Fiction: Secret

Je m'appelle Naruto. Et j'ai décidé que je deviendrais Hokage. Pour voir jaillir l'admiration de la haine et du mépris ambiant. Seulement les héros sont toujours des garçons. Et je ne suis qu'une toute petite fille qui sert de prison à un démon. Alors j'ai créé Uzumaki Naruto, le pitre qui ferait des miracles à partir de ses piètres capacités. Sauf que ce secret est lourd à porter.
Classé: -12D | Action/Aventure / Humour / Romance | Mots: 181918 | Comments: 13 | Favs: 17
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Narsha (Féminin), le 30/04/2013
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Chapitre 9: First weekend



Le lendemain matin, Iruka-Sensei me réveilla doucement du canapé où je me trouvais. Il avait dressé une table de petit déjeuner assez copieuse. Sous mon nez, il agitait une tasse de thé aux herbes. Je m'étirais doucement avant de m'asseoir en baillant. Je pouvais rester ici indéfiniment. Je m'y sentais bien. Je rejoignis mon père adoptif à table, et me servis un bol de riz.

_ Bien dormi ? Pas trop de cauchemars ?

_ Non, non… Tout était bien…

_ Tu veux qu'on parle tous les deux… ? Je veux dire, on s'y attèle maintenant, ou…

_ Autant le faire tout de suite, Sensei. Quitte à plomber le petit dej', autant ne pas le faire à retardement.

_ Alors… Tu es une fille.

_ Ouais.

_ Comment j'ai fait pour ne pas le deviner ?

_ Vous m'avez toujours considéré comme un garçon. Et je faisais tout pour que vous y croyiez. C'était important pour moi. Est-ce que notre relation va changer parce que je ne suis plus celle que vous connaissiez ?

_ Je ne sais pas…Tu sais, les relations entre un homme et une femme, même sur le plan de l'amitié, sont très différentes de celles entre deux hommes. Je veux dire, beaucoup de gens pensent que l'amitié entre un homme et une femme… Enfin, dans le village, ces relations sont biaisées un peu…

_ Vous essayez de me parler de cette histoire de « parrains » ?

_ A la base, oui. C'est cela. Mais où as-tu entendu parler de cela.

_ Ebisu-Sensei me l'a dit. Comme j'attirais déjà les garçons et que j'avais atteint la puberté et tout… Il a dit que je le rencontrerai bientôt.

_ Mais… Mais c'est beaucoup trop tôt ! Je veux dire, tu n'es pas prête…

_ Techniquement, mon corps l'est. Mais il est vrai que je ne pourrai pas faire encore ce genre de missions. Quelque part je trouve ça répugnant. Comme si on nous vendait.

_ Tu sais, les hommes font ce genre de choses aussi.

_ Oui mais c'est différent. Enfin, je ressentirais cela comme différent. Il parait que l'acte sexuel en lui-même ne représente pas la même chose pour les deux sexes.

_ Qu'est-ce que tu as fait pour rendre Ebisu-Sensei aussi protecteur ? Je veux dire, recourir aux parrains aussi vite, il doit craindre que tu ne te laisse emporter par les émotions. Ça arrive à tout le monde, de mettre en péril une mission pour des raisons sentimentales. Qu'as-tu fait pour qu'il doute de tes capacités à garder ton contrôle ?

_ Sasuke m'a embrassé.

_ Ah oui, j'ai entendu parler de cela. Mais à l'époque tu étais encore un garçon. Enfin, je veux dire, tout le monde croyait que tu en étais un. Et puis c'était un accident.

_ Non, je parle de hier soir. Il m'a embrassé.

_ Tu n'es pas gênée… d'en parler avec moi ? Je veux dire, on n'est pas si proches tous les deux. Et puis deux hommes ne parleraient pas…

_ Je n'ai rien senti. Je veux dire pas d'excitation corporelle. Pas de cœur qui bat plus vite. Rien. Cela m'a juste complètement dégoûté. C'est carrément immonde de mettre sa langue dans la bouche de quelqu'un d'autre ! Et je ne vois pas en quoi c'est agréable. C'est tout poisseux et tout…

_ Vous… Vous êtes allés aussi loin. Pas de doutes…Ebisu a toujours eu une vision un peu trop poussée des autres.

_ Ah ben, ce gars a squatté chez moi, et tout regardé jusqu'à ce que je flanque un bon coup de genou pour faire chanter le brun soprano. Et là, il m'annonce tout ce stuff de parrains. Et il se barre. Comme ça.

_ Mais tu sais, le côté relation sexuelle, c'est un peu réducteur pour le parrain. C'est avant tout un moyen de vous faire découvrir « entre amis » ce qu'est le corps de l'autre.

_ Y'a moins de garçons que de filles dans chaque promotion. Comment ils font les autres ?

_ Ils… Se débrouillent par leurs propres moyens. Peu importe. Le plus important pour toi, c'est de comprendre qu'être parrainé, ce n'est pas une histoire de relation purement sexuelle. On peut considérer cela comme un apprentissage en autodidacte. C'est déjà plus positif que si on te demandait là tout de suite de coucher avec un homme, non ?

_ M'enfin bon…Avec un ami…

_ Vous n'êtes pas obligés de le faire tout de suite. L'essentiel c'est de se sentir prête. Et puis, on ne te confiera jamais de missions de ce type dès le début de tes missions en solo. Pour quoi cette formation avec Ebisu ?

_ Faire partie de l'ANBU.

_ Une idée irresponsable de Kakashi, je suppose. Mettre des enfants en danger de cette manière…

_ Hé, on avait dit que vous me faisiez confiance.

_ Tu as passé eux jours dans un hôpital !

_ Pour des blessures qui se sont résorbées rapidement de toute manière ! Mais on vient de changer de sujet.

_ Comment dire… Savoir qui est ton parrain et être mise en contact, ne veut pas forcément dire LE faire tout de suite. Cela implique juste de le savoir. On ne vous impose pas un cahier des charges.

_ Ben vous nous imposez quand même de coucher ensemble ! Vous le faites comment votre choix de partenaires, vous mettez les noms dans un chapeau et vous tirez au sort ?

_ Non. Comme il y a une fille dans chaque équipe, un garçon de cette même team est tenu de… l'initier.

_ Bon, ben comme moi je ne suis une fille que depuis un mois à peine, et que c'est la première fois que j'entends parler de cette histoire de parrains, je suis rassurée. Je sais parfaitement que dans notre équipe, Sasuke ira avec Sakura. Ça expliquerait les regards dégoûtés qu'il lui jette parfois. Et puis ça m'arrange bien dans le fond.

