Fiction: C'est Lui... (terminée)

Alors qu'elle se voyait contrainte de laisser partir ce qu'elle pense être l'homme de sa vie un an plus tôt, Sakura décide de tout plaquer à l'aube de ses 19 ans afin de le rejoindre. Cependant, les choses ne sont jamais aussi faciles et alors même qu'elle laisse sur le carreau sa meilleure amie en instance de rupture, elle découvre que son Sasuke n'habite pas seul, loin s'en faut. Entre rêves, illusions, espoirs et déchéance, Sakura va devoir s'accrocher à un amour à bout de souffle
Classé: -12I | Drame / Romance | Mots: 42930 | Comments: 20 | Favs: 17
Version imprimable
Aller au
Beverlyy (Féminin), le 23/06/2013
Suite à la publication de cette fanfic sur Fanfic-fr.net, je me décide à la mettre sur WoN histoire de mettre un peu à jour mon recueil :). Un SasuSaku qui m'a été largement demandé suite à Une Putain de Vie Sentimentale et que j'écris avec plaisir, lentement mais sûrement !

Bonne lecture !




Chapitre 10: Destinée.



Il n'y avait plus de gâteau sur la table, ni même d'écrin dans ma poche et encore moins de tenues de soirées. Les paillettes s'étaient envolées mais les protagonistes n'avaient pas changés.

Sasuke se tenait devant nous, dans l'un de ses nombreux costards, tenue de boulot que je l'avais vu porter bien trop de fois ces derniers jours. La tête haute, le regard droit, je n'avais quasiment pas remarqué le magazine qu'il tenait en main, ni même les mains de Temari autour de son bras. Non, je n'avais vu que ses yeux. Il me fixait, moi, seulement moi.

L'atmosphère était devenue lourde, comme chargée d'électricité. Personne n'avait bougé, à l'exception d'Ino qui s'était levée de sa chaise, bouchée bée, comme si la foudre venait de lui tomber dessus. Je n'avais pas lâché les yeux de Sasuke qui les détourna seulement lorsque sa blonde lui tira un coup sec sur la manche. J'eus l'impression d'un retour brutal à la réalité, d'un sceau d'eau glacé en pleine tronche.

-Sasuke ! Tu ne peux pas me faire ça ! Tu as bien vu ce qu'elle t'a fait !
-Temari, je te l'ai déjà dit, je n'ai aucun compte à te rendre. Va-t’en, je dois lui parler
-SASUKE ARRÊTE ! JE T'AIME PUTAIN ! TU NE PEUX PAS ME QUITTER ! TU N'AS PAS LE DROIT DE ME LAISSER COMME CA !
-Lâche ma manche Tem...
-Qu'est-ce...

Nous nous étions tous tournés vers Ino, la seule qui avait réagi à l'arrivée du duo. Kiba semblait tout aussi stupéfait que moi et Pein, bien qu'en apparence calme, avait les phalanges contractées au maximum, blanchies au possible. Seule Temari semblait ne pas accorder d'importance à l'intervenante et se contentait d'arracher une réaction à Sasuke. Dans son acharnement, elle ne vit même pas mon amie se lever d'un bond et lui asséner une claque magistrale.

Le bruit retentit pour se fondre dans un silence oppressant.

Le calme avant la tempête. Calme qu'Ino ne laissa pas s'installer très longtemps.

-ESPÈCE DE CONNASSE ! JE N'ARRIVE PAS À CROIRE QUE JE TE RETROUVE ICI ! A DES BORNES DE PARIS ! ESPÈCE DE...

Elle avait levé la main pour remettre le couvert mais Pein fut plus rapide. Son poignet immobilisé, Ino essaya de se débattre, en vain.

-PEIN ! LÂCHE-MOI TOUT DE SUITE ! JE VAIS LA TUER ! JE TE JURE QUE JE VAIS LA TUER.
-Calme-toi Ino, arrête !
-NON ! CETTE PUTE ! C'EST À CAUSE D'ELLE SI J'AI LE COEUR EN CHARPIE !

