Fiction: C'est Lui... (terminée)

Alors qu'elle se voyait contrainte de laisser partir ce qu'elle pense être l'homme de sa vie un an plus tôt, Sakura décide de tout plaquer à l'aube de ses 19 ans afin de le rejoindre. Cependant, les choses ne sont jamais aussi faciles et alors même qu'elle laisse sur le carreau sa meilleure amie en instance de rupture, elle découvre que son Sasuke n'habite pas seul, loin s'en faut. Entre rêves, illusions, espoirs et déchéance, Sakura va devoir s'accrocher à un amour à bout de souffle
Classé: -12I | Drame / Romance | Mots: 42930 | Comments: 20 | Favs: 17
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Beverlyy (Féminin), le 15/05/2013
Suite à la publication de cette fanfic sur Fanfic-fr.net, je me décide à la mettre sur WoN histoire de mettre un peu à jour mon recueil :). Un SasuSaku qui m'a été largement demandé suite à Une Putain de Vie Sentimentale et que j'écris avec plaisir, lentement mais sûrement !

Bonne lecture !




Chapitre 3: Coeurs de Rockeurs.



Je crois bien que je n'avais jamais aussi bien dormi cette nuit là. Sentir la chaleur de Sasuke comme une sorte de protection, une barrière contre le monde, m'avait fait sentir plus sereine que jamais. Lorsque mes yeux s'ouvrirent pourtant, il n'était plus là. Seuls les draps étaient encore chauds de sa présence passée.

Le réveil indiquait huit heures passées. Sasuke était sans doute parti bosser et n'avait pas osé me réveiller. Je m'en voulais un peu d'avoir dormi autant, le laissant aller au boulot sans même le gratifier d'un baiser ou d'un petit mot d'encouragement. Maintenant que j'en avais l'occasion, je me devais d'en profiter. Je me jurai de me rattraper le lendemain matin avant de repousser la couverture sur mes jambes et de sortir du lit. Je ne savais pas vraiment ce que j'allais faire de ma journée mais ce serait l'occasion de sortir, me familiariser avec le quartier ou passer apporter à déjeuner à Sasuke... Comme une fidèle épouse. Rien qu'à cette idée, mes joues s'empourprèrent de nouveau et je remerciai le ciel de ne pas entendre Kiba pouffer à nouveau de rire devant ma mine rêveuse.

Tout en faisant le lit, je pensais à nouveau à Ino. Je savais qu'elle ne me dirait rien si je la questionnais mais je n'en pouvais plus d'attendre de ses nouvelles quant à son couple. Je voyais mal Shikamaru et elle se séparer mais c'est justement lorsque c'est improbable que cela arrive. Je n'envisageais même pas la réaction d'Ino si jamais cela venait à se produire mais il faudrait alors que je mette tout en oeuvre pour qu'elle n'en soit pas affectée au point d'en faire une semi-dépression. Certes, ce n'était pas son genre, mais j'étais bien assez placée pour savoir à quel point l'amour peut foutre six pieds sous terre. Lorsque Sasuke était parti...

Mais non, ce n'était pas le moment. Chassant ces pensées de mon esprit, je remis les oreillers en place et entrepris de prendre une tenue propre et de filer à la salle de bain. En passant dans le couloir, je me rendis compte qu'il n'y avait pas un bruit. Kiba n'était sans doute pas là. Peut-être bossait-il lui aussi ? Je le voyais mal en tenue de travail. En pouffant silencieusement, j'entrai dans la salle de bain, me préparant tant bien que mal pour cette première journée. Puisque j'étais seule, j'allais m'organiser pour m'occuper jusqu'au retour de Sasuke. En prenant ma résolution, je m'apercevais que ma déception était bien loin en mon esprit. Peut-être suivais-je inconsciemment le conseil d'Ino ? Ne rien laisser paraître, devenir irréprochable aux yeux de Sasuke... C'était bien la meilleure des choses à faire.

