Fiction: C'est Lui... (terminée)

Alors qu'elle se voyait contrainte de laisser partir ce qu'elle pense être l'homme de sa vie un an plus tôt, Sakura décide de tout plaquer à l'aube de ses 19 ans afin de le rejoindre. Cependant, les choses ne sont jamais aussi faciles et alors même qu'elle laisse sur le carreau sa meilleure amie en instance de rupture, elle découvre que son Sasuke n'habite pas seul, loin s'en faut. Entre rêves, illusions, espoirs et déchéance, Sakura va devoir s'accrocher à un amour à bout de souffle
Classé: -12I | Drame / Romance | Mots: 42930 | Comments: 20 | Favs: 17
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Beverlyy (Féminin), le 29/05/2013
Suite à la publication de cette fanfic sur Fanfic-fr.net, je me décide à la mettre sur WoN histoire de mettre un peu à jour mon recueil :). Un SasuSaku qui m'a été largement demandé suite à Une Putain de Vie Sentimentale et que j'écris avec plaisir, lentement mais sûrement !

Bonne lecture !




Chapitre 6: Ultime combat pour coeur brisé



Je n'avais pas réussi à bouger. Le serveur me regardait, les clients en faisaient autant, mais je pense que le plus dramatique était le regard que me lançait Kiba.

Je pense que je devais avoir le même.

Pourquoi ? Pourquoi avais-je réagi aussi stupidement ? J'avais cru... Bien sûr que j'avais cru qu'il me trompait. Ça paraissait évident, tellement évident. Pourquoi en aurait-il été autrement ? Il était là, avec cette femme aux allures de top model et moi... Moi j'étais de l'autre côté du trottoir, à me bourrer la gueule.

Il y avait ce couple si classe, ce mec soigné, beau, digne de figurer sur la couverture des plus grands magazines et cette femme aussi rayonnante qu'attirante, qui semblait porter la médaille de la perfection incarnée. Et puis il y avait moi. La pauvre petite moi. L'étudiante fraîchement débarquée de sa ville natale qui n'a de classe qu'une vieille robe Prada héritée de sa mère. Cette triste vérité me donna un coup de poing dans le ventre et l'envie de vomir me prit.

J'avais été ridicule. Parfaitement ridicule. Moi qui clamait haut et fort faire confiance à Sasuke, être absolument sûre qu'il était sincère, franc, honnête... Ce moi-là avait disparu en une fraction de seconde. Je n'avais pensé qu'à une chose : hurler à m'en déchirer les cordes vocales. C'était comme recevoir une onde de choc. Mon corps tout entier était engourdi de douleur et je devinai que seul l'alcool me permettait encore, paradoxalement, de tenir debout.

- Sakura...
- Non Kiba. Ne dis rien.

Je ne voulais pas de ses excuses, je ne voulais même pas qu'il ouvre la bouche, qu'il dise le moindre mot. C'était mon erreur. J'avais tort sur toute la ligne. Une conne, c'était tout ce que j'étais. Je m'étais mis en tête que tout serait comme avant, que tout se passerait exactement comme au temps du lycée. Sasuke, moi, le bonheur d'un nous conjugué au présent. Pourtant, j'étais consciente d'avoir des doutes. Kiba n'avait fait que les accentuer. Qui n'aurait pas eu de doute encore une fois ? J'étais humaine, loin d'être un bisounours. Je voulais croire à l'amour éternel, qui n'aimerait pas y croire ? Pourtant, qui arrive encore à imaginer qu'un conte de fées puisse être réalité ? Que le prince charmant vous attendra jusqu'à la fin des temps ?

Pourtant, j'avais fait deux erreurs. La première était d'avoir pu penser que Sasuke m'avait trompé. Notre promesse n'était pas une promesse en l'air, j'y croyais dur comme fer, peu importe les remarques que j'avais pu me prendre dans la gueule durant cette longue année. La seconde était de m'être lié à Kiba. A force, j'en étais venue à croire que toute ma relation avec Sasuke était actuellement fondée sur un mensonge. J'avais l'idée en tête, il l'avait concrétisée. Du coup, j'avais sauté sur le fait accompli, hurlant comme une hystérique devant son public.

Sasuke ne me le pardonnera jamais.

- Ecoute Sakura...
- Kiba, s'il te plaît.
- Mais j'aimerais...
- Non. NON ! Arrête ! Ça suffit ! Je ne veux pas en parler.

