Fiction: C'est Lui... (terminée)

Alors qu'elle se voyait contrainte de laisser partir ce qu'elle pense être l'homme de sa vie un an plus tôt, Sakura décide de tout plaquer à l'aube de ses 19 ans afin de le rejoindre. Cependant, les choses ne sont jamais aussi faciles et alors même qu'elle laisse sur le carreau sa meilleure amie en instance de rupture, elle découvre que son Sasuke n'habite pas seul, loin s'en faut. Entre rêves, illusions, espoirs et déchéance, Sakura va devoir s'accrocher à un amour à bout de souffle
Classé: -12I | Drame / Romance | Mots: 42930 | Comments: 20 | Favs: 17
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Beverlyy (Féminin), le 09/06/2013
Suite à la publication de cette fanfic sur Fanfic-fr.net, je me décide à la mettre sur WoN histoire de mettre un peu à jour mon recueil :). Un SasuSaku qui m'a été largement demandé suite à Une Putain de Vie Sentimentale et que j'écris avec plaisir, lentement mais sûrement !

Bonne lecture !




Chapitre 7: Prête à tout



La gare était totalement silencieuse et seuls mes sanglots en brisaient la quiétude.

Je ne me souviens plus combien de temps j'étais restée à pleurer dans les bras de Kiba. Tout ce que je sais, c'est que mes pleurs ne cessèrent qu'une fois mes yeux éteints. J'étais complètement paumée, dans une situation qui m'échappait totalement. Et maintenant ? Que faire ? Pas de train durant une semaine, pas d'endroit où aller, pas de Sasuke... Non. Sasuke n'existait plus. Je ne devais même plus penser à lui.

C'était fini.

Kiba ne m'avait pas lâché. Il était resté à m'enlacer sans broncher, indifférent aux perles translucides qui s'écoulaient sur la manche de sa blouse. Lorsque j'avais enfin daigné lever la tête, il avait l'air grave, semblable à un proche parent devant un patient en phase terminale. Chacun de ses traits tirés semblaient me dire qu'il était désolé, qu'il se sentait coupable.

Mais ce n'était pas sa faute. Ce n'était que de la mienne. La petite rêveuse complètement stupide, complètement amoureuse de monsieur parfait, complètement conne au point de foutre en l'air une relation en à peine trois jours. J'aurais facilement eu ma place dans le livre des records ou même la couronne de la reine des cruches.

Je m'étais écartée de lui, n'assumant pas d'être aussi fragile, aussi pitoyable. Ma situation était complètement foireuse, désespérée, je le savais, mais il était hors de question que je m'enfonce d'avantage. Je n'avais plus une thune, pas étonnant après une longue année à trimer pour me démerder toute seule et à tout mettre en oeuvre pour rejoindre Sasuke. Il ne me restait plus rien. Au final, mon porte-feuilles était aussi vide que mon coeur et je me maudissais de l'avoir laissé à nu aussi longtemps. Je voulais que le monde entier me lâche, que tout disparaisse, tout, absolument tout.

J'avais repris ma valise en main, prête à m'engouffrer dans la fraîcheur d'une sombre soirée lorsque Kiba me retint une nouvelle fois.

-Où tu vas ?

-Encore à me demander où je vais ? Laisse moi Kiba...

-Je ne peux pas te laisser, pas dans ton état.

-Je ne veux pas de ta pitié ! Je sais que je ne suis bonne qu'à chialer ! Je ne suis bonne qu'à ça ! Je...

Kiba me regardait intensément, comme s'il mesurait le poids de chacun de mes mots. Ma voix était tiraillée par mes cris, entrecoupée de sanglots persistants. Je n'arrivais même plus à combattre, pas après avoir perdu face à Sasuke. C'était Kiba qui lui avait tenu tête, pas moi. Moi, je n'avais fait que prendre un retour de bâton largement mérité. J'avais simplement eu tort de penser comme je l'avais fait, comme une petite idiote. Mais c'était ainsi, c'était la vie et je détestais donner raison à ce vieil adage.