_ Tu parles vraiment beaucoup quand tu es embarrassée, Naruto. C'est assez drôle.

La conversation dériva une nouvelle fois. Et nous avons parlé vraiment beaucoup avec Iruka-Sensei. Après le petit déjeuner, je l'aidais à laver la vaisselle puis je pris congé. Dans ma tête, se bousculaient de nombreuses questions. Qui pouvait bien être mon parrain ? Il était forcément de mon âge, mais dans une autre équipe. Au moins, je savais qu'il n'était ni Neji, ni Lee, car mes Sempais, et pas non plus Sasuke car avec Sakura. Quant à Gaara, nous ne faisions même pas partie du même village, alors pas d'inquiétude. Se pouvait-il que mon parrain se trouve dans la chambre 308 ? C'était fortement probable, mais sans preuve, je ne pouvais rien faire. Ça allait vraiment me prendre la tête.

Quand j'arrivais à mon appartement, j'éprouvais la plus grande satisfaction en constatant qu'aucun mâle ne m'attendait devant ma porte. Je glissais la clef dans la serrure, et entrai. Un petit bruit discret d'un objet qui glisse avant de heurter le sol me fit sursauter. Dans la charnière, quelqu'un avait glissé un petit panier qui était tombé lors de l'ouverture. Je constatais que c'étaitun excellent moyen pour moi de savoir si quelqu'un avait pénétré dans mon lieu de vie. Enfin, si quelqu'un de peu attentif pénétrait. Là, quelqu'un s'était contenté de me glisser un message, de façon à ce que je sois certaine de le trouver lorsque je rentrerai. Une écriture masculine que je ne reconnaissais pas avait écrit ces quelques lignes :

Naruto

Je ne crois pas que le temps de nous rencontrer de cette manière soit venu.

Que ce soit pour toi ou pour moi, c'est trop tôt.

Mais sache que je veille sur toi, même si je suis invisible à tes yeux.

Garde le moral !

Et dans tes moments les plus noirs, tu peux penser à moi.

Je serai là tôt ou tard.

Ton parrain.

P.S. : N'essaye pas de me trouver.

Quelque part, ce message me faisait chaud au cœur. En un sens, savoir que quelqu'un veille sur soi est gratifiant. Je souris et glissai le papier dans la boite que je cachais sous mon oreiller. Comme ça je pourrai entendre ces mots me chuchoter leurs paroles réconfortantes tous les soirs.

N'ayant rien de particulier à faire ce jour-ci, je sortis dehors pour une petite promenade en forêt. C'était tranquille. Personne pour m'ordonner quoi faire. Pas de tortionnaire tout de noir vêtu s'escrimant à tordre mon corps meurtri dans tous les sens, et surtout ceux impossibles au corps humain. L'odeur d'humus sous mes chaussures qui brasaient le tas de feuilles mortes au sol était enivrante. Des éclats bruns, doré, marrons, rouges chutaient des arbres en tourbillonnant. L'automne, la saison où le vent et l'eau sont maîtres. J'aimais cette saison. Ni trop chaude, ni trop froide. Juste bien pour moi. Une rafale fit s'envoler une brassée de feuilles mortes vers mon visage. Je ris, et décrochais celles qui s'engouffrèrent dans mes mèches folles.

Un bruit de sabots foulant le sol meuble à grande vitesse retentit près de moi. Un cavalier ! A cette saison ? Et dans un pays où la plupart des gens se déplaçaient par la voie des airs en sautant de branches en branches ? Etrange. Mais bon, ceux qui n'avaient pas bénéficié d'un entrainement au chakra devaient bien se débrouiller avec d'autres moyens de locomotion. L'étalon sellé surgit dans une trouée de la clairière devant moi. Il fonçait sur le chemin que j'empruntais. Quel inconscient faisait ainsi galoper sa monture dans une forêt aux racines traitresses ? Je n'eus pas le temps de voir de qui il s'agissait. Avec force, l'animal et celui qui le montait se précipitaient sur moi. Sans m'en rendre parfaitement compte, mes réflexes récemment acquis se mirent en place. Et je sautais en l'air. M'accrochais à la bride battante qui fouettait l'air, posant ma main droite sur l'encolure du cheval. Le cavalier se recula son assise, me voyant bondir avec aisance, et me tenir en équilibre sur une main devant lui. Mais il était bien trop lent. Alors qu'il était encore dans son précédent mouvement, je me servis de mon élan pour me projeter plus haut encore, vriller au dessus de lui sans le toucher. Un salto groupé me permit d'atteindre une grosse branche à environs cinq mètres du sol. Sans un regard pour les deux créatures qui s'étaient figées pour me regarder passer, je décidais de continuer ma route par les cimes : c'était bien moins peuplé.

J'aurais du prêter plus grande attention à cet évènement. Car en plus d'être inhabituel, il intervenait dans un cadre où les frontières de notre village étaient ouvertes à tous les étrangers désireux d'assister au tournoi. Le seul problème, c'était que les seigneurs n'avaient aucun intérêt à venir si tôt avant le début des combats. Et la possibilité que quelqu'un de si faiblement armé soit un messager venu d'un pays voisin était assez faible. Quelque chose n'allait pas. Je décidais d'aller rapporter ce fait jusqu'au village. Mais avant, je devais peut-être chercher des preuves plus tangibles que de telles suspicions. Je pris donc mon cavalier en filature.

Il trottait prudemment à présent. Avoir été refroidi par la présence d'une gamine avait du lui remettre les idées bien en place. Dans mes branches, je tentais de devenir silencieuse comme jamais. Je prenais note du moindre détail autour de moi. Il était important de déterminer dans quelle partie de la forêt ce type me menait. Je serrais les dents de temps à autres. De douloureuses courbatures me torturaient lentement, et le moindre de mes mouvements était malaisé. Certes, je devais reconnaître que mes capacités physiques avaient augmentées, mais nous avions beau insister encore et encore, mes capacités ne pourraient surpasser leur niveau actuel tant que ma maîtrise du chakra serait aussi mauvaise. Elle me semblait même avoir empiré. Mes techniques Suiton ne me venaient plus aussi naturellement qu'avant. Et mis à part le Mizu Rappa, les autres semblaient impossibles à recréer, sinon à contrôler. Au moment de mon combat contre Kiba, j'aurais pu causer de nombreux dommages à ceux qui nous observaient avec mes aiguilles d'eau. Soudain, je m'arrêtais. Je venais de voir quelque chose d'inhabituel par terre. Dédaignant l'homme et sa monture, je mis pied à terre.

