Fiction: Pour l'amour du rock.

Trois mois plus tôt, l'homme qu'elle aime disparaît soudainement, sans la moindre justification. Sakura, avide de réponses, ne peut se résoudre à tourner la page, jusqu'à ce qu'un événement vienne tout chambouler. Accompagnée d'Ino, sa colocataire et meilleure amie, elle se voit offrir un voyage tous frais payés sur la terre bénie des groupes de rock les plus en vogue : Los Angeles. Et si les réponses que Sakura cherchait se trouvaient par delà l'Atlantique ?
Classé: -12I | Drame / Romance | Mots: 37466 | Comments: 11 | Favs: 14
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Beverlyy (Féminin), le 02/07/2013
Coucou les choux~ !

Je suis de retour avec mon nouveau projet spécialement pour les grandes vacances ! J'ai décidé de refaire une fiction longue et de suivre un rythme régulier d'un chapitre par semaine environ. Donc, à peu près tous les mercredis, il y aura un chapitre ! Et vous aurez de quoi faire croyez moi !

Voilà, comme tout début de fiction qui se respecte, je vous souhaite une trèèèès bonne lecture, en espérant qu'elle vous plaira autant que les précédentes si ce n'est plus !




Chapitre 1: Before to go.



"C'était voué à l'échec, dès le début."

Elle avait raison. J'avais rêvé. J'avais vécu une idylle, une histoire, des hauts, des bas, au rythme d'une musique que je ne connaissais pas.

C'était il y a un an, en tout et pour tout. Moi, Sakura, mes dix-neuf années et ma meilleure amie étions embarquées pour vivre la plus intense des symphonies au rythme de tous les groupes qui alimentaient le rêve de toutes les groupies.

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Vendredi. Je détestais le vendredi. Depuis trois mois, ce jour était celui que je haïssais le plus. Je ne bossais pas, n'avais rien à foutre, tous les moyens possibles pour déprimer. Et comble de tout cela, je savais exactement comment se passerait cette journée si particulière. Comme d'habitude.

Je m'étais levée, traînant ma tête de déterrée après une semaine de boulot qui avait attendu déjà depuis le lundi le fameux week-end de trois jours. Je passais par la salle de bains, toujours le même chemin. Le miroir me renvoyait le reflet d'une fille dans la moyenne, les cheveux d'un rose clair surnaturel, les yeux d'un vert émeraude et de gros cernes pour souligner le tableau. On me sortait souvent que j'avais des yeux magnifiques, des petites joues adorables, un teint de poupée de porcelaine et le naturel omniprésent malgré un maquillage pourtant bien visible. Ça ne m'aidait pas à me sentir jolie, loin de là. J'avais même l'impression qu'on s'efforçait à me coller des compliments qui ne m'allaient pas. Mais ça, c'était monnaie courante. Je le répétais à tour de bras et d'autant plus le vendredi.

J'avais pris ma douche, m'étais habillée et m'étais affalée sur le canapé, mon énorme casque fushia posé sur mes oreilles à écouter un bon morceau de rock qui avait le don de me calmer. Avec mon air angélique, je trompais souvent les gens, m'amusant de leur réaction lorsqu'ils entendaient le style de musique filtrer à travers mes écouteurs. Ce que les gens pouvaient être cons, toujours à juger un livre à sa couverture. Mais avec Sakura Haruno, il fallait s'y reprendre à deux fois. Les jugements, je m'en contrefoutais, et peut-être bien que lui aussi m'avait jugée au début... Au début...

Le bruit d'une porte qui claque violemment se fit entendre même au-delà de ma barrière musicale au volume impressionnant. Il n'y avait qu'une personne pour claquer les portes aussi fort, et c'était bien entendu la personne qui partageait ma vie depuis un an. J'avais eu le temps de scruter la pendule, vérifiant qu'il était bien midi pile et ne m'étais pas trompée. Elle était toujours au rendez-vous, à la même heure, toujours ce jour particulier.

-CE MIDI ON MANGE NORVEGIEN !
-... Pardon ?

