Fiction: C'est Lui... (terminée)

Alors qu'elle se voyait contrainte de laisser partir ce qu'elle pense être l'homme de sa vie un an plus tôt, Sakura décide de tout plaquer à l'aube de ses 19 ans afin de le rejoindre. Cependant, les choses ne sont jamais aussi faciles et alors même qu'elle laisse sur le carreau sa meilleure amie en instance de rupture, elle découvre que son Sasuke n'habite pas seul, loin s'en faut. Entre rêves, illusions, espoirs et déchéance, Sakura va devoir s'accrocher à un amour à bout de souffle
Classé: -12I | Drame / Romance | Mots: 42930 | Comments: 20 | Favs: 17
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Beverlyy (Féminin), le 21/06/2013
Suite à la publication de cette fanfic sur Fanfic-fr.net, je me décide à la mettre sur WoN histoire de mettre un peu à jour mon recueil :). Un SasuSaku qui m'a été largement demandé suite à Une Putain de Vie Sentimentale et que j'écris avec plaisir, lentement mais sûrement !

Bonne lecture !




Chapitre 9: Vengeance et délivrance



J'avais tout préparé pour que l'instant soit parfait. Kiba m'avait aidée à dresser une table, à commander un gâteau et tout le reste. J'avais passé une robe en soie qui m'avait coûté mon reste de salaire, et, plus que tout, le plus gros de ma paye était entre mes mains. Il n'y aurait aucun problème, je priai pour que rien ne vienne assombrir cette belle journée de fin d'été. Je contemplais la bague ouvragée en or massif, le petit S gravé, symbole de tous mes efforts de cette semaine. Plus j'y pensais, plus un goût amer me revenait en bouche. Et si ça ne marchait pas ? Et si tout tombait à l'eau ? Et si je m'apprêtais à vivre le remake de Titanic ?

Est-ce que je pourrais remonter à la surface ?

Kiba avait été optimiste jusqu'au bout, il n'avait pas bronché, pas une seconde. Son caractère pourtant bougon n'avait pas fait surface et c'était à la fois encourageant et déconcertant. Il avait le compliment facile, la délicatesse apparente, à mille lieues du punk qu'il était. Cependant, avec les heures qui s'égrainaient sans aucune apparition de Sasuke, ses marques d'attention se raréfièrent. Il ne voulait pas craquer, ne pas s'énerver, je le sentais, mais il était à un cheveu de s'emporter... Et moi de craquer.

On avait attendu son retour toute la journée pour ne pas rater la surprise. Kiba l'avait appelé, d'abord sans succès, puis avait demandé de l'aide à Pein qui s'était fait une joie de rappeler à Sasuke qu'il avait peut-être une enveloppe de loyer à glisser dans sa chambre impérativement. On ne refusait rien à Pein ici il fallait croire, mais peut-être avait-il senti le coup fourré ? Ou alors avait-il estimé qu'une simple liasse de billets pouvait bien attendre un peu ? En tous les cas, à vingt heures passées, mon espoir commençait à flancher.

-Il va arriver.

-Kiba...

-Tu dois y croire. On n’a pas fait tout ça pour rien.

-Je le sais... Mais ça ne veut pas pour autant dire qu'il viendra...

-Il viendra. Si jamais ce n'est pas le cas, j'irai le chercher.

Je voyais au-delà de son ton froid et de son tic nerveux qui consistait à taper des doigts sur la table d'un air renfrogné. Il ne voulait pas que je m'inquiète, il avait peur que je flanche à nouveau comme une semaine auparavant, lorsque j'avais été à deux doigts de prendre le premier train pour Paris. Je savais qu'il m'encourageait quoi qu'il arrive, qu'il était devenu comme mon mentor, mon allié le plus fidèle dans cette aventure qui n'avait que mal commencé.

Sans réfléchir, je lui avais pris la main, l'interrompant dans sa série de tapotages. Surpris, il faillit même renverser l'un des verres posés sur la table et le rattrapa in extremis sans même me lâcher. Ses doigts étreignirent les miens comme s'ils cherchaient à me transmettre leur chaleur.