Impossible de le voir depuis la route, car au beau milieu d'un bosquet odorant. Mais en écartant l'odeur des fleurs et des baies tardives trop mures, sous cette odeur sucrée, il y en avait une autre métallique. J'écartais les feuilles avec empressement. Là, par terre, il y avait un homme couvert de sang. Mort. D'un point de vue haut placé, j'avais pu remarquer que les branches et le sol avaient été piétinés. On avait trainé ce gars ici. Et à ce moment là il n'était plus assez vivant pour s'y opposer. Je saisis son poignet. Il était encore chaud. L'attaque ne devait pas dater de très longtemps. Et je remarquais aux cals de ses mains qu'il s'agissait d'un guerrier plus ou moins expérimenté. Je remarquais qu'il serrait quelque chose dans sa main droite. Un petit pendentif. La chaine glissa naturellement de son poing lorsque je la tirai. Trop grande pour entourer son poignet et trop petite pour son cou, je devinais qu'elle appartenait à un enfant. Soudain, j'entendis le corps respirer faiblement. Il était vivant ! Mais visiblement pas en état de se lever. Grâce à plusieurs clones, je réussis à le maintenir debout, ses pieds trainant au sol, et ses bras autour des épaules de quelques clones.

La qualité de ses vêtements m'indiqua qu'il était issu d'une bonne famille de la ville. Quelques noms me vinrent aux lèvres. Sur le col de son kimono blanc, j'aperçus un symbole : le yin et le yang. Aucun doute possible, ce type était Hyuuga. Je l'appuyais contre un arbre tandis qu'il reprenait plus ou moins conscience. Je le laissais aux bons soins de quelques clones avant de reprendre ma route, la chainette enroulée en plusieurs tours autour de ma paume, signe de ma résolution.

Là, au milieu d'un camp monté rapidement autour des arbres, je vis le cheval. Son propriétaire ne devait pas être bien loin. Mais n'ayant pas eu le temps de remarquer un quelconque trait distinctif, je ne le retrouvai pas dans le foule. Perchée sur mon arbre, je tentais de me trouver un déguisement approprié pour m'immiscer dans cette foule bigarrée. Soudain, quelqu'un lança un coup de pied dans mon arbre. Je n'eus que le temps d'exécuter un henge de façon à modifier mon apparence. J'étais à présent un garçon au physique passe partout, brun et élancé.

_ Hé, toi là haut ! Descend tout de suite avant que je ne te casse la gueule.

Feignant de craindre la menace, je m'agrippais à ma frêle branche. Cinq hommes attirés par le raffut que faisait celui qui m'invectivait l'aidèrent à me déloger de mon promontoire en grimpant eux aussi. Je pus constater à quel points leurs mouvements étaient maladroits et lents. Mais ils avaient de la force dans les bras. L'un d'eux me poussa en pleine poitrine et je le laissais faire. Perdant l'équilibre, je me rattrapais in extremis avant qu'on ne m'écrase les doigts. En dessous, l'un d'eux agrippa mes jambes et tira d'un coup sec. JE retombais au sol en un tas de membres désordonné.

_ Shouta ! C'est quoi ce gamin ?

_ J'sais pas mais il avait rien à faire là.

L'un d'eux me frappa aux côtes d'un coup de pied. Je me pliais, et gémis sur un ton qui sembla les convaincre. On m'agrippa par les cheveux et je criais alors qu'ils me remettaient debout sur mes pieds. Pleurnichais que j'avais mal.

_ Qu'est-ce que tu fous là !

_ Je… J'avais faim et j'ai vu le feu… inventais-je sur le coup.

_ Putain, encore un gamin qui s'est barré de chez lui. On n'a pas besoin de pleurnichards ici. T'es pas chez ta mère !

_ Foutez-le dehors !

_ Arrête, il a trop une gueule à aller nous balancer aux autorités.

_ On n'a qu'à lui couper la langue, comme ça il pourra leur dire quoi que ce soit. Ou le buter comme l'autre gars là bas !

_ Les mecs, vous abusez ! Laissons le avec la fille. On pourra l'utiliser comme monnaie d'échange avec la petite.

_ La petite teigne là ?

_ Dites… demandais-je.

_ Oh la ferme-toi, me gratifia-t-on suivi d'une taloche.

_ Kes tu veux ?

_ Est-ce que vous engagez des gens ? Mon rêve de toujours c'est de visiter le monde et…

_ Non, mais tu nous a pris pour une caravane de marchands ou quoi ?

_ Qu'est-ce qu'on s'en fout de tes rêves, allez, balancez-moi ça avec l'autre !

Et ainsi fut fait, on me jeta sans ménagement dans une tente au centre du camp de fortune. Devant, deux gros loubards gardaient l'entrée. A l'intérieur, une petite fille aux cheveux noirs et aux yeux pâles. Hyuuga Hanabi. Elle pleurait. On l'avait frappé au visage, et une ecchymose énorme bleuissait sa joue droite. Elle me jeta un regard effarouché, tandis que les deux gros types à l'entrée tapaient la discute en nous surveillant d'un œil distrait. Bon, vu qu'il y en avait une cinquantaine sur ce modèle là et que je ne me trouvais pas au meilleur de ma forme, je devais trouver un moyen de nous faire sortir au plus vite de cette embrouille. Je me doutais bien que je pourrai distancer tous ces types à la course, mais pas la petit. Notre seule chance serait de subtiliser le cheval. Plus je cherchais des possibilités de s'en sortir sans trop de casse, plus je me rendais compte que nos chances de réussite seraient faibles.

Je tâtais mes poches. Dedans s'y trouvaient des fumigènes, quelques shurikens et un kunai. Ça devrait faire l'affaire. Le début d'un plan se monta dans ma tête. Un plan assez stupide je devais en convenir, mais il faudrait bien que ça passe ou que ça casse. Ce serait très simple, je créerai des clones dans la fumée des fumigènes. Un groupe sera constitué du vrai cheval, un autre aura avec lui la vraie Hanabi, et le dernier le vrai moi. Chacun partira dans une direction opposée, mais assez éloignée du type blessé que mes clones devaient ramener à la maison. Le groupe ayant Hanabi avec lui se retransformera plus loin ainsi que le mien, en un ensemble de plusieurs Hanabi qui se disperseront à leur tour. Et pendant que mes clones fileront, je devrais me battre pour retenir les hommes.