Une fois prête, je me décidai à aller dans la cuisine me préparer une bonne tasse de remontant. Je passai dans le salon d'un calme olympien avant de me diriger dans la cuisine. Il n'y avait pas à dire, c'était vraiment paisible pour une maison habitée par trois mecs. Loin de l'idée qu'on se fait d'une colocation masculine.

Cependant, arrivée dans la cuisine, la première vision des lieux m'arracha un cri de stupeur.

-AAAAAAH !!

-Oh ! Oh désolé, je...

-Putain c'quoi ce boucan ?

Je me retournai en l'instant pour découvrir Kiba, à moitié réveillé, planté derrière moi. Me remettant de mes émotions, je me concentrai à nouveau sur l'homme qui venait de me flanquer une peur bleue. Grand, baraqué, roux, avec assez de piercings pour devenir un prototype de Robocop. En temps normal, pour les non-initiés, il était déjà vachement impressionnant. Mais là, en plus de ma surprise, il ne m'en fallait pas moins pour frôler la crise cardiaque. Pourtant, à le regarder, il souriait, l'air serein et désolé. Tout l'inverse de Kiba qui, comparable à un chien hargneux, venait d'être vraisemblablement dérangé en plein sommeil.

-Je suis vraiment désolé, j'aurais du venir me présenter mais tu étais occupée à la salle de bain il me semble. Je m'appelle Pein.

-Oh non ! Tu n'y es pour rien, c'est moi, j'ai cru qu'il n'y avait personne donc j'ai été un peu surprise !

-T'es gourde ou quoi ? Y'a pas que ton Sasuke qui habite ici j'te ferais dire.

Je fusillai Kiba du regard, lequel avait l'air de s'en foutre comme de sa première chaussette. Je ne fus cependant pas la seule à le regarder de travers.

-Kiba, arrête d'être aussi grincheux. J'ai fait du café, prends en. T'en as bien besoin avec la gueule que tu te coltine.

-Ouais ouais...

Me dépassant, il alla se servir un bol tandis que Pein me conduisait au salon, me servant ma propre tasse. Complètement gênée et dépassée par les événements, je me trouvais comme une pauvre poire sans savoir quoi faire, ni même quoi dire. Lorsque Kiba vint nous rejoindre, je fis en sorte de me tourner uniquement vers Pein qui m'offrait un petit sourire bienveillant. Il n'y avait pas photo, c'était le jour et la nuit entre ces deux là. Mais quitte à choisir, autant privilégier celui qui était le plus agréable... Ou plutôt le plus supportable.

J'avais bu une gorgée, passablement mal à l'aise après une rencontre pareille. J'avais hurlé comme un putois dès le réveil et je me doutais bien que ce n'était que parce-que Pein était poli qu'il m'en avait pas tenu rigueur. Je me sentais à nouveau lamentable. C'était l'apanage depuis la veille.

-Alors tu es la petite amie de Sasuke ? Il m'a beaucoup parlé de toi.

Pein m'avait souri en me révélant ça. C'était sans doute vrai et mon estime remontait en flèche. Enfin, c'était sans compter Kiba qui ne se gêna pas pour la ramener.

-Ouais, pas qu'en bien !

-Kiba, arrête de dire des conneries. J'peux savoir pourquoi tu es aussi désagréable aujourd'hui toi ?

-Pffeuh.

-Sérieux mec, faut bien que tu t'y fasses

-Fous moi la paix Pein.

Il se leva d'un coup, ne manquant pas de me fusiller du regard au passage avant de disparaître dans ce qui semblait être sa chambre. Je ne comprenais pas ce curieux changement d'atmosphère. Quelque chose me gênait dans ce qui venait d'être dit. Qu'il "s'y fasse" ? Etait-ce vraiment de moi qu'il parlait ? Non... C'était plutôt comme si... Comme si le problème était ailleurs...

Voyant que je paraissais songeuse, Pein me fit à nouveau un grand sourire avant de prendre sa propre tasse.

-Alors Sakura ? Qu'est-ce que tu comptes faire aujourd'hui ?

-Oh je... Je n'en sais rien encore.

-Sasuke travaille toute la journée aujourd'hui. Mais je n'ai rien à faire, je peux peut-être te tenir compagnie.