Je n'avais même pas adressé un regard à Kiba. Je savais bien que ce n'était pas forcément sa faute, mais je le tenais pour responsable. Il m'avait encouragé, il m'avait écouté mais je ne parvenais pas à lui montrer ma reconnaissance. Pas dans mon état. Qu'est-ce que Sasuke avait bien pu penser ? Que je me tapais son colocataire ? C'est également ce que j'avais imaginé lors de mon excursion brûlante dans la salle de bain. Mes mains me picotèrent à ce simple souvenir.

Il fallait que je rentre, vite. Il fallait que je m'excuse auprès de Sasuke, que je lui dise tout ce que j'ai sur le cœur. J'avouerais même cette nuit avec Kiba si cela peut me débarrasser de ce poids horrible qui pèse sur mon cœur. J'avais promis de tout lui dire, de ne jamais rien lui cacher... Et lui non plus. Finalement, il ne m'avait dit que la vérité. Boulot, boulot et boulot. Aucune autre fille, pas la moindre faute. Il était blanc comme neige, j'étais aussi noire que Satan.

Avant que la culpabilité ne ronge mon âme, il était impératif que je lui parle. Que je lui dise combien je l'aimais, combien j'ai eu tort, combien j'ai honte.

Et c'est en dévalant l'avenue pavillonnaire que je me rendais au point de non retour.

_

- SAKURA ! Pffew... Pffeew... Sakura ! Attends moi !

Kiba me suivait difficilement, courant à peine droit tandis que l'alcool se diluait. Je ne m'étais jamais sentie aussi tonique. J'avais oublié les grammes que je portais dans le sang à la simple idée de retrouver Sasuke. De toute manière, le reste importait peu. Sasuke était ma priorité, il en avait toujours été ainsi du reste. En montant les marches quatre à quatre, cette idée ne faisait que me tambouriner le crâne. J'avais fait tout ce chemin, toute cette année pour lui. De son côté, il en avait fait autant. Il fallait donc que ce malentendu se règle maintenant.

J'avais attendu un Kiba essoufflé qui prit peine à trouver les clés. Lorsque la porte fut enfin ouverte, j'eus l'impression que l'attente avait commencé à me tuer à petit feu. Le hall d'entrée était inchangé depuis ce matin, seule la veste de Sasuke reposait sur le porte-manteaux. Au moins, il était là, c'était le principal.

J'avançais comme un zombie dans ce qui m'avait semblé être un couloir interminable. Le bout du chemin se fit voir lorsque je vis Sasuke à table, un verre de Gin à la main. Je m'attendais à ce qu'il nous en jette le contenu à la figure, mais il l'avala d'une traite, tel un alcoolique en phase terminale.

Je n'eus même pas le temps de faire la moindre remarque qu'il avait déjà rempli un autre verre et le tendit vers moi, l'air de vouloir trinquer avec une compagne toute trouvée.

- A armes égales Sakura.

Il avala un autre rasade avant que mon bras ne parte tout seul. Je m'étais avancée sans même m'en rendre compte, attrapant sa main au passage. J'étais arrivée trop tard. Le verre était complètement vide et quelques gouttes s'échappaient des lèvres de Sasuke. Il avait le regard aussi pétillant qu'à l'ordinaire, ses pupilles tranchantes avaient d'ailleurs le don de me pétrifier. Ce ne fut pas différent cette fois là.

- Sasuke... Tu...
- Je ? Et bien quoi ? Tu as perdu ta langue Sakura ? Tu l'avais encore tout à l'heure.
- Je... Je...
- Tu, tu ! Voilà que tu te remets aux "je" ? Ce n'est pas le moment de parler de "je" Sakura. Parlons plutôt...

Il arma son bras, me penchant vers lui.

- DE NOUS !

Le verre se fracassa au sol dans un concert de casse. Les fragments tintèrent, volèrent, exécutant un ballet fantomatique. Kiba avait déjà amorcé un mouvement pour empêcher une démonstration de violence lorsqu'il se figea, sentant le regard de Sasuke. Ses iris sombres m'avaient quitté, préférant lancer un regard noir au punk que je devinai toujours derrière moi. Mes yeux passaient du sol constellé de petites étoiles tranchantes au visage de celui qui les avait parsemé.