Mon idée semblait fonctionner en théorie. Je n'avais aucune idée des capacités réelles de ces hommes ni de leur nombre exact, mais pour rattraper deux fugitifs et un cheval, il ne devrait pas y avoir beaucoup plus que les deux tiers du camp. Soit environs une trentaine de personnes. J'aurais donc une dizaine de personnes à la poursuite de chaque groupe. Je devais agir vite pour que les gardes n'aient pas le temps de réagir. Rapidement, je saisis la petite toujours en état de choc dans mes bras et lui murmurais des instructions. Elle avait été éduquée à l'art ninja depuis sa plus tendre enfance. Elle devrait pouvoir se débrouiller plus ou moins bien si elle se retrouvait livrée à elle-même pendant quelques instants. Et je lui prouvais que j'étais digne de confiance en lui remettant son collier, lui assurant que son garde du corps était vivant. Je ne lui avouais pas que j'avais des doutes quant à sa survie. Mais elle sécha ses larmes, et elle leva ses yeux blancs vers moi. Un regard franc et sans peur, confiant. J'eux un léger pincement au cœur, elle me faisait penser à Neji. Et j'aurais aimé qu'il me regarde de cette façon.

_ Qui est tu ? chuchota-t-elle à mon oreille.

_ Namikaze Naruto pour vous servir.

_ Onee-chan avait raison… Tu es vraiment quelqu'un de très gentil et de très courageux.

Je fus troublé par cette phrase. Moi qui avais été carrément insultée par cette fille quelques jours auparavant, voilà que je planifiais de lui sauver la mise. Je ne pouvais décidément pas laisser les gens à leurs problèmes. C'était là ma plus grande qualité, et ma plus grande source d'ennuis. Je n'y pourrais rien, c'était dans ma nature profonde.

Je pris une grande respiration. Avant de fabriquer deux clones. Les deux gardes à l'entrée se retournèrent.

_ Oiroke no Jutsu ! incantèrent mes doubles en même temps.

Deux blondes pulpeuses aux longs cheveux blonds totalement nues apparurent devant ces messieurs qui se mirent à baver. Je vais avoir tendance à croire que tous les adultes étaient comme cela. Une paire de seins nus et les voilà distraits. Mes clones échangèrent un sourire malicieux avant de s'approcher des deux bandits jusqu'à les effleurer presque. Je sentis Hanabi frissonner tout contre moi. Est-ce qu'on peut effrayer quelqu'un avec un tel sourire ? Apparemment c'était possible. Parce qu'elle savait que je planifiais une mauvaise action. Très très mauvaise. Elle déglutit lorsque mes clones profitèrent de la fumée qui entourait leur corps pour exécuter quelques signes. En mon fort intérieur, j'espérai que le problème avec mon chakra, lequel était sans doute en lien avec le fait que je n'arrivais pas à joindre Kyuubi, ne gênerait en rien la marche de mon plan.

_ Suiton, Suirou no Jutsu.

Les jeunes femmes nues n'eurent qu'à étendre leurs bras vers les deux observateurs pour les enfermer. L'eau se forma dans leur paume, enveloppant leurs mains d'un globe aqueux. Avant que les hommes ne puissent crier pour avertir leurs camarades, les deux filles les avaient déjà enfermées.

_ Tu prends celui de droite, et moi celui de gauche ,décrétais-je.

_ Pour faire quoi ?

_ Un henge.

_ Je ne l'ai jamais fait. Père ne m'a pas fait instruire le Ninjutsu.

_ Pfff, fait chier.

_ Surveiller votre langage ! Vous êtes en présence d'une héritière des Hyuuga.

_ Ouais, ouais…

Je formais donc un nouveau clone qui hissa la fillette sur son dos. Cela n'en ferait qu'un de plus à gérer pour la diversion finale. Ce n'était pas une trop grande dépense supplémentaire à effectuer. Tandis qu'elle malaxait son chakra, le clone pourvoirait à la forme de la transformation. Dans l'eau, les deux hommes se débattaient en se noyant lentement. Je me sentais mal à propos de cela. Dès qu'ils auraient perdu conscience, mes clones les libéreront certainement.

_ Henge !

Les deux gardes sortirent de la tente. Deux autres molosses nous accostèrent, nous prenant pour leurs collègues.

_ Hé Yoshiro, Arai, c'est l'heure de la relève.

Nous nous contentâmes d'acquiescer tandis que nous avancions en direction du cheval. En espérant qu'il ne serait pas effarouché par notre présence. Derrière nous les deux nouveaux gardes ouvraient les pans de la tente.

_ Oh putain les mecs y'a des meufs à poil dans…

Un coup de pied dans son visage arrêta net ses paroles. Plus que quelques mètres avant le cheval. Un frisson parcourut le camp, comme en train de mettre en place dans leurs têtes les pièces du puzzle. Trop tard, j'avais déjà lancé les deux fumigènes. Dans les toux et les larmes, Hanabi et moi exécutèrent le plan. Du nuage de fumée surgirent trois chevaux identiques. Sur chacun d'entre eux montait deux cavalières. Dans chacun des groupes, au moins deux n'étaient pas réels. Je laissais Hanabi partir avec mes clones, anxieuse. Et si tout ne se passait pas bien.

Je m'accrochais au cou de mon clone transformé en étalon. Ses sabots martelaient le sol, projetant des gerbes de terre et de feuilles mêlées sur notre passage. Suivre nos traces ne serait pas difficile. Dans ma tête, je fus informé de la disparition de mes Sexy Meta. Après un combat assez rageur, l'une d'elles avait été poussée par un groupe et immédiatement frappée, ce qui l'avait dissoute. L'autre avait eu plus de chance en pirouettant au dessus d'un groupe avec grâce. Au moins la moitié des combattants était distrait par sa poitrine opulente. Malheureusement, elle avait été fauchée par une volée de flèches en plein vol. Je serrais les dents. Plus que sept clones. Plus les deux qui soutenaient le blessé. D'ailleurs, je me demandais bien où ils en étaient.

Une fois que j'estimais la distance entre moi et mes opposants suffisante, je rompis les transformations de mon petit groupe, avant de me changer en Hanabi. Là encore nous partîmes dans des directions opposées. Je supposais que les autres groupes avaient réussi à faire de même.

_ C'est des trucs basiques de ninja ! Faites attention, la plupart sont des illusions !

Quelqu'un cria cet avertissement dans la forêt. J'entendais que l'appel était repris de bosquet en bosquet. J'essayais de me frayer un chemin plus rapidement dans la végétation. Ce n'était guère facile, surtout quand dix balourds armés se trouvaient à mes trousses. Je n'osai deviner ce qui se passerait si je me retrouvais dans une situation à un contre dix. Vu ma forme actuelle, je n'étais même pas certaine de gagner.

