Fiction: Secret

Je m'appelle Naruto. Et j'ai décidé que je deviendrais Hokage. Pour voir jaillir l'admiration de la haine et du mépris ambiant. Seulement les héros sont toujours des garçons. Et je ne suis qu'une toute petite fille qui sert de prison à un démon. Alors j'ai créé Uzumaki Naruto, le pitre qui ferait des miracles à partir de ses piètres capacités. Sauf que ce secret est lourd à porter.
Classé: -12D | Action/Aventure / Humour / Romance | Mots: 181918 | Comments: 13 | Favs: 17
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Narsha (Féminin), le 09/05/2013
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Chapitre 20: Mutual respect



Je ne savais pas vraiment comment réagir. Oui, l'attention était touchante, je n'avais rien à redire quant à ses actions. En soi, préparer un petit déjeuner, c'est gentil. Et puis, se réveiller à l'odeur des tartines grillées et de thé soigneusement préparé à son intention, rien de plus agréable. Alors pourquoi est-ce que je me sentais insatisfaite ? Non, pas vraiment insatisfaite, agacée était le mot. Pour deux raisons à vrai dire. La première, j'en prenais l'entière satisfaction : oui hier soir, prise d'une bonne volonté qui ne m'était pas coutumière, j'avais invité un garçon à rester dormir chez moi. Parce qu'il était tenace au point de faire le pied de grue devant ma porte. Le même garçon dont l'obstination m'avait littéralement effrayée/énervée au point de lui claquer la porte au nez.

Bref, je n'étais pas une hôte des plus aimables ce matin là. J'avais veillé tard afin de trouver une réponse à tous ces tracas amoureux, sans succès. Et me voilà en train de m'y embourber de plus en plus.

Dans ma tête, les mots prononcés par deux génies se faisaient une cruelle bataille. J'entendais la voix froide et austère d'Uchiha Itachi se jouer avec aisance des piques fainéantes de Shikamaru. A croire qu'ils se trouvaient de chaque côté de la partie de shôgi entamée dans ma tête, chacun me demandant comment j'allais réorganiser le plateau de jeu avant qu'ils ne continuent leur partie. Et dans tout ça se mélangeait ma propre résolution et les moqueries de Kyuubi.

'Naruto, est-ce que tu crois que ce que tu fais est raisonnable ?' demandait la voix de Shikamaru.

Mais je n'en sais rien ! Je suis complètement perdue et j'ai la tête à l'envers à force de tous ces revirements de situation. Je ne savais pas que ma soudaine révélation allait entrainer tant de complications, impliquant notamment des bagarres en pleine rue pour ma petite personne. Je subissais au quotidien un harcèlement moral de deux membres des clans possédant les Dôjutsu existant. Sans compter ce mystérieux « parrain » qui n'était mentionné nulle part officiellement, et qui pouvait très bien être l'un des deux glaçons tentant de rentrer dans mes faveurs par des mots doux.

A ce sujet j'en étais encore à me demander quel avait été le larcin dudit garçon mystérieux.

'Je te mets en garde, Namikaze Naruto. T'engager sur cette voie n'offre pas de retours et t'obligera à des choix terribles. Et personnellement, je crains que tu n'aie pas la force que requiert ce chemin.' répondait Itachi.

Cette remarque abondait dans le sens de Shikamaru. Cependant le frère de Sasuke avait bien plus d'éléments en main pour comprendre la situation dans laquelle je me trouvais. Il était conscient que j'étais la seule personne à ce jour capable de sortir Sasuke de ses ténèbres. Il suffisait que je fasse un pas en avant et que je lui tende la main. Et tout serait fini. C'était ce que je devais faire. Et j'étais presque certaine que les autorités du village appuieraient d'un bon œil cette option. Lier l'héritière du quatrième Hokage au dernier des Uchiha encore présents dans le village leur semblerait une issue profitable autant politiquement que militairement.

Ce que je devrais faire. Et non pas ce que je voudrais faire.

Alors que voulais-je au final ? Ramener Sasuke à la lumière était un des buts que je m'étais fixé dans la vie. Et j'en avais la capacité, puisque j'avais déjà éclairé le chemin d'autres personnes aussi perdues que lui : Gaara, Neji… Quoi que ce dernier j'étais quel que peu sceptique mais j'étais en train de m'égarer. Et tous deux avaient été sauvés… D'accord, par un baiser ! Ça faisait cliché.

Peut être qu'Itachi était dans le vrai. Je n'avais sans doute pas la force que requerrait le chemin sur lequel je m'aventurais. Je manquais d'une force mentale. Sauf que la voie que je choisirai aurait des répercussions sur l'ensemble de ma vie, à savoir m'engager avec Sasuke ou non. Ce n'était pas quelque chose que je pouvais prendre à la légère. Je devinais que lui briser le cœur reviendrait à un point de non retour dans la haine de Sasuke. Et il ne semblait ne plus y avoir d'autres recours possibles.

Alors si je m'engageais ? En étant certaine que ce que je ressentirai pour lui serait totalement différent de ce qu'il ressentirait pour moi ? Et avoir des enfants de lui que je serais peut-être incapable d'aimer ? Et finir comme un vieux couple qui se déteste ? Et me détester moi-même ? Et au final oublier mes rêves d'être acceptée par tous et devenir Hokage ? Cela semblait tellement injuste.

'Il n'y a que deux solutions si tu ne réussis pas à faire disparaître la haine de Sasuke sans trop te mouiller. T'abandonner à lui ou l'abandonner lui. Dans chacun des cas au moins l'un de vous deux sera brisé.'

Est-ce que briser une vie pour en sauver une autre était un échange acceptable ? JE n'avais pas la réponse à cette question.

_ Tu vas rester au lit encore longtemps et laisser refroidir le petit déjeuner ou quoi ? me demanda la voix de mon coéquipier.

Je sortis de mon rêve éveillé, mais ne me lassai pas de fixer mon plafond. Le contact des draps trop chaud tendait à être insupportable. Pour autant me lever constituait l'acceptante totale de mes actes irréfléchie de la veille. Uchiha Sasuke était invité chez moi. Vous m'auriez dit qu'il s'était invité chez moi, je vous aurais cru. Depuis que je m'affirmais comme kunoïchi, il avait eu cette habitude bizarre et irritante de m'attendre pour envahir ma vie quotidienne. Où évidemment j'aimais faire un break avec une existence passée à endurer la présence du prétendu génie. Sauf que là, c'était moi qui l'avait invité, seul, à dormir chez moi.

C'est étonnant comme un être humain peut s'auto congratuler pour une action charitable et s'emplir de remords en seulement quelques heures.

Ma main se crispa d'elle-même sur la dague accrochée à ma cuisse. Senritsu s'éveillait et vibrait presque de rage contenue. Seule la litanie ''Sasuke est mon coéquipier. Il ne représente pas une menace'' put me permettre de ne pas dégainer d'un mouvement circulaire en direction de la gorge de l'adolescent. Je préférais rester sagement sans bouger et attendre ce qu'il allait faire avant de décider quoi que ce soit.

Le souffle d'une bouche chaude s'approcha de mon oreille avec délicatesse. ''Sasuke est mon coéquipier. Il ne représente pas une menace'' Respira, Naruto, respire profondément. La colère est un travers dans lequel tu ne dois pas tomber. C'est mal.

« Tu parie combien qu'il essaye de te baiser le gamin Uchiha »

« Je n'entends rien, je suis parfaitement calme et sereine… »

Et Sasuke qui se met à murmurer dans mon oreille, charmeur :

_ Le fait de rester au lit et d'attendre que je bouge constitue-t-il une invitation ?

Menace détectée. Doit être éliminée à tout prix !

Je lançai mes draps au visage de mon coéquipier et n'attendis pas qu'il s'en dépêtre pour le faucher violemment, profiter de son déséquilibre pour l'envoyer contre le mur. Le tranchant de mon pied appuya sur sa gorge tandis que les couvertures retombaient au sol.

_ Jolie tenue, lança-t-il pas le moins du monde intimidé.

J'accentuai la pression, tout en rougissant un peu. Je n'avais sur le dos qu'un maillot de corps blanc orné d'une spirale rouge. Un ancien boxer datant de ma période ''Uzumaki'' ceignait le bas de mon corps. Principalement parce que c'était confortable.

Sasuke eut un sourire en coin en remarquant ce dernier détail. Ses yeux étaient on ne peut plus sérieux lorsqu'il envisagea de me prêter un de ses propres sous-vêtements. Il comprit que j'étais dangereuse lorsque mon appui sur sa pomme d'Adam fut assez fort pour rendre sa respiration laborieuse. Il était têtu. Moi aussi.