C'était à mon tour de me lever. Sasuke avait anticipé ma venue et m'asséna un regard lourd de sens. Je m'en foutais pas mal. Le choix des priorités est une chose que je n'avais jamais vraiment réalisée. Pour moi, Sasuke était toujours en haut de la liste, la star du haut de l'affiche, éclipsant tous les seconds rôles. Pourtant, Ino avait toujours été là sans rien attendre de moi, pauvre petite Sakura obnubilée par son prince charmant parti dans je ne sais quel bled. Je n'avais même pas pu suivre le feuilleton dramatique, la déchéance de ma meilleure amie. J'étais fautive, je le savais.

Ino souffrait, refusait de se confier. Il fallait que ses emmerdes la rattrapent pour qu'enfin elle puisse s'extérioriser.

-Sasuke ! Protège-moi ! Cette fille est complètement cinglée !
-TU VAS VOIR SI JE SUIS CINGLÉE PETITE CONNE ! TU N'AS PAS HONTE DE JOUER AVEC LE COEUR DES GENS !? ESPECE DE... PEIN ! LÂCHE-MOI !
-Je ne vois pas de quoi tu parles ! Dis-lui Sasuke !
-Oh ? Ino. Je suis ravi de te revoir moi aussi.

Il avait repris son sourire détestable. Sur le coup, c'est moi qui eus envie de lui foutre une gifle. Pourtant, Kiba s'était posté à mes côtés, comme pour me défendre d'agir sans réfléchir. Il jouait les garde-fous. Heureusement.

-TOI ! NE M'ADRESSE MÊME PAS LA PAROLE ! ALORS C'EST CA TA NOUVELLE CONQUÊTE GROS CON ? UNE POUFFIASSE ADEPTE DES RELATIONS MULTIPLES ? PAUVRE DE TOI !
-C'est très intéressant. Continue je te prie.
-NE ME PROVOQUE PAS OU JE VAIS TE... PEIN ! DÉGAGE !

Pein avait resserré son étreinte au risque de prendre un coup de poing de la blonde en furie. Pourtant, toute trace de sérénité avait disparu, laissant place à un regard noir que personne n'aimerait affronter. Sasuke, lui, n’avait rien perdu de sa superbe, comme d'habitude.

- Ino, calme-toi. Comment connais-tu cette fille ?
-Sasuke ! Allons-nous-en !
-Tu restes ici ma jolie, ou je risque de me fâcher.

La blonde semblait tiraillée entre l'envie de se barrer à toute vitesse et la peur de quitter Sasuke. Elle semblait misérable à se ronger les sangs et je me sentis presque coupable de l'avoir agressée l'autre soir. Sans robe ni maquillage, elle ne faisait pas impression du tout. Miss tout le monde, le genre de nanas qu'on perd facilement dans la foule.

- Pein, lâche-moi s'il te plaît.
-Si je te lâche, tu risques de lui arracher les yeux. Trop risqué. Par contre, j'aimerais bien que tu répondes à ma question.
-Pff... Cette fille est une salope. Voilà pourquoi je la connais. Elle est censée être la nouvelle copine de mon ex. Ce crétin est tombé amoureux d'elle et lui a déjà offert une bagnole. Et toi Sasuke ? Qu'est-ce que tu lui as offert pour la sauter ?

Une bile atroce venait de remonter le long de ma gorge. Si je ne m'étais pas retenue, j'aurais certainement laissé se répandre les restes de café prédigérés sur le sol. C'était donc ça. A quelques jours d'intervalle, Ino et moi avions vécu quasiment la même chose. J'imaginais Shikamaru, ce mec si droit, si carré, avec cette mante religieuse à son bras. Ino en larmes, qui ne croyait même plus à l'amour. Moi qui y avait cru jusqu'au bout et qui en avait payé le prix. Cette situation me semblait irréelle, ridicule. Je me serais crue en train de lire un mauvais roman à l'eau de rose.