Le soleil se levait de plus en plus haut dans le ciel. Avec un peu de chance, la famille Hyuuga avait pu envoyer des renforts dans la forêt et pourraient m'épargner une épreuve de force. Et ainsi je pourrai aller dormir tranquillement. Malheureusement, le sort en décida tout autrement. Je me figeais soudainement. Dans ma tête, je venais de ressentir la disparition d'un de mes clones de Hanabi. L'un des soldats avait été plus rapide que les autres et avait agrippé mon double par la tunique longue. Et lui avait tranché la gorge d'un coup de couteau. Dans mon esprit, je pouvais sentir l'agonie de mon clone avant qu'il ne disparaisse. Il n'avait pas vu l'adversaire. Mais cela m'indiquait quelque chose d'important : ce type n'était pas un simple grouillot du camp. C'était un habitué des batailles. J'allais avoir beaucoup plus de mal que je ne le pensais.

Derrière moi, mes poursuivants me rattrapaient. Trop tard pour reprendre ma course, mes muscles s'étaient habitués au temps de repos. Très bien, j'allais donc devoir me battre. Mais cela ne voulait pas dire que cela allait être à la loyale. Je courus le long d'un tronc en haut de la clairière et me postais sur une branche. Je gonflais mes poumons et visais consciencieusement un tas de guenilles gluant en pleine décomposition. Gonflais mes poumons en exécutant les signes. Devant mes lèvres, des gouttes d'eau perlèrent. La transformation de mon chakra en type Suiton était amorcée.

_ Suiton, Mizu Rappa !

Un jet d'eau puissant frappa le sol meuble, projetant des éclats partout. J'avais eu l'idée en me remémorant ce qui s'était passé lors de ma séance de pêche avec Sasuke. A ce moment là, la vase et l'eau sale m'étaient retombées sur le visage. Et j'avais instinctivement fermé mes yeux pour les protéger. Sauf qu'ici, ce serait bien plus que quelques gouttelettes qui iraient gêner la vue de ces hommes. Mais des mottes visqueuses et collantes. Mon piège fonctionne à merveille, et mes assaillants se mirent à jurer tout en tentant de chasser la boue de leurs yeux. Je bondis depuis ma branche. Profitai de la vitesse de ma chute pour frapper le premier en plein visage de mes deux pieds, et l'assommer complètement. Je continuais dans mon élan et fit pivoter mes hanches, jambes écartées, le tranchant de mon pied gauche heurtant une trachée et le talon de mon pied droit emboutissant un nez. Deux autres hommes tombèrent à terre, l'un suffoquant, l'autre hurlant à cause de son nez cassé. Je tentais de frapper un troisième de mon poing, mais oubliais que le corps de Hanabi était bien plus petit que le mien et manquai mon coup. J'atterris au sol et fauchais un quatrième type au niveau des genoux, le faisant trébucher sur celui se plaignant de son nez. Ce dernier écrasé par son camarade ne se releva pas. Le cinquième tenta de me saisir, mais je roulais sur le côté, me relevai et assénai un coup de pied retourné dans le genou d'un des bandits qui craqua sinistrement. J'évitais agilement quelques frappes qui ne firent que m'effleurer, frappant les membres exposés avec violence et rapidité. En moins de temps que je ne l'aurai cru, presque tout le groupe se retrouva au sol, soit assommé, soit dans l'incapacité de se mouvoir.

Je pris un temps de pause en haletant. Mon corps me semblait lourd. Cela avait été bien plus compliqué que je ne le pensais de défaire toute la troupe qui nous poursuivait. Apparemment, ils avaient bêtement suivi ma direction au lieu de se lancer à la poursuite de mes clones. La nouvelle du meurtre d'un de mes doubles m'avait tétanisé suffisamment de temps pour que je sois repérable et facile à rattraper pour eux. En effet, je sentis mes deux clones se désactiver volontairement. Il ne m'en restait donc que quatre actifs, plus les deux accompagnant le garde du corps. Soudain, je sentis dans ma tête qu'un autre clone avait été victime de meurtre. Cette fois, ce fut après un combat à un contre trois qu'un autre adversaire avait surgi. Un duel avait été entamé avec ledit personnage, mais il était armé d'un couteau. Avant de se faire détruire, mon clone reconnut le cavalier que j'avais dépassé dans la forêt. Une lueur de colère brillait dans ses yeux. Visiblement, il n'avait pas apprécié de se faire « emprunter » son cheval de la sorte.

Un autre clone se désactive. C'était celui qui avait gardé un œil sur Hanabi et ses poursuivants. Elle était saine et sauve, arrivée au niveau du village, rejoignant plus loin deux autres Naruto portant un homme blessé. Au moment du rapport, deux ninjas médecins arrivaient près du soldat Hyuuga et de leur seconde héritière en pleurs. Il ne restait plus que deux clones. Un trébucha sur une racine et réussis à s'assommer lui-même contre un arbre comme un boulet. L'autre eut le temps d'un combat avec le cavalier. Clairement ce n'était pas un ninja mais plutôt un mercenaire maniant le couteau avec dextérité. Quelques paroles furent échangées. Il fut question de la monture, il fut question de moi. Il était dangereux, armé, et il m'en voulait à mort.

_ Tch, encore un clone de cette morveuse, entendis-je derrière moi.

Il y eut un chuintement aigu. Je me laissai tomber au sol prestement. Une lame passa au dessus de ma tête dans un geste large. Un violent coup de pied me cueillit au creux du ventre avant que je ne puisse esquiver. J'avais eu le temps d'une garde médiocre qui vola en éclat. Je heurtais un tronc derrière moi. Je criai. Ne pus m'empêcher de reprendre mon apparence normale.

_ Huh ? Tu es… commença-t-il.

Je profitais de l'ouverture qu'il m'offrait en parlant pour passer à l'action. Je le frappais du poing, mais il me bloqua grâce à son avant bras. S'avança de quelques pas lestes tout en laissant glisser son bras qui avait paré vers mon visage. Son coude emboutit mon arcade sourcilière qui s'ouvrit sous le choc. Ma vision s'obscurcit, et un uppercut me fit voir les étoiles. Je retombais au sol. Je me relevais en titubant. Du sang chaud coulait le long de mon visage, aveuglant mon œil gauche. Ce type était dans un style direct. Très direct. Il était assez rapide, mais méthodique. Son expérience au combat et ses réflexes me prouvaient qu'il était prêt à répliquer à toutes les attaques qu'il connaissait.

_ Alors, ça t'a calmé un bon coup dans la gueule ?

_ Hah ! raillais-je, j'ai connu des gens qui frappaient bien plus fort que toi.

C'était vrai. Kakashi-Sensei avait un sacré droit. Tout autant que Sasuke. Le pire avait été le serpent d'Orochimaru. Franchement, face à eux, ce type ne faisait pas le poids.