-Je ne voudrais pas te déranger...

-Tu penses, pas du tout ! J'avais prévu d'aller au centre-ville histoire d'écumer les magasins. Il y a un nouveau bijoutier qui a des piercings à tomber. Et j'ai toujours besoin d'un avis féminin, ce dont je manque cruellement ici comme tu peux le constater.

-Alors dans ce cas, je n'ai plus qu'à finir de me préparer.

-Je t'en prie. Je vais en profiter pour terminer mon café.

Enchantée à l'idée de savoir comment j'allais m'occuper malgré l'absence de Sasuke, je filai à nouveau dans la salle de bain histoire de me maquiller légèrement et de me coiffer un minimum. Mais alors que je venais de fermer la porte et de sortir mon attirail, j'entendis une porte claquer et les deux colocataires avoir une conversation pour le moins musclée.

-Kiba, tu ferais mieux de te calmer. J'te rappelle qu'on vit en colocation tous les trois et...

-Tu parles ! Je suis désolé de ne pas bosser autant que vous deux ! Surtout pas autant que "Môssieur Sasuke" qui se complait à mettre en avant ses cernes pour qu'on le plaigne !

-Ce n'est pas ça et tu le sais.

-Pein, toi tu penses peut-être le contraire, mais tu es les trois quart du temps chez Konan ! Quand tu n'es pas là, ce n'est pas le même discours. Je suis le seul à être encore étudiant et à ne bosser qu'à temps partiel. Sasuke n'a même pas eu à suivre les cours qu'il a déjà une place d'apprenti dans je ne sais quel cabinet de fonction publique à la con ! Alors que moi, je suis un serveur à mi-temps pour payer ma putain de part de loyer ! Alors ouais, c'est pas le même level ! Mais qu'il ne vienne pas me pomper l'air !

-Ce n'est pas une raison pour être détestable Kiba. Sasuke ne te juge pas, c'est dans ta tête que ça se passe.

-C'est ça. Prends moi pour un con. De toute façon, vous me prenez tous les deux pour un con.

-C'est vraiment ce que tu penses ?

-Ouais ! Et ça me rend malade de devoir fermer ma gueule face à ce prétentieux de mes deux !

-Bon, soit Kiba. Mais Sakura n'a rien fait, elle. Sois au moins gentil, elle n'y est pour rien. Et je tiens à te préciser que si je te vois l'emmerder, tu auras à faire à moi. Quant à cette histoire de loyer, je ne t'ai jamais jugé sur la thune et ce n'est pas aujourd'hui que ça va se faire. Paye d'abord tes études, pour le reste, j'te couvre.

-Je... J'veux pas de ta pitié Pein.

-Prends le comme tu veux, tu n'as pas le choix. Et pour te prouver que je t'exploite en retour, tu vas venir avec nous aujourd'hui. Je veux que tu sois aimable avec Sakura et c'est l'occasion de te parer de ton plus beau sourire espèce de grincheux. Allez, file te préparer, t'as dix minutes.

Après avoir lancé une injure et s'être résigné, la porte claqua à nouveau et vraisemblablement, Kiba s'était mis en tête de se préparer à sortir avec nous. Mais ce que j'avais entendu me fit l'effet d'une bombe. Je ne pouvais pas croire que Kiba pensait réellement ça de Sasuke. Non, Sasuke n'était pas comme ça. Ce n'était pas vrai et j'étais bien placée pour...

Pour... Pour le savoir... Enfin, un an plus tôt je savais que...

"Je savais" ? Mais qu'est-ce que je savais exactement ? Après tout, en une année, il y avait du chemin. Mais Sasuke n'aurait jamais jugé quelqu'un sur une histoire de fric ou de statut professionnel. Je pensais au moins que cette colocation tenait debout, qu'ils étaient amis entre eux. Finalement, je me rendais compte que Kiba et Sasuke étaient sûrement comme chien et chat et que Pein était régulateur de toute cette pagaille. Après tout, en une journée et seulement quelques instants à apercevoir Sasuke, je ne pouvais pas me faire une idée de tout ce qui se passait mais d'un seul coup, l'aversion que je ressentais jusque là pour Kiba s'atténua d'un coup. C'était peut-être parce-que j'étais la copine de Sasuke justement qu'il ne pouvait pas me blairer... Ca et le fait que j'aie pris son épaule pour un oreiller certes... Mais ça se tenait.