Le genre de roman surréaliste, trop surréaliste pour se réaliser.

Quelle ironie.

_

Ino n'avait pas voulu pleurer, pourtant, ses yeux étaient brillants de larmes. Le goût amer de la rage me resta en bouche et pourtant, j'eus l'impression, pendant un quart de seconde, que tout le monde se mettrait à hurler "SURPRISE !". Comment en étions nous arrivés là ? Comment avions-nous pu briser tant de choses en une année ? Ino, Shikamaru, Sasuke et moi. Notre histoire avait l'air d'une évidence, pour moi comme pour eux. Brisée pour une personne et une histoire de circonstances.

Pourtant, alors même que je sentais le sol se dérober sous mes pieds, un rire vint à nouveau troubler le silence.

Un rire profond, sincère, débordant de naturel.

Presque inquiétant.

Sasuke avait ri aux éclats, se tenant même le front pour contenir son hilarité. Ino essaya d'échapper à la vigilance de Pein pour lui passer l'envie de s'esclaffer, pourtant ce dernier ne lâcha pas prise. Seuls Temari, Kiba et moi étions figés, incapables de réagir à la démonstration de folie à laquelle on assistait. Je ne savais pas s'il fallait en rire ou en pleurer. Tout ce que je sais, c'est que j'aurais tout donné pour être dans un rêve et pouvoir enfin me réveiller.

-Alors c'est ce que tu voulais ? Moi qui pensais te faire du mal en te laissant sur le carreau. Tu ne voulais que du fric hein ?

Il avait prêté attention à Temari pour la première fois depuis son arrivée. Cette dernière avait jeté un coup d'œil autour d'elle, comme pour s'assurer que la situation ne lui laissait plus d'autre choix possible. Son attitude changea du tout au tout. De la fille meurtrie qui venait de se faire larguer, elle était passée à la pétasse cupide qui n'attend que son dû. Son regard croisa le mien, l'envie de vomir me reprit.

-Tu crois vraiment que j'allais jouer à ça longtemps ? Tout ça pour cette gourdasse aux cheveux roses ? J'allais pas lâcher un filon de rêve comme toi Sasuke, même si j'en ai pas mal qui attendent. J'veux une prime d'adieu. Fais pas le radin, t'as les moyens.

La scène se déroulait devant moi et pourtant j'en étais totalement absente. Je regardais Sasuke sortir une liasse et la balancer à la blonde. Cette dernière se jeta dessus comme la misère sur le monde et s'en alla sans demander son reste. Dès lors, le monde s'était mis à tourner au ralenti. Ino criait, essayait de repousser Pein pour se mettre à la poursuite de la fugitive tandis que Kiba me secouait en me sommant de réagir. J'en étais parfaitement incapable.

Je ne pus bouger lorsque Sasuke s'avança, sous les protestations haineuses de ma meilleure amie. Sa démarche toujours droite, assurée, sa façon d'avaler les distances en un battement de cil. A peine avais-je réalisé qu'il avait bougé que je le trouvais en face de moi, me contemplant du haut de son mètre quatre-vingt.

-NE T'APPROCHE PAS D'ELLE ESPÈCE D'ENFLURE ! RETOURNE AVEC TA PU...
-Ino, il faut que tu te calmes. On va écouter un bon hard rock, ça va te défouler.
-JE VAIS BIEN PEIN ! J'IRAI ENCORE MIEUX APRÈS LUI AVOIR RÉGLÉ SON COMPTE !
-Allez, allez.

Le punk avait emmené la blonde hystérique jusqu'à sa chambre, prenant bien soin de verrouiller la porte pour éviter qu'elle ne s'échappe. Je ne me faisais pas de soucis pour mon amie, j'avais confiance en Pein. Ou peut-être avais-je d'autres affaires plus urgentes sur le feu. Je me retrouvais prise entre deux étaux. D'un côté Sasuke, de l'autre Kiba. L'homme de ma vie, l'homme de ma nuit.

Mon cœur se ratatina.

