Fiction: Secret

Je m'appelle Naruto. Et j'ai décidé que je deviendrais Hokage. Pour voir jaillir l'admiration de la haine et du mépris ambiant. Seulement les héros sont toujours des garçons. Et je ne suis qu'une toute petite fille qui sert de prison à un démon. Alors j'ai créé Uzumaki Naruto, le pitre qui ferait des miracles à partir de ses piètres capacités. Sauf que ce secret est lourd à porter.
Classé: -12D | Action/Aventure / Humour / Romance | Mots: 181918 | Comments: 13 | Favs: 17
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Narsha (Féminin), le 07/05/2013
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Chapitre 18: Dream on



J'étais libérée de Sasuke et de mon tuteur, enfin libre de toutes entraves, dans une ville où tout était possible. Je regardais tristement les trois billets de 100 ryos qui se trouvaient dans ma main et serrai le poing. Cet enfoiré de Jiraya… Je ne savais ni quand ni comment, mais un jour j'allais lui faire payer cet affront. J'avais vécu des années seule, je savais comment gérer mon argent ! Et après deux visites de villes en fêtes avortées j'avais clairement envie de profiter un peu de ce petit pactole. En plus j'étais certaine qu'il avait plein de fric ce mec, a force de vendre ses bouquins érotiques de merde là…

Il y avait de nombreuses activités dans ce marché. Je perdis beaucoup de temps devant un stand pour attraper des poissons rouges, ma feuille de riz se déchirant à chaque fois, et impossible d'utiliser du Ninjutsu. Je me refis un peu dans le stand de lancer de boules de gommes, prenant les paris des passants en lançant ma boule tantôt les yeux fermés, tantôt en équilibre sur une main, sans jamais manquer ma cible. Lorsque mon estomac cria famine, je m'achetai quelques douceurs et brochettes que j'engloutis avec plaisir. J'eus la chance de ne pas croiser le brun durant mes pérégrinations. M'évitait-il ou le hasard en avait-il voulu ainsi ? Je ne savais pas.

Une foule s'amassait le long d'un axe principal, attirée, je me faufilai entre les gens pour atteindre les premiers rangs. Là, des acrobates montraient leurs talents, dansant et sautant, des torches enflammées et des rubans à la main. Je me pris à sourire, leurs capacités semblaient bien pauvres à mes yeux de ninja accomplie. Mis à part une certaine esthétique que j'avais perdu au profit de la discrétion et de l'efficacité, il n'y avait rien de bien difficile parmi leurs pirouettes. Malgré ce désenchantement dû à ma formation, je me pris à me déhancher au son des tambours et des flutes qui accompagnaient la performance. Saisie dans le même mouvement que la foule, je tapais des mains en rythme et criais de joie à l'apparition du dragon rouge et or. Mon œil averti accrocha la vue d'un groupe d'enfants qui se précipitait vers les jambes des acrobates. Là par terre gisait une toupie que les petits avaient certainement perdue. Je compris bien avant eux qu'ils allaient se faire piétiner par les artistes qui ne les voyaient pas. Du petit groupe de trois, deux s'enfuirent en courant, le dernier resta sur place pour attraper le jouer. Je me précipitai. Avant même que la foule ait pu crier, j'agrippai le garçonnet par sa ceinture et le coinçai sous mon bras, sautai en l'air bien plus haut que les spectateurs et m'enroulai autour d'un lampadaire, mon bras libre et mes pieds adhérant à l'aide de chakra.

La foule qui avait retenu son souffle m'ovationna et nous laissa place alors que je glissai doucement vers le sol, l'enfant pleurant, bavant et mettant de la morve sur mon maillot. Un badaud m'offrit un mouchoir pour m'essuyer. Je serrai diverses mains, et confiai l'enfant effrayé à sa mère qui se confondait en remerciement. La parade s'était stoppée net, et des yeux jaloux me fixaient, d'autres reconnaissant mon talent me remerciaient sans dire un mot. Puis la danse reprit comme si rien ne s'était passé, je préférai m'éclipser discrètement. Les bains de foule étaient magiques et oh combien enivrants. Mais je préférai ne pas m'attirer d'autres ennuis.

Quelqu'un saisit mon bras, et mus par mes réflexes guerriers, je me dégageai avec violence et me mis en garde. Le responsable leva ses mains vides en signe de paix, et je me forçai à le détendre. La trentaine, un appareil photo pendant à son cou, il me serra la main avec chaleur. J'appréciai la chaude étreinte, il avait l'air de quelqu'un de sûr de lui.

_ Mademoiselle, j'aimerais que vous acceptiez que je me serve de votre image ? Je suis photographe, et votre prouesse m'a impressionné au plus haut point. Je souhaiterais le mettre dans notre journal local.

_ Je vous remercie mais je ne suis pas intéressée à faire la une, et le simple fait que vous ayez dit cela me force à devoir détruire votre appareil.

_ Je ne comprends pas ! Tout le monde aimerait…

_ Je ne suis pas tout le monde, et je me fiche de ce que tout le monde pense.

_ Vraiment ? Ecoutez, je vous donne tout de même ma carte. Je vous assure qu'un avenir brillant peut vous attendre dans la mode et la publicité. Vous avez un visage très intéressant, il serait dommage de ne pas en profiter. Pensez-y.

J'étais tellement sidérée par l'énergumène que j'acceptai de prendre ses coordonnées et que j'oubliai totalement d'effacer les preuves qu'il avait prises. Drôle de type. Un étal voisin vendait des miroirs et j'en profitai pour jeter un regard à mon reflet. Que voulait-il dire par « un visage très intéressant » ? J'avais le physique le plus banal du monde, et je n'avais toujours pas trouvé ce que Sasuke pouvait me trouver. En parlant de ce dernier, j'aperçus celui-ci dans un des reflets. Et il me regardait, et la lueur dans ces yeux m'attrista en même temps qu'elle me fit chaud au cœur.

_ Naruto, je veux une revanche, dit le brun. Je ne t'ai pas prise au sérieux tout à l'heure, mais je vois maintenant que tu es forte.

_ Sasuke, ne rabaisse pas ma victoire, s'il te plait. Si tu m'as sous-estimé, c'est ton problème. Nous aurions été dans un vrai combat, tu serais mort pour une telle erreur.

_ C'est vrai, mais cela ne change pas le fait que je veux te combattre une nouvelle fois.

