Fiction: C'est Lui... (terminée)

Alors qu'elle se voyait contrainte de laisser partir ce qu'elle pense être l'homme de sa vie un an plus tôt, Sakura décide de tout plaquer à l'aube de ses 19 ans afin de le rejoindre. Cependant, les choses ne sont jamais aussi faciles et alors même qu'elle laisse sur le carreau sa meilleure amie en instance de rupture, elle découvre que son Sasuke n'habite pas seul, loin s'en faut. Entre rêves, illusions, espoirs et déchéance, Sakura va devoir s'accrocher à un amour à bout de souffle
Classé: -12I | Drame / Romance | Mots: 42930 | Comments: 20 | Favs: 17
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Beverlyy (Féminin), le 15/05/2013
Suite à la publication de cette fanfic sur Fanfic-fr.net, je me décide à la mettre sur WoN histoire de mettre un peu à jour mon recueil :). Un SasuSaku qui m'a été largement demandé suite à Une Putain de Vie Sentimentale et que j'écris avec plaisir, lentement mais sûrement !

Bonne lecture !




Chapitre 2: Désenchantée ?



J'étais restée interdite face au maudit punk qui m'avait envoyé chier quelques minutes plus tôt. Après m'être endormi dessus, avoir rêvé à nouveau de mes instants d'amour passés avec Sasuke, je virais au cauchemar le plus total. Ce mec au look plus que douteux était donc le colocataire de Sasuke ? J'imaginais mal Sasuke et son look professionnel au possible partageant les lieux avec un individu pareil, un bad boy des mauvais quartiers. Je me demandais même si il avait toute sa tête. J'étais restée deux bonnes minutes sans pouvoir dire un mot à celui qui m'accueillait à même le quai qu'il se gratta la tête, visiblement emmerdé de la situation.

-Putain, c'te Sasuke ! C'est bien son style d'avoir une meuf aussi chiante.

-Pardon !? Tu veux bien répéter ?

-Parce-qu'en plus t'es sourde ? Bref, pas que je m'emmerde mais j'ai pas que ça à foutre. J'suis pas le chauffeur de madame la copine de monsieur.

-Je ne t'ai rien demandé personnellement ! Je peux me débrouiller toute seule, je vais prendre un taxi.

Je m'étais dirigée vers le point informations de la gare avant que le dénommé Kiba ne m'agrippe le poignet.

-Dis donc princesse, si tu réfléchissais deux secondes avant de monter sur tes grands chevaux ?

-De quel droit tu me touches !? Laisse moi tranquille !

-Et sinon, tu sais le chemin pour aller jusqu'à l'appart' ?

-...

Il m'avait eue. Honteuse, le rouge menaçant de me monter aux joues, j'avais serré ma valise et était revenue, tête basse, à sa hauteur. A vrai dire, au delà du fait qu'il m'exaspérait avant même que je ne puisse le connaître plus en détails, savoir que nous ne serions pas seuls Sasuke et moi m'avait désappointée. Je ne savais pas encore ce qui m'attendait, comment son appart' était mais une chose était sure : Il fallait que j'évite au maximum tronche de rockeur. Pas gagné, j'allais tout de même devoir me coltiner le trajet avec lui et il était hors de question que je lui fasse le plaisir de taper la causette ou de m'excuser à nouveau pour en prendre plein la tronche. Avec un soupir appuyé, il avait agrippé ma valise et s'était mis à avancer, me laissant lui courir après tant il allait vite.

-Dis donc ! Je peux me débrouiller !

-Vu à la vitesse à laquelle tu marches, à Noël, on y est encore !

J'avais ravalé une insulte à lui carrer dans la gueule mais n'en pensais pas moins. Une vraie partie de plaisir ce mec là, j'avais vraiment gagné le gros lot. Il avait traversé les deux rues qui séparaient la gare d'un grand immeuble à la façade corail orangé en moins de deux alors que je peinais à trottiner pour ne pas le perdre de vue à un croisement. Plus un mot n'avait été échangé puisqu'il s'était contenté d'écouter sa musique à fond la caisse tant et si bien que le son horrible des guitares électriques à outrance venait jusqu'à moi. Parfait stéréotype de l'asocial qui pense que se crever les tympans fait de lui un putain de rebelle. Même une fois devant la porte principale, j'étais encore assez énervée pour en oublier mon trac de retrouver Sasuke et de découvrir son nouveau cadre de vie. Ce coloc' venait vraiment de pourrir mon excitation.

