Fiction: Secret

Je m'appelle Naruto. Et j'ai décidé que je deviendrais Hokage. Pour voir jaillir l'admiration de la haine et du mépris ambiant. Seulement les héros sont toujours des garçons. Et je ne suis qu'une toute petite fille qui sert de prison à un démon. Alors j'ai créé Uzumaki Naruto, le pitre qui ferait des miracles à partir de ses piètres capacités. Sauf que ce secret est lourd à porter.
Classé: -12D | Action/Aventure / Humour / Romance | Mots: 181918 | Comments: 13 | Favs: 17
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Narsha (Féminin), le 29/04/2013
Cette fiction est déjà publiée sur Fanfiction.net, je ne fais que la reporter ici. Si vous êtes impatients de lire la suite, vous latrouverez sans aucun mal.



Chapitre 3: Namikaze Naruto



Le lendemain matin, j'étais de nouveau dans mon costume habituel. Et nous étions toujours en train d'attendre Kakashi-Sensei ! Comment faisait-il pour nous communiquer des lieux et dates de rendez-vous pour y parvenir lui-même en retard plus tard ? C'était sur ce sujet récurrent que Sakura et moi étions en train de brailler… Je trouvais de plus en plus glauque d'avoir à me forcer pour faire croire que j'avais quelque intérêt dans cette fille ? Heureusement que Sasuke était du type silencieux. Je n'aurais pas aimé à parler de cette façon avec lui. Tout ce qu'il aimait était sans doute à l'opposé de ce que moi j'aimais.

_ Salut ! fit Kakashi, soudainement perché en haut du pont, nous surplombant depuis son perchoir !

_ Vous êtes en retard, beugla la rose.

_ Vous devriez vous excuser ! surenchéris-je.

_ Bah… De toute façon je vous ai inscrit à l'examen Chuunin. Voilà vos formulaires.

_ QUOI !

_ Kakashi-Sensei je vous adore, fit le Baka que je jouais en lui sautant dessus. (Enfin, je dis ça, j'en étais autant ravie que lui)

_ Hé arrêtes, lâche moi, fit ma cible, surprise.

Une fois que je le laissais aller, nous nous replaçâmes tous les trois face à lui.

_ Ceci n'est qu'une inscription. Il ne tient qu'à vous de passer l'examen ou non. Ceux qui souhaitent participer doivent rendre ce formulaire signé au bureau 301 à 16 heures la semaine prochaine.

Il nous laissa le reste de la journée sur ces mots. Notre lieu de rendez-vous se situant hors de la ville, nous nous mimes tous trois en route vers chez nous par la même route. Ah, l'examen Chuunin. Enfin on reconnaîtrait ma valeur si j'étais capable de devenir Chuunin ! Quoi que, la concurrence risquait d'être rude. Il risquait d'avoir beaucoup de types assez forts… Comme ce type peinturluré… Ou encore son frère Gaara… Ou encore… Mon regard passa au-delà de Sakura et se fixa sur son voisin de droite. Et dire que je devais faire tout cela en ayant l'air idiot ! Mais si je gagne, je serai plus proche du titre d'Hokage ! Papy Sandaime verrait que c'est l'heure de prendre sa retraite à mon profit et là…

Et là je serai obligée de révéler à tout le monde que je suis une fille… Damned.

C'est alors que je vis Sakura et Sasuke s'arrêter pour me barrer ma route.

_ Il faut qu'on parle Naruto, déclara gravement Sakura. Nous avons eu une discussion avec Sensei.

Sasuke émit un « mpf » des plus expressifs. Il semblait (pour une fois) d'accord avec Sakura. A moins qu'il ne veuille dire autre chose. Dans le genre… J'ai faim. Oui, avec lui, ça pouvait aussi signifier qu'il avait faim. Je ne comprenais rien à ce type. En plus je m'en foutais royalement.

_ Il faut assumer ta féminité !

_ Euh…

_ Si ton rêve est de devenir la première femme Hokage, c'est d'accord, mais il faut d'abord que tu sois une femme ! A quoi ça te sert de jouer tout le temps les idiots ?

_ Mais je me sens si faible ! En tant que fille !

Sasuke n'avait pas parlé de toute la conversation.

_ L'examen Chuunin sera la première appréciation officielle qu'on aura de toi. Et je subodore que nous serons en équipe, enchaina la rose.

_ Et… Et alors ?

_ Et alors il faut que tu sois la meilleure possible ! Si tu fais encore le Baka, nous n'arriverons à rien. C'est pour quoi je te prie de venir comme Kunoichi.

_ Je refuse. Uzumaki Naruto est le rôle de ma vie. Je serai et je resterais cette personne.

_ Tu n'es qu'une égoïste Naruto ! cria-t-elle. Toujours en train de brailler à propos de rêves stupides ! Et si tu veux à ce point nous pénaliser eh bien je te pénaliserai aussi.

Elle me remit son formulaire qu'elle n'avait pas rempli entre les mains.

_ Il n'y aura que la vraie Naruto qui me fera des excuses et qui s'acceptera elle-même qui pourra me faire changer d'avis. Je préfère bien attendre encore six mois pour le prochain examen que d'avoir à le passer avec une personne qui se fout de notre travail d'équipe !

Elle partit furieuse en me tournant le dos. Je restais sans voix devant cet éclat de colère. Elle avait raison. A trop jouer les idiots j'allais le devenir moi-même. Mais le coup de grâce ne m'avait pas encore été asséné. Sasuke attendit que Sakura soit hors de portée d'oreille. Puis il me fit signe de s'approcher de lui. En quête de quelque mot de consolation, je m'approchais de lui avec espoir. Après tout il n'était que mon rival et mon pire ennemi. Et au vu de quelques péripéties, je savais qu'il pouvait se montrer moins froid que…

D'un geste furtif, les fiches dans mes mains se retrouvèrent dans les siennes. Il les plia et les glissa dans la poche arrière de son pantalon.

_ Viens les chercher, Tsundere !

_ Arrête de m'appeler comme ça ! Je déteste les surnoms débiles !

_ J'ai vu le coup de pied que tu voulais lancer à ce type, que tu as dévié en quelques secondes en percevant ma pierre. Je crois que tu es capable de venir les chercher. L'Usuratonkachi ne pourrait même pas m'effleurer.

_ Hé je te rappelle que je t'ai sauvé la vie ! Tu pourrais m'être un peu plus reconnaissant !

_ C'est bien pour cela que je décide de ce qui est bien pour toi ! Je ne t'aurais pas aidé si nous n'avions pas été dans la même équipe.

_ Très bien, je m'en fiche. Ils auront bien des formulaires en rab. Ou alors je trouverais une meilleure équipe, puisqu'aucun de vous ne souhaite être chuunin. Après tout, nul besoin d'avoir des diplômes pour pouvoir tuer quelqu'un… Même son propre frère.

