Fiction: C'est Lui... (terminée)

Alors qu'elle se voyait contrainte de laisser partir ce qu'elle pense être l'homme de sa vie un an plus tôt, Sakura décide de tout plaquer à l'aube de ses 19 ans afin de le rejoindre. Cependant, les choses ne sont jamais aussi faciles et alors même qu'elle laisse sur le carreau sa meilleure amie en instance de rupture, elle découvre que son Sasuke n'habite pas seul, loin s'en faut. Entre rêves, illusions, espoirs et déchéance, Sakura va devoir s'accrocher à un amour à bout de souffle
Classé: -12I | Drame / Romance | Mots: 42930 | Comments: 20 | Favs: 17
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Beverlyy (Féminin), le 15/05/2013
Suite à la publication de cette fanfic sur Fanfic-fr.net, je me décide à la mettre sur WoN histoire de mettre un peu à jour mon recueil :). Un SasuSaku qui m'a été largement demandé suite à Une Putain de Vie Sentimentale et que j'écris avec plaisir, lentement mais sûrement !

Bonne lecture !




Chapitre 4: Blessures enfouies.



-Sakura ? Sakura ?

Il me fallut une bonne minute avant que je ne puisse sortir de mes pensées, toujours concentrée à lire entre les mots que Sasuke avait écrit. Que fallait-il comprendre ? Qu'il ne rentrerait pas dormir ? Qu'il dormirait sur son lieu de travail ? Qu'il rentrerait dans la nuit ? Qu'il ne savait pas lui même quand il rentrerait ? Tout un tas de questions me brouillaient l'esprit, tant et si bien que j'en chopai le vertige.

-Oh ! Sakura !

Kiba m'avait chipé le papier des mains et j'avais protesté trop tard. Après avoir lu les quelques mots, il fit mine de cracher à terre et embarqua son CD pour s'enfermer dans sa chambre. J'étais restée là, mon esprit saturé de questions qui demeuraient sans réponses. J'essayais de relativiser, après tout, il bossait. C'était normal, il ne fallait pas que je joue les paranoïaques. Mais... J'avais toujours au fond de mon coeur ce sentiment de ne pas tout savoir. Peut-être bien qu'il avait une autre fille dans sa vie ? C'était plus que probable... On avait été séparés depuis tant de temps... Mais on s'était promis tant de choses. Je ne voulais pas croire que Sasuke avait mis de côté tous nos projets. J'avais confiance en lui, je devais lui montrer à quel point.

Avant même que je ne puisse me ressaisir, Pein avait posé sa main sur mon épaule, m'obligeant à lever mon regard vers lui. Il ne fallait pas que je laisse paraître quoi que ce soit. Après tout, j'étais déjà nulle de me mettre à douter de la sorte, je l'aurais d'autant plus été si jamais j'avais craqué devant le colocataire de Sasuke. J'avais vivement hoché la tête, parant mon visage d'un sourire assez convaincant.

-Ce n'est pas bon pour lui qu'il travaille autant tout de même ! Je vais préparer le dîner, je lui en laisserai de côté.

-Sakura tu...

-Qu'est-ce que tu aimes manger ? Du poulet ? Du boeuf ?

Il fallait absolument que je détourne la conversation. Je ne voulais pas que Sasuke arrive sur le tapis. Je devais oublier le papier pendant quelques temps, me concentrer sur autre chose. J'avais déjà abandonné Pein, me précipitant à la cuisine pour sélectionner les ingrédients du repas de ce soir. Mon comportement n'avait rien de naturel, j'en étais pleinement consciente. Mais c'était le maximum que je puisse faire dans pareille situation.

Pein n'avait pas cru bon d'insister et lorsque j'entendis une porte claquer, je devinai qu'il s'était enfermé dans sa chambre. Kiba n'était toujours pas sorti de la sienne et je me retrouvais seule à éplucher des oignons. Des larmes silencieuses roulaient le long de mes joues et je voulais à tout prix croire que seul l'oignon était responsable.