-Tu comptes dormir sous les ponts ?

Il m'avait suivi dehors tandis que j'avançais en traînant ma valise trop lourde et mon coeur de plomb. Je n'avais même pas la force de lui répondre à nouveau. Je ne savais pas où j'allais, contrairement au moment de ma fuite quelques dizaines de minutes auparavant. Là, c'était de l'improvisation pure. Kiba le savait et ne s'éloignait pas d'un centimètre, me suivant tel un garde du corps à travers les rues pavillonnaires silencieuses et complètement vides.

-Sais-tu au moins où tu vas ? Réponds !

-Non.

-Alors ne joue pas les connes et rentre avec moi.

-Hors de question.

-Sakura...

J'étais fatiguée, fatiguée de tout ça. Sans pitié pour mon jean, je m'étais assise sur le trottoir, ma valise allongée sur les pavés. J'avais envie de fourrer mon visage dans mes mains et de me mettre à pleurer toutes les larmes de mon corps. Pleurer, crier, pleurer... Je ne savais faire que ça et c'était la seule chose à faire. Par fierté, je ne m'y abandonnais pas. Kiba continuait à scruter le moindre de mes gestes et je m'en voulais déjà d'avoir craqué à la gare.

Il s'était assis à côté de moi et seule ma valise nous séparait. J'avais jeté un coup d'oeil à sa veste, tâchée de mascara humide et je baissai les yeux, honteuse.

-Tu n'es pas obligé de supporter ça...

-Je le sais bien, mais ce n'est pas mon genre d'abandonner quelqu'un dans la merde, encore moins quand c'est en partie ma faute.

-Tu n'as rien fait Kiba... C'est moi, c'est de ma faute si...

-Sakura, pitié.

Il sortit son paquet de clopes de son blouson et m'en proposa une. Je déclinai l'offre, mon regard perdu dans le vague tandis que le bâtonnet de nicotine s'embrasait au contact du briquet.

-Tu sais ce que je pense de Sasuke pas vrai ? Un mec qui n'a jamais mesuré sa chance, qui a toujours tout eu. Ce que je ne comprends pas, c'est toi Sakura. Comment peux-tu aimer un type pareil ?

-Sasuke... Sasuke n'est pas celui que tu crois Kiba.

-Ah ? Explique moi ça. Il y a bien du avoir un point de départ. Comment es-tu tombée amoureuse d'un crétin comme lui ?

-...Une cigarette.

-Pardon ?

-Tout a commencé... Avec une cigarette.

"Sasuke était le nouvel élève, le fameux cliché du nouvel élève. Il est arrivé lorsque je n'étais qu'en année de première. Il était incroyablement beau... Son teint si pur, ses grands yeux noirs, ses cheveux en bataille... Et son sourire. A la fois charmeur et doux, son sourire avait fait fondre toutes les filles dès les premières minutes où il s'était présenté. Moi y compris.

Il ne m'avait pas parlé ce jour là. A vrai dire, il accaparait toute l'attention et moi... Et bien moi je n'étais pas assez expansive pour aller jouer les filles conquises. Au final, j'observais de loin, feignant de ne pas le trouver si extraordinaire que ça. Ma meilleure amie Ino était également de cet avis même si je la soupçonnais d'agir de la même façon que moi. Finalement, ce n'est que le lendemain qu'il est venu vers moi.

J'étais toute seule, Ino avait séché les cours et je me retrouvais à m'emmerder à la pause, attendant avec impatience la fin de la journée. Je ne l'avais même pas entendu arriver. Lorsqu'il avait été à ma hauteur, j'ai bien cru que l'on venait de m'envoyer une décharge électrique. C'était comme être tétanisée, comme si je me retrouvais seule au monde face à ce mec d'où émanait une aura que je n'expliquais pas. Il était tellement élégant et à la fois cool, il évitait le côté vieux jeu du fils à papa sans pour autant en garder l'attitude raffinée digne d'un romantique anglais. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un comme lui... Jamais. J'étais comme un papillon attiré par une lumière trop vive et mon coeur s'était laissé prendre au piège.