L'appart' se trouvait au deuxième étage et les couloirs étaient agréables, spacieux et lumineux. Tout à fait le style de Sasuke, je reconnaissais bien son goût pour l'ordre et le calme... Tout ce à quoi je n'aspirais pas vraiment mais que j'admirais en secret. Mon hôte m'avait accompagné devant la dernière porte au fond du corridor, appartement vingt-deux, tout près de la grande baie vitrée donnant sur la rue. On se serait vraiment cru dans un autre univers, un combiné parfait entre la ville et la campagne, quelque chose de simple et d'intime. Je m'imaginais bien vivre ici plus tard, avec Sasuke, nos enfants, notre petite maison, notre petit bonheur...

-Qu'est-ce tu fous plantée devant la porte ? Entre.

La voix grave de l'autre andouille m'avait tiré de mes pensées. Il ne pouvait vraiment pas me foutre la paix deux secondes qu'il était déjà pressé de m'abandonner pour vaquer à ses occupations. On aurait dit qu'il patientait depuis deux semaines sur le pas de la porte.

-Ca va, y'a pas le feu !

Il avait à nouveau soufflé alors que je passais devant lui, mais je m'en contrefoutais. Si ça ne lui plaisait pas, c'était la même. Une fois qu'il eut claqué la porte, je me retrouvais dans une petite allée menant dans ce qui semblait être un grand salon. Deux canapés en cuir, une table basse et des rideaux d'un bleu roi donnaient à la pièce la touche de Sasuke. Où que ma tête se tourne, je pensais directement à Sasuke. Le moindre petit détail, la couleur dominante, l'ambiance, le papier peint... Tout, absolument tout correspondait avec Sasuke, avec les souvenirs que je me faisais de lui. J'étais bien au bon endroit, et même si le colocataire ne me plaisait pas, qu'il me regardait d'un air à la fois blasé et moqueur, je savais qu'en compensation, je verrais débarqué celui que j'avais tant attendu.

Ne me proposant même pas de faire le tour du propriétaire, Kiba s'était contenté de s'affaler sur le canapé, faisant mine d'être épuisé par l'horrible tâche de m'avoir escortée jusqu'ici. Ne prenant pas la peine de faire attention à lui, j'avais commencé à faire le tour toute seule, passant par la cuisine, la salle de bain et remontant dans le petit couloir où les portes des chambres s'étalaient. Elles étaient au nombre de trois. Les deux des garçons et une chambre d'amie sûrement. Amusée, j'avais envie de dire que je n'aurais pas besoin de ma propre chambre avant de me rendre compte que la porte devant laquelle j'étais portait un écriteau.

-Heum... Il y a une autre personne ici ?

-Hein... Ah ouais, Pein. C'est notre coloc'. On est trois ici.

Super, encore moins d'intimité que prévu. Et Sasuke qui ne m'avait même pas prévenue... Peut-être était-ce pour ne pas me décevoir ? Quoi qu'il en soit, j'étais d'autant plus déçue de découvrir tout ça une fois sur place. Mais il était hors de question de laisser paraître quoi que ce soit. Le plus important était qu'on allait se retrouver, lui, moi... Nous. Il fallait que ce soit primordial, que ça surpasse tous les imprévus auxquels je faisais face. Il fallait mettre le paquet mais j'avais prévu le coup, et, souriante, j'avais nargué ce cher punk à deux sous en lui répondant simplement.

-Chouette ! Plus on est de fous, plus on rit.