Après une poignée de minutes à me pomponner tout en faisant bouillonner ce mélange de réflexion, je me décidai à sortir et à oublier ce que je venais d'entendre. Je ne voulais pas me faire d'idées trop vite et puis, quand bien même ce que pouvait penser Kiba, je savais très bien que Sasuke n'était pas comme il le décrivait. Pein semblait en adéquation avec cette idée et cela me confortait dans ma certitude. Lorsque nous fîmes tous dans le corridor, Pein à me sourire, un trousseau de clés à la main et Kiba les mains dans les poches l'air contraint et forcé, je me mis en tête de passer outre le règlement de comptes et de profiter de cette journée. Ce n'était pas tous les jours que l'on pouvait prétendre faire du shopping avec deux hommes à sa disposition... Ou du moins un homme et un grincheux notoire.

En me promenant dans la ville, je remarquai qu'elle avait tout d'un parfait mélange entre campagne et modernité. Les immeubles épousaient en harmonie les arbres à la cime gigantesque et les pavés s'accordaient aux chemins pittoresques si chers aux randonneurs confirmés. La gare était juste au début de la grande allée du centre-ville où s'étalaient boutiques et administrations. Les habitations étaient plutôt en second plan, dans les rues connexes, sortes de petites allées tranquilles qu'on aurait même pu qualifier de bourgeoises. A vrai dire, si le jeu des Sims prenait une dimension purement réelle, je pense que cette ville aurait pu y figurer. Une ville au nom imprononçable d'ailleurs.

Pein m'indiquait les magasins qu'il préférait, passant d'une boutique punk à une vieille librairie de livres occultes. Kiba ne parlait pas, se contentait de regarder les étalages, comme un gamin qui boude pour s'être vu refuser un paquet de bonbons. Je m'en accommodai et profitait à la fois du paysage et des boutiques, entrant parfois pour essayer un vêtement ou admirer une petite bricole. Pein était du genre très attentionné. Toujours à vouloir me conseiller, me complimenter ou même se prêter au jeu en essayant des chemisettes classes ou des jeans façon "bad boy", très éloigné de son style. Il poussait aussi Kiba à se détendre et à profiter de ses plaisanteries, ce qui avait le don de le faire râler encore plus et de me faire rire aux éclats.

-Allez Kiba, arrête de bouder et essaye moi ça !

-T'es malade ! Jamais je ne mettrai une jupe !

-C'est un kilt imbécile ! C'est la tenue des écossais.

-Ouais bah kilt ou pas, c'est pour les gonzesses !

-Ah bon ? Moi j'trouve pas ça si moche ! T'en dis quoi Sakura, ça me va bien ?

-A... Absolument haha !

Avec une crampe à la mâchoire, je continuais à rire comme une démente, m'attirant les coups d'oeil interrogateurs de la vendeuse. Quelques minutes plus tard, je ressortais un sac à la main, une jolie petite robe rouge que m'avait conseillé Pein et dont Kiba n'avait rien trouvé à redire. Au fil des magasins, Pein continuait d'émettre sa bonne humeur autour de lui, au grand dam du boudeur national. Mais lorsqu'ils entrèrent dans ce qui semblait être le lieu privilégié de tous les rockeurs qui se respectent, les deux colocataires furent immédiatement dans leur élément, témoignant d'une complicité que je n'avais pas vu jusqu'ici.

-Regarde Pein ! Y'a le nouveau CD de "Sharkringan" ! Et y'a le poster du groupe "Oroskulett" ! Le chanteur est trop mortel !

-Ouais, mais j'préfère le groupe "Tayutrash". La chanteuse est vraiment stylée !

-Ah ouais, la rouquine ? C'est vrai qu'elle est grave mignonne !