Je voulais lui faire du mal. Je voulais qu'il s'énerve si jamais je me mettais à mentionner son frère. Je voyais ses poings se serrer. S'il me frappait maintenant, c'était une victoire pour moi, et il ne souhaitait certainement pas cela. A la place, il eut un de ses micros sourires qui lui donnent un air supérieur. Que je détestais cette expression faciale.

_ Monsieur Sasuke n'es pas de ce bas monde, évidemment. Il se croit trop bien pour avoir à passer de simples tests.

_ En tous cas il vaut certainement bien mieux qu'une demoiselle qui pense qu'elle peut passer sa vie à se croire trop forte pour utiliser pleinement ses capacités.

Touchée, bonne répartie. En plein dans le mille. Et il me laissa en plan sur ce pont. Comme je pouvais détester sa manière de prendre congé ! De quitter les gens en ne leur offrant que son dos à maudire. Il se contenait d'un bras droit levé en l'air comme salut. Et il croyait que c'était suffisant ? Ce chien arrogant ! Je le… Mais il avait raison. J'étais non seulement trop sure de moi, mais aussi la raison de notre mauvais travail d'équipe. Je devais me rendre à l'évidence, il fallait tôt où tard mettre l'enfance dans un placard et la laisser aller.

Ce fut comme si je voyais partir un frère pour toujours. Regarder Uzumaki Naruto, la majeure partie de ma vie s'enfuir au loin. Ils avaient tous raison. Je ne pouvais continuer ainsi.

_ Adieu, Uzumaki Naruto… murmurais-je au vent.

_ Namikaze, fit la voix de Kakashi derrière moi.

_ Quoi ? fis-je en me retournant vers lui.

_ Le nom de ton père est Namikaze. Je pense qu'aujourd'hui tu as droit à une récompense pour la leçon que tu viens de recevoir.

_ Namikaze Naruto… Je trouve que ça sonne bien.

_ Bienvenue dans l'équipe 7.

Je le regardais, ne comprenant pas ce qu'il voulait dire. Pourquoi me souhaiter la bienvenue dans ma propre équipe ? J'y étais déjà. Et puis, il n'avait absolument pas été aussi proche de moi la première fois que nous nous étions rencontrés… A vrai dire il n'avait rencontré qu'Uzumaki Naruto, comme les autres. Alors que la rencontre avec Namikaze Naruto datait de peu de temps auparavant. D'il y avait environs deux jours, après que mes ennuis féminins aient commencé.

_ Viens, me dit-il. Nous avons de nombreuses choses à faire pour préparer ton entrée à l'examen Chuunin. Notamment observer tes capacités physiques et les améliorer. Au moyen de ceci.

Il sortit une feuille de papier de sa poche. Je la regardais sans comprendre. Ce n'était qu'une bête feuille de papier. Blanche. Carrée. Assez fine sans laisser passer la lumière. Du papier, quoi. Il y en avait des tonnes partout. Que voulait-il que je fasse ? Me donner des cours de dessin ? Me faire faire des Shurikens en origami ? Mon air dubitatif et empli de soupçon à l'encontre des capacités pédagogiques de ce morceau de papier le fit soupirer.

_ Il va falloir que j'apprenne à connaître un tout nouveau Naruto…

_ Faisons comme si j'étais seulement un peu plus réceptive que le Baka d'avant.

_ Ce n'est pas si simple, tout dans la voix, et l'attitude sont différent. De lui, je ne retrouve qu'un certain manque de tenue. Et tu utilises toujours les pronoms masculins à l'oral.

_ Ah tiens, je n'avais pas fait attention.

_ Quoi qu'il en soit, ce papier n'est pas un papier ordinaire.

_ Mis à part qu'il semble l'être en tout points.

_ Tu n'étais pas si ironique avant. Mais je dois reconnaître que tu ne me laisses toujours pas terminer mon explication. Au moins je te sens plus posée lorsque tu parles. Ce papier sert à connaître la nature de ton chakra.

_ Hein ? Ah, le Chatora !

_ Certaines lacunes n'étaient donc pas volontaires…

_ Quoi ?

_ C'est sans importance. Tout ce que tu as à faire c'est de faire passer ton Chakra dans ce papier. Tu as appris à le concentrer dans tes pieds pour grimper aux arbres. L'exercice ici est le même.

_ Ah bon… Juste un autre exercice débile pour faire bouger le Chatora de mon corps. Sensei, quand est-ce que vous m'apprenez un super technique que je botte les fesses de Sasuke !

_ J'aurais pensé que cette rivalité était inhérente à ton rôle de garçon.

_ Je déteste ce type imbu de lui-même. Qu'est ce que vous allez m'apprendre ! Dites Kakashi-Sensei ? Un truc avec lequel je pourrais surpasser Sasuke en tous points, pas vrai ? Vive le Chatora !

_ Chakra ! me corrigea-t-il encore une fois.

_ Ha ? Aucune différence, je peux l'appeler comme je veux. C'est le mélange produit par l'association de mon énergie physique et de mon énergie spirituelle.

_ Bon, tu le prends ce papier oui ou non ?

_ Et vous m'apprenez une technique, ne Kakashi-Sensei !

_ Oui, oui…

Il me fourra le papier dans les mains. Je le regardais de plus près. Kakashi-Sensei avait parfaitement vu que je pouvais utiliser mon Chatora… non Chakra pour grimper aux arbres. Quel intérêt avais-je donc à faire passer mon énergie dans ce morceau de papier ? Mais je m'y essayais. Fis le vide dans mon esprit et ramenais mes mains devant moi. Poings fermés, je retenais la feuille entre mes index et mes majeurs. Les paupières closes, je sentis le flot d'énergie se diriger vers mes mains, plus précisément par le bout de mes doigts. Et je sursautais, surprise lorsque l'évènement arriva.

En un instant, le papier s'était à la fois humecté et coupé en deux, pile entre mes deux mains jointes. Je fixais la surface blanche qui adhérait maintenant à mes mains et secouais pour les faire partir. Qu'est-ce que cela voulait dire ? J'avais créé de l'eau et j'avais su couper une feuille avec ma seule énergie intérieure. Mais alors j'étais un génie !

_ Yataa ! Je suis trop forte ! m'écriais-je en signe de victoire. Sasuke n'es certainement pas capable de faire ce que je fais !

_ En effet, fit Kakashi. Il ne semble affilié qu'au feu, alors que tu peux contrôler le vent et l'eau à la fois.

_ Trop cool ! Mange toi ça Sasuke !

_ Hé là, pas d'empressement. Il maîtrise déjà son élément, alors que toi non. Et nous n'avons qu'une semaine restante avant l'examen. Et tant de choses à faire.

_ Je suis trop forte ! Je pourrais devenir Hokage en un rien de temps !

_ Calmes toi Naruto ! Toujours sans aucune patience. Et tu ne m'écoutes pas !

_ Ah, je m'aime ! Sasuke et ses petits feux peuvent bien aller se faire voir !

_ Naruto… Je te signale juste que le Sandaime Hokage sait maîtriser un ensemble de techniques des cinq éléments, alors que tu n'en es qu'à la découverte de tes capacités…

_ Ah vraiment ? fis-je avec un grand sourire gêné.

_ C'est pourquoi je vais t'apprendre quelques techniques. Mais pour le moment, nous devrons nous concentrer sur une affinité par manque de temps.

_ Waaaa ! Et je pourrais faire les mêmes techniques que Zabuza et Haku ! Trop classe ! On s'y met tout de suite ?

_ Non, avant tout, il faut que tu apprennes à changer la nature de ton Chakra.

_ Hein ? Je ne comprends rien de ce que vous dites Kakashi-Sensei.

Il soupira et passa une main dans ses cheveux gris. Il devait bien se douter que je n'étais pas une lumière ! En tant qu'Uzumaki Naruto, je n'avais pas étudié des masses, et de nombreuses lacunes subsistaient. J'étais parfaitement consciente que le talent inné ne remplace pas le travail régulier. En ce sens être ce Baka me plaisait. J'aimais beaucoup ne rien avoir à faire.

Mais n'était-ce pas contradictoire ? Vouloir surpasser Sasuke de toutes mes forces, sans avoir rien à faire, ni avoir travaillé pour parvenir à ce résultat…

_ Et là je n'ai plus qu'à espérer que tu tiens du génie de tes parents…

_ Qu'est-ce que vous dites ?

_ Je disais que tu devais choisir entre le contrôle du Suiton et du Fuuton.

_ Le… Quoi ?

_ Pour faire simple…

Il sortit un parchemin d'une des poches de sa veste de Chuunin. Ah comme il serait pratique ensuite de porter un tel vêtement… Pratique et confortable, et à la fois porteur de tant de pouvoir. Cela me rappelait la fois où j'avais désiré porter le bandeau protecteur d'Iruka-Sensei. Et qu'il avait refusé. Enfin, je devais convenir que c'était bien le sien que je portais sur mon front. En effet, celui-ci m'avait été donné à la défaite de Mizuki-Sensei face à ma technique des Kage Bunshin. Je me rappelais du travail que j'avais fourni ce jour là. Seul dans la forêt, le rouleau des techniques interdites posé sur un de mes genoux.

Un geste de Kakashi-Sensei me rappela à la réalité. Je regardais ce qu'il me montrait. Sur la feuille, cinq signes stylisés représentaient les cinq éléments : l'eau, l'air, le feu, la terre et la foudre. Jusque là, pas de problèmes. Ils formaient un pentagone que Kakashi transforma rapidement en cercle de quelques flèches à sens unique qui allaient d'un élément à l'autre. Ensuite, sur la surface extérieure du cercle, il nota des noms que je ne comprenais pas.

Il désigna le feu.

_ C'est le Katon, l'élément de Feu. C'est cet élément qu'utilise Sasuke lorsqu'il effectue un Ninjutsu. Il est plus fort que le Fuuton, l'élément de vent. Bien entendu, il peut être utile de combiner les deux.

_ Que voulez-vous dire ?

_ Si tu attaques Sasuke avec une attaque de type Fuuton, et qu'il réplique avec une attaque de type Katon, sa technique battrait la tienne. C'est comme lorsqu'un coup de vent souffle sur un feu de camp. Les flammes deviennent plus grandes. Et tu finirais brûlé.

_ Mais on se set bien de notre souffle pour attiser le feu et le nourrir.

_ C'est pour cela qu'utilisés ensembles, le Fuuton peut renforcer une attaque Katon.

_ Mais le Fuuton, c'est fort contre quoi ?

_ Contre le Raiton, la maîtrise de la foudre. Te rappelles-tu de l'attaque que j'aie utilisée contre Zabuza et Haku ?

_ A vrai dire, certaines parties du combat me restent un peu floues, comme si je les avait vues dans un rêve…

_ Le Chakra du Kyuubi, murmura le Jounin pour lui-même.

_ Quoi ?

_ Rien d'important. Tu vois, si tu choisis le Fuuton, tu seras faible contre le Katon, mais fort contre le Raiton.

_ Et qu'en est-il de l'eau ? Ne, ne, Kakashi-Sensei ?

_ Le Suiton ? Eh bien c'est faible contre le Doton, la maîtrise de la terre, mais fort contre le Katon…

_ Avec ça je peux surpasser les techniques de Sasuke ! Je pourrais être super méga forte de cette manière !

_ Oui, mais je te rappelle que vous travaillez en équipe… Le Fuuton serait plus approprié si…

_ Ah non ! Il récolterait encore tous les lauriers ! Alors qu'avec le Suiton, je pourrais faire des choses incroyables ! Je veux apprendre le Suiton !

_ D'accord, d'accord, Naruto. Calmes toi… De toute manière, je n'aurais pas pu beaucoup t'aider avec la maîtrise du Fuuton parce que….

_ Et vous Kakashi-Sensei, vous maîtrisez quel type de technique ? Dites-moi, dites moi !

_ Commence déjà par travailler, on verra après.

_ Yosha ! Je vais vous montrer mes super capacités !

Il sembla que le talent fut plutôt au rendez-vous. Après m'avoir fait travailler pendant un temps sur la localisation de mon chakra dans mon corps, Kakashi-Sensei m'ordonna de tenter de remplir mes paumes avec de l'eau, alors que nous nous trouvions pour nous entrainer dans une clairière bien loin de la rivière. L'épreuve semblait impossible. Après plusieurs essais infructueux, où je ne pus que constater à quel point mes paumes brillaient quand j'y injectais mon Chakra, je sentis les forces dans mon corps s'amenuiser peu à peu. Je gâchais ma réserve d'énergie pour rien. Assis sur une souche plus loin, Sensei lisait son livre favori en riant bêtement quelquefois. Il rougit lorsque je lui demandais de quoi ça parlait. Et il avait l'air gêné. Un truc de pervers, je me disais bien. Si ça se trouvait, il portait son masque pour cacher ses saignements de nez chaque fois qu'il lisait un passage cochon. De plus en plus déçue par rapport à la qualité de mon corps enseignant, je décidais d'abandonner. Après tout, je n'avais pas besoin de cela pour remporter mon examen de passage Chuunin, si ?

Comme le soleil était monté à son zénith, je compris que l'heure du repas de midi avait sonné. Revigorée à l'idée de changer un peu d'air, je décidais d'aller prendre une pause et de trouver mon bonheur en ville. En avant pour un bol de Ramen ! Kakashi-Sensei ne fit même pas attention à mon départ. Et me voilà en train de retraverser la forêt. Au fur et à mesure du chemin, je laissais mes traits redevenir ceux du Baka, quelles que soient mes expressions. C'était, je le pensais, la meilleure chose à faire.

J'eus bien raison. Il semblait que ce fou de Gaara rodait encore quelque part dans les bois. S'il me vit il ne me sauta pas dessus. Après tout, je n'avais plus l'air d'une jeune fille isolée.

Arrivée chez Ichiraku, je me rendis compte qu'ils venaient tout juste d'ouvrir. Le délai d'attente pour le service serait donc plus long que ce que je pensais. Pour tromper le temps qui passais, je me saisis d'un bol vide et le fis tourner entre mes mains. J'entendais le bruit du bouillon qui chauffait dans un des récipients derrière le comptoir. En quelque sorte, c'était de l'eau. Me parvint de dehors le bruit de l'eau qui commençait à tomber. En cette journée d'été, il se mettait à pleuvoir sans prévenir. Quelle poisse ! J'entendis quelqu'un touiller le liquide. Il ruisselait de temps en temps de la louche. Le bruit es bâtes brusquement rincées à l'eau froide après leur cuisson. Près de mes doigts de la vapeur se condensait dans le bol que je faisais tourner. Je le posais devant moi tout en le tripotant. Oui, l'eau avait de nombreuses formes et de nombreux bruits. Comme moi, l'eau était polymorphe, elle prenait la place qu'on lui attribuait, elle prenait la place du contenant. Uzumaki Naruto était contenu dans Namikaze Naruto. Même en l'ayant laissé partir, il restait une partie de moi que je manipulais à volonté. Je ne me débarrasserai jamais de lui quelle que soit la manière dont je voulais m'y prendre.

_ Hé, Naruto, fit Ayame, la fille du propriétaire.

_ Quoi, fis-je en ouvrait les yeux.

_ Je ne pourrai pas remplir plus ton bol si tu y as déjà mis de l'eau. Et puis, tu pouvais demander un verre…

Incrédule, je regardais le récipient. J'y déposais les doigts. C'était bien de l'eau. Claire et limpide. Fraiche. Et qui n'était pas là quelques instants auparavant. Incroyable. J'avais enfin réussi ce que j'avais tenté e faire pendant toute la matinée. J'étais douée. Des applaudissements retentirent derrière moi. Je me retournais. Appuyé nonchalamment contre la devanture, Kakashi-Sensei m'adressait un signe de tête satisfait.

_ Tu as fait beaucoup de progrès Naruto. Je n'imaginais pas que tu serais aussi douée.

_ J'ai réussi !

_ Mangez pendant que c'est chaud, tous les deux, fit le gérant du restaurant.

_ Ittadakimasu ! fis-je en me jetant sur mon repas, une paire de baguettes à la main.

_ Ta réussite doit tenir au fait que tu as été en contact avec des manipulateurs de Suiton récemment, cela doit tenir à cela.

Le reste de la journée s'écoula sans encombre. A partir du moment où j'avais réussi à créer du chakra Suiton, bien que ce soit une coïncidence, Kakashi m'appris à le manipuler, à créer des contenants si l'on peut dire. J'appris donc quelques techniques fort utiles pour une débutante comme moi. Je sentais une reconnaissance dans la manière qu'avait Kakashi de me traiter. Il semblait se reconnaître dans mon génie précoce. Après tout, n'avait-il pas été Chuunin à six ans, et Jounin à treize ans ? Tout ce retard que j'avais accumulé semblait se résorber de lui-même en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. A vrai dire, je pense que j'en savais plus que je ne voulais me l'avouer.

Il me laissa enfin lorsque le week-end vint. Je n'avais pas revu mes coéquipiers depuis ce rendez-vous fatidique. Et il était temps de me rabibocher avec eux. Le plus facile d'abord, décidais-je. Allons voir Sakura-Chan. Mais d'abord, il faudrait peut-être que je trouve un moyen pour qu'elle accepte de lui parler. Avant que je n'aie le temps de savoir ce que mes pieds faisaient, je me retrouvais devant sa maison. Un samedi matin. Et tombais sur elle, alors qu'elle sortait de chez elle. Je savais qu'elle m'avait vu. Elle m'entendit quand je l'appelais, mais ne me répondit pas. C'est alors que je tentais le tout pour le tout.

_ Est-ce que tu veux bien m'aider à ressembler à une fille ? criais-je en pleine rue.

Quelques passants se retournèrent sur nous. J'étais là, vêtue de tongs, et d'une tenue que je jugeais banale, bien que trop masculine. Les poings serrés le long de mes cuisses et le visage crispé, je fixais le sol, attendant que la sentence tombe. Je l'entendis s'arrêter de marcher à mes mots. Faire demi-tour. Je vis ses pieds chaussés de souliers vernis s'arrêter juste devant les miens. Avec un effort, je relevais la tête.

_ Bien sûr, Naru-chan, me répondit-elle avec naturel, comme elle aurait répondu à s meilleure amie venue pour lui demander pour une journée de shopping.

Elle me souriait comme jamais je ne l'aurais vu sourire en tant qu'idiot. J'en fus toute surprise. Ça faisait bizarre, et en même temps chaud au cœur ? C'était bien la première amie que je me faisais. Je n'avais jamais considéré cette possibilité, que les camarades avec qui je travaillais puissent être des amis. Je réfléchis quelques instants. Cette sortie « entre filles » avait de quoi être réjouissante ! Quoi que… Je n'avais que peu d'argent confié par l'Hokage. Il me restait sinon toutes les économies que j'avais faites grâce à mes missions. Bien que stupides, je devais avouer que j'avais accumulé un sacré pactole. La sensation de ma grenouille rebondie grâce aux pièces était réjouissante.

A ce moment, là, je n'avais absolument pas pensé que Sakura aurait eu l'intention de me tendre un tel piège.

Après quelques achats et une nouvelle coupe de cheveux, je devais avouer qu'il ne restait pas grand-chose du Naruto d'avant. J'étais différente. Et cela se sentait. D'abord j'avais troqué mes chaussures bleues par des bottes qui montaient aux genoux. Elles laissaient respirer mes pieds en s'ouvrait sur le devant. Leur talon quoi que bas m'incommodait un peu, je n'étais pas habituée à marcher avec. Et puis ça faisait un bruit à chaque pas, un claquement dur sur les pavés. J'avais voulu négocier pour un pantalon, et Sakura souhaitait une jupe comme la sienne. J'avais finalement cédé sur le short orange. Tout autour de ma cuisse gauche, les bandes de tissus blanc s'enroulaient afin de laisser une prise à ma poche de kunais et de shurikens. J'avais ensuite voulu quelque chose d'aussi simple pour le haut, comme un T-shirt, mais là encore, nous avions eu une discussion musclée. Qui s'était terminée par l'achat d'un haut sans manches noir et orange. La version avec un col comme mon ancien costume n'existait pas. Pour compléter le tout, j'avais rajouté des mitaines montantes noires, parce que ça faisait classe et que ça protégeait bien mes avant bras.

Je passais un moment devant une glace du magasin. Sakura était partie régler mes achats, et j'avais promis de la rembourser. J'hésitais encore à rajouter une ceinture au niveau de la taille et m'en faire un fourreau dorsal. Pour la première fois de ma vie, je me sentais incroyablement féminine, tout en portant une tenue fortement pratique et adaptée au sport. Je pris la pose, et fis prendre une moue charmeuse avec mon reflet. L'entrainement que j'avais grâce à ma Sexy Meta rendait la mimique potable. Peut-être qu'en gonflant la poitrine et en sortant un peu les fesses… Et si j'ouvrais un peu la fermeture éclair pour faire un décolleté ? L'idée me vint de ne plus attacher mon manteau sur mon front comme à mon habitude, mais autour du cou. Oui, c'était parfait. Je…

Je venais d'apercevoir la frêle silhouette d'Hinata dans le miroir de pied. Elle se tenait un peu en retrait de moi. Forçant un sourire, je me retournais pour lui dire bonjour. Avant de me rendre compte qu'elle n'était pas seule. A ses côté se tenaient tous les condisciples de mon âge, tous ceux avec qui j'avais passé mon enfance. Mais là n'était pas le pire. Ce qu'il y avait de pire c'était leurs yeux. Et les murmures gênés voire agressifs qu'ils avaient en me regardant. La cabine d'essayage derrière moi coupait ma retraite. Le sourire que j'avais disparut peu à peu de mon visage.

_ N… Naruto-Kun, murmura Hinata de sa voix douce. T.. tu es une f... fille ?

Je me sentais glacée. Dans cette configuration, tout ce à quoi je pensais était ma peur panique lorsque tous ceux que je côtoyais me méprisaient à cause de leur éducation et des préjugés de leurs parents. Shikamaru avait perdu son regard ennuyé ou endormi que je lui connaissais. Il semblait même teinté de répulsion. Ino partit d'un rire théâtral en me désignant du doigt. Hinata détournait les yeux. Je crois qu'elle pleurait derrière ses mains. Choji en avait lâché son paquet de chips et Akamaru avait profité de l'aubaine. Kiba était railleur. Et Shino… Je ne savais même pas ce qu'il pensait. Au milieu de tous ces regards me mettant en porte-à-faux, celui de Sakura brillait d'une lueur de défi. Sasuke était absent de ce charmant tableau.

Je ne m'en tirerais pas uniquement avec des excuses finalement. Elle souhaitait vraiment que je m'accepte comme j'étais réellement aux yeux de tout le monde. Mais cela requerrait une force que je n'avais pas. Pourquoi croyait-elle que je m'étais caché derrière l'écran protecteur que me fournissait Uzumaki Naruto ? Je sentis mes jambes trembler. Bientôt elles ne me portèrent plus. Ma poitrine ne se soulevait pas assez vite. J'avais la nausée.

_ Hé ! cria une voix inconnue, une gamine fait de l'hyperventilation ! Appelez quelqu'un, vite !

Tout devint noir après cette phrase. Lorsque je me sentis revenir à moi, je tentais la moquette contre ma joue, un peu rêche. Humide aussi par mon propre souffle. Près de moi des gens continuaient de parler. C'était décidé, cette journée ferait partie des pires de ma vie.

_ Naruto nous a menti ! s'énervait Kiba.

Pourquoi se sentait-il si concerné, nous n'étions même pas amis. Je me relevais sans bruits. Quelqu'un m'aperçut et cria mon nom. Je ne pris même pas la peine de le regarder ou de reconnaître qui c'était. La foule s'écarta sur mon passage. Les murmures étaient toujours là. J'entendis Iruka-Sensei m'appeler. Je ne répondis pas. Au quoi bon ?

Quelqu'un me sauta dessus et me serra contre sa poitrine. Je reconnus les mèches roses. Sakura.

_ Je suis désolée, Naruto, je ne pensais pas que ça irait si loin ! Mais tu comprends, je voulais être sûre que…

_ Je croyais que les excuses n'étaient pas assez pour réparer les torts qu'on fait aux autres, lançais-je si sèchement qu'elle me lâcha et recula d'un pas.

_ Naru-chan ? fit-elle d'une toute petite voix.

Je la toisais, de la colère dans mes yeux.

_ Tu pensais vraiment que m'exposer était la meilleure chose à faire ? sifflais-je menaçante. Ma vie était très bien sans que j'aie à me dévoiler ainsi.

_ Et tu pensais qu'attendre plus longtemps aurait rendu les choses plus faciles ? répondit-elle.

Je savais qu'elle avait raison. Je savais que j'étais en tort. Mais j'avais mal.

_ De toute manière ça ne changera rien. Être une fille ou un garçon ne changera pas ma vie. Elle ne fera ni revenir mes parents ni ne changera l'opinion que les gens ont de moi.

Un silence de mort plana à ces mots. J'étais on ne peut plus déprimée. C'est alors que quelqu'un se mit à parler.

_ En fait… Je pense qu'une personne qui a le courage de dévoiler ce qu'il pense aux autres est admirable, dit Shikamaru dans ce silence glauque.

_ Je parie que tu dis ça parce que Naruto est plus mignonne que moi, c'est ça, piailla Ino de colère.

_ (Bruit de mastication) tu viens de te vendre Ino (Déglutition de Choji)

_ Mais… Mais non !

_ Qu'est ce que ça change, c'est toujours le même Naruto. Remarque, ça expliquait son odeur de fille, fit pensivement Kiba.

_ Parce que tu savais !? grogna Ino à son encontre.

_ Bah bien sûr, pas vrai Akamaru ?

_ Ouaf !

_ J… J'ai toujours pen… pensé que N… Naruto était une personne f… formidable.

_ Ce qui compte c'est la personne à l'intérieur, pas à quoi elle ressemble ! s'écria sakura.

_ ... marmonna Shino qui… devait lui aussi me dire un compliment pour se faire pardonner. Quoi qu'il ait pu dire de désagréable avant.

La sensation d'avoir tout perdu en un instant se retira de mon corps. Quelque chose… Quelque chose de chaud bouillonnait dans mon ventre. Et pour la première fois de ma vie, j'adressais le plus rayonnant des sourires à tous mes coéquipiers et camarades de l'Académie.

Et comme si rien de tout cela n'avait jamais eu lieu, je me positionnais dans la file d'attente des caisses, les articles que j'avais achetés pendant sur mon bras. Je grimaçais alors un peu à la vue du prix demandé, mais ne me plaignis pas plus. J'avais fait mes choix, je les assumais pleinement. Le vendeur m'adressa un regard circonspect. Je crois que c'est lui qui avait parlé de prévenir une autorité supérieure pour mon malaise précédent. Ha ! Il aurait l'air bien con quand le ninja se pointerait pour s'assurer de la bonne santé de la « gamine qui fait de l'hyperventilation ».

Un sourire espiègle resta accroché à mes lèvres pendant tout le reste de ma sortie avec Sakura. Mes camarades avaient cru bon de s'éclipser. Je me doutais bien que la nouvelle de mon changement physique allait faire le tour de la ville en moins de temps qu'il ne faudrait le dire. De toute façon après ce que j'avais crié à Sakura dans la rue, ma réputation en avait pris un certain coup. Bah, de toute façon j'en avais pas une super, déjà, donc ça ne m'importait que peu.

_ Naru-chan, maintenant que tout es réglé, me lança la rose. Tu peux me rendre mon formulaire d'inscription ?

J'eus un moment de blanc. Evidemment qu'elle allait me demander cela. Elle me l'avait promis sur ce pont quelques jours auparavant. Lorsque que Namikaze Naruto se serait excusée sincèrement auprès d'elle, Sakura consentirait à participer à l'examen Chuunin. Sauf que… Je n'avais même pas mon propre formulaire ! Ce Sasuke…. Il allait me le payer !

_ Ton… Ton formulaire ?

_ Oui, Naruto.

_ Ben, c'est que… C'est pas comme si je l'avais perdu, tu comprends. Haha !

_ Narutoooooo, lança-t-elle menaçante.

_ C'est Sasuke qui les a. C'est pas ma faute steuplé me frappe pas ! débitais-je à toute allure.

_ Alors je peux les lui demander de ta part ? fit elle, des étoiles dans les yeux.

_ Ben… Je suppose… que tu peux… ( j'étais déroutée par les changements d'humeur de cette fille)

_ Super ! J'y vais tout de suite. Sasuke-kuuuuun, attends moiiiiiii ! cria-t-elle en courant dans la rue.

_ Elle n'a aucune chance de le retrouver de cette manière, jugeais-je.

_ Surtout en courant dans la direction opposée où je me trouve, fit la voix dudit brun derrière moi.

Je fis un énorme bond en avant. Il m'avait surpris. Je savais que quelqu'un se trouvait à quelques pas derrière nous, mais dans Konoha, je ne craignais pas de me faire attaquer. Même ce fou aux cheveux rouges qui avait voulu me sacrifier à sa « maman » n'aurait pas osé. Je ne m'étais pas méfiée. Mais je n'aurais pas pensé qu'il m'aurait… nous aurait suivi (pourquoi est-ce que je pense que c'est moi qu'il suit ? Aucune idée, il n'aurait aucun intérêt à cela). Ma réaction sembla l'amuser, pour autant que je me sois améliorée au décodage de ses moues.

_ Tu as toujours un goût aussi douteux en ce qui concerne les habits, par contre, lança-t-il pour m'énerver.

_ Monsieur se sent d'humeur badine ? répliquais-je. Il est rare de t'entendre dire plus de trois mots.

_ Tu as décidé de t'habiller pour Halloween ? Franchement, noir et orange…

_ Je ne te savais pas styliste à tes heures perdues, Sasuke-Kun.

_ Je ne veux pas d'une citrouille ambulante à mes côtés.

_ Oui, ça te ferais presque paraître joyeux dans ta tenue de deuil habituelle.

_ Au moins que mon équipe ressemble à quelque chose.

_ Et depuis quand, c'est ton équipe ? (Houlà, il commence à me chauffer lui…)

_ Depuis que je suis le meilleur de nous trois. (Non mais il me cherche vraiment là)

_ Le meilleur, vraiment ? Prouve-le. Tu n'es pas cap. Si je gagne, tu devras nous rendre les fiches d'inscription. Personnellement. Surtout pour Sakura. (Héhé, ça lui fera les pieds, il aura l'air ridicule).

_ Comme si je voulais faire ça ! fit-il en comprenant mes insinuations vis-à-vis de notre collante coéquipière.

_ De toute manière tu devras nous rendre ces fiches. Mais ça ne signifie pas que j'ai la volonté de perdre notre combat pour autant.

_ Qui a dit que je parlais d'un combat lorsque je te proposais de récupérer ces papiers ? Tu n'en vaux pas la peine. Bien sûr que je vais rendre ces papiers, après que j'aie vue ta détermination auprès de Sakura et de Kakashi. Ton travail d'équipe n'en sera que meilleur.

_ Hé, c'est ton attitude hautaine qui gène ce travail d'équipe !

_ Si je ne devais pas adapter mon niveau pour permettre à deux boulets de me suivre…

_ T'es toujours aussi énervant, Uchiha de mes deux !

_ Tu peux donner le sien à Sakura. Je n'ai aucune envie de te faire rire à mes dépends.

_ Reviens ici tout de suite, Teme ! Viens te battre ! fis-je à la silhouette qui s'éloignais.

Et il avait encore ma fiche d'inscription à l'examen Chuunin. Moi j'avais celui au nom de Sakura. En maugréant et en soupirant intérieurement, je marchais à grands pas dans les rues de la ville. Je savais vaguement où habitait la jeune fille, mais de là à savoir précisément… Je commençais par déposer mes achats vestimentaires dans ma chambre, avant de redescendre les escaliers quatre à quatre. Autour de moi, les gens ouvraient de grands yeux. Je m'affirmais, oui. Mais le prix à payer n'en était que plus gênant. Je me demandais si je ne préférais pas quand ils me détestaient et m'ignoraient. Un froid glacial m'envahit à cette pensée. Non, je ne voulais pas retourner à cette époque honnie. Je préférais nettement mieux leur malaise et leurs rires par rapport à moi que leur incompréhension et leur dégoût.

J'arrivais enfin devant la maison des Haruno. Je frappais alors doucement à la porte. Une femme m'ouvrit. Je vis immédiatement de qui ma coéquipière tenait sa couleur de cheveux.

_ Sakura ! Une de tes amies est venue te voir.

_ J'arrive maman !

Tandis que l'écho des pas de la rose de faisaient entendre dans l'escalier, je sentis la morsure de la jalousie dans mon cœur. Je retins quelques larmes brûlantes. Elle au moins avait une mère qui pouvait lui préparer des goûters, la serrer dans ses bras. Elle avait aussi un père. Et lorsqu'elle m'entraina dans sa chambre elle commença à déblatérer sur le fait qu'elle avait toujours ses parents sur le dos. Peu à peu, le sourire que j'affichais s'effaça.

Je lui tendis la feuille et déclarais d'un ton froid :

_ C'est ta fiche. On se voit demain pour l'examen.

_ Naru-chan ! Qu'est-ce qu'il y a ? fit-elle sur un ton surpris.

Je ne répondis pas. Ouvris la fenêtre d'un ton brusque et m'échappais par là. Derrière-moi, je l'entendis encore proférer une ineptie de plus.

_ Cette fille a des humeurs changeantes, c'est incroyable.

Je courus de toits en toits. Ça me fit du bien. Arrivé au dessus de l'appartement que j'habitais, j'inspirai un grand coup. Plusieurs fois. Entrepris de me vider l'esprit. De ne plus penser à cette fille. Sakura me tapait sur les nerfs à un point que je pouvais difficilement m'empêcher de la frapper.

Une question me restait en tête. Tous mes camarades de classe qui avant me connaissaient sous l'apparence d'Uzumaki Naruto m'avaient acceptée sans broncher. Sur le moment, je n'avais ressenti que de la joie. Mais avec le recul… Je réfléchissais, et je me disais qu'il y avait quelque chose de pas logique dans ces évènements. Aussi peu logiques que la proximité soudaine de Sasuke.

Sakura je pouvais comprendre. Au travers des missions nous nous étions rapprochées. Mais ce rapprochement là n'expliquait pas en lui-même l'attitude de Sasuke. Pour Kakashi… Je pensais qu'il se souvenait de mon père à travers moi. D'ailleurs je devais savoir quelles relations il avait entretenues avec celui-ci. Mais le cas de Sasuke me préoccupait. Mais ne pensons pas à ce genre de choses.

J'avais temps libre pour la soirée. Et Kakashi avait visiblement terminé notre entrainement. Demain, je le savais, se tiendrait la première épreuve de l'examen Chuunin. Le temps que tous les participants arrivent, je supposais.

_ Tant pis pour la fiche, il sera bien obligé de me la rendre le dernier jour !

Pour cette fin d'après-midi, j'avais envie d'un petit plaisir. Un moment de détente. D'ailleurs j'en avais bien besoin après mon entrainement intensif. J'étais toute courbaturée, et le moindre étirement me faisait souffrir le martyr. Pour ce soir, je n'avais aucune envie de croiser mon désagréable coéquipier. Et puis pourquoi ne pas me fondre dans la foule ? Namikaze Naruto avait tous les droits. Elle allait faire ce qu'elle voudrait.

Je jetais un coup d'œil à ma grenouille. Encore assez rebondie après mes achats vestimentaires et autres.

Mue par cette envie de changement, je retirais du tas de vêtements la mignonne robe jaune que Sakura avait réussi à me faire acheter. J'avais envie de la porter. Comme ça. Sur un coup de tête. «Elle ira bien avec tes cheveux », m'avait-elle dit en me la tendant. J'ôtais mon bandeau protecteur et enfilais les tissus. C'était doux sous mes doigts. Plus doux que du coton. Elle glissait sur mes courbes féminines comme taillée pour moi. La coupe d'une simplicité trompeuse cachait des poches le long de la taille. En plus elle avait une large ceinture noire ornée de broderies dorées. Pour l'occasion j'enfilais des bottes et une écharpe noires parce qu'il ne faisait pas si chaud que ça dehors. Et pris pour la première fois un sac à main assorti. Juste une pochette que je pouvais tenir en bandoulière.

L'épreuve la plus problématique fut celle du khôl, et du maquillage. Mes premiers essais infructueux me permirent d'obtenir un résultat potable après plusieurs lavages de la figure : léger rose sur les lèvres, mascara noir et crayon gris léger pour souligner mes yeux. Je n'avais guère besoin de plus. Et je devais avouer que le résultat me bluffait. Je m'aimais. Pour la première fois en treize ans d'existence, j'étais capable d'aimer mon reflet.

Je me fis un clin d'œil et un petit baiser charmeur. Il ne restait plus que les cheveux… Qui étaient un désastre. Quoi qu'un peu long pour un garçon, ils étaient décidément trop en bataille et indisciplinés pour une fille. Je les laisserais pousser, mais pour le moment, un tour chez le coiffeur était plus qu'indiqué.

A présent je saurais que les coiffeurs sont des charlatans, vu que c'est la première fois que j'y allais. Enfin, je ne critique pas la performance. Je ne dis pas non plus que ma remarque s'applique à tous les coiffeurs. En tout cas pour quelques centimètres de cheveux coupés, un shampoing, un soin et des barrettes, je n'avais pas à payer ce prix là !

Pour me calmer les idées, je m'installais tranquillement sur un banc en haut d'un immeuble de la ville. Un léger toit me protégeait du soleil. Depuis l'ombre, j'observais la lente révolution des nuages blancs dans le ciel azuréen. Ce spectacle m'arracha un sourire. J'entendis des pas à côtés et deux voix mâles que je connaissais. La présence de Shikamaru et Choji m'arracha un sourire. Notre existence de trouble-fêtes dans la classe d'Iruka-Sensei nous avait rapprochés. J'en étais presque venu à nous considérer comme des amis. Est-ce que ma féminité contrariait cela ?

Ils s'installèrent à côté de moi, partageant en silence ma rêverie entamée. Shikamaru, étendant ses longues jambes devant lui, et croisant les bras derrière sa nuque. Sa moue ennuyée était toujours la même. A coté, son meilleur ami rondouillard croquait quelques chips et autres amuses gueules sortis d'un sac pastique blanc.

_ T'en veux ? fit-il hésitant dans ma direction, son bras passant par-dessus son camarade.

_ Hun, lâcha l'autre moqueur. C'est une fille, tu sais très bien comment elles sont avec la nourriture qu'elles ne considèrent pas comme « saine ».

_ Tais-toi et mange, répondis-je en enfournant ma main dans le paquet.

Comme il était au milieu de nous trois, le paquet échoua entre les cuisses du brun. En silence, nous continuions à regarder les cieux nébuleux. De temps en temps, le paquet frémissait lorsque l'un de nous se servait. A un moment, ma main se trouva dans la poche de plastique au même moment que celles des deux garçons. Comme je ne regardais pas, je ne sus discerner lequel des deux continua à se servir comme je le faisais, et lequel des deux avait retiré ses doigts précipitamment.

Finalement je demandais :

_ Ça vous gêne ? (je marquais une pause avant de préciser) Que je sois une fille ?

Mes yeux se détournèrent du ciel avant de retourner sur eux. Ils ne dirent rien. Et je ne sus interpréter si c'était un oui ou un non. En tout cas ils affichaient tous les deux une grimace mi-figue-mi-raisin. La bouche de Shikamaru se tordait vers le bas et les yeux de Choji me fuyaient.

_ En tout cas, j'aimerais que nous restions amis, leur déclarais-je. Comme avant ! Même si… Je sais que je ne suis pas exactement le Naruto que je vous avais fait connaître. Et que… Dans un sens… Je tenais à m'excuser de vous avoir menti tout ce temps.

Je n'osais pas affronter leur réponse et pris mes jambes à mon cou. Ils ne me rattrapèrent ni ne me rappelèrent. Arrivée sur la grande rue je laissais retomber la tension. Il avait été idiot de m'asseoir là, alors que je savais pertinemment que c'était le lieu de détente favori de ces deux là. J'optais pour un quartier plus commerçant de la ville où je me rendais peu. En tout cas, je faisais partie de cette foule comme une personne normale, et non plus considérée en paria. Mon pied buta sur quelque chose. Un caillou certainement. Non, un dé ! Suivant le destin, je comptais les boutiques devant moi et m'arrêtais à la cinquième, comme le résultat de mon lancer.

Je m'installais en terrasse de la maison de thé ainsi indiquée et commandais des dango et un thé vert. Les tables étant assez grandes, je me retrouvais ainsi en diagonale d'un ninja particulièrement silencieux. Il me jeta un coup d'œil que je lui rendis sans crainte. Il n'avait pas l'air très sympathique, même s'il était plaisant physiquement. La peau diaphane, les yeux pâles, tous ses traits altiers contrastaient avec la noirceur de ses cheveux longs. Son attitude un peu distante et hautaine me rappela Sasuke, et je faillis grimacer. Avant de constater que son aspect physique me rappelait la timide et douce Hinata. Ma moue grimaçante ne vit pas le jour. Par contre, je souris à l'inconnu. Si ça se trouvait, il était aussi gentil et doux que ma camarade de classe qui rougissait toujours à l'approche d'Uzumaki Naruto.

Je replongeais mon regard vers mon thé qui fumait à côté de moi. Dedans, je vis le reflet du plafond peint se déformer légèrement sous mon souffle. Au moment où j'y portais les lèvres, j'y vis distinctement la silhouette de Sasuke entré dans la boutique qui s'approchait de moi. Le dos raidi, je l'ignorais superbement et me contentais de boire. Tout autour de nous quelques midinettes jetaient des regards énamourés aux éphèbes bruns. Sasuke s'assit sans aucune gène à mon côté, faisant face au Hyuuga. Je mordis avec rage dans une sucrerie, manquant de mâcher la pique de bois aussi.

Ils ne s'adressèrent pas la parole, se contentant de se jauger du regard. Une fois fini, j'allais payer au comptoir. Je sortis mon porte monnaie de ma poche et déposais le compte rond. Acceptais une serviette chaude pour m'essuyer les mains. Remerciais la tenancière. Soudain, je scrutais autour de moi. Où avais-je pu mettre mon sac ? Je revins à ma place. Les lèvres de Sasuke frémirent en un micro sourire, et il me tendit l'objet cherché. En un même mouvement, il me le remit à l'épaule et me saisit par le poignet.

_ Viens on s'en va.

Ce fut sous des regards débordants d'hostilité que je quittais les lieux, la main serrée par un Sasuke plutôt satisfait de lui. Je n'hésitais pas à faire une scène devant la boutique, dégageant ma main d'une torsion brusque du poignet.

_ C'est une de tes manies de venir me pourrir mes moments de plaisir. Déjà tout à l'heure avec Sakura… A croire que tu me suis partout !

Il se pencha à mon oreille. Je l'entendis murmurer :

_ Mais n'étais-tu pas celle qui avait réclamé que je te rende ta feuille personnellement ?

_ Ghh… fis-je en ravalant une tirade haineuse.

_ Tu vois, tu n'es pas si différente des autres filles, Naruto. Un seul mot de moi et tu accours comme un chien vers son maître.

La remarque me fit l'effet d'une gifle. Et sous la colère, mon poing partit de lui-même vers le plexus solaire de mon coéquipier. Je le vis mettre une main devant comme une garde. Mais je m'arrêtais avant.

_ Au moins les filles ne gâchent pas le travail d'équipe en se prenant pour le meilleur.

Je le laissais ruminer ma sentence et tournais les talons. Du coin de l'œil, je vis le Hyuuga qui nous regardait, visiblement intrigué par nous deux. Peu de temps après moi, j'entendis les pas de Sasuke se calquer sur les miens. Je le devinais qui me suivait. Une dizaine de mètres plus loin. Les mains dans les poches, un air inexpressif sur le visage. Je serrais les dents. Et continuais de marcher. Il finirait par se lasser. Au bout d'une heure le soleil déclinait à l'horizon. Et dans le quartier résidentiel de Konoha, les fenêtres des familles s'étaient fermées.

C'est alors que je le sentis. Kyuubi se manifesta d'abord par un mal de ventre. Comme si ma peau me démangeait furieusement. Comme si elle brûlait. Puis un frisson me parcourut l'échine lorsque je vis son regard sur moi qui étais dans la foule. Son regard cyan et impénétrable. Le regard de ce fou aux cheveux rouges et aux yeux cernés de noir. Il m'avait désigné comme une victime potentielle. Et comme dans la forêt, j'étais presque seule. Comme il lui serait facile de m'enlever pour m'isoler dans un coin tranquille… La peur me paralysait totalement.

Tout à coup la tension chuta. Et pour la première fois de ma vie, je remerciais Sasuke pour être aussi bon en filature, et aussi tenace. Enfin, mentalement, les remerciements.

_ Viens je te ramène chez toi.

Il ne rajouta pas de « mademoiselle trouillarde ». Gaara était parti, et visiblement j'avais été la seule à le voir. Je ne savais pas ce qui l'avait retenu d'agir contre moi. Je m'en fichais. J'avais besoin d'une bonne nuit de sommeil avant le grand jour. Escortée par mister Uchiha jusqu'au pas de ma porte, je reçus finalement de ses mains ma fiche d'inscription qu'il avait pliée dans sa poche. JE ne l'invitais pas à rentrer chez moi. De toute façon il s'y invitait tout seul quand il voulait. Moi qui n'avais pas de verrou, je devrais songer à en installer un.

Juste avant de partir, il eut un moment d'hésitation. Me regarda dans les yeux. Je ne comprenais pas ce qu'il me voulait. Ils étaient brillants ses yeux. C'est marrant comme ils peuvent scintiller autant en étant si sombres. Puis finalement, il lâcha un sobre « Bonne nuit ». Il ne bougea pas, lorsque je refermai la porte sur moi. Tout ce que j'entendis fut un coup de poing dans le mur à côté du chambranle. Quelque chose le contrariait. Et ce n'était pas pour me déplaire. Peut-être que j'aurais dû lui dire bonne nuit aussi. Bah, de toute façon on s'en fiche. Alors je note, Nom : Namikaze, Prénom : Naruto…



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