_ Maintenant n'est pas le temps, je vais m'entrainer pendant des jours et toi tu vas travailler à la recherche d'informations. Je suis juste une fille qui se bat pour son rêve, rien de plus. Si tu souhaites vraiment que nous nous battions, nous le front, mais pas ici, et pas maintenant. J'ai besoin de te savoir avec moi pour avancer, et pas contre moi.

_ Pourquoi est-ce toujours si compliqué avec toi ? Tu étais tellement plus simple quand tu n'étais que ce Baka de Naruto.

_ Je vais prétendre que je n'ai pas entendu cela et que tu es toujours mon ami. N'essayes pas de me blesser pour que je t'attaque, car tu le regretteras.

_ Ah oui, et tu vas me faire croire que tu gagneras encore une fois ?

_ Je ne sais pas. Si tu es véritablement sérieux, je pense avoir du souci à me faire. Mais ce n'était pas ce que je voulais dire. Si tu continue à blesser ceux qui t'aiment, tu finiras seul. Et je connais la peine que cela fait d'être abandonné de tous pour l'avoir vécu. Et je sais aussi que tu es la personne que j'apprécie le plus au monde. Alors ne change pas l'opinion que j'ai de toi.

_ Naruto ? Qu'est-ce que je suis pour toi ?

_ Je ne peux pas être plus spécifique que ça. Tu es la personne que j'apprécie le plus au monde. Je sais quelle réponse tu souhaites entendre, et j'aimerais être en mesure de te la donner. Malheureusement je ne la connais pas moi-même. Il y a… C'est trop confus.

_ C'est Neji, n'est-ce pas ? Quel connard celui-là. Je suis sûr que c'est parce qu'il a pris mon apparence et qu'il t'a forcé à…

_ S'il te plait, ne parlons pas des sujets qui fâchent. Quant à ce que je pense de lui, ou ce que je pense de toi, voire de la gent masculine en général, ça ne regarde que moi. Allons retrouver Jiraya, il commence à faire nuit.

La trace du vieil homme ne fut pas dure à retrouver. Son rire de géant retentissait depuis la rue. Sasuke m'emboita le pas, nous pénétrâmes dans l'échoppe. Quelle ne fut pas me déception de trouver le vieil homme complètement bourré entouré de deux filles légèrement vêtues et mon porte monnaie complètement vide sur la table. Puis son regard éméché se pose sur nous, et il porte un toast à notre arrivée.

_ Alors les jeunes ? Vous avez bien profité de la fête ?

_ Hey, les trois interdits du ninja sont les femmes, l'alcool et l'argent, n'est-ce pas ? fis-je en contrôlant ma colère, le poing serré et tremblant. Sérieux, je vais vraiment vous le faire regretter.

Cédant à la colère, je fonçais sur lui, ivre de rage. Sasuke dut me ceinturer pour que n'aille pas éviscérer mon professeur, mais je devinais qu'on son fort intérieur il n'avait pas plus d'estime que je n'en avais pour notre professeur. Le brun me souleva du sol en grognant sous l'effort, et je me débattis en vain, sachant qu'il n'allait pas me lâcher pour tout l'or du monde. Dans un mouvement incontrôlé, j'envoyai valdinguer une bouteille de Saké qui alla s'écraser sur un autre client. Deux molosses de chacun de ses côté se levèrent, les yeux braqués sur moi. Je me calmais immédiatement, gardant ma rancœur dans un coin de ma tête, mes yeux évaluant les possibilités d'action sous la menace. L'étreinte du garçon se relâcha, et il se plaça à mes côtés, également en garde.

_ Regarde ce que t'as fait petite conne, me lance l'un des deux malabars. Tu as gâché le manteau de notre aniki ! Rembourse-le tout de suite.

_ Faites pas chier, un coup de machine à laver et il n'y paraîtra plus, leur répondis-je sèchement.

_ Putain mais tu te fous de nous ! Tu sais à qui tu as affaire ? Tu nous dois 100 000 ryos pour le manteau. Et si tu ne la fermes pas, je t'assure qu'on pètera la gueule à ton petit ami et à ton grand-père.

_ Ouais, va falloir être gentille avec nous si tu ne veux pas qu'on t'abime trop. Et pour payer, ça va faire un sacret paquet de passes à 50 ryos, ma belle, renchérit le deuxième.

De leur chef, je ne voyais qu'une masse de cheveux bruns trempés de saké et la fumée de sa cigarette qui dépassait. J'avais compris qu'ils m'ont insulté, mais je n'avais pas saisi la subtilité. C'est quoi une passe ? Un genre de jeu d'argent certainement. A côté de moi, je sentis Sasuke se crisper bien plus que nécessaire. Bizarre, l'insulte m'était adressée, je ne comprenais pas son sentiment de colère. Je devrais lui demander ce que signifiait l'insulte.

Apparemment, ce qu'ils avaient dit de moi n'avait guère plu non plus à Jiraya, car celui-ci ce leva, chassant les midinettes de ses genoux qui s'éclipsèrent pour ne pas être pris dans les feux croisés.

_ Je pense que c'est vous qui ne savez pas à qui vous avez affaire, déclara le Sannin, et je sentis l'énergie monstrueuse qui émanait de lui, ce qui ne semblait pas être le cas des deux gorilles.

_ Ah ouais, eh bah notre Boss c'est une légende vivante, un ancien Chuunin d'Iwa.

_ Il est ultra balèze avec des pouvoirs surpuissants. Et je n'aurai pas besoin de lui pour vous latter la gueule à tous les trois.

Mais avant qu'il ait fait le moindre mouvement, Sasuke et moi étions déjà partis. En deux bonds, j'étais près de mon adversaire. Bravache, il envoya son poing vers mon estomac, et le bloquai sans aucun problème de la main gauche. En mêle temps, j'avançai mon pied gauche entre ses pieds, et le tournai. D'un coup de hanche, mon pied droit fut projeté dans l'entrejambe de l'homme qui se plia en gémissant. Ma paume droite frappa durement en dessous de son menton, et j'entendis claquer ses dents pendant que sa tête partait en arrière. Au même moment, je ramenai ma jmbe droite, et ouvris mon pied gauche dans l'autre sens. Un cous de pied retourné accueillit le haut de crâne chauve, et le géant tomba au sol complètement assommé. Pendant ce temps, Sasuke s'était occupé du sien sans encombre. La cigarette du « Chuunin surpuissant » tomba sur le sol en grésillant tandis qu'il se levait et se retournait vers notre équipée de nouveau réunie après l'assaut.

_ Regarde bien Naruto, je vais te montrer une technique que je voulais t'enseigner.