Une heure plus tard, le dîner était quasiment prêt et j'entendis Kiba arriver, l'estomac dans les talons. Je dus le repousser à maintes reprises pour qu'il n'engloutisse pas tout avant même que la table soit dressée lorsque Pein apparut dans le salon, une valise à la main. Nous nous étions interrompu dans nos chamailleries tandis que le punk passait son perfecto en cuir sur ses épaules. Ce dernier croisa mon regard interrogateur et esquissa un sourire.

-Je suis désolé de vous abandonner, mais je m'absente quelques temps.

-Tu vas chez Konan ?

-J'peux savoir comment tu es au courant de ça Kiba ?

-Boah, suffit de t'entendre roucouler au téléphone.

Pein se mit à rougir et joua nerveusement avec l'un de ses piercings.

-Ouais bon... J'aurais aimé rester mais ma chérie n'attend pas.

-T'as raison, en plus vu comment elle est réactionnaire...

Assenant un coup sur la tête d'un Kiba pris au dépourvu, Pein s'approcha pour me faire la bise. J'étais déçue qu'il parte aussi vite... Cela voulait aussi dire rester seule toute une soirée avec Kiba. Ce n'était pas pour m'enchanter et voir ce dernier hurler rageusement envers son colocataire me conforta dans cette idée.

Lorsque Pein passa la porte et que sa voiture démarra en bas de l'immeuble, j'eus comme un poids sur le coeur. J'étais jalouse en un sens. Je le voyais s'en aller comme j'étais partie il y a peu, abandonnant mon appart' et ma petite vie. Je n'avais pas hésité un seul instant en sachant que c'était Sasuke qui se trouvait au bout du chemin. Pein n'hésitait pas non plus en sachant le but de son départ. Il en avait l'habitude, mais il semblait heureux. Au final, il savait gérer une relation à distance, là où je n'avais fait qu'attendre un ultime instant que j'avais voulu exceptionnel. J'avais placé tous mes espoirs en nos retrouvailles qui s'en trouvait encore décalées. Peut-être que l'attente supplémentaire ne faisait que noircir mon coeur, la frustration de ne pas avoir ma récompense après tant d'efforts... J'étais définitivement une gamine.

La voiture avait disparue et en refermant la fenêtre, je vis le reflet de Kiba qui me contemplait d'un air soucieux. Lorsque je m'étais retournée, il avait déjà changé d'air, se précipitant vers la cuisine comme le dernier des affamés. N'ayant d'autre alternative que de le suivre, je laissais mes pensées dans un coin de ma tête, me promettant d'attendre encore. Je n'étais plus une gamine, je pouvais bien supporter encore un peu.

Un petit peu plus.

Il engloutissait son assiette à une vitesse défiant toute concurrence. Visiblement, je n'avais pas perdu la main en ce qui concernait la cuisine. Ces longues journées à me faire à manger avec le peu que j'avais dans le frigo de mon petit appart' d'étudiante avaient portées leurs fruits. Cependant, si Kiba semblait se régaler, moi, je ne pouvais avaler une seule bouchée. J'étais totalement nouée, incapable de détacher mes pensées de Sasuke. Je me sentais idiote, comme d'habitude, à n'avoir que lui en tête, à être autant contrariée de son absence. C'était puéril et je m'en rendais bien compte, mais je n'arrivais définitivement pas à faire autrement.

J'étais encore dans la lune lorsque Kiba reposa brutalement son verre sur la table, me sortant de ma torpeur. Je me doutais que la violence de l'acte était loin d'être involontaire mais je me contentais d'éviter son regard. J'avais l'impression qu'il partageait ma frustration, ou alors qu'il regrettait de devoir passer la soirée à me chaperonner suite aux prescriptions de Pein. Je voulais lui faire comprendre qu'il n'y était pas contraint, peu importe ce que lui avait dit le roux, je n'avais pas besoin de sa pitié ni de sa compagnie, mais les mots ne sortirent pas. Ce fut lui qui brisa la glace.

-Tu as fini ?

-...Pardon ?

-Cette tête d'enterrement. Ca ne se marie pas avec le repas.

-Désolée.

-C'est tout ce que tu trouves ?