Il était blanc comme un linge lorsqu'il accepta finalement une trêve. Je serrai les poings lorsqu'en allant me changer dans la salle de bain je l'entendis murmurer sur un ton ennuyé :

_ Qu'est ce qu'il ne faut pas faire quand on laisse les femmes gagner.

Toi mon gars, tu mérites un bon rappel à l'ordre et mon poing en pleine figure.

Seule et pieds nus sur le carrelage froid, je ne pus m'empêcher de laisser échapper un désagréable frisson. Qu'avais-je vu en Sasuke qui m'affectait tant ? Il y avait quelque chose… J'avais appris à demi-mots que sa confrontation face à Hyuuga Neji les avait amenés à un match nul. Et qu'il semblait digérer de plus en plus difficilement le fait de ne pas remporter de victoires faciles face à ses adversaires. Les ténèbres autour de Sasuke s'étendaient bien plus rapidement que je ne l'avais espéré. Il devenait urgent que je prenne une décision. Cette décision même que je ne cessais de reporter.

Il devait forcément y avoir un autre moyen.

'Si tu veux réussir ce que tu souhaites entreprendre, donne toi les moyens et ose ! Chaque action a une conséquence, un prix à payer qu'il faut accepter d'assumer' m'avait un jour dit Jiraya lorsque j'avais fait preuve de trop de vanité. Je ne voulais pas que le prix à payer soit fonction de mon affection pour Sasuke. Nul n'avait accès à la place qu'il cherchait à obtenir dans mon cœur. Pas même moi. Je préférais ne pas forcer le destin, bien que mon désir d'être aimée et de partager cet amour avec l'élu de mon cœur se fasse chaque jour plus pressant.

Quel serait le prix de cette méthode détournée pour sauver Sasuke ? Et surtout qui en paierait le prix ?

_ Quand ce n'est plus le lit, c'est la salle de bain ? Dépêches toi un peu, les reconstructions nous attendent.

Durant notre mois d'absence, la plupart des bâtiments détruits par Orochimaru avaient été rénovés. Le conseil civil avait immédiatement embrayé dans cette possibilité d'attirer des capitaux et de la main d'œuvre compétente pour remettre à neuf le reste de la ville. Sans parler que le conseil des ninjas souhaitait que l'on conserve une image forte de Konoha auprès de leurs clients potentiels. Soit en résumé un effectif réduit de ninjas compétents épuisés par les travaux à enchaîner et les autres pour aider aux reconstructions. Apparemment les Genins s'étaient vu refuser le 'privilège' de partir en mission en dehors du village, et aidaient les divers ouvriers dans leurs tâches les plus ardues. Ce dont ceux-ci étaient ravis, et n'hésitaient pas à profiter de l'excès de bonne volonté des jeunes recrues du village.

Parfois, je me demandais si la vieille ne devrait pas y aller d'une main plus leste.

J'étais encore dans mes profondes pensées devant la table du petit déjeuner. Je devais cependant avouer que mon coéquipier avait mis du sien. Il mettait réellement du cœur à l'ouvrage. Bien que n'étant pas de ces filles qu'on obtient par de touchantes attentions, je devais avouer ressentir un peu de plaisir. Et me sentis quelque peu gênée quant aux efforts qui avaient été mis en place par le brun, allant jusqu'à acheter quelques provisions de secours et à cuisiner. C'était mon premier déjeuner dans le pur style traditionnel des Uchiha, et la vie de solitaire qu'avait menée Sasuke depuis le massacre de son clan avait dû lui inculquer certaines tâches de la vie quotidienne. A son inverse, je devais avouer que je n'étais guère précautionneuse, préférant tout remettre à plus tard, et les plats déjà préparés.

_ Naruto, arrêtes de trainer devant ton assiette, tu n'as quasiment rien mangé, et il va bientôt être l'heure de la réunion d'équipe, me signala le brun.

Ce qui ramena mes pensées vers lui. Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir faire ? Je ne pouvais pas refuser ce rapprochement entre nous, c'était inutile. Et puis, je le considérais comme mon frère. Cette affirmation m'amena à me demander ce qui était différent entre Sasuke et Shikamaru. Ils étaient tous les deux des personnes que je connaissais depuis l'enfance. Shikamaru avait toujours été présent pour moi, alors que mon lien avec Sasuke n'existait que depuis peu, soit depuis la création de l'équipe sept, un peu plus d'un an auparavant. Alors pourquoi avais-je le sentiment, lorsque j'affirmais que Shikamaru était mon meilleur ami, et Sasuke mon frère, d'évoquer deux choses fondamentalement différentes ?

_ Tu es vraiment bizarre, tu sais ? J'étais habitué à l'idiote à la langue pendue… essaya de me faire réagir le garçon sur la chaise en face de moi.

_ Elle s'est acheté un cerveau entre temps.

_ Et qu'est-ce qui fait carburer ce nouveau cerveau de si bon matin pour te rendre et muette, et par ce biais très agaçante.

Je ne pouvais décidément pas lui dire ce que j'avais sur le cœur. Je ne pouvais pas en parler. Pas à lui.

_ Rien de particulier, éludais-je. Il est juste très lent au démarrage. Je suis juste fatiguée.

_ Tu n'as pas l'air épuisée, et je sais parfaitement que tu me mens. Je sais tout Naruto.

_ Bah, si tu sais tout, comme tu le prétends, alors tu es capable de deviner à quoi je pense.

_ Eh bien, puisque nous sommes seuls à seuls et plutôt dans de bonnes dispositions, j'aimerais te poser quelques questions. J'aimerais que tu y répondes honnêtement.

Merde, il allait me poser une question piège ! Et s'il me demandait de sortir avec lui ou quelque chose du genre ? Ou alors il allait me demander si j'avais des sentiments pour lui. Tout un tas de réponses embarrassantes auxquelles je ne saurais décidément pas répondre.

Contre toute attente, il tendit vers moi une feuille de papier pliée, ce dont je m'étonnais. Avant de reconnaître de quoi il parlait. Et de pâlir. Avant de rougir. De me mordre les lèvres avec embarras, avant d'oser croiser l'onyx furieux.

_ Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda-t-il sur un ton qui menaçait de s'envoler du fait de sa colère.

_ C'est un papier, répondis-je.

_ Qui l'a écrit ?

_ Si tu es énervé, c'est que tu l'as lu. De ce fait tu es au courant que son auteur refuse de se dévoiler à ma petite personne.

_ Hn. J'aurais espéré que tu en connaisses la provenance afin de pouvoir m'expliquer avec ce dernier.

_ Ah oui, j'ai entendu dire que tu t'étais expliqué avec « Neji » aussi.

_ Il l'avait bien mérité. Je lui ai bien fait comprendre qu'il n'avait pas à t'importuner davantage.

_ Alors si je suis heureuse que tu me défendes contre ses avances, je ne suis pas certaine d'apprécier le fait que tu redeviennes aussi protecteur. Je croyais t'avoir montré que j'étais capable de me défendre seule. Que tu m'ais sous-estimé durant ce match pendant le voyage n'a rien à avoir avec le débat. Je t'ai prouvé bien assez de fois que j'étais capable d'avoir mon indépendance.

_ S'il te plait, ne rentrons pas dans ce débat et revenons à ce fameux 'parrain'. Tu ne sais pas qui il est, et il semble en prendre avantage. S'il a pu te dérober un objet, il est légitime de penser qu'il peut pénétrer chez toi et prendre avantage du fait que tu dormes.

_ Tu es la personne qui est rentrée par effraction dans cet appartement le plus souvent. Et ce prétendant de papier est le moins envahissant de tous.

_ Bref, cette remarque mise à part, je suis allé vérifier les registres de la ville à propos des parrains. Et tu es mentionnée dans ces accords préétablis par les anciens de la ville. Tu as un parrain.

Je venais d'avoir l'infirmation officielle de ce que m'avait jadis annoncé Shikamaru. Alors il m'avait menti. Alors qui pouvait bien envoyer ces mots, si ce n'était pas Sasuke ? Vu qu'il s'énervait à propos de ces messages, j'imaginais qu'il ne serait pas aussi tordu ni aussi bon acteur pour me mener dans un plan aussi tarabiscoté.

_ Bon, est-ce qu'on en a fini avec cette discussion ? Elle me porte sur les nerfs. Je ne vois pas pourquoi tu t'énerves autant. Qu'est ce que je peux y faire que des garçons s'intéressent à moi ?

_ Si tu as un parrain et que je parraine Sakura, tu comprendras que cela deviendra très difficile.

_ Quoi ?

_ Notre relation.

Il détourna le regard et rougit un peu. Je me haïs encore pour avoir si bon fond, et de le trouver spécialement attirant en ce moment. Le problème état que je n'étais pas amoureuse de Sasuke. Je ne ressentais rien de particulier quand je l'embrassais. A part la satisfaction de le faire tourner en bourrique. Et les remords qui suivaient cette pensée. Ainsi que le poids de la responsabilité que j'avais de le ramener sur le droit chemin.