Du chakra d'une densité impressionnante se mit à tourner en tous sens dans la main de Jiraya. A l'image d'une tornade qu'on aurait enfermée dans une sphère. Mon parrain avança vers son ennemi et la sphère percuta son ventre avec violence. Les pieds du type décolèrent du sol, et il partit s'écraser dans un étal voisin en tourbillonnant. Tandis que les trois hommes s'enfuyaient sans demander leur reste, le Sannin paya pour les dégâts occasionnés, et acheta tout le stock de… ballons ?

_ Naruto ? Suis-moi ! C'est l'heure de l'entrainement. Quant à toi Sasuke, soit tu restes regarder, soit tu pars immédiatement commencer les recherches.

Une fois revenus à l'endroit où j'avais flanqué une raclée à Sasuke, Jiraya me lança une bombe à eau. C'était une blague ? Visiblement non, puisqu'il en prenait une également dans sa main. Sasuke alla tranquillement s'installer sur un arbre pour nous regarder. S'il avait le temps de musarder, il devrait soit exécuter sa mission, soit s'entrainer au corps à corps, ou au Chidori, ou à tout ce qu'il voulait, mais ne rien faire était inutile.

_ Naruto, quelle technique ais-je employé pour vaincre ce type ?

_ J'en sais rien, je ne connais pas son nom !

_ Qu'est-ce que tu as vu, alors.

_ Vous avez formé une sphère avec du chakra très dense qui tournait super vite et vous lui avez envoyé dans la poitrine.

_ Excellent ! Comme tu l'as remarqué, cette technique utilise à la base la rotation.

L'eau dans son ballon de baudruche se mit à frémir sans qu'il ne fasse le poindre mouvement, que se passait-il ?

_ Tu as appris à modifier la forme de ton chakra en le transformant en type Suiton. Tu sais également concentrer du chakra dans une certaine partie de ton corps. A présent, tu vas apprendre à créer des flux de Chakra. Le but est de relâcher ton chakra en exerçant une pression telle que tu vas la faire tourner.

_ Ah ! Et plus le mouvement de l'eau sera rapide, plus la baudruche se déformera. Au final elle éclatera.

_ C'est tout à fait cela ! Exerce-toi jusqu'à ce soir. Sasuke tu viens avec moi, nous avons des choses à faire.

Je restai jusqu'à la tombée de la nuit avec cette fichue baudruche. Qu'importait la quantité de chakra que j'émettais, le ballon n'éclatait pas. Plutôt que de se déformer dans tous les sens, elle s'aplatissait pour former une espèce de galette, et l'élasticité du ballon s'occupait du tout. Cependant, j'avais remarqué qu'il m'était bien plus facile de créer ces flux si j'imaginais une rotation vers la droite que vers la gauche. Cette particularité était étonnante, cependant cela ne m'avançait pas des masses, mes doigts devenaient de plus en plus difficiles à bouger, et mes méridiens me brûlaient affreusement. Quelle était la différence avec ce que produisait Jiraya ? A la tombée du jour, Sasuke vint me rechercher. Je restai bougonne tout le reste de la soirée, à force de fatigue et de frustration accumulée.

Pendant la nuit, Sasuke tenta de m'enlacer. Il se mangea une baffe. Au final Jiraya dut dormir au milieu de nous deux pour que nous restions calmes.

Le lendemain en allant aux toilettes, je surpris un chat jouer avec un des ballons de baudruche. Amusée, je fis rouler l'objet avec mon pied avant de le lui relancer. Sans mettre les griffes, le félin frappai sa proie à droite, puis à gauche. Sans jamais la faire crever d'un coup de patte. Grâce à mon affinité, j'étais à même de ressentir le mouvement de l'eau qui tournait. Un coup de patte envoyait une onde et le roulis provoquait une rotation de la masse d'eau dans le ballon. Or, avant qu'elle ne puisse s'arrêter, un autre coup de patte forçait une autre rotation. A force de rotations en tous sens, le ballon explosa. Le matou s'enfuit en crachant. Et sans utiliser de Chakra, il avait obtenu de meilleurs résultats que moi !

Forcément, ma rotation n'allait que dans un seul sens. Mais j'aurais dû penser à la faire aller dans tous les sens. Cependant, cette même idée me semblait assez compliquée à visualiser. Et sans visualisation, je me doutais que la réalisation serait très difficile. Le seul point intéressant de mon observation résidait dans le fait que la rotation ne s'arrêtait pas avant un certain moment après avoir été induite. En termes de chakra, il faudrait que la dose de chakra que j'injectais s'épuise avant que la rotation ne se ralentisse. La réponse était toute simple. Une de mes mains servait de socle pour le ballon de baudruche et l'autre envoyait rapidement des flux de rotation un peu partout. Je n'étais pas capable de les produire d'une seule main, mais je pouvais les alimenter une fois que j'avais créé le flux.

Je réveillai le vieil homme de plusieurs bombes à eau. Ensuite je remarquais que Sasuke ne se trouvait pas dans la pièce. Etait-il parti avant que je ne me lève ? Je n'en étais pas sûre. Quelque part cette attitude m'attristait. Je n'avais pas envie que nous parlions de tout ce qui concernait notre relation, c'était dérangeant et je ne possédais aucune des réponses qu'il souhaitait obtenir. D'ailleurs, savait-il lui-même répondre aux questions qu'il me posait. Etait-il réellement amoureux de moi, ou s'agissait-il d'autre chose ?

_ Je considère que la première étape de l'entrainement est pleinement achevée !

_ Yeah ! Je suis la meilleure ! Je vais l'apprendre comme si de rien n'était cette technique.

_ Naruto, cesse-moi tout de suite cette attitude arrogante. Tu crois que cette technique est facile ? Ne me mens pas, je vois à quel point tes méridiens te gênent actuellement.

_ J'ai mal aux mains, et alors ?

_ En plus de la fatigue de tes méridiens, tu es encore incapable de produire des flux de chakra non uniformes, d'où l'obligation d'utiliser ton autre main alors que tu ne devrais nullement en ressentir le besoin. Tu as encore beaucoup de choses à apprendre.

_ Mais je croyais que ma méthode était bonne… Vous venez juste de considérer que j'avais passé la première étape…

_ Cela ne signifie pas que tu dois commencer à agir comme une personne imbue d'elle-même. Cette technique doit être considérée avec respect. Après tout, ton père a mis trois ans à la créer et à la maîtriser.

_ Trois ans ! Mais nous ne disposons pas de tout ce temps !