-Kiba...

-Fais attention. Je ne voudrais pas que tu taches ta robe.

-Merci. Je... vais te chercher quelque chose à boire.

-Oh... Merci.

Je m'étais éloignée vers la cuisine pour échapper au regard du punk. Une fois à l'abri, je fis mine de me mettre une gifle. J'étais complètement inconsciente ! Si Sasuke était arrivé à ce moment-là, il aurait très bien pu interpréter ça comme un geste bien plus qu'amical. Je n'avais même pas réfléchi avant de lui saisir ses doigts et d'y ressentir l'étincelle de sa peau contre la mienne. Peut-être bien que toute cette semaine à faire des photos avec lui m'avaient conduite à agir avec lui d'une façon plus que tactile. Il fallait absolument que cette mauvaise habitude disparaisse. Sasuke ne le supporterait pas, et moi non plus.

Mes mains tremblèrent lorsque j'ouvris le frigo. Elles tremblaient encore lorsque je pris la bouteille de soda et les tremblements ne cessèrent pas davantage lorsque je servis une assiette de nachos pour Kiba. J'avais le cœur qui battait la chamade en pensant à cette semaine, cette proximité avec le punk, mes efforts pour Sasuke et enfin cette soirée qui semblait si longue, chaque minute à attendre son retour la boule au ventre.

Et soudain, mon cœur s'arrêta de battre.

J'avais entendu un faible cliquetis provenant du salon, comme le bruit significatif qu'une serrure qu'on ouvre. Un petit crissement m'indiqua que la porte fut ouverte, puis refermée en un claquement. Ca y est, il était ici, il était arrivé, enfin.

Je pris une grande inspiration et remis mes cheveux en place. C'était ridicule de penser à ma coiffure dans un moment pareil où je sentais toutes mes résistances s'effondrer mais je voulais qu'il me trouve parfaite, je voulais le lire dans ses yeux, y déceler des étoiles de bonheur lorsqu'il verrait tous mes efforts. C'était ma chance et, l'assiette d'une main et le verre de l'autre, je me décidai à quitter la cuisine, l'impression d'être sur un petit nuage.

Le retour à la réalité fut brutal.

_

J'eus l'impression de manquer d'air et l'assiette se fracassa au sol sans même que cela me fasse un quelconque effet. Kiba était dans le même état que moi : debout, tétanisé, les yeux écarquillés et l'impression d'avoir pris une douche froide. Une douche glacée même.

Sasuke était bien là. Il avait l'air fatigué, amaigri, mais il souriait comme un bienheureux. Un smoking impeccable, les cheveux sculptés, les pompes cirées, il semblait sortir du Trader Magazine. Comme à son habitude, il irradiait d'un charisme fou, d'une assurance sans pareille qui trahissait un ego peut-être démesuré. Pourtant, trois choses ne collaient pas : son sourire, son accessoire à la main gauche et celui à son bras droit.

Un sourire trop satisfait, une nouvelle bague trop reluisante et, plus que tout, une fille trop tactile, beaucoup trop tactile.

Je me sentais défaillir, comme si l'on venait de me briser mes plus beaux rêves. J'étais une gamine qui pensait découvrir Disneyland et venait de faire face à l'implacable réalité : le prince charmant n'est qu'un intermittent du spectacle qui, une fois son show fini, s'en retourne à ses basses préoccupations entre foot, bières et soirées pizza.

Et, pire que tout, les princesses n'existaient qu'en CDD, le temps d'avoir un quelconque intérêt au regard de ces messieurs et, je devais me rendre à l'évidence : ce soir-là, la princesse, ce n'était pas moi. Une doubleuse avait pris le relais, parée d'une robe de satin rouge à gros ruban et d'une broche en forme d'éventail. Ses cheveux blonds en bataille lui conféraient un style à la fois élégant et décontracté et, plus que tout, ses yeux d'un vert impérial, un peu plus foncés que mes iris mentholés, semblaient animés d'une lueur qui m'était étrangère. Elle était superbe et moi, moi je n'étais que moi, peu importe ma tenue soignée ou même ce stupide écrin dans ma sacoche, je ne faisais pas le poids.