Il m'avait demandé une cigarette et je m'étais dit que si j'en avais eu une sur moi ce jour là, j'aurais pu engager la conversation. Juste lui et moi. Les autres en auraient été vertes de jalousie et j'aurais enfin eu l'occasion de découvrir le vrai Sasuke, pas l'apparence qu'il me donnait à voir. Alors j'ai attendu ce jour où il partirait en quête d'une nouvelle clope. J'en avais une dans mon sac, toujours avec moi, priant pour que je le surprenne en train d'en chercher une. Et ce jour arriva.

Il semblait revenir bredouille, passablement énervé de ne pas avoir sa dose de nicotine. J'avais attendu qu'il finisse par se diriger vers le bâtiment, résigné, avant de l'interpeller. Je n'avais pas réfléchi et m'étais lancée, comme ça, cigarette en main, la lui tendant maladroitement.

-Tiens... Je... J'ai vu que tu en cherchais une.

C'était parfaitement pitoyable. Une petite fille prise en flag en train de lorgner sur un paquet de sucreries, et en l'occurrence, Sasuke avait tout d'une friandise. Je l'avais épié durant une semaine entière, guettant le moment idéal et une fois l'instant venu, je me retrouvais à jouer les gourdes, mes doigts tremblants incapables de tenir correctement la Marlboro.

-Tu ne fumes pourtant pas. Dois-je y voir un piège ?

Il avait esquissé un petit sourire en coin, comme pour me faire comprendre qu'il avait lu dans mon jeu. Mon visage s'était teint en cramoisi et j'avais eu peur, l'espace d'un instant, qu'il refuse mon offre et s'en aille sans rien dire. Pourtant, il n'avait pas cessé de sourire en attrapant la cigarette et en l'allumant, savourant la première bouffée comme une bonne goulée d'oxygène.

-Merci, j'en avais vraiment besoin. Tu t'appelles Sakura n'est-ce pas ?

-Oui... Je vois que tu t'en souviens.

-Tu as un visage qu'on oublie rarement.

-Oh... Je... Oui, sûrement la couleur de mes cheveux...

-Mh, pas sûr. Je préfère tes yeux.

-Ils n'ont rien d'extraordinaire.

-Parce-que tu ne les vois pas comme je les vois.

Il avait fini sa cigarette en silence, expirant de longues traînées de fumée blanche. J'avais les joues en feu et je n'osais même plus le regarder dans les yeux, de peur qu'il y décèle bien plus encore. Il jeta le mégot, me remercia et remonta les marches quatre à quatre lorsqu'il se stoppa net.

-Au fait Sakura, j'aimerai bien qu'on puisse se revoir.

-Je...

-Histoire de te remercier pour la cigarette. Vendredi à la fin des cours, attends moi devant le lycée.

J'étais aux anges. J'avais tout raconté à Ino, aussi excité que si l'on m'avait annoncé l'organisation d'un bal de promo. La nouvelle s'était rapidement répandue et je sentais le regard haineux des autres filles de ma classe à chaque fois que j'entrais dans une salle. L'une d'elle avait même étalé de la super glue sur ma chaise pour montrer sa désapprobation. Ma jupe fétiche y était restée mais je m'en foutais royalement. J'avais la promesse du plus beau vendredi de ma vie.

Il m'avait emmené dans un parc et on avait profité des derniers rayons du soleil pour nous allonger dans l'herbe comme un vrai petit couple d'amoureux. Je ne savais pas du tout ce qu'il pensait. On se connaissait à peine mais c'était comme si j'avais l'impression de le connaître depuis toujours. C'était une sorte d'automatisme inexplicable, comme un déjà vu ou plutôt une prédiction que vous voyez se réaliser. Sasuke était celui que j'attendais et mon coeur l'avait compris. Je le sentais battre à la fois plus lentement et plus rapidement, comme si le moindre de ses gestes chronométrait mes pulsations.