_ Mon point ne porte pas sur le temps que tu mettras à exploiter pleinement ce Jutsu. Mon point porte sur une trop grande assurance de soi. Si tu continues avec une telle attitude, alors tu as d'ors et déjà perdu.

_ Perdu quoi ?

_ Ne le sais-tu pas mieux que moi ? N'est-ce pas toi qui veux aider ce gamin Uchiha ?

_ Vous êtes en train de me dire que…

_ Un ninja doit être sûr des capacités qu'il possède, et travailler à acquérir celles qui lui font défaut. Ce n'est en aucun cas une personne imbue d'elle-même, persuadé que tout va lui tomber tout cuit dans le bec. Si tu veux réussir ce que tu souhaites entreprendre, donne toi les moyens et ose ! Chaque action a une conséquence, un prix à payer qu'il faut accepter d'assumer.

_ Je… Je suis désolée…

_ Bien. A présent, nous allons passer à la deuxième étape.

Je n'aurais pas pensé que j'aurais autant de mal avec cette stupide balle de caoutchouc. Dans tous les sens du terme. A présent que la balle était remplie d'air, créer des flux de chakra était beaucoup plus dur, parce que je ne les ressentais pas. Bien que Kakashi-Sensei m'ait appris que j'avais une double affinité Suiton et Fuuton, je n'avais aucune « visibilité » des courants énergétiques que je me devais de créer. De plus, la dureté avait largement changé entre la baudruche et le caoutchouc, déjà par l'épaisseur du matériau, et ensuite par la différence de flexibilité. L'exercice changeait du tout au tout. Le but n'était plus la rotation, puisque j'avais maîtrisé cet aspect, a présent, je devais concentrer le chakra dans cette balle pour la faire crever. Du moins était-ce ce que j'avais compris des élucubrations du vieil ivrogne pervers qui me servait de professeur.

Cependant, il me semblait que la concentration me désertait ses temps-cis, ma tête se trouvait ailleurs. Je divaguais. Bien que douloureux (mes mains tremblantes ne parvenaient même plus à tenir un verre d'eau ou des baguettes), l'exercice n'occultait aucunement mes pensées fertiles. D'ailleurs j'aurais préféré ne pas penser du tout. Mais les jours passaient sans que je voie de différence dans mon entrainement, et l'engourdissement gagnait peu à peu mes bras jusqu'à mes épaules. Lorsque ceux-ci n'étaient plus capables de bouger, je laissai éclater ma rage et ma déception contre les arbres alentours. Les troncs portaient de profondes marques par mes coups de pieds répétés, seuls assauts que j'étais encore à même de produire. De toutes petites plaies se tendaient sur ma peau blessée, e rouvrant à chaque nouvel accès de colère.

S'il n'y avait que cela. Sasuke n'avait toujours pas reparu, et je m'inquiétais de plus en plus par rapport à lui. J'avais peur que quelque chose ne lui arrive pendant que j'étais occupée. Depuis la mot du Sandaime, personne n'avait aperçu l'homme aux serpents, et cela m'inquiétait au plus haut point. Durant la deuxième épreuve de l'examen Chuunin, il avait visé exprès Sasuke. Livré à lui-même, je me demandais si l'adolescent serait capable de se contrôler, mais aussi de survivre. Et puis je pensais à tout ce qui m'était arrivé en à peine deux mois. J'avais embrassé trois garçons différents et m'étais retrouvé dans des situations plus ou moins embarrassantes. Je n'avais que treize ans, engager une relation et plus si affinité avec des garons que je connaissais si peu, cela tenait de la folie. Et puis il y avait mes rapports avec Kyuubi qui ne s'étaient toujours pas améliorés, et pour cause, je n'arrivais même pas à joindre la bête.

« Pourquoi t'acharnes-tu à me contacter ainsi ? » finit par me demander un démon excédé alors que je prenais une pause.

Mon corps allongé sur le sol dur sursauta. Mon regard plongé dans le ciel et ses nuages ronds se fit vitreux alors que tout au moi s'effaçait. Pour laisser place à ce cloaque où je pataugeais dans l'eau. Face à moi la porte de la cage, immense. Et dedans une halène fétide et deux yeux rouges aux pupilles fendues qui me fixaient sans ciller. Je rendis mon regard à la créature. Il n'y avait pas d'air ici, pas plus que quoi que ce soit d'autre, car tout se trouvait dans ma tête. Tout se déroulait en mon sein, et pourtant tout était réel. Parfois je me demandais si je n'aurais pas préféré que ce ce démon ne soit qu'un autre de mes délires. Mais je savais parfaitement que c'était une bête mythique dotée d'immenses pouvoirs que des hommes effrayés par son pouvoir avaient scellés dans mon corps. Je n'avais pas eu mon mot à dire, lorsque les évènements étaient survenus, je n'étais qu'un tout petit bébé. Pour quelles raisons mon père avait-il mis cette bête en moi ? Pourquoi mes parents étaient-ils partis, me laissant à la merci de la haine des villageois que ce monstre avait privés de leurs proches ? Un jour j'obtiendrais ces réponses, c'était certain.

« Qu'as-tu à me fixer sans parler ? N'as-tu rien à me dire ? »

« Pourquoi toute cette haine ? Tu n'es que haine à mon égard et au monde entier, et pourtant tu m'as aidé par plusieurs fois. Je ne comprends pas. »

« Qu'as-tu à comprendre ? Tu fais partie de ceux qui me retiennent en ces lieux. »

« Si je te laisse aller à ta guise, tu tueras encore plus de monde. Je ne veux pas être associée à de tels massacres. »

« Je ne souhaite pas vivre dans un monde emplis d'humains qui en veulent à mon pouvoir. Le seul moyen que j'aurais de vivre en paix serait de vivre à travers toi. Viens, échangeons nos places ! Je te donnerai le pouvoir que tu désires pour sauver ce monde malade. »

« En quoi es-tu différent des hommes que tu méprises pour leur quête de pouvoir en ce cas ? Tu souhaites uniquement prendre le contrôle de mon corps. »

La bête poussa un rugissement de colère qui me repoussa plus loin, et je vacillai, tombai dans cette eau. Une énergie malsaine s'échappa d'entre les barreaux que le démon griffait inutilement. La vague de Chakra démoniaque me frappa en pleine poitrine, et un sentiment malsain s'empara de moi. Comme une urgence de tuer tout ce qui bougeait. Etait-ce cela que Gaara ressentait lorsqu'il était pris de ses crises de folie avec Ichibi ? Je préférai m'éloigner quelque temps de Kyuubi, le temps qu'il se calme. L'eau répondit à mon souhait, et trancha le tentacule rougeoyant qui reliait mon cœur à celui du Kyuubi. A quoi bon tenter de prendre mon contrôle contre mon gré ? Je refuserai quoi q'il arrive.

« Je suppose que ce refus d'obtenir ma puissance est aussi un refus d'avancer sur la voie du ninja ? Tu détruits les cartes que tu as en main avant même de les utiliser. Que c'est stupide ! Tu t'inventes des obstacles qui n'ont pas lieu d'être. Pour la simple et bonne raison que tu refuses de payer le prix qui vient avec un avantage que tu acquiers. Comme avec ce gamin Uchiha.»

« Qu'es-tu en train d'insinuer ? »

« Tu n'as ni la puissance physique, ni la force de volonté pour sauver cet enfant. Il est bien trop profondément ancré dans les ténèbres pour que tu aies la moindre chance de l'en délivrer sans mon aide. Sans mon aide, c'est le plus loin où tu peux aller. »

« C'est faux, je veux sauver Sasuke et j'y parviendrais ! »

« Si tu le souhaitais vraiment, pourquoi ne l'as-tu pas laissé aller jusqu'au bout ? Tu t'es laissé désirer, et tu as joué avec lui. Et comme pour moi, tout ce qui s'est trouvé être trop dangereux pour un être humain s'est trouvé jeté au loin, oublié et blessé. »

« Mais je ne suis pas amoureuse de Sasuke ! Et je ne suis pas prête à engager une telle relation ! »

« Est-ce véritablement une question d'amour, gamine ? Tout ce que je vois d'ici, c'est ta faiblesse pour prendre des décisions, et plus tu tardes, plus elles seront difficiles à prendre. »

Il avait parfaitement raison. Sauver Sasuke n'avait rien à voir avec être amoureuse de lui. Je souhaitais le sauver parce que je l'aimais, soit, mais pour le sauver, je devais être à même de ne pas me laisser emporter par quelque sentiment lyrique. S'il m'aimait, ce n'était qu'une facilité de plus pour le ramener dans la lumière. Est-ce que pour le sauver, je devais renoncer à ressentir quoi que ce soit pour lui ? Et si je tentais malgré tout, allions nous finir dans une situation bien pire qu'avant ? Si je n'aimais pas Sasuke, pas comme il semblait m'aimer moi, s'entend, la fin risquait d'être inévitable. Nous risquerions d'être brisés tous les deux.

« Pourquoi dis-tu des choses si douloureuses d'un seul coup ? Je croyais que nous étions dans le même bateau, que si je mourrais, tu mourrais. »

« Il n'y a que la vérité qui blesse, gamine. Et si je n'ai aucune intention de te laisser mourir, je n'ai aucune envie de rester à croupir dans un hôte en attendant qu'on me prépare le suivant, et ainsi de suite. »

« Je comprends ce que tu veux dire, mais je pensais que tu m'aimais bien, voilà tout. Je pesais que j'étais quelque part différente de tes autres hôtes. »

« Ça c'est sûr ! Aucune des autres ne m'avait jamais tanné jusqu'à la gauche pour que nous parlions. Personne n'aime les démons, c'est bien pour cela que j'ai besoin d'un corps humain pour faire illusion. »

« Le simple fait d'agir comme un démon te fera détester de tous, tu sais ? Personnellement je n'ai rien contre toi. Tu n'as pas choisi d'être enfermé en moi, comme je n'ai pas souhaité ardemment disposer de ta puissance. C'est arrivé par un coup du destin, voilà tout. Quitte à rester à devoir se supporter pour une vie, autant essayer de travailler nos rapports, tu ne crois pas ? »

« Gamine, soyons honnêtes. Tu ne m'aimes pas, tu me crains. »

« Ça pourrait sembler bizarre, mais je crois que je t'aime bien. Tu te serais rebellé bien plus tôt, si tu ne m'aimais pas du tout. »

« Naruto, je t'aime comme un prisonnier aime le geôlier dont les clefs cliquètent à la hanche. Comme le fou racontant sa vie à ses hallucinations. Tu es la clef qui ouvre la cage qui me condamne. Cette détestable lueur qui chasse l'obscurité. La flamme à laquelle se brûle le papillon avec dévotion. »

« Si je suis une lumière, toi aussi tu me regardes en espérant depuis tes propres ténèbres. Tu n'aurais pas accepté de me parler, sinon. »

« Tu sais parfaitement que deux voies s'ouvrent à toi. Je me trouve là où la lumière elle-même est dévorée par le néant. Et ce gamin Uchiha recule de plus en plus, un jour tu ne brilleras plus en lui. Ce jour est bien plus proche que tu ne le penses. »

« Tu n'as pas besoin de me le dire. Je connais les dangers qui m'attendent. Ils ne feront que me faire briller plus fort. »

« Je t'attends au bout du chemin, ne l'oublie pas… »

Je devrais briller bien plus fort que cela pour sauver Sasuke. Je veux chasser les ténèbres qui engoncent son cœur. Je veux qu'il soit de nouveau heureux et qu'il retrouve le sourire. Je veux même qu'il soit plus heureux qu'avant, et le savoir à mes côtés lorsque je serais Hokage. Je rouvris les yeux sur le ciel bleu et saisi avec force la balle de caoutchouc de ma main gauche. Elle ne s'échapperait pas de mes doigts ! Je me relevai et me positionnais dans une position stable. Qu'importait la douleur, je ne pouvais pas fléchir. L'échec n'était pas une option acceptable : je devais réussir. Je bandai mes muscles et concentrai l'énergie dans mes paumes, devinant que l'énergie s'amassait dans la petite balle creuse. Et ma main droite frappa autour du réceptacle par plusieurs fois. Peu à peu je me vidais de mon chakra dans cette tentative, sentant la chaleur bien trop forte qui rendait la sphère brûlante.

Je fus projetée dans les airs. Sans plus de difficultés que ne l'aurait été un fétu de paille. Toute à ma concentration j'ignorais ce qui était advenu. Autour de moi volaient des morceaux de balle déchiquetés, et je voyais des langues de chakra bleu s'échapper en tous sens. Mon dos percuta le sol et je dérapai, des cailloux éraflant la peau de mon dos. Je ne sentais plus mes mains, mes bras s'achevant sur mes poignets et une sensation de douleur intense. Quelque chose me percuta dans le creux du dos. C'était plat. Mon corps s'arrêta. Je poussai un cri de victoire.