_ Qu'est-ce que tu dis ! Je suis Zaku, le plus grand bandit du pays du feu ! Personne ne peut vaincre mon bras !

_ Ah bon ? J'ai jamais entendu parler de toi.

Il y eut un temps de pause où je vis avec délectation son visage confiant se figer, puis se peindre d'incrédulité, avant de se transformer en colère. Le seul problème dans cette affaire, c'était que ce gars était hyper susceptible.

_ Parce que ceux qui ont eu affaire à moi sont tous morts ! Ha ha ha ! Et aujourd'hui c'est ton tour gamin.

_ Euh… Précision : je suis une fille.

_ Quelle importance pour moi ? Tu vas payer pour avoir osé voler mon cheval. Et aussi pour m'avoir manqué de respect, et t'être mise sur mon chemin sans me saluer !

Ce fut là que je compris ce qui l'avait gêné. Tout à l'heure, je l'avais pris au dépourvu. J'avais été trop rapide pour ses réflexes, et trop imprévisible par rapport à ses précédentes expériences. Pour battre ce type je devais jouer de l'esquive.

Il arrivait avec vitesse sur moi. Sa lame dégainée. Je créais rapidement quelques clones pour m'assurer la supériorité du nombre. Je tentais de le contenir de cette manière. Dès qu'il en éliminait un ou deux, j'en recréais un autre. Peu à peu, je me redis compte à quel point ces tentatives étaient vaines. Plus je créais de clones, plus je dispersais mon énergie. Un dixième de mon chakra s'enfuyait avec chaque nouveau double. D'un coup de pied circulaire, il envoya un de mes Kage Bunshin sur mon corps réel, me projetant en arrière. Tandis que je reculais sous le choc et que le clone disparaissait dans un nuage de fumée, il avança vers moi. Je sentis un courant d'air violent passer devant mon corps et mon visage. Puis je vis le sang qui giclait de ma joue entaillée, et les pans de mon T-shirt découpé qui volaient au vent. Je serrai les dents.

_ Jolie poitrine, commenta mon adversaire.

Il ne me laissa pas le temps de réfléchir ou d'anticiper un nouvel assaut. Et les coups volèrent me frappant partout. Au visage et sur mon corps. Ils pleuvaient comme une pluie orageuse, m'entaillant ou me meurtrissant sur tout mon corps. Je sentais que je perdais mes moyens. Et malgré moi, j'entrais dans la danse macabre. Mon corps surentrainé par cette semaine intensive réagit à mes envies. Je voulais blesser cet homme autant qu'il me blessait moi. Mon bras saisit un kunai dans ma poche et effectua un mouvement circulaire. Je ne savais pas ce que je visais. Mais mon corps le savait. Immédiatement, ce fut le calme plat. Zaku ne bougeait plus. Je venais de lui entailler profondément gorge. Il ne parvenait plus à respirer. Du sang était projeté à chacune de ses tentatives, mouchetant mon visage. Puis il bascula sur moi. Je tombais dans un tas de boue. Le kunai que je tenais en main s'enfonça dans le ventre du mercenaire par son propre poids.

Pour la première fois de ma vie, un homme se tenait couché contre mon corps quasi nu. Sauf que je venais de le tuer…

Je sentis son sang qui se répandait sur moi, imbibant nos vêtements. Il ne respirait même plus. L'idée d'avoir ôté la vie de quelqu'un qui me menaçait ne m'effrayait pas. Non, ce qui m'inquiétait avait été ma difficulté à me défendre et à faire appel à mes réflexes. Lorsqu'ils avaient finalement mis en place, je n'avais su les utiliser consciemment. Et la situation avait dégénéré. Je poussai le corps au dessus de moi avec force. Mon visage était coincé sous la poitrine de ce type. Je voulais respirer. Il fallait que je le repousse plus loin. Je parvins à décaler sa tête et ses épaules de manière à trouver une poche d'air où respirer. Bon c'était sous son bras et il sentait fort des aisselles. Mais c'était mieux que rien. Lorsque je relâchais mes muscles, il me retomba lourdement dessus, et son épaule frappa durement mon arcade déjà blessée. Ma vision se troubla. Je perdis contact avec les évènements pendants quelques instants de flou.

Je me rappelle avoir tendu l'oreille et avoir entendu des bruits de pas. D'une personne chaussée de getas. Ou bien peut-être était-ce après que j'aie crié à l'aide. Je ne me rappelais que très peu des évènements. Toujours est-il que quelqu'un m'avait porté dans ses bras, et que ma tête était renversée en arrière. Au dessus de ma tête, je voyais le sol qui bougeait. Quelqu'un courait. Quelqu'un me tenait dans ses bras et courait avec moi. Cette personne avait frappé à la porte d'une maison à l'orée de la forêt. J'ai pensé qu'elle n'était pas assez chic pour être Hyuuga. Et que j'avais déjà vu le père de famille qui m'ouvrit la porte.

Lorsque mes souvenirs ont cessé d'être flous, je me trouvais dans une salle de bain. Une femme, sans doute une mère de famille, baignait mes blessures à 'aide d'une éponge mouillée d'eau tiède. Elle me sourit alors que l'eau dans la bassine se teintait de marron et de rouge.

_ Eh bien, il y a une très jolie fille sous toute cette crasse et ce sang.

Et là j'ai pleuré. Sans pouvoir m'arrêter. D'abord tout doucement. Puis à grosses larmes. Sans que mes sanglots ne fassent aucun bruit. Alors la femme m'avait pris dans ses bras et bercé doucement jusqu'à ce que je me calme. Et moi je me disais que c'était dommage de souiller ses vêtements avec la crasse et le sang que j'avais sur moi. Et bizarrement ça me fit rire. J'eus alors un reniflement bizarre à mi chemin entre le sanglot contenu et le ricanement nerveux.

_ Faut pas pleurer, tu sais. Les hommes se croient tellement supérieurs à nous quand on pleure. Allez, sèche tes larmes.

Après le décrassage de surface, elle retira les oripeaux qui me tenaient lieu de maillot de corps et le jeta dans un sac poubelle. Elle fit de même avec mon soutien gorge rempli de terre. Puis elle me fit me lever et m'ôta également mon pantalon incrusté de saleté. Je me retrouvais nue devant elle. Puis elle me lava, comme si je n'étais qu'un tout petit enfant. Je n'avais jamais été traité de la sorte. En fait, c'était certainement ce que cela faisait d'avoir une maman. Cela me donna chaud au cœur.