Les jours s'enchaînaient et les sorties aussi. En fin de compte, j'avais l'impression d'avoir un emploi du temps bien déterminé. Après les cours, tous les jours, Sasuke me raccompagnait ou m'emmenait quelque part. Ino l'avait même bien compris puisqu'elle partait sans moi rejoindre son copain. Du coup, j'ai commencé à me poser des questions. Je savais pertinemment que j'étais amoureuse de lui, mais lui ne laissait rien transparaître. Il était à la fois un ami attentionné, prévenant et aussi le petit ami qui vous traite avec égards, avec une considération qu'il n'a pas pour les autres. Finalement, on en vient à se demander la vraie nature d'une telle relation. C'est en tout cas ce qui me travaillait l'esprit mais je n'osais pas lui en parler. J'avais peur de gâcher ces moments de bonheur, de tomber de mon petit nuage en apprenant que ce n'était pas réciproque. Parfois, le meilleur moyen d'aimer est encore de rêver, de se dire que l'autre vous aime aussi sans en être sur.

Et puis, un soir, alors que j'étais la dernière à être sortie de l'examen d'algèbre, il m'avait attendu, l'air radieux, comme s'il venait de voir la plus belle scène de sa vie. Je m'étais sentie exceptionnelle, rien que par la façon dont il me regardait. A travers ses yeux, j'avais vu une fille merveilleuse, celle que je ne voyais pas dans un simple miroir. Et d'un coup, j'avais compris. Il ne me voyait pas avec les mêmes yeux. J'avais enfin compris, il me l'avait fait comprendre dès le début.

Il l'avait lu en moi, c'était écrit. Il savait tout comme moi que je l'avais trouvé.

Sasuke était mon âme-soeur."

Kiba n'avait pas cessé de me regarder, la bouche entrouverte. Il devait penser que j'étais une douce rêveuse, je m'en foutais. Déballer ces quelques souvenirs de nos débuts avec Sasuke avait achevé de me briser le coeur. C'était comme revoir un film en édulcoré, tellement différent de l'original. Des images me revenaient en tête, celles de mon anniversaire où il m'avait offert un rêve éveillé, nos sorties au parc d'attraction avec Ino et Shikamaru, nos révisions intensives qui se finissaient en câlins devant un bon film, nos petits bonheurs que je n'avais pas connu depuis une longue année.

Et que je ne connaîtrais plus jamais.

-"Ton âme soeur " hein ?

J'étais revenue à moi, effaçant les derniers souvenirs de ces jours heureux. Kiba me fixait d'un air on ne peut plus sérieux et je n'arrivais même pas à déchiffrer son expression impassible.

-Tu peux te moquer, je m'en tape.

-J'ai l'air de vouloir plaisanter Sakura ? J'aimerai juste que tu me répètes ce que tu viens de me dire. Sasuke est ton âme soeur, c'est bien ça ?

-Il l'était... Je ne peux plus revenir en arrière...

-L'est-il oui ou non ?

Il avait appuyé ses dernières paroles d'un ton dur, presque cassant. Comment faire autrement que de lui répondre ? Bien sur que Sasuke était mon âme soeur, bien sur que je l'aimais, que j'aurais tout donné pour lui, que je n'aurais jamais abandonné...

Abandonner ?

Alors c'était ça... C'était là où il voulait en venir.

-Alors ?

-... Oui. Sasuke est mon âme soeur. Je sais que c'est lui... Le bon.

-Alors tu sais ce qu'il te reste à faire.

-Mais... Comment... ? Tu l'as entendu aussi bien que moi !

-J'ai entendu un mec bourré, furax que sa copine se soit fait de fausses idées et qui pense qu'elle l'a trompé avec son colocataire qui, je dois le reconnaître, a tout pour lui.

Sa pointe d'humour n'avait réussi qu'à me décrocher un sourire désolé.

