Fiction: Secret

Je m'appelle Naruto. Et j'ai décidé que je deviendrais Hokage. Pour voir jaillir l'admiration de la haine et du mépris ambiant. Seulement les héros sont toujours des garçons. Et je ne suis qu'une toute petite fille qui sert de prison à un démon. Alors j'ai créé Uzumaki Naruto, le pitre qui ferait des miracles à partir de ses piètres capacités. Sauf que ce secret est lourd à porter.
Classé: -12D | Action/Aventure / Humour / Romance | Mots: 181918 | Comments: 13 | Favs: 17
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Narsha (Féminin), le 30/04/2013
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Chapitre 8: Training



C'est noir. C'est affreusement noir.

J'ai l'impression de tomber sans que personne ne parvienne à me rattraper. Le genre de noir cauchemardesque qui nous étouffe jusqu'à nous réduire à notre plus profonde faiblesse. Est-ce que c'est ça l'inconscience ? J'ai l'impression que mon corps bouge à l'extérieur, et pourtant je ne sens rien. Pire, je ne suis rien. Plus rien du tout. Et j'ai mal, tellement mal. C'est la première fois que je me rends compte de ma propre faiblesse. Que je me rends compte que je ne suis ni invincible, ni infaillible. J'ai l'impression de m'étrangler, il y a quelque chose qui me pénètre. Il faut que je recrache, il faut que je recrache. Mais ma poitrine me semble si lourde. Ais-je encore une poitrine. Est-ce que… j'existe… toujours ? J'ai peur, j'ai peur ! Dans un effort surhumain, mes yeux s'ouvrent. Abondance de lumières qui transpercent ma rétine. Des images floues se succèdent au dessus de moi. Les dalles blanches d'un plafond de l'hôpital.

_ Tiens-bon gamine !

Il y a une voix qui me parle. J'entends d'abord les mots. LE ton angoissé et pressant. Qui se veut rassurant. Mais qui ne parvient pas à cacher son angoisse. Je me tourne vers cette bouche qui parle, sans savoir si elle s'est tue ou non. Je ne vois qu'un vague visage sans traits. Les sons prononcés tournent encore un bon moment dans mon esprit avant que j'en comprenne le sens. J'essaye d'ouvrir la bouche, de parler. Mais il y a quelque chose qui râle et qui souffle dans ma gorge. Avant de sombrer de nouveau, j'aperçois la bombonne d'oxygène avec laquelle on me ventile.

C'est noir, affreusement noir.

J'émergeais. Quand ? Je l'ignorais. C'était peut-être juste après l'opération, peut-être des jours après. Mon corps était trop lourd pour que je le bouge. Tout ce que je pouvais faire, c'était entendre ce qui se passait au dehors. Compter les pas des infirmières de nuit. Sentir l'odeur aseptisée de ma chambre d'hôpital. Et celle… des personnes qui se trouvaient dans la même chambre. Ce n'étaient pas des patients, ils ne me semblaient pas mal en point. Des gens venus me visiter ? Quelle heure pouvait-il bien être ?

La porte d'entrée coulissa. Quatre jambes. Une paire de talons hauts. Une légère odeur de nicotine.

_ Toujours à t'inquiéter de tes élèves, Kakashi, fit la femme que j'identifiais comme Kurenai-Sensei.

_ Enfin, bon, ça se comprends. Ce ne sont pas les miens qui ont été le plus amoché, fit l'autre homme, certainement Asuma. Pensez à Lee, sans l'intervention de Gai, le sable l'aurait complètement écrasé. Heureusement qu'il avait eu le temps d'abandonner.

_ Mes gamins ont de la chance, ils guérissent vite. Quoi que Naruto m'inquiète un peu. Kyuubi ne lui fait plus récupérer comme avant. Je ne comprends pas ce qui a plu se passer dans la forêt de la mort.

_ Elle ira bien, les ninjas médecins sont doués, répliqua Kurenai. Quoi que j'aurais aimé qu'ils soumettent Hinata à des examens plus approfondis. Son cousin l'aurait tuée sans notre intervention.

_ Elle a gagné en courage, cette petite, commenta le fumeur.

_ Tous nos élèves se sont améliorés depuis quelque temps, fit Kakashi.

_ L'examen Chuunin a dû leur apprendre beaucoup.

_ Non, fit l'homme au masque. Je crois savoir avec quoi coïncide ce brusque regain d'enthousiasme. Je pense savoir ce qui les motive.

Il y eut un temps de silence. Je me demandais pourquoi. Et en même temps une graine de colère avait germé dans mon ventre. On avait osé attaquer mes amis. Je ne connaissais Lee que peu, mais l'antipathie que je vouais déjà au gamin du sable ne le rendait que plus haïssable. Et puis il y avait… Neji. Neji qui me troublait. Et pourtant quelque chose en moi ne pouvait lui pardonner le geste qu'il avait eu envers une personne de son propre sang. Pour moi qui n'avais jamais eu ni père ni mère, ni sœur ni frère, vouloir supprimer un semblable par haine était quelque chose que je ne pouvais tolérer. De même que je ne tolérais pas le désir de vengeance de Sasuke envers son frère. Mais le temps passé avec lui m'avais permis de le faire changer un peu. D'adoucir son cœur. Dans cette optique mon but n'était pas non plus de supprimer Neji. Ni même Gaara. Je voulais comprendre leur colère pour la changer en amour de son prochain. Même si mon moyen d'y parvenir serait de leur maraver la gueule !

_ Kakashi, tu ne pense pas que… commença Kurenai, brisant le silence.

_ Depuis que je dirige l'équipe sept, j'ai eu le temps de voir assez de choses surprenantes. Mais mon plus grand choc a été la révélation de Naruto. Pas tant au niveau physique, puisque je l'avais senti dès le début. Mais au niveau émotionnel.

_ Cette petite dégage quelque chose, fit Kurenai. Alors ce serait pour cela qu'Hinata est devenue assez forte pour s'opposer à son cousin ?

_ Je ne comprends pas bien où vous voulez en venir, fit Asuma.

_ Naruto possède un étrange pouvoir. Toute personne qu'elle a côtoyée, depuis qu'elle s'assume vraiment elle-même, a été attirée par elle. Chacun d'une manière différente. Un peu comme si elle était une étoile qui éclairait leur ciel et qu'ils avaient décidé de suivre. Elle les fascine. Elle les motive. Et cela fonctionne avec tout le monde.