Une fois satisfaite de mon aspect extérieur, elle me donna une grande serviette blanche dans laquelle me sécher. Mes blessures n'avaient pas encore cicatrisées, et me grattaient affreusement lorsque je passais ma serviette sur les lèvres des plaies. La femme s'était éclipsée quelques instants, me laissant seule dans la pièce. Je me regardais dans le miroir. Là, sans colifichets ni ornements, à quoi ressemblais-je ? J'avais beau me regarder sous tous les angles, je ne cessai de me trouver défigurée par ce qui était arrivé. La femme rentra de nouveau dans ma pièce et me déposa quelques vêtements.

_ Tu fais à peu près la même taille que mon fils. Ces vêtements sont trop petits pour lui, mais je pense qu'ils seront juste bien pour toi.

_ Merci madame.

_ Oh, appelle moi juste Yoshino, pas de formalités entre nous. Ha ha ha ! Comme si quelqu'un ici m'appelait madame ! Enfin, mon mari devrait avoir ce genre de formulation, ce paresseux…

Le ton de Yoshino-san s'était fait plus dur et presque effrayant. Je me demandai comment se passait sa vie de couple. Elle devait pas mal effrayer son mari.

_ Comment est-ce que tu t'appelles ? me demanda-t-elle.

_ Naruto. Namikaze Naruto.

_ Namikaze ? Oh, je comprends, tu es l'enfant de… Mais habille-toi, habille-toi ! Il est presque l'heure du repas de midi, il faut que je m'active. Après tout nous avons deux invités ce midi.

L'enfant de qui ? Je ne comprenais plus rien. De qui est-ce qu'ils parlaient tous. Kakashi m'avait dit que mon père s'appelait Namikaze et qu'il l'avait connu et respecté. Du moins, c'était ce qui transitait par l'affection qu'il m'avait témoignée le premier soir dans mon studio. Et qui était l'autre invité dont parlait cette femme. Je regardais les vêtements. Ils étaient sobres et noirs. J'eux un peu de mal à entrer dans le pantalon, les hanches étant adaptées à une morphologie masculine. Je tentais quelques mouvements d'assouplissement. Le tissu était assez souple, mais je devrai certainement éviter les mouvements trop amples de peur de le déchirer. Le maillot en mailles était juste comme il fallait, mais le col rond descendait plus bas qu'il n'aurait du, à cause de ma poitrine.

On toqua discrètement à la porte. Yoshino approuva ma tenue d'un signe de tête et d'un sourire. Elle me poussa rapidement dehors et me guida jusqu'à la salle à manger. Une lueur étrange dansait dans les yeux de la mère de famille. S'agissait-il de rejet ? J'en eus froid dans le dos. Son attitude à mon égard s'était considérablement refroidie.

_ Hé ? fit une voix surprise. Naruto ?

_ Hein ? Shikamaru ?

_ Mais qu'est-ce que tu fais là.

_ Hé vous deux ! On passe à table et on ne discute pas.

_ Oui m'man…

_ Hai…

Je me retrouvais donc assise à côté de Shikamaru. En face de nous et près de la porte de la cuisine s'était installée Yoshino-san, murée dans un silence empli de réflexion. Elle hésitait. Sans doute à propos de l'attitude à avoir à mon égard. Elle devait être au courant tout comme son mari que j'hébergeais dans mon corps un démon-renard. A un bout de la table se tenait u ninja dans une tenue de Chuunin. Même coupe de cheveux et visage que Shikamaru, les cheveux un peu plus clair, peut-être. Deux anciennes balafres marquaient son visage. Et à l'autre bout de la table, un vieil homme d'une cinquantaine d'années. Seul problème : tous me scrutaient avec attention. Le vieil homme finit par briser ce silence.

_ Merci pour cette invitation, Yoshino-san. J'ai rarement eu l'occasion de partager un si bon repas de famille en compagnie aussi charmante.

_ C'est qui ce type ? me demanda Shikamaru en chuchotant pendant qu'on allait du compliment culinaire autour de la table.

_ Qu'est-ce que j'en sais ? D'ailleurs qu'est ce que je fous chez toi ? Je me rappelle d'avoir été blessée dans la forêt. Et puis après, pouf ! J'étais dans ta salle de bain.

_ Ça pour sur, tu t'es pas ratée.

_ Je sus si horrible que ça ? Physiquement parlant ?

_ Ben t'as des bleus et des griffures partout.

_ Ah… Pas étonnant que j'ai mal quand je parle.

_ Les enfants ! Pas de messes basses à table ! C'est impoli. Nous sommes quand même en présence de Jiraya-Sama.

_ Jiraya-Sama ?m'étonnais-je en reconnaissant le nom.

_ Laissons-les s'amuser, il faut bien que jeunesse se fasse. Moi-même de leur temps…

_ Papa ! se plaignit Shikamaru.

_ Euh… non, merci, sans façon, répliquais-je.

_ Alors, cette charmante demoiselle aurait entendu parler du grand Jiraya ! Rien d'étonnant à cela, je suis une légende vivante.

_ Vous êtes l'auteur des Chroniques d'un courageux ninja, non ?

_ Co… Comment ? Une œuvre de ma jeunesse aurait enfin touché le jeune public ? Je suis encore plus incroyable que je ne le pensais !

_ Jamais entendu parler, fit Shikamaru.

_ Moi non plus, commenta son père.

_Quelqu'un veut encore du riz ? demanda sa mère à la ronde.

_ Ah… soupira Jiraya d'un ton déçu. Mais au moins, j'ai gagné un fan ! Tu veux que je dédicace ton exemplaire ?

_ Je ne l'ai pas actuellement sur moi, vous comprenez. Mais j'en serai ravie. Une autre fois peut-être. Yoshino-san, Nara-san, Shikamaru, je suis honorée de l'hospitalité et des soins que vous m'avez apportés, mais je ne souhaiterai pas abuser. Ma présence en ces lieux… n'est pas souhaitable. Et nous savons de quoi je parle. Je vais donc prendre congé.

Je m'inclinais devant les membres de cette famille, tapai dans la main de Shikamaru en guise de salut et empruntai la porte de sortie. Une fois dehors, je pus respirer plus librement. Ce silence et cette ambiance lourde. J'eus du mal à me débarrasser de ce sentiment d'inconfort. Je courus jusqu'à mon appartement, trouver un peu de réconfort entre les pages de ce vieux livre qui avait été mon unique compagnon depuis que j'étais petite. De quand remontait l'acquisition de ce volume ? Je l'ignorais. Il avait sans doute été toujours là.