Je soupirais. J'allais utiliser cette technique vieille comme le monde et pourtant très efficace.

_ Je ne sais pas ce que nous sommes Sasuke. Je ne sais pas si nous sommes simplement des amis qui se cherchent ou…

Ses yeux se firent incroyablement doux en cet instant. La main dans mon dos se crispa. Je me devais d'être rationnelle et parfaitement cruelle en cet instant.

_ Ou ? demanda-t-il pour que les mots sortent de ma bouche.

Ses pas le menèrent vers moi, et nos regards se croisaient. Je remerciai le ciel de e pas avoir doté Sasuke de capacités de discerner le mensonge dans les attitudes corporelles des autres. Ses mains se posèrent sur mes épaules, et il tenta de m'embrasser. Je me décalai juste assez pour que mes lèvres se posent entre sa joue et sa bouche, sur le point d'équilibre, comme nous étions balancés entre l'amitié et l'amour. Il me serra dans ses bras et son étreinte était chaude. J'avais une boule dans la gorge. Pourquoi était-ce si dur ?

Mes yeux avisèrent le ninja copieur de l'autre côté de la fenêtre. Sasuke ne l'avait pas vu. Tout au plu je discernai une ombre qui s'éclipsa à côté de notre sensei. Ce dernier fixa son œil visible sur nous. Son signe de la main ne pouvait avoir qu'une seule signification : j'étais appelée par Tsunade.

Je me dégageais de l'étreinte de Sasuke et lui demandais d'aller à la réunion, que je le rejoindrais plus tard. Une fois n'est pas coutume il obtempéra sans broncher. Peut-être que c'était l'affection que je venais de lui prodiguer qui le rendait moins soupe au lait. Au moins cela servait mes intérêts. Ce fut un clone qui rejoignit l'équipe sept tandis que je me hâtais vers le bureau de l'Hokage.

Une question me trottait en tête, et faisait vibrer Senritsu le long de ma cuisse : qui pouvait bien me suivre ? J'avais eu cette impression depuis mon retour à Konoha, et avait rapidement éludé cette sensation car mélangée avec d'autres émotions plus ou moins agréables. A présent j'étais presque certaine d'être traquée. Sauf que cette personne prenait soin de faire que je sois la seule à remarquer sa présence. On ne m'attaquait pas, mais j'étais forcée d'être en vigilance constante.

En me voyant arriver par la fenêtre, Shizune m'adressa un charmant petit sourire et un signe de la main avant de m'ouvrir pour me laisser rentrer. Depuis la nuit dernière, Tsunade semblait avoir décuvé d'une manière ou d'une autre, et quelqu'un avait remis ses dossiers dans un état convenable. Je m'assis en face de l'Hokage, prête à entendre ce que celle-ci avait à me dire, pratiquement certaine que cela ne risquait pas d'être une partie de plaisir.

_ Naruto. J'ai eu récemment une discussion à ton sujet avec Kakashi.

_ A propos de devenir ANBU ?

_ Entre autres. Tout d'abord, parlons de ce sujet, puisque tu l'abordes. Tu es incapable de devenir ANBU, Naruto.

_ Quoi ? Mais alors tous ces entrainements…

_ Pour l'instant tu ne peux pas y prétendre, car il te faudrait être un Jounin spécialisé, soit à peu près du niveau de Kakashi. Suivant différents tests que tu as passés avec Jiraya et Ebisu, il semblerait que tu aies des capacités adéquates pour devenir Chuunin, si tu pouvais être responsabilisée plus. J'imagine que cette partie de l'arsenal ninja te fait encore défaut. Cependant, si tu ne peux pas officiellement être ANBU, la chose est tout aussi bien. Si tu ne fais pas partie de l'ANBU, tu n'es pas listée parmi eux. C'est donc une opportunité à saisir afin que tu ne sois pas repérée. De toute manière, les services secrets peuvent te sembler une carrière intéressante, mais elle est en réalité assez austère. Et ne conviendrait pas du tout à ton caractère assez… enjoué ?

_ Alors qu'est-ce que je vais devenir, je sui pourtant sensée être instruite par un Senpai de l'ANBU.

_ Que tu n'en fasses pas partie et que je t'en refuse l'accès, ne veut pas dire que tu ne me serviras à rien. J'ai envie de faire de toi un atout majeur de Konoha. Et vu ta tête, tu es déjà perdue par ce que je dis. Je vais faire de toi quelqu'un d'unique, comme un joker dans un paquet de cartes si tu préfères.

_ D'accord, et je devrais toujours mentir auprès de mes camarades quant à mes activités ?

_ Là intervient la seconde partie de mon plan génialissime te concernant. As-tu déjà entendu parler d'un certain Suzuke Shinji ?

_ Jamais.

_ C'est un seigneur assez versé dans les arts et un peu excentrique. Sa dernière trouvaille est de populariser les arts ninjas auprès du grand public à partir d'un journal qui viendra bientôt à paraître. De ce fait il a fait envoyer des invitations dans tous les villages ninja dans le but de trouver des shinobi et des kunoïchi pouvant lui servir de mannequins, m'expliqua Shizune.

_ Cette idée est stupide, m'écriais-je. Ce serait comme de révéler au monde entier qui est le plus fort ninja ou quelque chose dans ce genre.

_ C'est aussi un très bon coup de publicité, sans un grand coup marketing. Sauf que, mettons qu'un de nos ninjas soit choisi, ce dernier pourra assister à des diners mondains, où se retrouvent nombre de seigneurs. Le genre de soirées privées où circulent des informations vitales. Malheureusement nous n'avons que peu d'échos car nos indicateurs sont rarement des gens qui peuvent assister à ce genre de réunions, soupira Tsunade.

_ Si je suis votre idée, vous voudriez que je fasse ce travail d'espionnage.

_ Pas… uniquement, mais c'est une bonne piste. Savais-tu quel type de ninja il est stratégique d'envoyer dans les missions d'espionnage dans la haute société ?

_ Des gens doués pour être discrets.

_ Pas du tout, on choisit ceux qui sont montés en grade plus pour leurs atouts physiques que leurs capacités au Ninjutsu. Si nous envoyons la fille du Yondaime dans cette gueule du loup, cela signifierait : « elle est incompétente, mais on lui a trouvé un place où elle peut servir à quelque chose »

_ Est-ce que je peux vous dire que je trouve ça assez insultant ? Au vu de mes capacités actuelles, je ne pense pas que j'aurais eu ma place d'atout privilégié dans une pochette surprise.

_ Naruto-chan, tu ne comprends vraiment pas ? me demanda Shizune.

_ Décidément il faut vraiment tout expliquer à cette enfant avec des mots simples.

_ Hé !

_ Naruto, lorsque nous avons discutés dans le sceau de silence de Jiraya. Tu te souviens de cette histoire de paraître faible aux yeux des autres pays alors que tu seras forte ?

_ C'était la partie que je n'avais pas compris, en fait.

_ D'accord, mise en situation, donc. Imaginons que tu deviennes un mannequin pour le Daily Shinobi. Tu es dans les pages assez souvent et les lecteurs qu'ils soient ninja ou non, voient en toi un top modèle qui est capable de faire quelques techniques basiques de Ninjutsu, Taijutsu, et ainsi de suite. Mettons qu'un ninja d'un pays adverse te voie, sachant que tu es en tenue de civil. Que va-t-il penser ?

_ Euh je l'ai vu dans le dernier numéro du Daily Shinobi ?

_ Exactement. Et ayant présumé que tu te trouves à cette place parce que tu es jolie, que va-t-il faire ?

_ M'attaquer parce que je suis présument faible et me faire griller ma couverture parce que je vais lui péter sa gueule méchamment ?

_ Moi je pense plutôt qu'il te demanderait un autographe, répondit Shizune.

_ Aaaaaah !

_ Ça y est, tu as compris ? me demanda Tsunade.

_ Pas vraiment, mais ça commence à se mettre en place. Et donc c'est pour m'expliquer tout ça que vous m'avez fait venir alors que j'étais sensée partie en mission ?

_ Non.

_ Ah bon ?

_ Mais comme tu avais abordé le sujet, je me suis sentie dans l'obligation de t'expliquer ce qui allait arriver ensuite.

_ Bon alors qu'est ce que je fiche ici au lieu d'aller effectuer une mission des plus barbantes dans le village.

_ Tu souhaites vraiment retourner faire du babysitting au lieu d'écouter ce que j'ai à te dire ?

_ C'était ironique la vieille.

_ Des fois je me demande comment j'ai pu te laisser ce collier.