_ Vraiment ?

_ Asuma, tu n'as pas remarqué les changements dans ton équipe ? Moi j'en ai vu deux. Le premier est sans grande importance, il concerne Ino et par la même occasion Sakura.

_ Quoi, leur match nul ?

_ Non, je parle d'avant. Je parle de l'interaction entre Naruto et Sasuke avant le combat de celui-ci et après le combat.

_ Oui, fit Kurenai, c'était la première fois que je voyais ce gamin ressentir quelque chose d'aussi élaboré, pour quelqu'un d'autre que Uchiha Itachi.

Uchiha Itachi ? C'était qui celui-là encore ? Peut-être le frère de Sasuke.

_ Et ni Ino, ni Sakura n'ont eu de gestes violents envers Naruto, en dépit de l'intérêt poussé que lui envoyait Sasuke, s'aperçut Asuma. Mais… quelle est le deuxième changement ?

_ Il concerne à la fois ton équipe et celle des autres. Enfin, plus précisément les garçons avec qui Naruto a été en contact.

_ Leurs regards ?

_ Leurs regards.

_ C'est de leur âge Kakashi, soupira Asuma. Laisse-leur le temps de comprendre ce que signifie aimé vraiment, et ce qu'est l'amour dans la vie d'un ninja.

_ Oui mais, objecta l'homme au masque, c'est à cet âge là que ça commence. Et Naruto n'a absolument pas conscience de la pression qu'ils exercent sur elle de leurs regards. Et elle aussi peut se laisser troubler.

_ Néanmoins, fit Kurenai, on ne peut ignorer la motivation qu'elle représente pour eux. Ils se rendent compte de ce qu'est une femme en devenir, une féminité qui se révèle. Et sur ce plan, je la trouve bien plus mure que les autres Kunoïchi de la même génération.

_ Laissons-là seule. Je ne voudrais pas gâcher l'innocence qu'il lui reste sur ce sujet, fit Kakashi. Laissons-lui découvrir par elle-même que toutes les personnes en contact avec elle se mettent à l'aimer.

_ Le poids de cette affection…C'est ce qu'elle a toujours cherché, non ? L'enfant en qui on a scellé le démon-renard possède vraiment une force prodigieuse.

Qu'est-ce qu'ils avaient voulu dire ? Je ne comprenais pas le sens de leurs paroles. Une partie de leurs mots m'échappaient. Je ne pouvais pas croire qu'ils parlaient de moi.

Le lendemain matin, je ne parvins pas encore à me lever. Mon corps était faible. Trop encore pour que je puisse bouger convenablement. Je restai donc là, attendant que la lumière de l'aube s'amplifie jusqu'à annoncer le début d'une nouvelle journée. Celle-ci n'annonçait lassante. Autour de moi, des machines bourdonnaient et crépitaient. Je ne comprenais pas ce qu'elles disaient. Sur mon visage, un masque respiratoire m'envoyait e l'oxygène. Une partie de la vapeur d'eau que j'expirais se condensait sur les parois transparentes. La moiteur contre ma bouche et mon nez était désagréable.

Quelqu'un bougea dans la pièce. Et je me rappelais que je n'étais pas la seule à me trouver dans cette pièce. Avec de longs efforts, mes bras crochetèrent les roues de mon lit. Celui-ci se mit à partir sur le côté. J'étendis dans un dernier souffle mes bras vers le rideau qui me séparait de ma colocataire. Et me remorquais. Centimètres par centimètres. Je parvins à aligner mon lit contre le deuxième, et à les accrocher ensemble au moyen d'un bricolage avec la table de nuit. Le rideau formait comme un dais au dessus de nos têtes. Heureusement pour moi, la perfusion accrochée à mon bras avait suivi le mouvement et ne s'était pas décroché de ma veine. Mon masque me tirait en arrière. Je préférais l'ôter et parvins à respirer sans être ventilée. En soit c'était une grande avancée.

Dans le lit à côté du mien, se trouvait une personne que je connaissais bien : Hinata-chan. Un de ses bras blancs s'était glissé hors de la couverture. Lorsque je m'installais contre elle, je vis la marque de bleus à intervalles réguliers sur sa peau. Et elle avait froid. Dans son sommeil, je l'entendais qui sanglotait. Ainsi son combat contre son cousin l'avait abattue à ce point…. Je sentis une boule dans ma gorge. Maladroitement, j'entourais la fille dans mes bras chauds et la serrai contre moi. Jusqu'à ce qu'elle se calme, je lui caressai les cheveux.

_ N… Naruto, entendis-je une voix à mon oreille alors que je venais de m'endormir.

_ Quoi… marmonnais-je d'une voix fatiguée.

_ M… Merci…

_ Pas de quoi.

_ Naruto-ch… chan, je suis dé… désolée pour ta deuxième épreuve.

Et là Hinata me raconta tout. La décision de l'examinateur lorsque je m'étais effondrée. Et pourtant, on venait de me déclarer vainqueur. Mais ce fut à Kiba qu'on donna le droit d'aller en finale. Je serrai mes poings et des larmes de rage perlèrent au coin de mes yeux. Je les laissai rouler le long de mes joues. Le destin était si injuste. Sasuke aussi se trouvait dans une chambre d'hôpital à l'heure actuelle, et pourtant il participerait au tournoi organisé dans un mois.

Une infirmière nous gronda gentiment en nous découvrant toutes les deux enlacées dans le lit de la jeune Hyuuga. Puis elle me réinstalla à ma place. Lorsque vint le temps des visites, on m'isola d'elle grâce au rideau. La porte se situant de son côté, je ne voyais pas ceux qui entraient. Et dès le matin, quelqu'un vint la voir. Son père, son cousin et sa sœur. L'homme ne resta pas tant de temps. Il se contenta de déplorer ses piètres capacités au combat.

_ Hinata-nee-san, fit la fillette. Est-ce que tu vas t'en sortir ?

_ O… Oui, ne t'inquiète p… pas, Hanabi.

_ L'héritière de notre clan ne devrait pas être aussi faible, assena froidement Neji. C'est ta faiblesse qui t'a conduit dans ces lieux.