-Je vois que tu es toujours en bonne compagnie.
-Qu'est-ce que tu veux Sasuke ? Je t'interdis d'adresser la parole à Sakura espèce d'ordure !
-Tout doux Kiba, ce n'est pas à toi que je parle.
-Et ce ne sera pas à Sakura non plus !
-Soit. Alors tu ne me laisses pas le choix.

Tout à coup, je sentis mon corps emporté par une force inconnue. Sasuke m'avait pris la main et filait à toute allure, m'obligeant à suivre le rythme. Kiba s'était mis à notre poursuite et je l'entendais crier mon nom au loin. Je fis un effort colossal pour crier à mon tour, essayant à la fois de ne pas perdre Kiba de vue et de suivre Sasuke du mieux que je le pouvais.

-SAKURA !!
-KIBA ! JE REVIENS ! NE T’INQUIÈTE PAS !

Ce dernier s'était stoppé dans sa course alors que nous avions déjà dévalé la rue qui menait jusqu'à l'avenue commerçante. A cette heure-ci, il y avait peu de gens de sortie et la plupart des boutiques étaient fermées. Il régnait un calme inhabituel et seuls nos halètements d'efforts brisaient le silence alentour. Sasuke s'était arrêté non loin de la bijouterie et je fis de même en m'adossant contre la façade close du marchand de journaux.

Ma poitrine me donnait l'impression de s'embraser à chaque goulée d'oxygène que je tentais de récupérer. C'était comme essayer de remplir d'eau un verre fêlé. J'avais à la place du cœur un trou béant et je n'arrivais même plus à réfléchir correctement. Sasuke était là, devant moi, essoufflé, la cravate de travers et les cheveux en bataille. J'étais seule face à lui, affrontant son regard sans aucune arme à ma portée, chose qui n'était pas arrivée depuis un an.

Après un an, une putain d'année, le moment que j'avais attendu était arrivé. De la pire façon qui soit.

-J'ai appris pas mal de trucs... En quelques jours... Sakura.

Il reprenait son souffle tant bien que mal alors même que le mien était coupé. Il me balança le magazine qu'il tenait toujours en main, me donnant à voir la couverture. Pas besoin d'être physionomiste pour reconnaître le couple en lingerie assortie, étroitement enlacé. Kiba et moi posions de la façon la plus naturelle qui soit. Son regard d'amoureux, mon sourire épanoui. Cette photo était dégoulinante de crédibilité.

Je m'attendais à être gênée, à balbutier comme une femme prise sur le fait. Pourtant, ce cliché m'avait fait sourire. Cette semaine était finalement les seuls instants heureux que j'avais vécu depuis mon arrivée et je devais ça à Kiba. Si le but premier de la manœuvre était de me racheter auprès de Sasuke, j'en avais presque oublié mon objectif une fois devant le photographe. Je n'avais pas tremblé une seule seconde, ni même pensé à la tête que ferait Sasuke en découvrant notre duo figé sur papier glacé. Parce qu'il avait été avec moi. Sans faillir, sans se désister une seule fois, Kiba était resté avec moi.

C'était à mon tour de rire, bêtement. Sasuke ne m'avait pas quittée des yeux et j'en riais de plus belle. Mes nerfs lâchaient, mais cela me faisait rire. J'avais l'air d'une tarée, mais qu'il était bon de relâcher la pression après des jours de larmes et d'inquiétude.

-Pourquoi ris-tu ?
-Tu ne comprends pas Sasuke ? Je ris de nous.

Il n'avait rien perdu de son flegme tandis que mes éclats de rire me firent monter les larmes aux yeux.

-Cette photo est la preuve de ce que j'ai été capable de faire pour toi ! C'est tellement... insensé !
-Pour moi ?
-Tu crois vraiment que j'ai les moyens d'acheter une bague à environ une brique ?
-Tu veux parler... De cette bague ?