_ Des fois je me demande pourquoi j'ai insisté pour que vous deveniez Hokage.

_ Tsunade-sama ! Vous n'êtes pas ici pour jouer à celui qui détournera le regard le premier avec une enfant de 14 ans !

J'adressai un sourire moqueur à la blonde à forte poitrine, agacée d'avoir été prise en faute par son assistante. Avant de me cacher quelques temps sous ma chaise pour éviter les projectiles meurtriers qui filèrent dans la pièce et traversèrent le mur. Pardon, qui cassèrent en se prenant le mur.

_ Mpf ! J'avais bien dit que ces shurikens en céramique étaient forcément défectueux pour être à ce prix là, grogna la Godaime tandis que je reprenais mon siège.

Sans un mot elle me tendit un dossier qui trônait en hait d'une pile sur son bureau. Tandis qu'elle se servait une tasse de thé vert, je défis les attaches des papiers et ouvris la pochette. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir en première page des photos de Sasuke depuis la mort de son clan jusqu'à aujourd'hui. Je feuilletais en diagonales les autres fichiers. Diverses expertises médicales et psychologiques se trouvaient mêlées dans es dossiers.

_ Qu'est-ce que vous voulez que je fasse de cela ?

_ J'ai besoin d'un avis d'une personne proche de ce sale morveux pour…

_ Tsunade Sama !

_ D'une personne assez proche d'Uchiha Sasuke pour déterminer quelles sont les mesures à prendre. J'ai décidé de te choisir toi, à cause d'une conversation que j'ai eue avec Kakashi et Jiraya récemment. Il a été détectée que cet individu présentait de profond troubles psychologiques et psychotiques amenant à croire qu'il serait préférable de le faire interner médicalement parlant pendant quelques temps.

Les mots du médecin de légende qu'était la princesse des limaces mirent du temps avant de trouver un écho dans mon cerveau. Comment ? C'était une partie de la noirceur de Sasuke qu'ils voulaient tenter de supprimer par des pratiques médicales. Etait-ce possible que ce soit mon moyen de recours ?

_ Selon Kakashi, ta présence auprès de Sasuke depuis votre rapprochement affectif aurait fait beaucoup de bien. J'aimerais donc savoir ce que tu comptes faire à partir des infirmations que je te donne. Veux-tu aider Sasuke à devenir quelqu'un de supportable, ou non ? Saches que ton choix aura de nombreux impacts avec ta vie au village et tes missions. Sois sans crainte, je ne te demande pas de choisir immédiatement.

_ Je… J'aime beaucoup Sasuke, je dois avouer.

_ Même si je réprouve cette union au plus haut point, si elle permet à Konoha de garder un Uchiha loyal à notre cause…

_ Mais je ne l'aime pas comme ça. C'est vrai, j'ai joué avec ces sentiments, et je le regrette. Mais je doute qu'un tel arrangement soit profitable à Sasuke sur le long terme. Je commence déjà à difficilement supporter ses avances, alors inutile de préciser que de me mettre en couple avec lui est hors de question.

_ Bien, au moins tu es une jeune fille sensée au niveau de ses goûts en matière de gent masculine.

_ C'est pas ce que vous disiez hier soir sous l'effet de l'alcool.

_ Oui mais là je parle d'une relation sérieuse avec un désagréable morveux. Et je me rappelle vaguement t'interdire l'accès à cette pièce si jamais vous vous mettez ensemble.

_ Tu parles si ça va compliquer les missions !

_ Revenons à notre sujet principal, veux-tu ? Si tu ne sors pas avec Sasuke, et que tu vas te retrouver extrêmement occupée avec tes missions pour moi et ta double vie pour le Daily Shinobi, à ce propos il est hors de question d'envoyer la photo de toi qui figure sur ta fiche de ninja, celle avec les peintures tribales rouges et blanches et la pose ridicule.

_ Elle était cool cette photo ! J'ai mis des heures à trouver la pose parfaite !

_ Tsunade-Sama, vous déviez encore du sujet principal…

_ Merci Shizune. Ta décision Naruto de ne pas avoir une relation plus qu'amicale avec ton coéquipier est sensée. Ce qui m'amène à devoir faire planer une menace au dessus e sa tête dépendant de son comportement futur. S'il ne peut pas s'empêcher de rechercher son frère pour le tuer, et de faire fi des règles du village, je me verrai dans l'obligation de l'astreindre à une visite bihebdomadaire auprès d'un psychiatre de l'hôpital, chose que le Sandaime n'avait jamais jugé utile de faire.

_ Mais Sasuke ne représente pas une menace ! je vous jure Tsunade-baa-chan qu'il ne fera rien pour aller à l'encontre des ordres. Je suis certaine de sa loyauté envers Konoha. Je le connais mieux que quiconque.

La blonde passa une main sur son front pour chasser une mèche rebelle. Son regard fauve passa sur moi et elle soupira.

_ Je te fais confiance Naruto, mais le Conseil des ninjas et le Conseil civil semblent y tenir beaucoup. Au moindre faux pas une visite médicale chez un spécialiste des traumatismes chez l'enfant ne suffira certainement pas à calmer le jeu. S'il arrive quoi que ce soit…

_ Sasuke n'aura aucun problème, je vous le promets. Et je ne reviens jamais sur ma parole !

_ Tu peux disposer, Naruto. Je suis certaine qu'une paire de bras supplémentaires devrait aider les diverses équipes qui travaillent dur à la rénovation de la ville.

Je sortis du bureau de l'Hokage l'esprit encore embrumé de tout ce que je venais d'apprendre. Ainsi je n'étais pas la seule concernée par l'avenir de Sasuke. Bien que l'intérêt visé par les anciens de la ville se situe au niveau de leurs intérêts politiques, je devais reconnaître que le but visé pour Sasuke lui-même était identique au mien : lui maintenir la tête hors de l'eau suffisamment pour qu'il revienne à la vie. Ma principale inquiétude se situait au niveau du bonheur de mon coéquipier. Je me doutais qu'il serait plus satisfait d'être sauvé par moi rétrospectivement que par des séances régulières avec un psychologue. Evidemment, ce gars était un mur par rapport à son passé. Même avec moi, il avait fallu qu'il se croie en train de mourir ou de me voir souffrir horriblement pour m'avouer son sombre passé.

Qu'est-ce que je devais faire ? J'avais besoin de conseils.

Je relevais à nouveau la tête. J'avais erré dans les rues de la ville au hasard, et cette sensation poisseuse d'être observée et filée par quelqu'un qui souhaitait que je remarque sa présence me collait toujours à la peau. Et ce n'état pas une impression des plus plaisantes. Mes nerfs étaient à vif à force de chercher en vain et à tourner et retourner dans ma tête tous les problèmes auxquels j'étais sujette. Et je devais ajouter à tout cela quelqu'un qui tentait de me faire perdre mes moyens. Il fallait que je parle à quelqu'un.

Sakura me sembla une bonne option. Sauf que non, elle était bien trop proche émotionnellement de Sasuke et avait la langue trop pendue pour garder un secret. Non, il me fallait quelqu'un d'aussi réfléchi mais de moins partial dans l'affaire. Shikamaru. Pourquoi n'avais-je pas pensé à ce fainéant en premier ?

Mais d'abord, il fallait me débarrasser du gêneur qui me filait au train. Peu importe où je me déplaçais en ville, je continuais de le sentir derrière moi. Aucun Henge ne me permit de me défaire de sa pesante présence. Moi qui avais besoin de calme et d'un moment seule à seule avec mon meilleur ami pour savoir que faire pour la suite, je me sentais frustrée d'être empêchée par quelque chose d'aussi futile que quelqu'un qui m'observait. Une surveillance dont je comprenais mal les raisons et pouvais me passer.

La question était de comprendre comme cet inconnu faisait pour me retrouver à chaque fois. Certainement parce qu'il y avait quelque chose sur moi qui lui permettait de me traquer à distance ! Je ne pouvais pas savoir quand ce dispositif avait été créé ni même en quoi il consistait, mais au moins je disposais d'une piste. Je fonçai dans une ruelle moins passante et enlevais le haut de mes vêtements à la recherche de quelque chose de petit et discret. Shino n'utilisait-il pas des insectes pour retrouver des gens ? Malheureusement mon inspection se solda par un échec, et je décidais de m'accommoder de la présence du gêneur pour un temps.

Est-ce que ça passait si cette personne ne m'attaquait pas ? Peut-être que je devrais demander à un haut gradé si j'étais réellement suivie ou réellement zinzin. Maintenant que j'y repensais, j'avais cru saisir une ombre auprès de Kakashi-sensei ce matin. Peut-être qu'il savait quelque chose que j'ignorais. Peut-être que cette ombre était mon traqueur ?