-Je ne vois pas quoi te dire d'autre.

Il s'était levé, le visage complètement fermé. Je ne m'attendais pas à ce qu'il reste à table, mais je sentais que la tension était palpable. J'avais peur de fondre en larmes devant lui, surtout devant lui à vrai dire. La seule personne pour qui je voulais réserver mes larmes était Sasuke. Je ne voulais que son épaule pour pleurer, y trouver un peu de réconfort, me laisser aller et ne pas en avoir honte. Pourtant, Sasuke n'était pas là, et cette journée sans lui m'avait parue interminable. La nuit allait être du même acabit.

Kiba n'avait pas bougé. Il était resté debout, à me contempler pendant cinq minutes. Je n'osais même pas lever mon regard, de peur qu'il y lise mes faiblesses. Il ne lui aurait pas été compliqué d'y déceler quelques perles translucides que je m'efforçais de garder pour moi et ç'aurait été pire que tout. Le temps de cligner des paupières pourtant, et un bruit de verre brisé me déchira le coeur. Ce fut comme entendre mon esprit se briser.

Lorsque je relevai la tête, Kiba était au même endroit, une entaille à la main, du verre pillé à ses pieds.

-Kiba... Tu...

-Vous me faites chier. Tous.

Ses chaussures virent écraser les fragments tandis qu'il se dirigeait vers sa chambre et s'y enfermait. Quant à moi, j'étais restée là, encore sous le choc. Je ne sais même plus combien de minutes s'étaient écoulées avant que je ne me lève enfin pour débarrasser ce chantier et m'effondrer dans ma chambre.

A force de sangloter, je pense que je m'étais assoupie. Lorsque j'émergea, je portais encore mes vêtements mais j'avais étonnamment chaud. Je me rendis compte que quelqu'un avait déposé une couette sur mon dos et je vis une forme sur le coin du lit, occupé à contempler les étoiles par la fenêtre ouverte. Mon coeur fit un bond en pensant qu'il pourrait s'agir de Sasuke, mais les faibles rayons de lumière qui éclairaient le visage de l'inconnu mirent en relief deux crocs écarlates qui ne laissaient aucun doute sur son identité.

Manquant de tomber du lit, je fis valser la couette en me relevant d'un coup.

-Hey ! Calme toi, ce n'est que moi.

-Je... Kiba ! Je peux savoir ce que tu fais ici !?

-Dit-elle alors qu'elle s'est endormie la fenêtre ouverte sans même une couverture.

Il n'avait pas tort. Honteuse, je baissais à nouveau les yeux, constatant au moins avec soulagement qu'il paraissait calmé. Peut-être était-ce une façon de se faire pardonner du verre brisé ? Ou alors une occasion de plus de m'humilier. En tous cas, je ne pouvais pas dire que sa présence m'importunait. Si il y a quelques heures, avant de m'endormir, j'étais tout sauf disposée à entamer une conversation, j'avais en cet instant la plus grande envie de discuter. Ce devait être une façon de me sentir moins seule malgré l'absence de Sasuke et même si je ne trouvais pas en Kiba l'interlocuteur idéal, je pouvais au moins espérer recevoir quelques réponses.

-Merci pour la couette.

-Pas de quoi, c'est rien.

Il avait répondu d'un ton bourru, reprenant sa contemplation. Je m'étais assise près de la table de nuit, là où j'avais disposé un cadre avec une photo de Sasuke et moi, ma photo préférée. Nous étions dans un parc ce jour là, il faisait un temps magnifique. Nous venions de finir les examens, attendant les résultats avec impatience. Ino avait pris son nouvel appareil photo, un cadeau de Shikamaru qu'elle emportait désormais partout. Il avait suffit que Sasuke esquisse un vague sourire et que je me mette à rire aux éclats pour que la blonde le prenne en flag. Cette photo me rappelait tant de choses. Les moments de bonheur simple que j'avais passé avec Sasuke, éclipsant totalement l'horrible galère que l'été me réservait cette année là. L'annonce de son départ un peu plus tard m'avait anéantie, et lorsque le train avait quitté la gare, cette photo m'avait accompagnée chaque nuit où je n'arrivais pas à dormir dans mon grand lit si vide.