_ Hey Tsundere, me lança une voix bien connue par-dessus moi.

Je souris.

D'aucun disent que les bons sentiments naissent de petites choses.

_ Okaerinasai ! lui lançais-je avec un tendre sourire.

Il me jeta un regard perplexe, ses yeux noirs s'ouvrant perplexes à la formule que je venais d'employer. Je venais de lui souhaiter un bon retour à la maison. Puis une lueur brilla dans ses prunelles d'encre, et les coins de sa bouche se relevèrent en une ébauche de sourire. Nous ne pensions plus à ce qui était arrivé sous la tente, comme si jamais rien ne s'était passé. Et il murmura d'une voix tremblante :

_ Tadaima.

Il m'aida à me relever, la douleur dans tous mes muscles me paralysant. Mes essais infructueux avaient finalement été couronnés de succès. Cependant je payais le prix. La première étape était difficile. La deuxième frisait l'impossible. Le désespoir m'assaillit lorsque j'appris de la bouche de Jiraya en quoi constituerait la troisième étape. Elle était irréalisable. Je devais à la fois veiller à la rotation, à la concentration et à présent à la compression. Dans la main de Jiraya, le ballon de baudruche ne bougeait pas d'un poil. Dans l'arbre à côté, la sphère tourbillonnante avait creusé un trou. Sasuke nous fixait d'un ai peu amène. Je me demandais s'il était jaloux…

_ Allons-y les enfants, Tsunade ne restera pas bien longtemps à Tanzaku.

_ Je ne peux pas bouger, je suis claquée, répondis-je.

_ Soit tu bouges, soit on te porte.

_ Quand vous dites « on », vous voulez dire Sasuke, n'est-ce pas ?

_ Bien sûr, tu vois quelqu'un d'autre à côté de nous.

_ En plus d'être alcoolique et pervers, vous ne foutez strictement rien de vos journées à ce que je vois.

_ Espèce de sale gosse, qui a insisté pour faire ce voyage et ces entrainements ? Hein ?

_ Ben… Vous… Pour éviter de me dire que j'étais recherché par une troupe de criminels de rang S au goût vestimentaire plus que douteux.

_ Ça vous dérangerait de vous disputer en chemin, plus on traine, moins on la le temps de la trouver votre Tsunade, souligna Sasuke.

Le pire, c'est qu'il avait raison. Je savais qu'il insisterait pour m'aider à me déplacer, mais je me refusais à monter sur son dos. Et puis quoi encore. Cependant je le laissai porter mon sac à dos, ça lui faisait plaisir d'être la personne sur laquelle on s'appuyait. Et puis, ça flattait son égo de brun macho, et son envie de surprotéger les membres de son équipe. Une expression de satisfaction ne la quitta pas de la journée tandis que nous nous approchions à grands pas de la vile touristique. Mes tentatives de créer une membrane à l'intérieur du ballon, plus solide que l'épaisseur de caoutchouc, mais en dessous de laquelle rageait la même énergie se révéla mission impossible. Soit la rotation s'arrêtait complètement, soit je n'avais pas assez de puissance, soit la baudruche explosait. Je me visais de mon énergie par mes mains à une vitesse fille, et mes doigts étaient agités de tremblements. Dans ma tête, Kyuubi me proposa par trois fois de le laisser faire. Selon lui, mon corps pouvait créer cette technique de la même manière que le vieux : en n'utilisant qu'une seule main. Après tout Jiraya était capable de créer un orbe tourbillonnant dans chacune de ses mains.

Nous passâmes en milieu de journée le portique à l'entrée de la ville. Immédiatement après être entré, le Sannin demanda à un natif du coin de nous indiquer le bureau des jeux le plus proche. A l'intérieur, on pariait sur le résultat des dés après un lancer, il fallait déterminer si le résultat était pair ou impair. J'éprouvais une joie immense à le voir perdre son pari, et Sasuke également qui avait tenté sa chance. L'information coûta 1000 ryos à l'ancien qui les sortit de son portefeuille en maugréant. Et dire qu'il avait vidé mon porte-monnaie alors qu'il avait énormément d'argent sur lui.

_ C'est la vente de ses livres, me souffla mon coéquipier. J'ai vu son livre de comptes, il pourrait s'acheter le village tout entier si l'envie lui prenait.

_ Ouais bah en attendant c'est l'argent des autres qu'il dépense.

Ne dit-on pas que la chance sourit aux audacieux ? C'est tout à fait le cas : arrivés dans un autre établissement pour retracer les agissements de la blonde, je trouvais au sol une pièce de bandit manchot… et enchainais les jackpots sous les yeux médusés des deux hommes qui m'accompagnaient. En retour, un des joueurs de la salle proposa à Sasuke de lui acheter sa « petite sœur » afin de se servir de moi comme porte bonheur. Je n'avais jamais vu le garçon perdre son calme à ce point. Etait-ce pour le lien familial dont on nous avait affublés, ou simplement le fait qu'on ne nous voie pas comme un couple ? Les deux solutions me convenaient parfaitement apparemment c'était tout l'inverse pour lui. Le tenancier de l'établissement nous flanqua à la porte sans ménagement. Pendant le reste du trajet, Sasuke me tint la main comme si ça indiquerait au reste du monde que nous étions ensemble. Cependant je ne m'intéressais pas à cela. Quelque chose clochait dans cette ville.

_ Je croyais que cette ville était célèbre pour son château traditionnel. Mais je ne le vois pas du tout.

Je grimpais sur une des murailles, saisissant la longue vue du Sannin au passage. Je n'en eus nul besoin. La bourse emplie de pièces me glissa de mes mains devenues moites. Ce n'était pas à cause de ma technique. Elle s'écrasa au sol dans un bruit métallique. Mais je ne pensais à rien. Dans le lointain, sur le haut de la colline gisaient les restes du célèbre château. J'aperçus un homme au loin qui courrait vers nous, affolé, agissant comme s'il fuyait quelque chose de terrible.

_ Il y a un monstre en haut de la colline !

_ Quel genre de monstre ? demanda Jiraya, alors que j'étais occupée à ramasser ma petite monnaie entre les pavés disjoints.

_ Un serpent ! Un serpent géant ! Il a détruit le château.