Avec la sensation désagréable d'être pressurée, je m'avançais dans la ville à la recherche de l'équipe 10. Après quelques discussions auprès de charpentiers et autres ouvriers, j'appris que mes deux meilleurs amis et leur blonde se trouvaient dans le quartier nord de la ville pour rénover la façade et les toitures de divers bâtiments. Après un déjeuner mangé sur le pouce dans une gargote, je repartis en chasse de mes amis et des réponses qu'ils pouvaient m'apporter.

Je n'avais pas vu Shikamaru depuis la veille. Peut-être était-ce l'euphorie de nous voir, mais je n'avais pas remarqué à quel point il semblait physiquement fatigué, tout comme ses coéquipiers. Ils semblaient exténués par l'enchaînement continu de missions à effectuer aux quatre coins de la ville. J'avisai Asuma-Sensei qui grillait une clope avec un contremaître, tout en discutant détails architecturaux. Il me salua de la main, avant de me désigner son équipe et plus précisément le paresseux du regard. Je répondis d'un léger sourire.

_ Vas-y, tu peux aller les embêter, ça leur fera plaisir. Ohé ! Ino, Choji, Shikamaru, c'est l'heure de faire une pause vous trois !

Tout d'un coup le barbu fronça des sourcils et son regard accrocha une corniche au dessus de moi. Je fis semblant de ne pas voir où il regardait, et ne me retournai pas. Grâce à un miroir de poche, je pus observer quelqu'un qui portait un masque de chat et un uniforme d'ANBU faire un signe de ses doigts au Jounin en charge de l'équipe dix. Si un rayon de soleil ne lui avait pas indiqué que je l'observais en retour en se reflétant sur mon miroir, il serait resté en place. Je vis son ombre partir dans une direction inconnue.

Décidément, je devais apprendre cette technique de déplacement ! Je devrais demander à Kakashi, elle devait faire partie de l'arsenal des ninjas plus avancés.

Je grommelais un juron en rangeant mon miroir. Asuma posa un regard songeur sur moi auquel je ne répondis pas. Il n'avait pas à s'interroger ni à me poser des questions sur mes réelles capacités. C'était de sa faute et au reste du corps enseignant de m'avoir sous-estimé à l'inverse de Kakashi et Jiraya. Cependant me trouvant en présence de témoins dont je ne pouvais contrôler la fiabilité ni la solvabilité (à savoir les simples civils de Konoha et les ouvriers embauchés pour la reconstruction), je préférais jouer profil bas et me contentais de grimper sagement l'échelle branlante des échafaudages.

Les mains de Choji étaient occupées par un énorme paquet de chips, aussi ce fut Ino qui m'aida à franchir le dernier étage. J'aurais pu monter à la force des bras, mais je préférais ne pas soulever trop de questions quant à mes capacités physiques. J'échangeai un regard avec la blonde. Il n'y avait plus de colère dans ses yeux. Elle ne m'en voulait plus de ma remise à l'ordre de deux jours plus tôt. Je me rappelais qu'elle aussi « aimait » Sasuke et se trouvait donc fortement concernée par la décision qu'il m'était échu de prendre quant à ce dernier.

La vue était magnifique depuis le haut de l'échafaudage, on pouvait observer de nombreux ninjas et ouvriers au travail. J'embrassai cette vision du regard, comme je l'avais fait les nuits précédentes. Cependant l'odeur de la peinture et des enduits qu'ils étaient chargés de déposer en larges couches sur le mur étaient désagréables et me tournaient déjà la tête. Si j'avais cet effet après seulement quelques minutes, qu'en était-il pour eux qui étaient resté des heures sous le soleil à travailler ? Je compatissais déjà à leurs douleurs.

Qu'évoquer en premier ? Plutôt quelque chose dont je pouvais parler sans crainte avec les autres ninjas de ma génération. L'affaire sur Sasuke devait plus tenir du secret, bien que cela n'ait pas été formulé ainsi. Néanmoins je n'aurais pas aimé que l'on évoque mes troubles psychologiques comme la pluie et le beau temps si j'avais été à la place de Sasuke. Il faudrait que j'isole Shikamaru à un autre moment.

Je préférais leur parler de mon problème de me sentir suivie depuis mon retour avec Jiraya, ce qui sembla intéresser Ino au plus haut point. Pourquoi avais-je la désagréable impression qu'une rumeur sur un admirateur secret allait être lancée sur mon dos ? Rumeur qui risquerait d'arriver aux charmantes oreilles de monsieur Sasuke et de m'amener encore plus d'ennuis auprès de lui…

_ Si c'est une affaire de traquer quelqu'un ou de se faire traquer, pourquoi demandes-tu conseil à notre équipe ? me demanda Choji entre deux bouchées.

_ Ben… Parce que Shikamaru est le gars le plus intéressant que je connaisse.

_ Oui mais Naruto-chan, c'est l'équipe de Kiba qui se spécialise dans ce genre de recherches, pas la nôtre. Même moi je le sais.

Je laissais échapper un long silence. Même si mon but initial était d'évoquer tout autre chose au Nara, pourquoi n'avais-je pas du tout envisagé cette possibilité lorsque je pensais aux méthodes de filature d'Aburame Shino ?

_ Comment ais-je fais pour être aussi stupide ?

_ C'est un des grands mystères de la vie, me sourit narquoisement Shikamaru avant de se lever.

Il avait le teint verdâtre d'un malade sur le point de dégobiller. Je m'inquiétais à juste titre de sa santé. Il s'appuya sur la rambarde métallique et ferma les yeux. Sa respiration était rapide et courte. Je devinais dans peine qu'il était trempé de sueur.

_ Tu es certain que tu vas bien ? Je pense que nous devrions descendre en bas et nous éloigner des vapeurs toxiques. Je n'ose pas imaginer ce que la fatigue que vous avez accumulée depuis plusieurs jours a pu…

Je ne terminai pas ma phrase. Shikamaru avait ouvert les yeux tout d'un coup. Au même moment, j'entendis un cliquetis métallique provenant du sol. Une vis s'était décrochée d'un montant près du garçon. Et il tombait dans le vide sous les cris de ses coéquipiers. Sans réfléchir aux diverses options qui auraient pu être plus sages, je compris que j'étais la seule à réfléchir rationnellement parmi les plus proches de Shikamaru. Et Asuma-Sensei était trop loin pour réagir à temps pour sauver son élève. Avec ma maîtrise Suiton, je créais une sorte d'extension de mon bras inspirée du sable de Gaara pour attraper mon meilleur ami avant qu'il ne touche le sol. Cependant je ne possédais pas la maîtrise de l'enfant des sables, et sentis avec horreur le bras du garçon se briser sous la pression du bras de peinture. Malheureusement ce ne fut pas tout. Mon chakra avait rigidifié la masse de peinture, et projeta la tête du pauvre garçon contre un montant, le déposant sans ménagement. Cependant l'effort m'avait forcé à me jeter au sol, me déboitant l'épaule dans un grand craquement. Je ne dus mon salut qu'à Choji qui pensa à attraper ma ceinture afin que je ne passe pas à mon tour par-dessus bord.

Un pluie de peinture blanche retomba avec fracas sur le sol, tandis que je reprenais mon souffle avec angoisse et difficulté. Je n'avais eu aucun contrôle sur cette technique improvisée au débotté. Si je n'avais pas saisi l'occasion, Shikamaru serait tombé bien plus violemment, et n'aurait certainement pas pu réchapper de sa chute avec si peu de blessures. Cependant si je n'étais pas venue en haut avec eux…

_ J'en connais une qui se morfond, m'annonça le ninja médecin qui vint remboiter mon épaule.

Le mouvement me fit pousser un grand cri de douleur. J'étais restée immobile, n'opposant aucune résistance à l'équipe médicale qui m'avait amenée jusqu'à l'hôpital avec Shikamaru.

_ Allez gamine, ressaisis-toi ! Si tu n'avais pas été là, la situation aurait été bien pire.

_ Si je n'étais pas montée sur cet échafaudage, rien de tout ça ne serait arrivé…

_ Ouais, et ton pote ou l'un des deux autres se serait explosé au sol tôt ou tard. Quel Sensei irresponsable ils avaient avec eux ! Et puis ces ouvriers, quel irrespect de nos pauvres Genins. Ce n'est pas la première intoxication que nous avons par leur faute ! Godaime devrait refuser leurs missions stupides. Tout ça pour alléger leur charge de travail, alors qu'il y a tant d'autres missions plus prioritaires.

_ Et Shikamaru ? Où est-il, comment va-t-il ?

_ Ah, douce jeunesse. J'aurais aimé à son âge qu'une jeune fille aussi mignonne s'inquiète pour moi au point de mettre sa vie et sa santé en danger.