Je ne savais pas que sa voix douce pouvait se faire aussi froide, aussi chargée de mépris. Je découvrais une facette du garçon qui me troublait. Une facette que je n'étais peut-être pas certaine d'apprécier.

_ Des p… personnes ayant ga… gagné s'y trouvent aussi.

_ Ah oui, mes Kohai de l'équipe de Kakashi, dit-il sans émotion.

_ Qui sont-ils ? demanda l'enfant.

_ De jeunes ninjas prometteurs, Hanabi-Sama. L'un d'eux est l'héritier du clan Uchiha.

_ Waaaa ! Il doit être fort, alors !

_ N… Naruto-chan aurait dû être t… ton adversaire au tournoi, Neji-nii-san.

_ Ah oui, elle. Très franchement mis à part Sasuke et ces ninjas du sable, aucun des autres Genins ne valent le coup.

Comme si l'on se rappelait de quelqu'un que l'on connaissait vaguement. Mais une personne que l'on n'appréciait guère.

_ J… j'ai v... vu que vous vous entendiez bien. Avec Lee-san et elle.

_ Il est vrai qu'elle est intéressante.

_ Qui est cette Naruto ? Elle est comment ?

_ C'est u...une k…kunoïchi très gentille et très f…forte. Elle… elle est comme une étoile qui b…brille.

_ Moi aussi quand je serai grande, je serai comme elle ?

_ Grands dieux, non Hanabi-Sama. Je vous le déconseillerai. C'est une roturière.

_ Oh ! Une vrai de vrai ? Avec la peau bronzée et qui parle très mal ?

_ Oui, cette fille est totalement sauvage et incivilisée. Mais au moins vaut-elle mieux qu'Hinata-Sama.

Je me sentis aiguillonnée par la colère. En silence, je parvins à m'asseoir sur mon lit, mes forces m'étant revenues.

_ A quoi elle ressemble physiquement ? Elle est belle ?

_ Je ne dirais pas cela. Elle est charismatique comme le faisait remarquer Hinata-Sama. Mais ses cheveux ont une coupe très courte, et très masculine. C'est d'ailleurs ce manque de dignité qui fait défaut autant à elle qu'à ma cousine.

Le petit fumier. Je venais de trouver quelqu'un d'encore plus antipathique que Sasuke. Je m'appuyais sur ma perche retenant ma perfusion et me levai. J'allais montrer à ce connard qu'on ne traite pas ainsi une femme. Que ce soit moi ou sa cousine.

_ Et niveau caractère ? Est-elle amusante ?

_ C'est le terme. Elle ne sait rien et peut donc s'étonner de tout. Mais elle apprend vite. Au contraire d'Hinata-Sama.

Je tendis la main et écartais le rideau d'un geste brusque. Ma main libre se tendit et flanqua une beigne à Neji. Ou du moins c'était mon plan. Cela se déroula assez bien jusqu'au moment beigne. Qu'il ne tenta même pas d'éviter, tant mon état physique était risible. Par contre, je vis ses yeux s'écarquiller devant ma colère. Une pointe de rouge envahit ses joues. En temps normal, je trouvais que c'était mignon qu'un garçon rougisse. Mais ça ne prendrait pas sur moi à cet instant. J'avais bien trop de rancœur.

_ C'est pas bientôt fini le machisme à deux balles ! criai-je sur lui.

_ N…Naruto-chan ! s'exclama Hinata. Elle pleurait.

_ Quoi, c'est elle? Mais elle est moche !

Neji ne bougea pas. Pendant un temps il m'observa sans faire aucun geste. Il y avait comme une demande de pardon dans ses yeux. Comme pour tenter de réparer le mal qu'il m'avait. Mais trop tard, la messe avait été dite. Et je n'allais pas pardonner ces affronts. Encore moins ceux à l'encontre d'Hinata. Qu'il avait tenté de tuer. Ses yeux s'attardèrent sur ma tenue d'hôpital Celle-ci un peu transparente collait à ma peau couverte de sueur, moulait mes formes féminines. Et visiblement ça lui faisait de l'effet.

_ Tu penses que je ne vaux pas le coup en combat, soit.

_ Je n'ai jamais prétendu cela.

_ Non seulement tu méprises un bon nombre de gens autour de toi, mais plus encore les femmes.

_ Naruto-san, veilles à ne pas t'immiscer dans une affaire qui ne concerne que le clan Hyuuga. C'est mon rôle en tant qu'ainé.

_ Le rôle de l'ainé est de protéger ses cadets ! Et toi, non seulement tu la rabaisse mais en plus tu veux la tuer !

_ Ce n'est pas à une orpheline insignifiante qui va me faire la morale !

_ Je ne sais pas quand, mais dès que je pourrai, je ne te raterais pas sale connard !

Mes cris attirèrent rapidement le personnel médical, qui demanda gracieusement à Neji de bien vouloir vider les lieux. Quelques heures plus tard, Hiashi Hyuuga parvint à me faire changer de chambre grâce à divers appuis politiques, afin que je ne sois plus à même de rencontrer Neji. Même, pour que je ne puisse pas non plus retourner voir sa fille si j'en avais envie, il s'arrangea pour faire accélérer mon traitement et mon passage en salle d'opération. En début d'après-midi, j'étais de nouveau sur mes pieds.

Je cherchais bien évidemment à faire tout ce qui était en mon possible pour retourner voir Hinata. Pénétrais donc dans l'hôpital par une porte de service et errai dans des couloirs où je m'égarais, une fleur et une boute de chocolats dans les mains pour paraître (un peu) moins bête. Malheureusement je ne contrevenais pas seulement à l'interdiction de remettre les pieds dans le centre de soins, mais également à celle de rester active trop longtemps : j'étais encore « convalescente ». Résultat, je terminais exténuée. Et tentai ma chance sur une chambre du couloir où je me trouvais. Je m'étais trompée. C'était la merde. Tant pis, je n'aurais qu'à être gentille et faire des gentillesses à un autre patient. Je n'avais pas la force de bouger du fauteuil dans lequel je m'étais installée.

Dans ma tête s'entrechoquaient les mots et les phrases de Neji, totalement en contradiction avec ses gestes. Mon envie de le frapper jusqu'à lui arracher ses excuses. Son attitude face à Hinata.

_ Qui est là ?fit une voix déformée par un masque respiratoire.

Je ne suis pas si la personne parlait. J'ignorais si c'était un homme ou une femme, un enfant, un adulte ou une personne âgée. D'ailleurs cela n'avait strictement aucune importance à mes yeux. Et j'étais là, avec ma boule dans la gorge.

_ Je dois dire que je ne sais même plus trop qui je suis. Ma vie a tellement changé depuis quelque temps… J'ai rencontré des tas de gens. Et trois m'ont blessé profondément.

Je soupirais. Mon interlocuteur ne répondit pas. J'entendais sa respiration rauque dans le masque. Je pris ce silence comme une invitation à continuer.

_ Ces trois… Sont des garçons. Et ça ne fais pas longtemps que je me sens vraiment comme une fille, ni comme un bon ninja d'ailleurs. (Je ris nerveusement.) Quand je pense à ce que je suis, j'ai l'impression qu'un dieu se penche sur mon destin, et rit un bon coup avant de s'éloigner. J'ai l'impression que depuis que j'ai changé aux yeux de tous, rien n'est plus pareil. Je pensais que ma vie de maintenant serait toujours mieux que ma vie d'avant. Mais j'avais tort. Je pensais que devenir plus forte aux yeux des autres pourrait me permettre de me hisser à leur niveau. Mais ces trois là… C'est comme si c'était aberrant à leurs yeux que je puisse leur tenir tête. L'un d'eux est un taré qui n'arrête pas de me suivre pour me tuer, l'autre me soule à force de vouloir me protéger de tous les malheurs de la terre entière, et le dernier est tellement traditionaliste que mon simple mode de vie le révulse. Et la seule justification plausible que je leur aie trouvée est que je suis une femme faible, une cible facile, qui ne devrait même pas tenter de se battre. Cette bande de machos !

_ Décris-moi ces trois garçons.

_ C'est marrant. C'est toi qui es allongé dans ce lit, et moi qui suis souffrante. Maintenant que tu m'y fais penser, je me rends compte qu'ils se ressemblent tous les trois par certains aspects. Ils ont tous les trois à cœur les règles traditionnelles, une sorte de droiture et d'excellence. Un je ne sais quoi de rigide et de froid. Comme des glaçons. Que j'aimerais faire fondre avec ma chaleur. Et puis ils sont tous un peu plus âgés que moi et plus grands en taille, avec la peau assez pâle et les cheveux lisses. Deux sont bruns. Ils ont aussi ce regard un peu froid et incisif, et une voix calme et rassurante. Enfin, je ne parle que de ceux qui sont à peu prêt humains, pas du psychopathe.

_ Je résume. Tu aimes être t'appuyer sur eux pour qu'ils te donnent confiance en toi. Mais tu ne veux pas qu'ils t'oppressent trop. Tu as peur d'être prisonnière d'eux, et pourtant tu aimerais les aider à se libérer d'eux-mêmes.

_ C'est… Exactement ce que je pensais ! Incroyable !

_ Mais t'es tu demandée si tu n'étais pas quelqu'un de trop facile à approcher. Et que ce serait cela le problème ? Que tu ais l'air trop avenante pour leur sembler crédible ? Qu'une fille tente de prendre un rôle important dans la société, j'ai moi-même du mal à l'accepter. Mais regardons la réalité en face, de plus en plus de femmes prennent une vocation militaire. Si jamais il ou elle tombait au combat, sa famille et ses amis seraient tristes. Peut-être qu'ils ne souhaitent pas te voir tomber au combat ? Peut-être qu'ils souhaitent t'éloigner d'eux parce qu'ils pourraient eux-mêmes être dangereux pour toi ? Mais qu'ils ne peuvent pas supporter de te voir aux côtés d'un autre. Va savoir ce qu'il se passe dans leur tête.

_ Cela semble logique, fis-je en répondant à toute vitesse. Enfin, c'est super compliqué dans ma tête ton truc. Je crois que j'ai pas tout capté… T'es vraiment très fort pour décoder les paroles et les sentiments des gens.

Je laissais échapper un bâillement. La personne perspicace de l'autre côté du rideau laissa échapper un rire. Je sursautais. L'eau de mes fleurs venait de me couler sur les genoux.

_ Pose-là sur l'appui de fenêtre, me conseilla la voix.

Je m'exécutais. Me rassis, déposai ma boite de chocolat sur mes genoux. Je me demandais qui se trouvait derrière le rideau. Si je reconnaîtrais cette personne. J'ouvris la boite et en présentais le contenu devant le rideau fermé.

_ Tu… en veux ?

J'hésitais. Si la personne disait oui, je pourrai peut-être voir son visage. L'inconnu rit.

_ Je porte un masque respiratoire et elle me propose des chocolats ! Impayable !

_ Oups, j'avais totalement zappé.

_ Mais je peux toujours en choisir un.

_ Mais à quoi va servir… ?

_ Fermes les yeux, Naruto.

Je fermais les yeux. J'entendis le bruit du rideau qui glisse sur sa tringle. Puis quelqu'un qui s'assoit sur le lit d'hôpital. La personne posa sa main sur mes yeux pour être certaine que je ne tricherais pas. Aux cals que je sentais sur cette main, et grâce à ses propos, je devinais qu'il s'agissait d'un shinobi. L'odeur du chocolat me monta aux narines tandis que ses doigts libres en choisissaient un parmi tous les autres. Puis quelque chose de doux se posa contre mes lèvres. Je les entrouvris, et il n'eut plus qu'à pousser la confiserie entre mes lèvres. Un jour quelqu'un a dit « La vie, c'est comme une boite de chocolats, on ne sait jamais sur lequel on va tomber. » Eh bien, si je devais les comparer à des chocolats, Sasuke serait de la praline, délicieux au goût mais écœurant de trop de sucre, en même temps protégé par une carapace de chocolat épaisse. Neji, lui, serait un chocolat décoré avec goût, tellement beau qu'on se veut de le manger, et dès que c'est fait, on se rend compte de la liqueur au café, amère qu'il y avait au milieu. Quant à Gaara, ce serait plutôt un chocolat farceur, l'odeur pouvait être appétissante, mais pas l'aspect, et on n'osait pas le croquer de peur de tomber sur un goût atroce, ou tout simplement une aiguille dissimulée dans la sucrerie.

Le chocolat que j'eau en bouche était rond, sans prises réelles, recouverte d'une fine couche de cacao amer en poudre. Je le laissais fondre un peu contre mon palais, et devinais une note sucrée, presque acidulée. C'était un arome riche et fort, tout en restant doux. Un arome qui fait voyager loin dans les saveurs, avant de revenir au cœur riche et fort du chocolat. Je finis par le croquer. Sans que je puisse m'en douter, au milieu de ce fondant, se trouvait une surprise : un morceau d'écorce d'orange confite. Douce, sucrée, amère, acide… Toutes les saveurs se mélangeaient dans ce tout petit morceau de fruit. D'ailleurs les écorces d'oranges confites faisaient partie de mes bonbons préférés. Ce chocolat, commençait comme quelque chose que l'on reconnaissait, avec ce petit goût de liberté. Il fallait ne passe laisser rebuter par l'amertume du cacao moulu en surface. Et en atteignant le cœur, on trouvait quelque chose à laquelle on ne s'attend pas du tout. Et qui était encore meilleure que le reste.

Deux doigts essuyèrent la poudre de chocolat sur mes lèvres. Je déglutis nerveusement. Gardais les yeux fermés. J'avais l'impression d'avoir partagé bien plus qu'un morceau de chocolat avec la personne derrière le rideau.

Le bruit de la tringle me ramena à la réalité. Je rouvris les yeux. Je me sentais gênée dans cette pièce. Gênée d'être si bien accueillie. Trop bien accueillie. Il fallait que je sorte. Maintenant !

_ Je suis désolée… Je ne peux pas rester.

Et je me précipitais dans le couloir. Oubliant mes chocolats dans la chambre, où ils avaient tous du tomber par terre. Oubliant que je m'étais déjà perdue dans ces couloirs blancs depuis le début de la journée. A force de zoner je retournais à l'accueil. Où je reconnus la tignasse grise en bataille de mon maître.

_ Kakashi-Sensei ! Pourquoi on m'a éliminé au tournoi ? J'avais gagné face à Kiba !

_ C'est le destin, Naruto. Il y a eu un repêchage car trop peu de candidats pour la finale avec deux matchs nuls et tous les blessés. Kiba a été choisi.

_ Ce n'est pas juste ! Moi aussi je voulais participer au tournoi.

_ Et devenir Chuunin ? Allons, Naruto…

_ Je sais que je ne suis pas encore prête pour cela. Que je manque de beaucoup de choses. Mais c'était important pour moi ! Et vous saviez que je me soignais vite !

_ Naruto, je n'étais pas là. Je ne peux rien changer aux décisions qui ont déjà été prises.

_ Sinon, qu'est-ce que tout le monde va faire pendant la préparation au tournoi. Si c'est un lieu d'affrontement qui fait intervenir nos futurs employeurs, cela veut dire qu'a part les demandes de missions faites avant le tournoi sont les seules valables, et qu'il n'y en aura pas d'autre avant la décision des seigneurs de guerre. Si je ne peux pas faire partie de ceux qu'on forme pour faire partie de l'élite, qu'est-ce que je vais faire ? Et Sakura ? Et tous ceux qui n'ont pas remporté les préliminaires ?

_ Pour te répondre, disons que ceux qui ne participent pas au tournoi vont devoir aider leurs camarades dans leurs phases d'entrainement, s'ils le souhaitent. Ou bien faire comme chaque fois qu'ils n'ont pas de mission : s'entrainer.

_ Pfff, c'est nul ! Mais vous allez m'entrainer alors !

_ J'ai fait le nécessaire pour que quelqu'un assure ta formation.

_ Quelle formation ? Et puis vous dites ça pour aller entrainer Sasuke !

_ Ne dis pas ça ! Je t'ai trouvé un professeur plus compétent que moi.

_ Ah oui, qui ça ?

_ Ebisu-Sensei.

Je me retournais et le vis. Le pervers camouflé ! Lui, meilleur que Kakashi ?

_ Euh… Je sais qu'on apprend de tous le monde mais… Quand même pas de lui ? Et puis la dernière fois, je l'ai battu à plate couture en utilisant le Harem no Jutsu…

L'homme tout de noir vêtu se jeta sur moi. Par derrière, il me fit une prise au cou pour me faire taire. Son bras gauche appuyait sur ma gorge, sa main assurant sa prise en s'accrochant à son avant bras droit.

_ Harem no Jutsu… ?

_ Non ! C'est un regrettable quiproquo… fit Ebisu en riant.

(Lâche-moi espèce de pervers !) me plaignis-je faiblement.

(Pitié, tais-toi… Je te donnerai tout ce que tu veux !)

(Tu peux y compter ! Vous allez encore faire des trucs de pervers !)

(Je suis un gentleman respectable !)

(Vous savez que je peux vous accuser de détournement de mineur sur ce coup là ? C'est pas votre bras sur mes seins qui va vous sauver la mise !)

(Je te l'ai déjà dit la dernière fois, cette technique indécente ne fonctionnera pas sur moi !)

(Ce n'est pas une technique, je SUIS une fille !)

Il me lâcha, et se contenta de poser sa main sur ma tête. Ses doigts tripotant mes cheveux sans aucune gêne. J'espérais qu'il s'était lavé les mains avant.

_ Ainsi donc vous vous connaissiez !

_ Oui, et nous étions destinés à nous rencontrer de toute façon !

_ Pourquoi c'est à lui que vous m'aviez confié, je ne veux pas de ce mec !

_ C'est pareil pour moi petit ! Tu crois que si maître Kakashi ne m'avais pas sollicité, tu crois que je t'aurais choisi ?

_ Ne vous emportez pas ! Naruto, de toute l'équipe sept, c'est toi qui a le plus grand potentiel. Ebisu-Sensei ne donne des cours particuliers qu'à l'élite. Depuis que tu as enfin décidé de te mettre à travailler correctement. Avant l'examen nous avons revu tes bases et je t'ai enseigné la modification de l'essence de ton chakra.

_ Euh… Et alors ?

_ Pourquoi à ton avis n'ais-je pas choisi Sasuke ou Sakura ?

_ J'ai pas envie d'être désobligeante envers mes coéquipiers ou envers vous si je dis franchement ce que je pense.

_ C'est exactement ce que tu viens de faire qui m'a amené à croire que je peux te confier aux bon soins d'Ebisu-Sensei. D'une part tu es capable de remettre en cause ce que tu sais sur les gens que tu connais et d'être fidèle aux ordres tout en sachant les interpréter. Ce qui signifie que tu es prête pour des missions plus complexes que je ne confierai jamais ni à Sasuke ni à Sakura. Le premier n'est pas encore assez bon au niveau de l'analyse et de la recherche d'informations, et Sakura est bien trop émotive. Ni l'un ni l'autre ne sont capable de mettre leurs émotions de côté pour le bien d'une mission.

_ Mais, et mon grade de Chuunin, alors ?

_ Chuunin signifie être capable de commander une unité et pouvoir mettre en place une stratégie efficace, commença Ebisu. Ce que je te propose va mettre tes propres capacités à rude épreuve. Et là où je te mène il ne te faudra croire en personne d'autre que toi-même. Naruto-Kun, as-tu déjà entendu parler de l'ANBU ?

C'est ainsi que je commençais mon entrainement pour faire partie de l'escouade personnelle attitrée à la protection de l'Hokage. C'est ainsi que je commençais chaque journée de ce mois-ci par une séance thé théorie dès le matin au réveil. Les sujets étaient variés, et tenaient souvent plus du débat entre moi et Ebisu-Sensei. Et ne voyant jamais ses yeux, je ne pouvais juger de l'impact de mes connaissances et de mes avis sur le sujet. Au bout d'une semaine, mon professeur décida que c'en était assez de la théorie, et que je possédais déjà les connaissances de base nécessaires à tout bon ANBU.

Si Ebisu-Sensei était une crème lorsqu'on venait à parler le matin (Il me sembla que le fait de venir squatter chez moi, se servir dans mes placards et me voir en pyjama devait concourir à cet effet), il devenait impitoyable dès que l'on attaquait le physique. Il n'était jamais assez content. Depuis que je ne parlais plus à Kyuubi, mon corps me semblait malaisé à mouvoir. Et j'avais d'autant plus de mal qu'il utilisait ma technique du Kage-Bunshin pour me faire acquérir de l'expérience bien plus vite. Je terminais mes journées complètement morte. Pendant que l'un s'entrainait à la couse à pied, l'autre frappait des troncs et des cibles mouvantes avec ses pieds, un autre travaillait mes abdominaux, un autre encore le contrôle du chakra (d'ailleurs c'était ce qui me faisait le plus défaut, j'étais même pire qu'avant selon les dires de mon professeur), un autre soulevait des poids, un autre encore faisait des exercices d'esquive. Et moi, le moi réel… Affrontait Ebisu-Sensei en combat singulier, et je me faisais rétamer à chaque fois. Toutes les heures, j'avais droit à une pause de dix minutes, pendant laquelle mes clones disparaissaient et me faisaient part de leur expérience, mais aussi de leur fatigue. Et tout recommençait jusqu'à ce que le soleil se couche à l'horizon.

Là, je revenais chez moi sur les rotules. Tout mon corps était écorché et coupé. Je n'avais pas un centimètre de peau qui ne soit blessé. Les gens dans la rue s'écartaient sur mon passage. Je ne prenais même plus le temps d'un Ramen instantané. Une simple boule de riz compacte et je m'allongeais sur mon lit en dormant. Et le pire dans tout ça, c'était que je me trouvais dans la mauvaise période u mois. Résultat, je perdais du sang de partout.

J'avais néanmoins de la chance. Pour notre santé à tous les deux, Ebisu-Sensei me laissait mes week-ends. Je ne pouvais que déplorer le fait que je passais le premier samedi à dormir chez moi. Le moindre de mes gestes me faisait affreusement mal. N'arrivant pas à dormir, je me rendis finalement à l'hôpital en fin de soirée pour me faire prescrire des antidouleurs. Le médecin en profita pour me faire passer une visite médicale. Apparemment Ebisu-Sensei avait demandé à ce qu'elle soit faite pour qu'on remette mon dossier ninja à jour : j'étais encore inscrite sous le nom d'Uzumaki Naruto. Tous les tests furent faits. Je m'aperçus que j'avais pris en poids à cause de mes muscles qui s'épaississaient. Mais aussi que j'étais sujette à des crises de croissance. Bientôt, je dépasserais en taille les garçons de ma génération. Enfin un sujet de satisfaction! On e fit passer aussi des tests gynécologiques, comme j'étais menstruée. Ce fut d'ailleurs très embarrassant. Sur les dossiers médicaux, on avait inscrit toute ma vie.

J'essayais de voir Sasuke ce jour là, histoire de le narguer un peu. Mais les infirmières m'apprirent qu'il avait disparu. Je tentais d'en apprendre un peu plus sur le patient que j'avais contacté dans la chambre 308. On m'apprit qu'elle n'avait pas été occupée depuis des lustres. Cette histoire était encore plus troublante. D'autant plus que son occupant, je m'en souvenais à présent, m'avait appelé par mon prénom, alors que je ne lui avais pas donné. M'observait-on à mon insu ?

Bref, suivant cette idée stupide de vouloir voir du beau monde, je continuais de chercher le brun. Sakura ne l'avait pas vu et était très inquiète. De même pour Ino. Mais je n'étais pas à cela près. Je finis néanmoins par le trouver du côté de la montagne des Kage, taillant des trous dans le roc grâce à une de ses techniques. Il était complètement crevé. Ayant amené avec moi de quoi me sustenter au cas où je tomberai dans les pommes, je me trouvais en présence d'une bouteille de soda sucré que j'engloutissais à la paille.

_ Yo, fit-il en me voyant.

Je m'assis sur le bord de la falaise, les pieds dans le vide, surplombant le village. Le soleil n'en finissait pas de se coucher, éclairant les nuages de lueurs glissant du vermeil au parme. C'était magnifique. Sasuke s'assit lourdement à mes côtés. Dans la fraicheur de la soirée, son flanc brûlant de sueur était le bienvenu. Il avisa la boisson que j'avais en main, alors que je sirotais quelques gorgées. La teneur en sucre était bien trop élevée, mais cela faisait fureur. Et en plus cela m'empêchait de tourner de l'œil, mon corps épuisé brûlant l'énergie à vitesse grand V.

_ Je peux, demanda-t-il.

J'acquiesçais et approchais le breuvage de sa bouche. Il prit quelques longues gorgées fraiches avant de soupirer un « merci ». J'aimais ces moments simples avec lui. Pas de combat, pas de chamailleries pour le commandement. Juste nous deux. Au bout d'un moment, je le vis dodeliner de la tête, avant que celle-ci ne retombe avec un bruit mat sur mon épaule. Je le secouai un peu pour le réveiller.

_ Ne dors pas ici, si tu tombes c'est la mort assurée.

_ Mais je suis bien ici… Tu es confortable… marmonna-t-il d'une voix ensommeillée.

_ Macho, lâchais-je en tournant le visage ailleurs,

Cette proximité entre nous me procurait à la fois un bien-être et une gêne, comme pour me dire que ce que je faisais était mal. Sasuke était à la fois mon grand frère protecteur et mon petit frère dont je devais m'occuper. En mon cœur, il n'y aurait jamais rien de plus que cela. Et ça me faisait mal, parce qu'en un sens ce n'était pas vrai. Sasuke et moi ne serions jamais frères et sœurs. Et son comportement vis-à-vis de moi était totalement différent de celui d'un frère. Bien trop possessif et jaloux.

_ Je croyais que tu ne voulais pas me pardonner, chuchota-t-il dans mon vêtement.

_ J'ai trouvé quelqu'un de plus détestable que toi pour le moment (dixit Neji). Il va être tard, je vais rentrer.

_ Je te raccompagne.

Il avait décidé de cela sans me demander mon avis. Et je ne pus le dissuader. Nous avons donc fait le retour à pied vers la ville. A un moment, je crus sentir la présence de ce psychopathe derrière nous. Mais ce ne devait-être que le vent. Sasuke m'apprit qu'ils allaient se battre l'un contre l'autre pendant le tournoi. J'espérais que Sasuke resterait en vie .Il paraissait que Lee était tellement mal en point qu'il ne pourrait plus jamais être ninja. Lorsque j'arrivais devant ma porte, Sasuke dit quelque chose de très désarçonnant :

_ Je ne vais pas me contenter d'un baiser indirect.

Ses yeux fixaient la paille avec laquelle nous avions tous les deux bu le soda. Je rougis. Loin de moi cette idée lorsque j'avais proposé au garçon de se restaurer après une dure journée d'entrainement. Les bras de Sasuke se posèrent sur mes épaules, et il joignit ses mains derrière ma nuque. Quelque chose en moi refusait de bouger. Pour une obscure raison, je ne voulais pas arrêter la course de ses lèvres vers les miennes. C'était totalement irrationnel. Je n'eus pas le temps de lui demander d'arrêter. Sa bouche se colla sur la mienne. Et je trouvais cela immédiatement désagréable : comme d'ordinaire il était affreusement possessif envers moi. Et franchement me faire baver dessus par un mec, je n'imaginais pas cela en tant que premier baiser. Ses dents agaçaient mes lèvres qui demeuraient closes, et il tentait de forcer le passage. A un moment, ses mains se plaquèrent sur mes joues, et il profita du moment où je respirais pour engouffrer sa langue dans ma bouche. C'était dégueulasse, et visqueux. Il avait les yeux fermés. Et il embrassait comme un pied. Je sentais un filet de salive goutter de mon menton pour s'enfouir dans mon cou. Je n'étais plus partagée entre l'envie de connaître l'émoi du premier baiser et celle de rejeter le brun. Tout ce que je voulais c'était qu'il se barre. Et mon genou remonta vivement dans son entrejambe. Il me lâcha immédiatement et tomba sur le sol. Gémissant de douleur. Je refermais ma porte sans un regard pour lui.

Chez moi, m'attendait déjà Ebisu-Sensei. Il avait un petit sourire méprisant aux lèvres. Pour sûr qu'il avait tout entendu. Dégoûtée par ce qui venait de se passer, j'allais immédiatement me rincer la bouche. Dans l'entrée, Sasuke tambourinait à la porte avec colère. J'avais envie de le tuer.

_ Naruto, fit le professeur d'élite, je pensais que le temps viendrait bien plus tard pour ce genre de leçons, mais il semblerait que tu sois sujette à l'attirance des garçons. C'est en soi une arme pour une kunoïchi, très utile, mais une arme à double tranchant. Pour certaines missions, il te faudra refaire ce que tu viens de vivre, et même plus, et ce de manière convaincante.

_ J'aurais droit au coup de pied à la fin ?

_ Si ton partenaire se trouve être un masochiste, cela se peut. Mais revenons au sujet qui fâche. Il va falloir que tu perdes ta virginité.

_ Qu… quoi !

_ D'ailleurs ce cas de figure est envisagé depuis le début pour tous les ninjas de sexe féminin. Chaque ninja a un parrain dans la même promotion qu'elle. Celui-ci est au courant dès sa confirmation en tant que ninja. Dans ton cas, comme ta féminité ne s'est révélée que depuis peu, la personne ne l'a appris qu'assez récemment. Nous avons donc mis en place un système pour apprendre l'acte sexuel, en autodidacte, disons. Cela permet également de renforcer les liens entre les aspirants du même village et de conserver les forces vives au sein de Konoha.

_ Vous êtes au courant que je suis encore une enfant ? Et qu'on ne devrait pas parler de ce genre de choses vous et moi ?

_ Hélas, moi aussi cela m'ennuie d'aborder le sujet, mais il semblerait que cette tâche soit pressante. Attends-toi à être mise en contact avec lui d'ici peu. Ah ! Je dois te mettre en garde : tu ne dois révéler à personne qui te parraine, et ne jamais le laisser deviner. Tu ne dois pas non plus engager une relation autre que sexuelle voire amicale avec cette personne. Est-ce clair ?

_ Totalement clair.

C'était encore pire que ce que je pensais ! Alors parmi les autres équipes, il y aurait quelqu'un avec qui je devrai coucher. Et l'idée me terrifiait. Alors qu'Ebisu disparaissait après les super nouvelles qu'il venait de m'annoncer, je me décidais pour une marche dans la nuit. Peut-être que cela me calmerait. Je ne tentais même pas de connaître l'identité de mon parrain. Cela me ferait plus de mal que de bien et pourrait ruiner mes relations avec mes amis.

Dans la fraicheur de la nuit, je courus de toits en toits. Tentant d'oublier la scène survenue avec Uchiha Sasuke. Combien de personnes avaient été témoin de cette scène ? J'allais avoir encore plus d'ennuis désormais. Dans la lueur de la lune ronde, une silhouette se discernait au loin. Un garçon avec une gourde énorme sur le dos. De ma distance, je vis son sable s'abattre sur le toit en contrebas. Que venait-il de se passer ? Ce taré avait encore frappé. Soudain, je vis sa silhouette au loin se tourner vers moi. Avant de foncer dans ma direction en chevauchant du sable.

Je me dissimulais vite derrière une cheminée du toit. Il se mit à poursuivre le clone que je laissais à sa vue. Je n'avais pas tellement de chakra disponible. Il faudrait que je le sème rapidement. Et croiser les doigts pour qu'il ne sache pas où j'habitais. Je retins ma respiration. Il était tout près de moi. Il lévita juste en face. Je lui lançais un coup de pied. N'étant pas assez rapide pour lui, il le bloqua.

_ Tu es cette fille…

Il avait sa voix froide de quand je l'avais rencontré la première fois. Quand il avait vu mon coup de pied en direction de son coéquipier. Il était calme, contrairement à la fois où il avait voulu me tuer au niveau de la rivière. Ici c'était pareil, esseulée et isolée, je faisais une proie facile. Qu'il ne pouvait rater.

_ Cette fille qui se baigne nue dans la rivière…

_ Hé, je portais un maillot et un short, un peu de respect, protestais-je.

_ Pourquoi c'est si chaud ?

_ Hein ? (Mais qu'est-ce qu'il me veut, il ne me tue pas et il me pose des questions étranges.)

_ Elle est toujours affamée à la pleine lune. Maman veut toujours du sang délicieux, et le tien l'est. Alors pourquoi est-ce que je n'ai pas envie de te tuer ?

_ Je… Je ne sais pas ! Est-ce que je peux partir maintenant ? En vie ?

_ Pourquoi est-ce que j'ai chaud quand je te vois ? Pourquoi j'ai envie de te voir sans te tuer ?

_ Qui est tu ? Qui est « maman » ?éludais-je ses questions.

_ Qu'est-ce que la colère ? Qu'est-ce que la jalousie ?

_ Mais laisse-moi partir à la fin ? Pourquoi j'ai l'intime sensation que ce n'est pas à moi que tu t'adresses ?

_ Tu es amoureuse de Sasuke Uchiha ?

_ Putain mais non ! Qu'est-ce que vous avez tous avec ça ?

_ Et qu'est ce que ça veut dire quand un garçon met sa bouche sur celle d'une fille ?

_ Quoi ! T'étais là aussi ? Quand il m'embrassait ?

_ Qu'est-ce que ça veut dire ?

_ C'est censé dire « Je t'aime » à l'autre personne.

La prise du sable de Gaara autour de mon pied me plaqua contre la cheminée derrière moi. Le sable remontait jusque dans mes vêtements, profitant du moindre espace, me compressant à petit feu. Il s'arrêta juste à temps.

_ Pour battre Sasuke Uchiha, je dois tout comprendre de ses actions. Personne ne m'aime et je n'aime personne. En quoi l'amour est-il important pour son entrainement ?

J'avais de plus en plus de mal à respirer, j'allais peut-être tourner de l'œil s'il continuait à me serrer comme ça.

_ Qu'est-ce que tu es, son porte bonheur ? Si je fais le « bouche contre bouche » comme lui avec toi, tu me porteras chance aussi.

_ Quoi que je décide, soufflais-je, tu vas me tuer.

_ Oui.

La décision qui tomba de ses lèvres était sans appel. Je retins quelques larmes. Je ne voulais pas mourir ici. Pas comme ça. Une idée conne me vint en tête.

_ Sasuke m'a obligé à l'embrasser. Mais en me forçant, il ne s'est attiré que de la malchance.

_ Le coup de pied ne me fait pas peur. Le destin non plus.

_ Mais euh… Si tu me tues, ça ne marchera pas non plus…

_ Mais je cesserai d'avoir chaud quand je te vois. D'avoir chaud ici (il posa sa main au niveau de son cœur).

Et je compris. Ce garçon était comme moi. Kyuubi me l'avait bien dit, Gaara était lui aussi le réceptacle d'un démon. Mais n'avais jamais eu la chance d'avoir un seul ami de toute son existence. Son cœur était brisé à un tel point que je ne pouvais le supporter. Il était peut-être encore en vie, mais il n'existait plus. Je me surpris à pleurer pour lui. Des larmes tombèrent sur le sable. Il desserra son étreinte.

_ De l'eau tombe de ses yeux… Elle pleure. Tu pleures. On pleure quand on a mal. Tu as mal ?

_ J'ai mal pour toi, murmurais-je. De n'avoir jamais été aimé de ta vie. Quel gâchis.

Sans savoir pourquoi, je saisis sa tête et le serrai contre moi toujours en pleurant. Certainement abasourdi, il ne répondit pas. Il ne m'attaqua pas. Il se contenta de rester là, sans bouger. Je sentis le rythme de son cœur s'accélérer. Il était ému. Pour la première fois depuis longtemps, quelqu'un osait le tenir dans ses bras.

_ C'est chaud, fit-il d'une voix de petit garçon.

Soudain il se mit à crier. D'une voix rauque, animale. Ce revirement me choqua tellement que je me souvins qu'il s'agissait d'un ennemi. Je pris mes distances immédiatement. Il se recroquevillait, tenait sa tête. Lorsque son regard cyan se posa sur moi, ses yeux étaient injectés de sang. Il était sous l'emprise de sa folie habituelle. Avant même de voir son mouvement, je m'enfuis en courant.

Je tambourinais à la porte d'Iruka-Sensei. J'avais trop peur de dormir seule chez moi ce soir. Il y eut un mouvement de flottement entre nous lorsqu'il m'ouvrit. Avant de me laisser enter. Mes yeux étaient rouges et j'avais pleuré. Alors il me berça doucement comme un père rassurant son enfant. Jusqu'à ce que je m'endorme, sereine.



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