J'échangeai un regard terrifié avec Sasuke. Moi qui avais craint que ce monstre qui cherchait à nous tuer à l'examen Chuunin ne ressurgisse, le voir arriver dans la ville même où nous nous rendions était incroyable. Un terrible hasard. Sauf que je ne croyais pas aux coïncidences. La main de Sasuke pressa sa nuque près de son épaule gauche. Là où gisait le secret que je n'avais pas encore percé. Cette marque que j'avais cru voir durant le combat de Sasuke (qui avait par ailleurs pompé mon Taijutsu et celui de Lee au passage), la même qui l'avait éloigné quelques temps de nous avec Kakashi et envoyé à l'hôpital où je m'étais trouvée dans l'incapacité de le trouver.

Pourtant, arrivés au pied des décombres, nous ne trouvâmes personne. Juste un mur effondré.

_ Nous avons certainement dû la manquer de très peu, déclara Jiraya alors que la nuit tombait.

_ Je vais devoir recommencer toute ma traque, grommela Sasuke.

_ Au moins, ça laissera à Naruto le temps de s'entraîner.

_ Je préférais la première ville, elle était plus animée. Là on n'a que des gens qui viennent pour parier ou des vieux qui font les sites touristiques du coin. Cela dit, ils perdent leur temps, le château est en miettes.

_ Bon, les enfants, nous allons manger ici.

_ Mais c'est une taverne ! me plaignis-je. Je n'ai pas envie d'être importunée comme dans la maison de jeux.

_ Imbécile, c'est là où nous récolterons nos informations.

_ Où ça ? Entre une paire de jambes fines ou au fond d'une coupe de saké ? lança Sasuke, me faisant pouffer et rougir tout à la fois.

Soudain, Jiraya se figea à la vue de deux jeunes femmes. Et allez, ça commençait déjà avec le plan drague à deux balles.

_ Tsunade ! lança le Sannin.

_ Jiraya ! répliqua celle-ci d'une voix pâteuse, probablement éméchée.

_ Quoi, c'est elle la meuf qu'on cherche ? Je croyais qu'elle avait votre âge. Elle doit porter un Henge tout e temps, c'est ridicule.

_ De la part de la fille qui a passé treize ans de sa vie à se faire passer pour un garçon…

_ Touchée !

Jiraya squatta à la table des deux jeunes femmes, Sasuke et moi se serrant sur le banc tandis que de la nourriture fut commandée. J'étais bloquée contre la paroi du fond de notre box, et la cuisse du brun se collait à la mienne alors qu'il laissait de la place au vieil homme. Lorsque je me plaignis silencieusement que j'avais une fesse en dehors de ma place, il me proposa tout naturellement une place sur ses genoux.

_ Que de retrouvailles, aujourd'hui, déclara Tsunade.

_ Orochimaru, je suppose… Que te voulait-il ?

La blonde à forte poitrine échangea un regard avec la jeune femme qui dinait à ses côtés. Une émotion passa entre elles, il y avait forcément quelque chose de louche. Malheureusement mon attention fut détournée par le bras que Sasuke glissa naturellement autour de ma taille. Avec un sourire forcé, je continuais à manger avec entrain, non sans presser sa main de mon coude. Ni lui ni moi n'exprimions de plaintes à voix haute, et les adultes étaient bien trop occupés pour prêter attention à la bataille silencieuse qui se déroulait sous le niveau de la table.

_ Rien en particulier, juste me saluer. Mais toi, que me veux-tu ?

_ J'irais droit au but alors. Je suis venu te ramener au village.

_ Je ne pratique plus la médecine depuis longtemps, et tu le sais.

_ Le Sandaime est mort, le village se tourne vers toi pour devenir notre prochain Hokage.

Je m'étouffais avec ma bouchée à cette pensée là. Sasuke m'aida d'une grande claque dans le dos à m'en décrocher les poumons. Mes yeux croisèrent deux onyx emplis de reproche. Lui aussi pensait la même chose que moi : cette femme ne pouvait pas devenir Hokage, elle n'était absolument pas apte à assurer cette fonction.

_ Euh, Jiraya ? lançais-je.

_ Tu ne veux pas attendre la fin de cette conversation ?

_ Je veux juste savoir si j'ai bien compris. Vous êtes en train de demander à une femme portée sur les jeux et l'alcool de devenir Godaime, c'est bien ça ? C'est-à-dire de diriger notre village et d'être un modèle pour tous nos concitoyens, n'est-ce pas ?

La colère montait en moi à chaque mot que je prononçais.

_ Tu préférerais que ce soit un ivrogne pervers qui devienne Hokage ? me demanda Sasuke. A l'origine, l'Hokage n'est que la figure du ninja le plus puissant de Konoha. Et ici, je pense que le plus puissant c'est Jiraya.

Ma colère retomba quelque peu à l'idée de voir Jiraya Godaime Hokage.

_ C'est vrai que vu comme ça… Enfin, le Sandaime aussi était un pervers. J'ai eu beaucoup de plaisir à utiliser ma Sexy Meta pour… C'est pas la question, tu changes complètement le sujet ! Cette femme ne peut pas devenir Hokage ! Et puis d'abord, c'était à moi de devenir la première femme Hokage.

_ Sur quel critère, la langue trop pendue ? me lança Tsunade. Bien que n'étant pas intéressée par le poste d'Hokage, je sais parfaitement que pour être éligible, il faut être élu par le Daimyo, et bien souvent faire partie soit de la descendance des dirigeants du village, soit avoir eu un Hokage comme Sensei. Tu devrais faire tes devoirs, ma petite.

_ Pourquoi, vous vous croyez plus éligible que moi, maintenant ?

_ Parfaitement, mon grand père était le Shodaime !

_ Et alors ? Mon père était le Yondaime ! Qu'est-ce que ça change ?

_ Naruto, calme-toi, ça va dégénérer, fit Sasuke.

_ Il a raison, Tsunade-sama, lui lança son assistante. Vous ne pouvez pas vous laisser aller dans un combat avec cette enfant.

_ Naruto, c'est la décision des sages du village, personne ne peut aller à l'encontre de leurs décisions. Et rappelle-toi que si elle revient, elle pourra soigner ceux qui ont terriblement besoin d'elle comme Kakashi ou Lee.

_ Sages du village ou pas, je m'en fiche ! Un Hokage n'est pas simplement un titre obtenu par les discussions stériles de quelques vieux croutons. Il doit être gagné, on doit travailler à son obtention. Qu'a-t-elle de plus que je n'ai pas ?

_ Jiraya, j'espère que c'est l'Uchiha qui parle peu et sagement que tu as pris comme disciple, et qu'elle n'est qu'une pièce rapportée. Tu te fais sentimental depuis quelque temps, à ce que je vois, ce n'est pas parce que son père fut le Yondaime et ton élève favori que tu dois te laisser aller à prendre sous ton aile cette gamine.