Après une séance reposante de lecture, je décidai d'emporter le recueil avec moi. Si ce Jiraya était dans les parages, cela pouvait signifier qu'il serait en mesure de me dédicacer cet ouvrage. Je le glissai donc dans un sac en bandoulière et partis à l'aventure dans les rues. Malheureusement, après un certain temps de recherche, je ne trouvai rien de bien satisfaisant. En chemin, je tombai sur Ino et Sakura qui se rendaient aux bains publics. Attirée par l'idée d'une sortie où l'on ne me jugerait pas d'un mauvais œil, j'acceptai. En chemin, je me vis proposer un gobelet de soda par les filles. Cela me mit la puce à l'oreille. Pourquoi toute cette gentillesse soudaine ? Il me fut vite clair que le but de cette excursion n'était pas en réalité un temps de détente, mais un moment pour aller mater Sasuke en plein entrainement.

_ Mais allez, Naruto ! Tu es celle qui a réussi à lui parler le plus de nous trois ! m'encourageait Sakura.

_ Mais je n'ai pas envie. Je ne peux pas supporter ce type.

_ Justement, fit Ino, pourquoi crois-tu que je te laisse aller aux côtés de Sasuke-kun si facilement ?

_ C'est quand même non. Et puis, la dernière fois que je l'ai vu on s'est engueulé, nous ne sommes plus en si bons termes.

_ Désolée Naru-chan. De toute façon, je n'ai pas besoin d'un tel stratagème pour obtenir le cœur de Sasuke-kun !

_ C'est ça grand front, insinue que je pourrais perdre face à toi !

_ C'est ce qu'on va voir sale truie !

Bon, eh bien puisque j'étais en route pour les sources chaudes, autant que j'y aille. En chemin, je tombais sur Ebisu-Sensei qui prenait le même chemin que moi. C'est alors que devant le bain des femmes, des sources chaudes, nous surprimes un voyeur. Je frémis. Je n'avais aucune envie d'aller me baigner dans ces conditions. Autant aller à la rivière en maillot de bain. Heureusement que j'avais prévu le coup. Je commençais à tourner les talons lorsqu'Ebisu se précipita.

_ Je ne saurai tolérer des atteintes à la bienséance dans cette enceinte ! cria-t-il à la silhouette.

J'étais déjà partie lorsque j'entendis un bruit de grenouille géante, puis le son caractéristique d'une frappe. Puis la voix de Jiraya-Sama qui disait :

_ Qu'est-ce qu'il avait à beugler, celui-là, il allait faire fuir les donzelles.

L'obsédé qui ne s'assumait pas venait de se faire rétamer par un obsédé qui s'affichait ouvertement ? En un seul coup ? Je me précipitais vers la silhouette de mon professeur évanoui. Lui tapotais le visage. Complètement K.O. le pauvre.

_ C'est quoi ce batracien de foire ! Ce type était sensé assurer ma formation ! Comment je vais faire maintenant ?

_ Oh mais tu es la fille de tout à l'heure. Une de mes fans ! En fait actuellement, je suis en train de faire une collecte d'informations pour mon prochain roman. Mais quel dommage que tu ne puisses en profiter : ils sont réservés à un public plus mature.

Il l'adressa un clin d'œil empli de sous entendus tandis que la grenouille qu'il avait invoqué disparaissait. Je remarquais qu'il chaussait des getas. Alors c'était lui dans la forêt. Je pris une gorgée de soda avant de répondre.

_ Pas la peine de me la faire, vous étiez en train de mater. Sauf votre respect, m'sieur.

_ Quelle insolence tu affiches devant le saint ermite du mont Myôboku ! Mais on m'appelle aussi l'ermite des crapauds.

_ Ouais, ou juste l'ermite pervers !

_ L'ermite perv… Non mais dis donc !Je suis un homme de plume charmante demoiselle. Regarde et admire ma plus grande œuvre !

De l'intérieur de son costume, il sortit un tome du paradis du batifolage. Oh non, pas le livre empli de cochonneries que lisait Kakashi-Sensei avec un air pervers pendant qu'on se tapait des missions de rang D comme débile. Mon respect pour Jiraya-Sama venait d'un prendre un sacré coup.

_ Ce bouquin !m'écriais-je à sa vue.

_ Oh, tu es un de mes lecteurs, à ce que je vois ! Les jeunes générations sont si dévergondées de nos jours !

_ Un peu que je le connais. Et vous appelez ce torchon un « roman » ? E fait vous êtes juste là pour mater les femmes au bain public ! A mon âge ça passerait pour de l'espièglerie, mais à la votre c'est à la page des crimes et délits !

_ Pauvre écervelée ! Je ne suis pas un simple voyeur ! C'est pour trouver l'inspiration que je…

_ C'est la pire excuse que j'ai jamais entendue de ma vie ! De toute façon, vous faites ce que vous voulez de votre vie !

_ Qu'est-ce que tu veux que je fasse ! Tu as fait fuir toutes les jolies filles du bain en criant comme ça !

_ Euh… Je voudrais pas dire, mais vous criez quand même plus fort que moi. Et puis de toute façon quelle importance ? Vous gâchez votre vie à faire des romans de gare pour de l'argent. Je ne préfère pas continuer la conversation plus avant. Vous ne feriez que perdre le peu de respect qu'il me reste pour vous. Et ça vous le devez à votre premier roman. Il n'est peut-être pas très bon à vos yeux, mais pour moi il vaudra tellement plus que tout ce que vous pourrez écrire.

_ Qui… Quel est ton nom ? demanda-t-il alors que je partais vers la rivière pour me ressourcer.

_ Merci de m'avoir sauvé dans la forêt ! fis-je de loin.

Je sentis qu'il voudrait se lancer à ma poursuite, mais je paris au loin avec toute la rapidité que me permettait mon corps. Une fois arrivée dans un endroit calme, je me dévêtis et enfilais mon maillot de bain. Je regardais mon corps couvert de coupures diverses et de bleus. J'avais mal. Mais la pire des douleurs se trouvait dans mon cœur. Pour ne pas pleurer, je sortis le vieux livre de mon sac et en caressai sa couverture marquée par le temps. Je l'ouvris avec un respect infini, celui que j'aurai voulu montrer à Jiraya. J'avais envie de pleurer. Tant pis pour la dédicace. C'est alors que je vis quelques mots écrits à la main sur une page avant le début du texte :

A Minato,

Qui fut le meilleur de mes disciples.

Continue ta brillante carrière.

Vis la vie que je n'ai jamais eue.

En espérant que ce petit roman

Puisse me montrer sous un jour nouveau.

Jiraya

Qui était l'ancien propriétaire de ce livre ? Comment était-il arrivé entre mes mains ? Quel lien pouvait bien l'unir à moi ? Que savait donc Jiraya ? Tant de questions sans réponses…



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