_ Quoi ? Mais j'aurais fait de même pour n'importe qui ! Toutes les vies humaines sont importantes.

_ C'est une bonne philosophie de vie. Si jamais tu es intéressée pour sauver des vies à l'hôpital…

_ Tout plutôt que de rester dans ces murs aseptisés, grognais-je. J'y viens déjà assez souvent à mon goût. Trop même.

Maintenant il faudrait que je m'excuse auprès de Shikamaru et que j'attende qu'il se réveille avant de pouvoir discuter avec lui du sujet fâcheux concernant Uchiha Sasuke. Cependant, avant d'être autorisée à pénétrer dans sa chambre, je duis attendre que l'on m'ait bandé l'épaule et enduite d'un baume aux plantes. Comme si cela m'était d'une quelconque utilité puisque je possédais le chakra de Kyuubi qui accélérait la guérison de mes blessures à une vitesse impressionnante. Une fois que je me fus pliée à ces exigences mineures, je parvins à convaincre de me faire prêter des vêtements et allai me laver dans une douche de l'établissement et jetai les miens dans la plus proche poubelle. En espérant que ce soit suffisant pour me défaire de la menace d'être de nouveau prise en filature.

Je me figeai un instant dans le couloir. Le clone que j'avais envoyé en mission de babysitting avec l'équipe sept venait de se faire détruire. Analysant les informations que je recevais, je passai ma main contre ma joue endolorie. C'était un sacré coup de poing que je venais de recevoir. De la part de Sakura, tiens. Visiblement, j'avais fait une blague emplie de sous entendus vaseux pour me moquer une nouvelle fois de Sasuke, et la rose n'avait que peu apprécié. Ils allaient avoir une surprise en ne me voyant pas revenir. Et je devrais certainement m'attendre à des représailles de la part du brun.

Je secouai la tête. Il y avait plus important.

J'arrivai devant la porte de la chambre où se trouvait Shikamaru. Ma main s'approcha de la porte lentement, comme si j'hésitais à ouvrir la porte. J'avais peur de ce que j'allais trouver à l'intérieur. Qu'allait-il me dire ? Bien que sachant lui avoir sauvé la vie, j'étais responsable de lui avoir cassé le bras. Je n'eus pas à faire un seul geste de plus. La porte s'ouvrit brusquement sur Yoshino qui me serra dans ses bras avec force. Je sentis quelque chose de chaud et mouillé couler contre moi. Elle pleurait. Et sa voix à mon oreille murmurait des remerciements. Un peu malhabile par rapport aux étreintes, je tapotais maladroitement le dos de la mère de famille.

_ Je suis si heureuse que mon fils ait une amie comme toi.

_ Je lui ai causé de graves blessures...

_ Pour des ninjas, tu devrais te rappeler qu'un bras cassé et un coup à la tête sont des broutilles !

_ Comment va-t-il ? demandais-je avec hésitation.

_ Il dort, une chose qu'il n'a pas pu faire depuis longtemps.

Je poussai un soupir de soulagement, et un sourire triste ourla mes lèvres.

_ Tu es quelqu'un de bien Naruto, rappelle t'en.

En réalité à ce moment précis je n'en croyais pas un mot, mais au moins quelqu'un croyait en moi et c'était positif.

_ Tu comptes rentrer chez toi ou… demanda-t-elle.

_ Non, je vais rester. Il y a quelque chose d'important dont je dois lui parler.

_ Oh, je vois. Alors je te le laisse, Naruto, répondit-elle avec une voix bizarre.

Je ne savais pas pourquoi, mais il me sembla qu'elle comprit totalement autre chose que ce que je voulais dire. Je voulais que Shikamaru me conseille sur cette histoire avec Sasuke. Chose donc Yoshino n'était certainement pas au courant. Je ne parvins pas à recaser le sourire mystérieux de la Nara dans le contexte.

Je refermais la porte derrière moi avant de m'affaler sur un siège et d'attendre qu'il se réveille. Il avait l'air paisible. Et s'il n'y avait pas ces poches sombres sous ses yeux, le bandage autour de son crâne et le plâtre sur son bras, j'aurais juré qu'il était le plus paisible du monde. Libérée d'un poids, et consciente de ne plus être observée pour le moment, je me laissai aller sur mon siège avant de fermer les yeux et de m'endormir à mon tour.

Lors de mon entrainement avec Ebisu-Sensei, il m'avait fait passer d'horribles tests nocturnes pour m'entrainer dans les situations difficiles. Mon sommeil était extrêmement léger, et tout ce qui était détecté comme une menace me réveillait. Aussi, lorsque Shikamaru se releva d'un coup en pleine nuit, je réagis immédiatement.

Après une ou deux explications pour lui prouver que lui mettre Senritsu sous la gorge ne consistait pas une tentative d'assassinat, une atmosphère gênée se profila entre nous. Un bon troupeau d'ange passèrent avant qu'aucun de nous deux ne se décide à faire quoi que ce soit. Je fixais le mur d'un air absent, et mon ami fixait mes mains qui jouaient machinalement avec ma dague.

Lorsqu'il se mit enfin à parler, je me rendis compte qu'il était enfiévré, et qu'il délirait. Un peu affolée, je faillis renverser la carafe en versant de l'eau dans le verre près de son chevet. Soutenant sa tête, je l'aidais à boire. Sa peau brûlait sous la mienne. Sans la semi-pénombre où était plongée la pièce, l'eau brillait plus que le métal.

_ C'est dangereux d'être ton ami tu sais, me dit-il après avoir bu tout son saoul.

Je reposai le verre sur la table de chevet. Je devrais peut-être aller chercher une infirmière de nuit s'il ne se sentait pas bien. Sa main agrippa mon bras et refusa de me lâcher. Il la posa sur son front luisant de sueur, et apprécia la fraicheur de ma peau contre la sienne.

_ Je suis désolée, c'est ma faute.

_ Arrêtes de t'excuser tout le temps alors que ce n'est pas de ta faute. J'aurais dû veiller à dormir plus et à moins m'exposer aux solvants.

_ Si c'est de ma faute. J'aurais dû plonger pour te sauver au lieu d'avoir cette idée stupide de contrôler la peinture en y injectant du chakra.

_ Arrêtes d'être trop gentille. C'est parce que tu prends tout le blâme à chaque fois qu'ils continuent à t'importuner.

_ Qui ça 'ils' ?

_ Les autres. Les gens. Ces types désagréables qui te tournent autour comme des mouches. Et toi ça fait depuis l'examen Chuunin que je t'enjoins à faire attention. Je dois vraiment avoir été atteint par ta stupidité pour continuer à t'aider même quand tu fais n'importe quoi. T'es vraiment la personne la plus galère que je connais.

Le rire gêné, que je lançai sortit de travers. Il était teinté des larmes de joie qui coulaient le long de mon visage dans le noir. Lui n'avait pas changé d'un poil. Il n'avait pas tiqué lorsque j'avais annoncé être le réceptacle de Kyuubi. Il était resté le même lorsque tous s'étaient aperçus que j'étais une fille. Il était vraiment la personne sur laquelle je pouvais le plus me reposer. Il poussa un soupir en ronchonnant.

_ T'es encore plus galère quand tu pleures.

_ Le plus gentil de nous deux c'est toi. Tu ne m'as jamais abandonné. Comment peux-tu, alors que je t'ai fait du mal ?

_ Mon bras ? Ce n'est pas grave. Pour une fois que ce n'est pas à moi de jouer les infirmiers pour les filles galères.

_ Oh tais-toi !

Il lâcha finalement ma main. J'essuyais la sueur qui la maculait sur mon pantalon avant de passer ma manche sur mes yeux pour éponger mes larmes. Au bout d'un moment, je remarquais que Shikamaru me regardait.

_ Oui ?

_ Rien de particulier… Je regardais juste à quel point t'étais galère de rester avec.

_ Des fois je me demande si tu es vraiment sympathique ou si tu te fous de ma gueule.

_ Alors quel est le problème que tu veux soumettre à mon brillant cerveau ?

_ Hein ?

_ Je sais parfaitement que tu n'es pas restée tout ce temps pour t'excuser. Je te connais, tu n'es pas du genre à offrir ton pardon ou à le demander si facilement. Tu es du genre à garder rancune en souriant gaiment et à partir loin de tes problèmes. Alors qu'est-ce que tu fuis ?

_ Tu me connais trop bien.

_ Je vois juste que tu ne souris pas et qu'il y a quelque chose d'éteint dans tes yeux. Juste parce que t'es super galère et que tu n'as pas envie de répondre à mes questions, je vais supposer qu'il s'agit de Sasuke ou du Hyuuga.

