série B.

Le Black Dance. Un club assez sympa, réputé pour son arrivage hebdomadaire de groupes de rock en vogue. La plupart ne venait d’ailleurs que pour ça, ce qui expliquait qu’une foule de greluches en minijupes s’y précipitaient pour admirer leurs idoles de plus près, en train de siroter une bière traditionnelle de punk moyen. Aucune chance que les rock-stars ne finissent pas ivres et au final, c’était une aubaine pour celles qui espéraient conclure avec l’un deux. Ce soir-là devait être à l’affiche un beau palmarès puisque les pouffiasses moyennes ne manquaient pas. Impossible de passer à côté entre les cris stridents, les petits gestes précipités et les sourires niais. J’arrêtais la voiture quelques mètres avant le parking et me tournais vers Ino.

-J’crois pas que ce soit une bonne idée. T’as vu un peu le style ? Barbie-land.

-Les groupes à l’affiche sont indiqués là. Gare la voiture, on va voir. Si jamais c’est pourri, on se casse.

J’avançais quelques mètres et fut stoppée par un mec très mignon, aux multiples piercings, tatouages et écarteurs. Ses cheveux semblaient se tenir d’eux même en une rangée de pics, ce qui lui conférait un style assez déconcertant. Une voix grave me parvint alors.

-Bonsoir. Vous êtes là pour voir le duo d’enfer vous aussi ?

-Duo d’enfer ? Demanda Ino en arquant un sourcil.

-Ouais, depuis qu’ils ont sorti leur titre en duo, on ne parle que d’eux. Akamarush et Kuruchiwa, ajouta-t-il devant l’air dubitatif d’Ino.

-Non !? Sérieux !?

J’avais laissé échapper ma surprise et beau-gosse m’adressa un sourire.

-Ouais, c’est le truc à pas rater. D’ailleurs dès que j’ai fini avec cette corvée de parking, je file m’enfiler une bière et écouter ça. C’est deux dollars au fait.

Ino commença à fouiller dans son sac pour en extirper les billets verts lorsque beau-gosse s’appuya sur la voiture pour nous faire un clin d’œil.

-Mais j’peux pas laisser payer d’aussi jolies filles. Laissez les clés et éclatez-vous.

Avec un grand sourire, je remerciai beau-gosse et m’extirpai du véhicule, direction le Black Dance.



Moi qui croyais avoir mis le chapitre 4 sur ff-fr.net et sur Won en même temps mercredi dernier... Eh bah c'est raté !
Bon chapitre 4 avec une semaine de retard du coup :D Et chapitre 5 posté à cinq minutes d'intervalle !

J'espère qu'il vous plaira ! Merci pour votre lecture !




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