Sasuke avait avancé son auriculaire où brillait l'or ouvragé. Le S était superbe, mais me semblait bien plus fade désormais. J'avais souri sans grande conviction devant mon œuvre, devant ce que j'avais pu accomplir pour si peu. C'était une bague sans grande valeur sentimentale désormais. Simplement de la valeur pécuniaire, qui ne voulait rien dire à mes yeux.

-Cette bague oui. J'avais pensé te prouver à quel point je t'aimais avec cette stupide bague qui m'a coûté une semaine de photos avec Kiba. C'est stupide hein ?
-J'ai pensé te rendre la monnaie de ta pièce avec cette fille que j'ai payée au comptant et soudoyée avec des arguments pour le moins physiques. C'est stupide.

En admettant ses torts, je voyais à nouveau le Sasuke que j'avais quitté un an auparavant. Pourtant, cela me faisait ni chaud ni froid. La situation était si ridicule, si risible. Nous avions dépassé les bornes pour une simple histoire de suspicion, un manque de confiance dès le début. Son travail l'avait accaparé, mon amour m'avait ensorcelée et de fil en aiguille, nous nous étions perdus. Je croyais que c'était lui, l'homme de ma vie. J'ai cru à ces histoires de sentiments éternels, aux chimères de l'amour que rien ne peut effacer. Pourtant, un an, quelques jours, quelques quiproquos avaient suffi.

-Sakura...

Sasuke s'était avancé vers moi, me bloquant dos au mur. Je n'avais pas baissé les yeux cette fois ci, je lui tenais tête. Il ne me semblait plus impressionnant sans mon regard d'amoureuse transie. Il avait l'air d'un simple bloc de glace, carré, froid, sans saveur. Un homme autoritaire, classe, mais sans charme.

-Je suis désolé d'avoir douté de toi. Si tu me dis qu'il ne s'est rien passé avec Kiba, alors je veux te croire.
-Sasuke, je...
-Je t'aime.

Il l'avait dit d'un ton dur, sec, mais comme à son habitude. Je savais qu'il était sincère seulement, c'est moi qui ne l'étais plus. Et, lorsqu'il se pencha pour capturer mes lèvres, je le repoussai de mes deux mains en hurlant. Il me cala à nouveau, l'air furieux.

-Sakura !
-Je... C'est fini Sasuke.
-Que... Mais... Je t'aime Sakura ! JE T'AIME !
-NON !

J'avais tourné la tête, mes mains toujours sur son torse comme ultime distance de sécurité.

-Ce que tu viens de dire, c'est ce que j'aurais voulu à tout prix entendre il y a quelques jours. Mais j'ai réalisé... J'ai compris que quoi que je fasse, tu as changé. On a changé et tu n'es pas celui que je voulais retrouver. Non, ce n'est pas toi que je veux.
-... C'est lui... N'est-ce pas ?
-Oui.

Il baissa les yeux et s'éloigna. Je sentis mon cœur ralentir ses battements effrénés. Une liasse de billets me passa sous le nez et je levai la tête vers son propriétaire. Il était resté de marbre en me tendant l'argent comme il l'avait fait plus tôt avec Temari.

-Ça ne se fait pas de rendre un cadeau. Considère ça comme mon dû.
-Sasuke, tu n'as rien compris...
-Prends.
-... Tu es pathétique.

Je l'avais planté là, dans la parfaite caricature du mec qui crache cent billets pour un "je t'aime". Il ne s'était pas rendu compte à quel point il avait pu changer, mais moi je l'avais vu. Kiba avait raison, depuis le début. Sasuke avait toujours tout eu, j'étais la seule chose qui lui manquait à présent que tout était terminé. J'avais voulu compenser avec un objet de valeur, mais à côté d'un sentiment, une bague faisait toujours pacotille.

J'avais à nouveau dévalé la rue, comme le soir où j'étais rentrée pour découvrir Sasuke à moitié saoul. Cette fois ci, Kiba n'était pas à mes côtés à essayer de me rattraper, mais c'était moi qui allais le rejoindre. J'allais lui dire, je voulais qu'il sache enfin que cette nuit-là n'était pas un simple coup du sort. Je l'avais voulu, depuis ma sensation d'être abandonnée, d'avoir vécu l'enfer avec le meilleur compagnon au monde. J'avais trimé pour le diable avec un ange à mes côtés.