J'avais tendrement pris ce souvenir entre mes mains, oubliant jusqu'à la présence de Kiba qui en avait profité pour passer sa tête au dessus de mon épaule afin de contempler les visages figés sur papier glacé.

-Tu aimes vraiment ce mec ?

Il avait posé cette question sans attendre de réponse j'imagine. Le ton n'était pas cassant ou ironique, c'était une constatation pure et simple, si bien que je n'eus qu'à hocher la tête pour le lui confirmer.

-J'imagine que Sasuke est le genre de toutes les filles.

-Que... Que veux-tu dire ?

Il s'était remis à sa place initiale, feignant d'admirer à nouveau le ciel étoilé. On aurait dit qu'il se parlait plutôt à lui même. Il semblait presque ignorer ma présence.

-Bah. Tu es une nana, tu peux comprendre non ? Beau gosse, intelligent, un bon boulot, une belle situation... Il a tout pour lui. Enfin... Ou presque.

-Ou... Presque ?

-Une copine. Ou plutôt, il n'en avait pas jusqu'ici.

-Qu'est-ce que tu insinues !?

-Moi rien.

Il s'était alors tourné vers moi. Son regard me fit froid dans le dos. Il me jugeait, comme s'il me testait. Il attendait que je lui confie mes craintes, que je lui avoue tout. Je ne voulais pas lui donner ce plaisir.

-C'est toi qui a commencé, achève donc.

-Ah. Je préfère quand tu joues comme ça. Là, je retrouve la fille qui m'a agressée après s'être endormie sur moi.

Il m'avait gratifié d'un sourire moqueur qui me donnait envie de lui arracher les yeux. J'aurais bien pu le faire si je n'avais pas eu l'impression d'être vidée de mes forces. Je déprimais alors que je m'étais juré d'être forte pour Sasuke. Ce constat ne faisait que me déprimer d'avantage et je me sentais encore plus ridicule qu'à l'accoutumée. Au final, c'est bien Kiba qui allait me mettre en face de ma peur la plus secrète.

-Tu n'as jamais pensé... Qu'il aurait pu trouver quelqu'un d'autre ?

Et voilà. J'étais pétrifiée. Kiba avait mis le doigt dessus. En plein dans le mille, la cible venait d'être atteinte. Comment réagir ? Je n'avais pas trente-six solutions en même temps. Je pouvais essayer de lui rabattre son caquet ou confirmer sa théorie. Bien sur que j'y avais pensé et plus d'une fois. J'étais terrifiée à l'idée que Sasuke ait pu briser notre promesse. En même temps, un an passé aussi loin de lui, sans preuve de ce qu'il aurait pu faire, des gens qu'il aurait fréquenté... Qui n'aurait pas été tenté de s'imaginer les pires des scénarios ?

Pourtant, j'avais confiance en Sasuke. J'étais une idéaliste un peu trop niaise sans doute, mais je lui faisais confiance. Kiba attendait une réaction, mais je m'efforçais de rester parfaitement stoïque. Seules mes mains tremblaient et je m'efforçais de contenir mes émotions.

-J'ai confiance en Sasuke. Je l'aime et je sais qu'il ne m'a pas trahi.

-Pffew. Tu parles comme une petite fille. C'est mignon... Mais stupide.

-Je me fiches que tu puisses me trouver stupide Kiba. Je me moque de ton avis. Je l'aime, c'est tout. Et si tu as un problème avec lui ou avec moi...

-Je n'ai aucun problème.

-Bien ! Je pensais que tu avais un sentiment d'infériorité vis à vis de Sasuke...

-TAIS TOI ! Je suis de loin supérieur à cet espèce de frimeur ! Et ce n'est pas parce-que tu es une gourdasse amoureuse que tu as le droit de...

Il avait dit le mot. Gourdasse. Paradoxalement, je lui donnais raison. C'était juste dur à entendre. C'est vrai que j'étais sotte. Peu de filles seraient parties comme ça, auraient tout abandonné pour un homme, un simple mec. Mais Sasuke était beaucoup plus que ça à mes yeux. Forcément. Je me fichais qu'on puisse me traiter de conne, l'amour rend con quoi qu'il arrive. Cependant, je sentais chez Kiba que sa rancoeur envers Sasuke était bien plus profonde que ça. Peut-être ma présence ne faisait qu'accentuer ça et je m'en voulais de l'avoir provoqué.

-Excuse moi.

Je m'apprêtais à dire exactement les mêmes mots avant de me rendre compte qu'il m'avait devancé. Il s'était excusé comme un gamin tout piteux, conscient sûrement d'être allé trop loin. Mais au final, je voulais qu'il m'en dise plus.

-Kiba... Pourquoi détestes-tu autant Sasuke ?

Il m'avait adressé un regard noir, laissant penser que je l'avais insulté, mais il détourna les yeux aussi vite qu'il les avait posé sur moi.

-Tu ne peux pas comprendre.

-J'ai surpris votre conversation à Pein et toi.

-Quoi ?!

-Je suis désolée...

-...Non, ce n'est rien. Ca me permettra de te faire de vraies excuses comme ça.

Il s'était frotté la tête, l'air nerveux.

-Je ne déteste pas Sasuke. On va dire que je ne m'entends pas avec lui voilà tout. C'est avant tout un ami de Pein et... C'est Pein qui me laisse vivre ici. Par charité. Je ne peux pas me plaindre plus que ça.

J'étais restée silencieuse, attendant qu'il me raconte son histoire. Sûrement l'avait-il compris puisqu'il poussa un profond soupir et entama son explication.

-Ma mère était quelqu'un de tyrannique. En fait, je pense que même le mot tyran devait être faible.

"J'ai toujours vécu à la montagne. Ma mère faisait de l'élevage de chiens de traîneaux avec mon père, tradition familiale. Ma grande soeur, Hana, a toujours voulu perpétrer la tradition. Moi, ça me faisait passablement chier. De toute façon, je n'avais jamais été en très bon termes avec ma famille, toujours en décalage. Seulement, même ma soeur qui s'entendait relativement bien avec tout le monde ne trouvait pas grâce aux yeux de ma mère. Lorsque mon père est décédé suite à un accident de parcours, ma mère est devenue plus autoritaire que jamais.

-Hana !

-O...Oui ?

-Dorénavant, tu travailleras comme bonne à tout faire chez les Hoshigaki.

-Mais... Je...

-Ta formation est une perte de temps ! Tu n'arrives même pas à entraîner Kuromaru qui est déjà vieux et docile !

-Mais je veux aider les animaux... Je veux être vétérinaire...

-SILENCE ! Si tu crois que j'ai les sous pour, tu te trompes ! Il faut un homme pour entraîner les chiens et je n'ai que faire d'une fille qui a autant de muscles qu'un escargot estropié ! Kiba reprendra la formation !

Ma soeur était en pleurs et je savais que son beau rêve venait d'être brisé. S'occuper des chiens n'était qu'un tremplin vers la carrière qu'elle envisageait, mais ma mère ne l'entendait pas de cette oreille. De toute manière, ce n'était qu'une peau de vache intéressée par l'entreprise familiale. Hana n'était pas forte physiquement et elle refusait de fouetter les chiens lorsqu'ils désobéissaient. Elle était bien trop gentille pour ça... Trop gentille oui.

C'est pourquoi je me suis enfui. Pein était l'un de mes rares amis de l'époque et il a toujours eu du fric. Sa famille est très riche, voilà pourquoi il peut avoir une baraque comme celle là pour lui tout seul. A l'époque, j'étais déscolarisé. T'façon, c'est pas dans les bouquins qu'on apprend à conduire un attelage. Ma mère était très old school ou limite moyenâgeuse. Techniquement, je devais reprendre les rênes et me marier à une pauvre ménagère d'un clan de frileux paumés. J'aurais préféré crever. Mais Pein ne m'a jamais laissé tomber.