J'avais porté ma valise dans la chambre de Sasuke surveillée par le plouc qui squattait le canapé. Savoir qu'il me lançait un regard critique ou moqueur m'empêchait de me concentrer sur la tâche qui m'attendait mais il suffisait que l'image de Sasuke apparaisse dans ma tête pour que je mette les bouchées doubles. J'avais sorti ma petite tenue spéciale qui m'avait coûté les yeux de la tête chez Soleil Sucré et mon parfum "Hypnotic" dont la vendeuse avait vanté les mérites pendant une demi-heure. Pensant à mon pauvre porte-feuilles qui en avait fait les frais, je me disais que c'était un mal pour un bien, après tout, nos retrouvailles valaient bien quelques billets... Voire plus que ça après un an de longue attente.

J'avais également prévu de lui préparer à dîner. J'avais trouvé cette idée totalement nunuche jusqu'au moment où j'avais imaginé Sasuke complimentant ma cuisine, son visage illuminé à la première bouchée d'un petit plat maison. Oui, il rentrerait fatigué, lessivé, ne désirant qu'un bon repas chaud et quelques petites attentions toutes particulières... Sa chemise déboutonnée, le coup de fourchette avisé, sa bouche prenant délicatement un morceau de ce met exquis en le savourant... Puis il me dirait...

"C'est merveilleux... Sakura..."

Rêvant à un tel scénario, totalement gênée par le film que je me faisais, ma petite tenue dans les bras, je n'avais même pas entendu la porte s'ouvrir derrière moi. Un simple pouffement de rire me fit me retourner d'un seul coup, laissant tomber à terre mon ensemble à cent briques. Je crois bien que j'aurais pu faire pâlir une tomate lorsque Kiba admira la scène en s'esclaffant comme un abruti.

-Tu devrais te voir ! T'es vraiment à mourir de rire !

-Qu'est-ce que.... Mais qu'est-ce que tu fous là !?

-Quoi ? J'suis chez moi aussi j'te signale. T'es pas seulement chez Mister Sasuke ici.

-Je... Je le sais ! Pour qui tu me prends ?

-Que dalle. T'étais au courant de rien sinon t'aurais été à me lécher les bottes.

-Si tu crois que j'ai que ça à foutre !

-Pffeuh.

Il avait souri, toujours aussi amusé de m'avoir piégée. C'est vrai que je n'en savais rien et alors ? Il avait beau dos de se foutre de ma gueule ! Je ne lui aurais pas léché les bottes à cet idiot... Le seul qui comptait était Sasuke. Tout ce que j'espérais, c'était que cet abruti ne gâche pas tout. Je voulais plus que tout retrouver Sasuke, le retrouver pour moi, pour moi seule ! Et il continuait à me pousser dans mes derniers retranchements pour mieux s'amuser d'une éventuelle dispute entre Sasuke et moi. Il n'était pas question que je lui donne satisfaction. J'étais passé à nouveau devant lui, essayant de l'ignorer de toutes mes forces, priant pour ne pas avoir à lui en coller une même si ma main me démangeait à tel point que j'imaginais une tribu de fourmis en train de la coloniser.

J'avais pris possession de la cuisine, rassurée de constater que l'autre ne m'avait pas suivi. Il n'avait pas une tronche à savoir préparer quelque chose de mangeable de toute façon. L'horloge indiquait pas loin de dix-huit heures et je décidai de me mettre aux fourneaux pour en avoir fini dès qu'il rentrerait. Je crois que j'avais surestimé mes talents culinaires pour me lancer à corps perdu dans un suprême de poulet aux petits légumes dont la préparation nécessitait du temps, de la sueur et des nerfs. De temps à autres, Kiba pointait le bout de son nez pour m'épier, n'ayant rien d'intéressant à foutre j'imagine. L'envie me prenait par moments de lui balancer une poêle dans la tronche histoire de lui faire comprendre qu'il me pompait l'air mais mon self control et le sourire de Sasuke que j'imaginais en voyant mes efforts m'en empêchaient.

Deux heures après, mon dur labeur était terminé. J'avais cramé les légumes à deux reprises avant de réussir à les blanchir correctement et mon poulet n'avait pas cette belle couleur dorée uniforme que j'attendais mais pour en avoir goûté furtivement, le résultat n'était pas mal... Mangeable au moins. Il ne restait plus qu'à dresser une jolie table et attendre patiemment le clou du spectacle.