Je voulais qu'il sache à quel point je pouvais l'aimer.

_

J'avais monté les marches quatre à quatre, sans me soucier de mes jambes qui semblaient sur le point de flancher. La porte de l'appart' était ouverte et j'avais déboulé sans frapper. Le corridor me semblait toujours aussi long et je priais pour trouver Kiba dans le salon, dans sa chambre ou dans n'importe quelle autre pièce de cette foutue baraque. Pourtant, rien. Le silence total, le vide complet, aussi bien dans le salon que dans mon cœur.

J'avais jeté un coup d'œil dans la cuisine, essayé sa chambre. Personne, porte verrouillée, pas de Kiba.

Pourtant, lorsqu'une porte s'ouvrit, j'eus l'espoir fou de le voir apparaître derrière moi, qu'il me prenne dans ses bras et me dise à quel point il était heureux d'avoir attendu, de m'avoir attendu. Espoir vain. Lorsque je me retournai, Pein me fit face, son sourire aimable aux lèvres.

-Hey, Sakura, tu as oublié quelque chose ?
-Pein... Pein ! Dis-moi où est Kiba ! Où est-il !?
-Ouhla, du calme ma jolie. J'ai accompagné Ino chez le garagiste, elle t'y attend avec tous tes bagages. Elle part dans une demi-heure donc tu ferais mieux de te dépêcher. Même si c'est très gentil d'être venu me dire au revoir.
-Je... Mais...

Il évitait délibérément la question. La réponse était évidente. Kiba était parti, il avait dû penser que j'avais fait mon choix. Pourtant, il ne pouvait pas m'avoir fait ça. Pas lui. Pas Kiba, pas celui en qui je plaçais à nouveau tous mes espoirs.

Mes yeux se noyèrent de larmes. Les images de Kiba défilaient tandis que mon cœur s'émiettait. Je ne voulais pas y croire, je ne pouvais pas envisager cette fin, ce n'était pas possible, pas pour nous, pas pour Kiba et moi. J'avais à nouveau affronté le regard de Pein, mes joues creusées de sillons humides. Son sourire persistait et pourtant, il se forçait, comme s'il ne voulait pas craquer devant moi.

-Kiba... est encore là n'est-ce pas ?
-Qui sait ? Tu sais Sakura, j'aime beaucoup la théorie des âmes-sœurs. Lorsque vous trouvez votre âme-sœur, elle vous suit où que vous soyez. Vous ne pouvez pas vivre sans elle et vous savez toujours la retrouver. Elle sait lire en vous et se met à penser exactement comme vous. Il n'y a plus aucun secret, plus aucun mystère et pourtant, vous vous redécouvrez chaque jour, à chaque instant. Merveilleux non ?
-J'ai déjà donné pour les âmes-sœurs.
-A sens unique. Maintenant réfléchis Sakura. Si tu trouvais ton âme-sœur et qu'elle disparaissait, tu irais là où tout a commencé non ?
-Là où tout a commencé...
-Et là où tout va se jouer.

Bien sûr. Kiba savait, il n'était pas parti. Pas encore. Il était simplement retourné au point de départ, là où toute notre histoire avait débutée. Et maintenant, il était temps que tout s'achève.

Avec une dernière étreinte pour Pein, un dernier coup d'œil au salon, j'avais repris ma course folle à travers la grande rue principale.

J'avais couru vers ma destinée.

_

Un sifflet avait annoncé le départ du train. Je l'avais manqué et Kiba avec.

Sur le quai vide, j'observais les derniers passagers qui traînaient leurs lourdes valises. Moi, je traînais mon cœur. Trop lourd, bien trop lourd. Un poids au creux de mon être que j'aurais voulu arracher et piétiner. J'avais tout perdu. J'étais arrivé trop tard, quelques minutes trop tard.