- Sasuke, calme-toi.
- Ne me dis pas ce que j'ai à faire ! Occupe-toi de ce qui te regarde Kiba ! A moins que tu ne te sentes concerné au point de t'occuper de Sakura à ma place.
- Je n'ai jamais...
- Oh arrête espèce de crétin. Je ne vais pas te rappeler tes paroles de gentil toutou. Reste sagement dans ton coin, ton maître est absent mais il n'aura pas oublié ta muselière.
- TU N'ES QU'UN...
- NON ! KIBA !!

J'avais hurlé sans même lâcher la main ensanglantée de Sasuke. Kiba ne devait pas faire un pas de plus, le pas de trop. Moi même, j'étais au bord du gouffre. Je refusais qu'il tombe avec moi. Je devais régler cette histoire seule, c'était entre Sasuke et moi. Kiba n'avait rien à voir là-dedans, peu importe le rôle qui a joué ou qu'il aurait voulu jouer. Le problème venait de moi. Uniquement de moi.

- Tu voulais qu'on soit à armes égales Sasuke, on va l'être. C'est entre toi et moi.
- Là tu es digne Sakura. Alors, dois-je attaquer le premier ou penses-tu que je ne sois pas en mesure de me défendre uniquement parce que mon sang coule sur tes doigts ?

Il avait extirpé sa main blessée, laissant quelques traces rouges sur le bout de mes ongles. Je me sentais déjà complètement démunie face à lui. C'était comme commencer un combat sans même une seule arme. Il avait déjà gagné la partie. Mais il fallait que je lui dise, que je lui dise à quel point la fille qui se tenait devant lui était idiote et prête à tout pour lui.

- Puisque tu me laisses l'honneur de la parole, je vais commencer. Tant pis pour la galanterie n'est-ce pas ?
- Je...
- Non Sakura. Nous ! Parce-que c'est de NOUS qu'il s'agit.

L'alcool commençait à monter, je le sentais. Aussi bien pour moi que pour lui. Kiba en bon spectateur ne disait plus rien, comme s'il s'empêchait d'intervenir.

- Alors ? C'est amusant hein ? De venir me pourrir la vie ! C'est pour ça que tu es venue non ? Pour me gâcher l'existence ?
- Sasuke... Jamais... Je...
- Non Sakura ! Aucun je ! Quelle est ton excuse ? Dis-moi comment je suis censé réagir alors même que je me rends compte que tu me mens comme la dernière des traînées ? QU'EST-CE QUE JE DOIS PENSER DE TOUT CA HEIN ?

Sasuke perdait son sang froid et je faisais un effort titanesque pour ne pas me mettre à éclater en sanglots. La rage se lisait sur ses traits d'ordinaire fins, déformant son visage, le rendant méconnaissable. Un fauve enragé... Une rage incontrôlable... La même que j'avais ressentie il y a à peine un quart d'heure. Je comprenais tout...

- Alors comme ça je te trompe ? Je te cache des choses ? Je ne suis pas digne de confiance ? Ma petite Sakura, ma pauvre et stupide petite Sakura...

C'était moi... A intervalle régulière. C'était cette colère-là. Cette impression de trahison qui vous brûle les entrailles. Sasuke me la renvoyait, comme un boomerang... En pleine gueule.

- Sasuke... Sasuke s'il te plaît...
- Oh, voilà qu'elle m'implore gentiment. Tu crois que c'est aussi facile ? Tu crois que c'est aussi simple ? Alors vas-y, je t'écoute. Dis-moi combien cette année a été longue ? Pour toi elle l'a été n'est-ce pas ? Tu as attendu nos retrouvailles comme promis pour te farcir mon colocataire ? Et pas le meilleur du reste. Ou alors peut-être pour satisfaire tes fantasmes de femme trompée qui prend son mec sur le fait ? Désolé de ne pas combler tes attentes !
- Sasuke, tu as tort ! Je n'ai jamais pensé une chose pareille ! Il ne s'est rien passé avec Kiba et je pensais simplement...
- Tu "pensais" ? Tu pensais quoi ? Que j'allais jamais m'en rendre compte ? Dommage qu'il ait craché le morceau ! Il t'a consolé, j'en suis très heureux Sakura, car dorénavant, c'est lui qui va se charger de sécher tes larmes.

Kiba n'avait toujours pas bougé et je regardais Sasuke, interdite.

- Qu'est-ce... que tu veux dire ?
- Oh, il te faut un dessin ? Ou peut-être un verre d'alcool pour que tu retrouves un peu de lucidité ? C'est fini Sakura. Prends tes clics et tes claques et vas-t-en. Au final, j'ai attendu une année une fille qui ne méritait même pas qu'on attende ne serait-ce qu'une heure.

Il attrapa la bouteille et but au goulot, sans se préoccuper de tacher sa chemise impeccable. J'étais pétrifiée, complètement soufflée. Je ne parvenais pas encore à prendre conscience de ce qu'il venait de dire. Non. C'était tout simplement impossible. Il n'avait pas pu dire... Non... Non... Comment... Comment est-ce qu'il avait pu...

- Bon, ça suffit comme ça.

Kiba s'était avancé sans pitié pour ses chaussures qui écrasèrent les débris au sol. Sasuke accueillit le visiteur sur le ring en se levant, l'air de vouloir en découdre. Je devais empêcher ça, il fallait que je fasse quelque chose mais je me sentais à bout de souffle. J'avais l'impression que le moindre mot que j'essaierai de prononcer ne pourrait jamais voir le jour. Je ne pouvais que regarder le punk croiser le fer avec le bourgeois, comme une mauvaise spectatrice qui n'a même plus de raisons de prendre parti.

- Peu importe que tu sois bourré, ça ne m'empêchera pas de te casser la gueule Sasuke !
- Ah oui ? J'aimerais bien voir ça Kiba. Sachant que tu t'es aussi fait ma copine, pourquoi pas me démontrer tes talents de connard notoire !
- Sakura et moi n'avons rien à nous reprocher !
- Oh, non, j'imagine que vous avez pris votre pied, forcément. J'en suis ravi.
- Ne m'oblige pas à te péter les dents, ça ferait mauvais genre avec ton costard, tafiole.
- Pauvre Kiba, jaloux de n'être qu'un pauvre idiot sans un sou ? Sans Pein, tu ne serais pas là à ouvrir ta gueule alors je te conseille de la fermer. Je n'aurais jamais dû emménager avec vous deux, avec ce duo de bouseux.

Le poing de Kiba était parti tout seul, trouvant son terminus dans la mâchoire de Sasuke. La réplique ne se fit pas attendre et un concert de coups s'enchaîna sous mes yeux, comme un mauvais match de boxe.

Arrêtez...

Je voulais le crier. Le crier aussi fort que possible.

Pitié, arrêtez... Assez...

Kiba envoya une droite, Sasuke répliqua d'un crochet du gauche. Quelques gouttes de sang vinrent colorer la scène.

Stop... Ça suffit... Pitié...

Quelques perles hémoglobines s'égarèrent sur ma joue, me donnant la sensation de me brûler le visage. Kiba avait l'arcade sourcilière ouverte et Sasuke saignait du nez. Le combat n'était pourtant pas encore fini et il ne cesserait pas... Il ne cesserait pas, non... Sauf si j'arrivais... Si seulement... J'arrivais... A arrêter ça...

Pitié...

Pitié...

- STOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOP !

J'avais réussi à hurler, à libérer mes poumons de cette pression insupportable. Ils avaient interrompu leur mouvement, se tournant vers moi, l'air de sortir d'un songe. Une larme coula lentement le long de ma joue, impuissante à effacer les traces du combat que je portais sur moi.

Le silence s'installa, pesant, étouffant, comme s'il aspirait jusqu'à l'oxygène, rendant l'air irrespirable. Je déglutis, voyant les yeux de Sasuke rivés sur moi. Kiba en faisait autant, le regard obstrué d'un rideau sanglant. Je ne sus comment ma gorge se dénoua mais entendre ma voix devenue rauque d'émotion me fit l'effet de ne pas la reconnaître. C'était comme entendre parler quelqu'un d'autre, comme si j'étais spectatrice de moi-même.

- Sasuke... Je suis désolée... Je n'ai rien fait, je te le jure. J'ai simplement voulu qu'on se retrouve... Comme avant...

J'avais débité ces quelques mots lentement, comme s'ils me brûlaient la langue. Sasuke avait essuyé son visage ensanglanté d'un revers de main, sans même daigner m'accorder un regard de plus. Son silence en disait assez, je savais qu'il ne me croyait plus. En l'instant, j'avais compris que quoi que je fasse, quoi que je dise, c'était terminé.

Un an foutu par terre, en quelques jours.

_

Il était parti. Sans même prendre sa veste, sans même un au revoir, il avait claqué la porte, me laissant seule avec Kiba. C'était la fin, la fin de tout. De nous, de notre histoire et même de ma présence ici. Tout cela n'avait plus aucun sens et je me maudissais d'avoir été aussi bête. On ne pouvait plus espérer être ensemble, pas après une longue année, pas après tant d'épreuves. Il y a des choses qu'un couple ne peut pas surmonter et merde, une absence prolongée en faisait partie. Plus rien n'aurait été comme avant et j'avais été tellement stupide d'y croire... Tellement conne...

- Sakura... Rattrape-le...
- Non Kiba, c'est inutile.
- Mais tu... Il... Vous...
- Il n'y a plus de "vous". Il n'y a même plus de nous.

J'avais attrapé un torchon, machinalement, et l'avait donné à Kiba pour qu'il puisse stopper l'hémorragie bénigne. Tout se bousculait dans ma tête et j'avais l'impression que plus rien ne filait droit. Je regardai l'heure, bientôt dix-neuf heures, il ne resterait pas beaucoup de trains à cette heure ci. Pourtant, je ne pouvais pas envisager de rester là, c'était inconcevable. Je ne pouvais plus rester sous le même toit que Sasuke, pas après ce qui venait de se passer. Je devais faire mes bagages et m'en aller le plus vite possible. J'allais retrouver ma vie d'antan, mon quotidien et essayer d'oublier.

Oublier que depuis un an, ma vie n'avait de sens que pour lui.

_

J'avais continué ce que j'avais commencé le matin même. Ma valise était submergée de vêtements en tapon, encore humides des larmes qui roulaient silencieusement sur mes joues. Mes yeux pleuraient d'eux-mêmes, sans que je puisse y faire quoi que ce soit. Aucun sanglot, seules les perles salées venaient s'échouer un peu partout. Et, tandis que je m'affairais à rassembler mes affaires, j'essayais au maximum de ne pas admirer la pièce pleine de l'aura de Sasuke. Le cadre brisé était toujours sur la table de nuit, comme pour me rappeler que mon cœur l'était aussi.

Je n'avais pas mis bien longtemps à faire mes bagages. Lorsque ma valise fut bouclée, je quittai la chambre, sans même un dernier regard pour ce que j'avais pensé être mon nouveau chez moi. Je m'étais tellement trompée, j'avais eu si tort de penser que ma nouvelle vie commencerait ici. Rien n'avait repris, rien ne s'était achevé. Ma vie avec Sasuke avait pris fin le jour où il s'en était allé, je ne l'avais juste pas réalisé.

Kiba était dans le couloir, les bras croisés sur son torse. Je savais qu'il ne me laisserait pas m'en aller aussi facilement mais je n'avais même pas la force d'entamer une nouvelle confrontation. Je voulais passer devant lui, sans lui dire un mot, mais il m'en empêcha. Ses deux mains fermement posées sur mes épaules me clouaient au sol.

- Sakura, où comptes-tu aller ?
- ...
- Sakura !
- Je m'en vais.
- Je ne te laisserai pas partir dans cet état !
- Je m'en vais Kiba, s'il te plaît, laisse-moi partir.
- Non, je ne peux pas !
- KIBA, LAISSE-MOI PASSER !

J'avais hurlé à m'en égosiller. Stupéfait, le punk lâcha suffisamment prise pour que je puisse atteindre la porte. Lorsque je fus enfin dans le couloir, je pris mes jambes à mon cou, entendant Kiba me poursuivre jusque dans les escaliers. J'avais failli me casser la gueule à plusieurs reprises, traînant ma valise derrière moi sans pitié pour cette dernière. Je ne me sentais pas fière de fuir Kiba de la sorte, mais que pouvais-je y faire ? Je ne pouvais pas continuer ce petit manège. Quelques jours avaient suffi pour me mettre face à la triste réalité, cette que je cherchais désespérément à camoufler.

Sasuke n'était pas l'homme de ma vie. C'était ainsi.

_

Je fus soulagée une fois dehors d'inspirer une grande goulée d'air frais. Continuant ma course effrénée, il me semblait tellement ironique de refaire ce chemin en sens inverse, le même que lors de mon arrivée. Cette fois, j'étais seule et ce qui m'attendait au bout du chemin n'était guère mieux. Pas de Sasuke, pas de but, pas d'espoir. Non. Rien de tout cela. Sakura se retrouverait à nouveau seule, comme un an auparavant.

Je n'avais même pas songé à appeler Ino. C'était tellement ridicule que si je n'en avais pas pleuré, j'en aurais sans doute ri. J'imaginais la réaction de mon amie, ses cris d'hystérique couplés aux ordres qu'elle me donnerait. Elle me sommerait de rattraper Sasuke, de mettre les choses au point, de ne pas partir sur un échec. Pourtant, elle n'avait pas vécu la situation comme je venais de la vivre. Je venais de crever intérieurement, comme poignardée au plus profond de mon être. Je ne pouvais même plus espérer pouvoir arranger les choses et quand bien même j'aurais pu encore avoir une lueur d'espoir, le simple visage de Sasuke aurait suffit à me dissuader de tenter quoi que ce soit. Je ne pouvais pas lutter contre lui.

J'étais quasiment arrivée à la gare lorsque j'entendis Kiba me rattraper. Je voulus accélérer mais peine perdue, ma cavalcade dans les escaliers venait de m'épuiser et mes jambes ne suivaient plus la cadence. Une fois devant la façade, les portes automatiques s'ouvrirent et j'expirai de soulagement. C'était sans compter le punk qui accrocha ma valise d'une poigne de fer et m'empêcha de progresser dans le long corridor.

- Sakura, arrête !
- Lâche ma valise Kiba ! Laisse-moi tranquille !
- Tu ne peux pas partir comme ça ! Tu oublies ce pourquoi tu es venue ?
- Qu'est-ce que ça peut te faire !? Sasuke m'a larguée !
- Et alors ? Tu vas en rester là ? Je te pensais plus forte !
- TU ME PENSAIS !? Alors laisse-moi te dire une chose Kiba, tu t'es trompé ! Je ne suis pas forte et je ne l'ai jamais été ! J'ai le cœur en miettes et tu es trop con pour pouvoir le comprendre ! Alors maintenant, fous-moi la paix et laisse-moi m'en aller !

Il me dévisageait comme s'il venait de se prendre une paire de gifles. Il ne lâcha pourtant pas ma valise et je dus faire un effort surhumain pour la tirer au maximum. Peine perdue, il avait beaucoup plus de force que moi. Il était clair que je ne pouvais pas abandonner mes affaires mais pourtant, je n'arrivais pas à me défaire de l'emprise de Kiba. Il fallait en plus que je me retienne de pleurer à nouveau, ne voulant pas attirer l'attention. Pourtant, mes cris auraient suffi à cela et je m'étonnais de ne pas avoir un tas de regards braqués sur nous.

La gare était complètement vide. Seul un agent de la SNCF vint à notre rencontre, l'air passablement étonné de nous trouver ici. Kiba lâcha mes bagages et se redressa, l'air embêté de se faire verbaliser.

- Excusez-moi mademoiselle mais la gare est fermée.
- Pa... Pardon !?
- Oui, un train a déraillé et s'est couché sur toutes nos voies. Nous avons coupé tous les axes de circulation et aucun train ne partira avant une semaine.
- UNE SEMAINE !? Non... Non, dites-moi que c'est une plaisanterie !
- Je crains fort hélas que ce ne soit pas le cas mademoiselle... Mais qu'est-ce que... Non ! Ne pleurez pas, je vous en prie !

J'avais éclaté en sanglots. Aucun train... Durant une semaine... C'était un vrai cauchemar. Il fallait que je me réveille au plus vite, que je m'échappe de ce guêpier. Où est-ce que je m'étais fourrée ? Pourquoi est-ce que rien n'avait fonctionné ? De mon arrivée à mon départ, toute cette histoire avait été foireuse. Et tandis que je pleurais comme une malheureuse, que Kiba me prenait à nouveau dans ses bras pour calmer mon chagrin, je songeais à nouveau à Sasuke.

Je ne pourrais plus affronter son regard. Une semaine entière à me faire déchiqueter le cœur était impensable. Et à ce moment précis, j'étais totalement démunie, comme un petit animal abandonné.

Kiba me serra d'avantage et j'hurlais qu'on achève ce cauchemar.

Que tout s'achève.



Chapitre 6, DONE. 8) Pffew, un vrai combat, c'est bien le chapitre que j'ai adoré écrire depuis le début de cette fiction. Fiction qui d'ailleurs ne sera pas très longue. 15 chapitres tout au plus !

En espérant que ce chapitre vous plaira ! Bonne lectures et merci encore pour votre soutien :D !




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