Une heure... Deux heures... Personne. Le repas était tiède, pour ne pas dire pratiquement froid et je me trouvais à table avec Kiba qui en était à son troisième verre de soda. Je n'osais même pas parler tant l'attente me paraissait insupportable. Toute une journée où j'avais espéré que nos retrouvailles se fassent en une explosion de joie et je me retrouvais face à son colocataire qui buvait assez de saloperie pour s'en taper une crise de foie. Ce n'était vraiment pas l'idée que je m'étais fait de cette journée qui devait être hors du commun. Et sûrement Kiba l'avait-il remarqué car il n'avait pas bougé, attendant patiemment avec moi que Sasuke rentre manger. J'étais à la fois touchée et embêtée de cette attention car cela signifiait que mon tête à tête ne serait pas pour ce soir. En consultant ma montre, je révisai mon jugement. Il était plus de vingt et une heures, trop tard pour un petit dîner romantique.

J'avais entendu l'estomac de Kiba gargouiller pour la troisième fois avant qu'un bruit de serrure ne se fasse entendre. J'avais bondi de ma chaise, le coeur battant à tout rompre, les joues empourprées en un instant. La clé avait fait le tour et le cliquetis métallique me procura un frisson. Kiba s'était redressé sur sa chaise suite à ma réaction, subitement intéressé. Je n'avais pas pris la peine de noter son sourire moqueur que je m'étais précipitée vers la porte dès que celle ci fut ouverte. Sasuke était là, dans son costard bleu impeccable, une mallette en cuir à la main. Son regard était le même, ses cheveux, sa bouche, ses mains, jusqu'aux moindre petit détail, je le retrouvais tel qu'il était il y a un an. Et lorsque je sentis ses bras m'entourer tendrement, je compris qu'il s'agissait bien de lui. Je ne rêvais plus, je vivais à nouveau.

J'avais relevé ma tête de son torse, cherchant à capter ses iris d'un noir de jais. Il avait l'air fatigué, les cernes creusés formant deux arcs de cercles sous ses yeux. Il m'avait souri, comme pour m'inviter à saisir ses lèvres, y retrouver le goût de ses baisers, la douceur de ce contact suave, toute la tendresse qui m'avait terriblement manquée durant une année... Et j'y succombais. Je ressentais enfin ce sentiment intense, celui que je voulais ressentir lors de nos retrouvailles. Je le ressentais lui, même si ce n'était que pour quelques secondes... Même si ce petit instant de bonheur ne durait pas, j'avais enfin la bouffée d'oxygène qui me permettait de respirer après que mon coeur eut passé un an en apnée.

Nous nous étions séparés et Sasuke avait retiré ses bras. J'avais l'impression de sentir ma peau se glacer maintenant que je venais de retrouver la chaleur de son étreinte. Il me regardait, comme il savait le faire... Il n'avait pas changé, pas du tout.

-Désolé pour le retard.

-Je savais que tu dirais ça...

Amusée, je l'avais à nouveau embrassé furtivement avant qu'il n'avance jusqu'au canapé pour y déposer sa mallette. Il s'y affala, visiblement content de pouvoir enfin se poser après une journée difficile et je m'étais rassise à table, attendant patiemment qu'il nous rejoigne. Kiba, quant à lui, venait de lui balancer la bouteille de coca qu'il attrapa au vol.

-Beaucoup d'boulot aujourd'hui mec ?

-M'en parle pas. Cet enflure d'Hatake m'a encore fait trimer comme un dingue.

-Ah ouais, le mec qui s'prend pour un super héros ? Faudrait lui dire que c'est qu'un putain de politicard miteux.

-Ouais, bah en attendant, c'est mon patron et je me le coltine. J'suis crevé.

-Ta copine a préparé à manger.