-J'ai deux chambres en trop, je veux bien t'héberger. Mais je ne veux pas que tu passes ton temps à rien branler. Tu vas suivre des études, n'importe lesquelles mais tu ne resteras pas à rien foutre. Peu importe le loyer, ce qui compte avant tout, c'est que tu avances.

J'avais trouvé ma porte de sortie. Je voulais même emmener Hana quelques jours avant que je ne parte, elle était retrouvée morte, pendue dans sa chambre.

Elle avait laissé quelques mots. En somme, elle ne voulait plus vivre. On lui avait arraché son rêve, ses espoirs et pour elle, c'était pire que de lui arracher le coeur. Ce jour là, j'ai su que c'était fini, que plus jamais je ne pourrais avoir de contact avec ce qui me restait de ma famille. Mais ma mère, aussi cruelle qu'elle soit, restait ma mère. Si bien que j'hésitais à partir, à la laisser seule comme ça. Pourtant, je n'eus pas à hésiter très longtemps. Le soir où on avait enterré Hana dans le jardin, prié pour son salut, chose que je haïssais faire, comme si cela pouvait apaiser son âme alors même qu'elle mourrait sans voir naître son rêve, je m'étais enfermé dans ma chambre, pleurant comme un gamin qui côtoie la mort pour la première fois.

Je n'avais pas entendu ma mère entrer. En fait, je pense que même un tremblement de terre ne m'aurait pas fait bouger. Seulement, ma peau s'était mis à frémir, mes sens étaient en alerte, comme si toutes les fibres de mon corps avaient ressenti le danger qui était entré dans la pièce ce soir là.

J'eus à peine le temps de me retourner qu'un couteau de cuisine vint se planter dans mon oreiller, crevant le tissu dans un ballet de plumes. Ma mère me faisait face, alors que j'arrivais à peine à reprendre mon souffle.

-M...Mère...

-C'est de ta faute Kiba. Tout est de ta faute.

-Je... Qu'est-ce que...

-Mon mari est mort à cause de toi ! Et Hana est morte elle aussi... A CAUSE DE TOI !

-C'est... C'EST FAUX ! CE N'EST PAS MA FAUTE ! JE N'AI RIEN...

Un autre couteau avait volé à travers la pièce. Ma mère était comme dingue. Les yeux exorbités, la gueule béante. Elle n'avait plus rien d'humain. On aurait dit un chien enragé, l'un des chiens qu'elle faisait piquer lorsque la folie les atteignait. J'avais à peine éviter le second poignard qu'elle hurlait, pleurait, s'égosillant de plus belle à chaque larme qu'elle versait. Elle tapa contre le sol à s'en faire saigner les poings, les traits souillé par la tristesse et la fureur. J'avais compris dès que j'avais pu apercevoir son visage tatoué de crocs me lancer un regard plein de haine que ma place n'était plus ici. Ma mère venait de tenter de me tuer, rage et chagrin mêlés. J'ai quitté la demeure familiale sous les hurlements plaintifs de Kuromaru, notre husky, qui semblait pleurer à la place de sa maîtresse à bout de souffle.

J'ai retrouvé Pein, il est le seul à avoir compris que je ne pourrais plus jamais exister sous le nom d'Inuzuka. Seuls ces tatouages refusent de partir, même à force de larmes que je verse lorsque j'aperçois encore le corps inerte de ma soeur se balançant au bout d'une corde.

Du coup, j'ai emménagé ici. J'ai trouvé du boulot pour régler le loyer, je ne voulais pas que Pein me loge et me nourrisse à ses frais. J'ai aussi été accepté à la fac comme je le lui avais promis et les premiers temps, j'étais souvent seul, puisqu'il passait les trois quarts du temps chez Konan. Il n'a jamais été adepte du domicile fixe, préférant aller chez sa copine. J'ai toujours eu l'habitude d'être seul, ça me convenait. Jusqu'à ce que Pein m'annonce l'arrivée d'un nouveau colocataire.

-Kiba, j'te présente Sasuke. C'est un pote qui vient d'être engagé dans le cabinet administratif Mitarashi. Il va occuper la troisième chambre.

-Salut.

Il était froid, toujours cordial mais froid. En même temps j'm'en foutais, c'est pas comme si j'avais envie de faire ami-ami avec lui. A vrai dire, il ne m'avait jamais rien demandé et c'était réciproque. J'pouvais pas trop le blairer avec ses manières à la con, l'air de n'avoir eu que des facilités dans sa vie. Moi je peinais à payer ma part tous les mois alors qu'il avait des costards trois-pièces. Oh, c'est vrai qu'il achète la bouffe, vu que passé mon loyer, j'aurais tout juste de quoi payer un pack de bières, et il n'a jamais hésité à me le foutre dans la tronche. Du coup, ça m'a vachement étonné qu'il vienne frapper à ma chambre ce jour là, en me réveillant au passage.

-Kesstuveu Sasuke ?

-J'ai un service à te demander. Ca ne devrait pas trop te déranger vu que tu es en période de vacances universitaires et que tu n'as donc pas grand chose à faire.

-Grrmph...

-Ma copine va arriver demain et je ne pourrai pas aller la réceptionner à la gare. Tu peux t'en charger ?

-Hey, tu crois pas qu'elle va pas taper un scandale ?

-Je bosse, je n'ai pas le temps. Et puis, je suis sur que tu t'en tireras très bien. Suffit d'aller la chercher de toute façon.

-J'pense pas que c'est correct. Elle se tape un long voyage pour venir te voir...

-J'ai des obligations Kiba, un rendez vous très important. Je sais que ça t'est inconnu mais essaye de comprendre. De toute façon, si tu ne veux pas le faire, je demanderai à Pein.

Il savait très bien que je ne pourrais pas refuser. Pein aurait pensé que je mettais de la mauvaise volonté à m'entendre avec ce snobinard. Voilà comment je me suis retrouvé dans ce train le lendemain. J'étais à la ville voisine et j'ai pris ce train à l'escale pour pouvoir être à la gare à l'heure. Je savais que tu serais dans ce train, mais je n'aurais pas vraiment imaginé que la nana qui me bavait dessus en dormant était celle que je devais réceptionner."

Kiba venait de finir sa tirade alors que je ne l'avais pas encore assimilée. J'étais complètement troublée, incapable de raisonner correctement. Le fait qu'il m'ait expliqué tout ça de but en blanc me laissait totalement déconfite. Je n'aurais jamais imaginé un passé pareil, ni même ce qu'il pouvait endurer entre ses promesses faites à Pein et cette cohabitation avec Sasuke. Au final, Kiba apparaissait comme un chien au milieu d'un jeu de quilles. Je comprenais dès lors que je n'étais pas la seule à me sentir à côté de mes pompes.

En arrivant ici, je m'étais dit qu'ils auraient tous leurs marques, leurs repères, leurs habitudes, que je m'efforcerais de calquer en reprenant le fil d'une vie interrompue entre Sasuke et moi. Mais finalement, personne ici, pas même Pein ou Sasuke n'avaient une place fixe. L'un n'était jamais là pour ainsi dire, et l'autre domiciliait à son travail. Kiba était le seul à attacher de l'importance à cet endroit comme son foyer, rêvant d'un cadre stable qu'il n'avait jamais eu avant. Et je comprenais alors ce qui l'amenait à haïr Sasuke.

Sasuke avait toujours tout eu. Maison, famille, argent, travail, beauté, intelligence... et il s'en vantait.

Plus que tout, je réalisais que j'étais également une des possessions de Sasuke. Une personne prête à tout pour lui, pour son bonheur. Sûrement que Kiba n'avait jamais eu ça, ne voyant que Pein comme son bienfaiteur.

Les larmes que je n'avais pu contenir s'étaient échappées, creusant de larges sillons humides sur mes joues. Kiba devait sans doute l'avoir remarqué car il passa un bras autour de mes épaules, m'invitant à m'appuyer sur lui.

Ce fut la seconde fois que je m'endormais sur lui.



Je n'avais pas continué cette fic depuis longtemps sur fanfic, ne vous étonnez donc pas si mon style est un peu différent pour ce chapitre :) J'espère néanmoins qu'il vous aura plu !



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