J'étais contente de voir que Kiba ne faisait plus la gueule. Je comprenais d'un coup pourquoi ils s'entendaient malgré tout ce qui pouvait se dire. Ils partageaient un même univers et, même en étant étrangère à ça, je me sentais à l'aise parmi les étalages de disques aux pochettes sombres et aux rayons de fringues déchirées, cloutées et rapiécées.

Laissant Pein à sa recherche de posters, j'entrepris de rejoindre Kiba qui écoutait un extrait d'un groupe que je ne connaissais pas. Le casque sur les oreilles, la musique arrivant quand même jusqu'à moi tant le son devait être fort, il ne m'avait pas entendu approcher et ne se rendit compte de ma présence que lorsque je pris soin de contempler la pochette. Il retira les écouteurs, désignant ce qui semblait être le chanteur du doigt.

-C'est Oroskulett, ce groupe est mortel ! Surtout Orochimaru, le chanteur !

-Je ne connaissais pas... Mais c'est vrai qu'il a l'air cool.

-Ouais ! C'est mon idole ! J'rêve d'avoir son autographe un jour ! Peut-être qu'il viendra donner un concert à Paris et tu peux être sûre que j'y serai ! C'est mon rêve de le voir sur scène en train de se défouler sur "Bad snake" ou "A devil like me" ! C'est...

Voyant qu'il s'était emporté, parlant comme un gamin surexcité, il se reprit, rougissant quelque peu de s'être découvert de la sorte. Il me tendit le casque, reprenant son apparence froide et son air boudeur avant de prendre l'exemplaire d'un des albums.

-Tiens, écoute si tu veux. J'vais voir si Pein a trouvé un truc.

Alors que je m'exécutai, que le son des guitares électriques et les hurlements du chanteur vinrent jusqu'à moi, je souriais, amusée du changement de comportement du fameux punk d'apparence détestable. J'étais sûre qu'il allait l'être encore plus après s'être grillé comme une sorte de groupie d'un groupe de métal mais cela me confortait dans l'idée qu'il n'était pas aussi chiant et casse-pieds que ce qu'il laissait paraître. En écoutant distraitement la première piste de l'album, mon regard fut accroché par un autre CD où ce qui semblait être le guitariste ressemblait énormément à Sasuke. En plus vieux, et moins beau bien évidemment, mais c'était son portrait craché. Peut-être une sorte de jumeau caché ? Je riais à cette idée mais décrocher de la pochette ne fut pas évident et ce ne fut que lorsque Pein et Kiba m'indiquèrent qu'ils allaient à la caisse que je pu me résoudre à quitter le rayon.

Je repensai d'un coup à Sasuke. Il devait travailler dur depuis ce matin et je me sentais coupable de ne pas avoir pu lui dire ne serait-ce qu'un "bonne journée" ce matin au réveil. Pensant qu'il était peut-être temps de me rattraper, midi pointant le bout de son nez, je sortis du magasin, chopai mon portable et composai le numéro. Pein et Kiba n'allaient pas tarder à sortir avec leurs achats et je me faisais l'effet d'une cachottière voulant grappiller un moment privilégié avec mon copain. Lorsque la sonnerie parvint jusqu'à moi, mon coeur s'emballa, comme si c'était la première fois que j'allais entendre sa voix. A vrai dire, j'avais tout aussi peur de le déranger mais m'impatientais tout autant de pouvoir ne serait-ce que lui décrocher deux mots.

La sonnerie s'arrêta et mon coeur fit un bond.

-A... Allô ?

"Vous êtes bien sur le répondeur de Monsieur Uchiwa Sasuke, je ne suis pas disponi..."

J'avais raccroché dans la seconde, passablement déçue de m'être fait avoir par un répondeur. Il devait encore travailler mais j'avais espéré qu'il prenne seulement quelques instants pour me parler. Tant pis, il n'avait pas dû avoir son téléphone près de lui... Tant pis pour moi en définitive. Je rangeai mon portable, essayant plus que tout de retrouver ma bonne humeur et mon euphorie mais ce fut plus compliqué que prévu. Je m'engageai à trouver au moins la force d'esquisser un sourire lorsque les deux rockeurs reviendraient mais l'un deux m'avait déjà devancé, posant une main sur mon épaule et me surprenant au passage.

-Sakura ?

-Oh ! Pein, tu m'as fait peur. Alors ça y est ? Vous avez ce qu'il vous faut ?

-Kiba est encore à la caisse.

-Ah...

J'avais détourné le regard, honteuse de m'avoir détruit le moral toute seule comme une conne alors même que Pein avait tout fait pour me le remonter. Il avait évidemment deviné ce que j'avais fait et n'avait pas attendu pour me l'exposer.

-Tu as essayé d'appeler Sasuke ?

-Je... Oui, enfin... C'est bête je sais qu'il travaille mais...

-Non, c'est loin d'être bête Sakura.

M'adressant à nouveau un grand sourire, il me tapota amicalement l'épaule.

-Moi aussi j'aime bien appeler ma petite amie pour avoir de ses nouvelles, ça n'a rien d'extraordinaire.

-Oui... C'est compréhensible mais...

-Ne t'en fais pas Sakura. C'est bientôt le week-end et je pense qu'il sera plus disponible pour passer du temps avec toi. Et vous venez de vous retrouver, ne précipitez pas les choses. Je sais de quoi je parle, moi aussi je connais ça, ce que les débiles appellent "l'amour à distance".

C'était à mon tour de sourire, rassurée de ne pas passer pour la cruche de service qui prend son copain pour une bouteille à oxygène. J'étais d'autant plus à l'aise que le hasard décide que ce soit Pein et non pas Kiba qui sorte en premier pour me surprendre à avoir une petite attention pour Sasuke. Le sujet était déjà plus abordable et j'aurais eu sûrement droit à une raillerie ou un "pffeuh" typique du râleur de service. Et lorsque celui-ci sortit de la boutique, son CD tant convoité entre les mains pour y lire le nom des pistes en se régalant d'avance de l'écouter entièrement, il ne remarqua même pas que la déception avait à nouveau assombri mon visage durant quelques instants.

Notre journée se termina par un tour à la fameuse bijouterie où Pein comptait bien se procurer de nouveaux piercings pour changer ceux qu'il arborait déjà sur une majeure partie de son visage. Le vendeur semblait déjà bien le connaître puisqu'il le salua chaleureusement en lui présentant divers bijoux en acier chirurgical. Le laissant à ses délibérations, je fis le tour de la boutique, Kiba passant à côté de moi pour admirer nonchalamment les présentoirs où s'étalaient divers colliers, bracelets ou pendentifs. Alors même que j'admirais un joli collier en argent orné d'un petit coeur scintillant, au prix plus qu'abordable, mon regard fut capté par une chevalière en or, où était gravée minutieusement la lettre "S". Sasuke revint alors directement en mon esprit et je le voyait arborer le bijou dans un de ses costards de travail. Le tout allait merveilleusement bien du moins dans l'idée que je me faisais du tableau.

Lorsque je vis le prix en revanche, j'abandonnai l'idée de pouvoir la lui offrir tout de suite, me demandant bien un mois de salaire pour la lui payer. Peut-être en économisant... Et encore. Même si mon appartement avait été mis en stand-by, il fallait bien en payer le loyer et j'avais tout juste de quoi dépenser raisonnablement à côté une fois ce budget là scellé. Devoir y renoncer me fit un pincement au coeur, tant elle semblait parfaite, presque prédestinée à être achetée.

Pour ne pas être tentée de faire une folie et de claquer la somme dite au détriment de mon budget de loyer, je détournai le regard, préférant le petit collier que j'avais vu quelques instants auparavant. Même celui ci aurait été limite selon mes moyens. Déjà que la robe n'était pas forcément nécessaire, elle m'avait tout de même coûté un certain prix. Je m'en voulais d'avoir de tels soucis d'argent, même après une année à batailler. Même si j'avais enfin pu rejoindre Sasuke, je demeurai toujours à compter mes centimes. Je me faisais vraiment l'effet d'une pauvresse, bien loin de Sasuke et de ses costards trois pièces. Une espèce de Cendrillon... Beaucoup plus miteuse encore.

J'étais sortie, échappant à ma propre honte et aux bijoux parfaitement alignés dans leurs écrins qui me narguaient à travers la façade translucide. Kiba et Pein étaient toujours à l'intérieur, vraisemblablement en train de débattre sur le sujet passionnant que sont les piercings et je me retrouvai à les attendre devant la boutique. Ma main croisa mon portable qui se trouvait dans ma poche et je ne pu me résoudre à l'en extirper pour appeler Sasuke une nouvelle fois. J'allais encore passer pour une cruche, un pot de colle. Mais c'était plus fort que moi, incontrôlable... Il me manquait où que j'allais, où que je me trouvais et me mettre à penser à lui simplement en faisant du shopping me ramenait aux premières semaines que j'avais du endurer juste après son départ.

Tout, absolument tout, m'avait fait penser à lui.

-Hey ! Sakura !

Surprise, je me retournai en la seconde pour faire face et Kiba et Pein, qui venaient visiblement de terminer leurs achats. J'avais été dans la lune et voyant leur air interrogateur, je devinai qu'ils m'appelaient depuis quelques bonnes minutes. Je passais à nouveau pour une gourde, devant les deux cette fois ci. Pein s'approcha, laissant Kiba en arrière, lequel m'observait toujours comme si quelque chose sur mon visage clochait.

-Tu vas bien ?

-Oh... Euhm, oui ! J'avais un peu chaud dans la boutique donc je suis sortie un peu prendre l'air.

-Aucune nouvelle de Sasuke ?

-Je... Je ne l'ai pas appelé. Je ne sais pas.

-Je vois.

Je vis bien que Kiba avait détourné le regard en entendant le fameux prénom. Un peu honteuse que Pein ait mis dans le mile encore une fois, je me reconcentrai sur les petits sacs dorés de la bijouterie que tenait ce dernier.

-Alors ? Tu as trouvé ton bonheur ?

-Oh ! Oui. Ils sont vraiment blindés niveau piercings, y'a du choix ! Et le proprio me fait toujours une ristourne !

-Normal, j'imagine que tu dois être son meilleur client.

-Haha ! Oui j'crois bien. Même si Kiba y vient souvent pour ses bagues et ses gourmettes.

-Oui j'imagine.

Kiba n'avait même pas pris la peine de noter qu'on parlait de lui et continuait à ignorer la conversation, peut-être par peur de voir Sasuke y ressurgir. J'essayais de ne pas le regarder avec insistance, préférant discuter avec Pein. Ce dernier me tendit d'un coup l'un des petits sacs brillants et esquissa un grand sourire.

-Cadeau de bienvenue ma belle.

-Je... Oh non mais je ne peux pas accepter...

-Ca n'engage à rien et puis, je pense que je ne serai pas la seule personne déçue si jamais tu refusais.

Avec un clin d'oeil, Pein désigna d'un mouvement de tête Kiba qui feignait encore d'ignorer les propos de son coloc' mais lançait des petits regards furtifs vers nous. Voyant qu'il n'y avait aucun moyen de refuser, je pris le paquet qui m'était présenté et y pris l'écrin qui s'y trouvait. Le joli petit collier d'argent que je regardais il y a à peine quelques minutes s'y trouvait, le petit coeur bien mit en évidence. Avant même de pouvoir réagir, Pein le prit délicatement et se posta derrière moi afin de m'aider à le mettre. Tandis qu'il me le passait autour du cou, je croisai le regard de Kiba et lui fit un grand sourire, comme pour essayer de le remercier silencieusement. Il l'avait sûrement noté puisqu'il détourna la tête, se peignant un sourire gêné.

Un petit clic m'indiqua que le fermoir venait de se sceller et j'admirais le petit coeur posé contre ma peau qui brillait d'une lueur paresseuse. Je me faisais l'effet d'une petite princesse qui venait de se voir offrir le plus beau bijou de sa vie. Personne ne m'en avait offert jusqu'à présent et je comprenais à présent l'effet que cela pouvait avoir. Je voyais toujours les filles de feuilletons de série B recevoir de superbes diamants et s'extasier devant comme si elles venaient de voir s'exaucer le plus grand bonheur de leur vie et je comprenais un peu ce qu'elles ressentaient à présent. Un sourire étirait naturellement mes lèvres, sans que je puisse les contrôler et je m'imaginai un bijou similaire offert par Sasuke. Cette pensée suffit à me faire pousser des ailes.

-Merci... C'est trop, vraiment...

-Mais non, ça nous fait plaisir. Pas vrai Kiba ?

-Ouais...

Notre virée avait pris fin de la sorte. Je ne m'étais pas sentie aussi bien depuis longtemps... Depuis un an à vrai dire. Depuis cette année que j'avais du endurer presque toute seule, surtout sans lui, sans mon roc, mon pilier... Dans mon coeur, son départ avait résonné comme la fin de mes sourires. J'étais condamnée à n'être qu'une pâle copie de moi même, c'était ce que j'avais pensé sur le coup. Mais je m'étais interdit de flancher. Ino m'avait aidé à franchir le cap et même si je devais attendre encore un peu avant de pouvoir reconstruire ma relation avec Sasuke, je me rendais compte que je ne risquais pas d'être seule.

Kiba et Pein discutaient de leurs idoles punk avec passion tandis que je les observais, souriant à leur complicité naturelle. Au final, je les avais trop vite jugé sur leur statut de colocataires. Je pensais qu'ils ruineraient mes retrouvailles et je m'en voulais d'avoir pensé une chose pareille. Et même si je continuais à m'imaginer faisant ma vie seule avec Sasuke, rien que lui et moi, je ne voyais plus les deux rockeurs comme des parasites de mes plus beaux rêves. Cette première journée passée dans cette ville inconnue, dans laquelle j'aurais été complètement perdue sans ces deux chevaliers servants m'avait en quelque sorte ouvert les yeux. Il ne fallait jamais juger un livre à sa couverture, aussi repoussante ou attirante soit-elle.

Une fois rentrés, Kiba s'était instinctivement vautré sur le canapé, déballant directement son nouveau CD pour aller l'écouter en quatrième vitesse. Pein souffla devant ce comportement puéril et j'avais laissé échapper un petit rire discret avant de me diriger vers la table et d'y poser mon sac. Je n'aspirais qu'à prendre une bonne douche brûlante pour me débarrasser de toute la fatigue accumulée durant cette virée shopping intensive lorsqu'un petit morceau de papier tomba au sol.

-Qu'est-ce que c'est ?

-Je ne sais pas...

-Attends, ne te dérange pas Sakura, je vais le ramasser.

-Oh, ce n'est pas la peine Pein !

Il avait saisi le petit carré blanc avant que je ne puisse l'atteindre et je glissai un petit "merci" gêné. Je me sentais idiote de commettre des bourdes pareilles et alors même que j'allais passer devant Pein pour aller à la salle de bain, ce dernier m'arrêta, me tendant le fameux billet.

-Je pense que c'est pour toi.

Son visage s'était assombri, il était méconnaissable. En quittant son sourire, Pein me laissait voir une face sombre que je n'aurais jamais soupçonné chez lui. Comme un masque qui ne lui siérai pas le moins du monde. Anxieuse, j'avais prié intérieurement pour que mes doigts ne se convulsent pas tandis que je lisais les quelques mots griffonnés sur le coupon. Bref, rapide, efficace, tout comme l'écriture, tout comme son propriétaire.

"Je ne rentre pas ce soir, beaucoup de boulot. - Sasuke".

Mon regard passa de Pein avant de se perdre dans celui de Kiba qui, étonnamment, semblait avoir compris de quoi il s'agissait. Mes yeux furent à nouveau captés par cette simple phrase avant de se perdre dans le vide.



(Désolé pour les modérateurs, j'ai fail et entré ce chapitre dans la mauvaise fiction par erreur U.U) Bon, comme je disais, voilà le 3e chapitre :) Merci pour votre lecture.



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