-Ce que tu ressens n'est pas à sens unique Sakura. Vous avez décidé tous les deux que vous étiez faits l'un pour l'autre. Il te l'a prouvé, tu le lui as rendu. Maintenant, il ne reste plus qu'à vous en souvenir. Un an c'est long, ça coupe toute une relation, mais pourtant, les souvenirs sont toujours là, il suffit de ses raviver.

-Je ne sais pas Kiba... Je ne crois pas en être capable.

-Est-ce que tu penses que Sasuke abandonnerait à ta place ?

J'imaginais mal Sasuke abandonner quoi que ce soit. Il était capable de tout réussir, même l'impossible. Je l'idéalisais certainement mais pas mal de monde abondait dans mon sens. Au final, j'imaginais même mal que ce mot fasse partie de son vocabulaire.

-Je pense que j'ai ma réponse.

Kiba s'était relevé et avait attrapé ma valise. Il souriait, l'air plus déterminé que jamais. Je me demandais même s'il était bien le Kiba que j'avais rencontré dans le train, le mec qui respirait l'antipathie, le genre de punk rebelle à qui on ne s'adresse que si l'on fait partie de ce milieu. Moi, j'étais exclue d'avance. Et pourtant, Kiba me soutenais, il croyait en moi et cette simple idée me donna l'espoir fou que les choses puissent s'arranger entre Sasuke et moi. Je n'étais pas sure d'y arriver, mais j'étais prête à essayer.

Une main s'était tendue vers moi et je l'avais saisie, sans hésiter une seconde.

C'était parti pour le deuxième round.

_

Mon coeur cognait si fort qu'il en devenait douloureux. Chaque pas que je faisais vers la maison me rendait de plus en plus nerveuse. J'imaginais Sasuke alcoolisé, encore fou de rage, prêt à bondir sur nous en nous voyant arriver. La pression s'accentuait pour atteindre son paroxysme lorsque l'on arriva en bas de l'immeuble. Kiba avait sûrement ressenti mon inquiétude puisqu'il posa sa main sur mon épaule, comme le ferait le plus fidèle des amis en cas de coup dur.

-N'aie pas peur Sakura, je suis avec toi.

-Merci Kiba...

Mes mains tremblèrent lorsque j'ouvris la porte. J'eus l'impression, l'espace d'un instant, que je ne pourrais plus reprendre ma respiration. J'attendais de capter un bruit, le moindre son témoignant de la présence de Sasuke... En vain. L'appart' était totalement silencieux, au point de me glacer le sang.

-Sasuke ?

J'avais avancé dans le couloir débouchant sur la salle à manger. Personne. Dans la chambre de Sasuke, pas âme qui vive. Ce fut le même résultat pour les autres pièces. L'appartement était vide, Sasuke avait décampé.

J'étais restée là, déconfite. Les morceaux de verre brisé étaient restés à terre, ainsi que la bouteille de gin bien entamée. Où était passé Sasuke ? Dans son état, je doutais qu'il puisse être parti bien loin et pourtant, je le savais capable de tout.

Kiba avait attrapé son téléphone et essayé de le joindre, en vain. Son portable était éteint et le contraire m'aurait étonné. Il appela Pein, sans plus de résultat. Il ne restait finalement plus qu'un colocataire sur trois pour essayer de faire tenir la maison debout et c'était en grande partie ma faute. J'avais tout chamboulé, j'avais brisé l'entente cordiale et déjà fragile entre Kiba et Sasuke et Pein n'était même plus là pour faire office de garde-fou.

C'était à moi de tout arranger, je le savais. Je devais au moins ça à Kiba et Pein, eux qui m'avaient accueillis alors même que Sasuke n'avait pas pris cette peine. J'avais commis une erreur, il me fallait la réparer. Et, cette résolution en tête, j'avais commencé à ramasser les restes de cette affreuse soirée.

Kiba m'avait souri tandis que je jouais les petites fées du logis.

_

L'appart' était si grand en fin de compte. Lorsque deux personnes se partageaient un cinq pièces, il ne fallait pas s'attendre à finir l'un sur l'autre. J'avais de l'espace à revendre. La chambre de Pein était plutôt immense, peut-être même la plus grande et un sanctuaire à la musique punk. Tout y était, le papier peint tatoo, les grosses commodes taguées, le lit bordé de draps flashy et des tentures à l'image des grands groupes du moment. En somme, j'avais atterri dans l'antre d'un fan classique.

Cette ambiance avait au moins le mérite de me dérider un peu. La chambre de Sasuke me paraissait déjà froide d'ordinaire, mais en l'instant, elle m'aurait plutôt semblée glaciale. J'avais pris la décision de ne pas y retourner seule. Ce serait avec Sasuke ou rien. J'étais déterminée à lui montrer à quel point je l'aimais, à quel point le lien qui nous unissait était plus fort que ça.

C'est lui. J'allais le lui prouver et j'avais une semaine pour ça.

Si jamais j'échouais, alors le train m'attendrait pour me raccompagner chez moi.

Seule.

_

-Sasuke ! Sasuke ne t'en vas pas !

-Je suis désolé Sakura... Je n'ai pas d'autre choix que de m'en aller.

-Je le sais... Je le sais mais je ne peux pas me résoudre à te laisser partir ! Pas comme ça ! Je ne veux pas que tu t'en ailles !

-Sakura...

-Sasuke, je sais que je suis puérile, complètement idiote mais je t'aime, je t'aime du plus profond de mon coeur. Même si toute la gare devait s'arrêter pour m'écouter clamer l'amour que j'ai pour toi, je m'en ficherais complètement. Tu es l'homme de ma vie Sasuke, je sais que tu es l'homme de ma vie. Te voir monter dans ce train c'est comme arracher la moitié de mon coeur et la jeter au loin. Je ne veux pas voir une partie de moi disparaître !

-...Je suis l'homme de ta vie ?

-Tu es l'homme de ma vie Sasuke.

-Alors je crois que je n'ai d'autre choix que de dire à la femme de ma vie que je veux la voir revenir près de moi dès qu'elle le pourra. Un an Sakura, tu as un an pour me prouver que tu es bien celle avec qui je vais partager ma vie.

-Un an...

-Ce sera dur, mais je t'attendrais et nous nous retrouverons. Si tu es bien la femme de ma vie, alors on ne pourra jamais s'écarter du chemin que nous avons décidé de suivre tous les deux. Je ne fais qu'avancer d'un pas, à toi de me rattraper... Sakura.

-J'y arriverai ! J'y arriverai Sasuke ! Je te rattraperai !

-Et je t'attendrais... Mon amour.

_

Une sensation désagréable me sortit de mon sommeil. J'avais bavé sur l'oreiller.

J'émergeais difficilement, comme si l'on m'avait assommé la veille. Sept heures... J'avais donc dormi une dizaine d'heures. Le souvenir de Sasuke au moment de son départ m'avait donné une migraine atroce. Je ne voulais plus penser à cette journée horrible où j'avais sangloté une heure durant après le départ de son train. Ino et Shikamaru étaient restés près de moi, l'air complètement abattu et je n'avais pu faire autrement que de pleurer jusqu'à l'épuisement.

Pourtant, quelques jours après, j'avais acheté un calendrier et cercler la date en rouge. Le vingt-huit juillet précisément, je m'étais promis de le retrouver et de lui prouver que j'étais bien la femme de sa vie. J'avais simplement repoussé l'échéance en me conduisant comme une pauvre conne. Mais je n'allais certainement pas abandonner, pas après une année à trimer comme une forcenée. Il me fallait travailler d'avantage et j'y arriverai. Je me l'étais juré.

J'étais arrivée en trombe dans la salle à manger, prête à conquérir le monde. Ou le petit déjeuner. J'avais une faim de loup, un moral d'acier et une migraine carabinée mais le temps m'était compté. Kiba était déjà à table, feignant de lire le journal avant de m'accueillir avec un grand sourire dont il avait désormais le secret.

-Salut Miss Monde.

-C'est ironique ?

-Te fâche pas ! Tu as juste l'air incroyablement énergique aujourd'hui.

-Oui ! Je sens que je vais me donner à fond !

J'étais partie chercher une grande tasse de café et en donnais une à Kiba. Ce dernier me remercia et j'entrepris de touiller le liquide sombre, y fixant précautionneusement mon regard.

-Dis Kiba ?

-Ouais ?

-Je voulais te remercier.

-N'en parlons plus, j'n'ai rien fait.

-Si ! Tu fais beaucoup au contraire. Tu m'as rappelé quelque chose de très important, une promesse que je me suis engagée à tenir et sans toi marié au coup du sort, je serais sûrement rentrée chez moi sans me retourner.

Il avait souri sans prendre la peine de répondre. Je savais qu'il n'était pas adepte des discours tout faits, préférant la spontanéité mais je me devais de le remercier. Il me donnait un espoir nouveau et un soutien inébranlable, celui que je n'osais pas demander à Ino de peur de passer pour une gourde complète. Il m'était beaucoup plus facile de communiquer avec Kiba, même lorsqu'il enfilait sa carapace de mec bourru et irritable.

-Alors, quoi de prévu aujourd'hui ?

-Je pense que je vais chercher un boulot ! Je dois absolument gagner de l'argent avant la fin de la semaine.

-Ah ? Et pourquoi ?

Je n'y avais plus pensé suite à toute cette pagaille, mais dans huit jours exactement aurait lieu l'anniversaire de Sasuke. C'était l'occasion rêvée d'effacer l'ardoise et de remettre les compteurs à zéro. Et pour cela, il me fallait un cadeau et pas n'importe lequel. Je savais exactement quoi offrir à Sasuke, quelque chose que personne d'autre ne pourrait lui offrir. Un cadeau qui symboliserait mon amour, le genre de présent qui ne peut venir que de la femme de votre vie.

-L'anniversaire de Sasuke est dans huit jours et c'est dans huit jours que je récupèrerai l'homme de ma vie !

-Et bah dis moi, t'as tout calculé. Et tu comptes lui offrir quoi ?

-Une chevalière en or.

Kiba en avait avalé son café de travers. Une série de hoquets vinrent ponctuer ses paroles.

-Une chevalière !? Mais t'as une idée du prix !?

-Oui, j'ai actuellement deux cent balles de côté. Il m'en faudrait quatre cent de plus en une semaine.

-Mais c'est de la folie Sakura ! Où comptes-tu trouver ce fric en si peu de temps ?

-Et bien... Là.

J'avais sorti un magazine et l'avais glissé sous le nez de Kiba. L'air interdit, il parcourut les quelques lignes de l'annonce et se leva d'un bond.

-TU NE VAS TOUT DE MÊME PAS FAIRE CA !?

-Et pourquoi pas ? Je suis majeure et vaccinée et puis, ça n'a rien de dégradant !

-Mannequin lingerie fine... C'est vendre son cul ce genre de trucs.

-Ce n'est pas comme si j'étais à poil tout de même et puis, c'est le seul moyen ! Je suis payé cinquante euros la séance pour trois photos. D'ici là, j'aurais largement de quoi acheter cette bague !

-Tu te rends compte de ce que tu vas faire ?

-Tu ne le ferais pas toi pour la femme de ta vie ?

Je martelais ces mots comme si mon coeur les exprimait à ma place. Kiba avait ouvert la bouche pour la refermer aussi sec. Il n'avait rien à ajouter, cela se voyait et moi, j'avais déjà pris ma décision. Pour Sasuke j'étais prête à tout.

Et ça, ça ne datait pas d'hier.



Et voilà le chapitre 7 !

Je voulais faire un chapitre plus long mais je me suis dit qu'il valait mieux garder un peu de suspens pour plus tard !

Bonne lecture et encore merci à vous pour votre lecture, vos commentaires et votre soutien ! :)




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