Avec un sourire appuyé, Kiba se tourna vers moi tandis que je virais au cramoisi. Cet idiot n'avait pas pu mieux prévoir son coup pour me foutre mal à l'aise alors que Sasuke réalisait que la table avait été dressée. L'espace d'un instant, il semblait me regarder, voire m'interroger du regard quant à cette attention mais je refusai de tourner la tête, de peur qu'il ne voit à quel point j'étais troublée. Je maudissais intérieurement l'autre abruti alors qu'il s'amusait de plus en plus de la situation des retrouvailles gênantes. Mais tandis que je faisais mine de regarder vers la cuisine si tout était bien prêt pour éviter de croiser les yeux de Sasuke, ce dernier se leva et s'avança vers moi.

-Merci, c'est très gentil mais... Je suis désolé, je n'ai vraiment pas faim. Je vais aller dormir.

Abasourdie par ce que je venais d'entendre, je ne pus même pas répondre qu'il m'embrassa rapidement avant de prendre la direction du corridor. D'un coup, Kiba s'était levé avant que je ne puisse faire quoi que ce soit.

-Mec c'est pas sympa. Elle a tout préparé, mange au moins un peu.

-Kiba, je te ferais remarquer que ce n'est pas toi qui vient de te taper une journée de boulot. Je suis fatigué, je ne tiens plus debout. Je te prierai de ne pas me reprocher de l'être s'il te plait.

-Vraiment tu...

-Non, euhm... Il a raison, ne le force pas. Bonne nuit Sasuke.

-Bonne nuit Sakura.

J'entendis la porte claquer juste après cela et Kiba s'était rassis, l'air furieux. Je ne savais même plus quoi dire. La réaction de Sasuke m'avait à la fois désappointée et choquée. Je ne m'attendais pas à ce qu'il refuse de manger ne serait-ce qu'un morceau. Il semblait épuisé mais j'avais pensé qu'il me dirait au moins que c'était bon, même après une simple cuillérée. Mon joli film de retrouvailles venait de tomber à l'eau... Ainsi que mon dîner. Il devait être froid alors même que je n'osais plus lever les yeux de peur d'y voir des larmes naître. C'était idiot de vouloir pleurer pour ça, pathétique même mais je me faisais l'effet d'une petite fille déçue, qui avait attendu le père Noël désespérément sans se douter qu'il ne lui amènerait aucun cadeaux.

Je me résignai à débarrasser. Après tout, personne n'en profiterai et je n'allais pas laisser tout bazar sorti. Je m'étais levée, et à peine avais-je pris une assiette que Kiba se redressa sur sa chaise.

-J'espère que tu ne comptes pas foutre ça à la poubelle ?

-Qu'est-ce que ça peut faire ? Personne ne le mangera.

-Ouais, et bien p'tètre que Mister Sasuke n'a pas envie d'un bon repas fait maison mais moi j'ai la dalle.

Est-ce qu'il essayait de me réconforter ? Il ne l'avait pas dit directement mais je devinai que ce n'était pas son genre. J'avais souri tristement, pas remise pour autant et avait été réchauffer le plat au micro-ondes. Il serait totalement immonde mais peu importe, je n'avais plus le coeur à me remettre aux fourneaux. Et puis, Sasuke n'aurait rien raté, si ce n'est qu'une occasion de se foutre de mon talent inexistant pour la cuisine. Je m'empêchais tout de même de céder à quelques larmes en admirant le minuteur. Je savais que de cette façon, Kiba ne verrait que mon dos si il venait à m'épier comme tout à l'heure. Je me cachais. Je ne comprenais pas comment tout cela était possible. Ce n'était pas du tout le scénario que j'avais imaginé. Me cacher pour ne pas montrer ma déception... C'était ridicule. Tellement loin de l'idée que je m'étais fait de ce jour tant attendu. Non... C'était vraiment tout sauf ce que j'avais espéré.

La sonnerie retentit dans la cuisine me signalant qu'il était temps de mettre un terme à mes réflexions. Je soufflai longuement tout en sortant le plat, me donnant du courage en une bonne inspiration et m'engageai dans le salon. Kiba m'attendait, affalé sur sa chaise, comme un gosse. Je me faisais l'effet d'être une mère au foyer et malheureusement, le mari n'était pas de mise. J'avais posé l'assiette devant lui, l'abandonnant à nouveau pour débarrasser le reste. Je n'avais plus faim du tout et je pensais même que je n'aurais pas le loisir de manger, trop occupée à admirer celui qui m'avait tant manqué durant une longue année. Je m'étais tout simplement trompée.