Cette folle furieuse perchée sur ses bottes compensées secouait un sac devant mon nez, l'air apparemment ravie de sa trouvaille. Et dire qu'elle était ma colocataire... Et accessoirement ma meilleure amie. Grande, les cheveux longs et blonds, ses vêtements moulants et noirs, elle était la parfaite incarnation entre l'escort-girl moyenne et la jolie gothique. Stylistiquement parlant, si j'étais ouverte à toutes les modes possibles, elle était plutôt fermée à tout ce qui ne s'approchait pas des teintes sombres. Mais elle n'aurait su être plus parfaite autrement. Après tout, j'étais habituée à voir cette grande blonde arriver en se comportant comme une tarée au pays des Bisounours et je m'en accommodais parfaitement. Néanmoins, je me passais volontiers de ses extravagances du vendredi.

-Tu sais Ino...
-Non Saku ! Ne me remercie pas ! Faut dire, j'aime pas les blonds, mais le cuistot norvégien est MIAM MIOUM !
-Non... Enfin, tu crois pas que t'en fais un peu trop ?
-Gneh ?
-Tous les vendredis un genre de cuisine différente. T'sais c'est pas comme ça que j'vais oublier... Enfin...

Avec l'impression d'avoir parlé du sujet sensible, je m'étais maudis moi même d'avoir ouvert la bouche. Le sujet était clos depuis trois mois, j'essayais de l'oublier, du plus profond de moi-même je me forçais à ne pas y penser. Mais de vendredi en vendredi, mes mauvaises habitudes reprenaient le dessus et son visage m'apparaissait. Son air calme et posé, son style si particulier, son masque dissimulant ses lèvres qu'il ne montrait qu'à moi, ses cheveux grisonnants en bataille, son regard si profond à tel point qu'il me donnait l'impression de me noyer dedans... Tout m'avait séduite chez lui. En un instant, le déclic. J'étais tombée amoureuse, comme une adolescente lambda, de mon professeur de l'époque. Et même si je m'étais persuadée que je faisais une connerie, que je fonçais droit dans le mur, qu'il n'était pas accessible, je m'étais accrochée, encore et encore, telle une moule à son rocher. J'avais voulu décrocher ne serait-ce qu'un mot doux de sa part, un geste, même le plus infime des regards. Chaque petit détail que je découvrais à son propos était comme la découverte de toute une vie. J'étais complètement à côté de la plaque, mais cela suffisait à mon bonheur.

Jusqu'à ce que mon rêve se concrétise...

"Je crois bien que... Je suis amoureux de toi Sakura."

Ce n'était plus le professeur qui parlait, c'était lui. Et je n'ai su que tout ça était réel que lorsqu'il s'était avancé plus près... plus près... tout près de moi...

-Saku ! Eh !
-Euh... Hein ? Quoi ?
-Tu penses à lui c'est ça ? A Kakashi ?

Le regard inquiet d'Ino m'était insupportable. Je savais que c'était inutile de mentir mais au fond, j'aurais tout donné pour faire en sorte qu'un simple mensonge passe.

-Tu connais déjà la réponse non ?

Je savais qu'elle me lançait un regard fâché dont elle avait le secret. Évitant précautionneusement ses yeux cerclés de noir qui devaient m'envoyer des éclairs de reproche, je me concentrai sur le grand salon beige que j'avais repeint il y a peu, effaçant les coups de pinceaux de Kakashi lorsqu'il m'avait aidée à refaire à neuf l'appart' quelques mois plus tôt. Me défouler en me démenant le bras à passer le rouleau de haut en bas sur tous les murs m'avait aidé à tirer un trait sur l'un des souvenirs que j'avais accumulé. Si seulement c'était le seul...

Ino s'était foutue d'un coup face à moi pour m'obliger à la regarder pleinement. La taquinant quant au fait qu'on voyait ses seins déborder de sa robe beaucoup trop moulante, elle m'asséna un sourire éclatant qui acheva de me persuader de penser à autre chose qu'à cet homme qui me pourrissait l'existence après des mois hors de ma vie.

-Tu sais, je n'achète pas cette bouffe chaque vendredi pour atténuer le départ de ce connard.
-Ah bon ? Alors c'est quoi ? Tu fais tes réserves pour l'hiver ?
-Non, j'essaye d'innover moi madame ! Et ne t'en fais pas, de l'innovation tu vas en avoir, et plus vite que tu ne crois !
-... J'espère que tu ne parles pas pour mon estomac.
-Et pourquoi pas ? Faut bien tout goûter dans la vie !
-Et qu'est-ce que bouffent les norvégiens ?
-Ah ! Ça s'appelle du Fenalar.
-... Rien que le nom. Et qu'est-ce que c'est ?
-Des cuisses de moutons séchées.

Considérant un instant le sac avec un air de dégoût et réprimant l'envie irrésistible d'éclater de rire, j'attrapai mon portable comme mon dernier moyen de survie à une potentielle intoxication alimentaire.

-Bon bah j'crois que j'vais commander une pizza hein.
-Quoi !? Et qu'est-ce tu fais de ce que j'ai acheté ?
-Jette-moi cette horreur, j'ai pas envie de te retrouver au service des intoxiqués comme ceux qui bouffent de la merde qu'ils trouvent un peu partout.
-Pourtant le vendeur m'a assuré que c'était bon...
-Ton vendeur est peut-être beau mais c'est un bel escroc si tu veux mon avis.
-N'empêche qu'il était beau.
-Et que c'est un gros blaireau.

Mon amie pouffa de rire avant de jeter le sac à la poubelle. Et même lorsque je passais la commande, recevais la pizza et la dégustais avec Ino, Kakashi était encore en train d'hanter mes pensées, comme un mauvais souvenir tenace envers et contre tout.

Depuis son départ, une multitude de questions ne cessaient de m'occuper l'esprit. Au-delà de voir son visage dans tous mes songes, de vouloir me persuader que tout ceci ne s'était jamais passé, ce qui m'emmerdait le plus était de ne pas comprendre pourquoi. "Pourquoi"... Ce mot ne faisait que résonner dans ma tête, comme l'ultime spectre de ce qu'il avait été. J'en venais même à me dire qu'il était mort, qu'il n'avait jamais existé, que je n'avais jamais goûté au philtre de ses lèvres, à l'accoutumance de ses baisers, que mon cœur ne s'était pas entiché de lui et que mon corps ne s'y était pas autant attaché. Mais c'était peine perdue. Lorsque ces interrogations, le souvenir de ce vendredi, de cette disparition soudaine revenaient comme un vieux film en noir et blanc, peu importe ce que j'essayais de nier, d'oublier, rien n'y faisait.

Lorsqu'Ino était repartie au boulot, travaillant à mi-temps comme hôtesse d'accueil dans une boîte privée tout en suivant ses études, je m'étais décidée moi-même à bouger, passant outre le fait que j'étais en repos pour la journée. Ne rien faire me forçait à penser encore à Kakashi, à me poser à nouveau toute une multitude de "Pourquoi" auxquels je n'avais pas réponse et il était hors de question que je passe mon après-midi à cela. D'autant plus qu'un rendez-vous spécial m'attendait, comme toutes les semaines, toujours au même endroit.

Mes Doc's claquaient sur le bitume au rythme d'un bon son d'Oroskulett. Mes cheveux, toujours détachés, s'envolaient à chacun de mes pas, formant une vague rose derrière moi. Je savais que les gens se retournaient, regardant stupéfaits la couleur peu commune de mes cheveux, mon énorme casque sur mes oreilles et le bruit qui s'en échappait. Encore et toujours. Je n'avais même pas le courage de leur lancer un regard noir, ou même de leur adresser un sourire sarcastique. Le vendredi, il était inutile d'entreprendre quoi que ce soit. Cette triste réalité ne fit que me conforter dans l'idée d'ignorer les visages qui me scrutaient et d'arriver à destination le plus vite possible.

Un grand immeuble se présenta devant moi, laissant exhiber au-dessus de l'entrée principale le sigle d'une maison de disques. Même pour un label peu connu, la façade était vraiment loin d'être merdique et on imaginait facilement une bande de pro du son s'installer ici pour faire dix maquettes à l'heure. Bien que la réalité fut toute autre si on considérait les trois groupes principaux qui étaient encore moins connus que les arrivistes de téléréalité. C'était dommage malgré tout, on pouvait aisément trouver pas mal de talents dans une petite branche comme celle-ci et d'ailleurs, je connaissais évidemment une personne qui correspondait exactement à cette description.

Lorsque j'entrai dans le hall principal, la secrétaire, Kin, une petite brune au teint de neige, me fit un immense sourire. Depuis le temps que je venais ici le vendredi, on avait pris l'habitude de discuter avant que je ne monte au quatrième étage. Elle me racontait ses déboires sentimentaux avec Zaku, son petit copain, et me mettait au courant quant aux nouveaux groupes qui avaient décroché un contrat dans la boutique. Je l'abandonnai rapidement lorsqu'un manager que je ne connaissais pas vint la solliciter pour régler une affaire de paperasses et pris l'ascenseur. Lorsque les portes s'ouvrirent, une grande pièce séparée en deux à l'aide d'une grande vitre devant laquelle s'alignaient un tas de machines dédiées aux manipulations du son. Izumo, le coordinateur principal, vint me taper la bise après avoir fini le morceau en cours, juste avant que les musiciens ne sortent de la cabine insonorisée.

-Ah enfin une pause ! J'ai besoin d'une bière.
-Kankuro, arrête la tise sérieux, tu commences à avoir le bide d'une femme enceinte.
-Fous-moi la paix Kotetsu ! Tiens ! Salut Sakura !

Kankuro, le chanteur du groupe, s'approcha de moi, tout sourire. Outre son côté lourd parfois, il restait sympa et aimait exhiber son style particulier, portant aussi bien la coupe totalement décoiffée qu'un maquillage tribal violet. Je remarquai immédiatement le nouveau tee-shirt qu'il portait, affichant en grosses lettres le nom de leur groupe : Suna'rakiri. Faisant partie d'une branche de rock inclassable et n'étant pas forcément fan de ce style, j'étais forcée de reconnaître qu'ils se défendaient sur la scène du rock français si peu propice au talent. Quoi qu'il en soit, les membres étaient sympathiques et surtout un en particulier, celui que je connaissais de longue date et que je ne manquais jamais de voir tous les vendredis.

-Tu cherches mon frangin j'imagine ? Il est en bas, à la cafet'. Il termine de manger, ce midi y avait des croque-monsieur ! Tu le connais, il ne résiste pas à ça.
-Merci Kankuro.
-Oh et la prochaine fois, on pourra passer le vendredi ensemble pour changer ! Si tu en as marre de Mister Gaara.
-Bah voyons ! Et que me vaut cette démonstration de drague pitoyable ?
-J'm'entraîne pour mes fans !
-C'est pas gagné !
-Pour ça que je m'entraîne ma p'tite Sakura-gnagna !

Avec un clin d'œil appuyé, il passa devant moi, prit une bière sur la table et quitta la pièce en compagnie d'Izumo. Un sourire à la fois amusé et affligé se dessina sur mon visage et je me décidai à rejoindre la cafet', prenant les escaliers pour descendre deux étages à pied. Je poussai la lourde porte coupe-feu et atterris dans la salle du réfectoire où quelques rares personnes étaient encore à table. Il ne me fallut pas longtemps pour reconnaître Gaara, de dos, sa crinière rouge en bataille m'indiquant qu'il s'agissait bien de lui. Je m'approchai doucement, histoire qu'il ne m'entende pas et vins m'installer face à lui après lui avoir foutu la frayeur de sa vie.

-Sakura ! Putain, me fais plus peur comme ça !
-Sympa l'accueil ! Je monte jusqu'au studio de répet' et c'est ici que j'te retrouve ? A bouffer un croque-monsieur ?
-Tu permets ? Je déjeune !
-Ouais bah d'ailleurs, passe-moi ça !

Je lui piquai son casse-dalle en l'instant, le laissant les mains vides, protestant bruyamment. Après avoir croqué dedans et faisant mine de savourer ma bouchée pour le narguer, il se leva et alla en chercher un autre, finalement content d'en déguster un bien chaud. Contente que ma taquinerie ait marché, je l'observais, à moitié en train de bouder, ses yeux cerclés du même eye-liner qu'Ino, son tatouage japonais sur le front et son visage portant à la fois les traits de l'adolescent qu'il fut et ceux de l'homme qu'il était devenu.

Lorsqu'il capta mon regard, il se tourna, l'air interrogateur.

-Quoi ?
-Rien, je me disais juste que tu n'avais pas changé.
-Tu me vois tous les vendredis après-midi Sakura, je ne vois pas pourquoi tu me sors ça subitement.
-Je parlais en général crétin ! Rohlala.

Haussant les sourcils d'un air blasé, Gaara termina son croque'. C'est vrai, lui et moi étions amis depuis longtemps maintenant... Depuis le lycée à vrai dire.

Il avait été professeur lui aussi, de physique, il y a de cela plus d'un an. Un génie paraissait-il. Lorsqu'il avait compris que j'étais tombée amoureuse de Kakashi, il était venu me voir, se comportant non pas comme un professeur mais comme une sorte de lycéen colporteur de ragots. Je ne l'avais jamais eu en cours, tant et si bien que je n'avais même pas pu voir au préalable combien il pouvait être mignon. Je pense même que si Kakashi n'avait pas accaparé mon esprit si rapidement, Gaara aurait été celui sur lequel j'aurais potentiellement jeté mon dévolu. Quoi qu'il en soit, le courant était tout de suite passé entre nous, allant jusqu'à cacher cette relation amicale aux yeux des autres élèves. Ce ne fut que lorsque Kakashi et moi nous mîmes en couple qu'il ne cachait plus cette complicité. Au final, il était, avec Ino, une sorte de confident certain, une sorte d'ami irremplaçable. Je savais que si je devais faire confiance à quelqu'un sans me poser de question, c'était lui, et c'était d'ailleurs l'une des rares personnes à bénéficier d'un tel traitement de faveur.

Malheureusement, j'eus l'impression que cette relation n'était pas aussi fiable que je l'avais pensé. Lorsque Kakashi a disparu, me laissant seule sans aucune explication, Gaara n'avait pas agi en conséquence. Son comportement avait changé et il avait été jusqu'à agir d'une manière qu'il m'avait plus qu'étonnée. Il avait démissionné subitement de son boulot de prof, prétextant l'envie d'une année sabbatique et de se consacrer pleinement au groupe. Pire encore, il évitait le sujet Kakashi comme la peste, me parlant volontiers d'un autre sujet pourvu qu'il ne s'agissait pas de celui-ci. Résultat, je n'arrivais jamais à lui exprimer ma peine, à lui confier ce qui me pesait sur le cœur. Mon confident me lâchait en plein large et je me retrouvais à la masse. Mais je devinai qu'il savait quelque chose... Quelque chose qu'il ne voulait pas me dire. Je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus, je ne comprenais pas ce qu'il avait à me cacher, m'ayant même juré qu'il n'était pas au courant d'une intention de Kakashi de se barrer. Je ne comprenais plus rien, rien du tout... Et il n'était visiblement pas disposé à m'éclairer, peu importe l'attention de venir tous les vendredis le voir dans l'espoir qu'il capte un tant soit peu à quel point mes interrogations me bouffaient.

Mais il était hors de question que je me contente de ses esquives, de ses réponses incomplètes, pleines de mystères. J'étais bien décidée à savoir, peu importe le temps que ça prendrait. Il me le dirait bien un jour... Trois mois, un an, voire même plus, je n'abandonnerai pas l'idée de comprendre. Et, je devinai qu'il savait où je voulais en venir en l'observant de la sorte lorsqu'il soupira longuement.

-Écoute Sakura, tu ne crois pas que tu devrais passer à autre chose ?
-Non Gaara. Je ne peux pas ! Ce n'est pas aussi facile que tu le crois ! Je veux comprendre !
-Mais il n'y a rien à comprendre ! Il s'est barré et je n'ai plus de nouvelles moi non plus ! Je me fous de lui de toute façon ! Nous étions amis dans le passé, il était un collègue plus que génial mais je n'accorde que peu d'importance aux gens qui s'en vont comme des lâches.
-Tu ne comprends rien Gaara...
-C'est toi qui ne comprends rien Sakura ! Tu te bouffes la vie avec un mec qui ne te mérite pas ! Merde ! Regarde la vérité en face !
-... Si tu crois que ça m'empêchera d'y penser.
-Je le sais bien. Mais parfois il vaut mieux ne rien comprendre.
-Tu vois ! Tu recommences ! "Ne rien comprendre" !? Alors quoi ? Il est parti naturellement comme ça, un jour, en ouvrant les rideaux et en disant : "Tiens, les croque-monsieur sont meilleurs dans le trou du cul du monde ! Si je m'exilais sans rien dire à personne pour pouvoir en bouffer toute ma vie ?'
-Bah quoi ? C'est pas mal. Moi ça me déplairait pas comme idée !
-Pfff...

Il continuait à sourire de bon cœur et je me rendais compte tout de même que j'allais trop loin. Kakashi me bouffait l'esprit, je n'en pouvais plus et une fois de plus, je laissais exploser ma rage, mes spéculations sur sa disparition soudaine. J'avais tout retourné, ses dernières affaires, son agenda qu'il avait oublié, ses mails, son Facebook qu'il avait d'ailleurs supprimé ou encore ses papiers de boulot mais aucun indice, rien. C'était ça le pire, ne rien savoir. Il avait pu être kidnappé, aussi bien qu'il avait pu fuir avec la première greluche qui était passée sous son nez. Et malgré Gaara s'évertuant à me faire comprendre que je continuais à me prendre la tête pour rien, je ne pouvais me contrôler. C'était plus fort que moi, plus fort que tout mon self-control. J'étais au-delà de la curiosité, maladive de cet homme qui avait fait basculer toute mon existence en y insufflant une flopée de sentiments plus merveilleux les uns que les autres. Et aujourd'hui, je me retrouvais comme une conne, tout un tas d'émotions entassées en mon cœur, qui ne demandaient qu'à exploser hors de ma poitrine.

Honteuse de m'être emportée de la sorte, je baissai les yeux, me concentrant sur mes ongles couverts d'un vernis corail orangé. Lorsque je levai à nouveau le regard, Gaara me sourit, me signifiant qu'il ne m'en tenait pas rigueur. Je lisais l'argument de l'habitude au fond de ses prunelles et esquissait un sourire timide face à son attitude décontractée. Après tout, c'était Gaara, je le connaissais assez pour deviner jusqu'à ses pensées. Et c'était drôle de remarquer à quel point j'y arrivais de mieux en mieux au fil du temps.

Il se gratta la tête, comme cherchant une idée à me soumettre et avant que je ne puis dire quoi que ce soit, il frappa du poing sur la tête, visiblement impatient de m'annoncer ce qu'il venait de retrouver dans les combles de sa mémoire.

-C'est vrai ! Je ne t'ai pas encore mis au courant !
-En effet, t'avais encore oublié je suppose.
-Ouais, j'ai la mémoire courte tu sais bien.
-C'est pas la seule chose de courte chez toi...
-Hey !
-Je plaisante !
-Oui et bien fais gaffe, sinon je ne te dis rien.
-Roooh... Te vexe pas ! Allez, accouche.

L'air à moitié boudeur, il mit de côté ma plaisanterie pour faire à nouveau preuve d'un enthousiasme marqué.

-On nous a proposé une collaboration ce matin !
-Quoi !? Mais c'est génial !
-N'est-ce pas ?
-Et qui vous demande ?
-Un groupe américain qui s'appelle Kunaika.
-Ah ? Je connais pas.
-Ils sont géniaux. Pas très connus mais ce sera l'occasion de faire une collab' entre semi-pros. C'est une super occas' pour nous, histoire de faire connaître Suna'rakiri outre-atlantique.
-C'est vrai que pour les groupes, le must c'est de dépasser les frontières. La France, c'est pas vraiment le pays du rock.
-Ouais, et mieux que tout, on organiserait une tournée des festivals là-bas, histoire de s'éclater.

Il avait l'air d'un gamin surexcité à qui on avait promis une après-midi à Disneyland. Je souriais à cette superbe nouvelle, imaginant à quel point il serait cool d'aller aux US y faire une tournée. C'était le rêve de tous les groupes après tout et j'étais très heureuse qu'un groupe comme Suna'rakiri, qui peinait à se faire un nom, ait une opportunité pareille. Après tout, Gaara le méritait et tous les autres également. Ils bossaient dur, ça se voyait, et même si l'argent ne suivait pas toujours, ils continuaient à persévérer dans cet univers cruel qu'est celui de la musique. Dès qu'il ne s'agissait pas de faire du commercial, en général, les groupes peinaient à financer les labels qui produiraient potentiellement leur album. Il s'agissait parfois de coups de poker qui ne se jouaient à rien, à un cheveu et qui, malheureusement la plupart du temps échouaient.

-C'est vraiment super Gaara ! Félicitations à tout le groupe.
-Ouais. A ce propos, je voulais te demander si ça te dirait de venir avec nous ?
-... Quoi !?

La bouche entrouverte, l'air choqué, je regardais Gaara sourire, très fier de m'avoir annoncé ça de but en blanc. Ne m'y attendant même pas, j'avais à moitié glissé de ma chaise, menaçant de me retrouver le cul à terre.

-Ouais, ça pourrait être sympa ! Tu pourrais suivre la tournée et puis je sais que tu rêves d'aller aux States depuis un bail alors...
-Oui mais... Enfin je ne sais pas c'est... C'est soudain.
-Oui je sais bien mais il faut que tu te décides assez rapidement, nous partons lundi.
-Lun... Lundi !?
-Ouais, pour deux mois. Alors il me faudrait ta réponse dans le courant du week-end. Mais ce serait cool si tu pouvais venir ! En plus, il n'y a pas que la tournée qui risque d'être intéress...
-Bah alors frangin ? On drague ?

Kankuro venait d'arriver, l'air très content d'interrompre ce qu'il croyait être un petit tête à tête romantique. Je le maudissais d'être intervenu de la sorte, coupant Gaara en pleine phrase, phrase qui me semblait d'ailleurs curieuse. Dans ma tête, ça venait de faire tilt. Qu'est-ce qui risquait d'être intéressant ? Est-ce qu'il me préparait une surprise ? Cela voudrait peut-être expliquer pourquoi il venait de me proposer un truc pareil d'une manière aussi subite. Malheureusement, je ne pouvais même pas lui demander d'achever ses propos qu'il devait s'expliquer auprès de l'emmerdeur.

-Kankuro, t'as rien d'autre à foutre ?
-Du calme princesse ! J'suis venu te demander d'amener tes fesses, la répet' recommence ! Désolé Sakura, mais j't'emprunte ton prince charmant.
-Kankuro, t'es soulant sérieux.
-On se calme p'tit frère et on me suit sans faire d'histoires.
-Sakura tu...
-Ne t'en fais pas, je te dis ça ce week-end.
-Cool. Désolé de t'abandonner comme ça.
-Hey, le groupe avant tout non ? File !
-Là, tu vois ? Même ta copine le dit Gaarounet, allez, on y va !
-Kankuro ! Lâche mon bras bordel !

L'entraînant avec force dans l'ascenseur, les portes se refermèrent après que les deux membres me firent un signe de la main. Au final, je me retrouvais assise seule dans l'immense cafétéria déserte, me remettant de la proposition soudaine de Gaara. Mon rêve d'aller aux Etats-Unis allait se concrétiser, même si je ne comprenais pas vraiment les motivations du guitariste. Une chose était sûre, il ne restait plus qu'à convaincre Ino et j'allais sûrement assister à la concrétisation de mon souhait le plus cher : une tournée de groupes de rock, au-delà de l'Atlantique.



Voilà pour le premier chapitre ! J'espère que le suivant vous plaira tout autant !

Merci pour votre lecture :3

A la semaine prochaine~




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