Et Sasuke continuait à sourire, comme s'il savourait pleinement cette vengeance.

-Tiens, on fête quelque chose ici ?

Il avait lancé ça d'un ton à la fois ironique et provocateur. Je n'eus même pas le temps de réagir que Kiba avait bondi sur lui dans l'optique d'un nouveau combat. Dans un réflexe inexplicable, je m'étais précipitée pour lui attraper le bras avec force, l'interrompant dans sa folie furieuse. Sasuke n'avait pas cillé, sa compagne en revanche, venait d'hurler.

-MAIS QU'EST-CE QUI LUI PREND A CELUI-LA !?

-Laisse Temari, cet homme est un primate, ou du moins il en a le QI.

-SASUKE, ESPÈCE DE... SAKURA ! LÂCHE-MOI ! JE VAIS ME LE FAIRE CE CONNARD ! SAKU... ra ?

J'avais lâché Kiba et m'étais précipitée vers Sasuke. Je m'étais arrêtée à seulement quelques centimètres de lui, la main en l'air, prête à le gifler de toutes mes forces, avec toute ma hargne... Pourtant, mon bras refusait de bouger. J'étais restée dans cette position durant quelques longues secondes, avant de capituler. La blonde avait tiré son cavalier vers elle, comme pour l'inciter à s'en aller, mais il n'avait pas bougé et continuait à me fixer de ses prunelles tranchantes.

-Joyeux anniversaire Sasuke.

-Sasuke ! Allons-nous-en !

La blonde continuait son manège mais je n'avais pas l'intention de les laisser filer. Pas avant qu'il ne sache à quel point je venais d'être poignardée en plein cœur.

-Ca fait une semaine que tu n'es pas rentré. Une semaine où j'ai attendu, comme une conne, où j'ai supplié que tu reviennes.

Je m'étais approchée de la table, laissant le couple derrière moi. Je continuais à psalmodier seule, comme si je répétais un long et laborieux monologue.

-Je ne sais pas ce qui a été le plus dur. Mes efforts pour organiser cette soirée ou celui de ne pas t'en mettre une à l'instant.

J'avais attrapé un coin de nappe.

-Je ne t'ai giflé qu'une fois Sasuke, la seule fois où tu as osé me dire de dégager lorsque tu n'avais pas été accepté à cette stupide école de commerce.

Solidement.

-Mais cette fois-là n'était rien comparée à aujourd'hui. Non. Je crois qu'aujourd'hui j'aurais pu tout encaisser, même tes insultes et tes accusations infondées, tes reproches les plus meurtriers, j'aurais pu tout entendre, tout supporter.

Sans ciller.

-SAUF CA !

J'avais tiré d'un coup la bordure de dentelle qui entraîna dans son sillage vaisselle, bouteilles et gâteau. Dans un concert assourdissant, le tout se fracassa au sol, déclenchant les cris de Temari qui jura à haute voix. Sasuke semblait avoir réagi en ouvrant les yeux plus qu'il n'en fallait pour admirer le spectacle d'une femme hystérique. Cette femme, c'était moi. Mon rôle était trop spontané pour que je puisse le louper et le final ne se fit pas attendre. L'écrin fusa à travers la pièce pour atteindre son destinataire. Le rattrapant in extremis, il ne se donna même pas la peine de l'ouvrir. Il avait sûrement deviné ce qu'il contenait.

-Une semaine de sacrifices Sasuke. C'est ce que tu tiens dans tes mains.

-T'AS UN PROBLÈME MA VIEILLE ! VA TE FAIRE SOIGNER ! Sasuke, allez, on s'en va !

-C'est ce que vous avez de mieux à faire. Allez-vous-en. Et ne t'en fais pas Sasuke, lorsque tu reviendras, je serai déjà loin. C'est la dernière fois, l'ultime fois, que tu me reverras.

Je m'étais dirigée vers la porte, sans même un nouveau regard pour celui que j'aimais. Je n'entendis pas Kiba réagir derrière moi et ne pris même pas la peine de courir. Les larmes attendraient que je sois hors de portée, loin de tout ce massacre.

_



Je m'étais réfugiée près de la gare. Aucun train. Ils avaient dit une semaine, mais je n'y croyais plus. De toute manière, je ne pouvais plus me permettre de rester ici, c'était terminé. Avec ou sans train, j'allais m'en aller. Je savais quel serait mon dernier recours, le dernier, celui que je ne voulais justement pas utiliser. J'avais marché une rue, puis deux, jusqu'à retrouver le quartier pavillonnaire où Kiba et moi avions fait escale la dernière fois. Presque au même endroit, je m'étais assise sur le trottoir, ma robe en soie en proie à la saleté sans que cela ne m'affecte. J'avais simplement sorti mon portable et composé un numéro que je connaissais par cœur.

Une voix me parvint après quelques secondes, une voix qui m'arracha toutes les larmes que je n'avais pas laissé couler devant Sasuke quelques minutes auparavant.

-Sakura ! Sakura bon sang !! Qu'est-ce qu'il se passe !?

-I... Ino...

-Oh Sakura, j'étais si inquiète ! Une semaine sans nouvelles ! Dis-moi tout !

Je m'efforçais de tout raconter, reprenant mon souffle entre deux sanglots. Mes explications me parurent durer une éternité et certains passages eurent pour effet de m'arracher la gorge. Mais le constat était simple : je m'étais plantée sur toute la ligne. Ino avait raison avant mon départ, j'avais été trop conne pour l'écouter et c'était ainsi. Je payais pour mes erreurs une nouvelle fois. J'avais même voulu y croire de toutes mes forces, suivre les directives de Kiba et ne pas abandonner, j'étais au point de non-retour.

Ino s'enflammait au bout du fil, jurait, hurlait et évacuait toute la rage que j'avais contenue en moi. Mon cœur était à bout, tant et si bien que je n'arrivais même plus à retracer les événements. Tout ce que j'arrivais à exprimer était à quel point j'étais perdue, à quel point je me sentais vide, comme l'ombre de moi-même.

-QUEL ENCULÉ ! QUEL SALAUD ! CE PUTAIN DE...

-Ino... Ino... Je t'en supplie... Je voudrais que tu viennes me chercher... Au plus vite.

-B... Bien sûr ! Je serai là à la première heure demain !

-Merci... Merci Ino...

-Tu n'as pas à me remercier ! De toute façon, plus rien ne me retient ici. Qu'est-ce que tu dirais de partir toutes les deux en vacances ? Hein ? Rien qu'entre meilleures amies !

-Mais... Ino... Et Shikama...

-Inutile Sakura. Shikamaru, c'est du passé.

-Mais ! Comment ?

-Ce n'est pas important. C'est fini c'est tout. Ce qui importe c'est toi et je serai là à huit heures tapantes demain ! Parole de Yamanaka !

-Ino ! Attends... Je...

-A demain ma chérie !

Elle avait vraiment la sale manie de raccrocher avant que je puisse en placer une. Mais c'était Ino, elle était comme ça. Elle ne m'en voulait pas pour cette semaine de blanc et n'avait même pas hésité pour venir me chercher. C'était une meilleure amie que chacun aimerait posséder, la mienne. A cette pensée, j'avais souri. Mes larmes s'échouaient encore sur le bitume, formant quelques taches sombres. Mais je continuais à sourire, un sourire amer, le sourire d'une fille blessée, meurtrie...

Anéantie.

_

J'avais réussi à me relever après avoir séché mes joues tant bien que mal. Je sentais le mascara poisseux contre ma peau, me donnant envie de me frotter le visage au papier de verre. Il était temps que je rassemble mes affaires et que j'attende Ino à la gare. Je passerai la nuit sur le banc public, ne supportant même pas l'idée de devoir jouer les faux-semblants à vivre plus longtemps sous le toit de ce qui était à présent mon ex. Après avoir déclamé en long, en large et en travers que Sasuke était mon âme-sœur, qu'il était l'homme de ma vie, je n'avais plus d'autre choix que de me rendre à l'évidence : j'étais ridicule. Je croyais à toutes ces conneries, à ces rêves stupides, je martelais avec force que mes espoirs n'étaient pas vains. Mais j'avais tort, sur toute la ligne.

Un bruit de pas se fit entendre. Je n'eus même pas besoin de me retourner, je savais pertinemment qui c'était. Une main s'était posée sur mon épaule mais, quand bien même l'émotion me submergea à nouveau, mes yeux étaient incapables de verser une larme de plus. Je m'étais tournée vers le nouveau venu, captant l'inquiétude au fond de ses yeux.

-Kiba...

-Sakura.

Un échange de nom qui voulait tout dire. Je savais qu'il me disait "Je suis inquiet pour toi" et que je lui répondais "Ne t'en fais pas, c'est terminé". Nous étions les seuls à pouvoir nous comprendre de la sorte, je l'avais remarqué après cette semaine ensemble.

-Tu es là depuis longtemps ?

-Assez longtemps pour entendre ta conversation. Désolé.

-Je vois.

-Alors... Tu t'en vas ?

-Je croyais que tu avais tout entendu.

Je ne voulais pas lui dire que j'étais ravagée. Il le devinait assez bien comme ça. Pourtant, les rôles étaient inversés. J'avais l'impression que c'est lui qui s'apprêtait à partir tant son regard me lançait cette lueur à la fois sombre et triste digne de grands adieux. Je détestais cet instant où l'on se rend compte que toutes les choses ont une fin. Paradoxalement, même la fin de cette période éprouvante m'apparaissait comme un calvaire. Je n'avais pas envie de partir sur cette note-là, mais je n'avais pas non plus l'envie de rester. A vrai dire, je n'avais envie de rien désormais.

Je m'étais époussetée rapidement, claquant vigoureusement des mains comme pour apparaître courageuse et pleine d'entrain. Je voulais surtout écourter cet échange digne d'une tragédie classique. Les larmes étaient passées, les grands drames aussi et il était temps de tirer le rideau. Pourtant, Kiba m'avait enlacée en un quart de seconde, sans même que je puisse le voir approcher. Ses muscles saillants m'avaient à nouveau emprisonnée, me donnant à sentir le contact de ses mains contre ma peau, son parfum poivré et le cuir de son perfecto. Je n'osais plus bouger, pas même un cil, comme lors de nos séances de poses.

-Kiba, arrête... Qu'est-ce que tu...

-Ne t'en vas pas Sakura. Je t'en prie.

-Mais je... Arrête, lâche-moi...

-Je t'aime Sakura.

Je n'avais même plus envisagé d'essayer de me débattre. Je me retrouvais à nouveau un an en arrière, lorsque Sasuke allait partir. Lui aussi m'avait enlacée, mais c'est moi qui l'avait supplié de rester... Je refusais de le lâcher. L'idée qu'il parte était insupportable et seuls ces mots m'avaient assuré que je le retrouverais.

"Je t'aime Sakura."

Kiba n'avait pas bougé, son étreinte toujours aussi forte. La tête calée contre son cœur, j'en entendais les battements rapides, songeant au mien qui devait également tenir la cadence. Ses mots avaient retenti, brisant la quiétude d'une nuit étoilée. J'avais entouré son torse de mes bras et relevé la tête. Il me regardait tendrement, comme le plus amoureux des hommes.

-Kiba... Pourquoi...

-Shhh.

Il ne m'avait pas laissé le temps de l'interroger davantage que ses lèvres captèrent les miennes. Je m'étais demandé ce que serait un baiser avec un autre homme que Sasuke, si je pourrais m'y faire, rien qu'à l'idée cela me semblait impossible. Pourtant, la douceur et la tendresse de Kiba me laissèrent rêveuse. Je sentis son étreinte se resserrer tandis que le baiser se prolongeait, s'intensifiait, nous entraînait dans une démonstration de passion folle, inexplicable.

Lorsque nos visages s'éloignèrent, Kiba me passa une main dans les cheveux, doucement, me procurant un frisson. Je sentais mes joues s'embraser, devinant la peau rougie couverte de mascara coulant. J'étais à la fois captive et morte de honte.

-Tu voulais savoir pourquoi ? N'est-ce pas évident ?

-Kiba... Je ne suis pas... Tu sais bien que...

-Sasuke ? Je sais bien que je ne pourrai jamais le remplacer Sakura. Pourtant, je t'aime. Je t'aime comme il se doit, comme tu le mérites. Je veux être là pour toi comme je l'ai été depuis que tu es arrivée, depuis que j'ai eu honte de m'être comporté comme un crétin en pensant que tu n'étais qu'un prolongement d'emmerdes, un Sasuke féminin qui me pourrirait l'existence. Tu n'es pas comme lui Sakura, tu n'es pas suffisant, avec un ego surdimensionné et le sarcasme facile. Tu es la gentillesse même, l'innocence qui vous donnerait envie de croire encore à l'amour unique, pur, avec un grand A. Sakura, tu es la personne qui m'a donné envie d'y croire, d'espérer que l'âme-sœur existe. Et je pense l'avoir trouvée. Toi, Sakura. C'est toi.

Je ne pouvais rien répondre à ça. Pas si soudainement, pas alors que ma gorge venait de se nouer. Il s'était à nouveau penché pour m'embrasser et je n'avais pas reculé. Il était inutile que j'essaie de l'en empêcher, je ne savais même pas si c'était là ce que je désirais. Je me trouvais à la croisée des chemins, sur le seuil de ma destinée. Partir et tout recommencer ailleurs ? Rester et espérer qu'il soit réellement mon âme-sœur ? Le choix ne dépendait désormais que de moi.

Pourtant ce soir-là, je m'étais abandonnée toute entière à Kiba. Nous avions regagné l'appart' sans se lâcher une seule seconde. J'étais groggy de son amour, comme ivre de la tendresse qui m'avait tant manquée depuis un an. Nous étions entrés dans la chambre de Pein, celle qui offrait le plus grand lit. Il m'avait adressé un regard passionné avant de fondre sur moi pour me couvrir de caresses. Tout s'éteignit autour de moi, ne subsistant que la chaleur de nos étreintes, nos souffles entrecoupés, nos baisers enflammés et l'amour charnel à son paroxysme.

Cette nuit-là, Sasuke avait frappé mon esprit, comme lors de notre première fois, notre toute première fois. Les larmes avaient coulé silencieusement une fois notre démonstration d'amour achevée. Kiba rattrapa la première perle du revers de sa main et empêcha les autres de déferler.

Ses lèvres ne quittèrent pas les miennes jusqu'au petit matin.

_



A sept heures le lendemain matin, l'appart était embaumé d'un silence oppressant. Kiba avait pris possession de la salle de bains afin de se préparer et de m'aider à faire mes bagages à contrecœur. Quant à moi, j'étais dans le salon, contemplant mon œuvre de la veille. Tout était resté par terre, formant un fatras inqualifiable. Je m'étais mis un point d'honneur à tout nettoyer, plus par respect du lieu en lui-même que pour effacer le souvenir de cette soirée. A chaque débris ramassé, je revoyais Sasuke et cette greluche et menaçait de réduire les morceaux en poussière. Pourtant, l'idée qu'il soit avec elle ne m'affectait plus autant. J'étais désormais célibataire, pour le meilleur et pour le pire.

Une fois la salle nettoyée et mes valises prêtes, Kiba et moi étions restés muets, sans doute conscients d'avoir agi bien trop vite. Je ne saurais dire si je regrettais notre comportement mais une chose était sûre, j'aurais vraiment aimé rencontrer Kiba plus tôt, ou dans une autre vie, une vie vierge, qui n'aurait pas été marquée du sceau de Sasuke.

Huit heures et quart. Devant un café bien serré, Kiba semblait aussi amer que le contenu de sa tasse. Parfois nos regards se croisaient, pour se décroiser aussi sec. Aucun de nous deux ne semblait disposé à briser le silence le premier. Il me fallut une dose de courage et de caféine supplémentaire pour m'y risquer en même temps que ce dernier.

-Kiba...

-Sakura...

Nouveau regard. Un rire. Une atmosphère aussi détendue qu'à l'ordinaire. Avec Kiba, tout était simple et n'avait pas besoin de se perdre dans des prises de têtes infinies. J'allais enfin entamer une conversation sur un sujet lambda lorsque la porte de l'entrée s'ouvrit. Sans prendre la peine d'une hésitation, nous nous étions présentés à l'entrée du corridor pour accueillir le nouveau venu. Mon cœur battait la chamade pour deux raison.

L'une était qu'Ino devait arriver.

L'autre était que seuls Pein et Sasuke détenaient le double des clés.

Lorsque la porte s'ouvrit, j'eus à nouveau l'impression de me faire électriser. Je m'attendais à tout, sauf à ça.

_

Pein et Ino se tenaient sur le seuil, bras-dessus bras-dessous, comme les meilleurs amis du monde. Lorsque la blonde me vit, elle quitta son compagnon pur me sauter dans les bras en criant comme une hystérique en crise. Je n'eus même pas le temps de réagir qu'elle m'assaillit de questions, en passant du classique "Est-ce que tout va bien ?" au "T'aurais pas maigri toi ?". Je retrouvais ma meilleure amie aussi pétillante qu'à l'ordinaire.

Kiba servit du café pour tout le monde. Ce rassemblement évoquait celle d'une réunion d'anciens élèves, avec sa pointe de nostalgie et d'euphorie. Mon cœur n'était pourtant pas à la fête, mais il fallait croire que le sourire d'Ino était la pire contagion possible.

-Du coup j'ai croisé Pein sur la route ! C'est pas de chance, une batterie toute neuve qui tombe à plat ! J'ai laissé ma voiture chez le garagiste du coin, il me la rend en fin d'après-midi, comme ça, je peux profiter de mon cousin !

-Ino, tu as eu de la chance de tomber sur moi. Sur quelqu'un d'autre, j'pense que ça aurait jazzé ! J'ai failli te rentrer dedans.

-Ooooh sois tranquille ! Je sais comment m'en sortir, pas vrai Saku ?

Je n'étais pas aussi joyeuse qu'Ino pour ma part. Ni même aussi optimiste. Kiba ne semblait pas plus rassuré. Pein ici, cela ne voulait dire qu'une chose : il avait eu vent de toute l'histoire. Sasuke manquant à l'appel, ses dires devaient être confirmés. Pourtant, il continuait à sourire, comme s'il se moquait bien de la situation actuelle.

Je soupirai, à la fois contrariée et soulagée que le départ soit reporté en fin d'après-midi. Mais, alors même que je portais ma tasse à mes lèvres, mon cœur se figea avant même d'avaler une gorgée.

La serrure à nouveau. La porte qui s'ouvre. Les images qui défilent. Sasuke qui entre, passe le corridor, entre dans le salon accompagné de sa blonde.

Non, je revoyais un film. Un mauvais film. Un mauvais rêve.

Il était pourtant bien là.

Toujours aussi bien accompagné.

A la stupéfaction générale.




=D Chapitre 9 et fiction qui touche presque à sa fin. Je n'avais pas prévu de la faire très longue du coup, je vais pouvoir sortir ma prochaine fiction dans très peu de temps !

J'espère que ce chapitre vous plaira !




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