Kiba mangeait, cela se devinait au tintement des couverts contre la porcelaine. Après quelques allers-retours pour ranger tout ce que j'avais sorti à la cuisine, le punk s'était levé pour mettre son assiette dans l'évier, sans rien dire. Après tout, il n'allait pas me foutre dans la tronche que c'était dégueulasse, aussi sarcastique soit-il. Il aurait pu, mais je devinais que ça n'aurait pas été de gaieté de coeur. Je devais sembler bien pitoyable pour qu'il ne m'assène pas une vanne à la figure. Lorsqu'il disparut dans la cuisine, je repoussai sa chaise et m'enfermai dans la salle de bain où le grand miroir me renvoya l'image d'une pauvre fille déprimée, frustrée, qui n'avait pas eu ce qu'elle attendait.

J'avais attrapé mon portable, ce que j'avais prévu de faire dans de meilleures circonstances, notamment après avoir revu Sasuke pour faire partager mon allégresse avec ma meilleure amie. Mais c'était loin d'être le cas. Les bips réguliers me parvenaient et je priais intérieurement pour qu'elle ne décroche pas. J'avais besoin de ses conseils mais la seule chose à laquelle j'aspirais, paradoxalement, était la solitude. Je m'attendais à retrouver Sasuke... Mon Sasuke... Et finalement j'attendais encore. Et, par dessus tout, je me maudissais moi même d'être si égoïste. En avais-je le droit ? Après tout, il bossait comme un dingue, plus que je ne pouvais imaginer, ça c'était certain. Mais d'un autre côté, j'étais enfin là, après tant de temps et il n'avait pas réagi en conséquence. La fatigue avait eu raison de mes rêves et, lorsque qu'Ino décrocha, je réprimai à nouveau une envie de pleurer.

-Allô ? Saku ?

-Oui. C'est moi.

-Alors comment ça va 'puce ? T'es bien arrivée ?

-Oui. Si on veut...

-Hey, t'as une petite voix ! Il se passe quelque chose ? Raconte !

Je ne pouvais pas cacher ma déception, ni quoi que ce soit d'autre. Je n'en avais même pas le courage ni l'envie. Je savais que je pouvais me confier à Ino, qu'elle était la seule à qui je pouvais parler de mes problèmes aussi infimes ou débiles soient-ils. En tant normal, qui irait avouer qu'il est égoïste au point d'être déçu de ne pas avoir reçu l'amour qu'il attendait en l'instant T ? Qui irait dire ouvertement qu'il pensait comme un gamin capricieux ? Je crois bien que personne ne s'y risquerait, pas même moi. Mais Ino, c'était différent. Je savais qu'elle ne me jugerait pas, jamais.

-Sasuke est rentré du boulot il y a à peine un quart d'heure mais... Ce n'était pas ce que j'imaginais.

-Comment ça ? Tu me fais peur là...

-Oh non Ino... Ne t'imagines rien c'est que... Je suis simplement... Déçue.

-Déçue ?

-Oui Ino... Rien n'est comme je l'espérais. J'apprends qu'il a deux colocataires dont un qui est venu me chercher à la gare à sa place, je prépare un dîner, j'attends son retour, il est trop fatigué pour manger, résultat je suis seule dans la salle de bain à me demander ce que je vais bien pouvoir faire... Je pensais qu'il serait au moins en mesure de me parler un peu, de manger une bouchée mais rien. Je sais que c'est idiot, que je m'emporte pour rien mais j'ai l'impression de voir mes espoirs s'effondrer. Ce n'était qu'une soirée mais... Mais...

-Tu l'avais tant attendue...

-Oui...

Ino venait de comprendre. C'était ça. J'avais attendu si longtemps que me contenter de si peu était impossible. Je voulais plus, en bonne capricieuse que j'étais. Et qui n'aurait pas été dans mon cas ?

-Écoute Saku, reste positive. Il est crevé, tu l'as bien compris. Attends au moins demain pour être fixée okay ?

-Mh...

-Ne lui montre surtout pas que tu es déçue, ça risquerait de l'embêter. Prends le problème à contre-pied ! Montre toi la plus compréhensive possible et entends toi bien avec ses colocs' ! Je pense qu'il ne pourra qu'apprécier.

-Moui... Mais... Je ne sais pas si j'en serais capable. J'veux dire... Après tout ce temps... Devoir encore faire des efforts...

-Sakura. Tu l'aimes non ?

La réponse était évidente, mais le ton de mon amie m'accusait justement de ne pas y croire. Je remettais tout en question pour une soirée... C'était vraiment ridicule. Cette simple question eut un effet boeuf et me reboosta en un instant. Fâchée, mais plutôt contre moi même, ma réponse ne se fit pas attendre d'avantage.

-Bien sur que je l'aime Ino ! Je n'ai pas enduré toute une année pour des prunes !

-Alors accroche toi aussi longtemps que ça durera. C'est que le début ! Vous allez vous retrouver petit à petit et il faudra que vous fassiez face à tout un tas de problèmes qui se poseront plus tard. Reste patiente et ça paiera.

-Tu sais Ino, tu fais drôlement intelligente quand tu parles comme ça ! On dirait ma mère.

-J'espère que ce n'est pas un compliment !

-Pas du tout, haha !

Parler avec Ino m'avait fait le plus grand bien. Je me rendais compte à présent à quel point j'étais faible. J'avais trébuché au premier obstacle, m'étais imaginé un conte de fées puis n'en avait pas vu la couleur. Mais la vie n'était pas un conte de fées, Ino me l'avait dit avant que je parte. Elle avait raison, mais j'étais encore trop aveuglée par mon but pour l'écouter. Mais peu importe, il fallait que j'avance, que je prouve à Sasuke à quel point j'étais devenue forte, digne de lui. J'allais lui prouver que je résisterai à toutes les épreuves, que je serai déterminée pour être à ses côtés. Il allait voir ce qu'il allait voir, parole de Sakura !

-Bon, il faut que je te laisse ma belle, Shikamaru rentre ce soir.

La voix d'Ino me sortit de mes songes. Manquant de faire tomber mon portable dans l'évier, je me rattrapai en l'instant.

-Oh ! Vous avez prévu une petite soirée en tête à tête ?

-Oui. En fait, c'est plutôt une soirée discussion qui s'annonce.

-Ino...

-Non Sakura, ne t'occupe pas de ça. Tu as autre chose à penser ! Allez, je file.

-Ino attends tu...

-Bisous ma chérie.

Elle avait raccroché avant même que je ne puisse en savoir d'avantage. Je savais qu'elle avait une idée derrière la tête, mais c'était Ino. Elle n'aimait pas étaler ses problèmes, plus à écouter les miens. Je me faisais l'effet d'être une meilleure amie déplorable, incapable de lui venir en aide. Je m'étais jurée que j'arriverai à tout concilier et j'aurais le fin mot de l'histoire. Que ce soit pour elle ou pour moi, la partie ne faisait que commencer. Et lorsque j'avais rejoint Sasuke sous les draps, qu'il dormait à poings fermés, je repensais aux paroles de mon amie avant que je ne parte.

"Le sentiment d'être une conne qui aime dans le vent, qui continue à aimer parce-que c'est dans l'ordre des choses "

Est-ce que c'était là vraiment ce qu'elle ressentait ? Etais-je moi même dans cette situation ? Il était encore trop tôt pour le dire et lorsque je sentis Sasuke se retourner vers moi, comme pour m'accueillir contre lui, j'en oubliais tous les tracas que je venais de me causer. C'était dans l'ordre des choses que je puisse à nouveau m'abandonner dans ses bras, comme ça, simplement parce-qu'il était là et que je le retrouvais, lui, seulement lui.



Gnaaan Gnaaaan guimaaaauve x) Oui bon, je fais dans le romantico-barbapapa mais ne vous étonnez pas, c'est ce qu'on m'a réclamé, j'obéis au public ! :D En espérant ne pas vous faire vomir des arc-en-ciel !



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