Je me fendis d'un sourire impressionné avant de me détourner vers la fenêtre. Mes pensées dérivèrent de nouveau sur tout cette histoire avec Sasuke qui m minait intérieurement et les pans de ma bouche retombèrent. Et commencèrent à trembler. Je sentis mon nez me gratter, et me concentrai afin de ne pas recommencer à pleurer.

_ Je sais que tu m'as dit qu'il n'était pas sage de ma part de rester si proche de Sasuke, puisqu'il est le parrain de Sakura et que je n'ai pas à assumer ses malheurs. Sauf que… Depuis que je suis à ses côtés, si proche, il va mieux. Il commence à guérir. Et j'ai commencé à me demander ce qui était mieux pour lui.

_ Galère…

_ J'ai donc deux solutions : le laisser en charge du service psychiatrique de l'hôpital, ou l'aider moi-même. Ou alors combiner les effets. Le seul problème.

_ Tu ne l'aimes pas comme ça Sasuke ? Il a l'air d'être le seul à ne pas s'en rendre compte.

_ Le seul problème c'est que je m'attache à lui, je n'ai pas besoin d'être amoureuse pour ça. Sauf qu'il confond tout et est persuadé que l'attirance est mutuelle. Alors que je ne sais même pas si je suis capable d'aimer quelqu'un de cette manière à cause de Kyuubi et tout…

_ Es-tu certaine qu'il soit le seul à tout mélanger ?

_ Pardon ?

_ Galère… Pourquoi est-ce à moi de tout t'expliquer alors que les filles sont tellement plus compliquées que les mecs ? Face à ce type, Gaara, tu as prétendu que tu avais un démon en toi. Bien que je ne comprenne pas complètement ce que vous vouliez dire par cela, tu as peur de faire du mal aux gens qui t'aiment. Es-ce vraiment les autres qui t'évitent ou toi qui ne veux pas t'attacher de peur de faire du mal aux autres ?

_ Je ne sais pas… Aimer c'est tellement…

_ Galère ?

_ A croire que ce mot est ta réponse à tout.

_ Tout est galère de toute façon, me répondit sa voix à moitié endormie.

Suivant son exemple, ma tête retomba sur ma poitrine, et je m'endormis, la tête encore pleine de questions, et n'ayant toujours pas su répondre quant à ce que je voulais faire par rapport à Sasuke.

La sensation désagréable de sentir quelqu'un qui m'observait me réveilla. Je ne pouvais pas estimer combien de tempes j'avais dormi. Il y avait quelqu'un de l'autre côté de la porte de la chambre de Shikamaru. Sauf que ce n'était as cette personne dont la présence m'avait alertée. Non, c'était plutôt celle qui faisait du voyeurisme par rapport à ma petite personne et dont je pensais m'être finalement débarrassée. Deux menaces potentielles dont une qui ouvrait la porte tout doucement. Comme s'habitude, le traqueur se trouvait à un endroit qui m'était totalement inconnu. Tout en faisant semblait de dormir, ma main se déplaça vers ma cuisse, prête à dégainer Senritsu. La respiration du maître des ombres n'avait pas changée, la fièvre l'avait certainement plongé dans un sommeil très profond.

Je pivotai brusquement pour foncer sur la personne qui rentrait si silencieusement dans la pièce que c'en était suspect. Cette personne ne venait pas pour Shikamaru, quelque chose me le disait. Pur instinct. Et si c'était une simple infirmière ben je me serais trompée. Mais mon instinct ne m'avait pas trompé. Devant la lame que je pointais se trouvait Hyuuga Neji, Byakugan activé, et qui n'avait pas franchement l'air de bonne humeur.

_ Parlons dehors, exigeais-je d'un ton sec que seul lui put entendre.

Il acquiesça d'une manière presque militaire et avança dans le couloir. Je savais qu'il surveillait mon avance car sa pupille héréditaire lui permettait de voir à 360°. Il m'amena jusqu'au toit de l'hôpital. Je frissonnais sous la brise matinale. Le soleil ne s'était pas levé depuis longtemps. Tout en me protégeant du vent glacé, je toisai l'adolescent. Que me voulait-il pour afficher une présence aussi hostile ?

_ Encore avec un autre que moi, Naruto. Je suis déçu.

Avant qu'il ne parle, j'avais souhaité pouvoir résoudre le conflit calmement. Calmement impliquait que j'allais faire preuve de ma gentillesse naturelle envers les autres. Sauf que sa première phrase réduisit mes intentions à néant. Shikamaru avait raison. Pourquoi est-ce que je m'efforçais d'être toujours respectueuse de mon prochain ? Alors qu'il était parfaitement visible que Neji cherchait à profiter de moi une fois encore ?

Les mots fusèrent de ma bouche.

_ Qu'est-ce que j'ai à faire de ta déception, Neji ?

_ Tu en as à faire que je suis la personne dans ce village qui pourrait t'aider à regagner un peu de prestance quant à ton nom perdu.

_ N'inverse pas les rôles, veux-tu ? Ce n'est pas moi qui ais besoin de me marier avec quelqu'un d'un clan pour m'assurer ma liberté. Et de plus, je n'ai jamais prétendu appartenir à qui que ce soit. Il me semblait t'avoir pardonné pour que notre relation recommence sur des bases plus saines. Or, ce n'est pas le cas, et tu es à chaque fois plus détestable lorsque je te rencontre.

_ Tu passes ton temps à m'énerver exprès. Lorsque tu n'es pas avec l'Uchiha, tu me manques de respect.

_ Le respect se mérite. Et tu n'as pas droit au mien : tu me méprises pour être une femme et je ne peux pas l'accepter.

_ Si je peux tolérer ces écarts, je me dois e réagir si tu te mets à fréquenter des gens moins que convenable.

_ Qui a décidé que Shikamaru n'était pas convenable ? Toi, il me semble. C'est l'héritier des Nara, je ne vois pas ce qu'il a à se faire reprocher.

_ Tu mérites d'être bien entouré, et je doute que les membres de l'équipe 10 soient si fréquentables. Je ne pourrai jamais m'asseoir à la même table qu'eux au Yakiniku Q, c'est d'un vulgaire.

_ Ah bah pour ce problème, j'ai une solution. Si tu t'enlevais le balai que t'as dans le cul, tu pourrais t'asseoir bien plus confortablement. Et cesses de te surestimer. Shikamaru et son équipe valent tous mieux que toi.

_ Comment peux-tu lui donner plus de valeur qu'à moi-même ? Après tout, ne suis-je pas le seul qui te fasse rougir dans le village ?

Il tenta une approche en grand charmeur pour me caresser la joue du bout des doigts mais ma main repoussa la sienne. Même si j'avais été rouge en sa présence en ce moment, rien n'aurait pu faire changer l'éclat dur qu'il y avait dans mes yeux et dans ma voix.

_ Shikamaru a toujours été là pour moi, malgré les épreuves, ce qui n'a jamais été ton cas. Voilà pourquoi je ne pourrai jamais te donner la même place que lui dans mon cœur.

_ Je ne veux pas de sa place. Je mérite la meilleure, qu'il n'a évidemment pas. Je veux la place de l'Uchiha.

Mais qu'est-ce qu'ils avaient tous à croire que j'étais amoureuse de Sasuke.

_ Bien que vos enfantillages entre Hyuuga et Uchiha ne me concernent pas, je tiens à préciser que ça commence bien à me faire chier grave. Ce qui me fait perdre encore plus la piètre estime qu'il me restait de toi.

_ Mais comment peux-tu me déprécier par rapport à ce fainéant de Nara ? Il a perdu au tournoi contre une fille, rends-toi compte !

_ N'ajoute pas la misogynie, tu joue contre ton propre camp.

_ Mais… mais je ne parlais pas de toi, Naruto. Tu es différente. Bon, un monstre sommeille en toi, mais on peut s'en débarrasser et vivre heureux grâce à un sceau qui…

_ Ne termine surtout pas cette phrase, lui lançais-je d'un ton incisif.

Je n'avais pas été aussi en colère contre lui qu'avant le combat contre Gaara. Il était temps de mettre un terme à cette discussion par la manière forte. Il semblait que ce soit le seul moyen de faire entendre raison au Hyuuga et de lui montrer qu'il n'était pas le meilleur. Je dégainai Senritsu et fonçai sur lui à pleine vitesse. La lame s'enfonça très légèrement dans son cou et il se figea. Il n'avait pas pu réagir.

_ Je vais te montrer que je peux te vaincre sans problèmes comme j'ai vaincu Sasuke, monstre ou pas monstre. Voilà pourquoi tu ne vaudras jamais autant que Shikamaru. Il n'a jamais changé d'attitude à mon égard alors que tu as suivi l'exact chemin inverse de ce qu'il avait fait. J'aurais pensé qu'être prisonnier d'un sceau t'aurais permis de compatir à ma propre douleur. Sauf que tu n'es centré que sur toi-même Neji Hyuuga. Et personne et surtout pas toi ne décidera à ma place des gens que je veux fréquenter.

_ Ne pense pas que parvenir à me mettre une lame sous ma gorge est suffisant pour prouver ta valeur face à ma puissance. Rappelle-toi que j'avais la main haute lors de notre dernier entrainement.

Peut-être, mais cette fois-ci j'avais bénéficié d'encore beaucoup d'entraînement et m'étais améliorée bien plus qu'il ne l'avait imaginé. Lors de notre affrontement puis de notre trêve lors du combat face à Gaara, je n'avais perdu que parce que je ne connaissais pas la technique du poing souple qui était enseignée au sein du clan Hyuuga. A l'époque, même le mot Tenketsu m'était totalement inconnu.

Je me reculais afin de ne pas être prise dans le cercle de la technique des 64 coups du Hakke. Je me mis en garde, et commençais à tourner tout autour de Neji. Depuis qu'il était venu me chercher dans la chambre d'hôpital, il ne s'était pas déparé de son Byakugan. J'observais le terrain sur lequel nous allons nous affronter. Le parapet du toit terrassé était recouvert d'une grille haute afin que quelque psychotique n'ait le moyen de se jeter dans le vide. Plus loin deux énormes citernes et un groupe électrogène permettaient au bâtiment de s'assurer une certaine autonomie en cas de siège de la ville afin de pouvoir continuer à traiter les patients.

Je décidai qu'il serait sot de ma part de recommencer à attaquer Neji de front. A l'attaquer directement tout court, vu qu'il pouvait voir dans toutes les directions dans avoir à bouger de son emplacement. Je préférais me mettre en garde et me méfier de ses actions. A la moindre seconde d'inattention de sa part, je m'arrangerai pour cacher des clones quelque part pour m'assurer l'avantage du nombre.

Voyant que je ne venais pas sur lui, Neji fonça dans ma direction. Ses mouvements avaient beau être amples, je ne pouvais que constater leur sobriété. Et ils étaient d'une précision à couper le souffle. J'avais le plus grand mal possible à anticiper ses attaques et à les éviter. Il était impossible de faire autrement. Sa technique fonctionnait par une injection de chakra dans les nœuds de mon corps pour diminuer mes capacités physiques.

Je décalai mon épaule pour éviter ses doigts serrés qui visaient le creux qui sépare le muscle du bras de ceux du torse. Sa main passa au ras de mon corps tandis que j'effaçai mes hanches vers l'arrière avant de faire le point pour éviter son coup de pied circulaire. La position n'était guère pratique et désavantageuse. Je n'étais pas certaine de parer une attaque suivante. Comme pour prouver que j'avais raison, Neji utilisa le pied qu'il avait précédemment levé pour sauter en l'air et heurter ma colonne vertébrale à un pont sensible. Je fus projetée en l'air et profitais de ce moment pour vriller et me mettre hors de portée du jeune homme.

Perchée sur un montant su grillage, je sentis une rigole de sueur couler dans mon dos. Merde ! Moi qui croyais que sa maîtrise du chakra pour bloquer la circulation de mon système énergétique ne passait que par ses doigts ! Il venait de bloquer une des grandes poches de chakra du corps, la septième de ce que je m'en souvenais vaguement d'un parchemin consulté sous l'égide d'Ebisu-Sensei… La porte de la concentration ? Non contemplation peut-être ? Peu importe. Quoi que fut son nom, je ne ressentais plus rien dans cette région, ce qui était assez étrange, comme si je contrôlais mes jambes et le haut de mon corps tout en ayant un trou au milieu.

Je gardais un œil alerte autour de Neji tandis que je sentis près d'ici la présence de l'homme au masque de chat que j'avais vu dans la ville quelques heures plus tôt. Il se situait sur un toit en contrebas quelque part dans mon dos, en pleine observation de notre combat avec le jeune Hyuuga. Non, il n'était pas seul, je distinguais d'autres silhouettes dans la même direction. Tiens, pour une fois qu'il ne se cachait pas lorsque mes yeux se posaient sur lui. Je devinais qu'il y avait au moins deux personnes avec lui. Prise d'une inspiration soudaine je pliais trois doigts dans mon dos, montrant que j'avais détecté les individus. Aussitôt ils se volatilisèrent. Mais je devinais qu'ils se trouvaient à nouveau dans la région.

Neji profita de mon inattention apparente pour sauter et tenter de m'atteindre d'un coup de pied sauté retourné. Je le vis prendre une impulsion et faire tourner son corps pour m'atteindre du talon au niveau de la tempe. La lueur bleue qui embrasait son talon ne signifiait qu'une seule chose, il tentait d'interrompre la connexion de chakra au niveau d'un point situé soit dans mon cou, soit dans ma tête. L'impact menaçait d'avoir de violents effets secondaires.

Croyait-il m'avoir d'une attaque aussi évidente.

Toujours accroupie, les deux pieds adhérant au grillage, je plaçai mes bras en garde croisée vers la droite, au cas où je ne serais pas assez rapide, la main gauche devant l'épaule gauche, main ouverte pour protéger le visage et le cou, et le bras gauche plié de manière à pouvoir limiter le choc entre le talon et ma tempe. J'attendis la dernière seconde pour réagir. Il ne pourrait pas réagir. Dès qu'il fit suffisamment proche, je stoppai le flux qui me permettait d'adhérer au grillage, et la gravité me rappela à elle. Je vis les yeux laiteux s'écarquiller tandis que mes bras croisaient remontaient au dessus de ma tête, changeant la trajectoire de sa jambe et bloquant sa rotation. Et exposant une partie de son anatomie que je m'empressais de frapper.

Il poussa un cri aigu et étranglé qui me ravit. Pour la seconde fois de ma vie, mon genou venait d'éclater l'entrejambe de Hyuuga Neji. Je retombais au sol avec plus ou moins de grâce avant de fixer le jeune homme avec un sourire moqueur. Il se releva tant bien que mal. Ah ? Visiblement il en voulait encore. La lueur dans ses yeux m'incita à plus de prudence encore. Je le vis se concentrer, prêt à envoyer sa paume vers l'avant. Je me rappelais avoir été poussée par une force inconnue lorsqu'il avait fait usage de cette technique durant le marché nocturne. Je ne lui laissai pas le temps d'en faire usage, distrait qu'il était par sa douleur, il n'avait pas vu les deux Kage Bunshin s'approcher discrètement. En un bond ils furent sur lui. Le temps qu'il les détecte avec son Byakugan, il était déjà immobilisé au sol, et l'un de mes clones lui noua une corde autour des poignets. Puis l'un d'eux profita du fait que j'avais ouvert la porte de l'escalier pour y balancer le Hyuuga endolori et ridiculisé d'un grand coup de pied aux fesses.

Ça ne servait strictement à rien, mais putain qu'est ce que ça faisait du bien !

C'est alors que je compris que ce match ne serait que le premier que j'allais devoir à effectuer ce jour là. On me poussa violemment contre le mur, et je me surpris à contempler une paire d'yeux carmin. Une personne normale se serait dit « Je ne suis pas dans la merde ! ». Une fille normale aurait glapit : « SASUKE-KUUUUUUN ! ». Moi je me suis contentée de constater que c'était le deuxième porteur de Dôjutsu qui venait me voir aujourd'hui à une heure si tôt. Et certainement pour la première raison que le premier.

_ Naruto ? me demanda-t-il d'une voix mielleuse qui transpirait la colère.

Je ne pus m'empêcher de trembler comme un enfant pris en faute.

_ Sasuke ? Tu… Tu veux me demander quelque chose ?

_ Comment se fait-il que tu as passé ta nuit avec Shikamaru et que je te retrouve avec cet enfoiré de Neji ?

_ Est-ce que tu es myope ? Je viens de lui casser la figure en quelques minutes. Tu n'as pas à me faire subir une énième crise de jalousie insensée.

_ En quoi est-elle insensée. Je t'ai attendu toute la nuit devant ton appartement. Si j'ai bien compris tu as passé toute ta journée d'hier à m'éviter. Il y a des réponses que je veux avoir maintenant.

_ Quelles réponses ?

Je n'étais pas certaine que la suite des évènements allait me plaire du tout. Et la tournure fut d'autant plus mauvaise lorsque je sentis les mains de Sasuke se contracter contre mes épaules. Je sentis le muscle que j'avais froissé la veille me faire mal tandis que le garçon fermait ses yeux et approchait sa bouche de la mienne.

Non, je ne pourrais pas lui offrir de nouveau un baiser. Pas à quelqu'un que je n'aimais pas de cette manière. Et parce que la discussion avec Shikamaru m'avait au moins éclairé que un point : je ne p



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