Dans cette gare, tout avait commencé. Si on m'avait dit un jour que j'aurais troqué l'homme de ma vie contre l'homme de quelques jours, j'aurais certainement cru au pire canular du monde. Pourtant, cet homme-là était différent. Maintenant j'en étais sûre, cet homme-là était celui que j'avais désiré retrouver.

Je n'avais pas réalisé que Sasuke n'était plus celui qu'il avait été autrefois. J'avais espéré retrouver le premier amour de ma vie, je m'y étais accrochée aussi fort que possible mais j'étais dans le faux. C'était Kiba depuis le début qui m'avait rappelé mes souvenirs perdus. Ses sarcasmes et sa provocation, son soutien et sa présence, ses caresses et ses baisers... Tout en lui avait été une accoutumance. Je n'avais continué à espérer que pour lui. Au fond, j'étais restée pour lui, même lorsque je pensais avoir perdu l'homme de ma vie. Il ne m'avait pas quittée, il était là depuis le début, tout au long de cette horrible aventure.

Et maintenant, il s'en était allé.

Je m'en voulais de ne pas avoir su le lui dire correctement, de n'avoir pas su lui répondre la veille, d'avoir laissé parler mon corps sans y mettre les formes. J'avais été incapable de faire quoi que ce soit. J'étais une incapable finie, voilà la réalité. Et, dans l'immense gare déserte, j'étais à nouveau en larmes.

Seule.

Je voulais m'effondrer. Sans aucune pitié pour mes vêtements ni même pour ma fierté, je voulais m'allonger dans la poussière et m'y laisser croupir. J'aurais peut-être cessé de pleurer une fois à terre. Mes jambes venaient de se rompre et je me sentais défaillir. La chute était imminente mais je n'avais rien fait pour l'en empêcher. Je voulais tomber... Tomber...

-Juste à temps.

Un bras puissant m'avait retenue par la taille. Une voix familière. Un parfum. Ce contact. Il ne m'avait pas quitté durant une semaine, depuis mon arrivée... Et il ne m'avait finalement pas quittée ce jour-là.

-Kiba...

Je me retrouvai dans les bras de Kiba, pleurant à chaudes larmes. Je n'arrivais pas à croire qu'il était là, que ma peau effleurait la sienne, que sa chaleur m'enveloppait d'une étreinte rassurante. Il n'était pas parti, il n'avait pas pris ce train. Il m'avait attendue... Jusqu'au bout.

-J'ai cru... J'ai cru...
-Comment aurais-je pu prendre un aller sans toi Sakura ?
-Je n'ai pas... Sasuke... Je n'ai pas été...
-Je le sais.

Il avait passé sa main sur ma joue, effaçant toute trace de mes pleurs. Il avait le même regard, le même que lors de notre séance photo. Ce regard amoureux, plein de tendresse, celui qui avait le don de transporter mon esprit dans un monde de merveilles. Mes lèvres s'étirèrent en un sourire, celui-là même qui faisait la couverture des magazines.

-C'est toi... Kiba.
-Moi ?
-C'est toi que j'aime.

Sa main avait porté mon visage jusqu'au sien. Ce baiser avait tout du premier qu'il m'avait donné dans la rue pavillonnaire. Pourtant, je pouvais lui rendre librement, avec une passion dont j'étais auparavant incapable. Dans mon cœur, plus aucun doute ne subsistait.

Je savais que mon choix était le bon.

Je le savais.

C'est lui... que j'attendais.




Voilà pour la fin de "C'est Lui..." ! Cette fiction a été assez courte mais c'était prévu ainsi ! Du coup, mon nouveau projet sortira très bientôt et sera, pour le coup, assez long ! =D

J'espère que cette fiction vous aura plu ! Merci à tous pour vos lectures/commentaires/encourag ! N'hésitez pas à me conseiller vos fictions, je les lis avec plaisir et les commente volontiers :)

Ciao~




Chapitres: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 [ 10 ] Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: