Fiction: Secret

Je m'appelle Naruto. Et j'ai décidé que je deviendrais Hokage. Pour voir jaillir l'admiration de la haine et du mépris ambiant. Seulement les héros sont toujours des garçons. Et je ne suis qu'une toute petite fille qui sert de prison à un démon. Alors j'ai créé Uzumaki Naruto, le pitre qui ferait des miracles à partir de ses piètres capacités. Sauf que ce secret est lourd à porter.
Classé: -12D | Action/Aventure / Humour / Romance | Mots: 181918 | Comments: 13 | Favs: 17
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Narsha (Féminin), le 09/05/2013
Cette fiction est déjà publiée sur Fanfiction.net, je ne fais que la reporter ici. Si vous êtes impatients de lire la suite, vous latrouverez sans aucun mal.



Chapitre 19: How troublesome is love



Le regard de la blonde à forte poitrine se perdait dans l'océan des rues de Konoha. Appuyée sur la rambarde en haut du bâtiment de l'Hokage, elle prenait pleinement conscience qu'elle allait diriger ce pays. Un peu en retrait avec Jiraya et Sasuke, je faisais la moue. Enfin quoi ? C'était moi qui devais devenir la première femme Hokage ! Qu'est-ce que j'aurais de si particulier lorsque je deviendrai Hokage à mon tour ? Les membres du conseil présent anticipaient déjà les préparatifs pour l'intronisation de la petite-fille du Shodaime. Mais avant elle avait d'autres choses bien plus importantes à faire, à savoir soigner Kakashi-Sensei ainsi que Lee. Immédiatement après que je le lui rappelai, le médecin légendaire descendit les escaliers en direction de l'hôpital. Quelle ne fut pas ma surprise de croiser Shikamaru et son père sur notre chemin. Je serrai mon ami dans mes bras en guise de salutation. Derrière-moi Sasuke se crispa.

_ Naruto… fit Shikamaru d'une voix anxieuse. Tu crois vraiment que ce que tu fais est raisonnable ?

Je fronçai les sourcils. De quoi parlait-il ? Shikamaru se dégagea de mon étreinte amicale et fit face à l'Uchiha qui pestait en silence. On pouvait même entendre ses dents grincer.

_ Ne t'avais-je pas dit de ne plus t'approcher d'elle la dernière fois à l'hôpital ?

_ Quelle dernière fois ? On ne se parle jamais, s'étonna Sasuke, de la colère dans sa voix. Et qui es tu pour me donner des ordres ?

_ Quelque chose ne va pas dans cette histoire, fit le Nara d'un ton songeur.

Je tirai Shikamaru par la manche pour lui rappeler ma présence.

_ La personne à qui tu as parlé à l'hôpital était Neji déguisé en Sasuke. Celui qui se trouve en face de nous est le vrai Sasuke. Ce n'est pas étonnant que tu les aies confondus. Ils sont tous deux aussi arrogants.

_ Ah oui, j'avais oublié ce point de détail avec le Hyuuga. Une autre raison de lui montrer…

_ Oui ben si vous voulez vous taper dessus, faites-le quand je ne suis pas là. Je n'ai aucune intention d'arbitrer vos combats entre mâles dominants.

Shikamaru renifla, moqueur. Sasuke darda ses yeux sombres sur nous. Sasuke me tira vers lui, et se mit à me chuchoter furieusement de ne pas lui trouver des rivaux à chaque fois que je rencontrais quelqu'un que nous connaissions. Je ne savais pas trop comment réagir à cette phrase. Nous nous étions rapprochés beaucoup durant ce périple avec Jiraya, et pourtant une scission demeurait entre nous, un fossé que j'hésitai à combler, tout en sachant que la décision que je prendrai aurait de lourdes conséquences pour le futur. Néanmoins, je devais avouer que parmi toutes les relations que j'avais pu considérer en à peine deux mois, celle que j'entretenais avec Sasuke était celle qui se rapprochait le plus de celle d'une vie amoureuse. Mon coéquipier avait des cotés un peu brusques et très entreprenants, mais par rapport à Neji qui ne voyait en moi qu'une possibilité d'ascension sociale, et Gaara que je n'étais pas prête à revoir… J'oscillai entre sourire et regret face à Sasuke, car il était le seul à m'aimer pour moi, pour ce que j'étais. Tout en sachant que je n'étais pas amoureuse de lui, mais qu'un seul choix de ma part, et je le sauverai des ténèbres ou il y serait reclus à jamais.

Et plus que mes sentiments conflictuels, mon combat entre émotion et raison, le regard pénétrant de Shikamaru me transperçait. Comme s'il devinait tout. Je lus en lui que je pourrais lui parler si besoin était.

_ Dois-je te rappeler que tu es le parrain de Sakura ? déclara simplement le jeune stratège.

Cette phrase me fit l'effet d'une douche froide. Sakura ! C'était vrai, elle aimait Sasuke. Et il était sensé l'initier aux jeux de l'amour. Et non pas m'initier moi. De plus je ne pouvais pas trahir mon amie. Quelque chose se brisa quelque part en moi dans un déchirement que je fus seule à percevoir. Même si mes sentiments et ceux de Sasuke divergeaient, le choc était rude.

_ Cette tâche n'a rien à voir avec ce qui nous occupe pour l'instant, déclara Sasuke.

_ Tu n'as pas pensé qu'avec tes actions tu pouvais blesser et Naruto, et Sakura ?

_ Il a raison, Sasuke. Et de toute manière je crois qu'il est bon que nous nous évitions l'un l'autre pendant quelques temps.

_ Mais toi et moi, nous sommes…

_ Nous ne sommes que des coéquipiers, des amis certainement… Mais rien de plus.

Je ne sus lequel des deux fut le plus blessé par les mots qui sortirent à cet instant de ma bouche. Je n'eus pas le temps de débarquer plus avant que Tsunade débarqua avec Shizune et Jiraya dans mon dos. Dans un coin d'ombre, Shikaku Nara affichait un sourire narquois face à ces discussions et ces amourettes de jeunesse. En apercevant les deux Sannin, il s'inclina respectueusement face à eux. La blonde engagea la conversation avec lui, sur une histoire de cerfs et des propriétés médicinales de leurs bois. Je me trouvais dans cette situation à expliquer à Shikamaru que la jeune femme avec qui devisait son père n'était pas âgé d'une vingtaine d'années, mais qu'elle frisait l'âge de mon parrain, et de plus qu'elle était la prochaine Hokage.

_ Eh bien, Naruto. Après le rejeton Uchiha, je vois que l'on s'intéresse aussi aux Nara. Si tu veux mon avis, choisis sagement ton fiancé. Celui-là ne paye pas de mine, mais il a l'air plus crédible que l'autre.

_ Euh… Tsunade-Sama… Je vous rappelle que vous aurez ces jeunes gens sous vos ordres et qu'ils entendent vos réflexions à leur égard, lui rappela Shizune.

_ Et alors, autant que cette Naruto se mette du plomb dans le cerveau dès maintenant si elle souhaite devenir le prochain Hokage. Je suis d'avis qu'elle a plus à gagner qu'à avoir d'autres fréquentations que ce jeune Uchiha.

Ah oui, Tsunade et Sasuke. Un couple explosif, si vous souhaitez mon avis. Chacun engoncé dans leur propre fierté, toute féminine et moderne pour le médecin, ancestrale et clanique pour l'héritier du Sharingan. Deux courants de pensée qui ne se rejoignaient en rien. Le voyage n'avait pas cessé d'être interrompu par leurs disputes continuelles, qu'elles soient explicites ou non. Déjà moi, donc on dit que je n'ai pas un caractère facile à vivre, j'ai souvent des disputes avec mon coéquipier sur certains de nos préjugés. Il avait toujours du mal à accepter sa défaite, mais j'étais certaine que je ne faisais pas le poids face à un Sasuke réellement motivé par un combat. Par ailleurs je préfère me considérer comme quelqu'un de très franc et de très honnête envers autrui, et je dis toujours ce que je pense au moment que je juge le plus opportun. Toujours est-il que la future Godaime et Sasuke ne pouvaient s'empêcher de se grogner dessus avec délectation. Sauf que ça n'avait rien de bagarres anodines que l'on a parfois entre amis, c'était une déclaration de guerre entre deux êtres engoncés dans leur petit monde. Sasuke n'acceptait toujours pas Tsunade comme un Hokage valable, n'ayant pas assisté à son coup d'éclat face à Orochimaru, et n'ayant par ailleurs toujours pas digéré le fait d'avoir été drogué. Nous lui avions tu le fait qu'il ait failli être sacrifié, voire remis entre les mains de l'homme qui avait manqué de nous tuer dans la forêt de la mort et son subordonné.

Autant dire que la remarque de Tsunade sur ma fréquentation préférentielle de Shikamaru n'avait rien d'anodin. Elle l'avait fait exprès dans le but de faire réagir mon camarade et le faire sortir de ses gonds. Je voyais déjà les poings de Sasuke se serrer. Et l'atmosphère venait de se refroidir brusquement de plusieurs degrés. Je cherchais d'un regard nerveux une distraction à apporter à un des deux opposants. Distraction qui ne devait en aucun cas pouvoir être détournée pour servir de prétexte à une nouvelle bataille verbale. Sur ce point je fus sauvée par Mr Nara :

_ C'est un tel honneur de vous voir entre nos murs. Pourquoi ne pas manger à la maison demain soir, Princesse Tsunade, Jiraya-Sama ? Ma femme aime recevoir des visites mondaines. Evidemment, Naruto, tu es la bienvenue à la maison quand tu voudras.

_ Dis plutôt qu'elle aime te savoir à la maison, et pas on ne sait où, soupira son fils si bas que presque personne ne l'entendit.

_ Hors de question, déclara immédiatement Sasuke. Je refuse de me trouver plus longtemps en présence de cette femme déplorable, lança le brun. Je rentre à la maison. Tu viens Naruto ?

_ J'ai l'intention d'accepter l'invitation, Yoshino-san m'est très sympathique, je me verrai mal refuser une telle gentillesse. Désolée, Sasuke, répondis-je à son dos qui s'éloignait.

_ Bien que l'idée d'un repas maison, sans la présence de cet impertinent d'Uchiha soit des plus tentantes, les prochaines charges en lien avec ma nouvelle fonction d'Hokage me forcent à refuser cette invitation. Shizune ne pourra pas non plus faire partie des vôtres, je suis certaine que l'hôpital a besoin de recevoir la visite de spécialistes.

_ Pour ma part je ne peux pas refuser, je devrais d'ailleurs utiliser cette chance pour tenter de réparer le désastre que le dernier diner avait été.

_ Alors par pitié, n'amenez plus de saké, ma femme a été très claire là-dessus.

La discussion se continua en marchant. Je me tenais à côté de Shikamaru. Son sourire et son regard chaleureux étaient une félicité après un mois à supporter l'absence et le froid mutisme de Sasuke. Chacun des deux avaient une manière bien à eux de montrer leur affection à mon égard. Trop brusque pour l'Uchiha, et certainement trop appuyée lorsqu'il s'y mettait, trop maladroite pour le Nara mais désintéressée. Je surpris son regard chocolat errant vers une fenêtre. Dans le ciel gris et pluvieux de l'automne bien installé je soupirais. Octobre était arrivé, et aujourd'hui était mon anniversaire. Et évidemment personne ne s'en souciait. Personne ne s'en souvenait. Comme chaque année, je ne recevrai pas de cadeaux, et aucun gâteau ne m'attendrait, couvert de quatorze bougies prêtes à être soufflées. Ce soir une allumette plantée dans un biscuit trouvé au hasard de mes placards devrait faire l'affaire.

Une main me secoua gentiment l'épaule afin de me rappeler à la réalité. Je sursautai au contact inhabituel avant de me tourner vers Jiraya. Nous étions enfin entrés dans la chambre de Kakashi-sensei. Tsunade avait déjà pénétré les lieux avec son assistante pour s'occuper du ninja copieur. Je la vis s'approcher du patient et poser une main sur son front de mon professeur, et une lumière verte irradia. Immédiatement les traits crispés de l'homme alité se détendirent et il battit des cils. Ses yeux vairons se posèrent sur le médecin, puis tour à tour sur les autres venus en visite.

_ Tsunade-sama… ?

_ Alors, ainsi on perd la face contre à peine deux mercenaires. J'avais cru que le fils du Croc Blanc était un génie, mais visiblement, je me suis trompée.

_ Ce n'est pas drôle, gémit le Jounin.

_ Shizune, ferme la porte, nous avons à discuter de choses importantes en ces lieux. Jiraya, personne d'autre que les personnes présentes ne doivent entendre ce qui doit se discuter.

_ Dois-je me retirer ? demandais-je.

_ Non Naruto, cette conversation te concerne en premier lieu.

Shizune alla fermer la porte, et s'appuya sur le battant refermé. L'ermite pervers forma des sceaux compliqués de ses mains, trop rapides pour que mes yeux puissent en saisir le schéma. Il apposa ses mains au sol, et des écritures étranges jaillirent du point d'impact. Rapidement, elles envahirent les murs et le plafond, baignant la scène dans une curieuse lumière mauve. Je jetai un regard plein d'appréhension aux adultes avant de m'appuyer contre un coin de mur pour embrasser la totalité de la pièce d'un regard. Un œil gris et un œil noir dépourvu de Sharingan se posèrent sur moi, m'examinant. Il me sembla lire de la satisfaction dans le regard pénétrant que Kakashi-Sensei dardait sur moi.

_ Tu as changé, Naruto, me déclara-t-il. Rien que dans ta manière de te tenir et de regarder. Il te reste beaucoup à apprendre, mais tu as fait un bon bout de chemin et en si peu de temps.

_ On ne cesse jamais d'apprendre, répliquais-je.

_ Si j'ai bien compris, c'est toi qui as pris l'initiative de la faire former pour entrer dans les services spéciaux, avant même qu'elle ne présente les aptitudes nécessaires, déclara la future Godaime. Et de ce que m'en a dit Jiraya, tu as fait cela sous le couvert de mon prédécesseur.

_ J'ai été pendant longtemps le chef de l'ANBU, je sais reconnaître le talent lorsque je l'ai en face de moi.

Il m'adressa un clin d'œil complice, et son masque se plissa sous l'effet de son sourire caché par le tissu.

_ Alors il n'y a aucune corrélation entre le fait qu'elle soit l'unique descendante de feu le Yondaime, et par ailleurs la fille de ton ancien Sensei ? La question t'es dirigée aussi Jiraya, pourquoi t'être entêté à entrainer cette fille ? Pourquoi elle, et non pas le gamin Uchiha, qui est tout de même doté de meilleurs attributs qu'elle ?

Avant qu'aucun des deux hommes ne puissent parler, ma bouche s'ouvrit d'elle-même. Si elle souhaitait me reprocher mon manque de talent en ma présence, qu'elle ait au moins la décence de me regarder droit dans les yeux.

_ Tsunade-Sama, je tends à croire avoir eu tort de vous croire apte au poste d'Hokage.

_ Naruto-chan ! se plaignit Shizune.

_ Je suis consciente que mes aptitudes ne vous ont pas été présentées sous leur meilleur jour. Cependant je ne pense pas avoir besoin de l'avis de quelqu'un d'autre pour juger mes capacités. Il me reste du chemin à parcourir, certes, mais je ne me laisserai pas insulter de la sorte sans répondre.

_ Naruto, je crois que tu ne vois pas vraiment le point de Tsunade, dit Jiraya. Le fait que tu sembles inapte, ou du moins dépourvue d'attributs particuliers autre que Kyuubi est ce qui est perçu par ton entourage. Et encore, le secret imposé par le Sandaime pour le Kyuubi fait que la plupart de nos concitoyens ne sont pas au courant de l'identité du Jinchuuriki de Kyuubi.

_ Enfin quelques personnes sont au courant, tous ceux qui étaient au village il y a dix ans savent que…

_ Les soldats de Konoha ne sont pas du genre à étaler leurs secrets en public. Surtout ce genre de secrets douloureux, déclara l'ermite pas net.

_ Aux yeux du reste du monde, tu es quasiment inconnue. Présente brièvement au tournoi Chuunin, mais n'ayant pas fait preuve de capacités exceptionnelles susceptibles d'attirer sur toi l'œil de l'ennemi. Bien que la rumeur s'est répandue comme une trainée de poudre, lorsqu'on s'est aperçu que tu étais une fille et non pas un garçon se soit répandue rapidement dans le village, aux yeux de nombreux ninjas, tu n'es qu'une mauvaise élève ayant passé avec difficulté les tests finaux de l'Académie. Et l'unique mission importante que nous avons effectué en dehors des murs de Konoha ne t'as pas fait rencontrer d'ennemis ayant assez de connexion. D'une part tu ne les intéressais pas, d'autre part ils sont morts.

_ J'ai un pont à mon nom au Pays des vagues, je vous rappelle.

_ Un pont au nom d'Uzumaki Naruto. Tu as repris le nom de ton père.

_ A part me dire que tout le monde croit que j'ai des capacités de merde au combat, vous avez quoi d'autre à me dire.

Tsunade soupira. Je ne comprenais pas où ils venaient en venir. Pourquoi garder cachée une conversation sur ma formation ANBU et tout le tralala ?

_ Parmi les ninjas de Konoha, seuls ceux présents à l'épreuve d'élimination du tournoi Chuunin savent que tu as une affinité Suiton. Parmi nos troupes, seuls ceux qui étaient présents il y a dix ans savent que le Kyuubi a été scellé en toi, cependant seules quelques rares personnes savent que le sceau laisse filtrer le chakra du démon renard, te permettant de l'utiliser. Enfin, mis à part quelques rares intimes, uniquement les personnes dans cette pièce sont au courant de ta formation ANBU. Aux yeux du reste du monde, tu es invisible, m'expliqua Jiraya.

_ As-tu remarqué, Naruto ? Chaque fois que nous avons eu un combat difficile face à des ennemis, tous me reconnaissaient, déclara Kakashi-Sensei. Tu as entendu parler du Bingo Book, n'est-ce pas ? Celui-ci n'est pas uniquement restreint aux déserteurs et aux criminels, il en existe certains spécialisés pour chaque village, décrivant leurs techniques. Des chasseurs ennemis sont parfois engagés pour étudier les ninjas et les tuer. Sans parler des chasseurs de primes, ça risquerait de t'embrouiller encore plus. Je suis connu de part le monde, et ne suis parvenu à réchapper à toutes les attaques que par ma créativité et la palette immense de Jutsus.

_ Naruto, la célébrité est une arme à double tranchant pour le ninja. Il est craint et respecté par ses pairs, de la même manière qu'il représente pour eux une menace. La célébrité te protège et t'expose en même temps, me renseigna Shizune.

_ Mettons à présent que nous faisions la part des choses. D'un côté, il y a l'opinion publique, qui se fera une idée de toi en fonction des informations qu'elle aura eues. De l'autre côté, il y aura tes capacités réelles, déclara Tsunade.

_ Vous me proposez de faire croire que je suis nulle alors que je ne le suis pas.

_ Dans l'esprit, c'est ça.

_ Mais comment comptez-vous me faire jouer la comédie ? Je suis incapable de me contrôler dans une bataille ! Je ne peux pas ne pas aller à fond dans un combat, ce serait manquer de respect à mon adversaire.

_ Une vision chevaleresque de l'art ninja, déclara Kakashi-Sensei, mais ce n'est pas ce que l'on demande à un soldat. Surtout pas à un soldat de ta trempe. Mais je suis parfaitement conscient que te faire jouer la comédie est au dessus de tes forces actuellement. Parmi l'équipe sept, seule Sakura pourrait y parvenir, mais nous nous éloignons du sujet. Mais tout s'apprend, et tu fais preuve d'une capacité d'adaptation rarement vue.

_ Oui, pour le moment, nous n'en sommes pas encore au moment de ta double-vie. Afin que l'ennemi ne sache rien de tes réelles capacités, il faut que tu sois également dotée de capacités moyennes pour ceux qui te côtoient de près également, asséna Tsunade.

_ Je ne pourrais jamais mentir à mes proches, c'est dégueulasse ! Et de toute manière, les adversaires verront bien que les informations ne coïncident pas si j'ai effectué des missions périlleuses tout en n'étant qu'une kunoïchi parmi tant d'autres. Ils sauront faire la part des choses.

_ Pas forcément, si on les abreuve de vraies fausses informations, souligna Tsunade.

_ Je ne vous suis plus, là. Vous m'avez larguée…

_ Ce n'est pas grave Naruto, fais au mieux de tes capacités intellectuelles, on ne te demandera pas plus, tenta Jiraya.

_ Ouais, dites tout de suite que je suis limitée mentalement !

_ Je dirais plutôt que tu n'es pas quelqu'un de… Enfin disons qu'il y a plusieurs formes d'intelligence et que la stratégie te fait défaut… Mais ce n'est pas grave, certaines choses s'acquièrent avec le temps.

_ Quoi qu'il en soit, à présent ta formation d'ANBU se continuera en secret. Malgré tout il te faudra rester avec les personnes que tu fréquentes normalement pour faire illusion. Durant les missions de faible envergure que tu auras à faire pour aider à la réparation de Konoha, ton corps réel ou un de tes clones suivra un entrainement intensif auprès d'un membre de l'ANBU en fonction.

_ Qui est… ?

_ La rencontre a déjà eu lieu. Il devrait s'agir de quelqu'un qui t'a contacté peu de temps avant que tu ne révises tes bases et approfondisse tes connaissances avec Ebisu-Sensei. Il a dû s'arranger pour provoquer la rencontre.

L'inconnu de la chambre 306 ! Evidemment, je m'étais perdue dans les couloirs de l'hôpital en cherchant la chambre d'Hinata et avais manqué de faire un malaise. Par hasard je m'étais retrouvée dans une autre chambre avec quelqu'un que je ne connaissais pas. Mais cet évènement me semblait bien plus planifié que fortuit maintenant que j'étais au courant. Oui, si quelqu'un avait tout fait pour que j'ouvre cette porte à ce moment précis, et de me perdre dans les couloirs, ma sensation d'égarement et de malaise avaient une origine commune : un Genjutsu. J'ai toujours été super nulle pour les détecter et encore moins pour les contrer. La poisse !

_ A tes yeux écarquillés, je pense que tu t'es souvenue.

_ Avec l'attaque de Suna et d'Orochimaru, nos ninjas sont en sous-effectif, déclara Shizune qui consultait les derniers dossiers constitués pour aider le prochain Hokage à prendre en main rapidement le village. Cependant les qualités de nos ninjas au tournoi ont été très appréciées par les seigneurs en visite. En plus des réparations de la ville, il faut remplir le même taux de missions qu'avant avec un sous-effectif.

_ Ce qui signifie que la séparation d'une ou plusieurs équipes en différentes cellules passera inaperçue. De ce fait, Naruto, je pense que tu seras écartée de ton équipe. Nous trouverons une justification plausible pour les autres membres.

_ Faites attention, Uchiha Sasuke est très perspicace, et Haruno Sakura est très intelligente, prévint Kakashi-sensei. Je pense qu'il faudra bien penser aux mots à employer. D'autant plus qu'il n'y aura pas que Naruto qui sera en entrainement, bien que dans son cas, ce soit officieux.

_ Je peux remplir des missions avec mes clones, soulignais-je.

_ Mais pas sans que tes coéquipiers s'en aperçoivent, fit Jiraya.

_ Je ne veux pas leur mentir. Pourquoi ne puis-je rien leur dire à propos de ma formation ? Ils savent déjà que j'abrite dans mon corps un démon.

_ Namikaze Naruto ! cria Tsunade. Cette décision est sans appel.

Elle avait vraiment une voix effrayante lorsqu'elle s'énervait. Et vu sa force monstrueuse, je n'aimerais pas prendre une de ses gifles, des fois qu'elle perde le contrôle de ses émotions.

_ Tu n'as pas besoin de crier Tsunade, je te rappelle que nous sommes cinq dans cette pièce, et que bien qu'insonorisée partiellement par mon sceau, je n'ai pas envie que tu en testes les limites à l'aide de tes cordes vocales, déclara Jiraya avec humour.

_ De toute manière le plus important a été dit. Aucune paire d'oreilles indiscrètes n'est au courant de quoi que ce soit, déclara la blonde.

Jiraya joignit les mains pour former le signe de libération. La lumière de la pièce redevint d'une couleur naturelle. Mes yeux qui s'étaient habitués au mauve ambiant trouvaient la lumière naturelle un peu trop jaune. Ça ne durerait que quelques instants. Alors que Tsunade se dirigeait vers la sortie, elle fut happée par une silhouette verte en furie. Gai-sensei venait de faire irruption. L'ermite pas net me souhaita une bonne après-midi. Je sentis mon estomac grogner, la matinée avait tiré à sa fin. Mais j'avais quelque chose d'autre à voir avec Kakashi-Sensei.

_ Tiens ? Tu restes tenir compagnie à ton professeur en rétablissement ?

_ Oh, je ne pensais pas exactement… En fait j'ai quelque chose à vous demander. C'est important.

_ Vas-y, qu'y a-t-il qui te trouble ? Est-ce Sasuke ? Je me doutais que quelque chose allait arriver entre vous.

_ Hum… Ce qui arrive entre moi et Sasuke ne vous concerne nullement, si j'ai besoin de conseils je verrai en tant voulu. Non, ce que j'ai à vous dire concerne Sakura. Que pensez-vous d'elle ?

_ C'est une jeune fille dévouée, très intelligente, très douée pour le contrôle de ses flux de Chakra avec une précision impressionnante et qui possède des aptitudes au Genjutsu. Où veux-tu en venir ?

_ Sasuke et moi avons eu des formations auprès de professeurs particuliers pour améliorer nos qualités. Je pense que depuis l'examen Chuunin, Sakura a commencé à se sentir en retard par rapport à nous. Je pensais que cette sensation était due au fait qu'elle s'entrainait peu, mais j'ai pu m'entrainer un peu avec elle pendant les pauses que m'offraient ma formation. Elle n'a pas moins de capacités que moi ou Sasuke et pourrait très bien devenir un membre complémentaire bien plus impliqué dans notre trio. Seulement j'ai vu que votre intérêt se portait en premier lieu sur Sasuke parce qu'il vous ressemble mentalement et sur moi car je vous rappelle mon père. D'un point de vue affectif, vous n'avez pas plus de proximité avec Sakura que cette relation distendue de professeur à élève. Et là se trouve le problème. Vous la laissez en arrière.

_ Je… Je sais, mais je pensais faire au mieux, entre l'entrainement pour le tournoi de Sasuke et ta formation ANBU.

_ Le tournoi est fini, et j'ai d'autres professeurs. Vous pouvez très bien vous faire remplacer auprès de lui.

_ Je suis le seul qui puisse l'aider à la maîtrise de son Sharingan. Et puis s'il perd le contrôle de lui-même et gagner de la puissance à mauvais escient et…

_ Garder Sasuke sur le bon chemin, je doute que vous puissiez y faire quoi que ce soit. C'est bien pour cela que notre rapprochement récent me sert, bien que je ne l'apprécie pas au même degré que lui. Et de toute façon ce n'est pas ce qui nous intéresse. Vous trouvez des excuses pour ne pas penser à la formation de Sakura. Elle a des capacités de Genjutsu, pourquoi ne pas l'aider à cela ? Elle devrait aussi améliorer ses capacités physiques. Peu importe si ce n'est pas vous qui vous en chargez personnellement, mais vous devez prendre vos responsabilités en face : vous êtes responsable de trois Genins, pas moins.

Sur cette tirade, je quittai les lieux. Au moment de refermer la porte coulissante, je m'arrêtais sur le seuil, et jetai un regard en arrière. Les yeux de mon professeur se fixaient sur moi avec une intensité différente de l'ordinaire. Il me considérait sous un jour nouveau.

_ Il n'y a pas que ton corps qui a changé, décidemment. Depuis que tu t'acceptes entièrement, tu es pleine d'esprit Naruto. Quel dommage que tu n'aie pas pu participer au tournoi. La veste de Chuunin te serait allée comme un gant.

_ Il est trop tard, n'est-ce pas ? Je dois rester une simple soldate de second ordre, rappelez-vous, lâchais-je avec regret.

Je sortis dans les couloirs aseptisés, ils me mettaient mal à l'aise. Et puis, je passais déjà assez de temps alitée à chaque fois que j'en faisais trop à une mission ou à un entrainement, il n'était pas nécessaire de rester plus longtemps en ces lieux. Pourtant avant d'avoir pu faire quelques pas, j'entendis la voix de Kakashi-Sensei, comme s'il s'était trouvé derrière mon épaule. Sa voix qui me souhaitait qu'une nouvelle année qui commençait pour moi, soit la base d'une meilleure vie. Dans ma poche un petit rouleau avait été glissé lorsque je regardais ailleurs. Quelqu'un avait pensé à moi ! Je ne pus m'empêcher d'émerger du centre hospitalier un grand sourire aux lèvres. Une nouvelle vie, hein ?

Au sortir du bureau des bâtiments administratifs de l'Hokage, je croisai Ino, Choji et Asuma-Sensei en pleine discussion. Je les saluai avec un grand sourire, et me laissai une nouvelle fois aller à prendre mes amis dans mes bras. Ou plutôt, me faire écraser par les bras puissants de Choji et me faire délivrer par Ino. Je leur demandais ce qu'ils attendaient à cette heure-ci devant le bâtiment officiel, Tsunade n'ayant pas encore revêtu sa fonction de chef du village caché des feuilles. Et ce fut quand je le vis sortir avec l'épais gilet vert que je compris. Shikamaru venait d'être nommé Chuunin. Lui si laxiste à son habitude, cet ajout à sa tenue le rendait plus mature et plus crédible. Il avait l'air du shinobi en puissance. Je le félicitai chaudement et lui annonçai combien sa tenue lui allait bien. Ses coéquipiers ne manquèrent pas de louanges, mais je sentais l'ironie dans la voix de la blondinette et du garçon enrobé. J'avais vraiment de l'admiration pour mon ami, n'ayant jamais pensé à quel point il était un puissant ninja avant de l'avoir vu à l'œuvre au tournoi. Je ne sus si ce fut de gêne pour les compliments masqués de ses coéquipiers ou pour mes sincères louanges qu'il rougit.

C'était la première fois que je voyais un homme dans mon ami d'enfance.

Asuma-Sensei m'invita au restaurant avec le reste de son équipe. Bien que très heureuse de l'alléchante suggestion qui m'était faite, je ne pouvais pas accepter. Je tentais de décliner, mais Shikamaru insista pour que je reste ainsi que Choji. Ino était indifférente à ma présence. Même, je sentais poindre jalousie ou animosité dans son comportement que je ne saisissais pas. Je voulus négocier, payer ma part ou en partie, mais le fumeur et ses élèves parvinrent tant et si bien à me convaincre que je finis assise en bout de table, Choji d'un côté et Shikamaru de l'autre. La bonne humeur qui régnait dans cette équipe me fit chaud au cœur. Je ne la retrouvai pas tant que cela au sein de la mienne. Je m'entendais plutôt bien avec Sakura, mis à part quelques piques que nous nous lancions de temps à autre, mais Sasuke… Sasuke était froid et distant avec tout le monde, et je me sentais mal à l'aise en sa présence depuis ce qui était arrivé sous la tente durant le voyage. Le professeur partit payer la note à la fin du repas, et nous allâmes en groupe effectuer une pause technique dans les sanitaires du bâtiment.

_ Je t'envie quelque part, Choji… entendis-je depuis le couloir alors que je me savonnais les mains. Tu te goinfres constamment sans culpabiliser. Moi je souffre le martyre avec mes régimes à répétition.

_ Pourquoi tu fais des régimes ?

_ Quelle question ! Les filles veulent se faire toujours plus belles pour le garçon qu'elles aiment !

_ Mais qui te dit que les garçons aiment seulement les filles maigres ?

_ Hum ! En général ils n'aiment pas les gr… Enfin, ils préfèrent les filles minces. Et le même discours s'applique aux filles. Tu ferais mieux de prendre soin de ton corps, sinon tu n'auras jamais aucun succès auprès des filles.

Elle se dirigea vers la sortie, alors que je sortais moi-même en essuyant mes mains rincées sur mon pantalon. Je la regardai : elle avait bien peu d'estime pour son coéquipier. Une lueur de défi brûlait dans mes yeux. Jusqu'ici, cette journée était le meilleur anniversaire que j'aie jamais connu. Je n'allais pas le laisser être gâché par une pimbêche. Seulement je me refusais de faire une remarque sur Sasuke pour la blesser car je savais que je pourrai le regretter très amèrement. Elle me toisa comme deux rivales en amour se toisent, avant de passer ses mains dans ses longs cheveux blonds, comme pour me stupéfier de sa beauté. Oui, elle était décidément assez jolie, mais n'avait-elle pas déclaré que je l'étais plus qu'elle la première fois qu'elle m'avait vu sous mes véritables traits.

_ Tu crois vraiment qu'on peut juger les gens par leur apparence ? lui chuchotais-je d'une voix sombre. Tu auras beau faire tous les régimes du moindre, tu n'arriveras pas à la cheville de Choji. C'est la personne qui a le plus de cœur que je connaisse. Et si je n'étais pas déjà assez empêtrée dans ces histoires de cœur compliquées, je l'aurai choisi comme petit ami si l'occasion s'était présentée.

_ Qu… quoi ! s'offusqua la blonde, alors que j'entendais les pas des deux garçons derrière nous.

_ Le temps que tu passes à t'occuper de ton apparence physique devrait te servir à t'entrainer, Ino.

_ Ah oui, tu te crois plus forte que moi parce que tu as Sasuke-kun dans ton équipe ? Ne me fais pas rire, tu n'as pas finalisé l'examen Chuunin et personne de ton équipe n'est passé Chuunin !

_ Shikamaru est passé Chuunin grâce à ses compétences, et tu as passé dix minutes contre Sakura pour aboutir à un match nul. Quant à ma propre éviction, je la considère comme une erreur d'arbitrage.

_ Je ne te crois pas. Et je ne te laisserai pas me dire ce que je dois faire !

_ Pense ce que tu veux. Je ne pourrai visiblement pas te raisonner de cette manière. Par contre nous pouvons arriver à un compromis. Combats-moi et nous nous arrangerons de cette manière. Si je gagne, tu commenceras à t'entrainer plus souvent et cesseras de critiquer les autres à tout bout de champ.

_ Si je gagne, je veux que tu t'éloignes le plus possible de Sasuke-kun, et je veux prendre possession de ton corps pendant une journée pour la passer avec l'amour de ma vie !

_ Euh… Je pense sérieusement que vous allez trop loin, les filles, déclara Choji.

_ Ah, ne te mêles pas de ça, toi, lui asséna Ino avec irritation.

_ Faites ce que vous voulez, je devine déjà l'issue de l'affrontement, soupira Shikamaru. Choji, laisse-les s'expliquer entre nanas, c'est trop galère sinon.

Ino m'emmena vers le terrain d'entrainement qu'elle utilisait habituellement avec son équipe. Elle était forte d'après ce que je savais d'elle de l'Académie. Cependant elle l'était uniquement à ce moment là. Depuis, le rapport de forces avait considérablement évolué. Je connaissais sa technique par laquelle elle pénétrait l'esprit de son adversaire et ne m'en inquiétais guère. Elle ne m'effrayait pas, et si elle essayait de m'atteindre à un moment d'immobilité, elle se mettait le doigt dans l'œil. L'issue de la bataille survint même plus rapidement que ce que j'avais envisagé. Personne n'étant là pour vérifier mes faits et gestes, je ne m'étais pas retenue dans mes coups, tâchant simplement d'en rester à quelques blessures superficielles, et à ne pas lui briser de membres. En simple Taijutsu, je la débordais déjà. Elle parvenait à grand peine à parer mes assauts. Lorsqu'elle fut assagie à force de mordre la poussière tant et tant de fois, elle ne se releva pas, se contentant de tourner sa face au soleil.

_ Pourquoi tu fais ça ?

_ Je n'aime pas qu'on dise du mal de mes amis. Rappelle-t'en bien.

_ La prochaine fois, je te jure que je te le ferai payer.

_ Je t'attendrai.

Sur ce je la quittai. Cette prochaine fois, j'espérais que nous serions plus que deux connaissances liées par des amis communs. En faisant mon petit bonhomme de chemin jusqu'à la ville, je sortis de ma poche le cadeau que m'avait fait Kakashi. Le mince rouleau ne devait pas avoir une grande importance au niveau monnaie, mais peut-être avait-il une valeur sentimentale. Je le dépliai, et m'aperçus qu'il représentait un plan de la forêt. La cartographie n'étant pas mon fort, je mis un bon bout de temps avant de trouver en réalité ce que représentait la petite croix rouge qui y figurait. Je me rendis sur les lieux en plus de temps que je ne l'espérais. Ce n'était vraiment pas facile, et les sentiers tracés sur le plan n'avaient rien à voir avec ceux que j'avais parcouru de mes pieds.

Devant moi se dressait une vieille maison à moitié mangée par le lierre. Les plantes passaient par les vitres éclatées. On aurait dit qu'un tremblement de terre y était passé des années auparavant. La nature y avait ensuite repris ses droits. Cette cahutte penchée me plut, il y avait quelque chose dans la tonalité du bois ou son grain qui m'attiraient inexorablement. En grattant la mousse près de l'entrée, je découvris une plaque gravée de bois. La famille Uzumaki avait élu domicile dans cette maison. Ce fut là qui vécurent ma mère en s'installant à Konoha, puis mon père. Et moi quelques instants avant que notre bonheur ne soit volatilisé. Il y avait quelque chose de mélancolique dans ces lieux, et pourtant mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine. J'avais la bouche sèche et une envie de pleurer. Les battements sourds emplissaient ma tête jusqu'à étouffer la nature chantante. Je poussai la porte du bout des doigts, respirant l'air épais, avant de m'affaler sur le plancher pour tracer un ange dans la poussière. Au dessus de moi, la lumière filtrait entre les tuiles disjointes et rebondissait ça et là sur la charpente encore vaillante.

Je ne sus combien de temps je restai immobile dans cette pièce. Profondément heureuse.

Avant que je ne me sois vraiment rendue compte de l'enchaînement des choses, j'étais au beau milieu de Konoha en train d'admirer le crépuscule appuyée contre la balustrade de mon appartement. Rentrant les mains dans les poches, je finis par me détourner de la vue du soleil rouge mangé par l'horizon et m'approchai de ma porte. Un chuchotement m'alerta. Il y avait vraisemblablement des gens à l'intérieur. Rapidement, je m'éloignai de la porte sur la pointe des pieds et me dirigeai vers le mur aveugle de l'immeuble et me glissai sous la corniche pour m'approcher du vasistas qui donnait au dessous de mon living room. Avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, la vitre coulissa, et une paire de bras puissants m'agrippèrent sous les épaules et me précipitèrent dans ka pièce. Je me laissai faire et profitai du mouvement pour me dégager, tordre les bras de mon agresseur et glisser un kunai sous la gorge de mon agresseur.

_ Que… Kiba ?

Je jetai un coup d'œil autour de moi sans relâcher ma prise sur le maître chien, pour aviser que la majorité des Genins de ma génération avaient réussi à s'introduire dans mon modeste appartement. Qu'est-ce que ça voulait dire ?

_ Euh… Bon anniversaire ? lança Sakura d'une voix incertaine.

Les bras m'en tombèrent littéralement. Mon étreinte menaçante se desserra d'un seul coup alors que je m'affaissai d'un seul coup. Quelqu'un eut la bonne idée de déplacer une des chaises de ma kitchenette sous mes fesses afin que je ne tombe pas au sol.

_ Juste pour que la tête que tu viens de faire, je crois que ça en valait la peine, me railla Shikamaru.

_ En effet, surenchérit Shino.

Ce fut la plus belle surprise de ma vie, et tout le monde était là, mis à part l'équipe de Gai-sensei à laquelle nous n'étions liés que depuis peu. Même Ino avait fait le déplacement, mais la lueur de ses pupilles sous ses yeux au beurre noir me prouvait qu'elle ne l'avait fait qu'à contrecœur. La soirée s'était engagée e la manière la plus exquise possible. Gourmand comme il était, le cadeau de Choji devait forcément concerner quelque chose de comestible, et mon instinct ne me trompa pas : un superbe assortiment de chocolat s'offrit à mes yeux. J'en proposais à la ronde, réussissant malgré tout à préserver ceux à l'orange. Sasuke déclina ma proposition, s'il n'aimait pas les choses sucrées je n'y pouvais rien.

Les filles s'étaient associées pour m'offrir un yukata à ma mesure : d'un orange vif magnifique. Sous mes doigts, le tissu soyeux semblait danser. Le motif de fleurs roses, jaunes et blanches ornait parfaitement la tenue, s'accordant avec la ceinture qui allait avec. Sous l'insistance de l'assemblée, je m'éclipsai en cuisine pour l'enfiler, aidée de petites mains plus ou moins affectueuses. Prise d'une illumination soudaine, j'extrayais d'un placard l'onguent qu'Hinata m'avait donné lors de l'examen Chuunin, selon celle-ci il était encore utilisable. Je le remis à Ino qui décrocha un léger sourire. Oui, à notre prochaine bataille nous serions amies. Hinata dénicha dans mes maigres affaires un ruban blanc pour maintenir mes cheveux en un chignon lâche derrière ma nuque. Lorsque je ressortis finalement de la cuisine, je remarquai que les garçons avaient mis la table et apporté de quoi manger depuis chez eux. Je fus accueillie par un sifflement admiratif par Kiba à qui Sasuke décrocha un regard noir, ce qui fit ricaner en douce Shikamaru et Choji. En mon fort intérieur, je priais pour que Sasuke se rappelle qu'il était le parrain de Sakura et pas le mien.

Les cadeaux des garçons furent divers et plutôt originaux, je reçus un livre pour apprendre à jouer au shôgi (berk) de la part de qui vous devinez. Shino me donna un pot de miel fait par les abeilles vivant des ruches non loin de chez lui (ce mec va devoir m'expliquer comment il trouve du miel en automne). Kiba m'offrit un sifflet à chien qu'il avait taillé lui-même et qui valut à Akamaru de devenir fou à entendre sans arrêt des ultrasons qui lui vrillaient les oreilles. Et vint le tour de Sasuke, qui… n'avait strictement rien prévu. Je comprendrai plus tard qu'il était le seul ignorant ma date d'anniversaire, à l'inverse des autres le sachant déjà ou mis au courant par le bouche à oreille. Mis à part ce détail déplaisant, chacun avait apporté de quoi manger (sauf Sasuke, encore une fois… Merde, ce n'est pas parce que tu ne sais pas cuisiner qu'il ne faut pas te fouler non plus !) et on se bâfra avec délice. Après quelques parties de cartes, le nombre de présent se fit de plus en plus restreint, jusqu'à ce qu'il ne reste que moi et Sasuke.

_ Je ne te retiens pas de partir, tu sais, lui dis-je sur un ton assez sec.

_ Mais j'avais envie de rester avec toi.

_ Et moi, juste là, j'aimerais être seule. Tu sais que tu m'as mis très mal à l'aise ce soir ? Tu crois que je ne vois pas tes tentatives de séduction ?

_ C'est pas comme si tu étais contre non plus.

_ D… Dans l'absolu, j'avoue que ce n'est pas désagréable. Le problème est juste que… Comment te dire… Oui, j'aime beaucoup être le centre d'attention, recevoir et donner de l'affection quelle que soit leur forme.

_ J'attends le « mais »…

_ J'ignore totalement ce qu'il y a entre nous, Sasuke. Je veux dire, même quand on s'embrasse je sens qu'il y a quelque chose qui manque. J'ignore quoi, mais l'effet est différent.

_ Différent de quoi ?

Oh merde la bourde ! J'étais sur le point de lui dire que l'effet était différent de quand j'avais embrassé Gaara. Il y avait eu quelque chose qui était passé entre nous ce jour là. En dépit du fait qu'il s'agissait du premier baiser que je donnais volontairement à un garçon, je n'avais pas pensé aux mêmes choses que quand j'embrassais Sasuke. Mes lèvres n'étaient pas sincères avec celles du brun, soit par provocation, et maintenant plus par calcul. M'attacher à Sasuke et le garder au village, c'était réduire les risques qu'il passe à l'ennemi. Et j'y pensais avec détachement et pragmatisme, et c'était mon attitude trop rationnelle qui me peinait plus que la peur qu'il se laisse aller à la vengeance. Alors qu'avec le garçon de Suna, nous avions comblé pendant quelques secondes le trou qui nous ouvrait le cœur : nous avions trouvé une personne qui nous accepte sans nous juger.

_ Différent de ce à quoi je m'attendais, répondis-je pour mentir en ayant l'air crédible.

_ Et tu aurais préféré comment ?

Nerveux, Sasuke passa une langue sur ses lèvres et s'assis juste à côté de moi sur le lit. Sa cuisse touchait la mienne. Une montée de stress raidit mon corps. Je n'étais même pas en train d'envisager apprécier ce moment d'intimité. Parce qu'il y avait autre chose dans notre relation qui me dérangeait également. Il me faisait peur. Parce que j'avais lu la faim dans son corps lorsque nous étions sous cette tente. Et je n'aimais pas me sentir ainsi vulnérable. Sous mes airs de puissante kunoïchi, je craignais le changement auquel m'amenait mon coéquipier. Il se redressa pour enjamber mes genoux et poser une main de chaque côté de moi. Je savais qu'il allait me pousser en arrière au moindre signe favorable de ma part. Rectification : au moindre signe qu'il interpréterait comme favorable.

Shikamaru avait raison. Ce que je faisais n'était pas raisonnable. Je ne pouvais pas être trop proche de Sasuke pour d'évidentes raisons. Il était le parrain de Sakura et… Et je ne l'aimais pas de la même manière que lui. Restait à employer le tact pour le repousser.

Son visage s'approcha du mien pour forcer une réaction comme je ne bougeais pas. Ma main se posa sur ses lèvres et l'éloigna de moi. La lueur d'envie dans ses yeux se mâtina de déception et d'agacement. Il tenta une nouvelle approche, mais je réitérais ma réponse. C'était non. La colère le prit, irrité que je ne réagisse pas comme il l'entendait. Mais je n'étais pas sienne. Je n'appartenais à personne. Et je le pris de cours en me levant avec brusquerie. Je désignai la porte d'entrée d'un geste vif du bras.

_ Vas t'en ! Ne m'oblige pas à faire quelque chose que nous regretterions tous les deux.

Ce fut presque en le poussant sur les quelques mètres qui séparaient mon chez-moi du monde extérieur que j'éjectais le brun. S'ensuivit une suggestion plus qu'explicite pour me souhaiter une bonne nuit. Ses lèvres tendues et ses yeux fermés rencontrèrent porte close. Littéralement. Un sourire m'échappa lorsqu'il cria de douleur : le battant venait de lui heurter le nez. Une fois ses pas suffisamment éloignés, j'enlevais ma nouvelle tenue, la laissant en tas sur le sol avant de m'effondrer sur le lit. Ce type était crevant…

« Décidément, je ne comprends pas vos méthodes d'accouplement »

« Oh, toi ça va ! »

« De toute manière, pourquoi t'obstines-tu à vouloir choisir ? Tu as la plupart des jeunes mâles prometteurs en âge de procréer qui ont l'œil fixé sur toi. A ta place je garderai tout pour moi. »

« C'est ça, et quand je serais Hokage, je légaliserai la polyandrie. »

« Enfin, moi, je dis ça, je ne dis rien ! Et puis tant que tu seras une coincée, tu auras du mal avec leurs avances. Tu aurais dû accepter que le jeune Uchiha te… »

« Stop ! C'est bon ! Je me passerai de tes détails grivois ! »

« Tu as passé un mois en compagnie de ce que le monde a pu engendrer de plus orienté en matière de d'obscénité et de perversion, et c'est à moi que tu reproches de manquer de tact en matière d'accouplement. »

« Alors, tout d'abord, je ne pense pas qu'un démon soit le mieux placé pour me faire la leçon sur mon éducation sexuelle. Et enfin : FERME TA PUTAIN DE GUEULE. »

J'écoutais en silence le bruit de l'eau saumâtre qui gouttait dans les égouts de mon esprit. Sérieusement, il fallait que j'en change la décoration, parce qu'elle était à chier. Quelque chose me poussa à aller m'excuser auprès du démon renard. Le sourire moqueur qui s'étirait sur ses babines noires me fit changer d'idée. Néanmoins je restai assise en sa présence sans un mot, appuyée contre un bateau de sa cage et de l'eau jusqu'à la taille. Je ne tentai pas de lui voler quoi que ce soit. Il ne tenta pas de me griffer ou de me croquer.

Nous ne nous aimions pas. Nous ne nous détestions pas non plus. Nous cohabitions. Et tout ce que je savais, c'était que je n'avais pas peur de lui. Ce fut la première fois que je m'endormis, bercée par les ronflements sourds du démon renard.

Je passai la matinée suivante à nettoyer mon appartement. La fête avait laissé trainer des marques de pieds plus ou moins propres sur le sol, et un mois d'absence ne faisaient pas paraître mon lieu de vie comme très accueillant. Je remarquais en me récompensant d'une douceur chocolatée que les mecs ne s'étaient pas privés de faire une razzia dans mon cadeau. Ce fut en pliant le linge que je le découvris : le bout de papier dissimulés dans mes sous-vêtements. Passée les instants à se demander qui était responsable de ce méfait, je dépliai le message.

Peut-être que je suis ton parrain,

Ou peut-être pas.

Mais n'aie crainte Naruto

Je suis là pour veiller sur toi.

J'ai été heureux d'avoir pu te rendre le sourire,

Et ainsi de me trouver à tes côtés.

En espérant que cette fête ait été à ton goût

Je te souhaite une nouvelle fois un bon anniversaire

Ton chevalier servant

PS : Tu m'excuseras de mon larcin et surtout garde le sourire

La stupeur me prit lorsque je lus le texte, et je dus m'y reprendre à plusieurs fois. Cette personne avait-eu le temps d'écrire sans se faire voir des autres. Et surtout pas de moi. Du moins, la dernière phrase écrite à la hâte semblait indiquer que la rédaction s'était faite sur place. Quant à ce qu'on m'avait volé, je l'ignorais totalement. Il ne s'agissait pas d'un sous-vêtement puisque le compte y était. Le texte était plein d'esprit et d'humour tout à la fois l'ironie qui transpirait entre les lignes me poussait à éliminer Shino (trop sérieux) et Choji (je ne l'imaginais pas faire ce genre d'humour). Il ne restait donc en lice que Sasuke (déjà parrain), Kiba (potentiellement le parrain d'Hinata), ainsi que Shikamaru. Un souvenir datant d'un bon moment me revint en tête. Konohamaru ne m'avait-il pas indiqué lui-même qu'il avait vu Shikamaru et Ino échanger un baiser ? Peut-être que ça voulait dire qu'ils étaient liés de la même manière que Sasuke et Sakura étaient liés. Bizarre ça, ils ne s'étaient pas adressés de regard significatifs de la soirée. Ils cachaient bien leur jeu… Je pouvais aussi éliminer Sasuke, puisqu'il avait tenté sa chance directement et pas par un moyen détourné. Restaient deux garçons qui étaient certainement déjà parrains eux aussi. Cette histoire me tapait vraiment sur les nerfs !

Je décidai d'aller me changer les idées en partant pour une petite marche. Aucune mission de prévue à l'horizon, plutôt de l'entrainement au vu de ce que j'avais saisi du programme prévu par notre dernier Hokage en date. Je jetai un coup d'œil à la montagne aux quatre visages sculptés. Bientôt, ils auraient une nouvelle colocataire. Et un jour ce serait mon visage à côté des leurs.

_ Salut papa, m'entendis-je murmurer.

Peut-être qu'avec le temps on acceptait tout. Ceux qui partaient. Ceux qui arrivaient. Ceux qu'on détestait. Ceux qui ne reviendraient pas. Peut-être qu'on acceptait tout. J'avais accepté les regards méprisant autour de moi. Ceux que je voulais faire changer. Ceux qui avaient déjà changés. Sauf qu'avec mon jeu d'acteurs, j'étais partie pour ne jamais recevoir d'admiration que par mes coéquipiers. Et encore… Mais peut-être que cela me suffirait. J'étais peut-être quelqu'un de trop ambitieux après tout.

En passant devant le marché, je décidai de flâner entre les étals pour l'instant. Ici l'o vendait des denrées comestibles à la criée. Là des étoffes, et là des armes pour ninja. Je m'arrêtai pour examiner le travail d'un forgeron et d'un assortiment de shurikens qu'il affirmait révolutionnaire pour leur légèreté. J'en soupesai un et jouai à le faire passer entre mes doigts. Etrange, on n'aurait pas dit du métal.

_ Excusez-moi, mais vous êtes certain qu'il s'agit d'armes en métal ?

_ Toi, tu as l'œil, jeune fille, me lança l'artisan. En effet, il s'agit de shurikens en céramique.

_ Hein ? Comme les pots en terre cuite ?

_ C'est un genre particulier de céramique. Essayes-en donc un.

Je passai mon pouce sur le fil aiguisé et me coupai profondément le doigt. Je portai mon pouce à ma bouche. Où pouvais-je bien lancer mon projectile sans risquer de blesser quelqu'un dans cette foule. C'est alors que je ressentis une présence non loin de moi. Je ne parvenais pas à déterminer d'où venait l'observateur, mais il était là. Je jetai quelques coups d'œil autour. Des civils tout ce qu'il y avait de plus normal. Mais aussi quelques ANBU dissimulés pour que l'on évite de les repérer, chargés d'assurer la sécurité de tous. Une idée déplaisante me traversa l'esprit : pouvait-on faire confiance aux services secrets ? Après tout, tout le monde pouvait se dissimuler derrière un masque, Yakushi Kabuto m'en avait fourni une preuve extrêmement convaincante. D'un geste vif, je lançai mon projectile en direction de l'ombre mouvante que je perçus au coin d'une cornique. Un feulement de chat me répondit. Raté.

_ Alors, ne sont-ils pas merveilleux mes shurikens en céramique. Regardes aussi mes kunais, ils sont tout aussi pratiques.

Je m'exécutai. Cependant, la trop grande liberté de mouvement que me proposait cette légèreté ne me convenait pas. J'avais l'habitude des tissus enroulés autour de la garde en fer de mes propres armes. Je sortis une lame de la pochette qui ne quittait jamais mes hanches pour la comparer avec celle de céramique. D'un geste identique, je les projetai contre un mur en brique. Si le kunai ordinaire se planta dans la pierre à cause de mon mouvement, celle en céramique s'était ébréchée, et une fêlure la lézardait de part en part.

_ Au corps à corps, vos lames ne seront pas assez solides, vous devriez éviter de vendre ce genre d'ustensiles à l'avenir, vous risqueriez de perdre beaucoup d'argent.

_ Wow, tu me sauves littéralement la mise, toi. Je sis heureux de t'avoir rencontré. Pour la peine, permets-moi de t'offrir ce couteau de jet avec son fourreau en cuir.

J'examinai l'arme qu'il me tendait. Elle semblait classique au premier abord. De ligne sobre, le cuir avait été traité pour allier souplesse et imperméabilité. Je sortis le couteau de son fourreau dans un chuintement de métal qui ravit mes oreilles. Au lieu d'être en pointe comme les kunai, elle était droite et se terminait en biseau. Je fis quelques passes dans l'air sans aucune difficulté, comme si elle glissait. Elle était magnifique dans un style simple et épuré. Le manche en bois sombre était lisse au toucher, l'odeur qui s'en dégageait rappelait les sous-bois où le moindre rai de lumière illumine les feuilles sous un tout nouveau jour. Elle était magnifique.

_ Elle est superbe.

_ Jeune fille, tu as reçu une formation de ninja, n'est-ce pas ? Ce couteau se nomme Senritsu, et sais-tu pourquoi ? Lorsque tu le charges de chakra, la lame vibre et émet un très léger son modulable en fonction de la quantité de chakra émise. Ce son est dû a une vibration de lame. Ces vibrations peuvent te permettre de découper ce que tu veux à une précision extrême. Tu pourrais trancher un cheveu dans le sens de la longueur avec elle.

_ Senritsu, j'aime ce nom.

_ Pour m'avoir montré que j'étais sur le mauvais chemin, je te l'offre.

_ Elle est très discrète, je pourrai même la porter en dormant !

_ Et si jamais tu as besoin d'une arme ou d'une pièce d'armure, fais appel à moi !

Ce fut avec un sourire aux lèvres que je continuai mon chemin, amusée par les tentatives de fidélisation de clientèle de ce forgeron. J'avais glissé la lame dans ma poche, mes doigts caressant le manche lisse. J'avais beau apprécier mon acquisition avec beaucoup de valeur, j'avais l'impression fugace que quelque chose n'allait pas. Pourtant, je ne trouvai aucun indice pouvant indiquer que j'étais suivie. J'étais sans doute trop sur les nerfs avec cette histoire d'intégrer l'ANBU et de mentir à mes pairs sur mes capacités physiques et mentales. C'était certainement ça.

Cette sensation de mal-être s'estompa, au profit d'une autre tout aussi désagréable. Deux yeux pâles venaient de se fixer sur moi à travers la foule, et Hyuuga Neji se frayait un chemin dans ma direction. Enfin, pas si désagréable que cela, en un sens. Comme à chaque fois que je fixai ce garçon, j'avais des papillons dans le ventre, et la sensation que j'allais rougir à tout moment. Tout en sachant quelque part dans ma tête qu'il n'était pas intéressé par moi, mais par la perspective d'avenir qu'une union avec moi pouvait lui apporter. Juste un an et quelques mois de différence avec Sasuke et pourtant, je devinais qu'ils étaient tous deux interchangeables. Quelques évènements auraient pu faire que je sois attirée par Sasuke et non pas par Neji. Quelques évènements auraient pu faire que je joue au jeu de l'amour avec Neji et non pas Sasuke.

Et le pire dans tout ça, c'est qu'ils rivalisaient pour moi. A cause de moi, devrais-je même dire. Et je ne me donnais pas l'impression d'être quelqu'un de très chanceuse. Neji était magnifique, et j'étais attirée par son physique, malheureusement sa personnalité désagréable gâchait le tableau et je ne le connaissais que peu. A l'inverse, si je reconnaissais que Sasuke était bien fait de sa personne, je ne ressentais rien à sa présence, mais je m'étais habituée à lui et ses manières, je l'appréciais en tant qu'ami. A eux deux, ils auraient pu former mon homme idéal. Comme quoi, la vie était mal faite.

Neji parvint à ma hauteur. Ses yeux se plantèrent dans les miens, et je restai clouée sur place, hypnotisée par les deux lacs laiteux. Et ne pouvais pas détacher mon regard. Et mon visage se mit à sourire sans que je puisse l'en empêcher. Dans ma tête, la voix trainante de Shikamaru réitéra son avertissement de la veille. Il avait raison : le jeu que je jouais était dangereux.

_ Alors, je t'ai manqué ?

_ Non.

La réponse avait fusée. Pas de « bonjour » ou de « salut ». Pas de « Tu vas bien ? », d'usage lorsqu'on retrouve quelqu'un qu'on n'a pas revu depuis longtemps. Neji était vraiment centré sur lui-même. Je battis des cils. Ma prise de parole, ce simple constat l'avait dérouté. Il s'était préparé à accueillir une jeune femme épuisée par la présence oppressante de son rival. Mais depuis que j'avais rencontré Tsunade, et également depuis que j'avais repoussé par plusieurs fois les assauts de Sasuke, je me sentais plus à même de faire la part des choses avec Hyuuga Neji. Oui il me fascinait et m'attirait, mais je n'avais tout de même pas envie de me faire marcher sur les pieds. J'étais prête à souffrir des conséquences de me mettre le jeune noble à dos. S'il voulait être avec moi, qu'il surveille donc son attitude envers les autres. Je l'avais pardonné de son attitude envers moi, dans l'espoir qu'il parvienne à de meilleures dispositions envers autrui. Il semblait que je me sois fourvoyée au plus haut point.

J'avais sous-estimé la ténacité de Neji. Il avait certainement perçu la faille que j'avais en moi, ce besoin d'affection, et jouait de mon attirance pour son physique pour me faire céder.

Ses doigts fins saisirent la chaine qui retenait le pendentif que m'avait offert Tsunade, et ses yeux s'ouvrirent tout grands d'étonnement. Puis se plissèrent, et je saisis la colère tandis qu'il tripotait le cristal avec un déplaisir manifeste. Quelle histoire était-il en train de s'imaginer ? Que c'était un cadeau de Sasuke ou d'un autre garçon que je portais avec plaisir ? Réfléchissait-il à un moyen de revenir dans mes bonnes grâces par l'achat d'un quelconque bijou ? Je n'étais pas matérialiste, on e m'achetait pas d'un vulgaire bijou ou avec quelques sourires avenants. J'avais beau désirer combler le creux dans mon cœur, ne rien connaître des sentiments amoureux, je n'étais pas désespérée au point de m'accrocher à lui de cette manière.

_ Bon, t'as fini ?

La voix dans ma question était sèche. Il se redressa et ses mains retombèrent le long de son corps. Brusquement, comme si je venais de lui cracher au visage. Visiblement il n'aimait pas que je m'affirme en tant que femme. Encore ce machisme primitif et clanique. Voilà ce que je détestais le plus chez Sasuke ou Neji, tous deux partageaient ces vieilles idées comme quoi la femme était vouée aux tâches domestiques et à l'éducation des enfants. Ce n'était pas fini ces histoires stupides ? Le nouvel Hokage et la personne dirigeant l'hôpital de Konoha étaient des femmes : Tsunade et Shizune. Et je comptais bien augmenter le nombre de femmes aux postes clefs du village.

Maintenant comment me dépêtrer poliment de ce prétendant un peu trop collant à mon goût ? Cela me faisait mal de le dire, mais vivement que j'entame pleinement ma formation ANBU sous les ordre d'un Senpai.

La diversion que je cherchais s'incarna sous les traits de Nara Yoshino, qui faisait justement ses emplettes ce jour là et qui tomba sur moi. Me saluant avec vigueur, je profitai de cet appel pour la rejoindre et laisser Neji planté là. La main de l'adolescent surgit et attrapa mon épaule. Je saisis son poignet, prêt à le lui tordre. Mais Tsunade, Jiraya et Kakashi m'avaient ordonné de ne pas révéler mes capacités accrues. Je devais prétendre avoir un niveau plus faible. Mais Neji avait été témoin de la force que m'accordait Kyuubi, ainsi que mon entrainement avec Ebisu-Sensei et l'Ermite des grenouilles avant notre voyage initiatique. Je jouai les différents scénarios probables dans ma tête et optais pour celui qui nécessitait la technique la plus basique : la substitution.

J'aurais aimé voir la tête du jeune homme lorsqu'à ma place il se retrouva avec une buche. Mais il fut rapide pour s'en débarrasser discrètement et pour reprendre un visage impénétrable. Lorsque je le cherchai avec anxiété dans la foule, je ne vis que son dos qui s'éloignait. Il ne me jeta pas un regard en arrière.

_ Oh, je ne souhaitais pas te déranger durant un rendez-vous galant Naruto-chan, s'excusa Yoshino lorsque je vins la saluer.

_ Non, non, ça va. Je ne suis pas… Neji et moi…. Bref, ça n'a rien à voir.

_ Je suis en train d'acheter tout ce dont j'ai besoin pour le repas de ce soir. Mon fils m'a prévenu que tu viendras avec Jiraya.

_ Oui, tout à fait.

_ Cela me dérange profondément de demander cela à une invitée, mais mon incapable de mari et mon fainéant de fils sont fortement occupés, et j'aurais besoin d'aide pour porter tous mes achats…

_ Bien sûr que je vais vous aider, ça me fait plaisir.

C'était la première fois de ma vie que j'effectuais mes commissions avec une mère de famille, qui s'arrêtait pour discuter avec untel ou untelle. Un sac de courses dans chaque main, j'avançai d'étal en étal, apprenant comment reconnaître si un légume était bon à acheter, ou avec quelles épices il se mariait. Si elle me demandait de choisir un poisson ou une viande, elle fronçait légèrement son nez pointu pour m'indiquer que mon choix était mauvais. Parfois, elle pouffait de rire quand je lui tendais la mauvaise denrée lorsqu'elle me donnait son nom. Comment pouvais-je savoir qu'un poivron avait cette gueule là ? Ils étaient toujours découpés en confettis ridicules dans les plats précuisinés que je mangeais ! Cette activité m'enchantait au plus haut point. Il était midi lorsque nous revîmes à la maison du clan Nara et que j'aidai à ranger la mère de famille. J'avais dans le cœur une envie de la satisfaire, et une joie d'être en parfaite communion avec elle.

C'était comme si j'avais une maman.

_ Tu n'as jamais fait cela auparavant ? me demanda-t-elle au bout d'un moment.

_ Personne ne m'a appris, répondis-je. J'ai vécu toute mon enfance seule et tout le monde me déteste parce que je suis l'hôte de Kyuubi.

_ C'est parce qu'ils ne te connaissent pas. Tu es quelqu'un de profondément gentil.

Je ne répondios-pas, faisant mine de me concentrer sur la coupe des légumes que j'avais sous les doigts et de surveiller la cuisson de la viande. Néanmoins, je devinais que j'étais rouge cramoisie sous les compliments que l'on me faisait. Cela fit rire de plus en plus Yoshino.

_ Je devine ce qu'ils peuvent voir en toi, les garçons de ton âge. Tu as de grandes qualités.

_ Je n'ai rien d'exceptionnel.

_ Ce n'est pas vrai, même moi je peux voir la lumière qui émane de toi.

_ C'est juste un pouvoir que je possède, d'attirer les gens à moi comme la flamme attire le papillon. Je vais simplement finir par blesser ces personnes. Moi toute seule, je ne suis rien.

Elle me prit par les épaules et me retourna face à elle. Ses yeux marron brillaient d'une lueur de colère matinée de volonté. Je me rendis compte que son fils avait les mêmes yeux. Lorsqu'il parlait, on ne désirait que l'écouter, tant il ne demandait jamais rien à personne. Les membres de la famille Nara semblaient avoir un rare don de persuasion.

_ Ne redis jamais cela, tu m'entends ? Une personne peut attirer les gens auprès d'elle par des artifices, peut-être, mais elle ne pourra jamais les garder auprès d'elle éternellement. Ce que tu as est précieux : la force de ne jamais désespérer. L'important n'est pas de se faire belle comme la fille d'Inoichi, d'être simplement intelligente comme cette gamine aux cheveux roses, ou d'être de bonne naissance comme les Hyuuga ou les Uchiha. Tout le monde est unique et excelle à quelque chose. Si tu veux être amie avec quelqu'un, alors tu t'accroches et tu le lui prouves. Si quelqu'un dit t'apprécier, ce n'est pas pour rien.

_ La plupart des gens me regardent comme un monstre et non pas comme une amie, grommelais-je en évitant de fixer Yoshino.

_ La plupart des gens sont des cons. Les vrais amis son rares mais se cultives, mets toi bien ça dans le crâne. Et si je dis que tu es une fille bien, alors tu l'es ! finit-elle sa tirade en criant.

_ Yoshino-san ? Vous êtes flippante, vous savez ?

_ Oh ! Ce n'est rien. Tu devrais d'ailleurs en prendre l'habitude, les femmes n'arrivent à rien dans ce monde d'hommes.

Le repas de midi fut frugal. L'après-midi bien entamé nous servit à terminer le diner de ce soir. A la tombée de la nuit, le jeune hériter du clan Nara émergea de ses missions en équipe. Apparemment ils avaient eu à aider à l'abatage de certains arbres récalcitrants de la forêt, s'offrant par la même occasion une série de contusions et diverses ecchymoses. Il ne se rappelait pas de l'invitation à diner sur le moment, et afficha un air surpris à ma vue. Sa mère lui ordonna rapidement d'aller se changer. Il sentait un mélange agréable de sueur fraiche et de résine de pin. Tandis qu'il s'exécutait, la mère de famille bougonnait à cause de l'heure tardive. En tant qu'invité, Jiraya aurait dû se pointer bien plus tôt, et Shikaku, le maître de maison manquait à l'appel. Tout pour mettre cette épouse en rogne. Je sentis comme des menaces de mort émaner de celle-ci.

Les deux individus que je vous ai précédemment cité arrivèrent sous les coups de huit heures du soir, passablement éméchés, assez pour ne pas reconnaître à quel point leur situation sentait le roussi. Yoshino ne tarderai pas à utiliser sa puissante voix pour leur faire remarquer qu'il y avait des règles à respecter. D'une voix un peu tremblante, elle me tendit un plateau regorgeant de victuailles, et me demanda poliment d'aller manger avec son fils dans la chambre de celui-ci. Je soupirai intérieurement : l'atmosphère était de plus en plus étouffante, entre les rires gras des deux mecs bourrés et les malédictions silencieuses de Yoshino Nara. Le plateau dans les mains, je me dirigeai vers la chambre du jeune homme.

_ Shikamaru, ta mère m'a dis de… commenç



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