_ Je sens que je vais la baffer celle-là ! grondais-je.

_ Le Yondaime était le ninja le plus fort que j'aie connu. Mais sais-tu ce qui lui est arrivé ? Il est mort tout de suite. Il a mis sa vie en jeu pour le village, ce qui est héroïque, certes. Seuls les idiots jettent leur vie aux orties.

Je serrai les dents, et mes doigts s'enfoncèrent dans le bois de la table qui se mit à craquer.

_ Si ton rêve est de mourir pour rien, vas-y gamine, je ne t'en empêche pas. Le titre d'Hokage c'est de la merde, je le laisse aux imbéciles.

_ Je préfère grandement être une imbécile, que de devenir une femme qui a perdu tout espoir. Il y a encore quelques minutes, je vous aurais accordé ma confiance, dans le doute que vous ayez réellement ce qui fait un bon Hokage. Vous n'avez fait que me convaincre d'une chose : vous ne valez pas la peine qu'on s'intéresse à vous. Je ne sais pas si vous êtes réellement le ninja médecin dont Jiraya nous rabat les oreilles depuis le début du voyage. Peut-être que je cours à ma mort à vouloir devenir Hokage. Mais j'ai le sentiment que vous êtes déjà morte.

_ J'avoue, tu as du cran, gamine, et tu ne perds pas ton sang froid. Et si tu me prouvais dehors de quoi est fait un réel aspirant au poste d'Hokage ?

Nous sortîmes dehors sous les yeux médusés de notre tablée. Je savais sciemment que je ne pourrai jamais battre à moi toute seule quelqu'un qui faisait partie des Sannin.

« Avec mon aide, tu pourrait la battre. »

« Avec ton aide, c'est moi que je perds. Cette femme a tourné le dos à la lumière. Je vais lui prouver que je peux l'éblouir. Je n'ai pas besoin de toi. »

« Si tu le dis. Après, moi je pense que tu vas te faire rétamer. »

« Et alors, c'est pour la bonne cause. De toute manière, je mise beaucoup de mes espoirs sur le fait qu'elle me sous-estime. Je n'en ais pas l'air, mais bientôt, je ferais partie de l'ANBU. Il est hors de question que j'appartienne à l'unité spéciale dédiée à la protection de cette femme. »

Elle se plaça en face de moi et leva son index. D'après elle, elle n'aurait besoin que de ce doigt pour me vaincre. Je jetai un coup d'œil autour de moi, pas de source d'eau à proximité. Zut !

_ Dis moi gamine, pourquoi tiens-tu à ce point à défendre le nom des Hokage.

_ Parce que c'est mon rêve.

Je vis passer une lueur de peur mêlée de tristesse dans ses yeux écarquillés. Elle se replia sur elle-même mentalement, murée dans une douleur que je ne comprenais pas. Je fonçais dans sa direction. L'idée me tenta d'employer ma dernière technique en date. Cependant je me doutais bien que je n'allais pas parvenir à l'employer immédiatement. J'avais encore besoin de temps pour maintenir le chakra dans une sphère. Je me décidai pour une technique plus simple et fis glisser les kunais cachés dans mes manches jusque dans mes mains. J'étais presque sur elle lorsqu'elle reprit contact avec la réalité. Je vis son doigt se lever, et analysai ses mouvements. Elle leva son index et le l'abattit dans ma direction avec force. Sa course s'arrêta vers le sol. Il y avait quelque chose de louche. Je préférai sauter.

Je fis bien car une crevasse s'ouvrit sous mes pieds, et s'étendit avec une vitesse folle le long de la rue. Pas le temps d'être effrayée. Je vrillai et visai son cou découvert, puisqu'elle était baissée au sol. Elle tourna sur ses talons avant que je ne puisse l'attendre, son doigt me frôla, dessinant une profonde entaille sur mon avant-bras gauche. Je me rattrapai au sol et tentai de faucher ses jambes. Elle avait bien trop de force brute en elle pour que je me risque à bloquer ses coups. Elle se recula vivement, mais je n'en avais pas fini, mon élan me permit de me relever, et je plaçai toute ma vitesse dans mes jambes. Mon poing toucha brièvement son visage mais elle eut le temps de minimiser l'impact. Tournant sur ses jambes, elle prit avantage de ma position de déséquilibre, et me lança une pichenette sur le menton.

Ma tête fut brusquement envoyé en arrière, et je sentis gémir mes vertèbres cervicales. Du sang envahit ma bouche : je venais de me mordre profondément la langue. Le mur d'un bâtiment voisin fonçait rapidement vers ma tête. Si je le percutai, c'était soit le coup du lapin, soit une commotion cérébrale avec hémorragie en prime, soit la tétraplégie. J'allai mourir ! Je parvins au dernier moment à inverser ma position, et freinai ma course. La semelle de mes chaussures se râpa contre le sol, et sentis les aspérités de la terre battue avec mes orteils exposés. Je tombais à quatre pattes.

_ Tsunade-sama ! lui reprocha son assistante. Ce n'est qu'une enfant !

Je relevai la tête, et mes yeux étaient rouges et fendus, des yeux de démon. Un frisson parcourut le dos des deux femmes alors que je rugissais dans leur direction. Pleinement conscience que c'était par ma colère que le renard tentait de prendre possession de mon corps, je me frappai brutalement la tête contre le sol. Du sang ruisselait de mon front. Mes yeux étaient redevenus bleus.

_ Le réceptacle de Kyuubi, murmura-t-elle avec horreur.

_ Je ne suis pas un Jinchuuriki, lui lançais-je avec colère. Je suis la première femme qui va devenir Hokage : Namikaze Naruto !

_ Hah ! Comme si tu en avais la capacité. Mais je dois admettre que tu es meilleure que ce que je pensais.

_ Je ne reviens pas sur ma parole. C'est mon nindô. Il y a deux choses importantes que je veux faire dans ma vie. Devenir Hokage est l'une d'elles. Rien ni personne ne m'en arrêtera.

_ En ce cas, faisons un pari. Si tu parviens à me prouver qu'être Hokage a une fin utile, je te donnerai ce collier.

Je jetai un coup d'œil à son cou avant de descendre mon regard. Engoncé entre les deux monts de chair, un cristal bleuté brillait. Qu'est-ce que j'en avais à faire de ce collier ? Pourtant, il semblait revêtir une importance capitale, car Jiraya et l'assistante de Tsunade affichaient un air choqué.

_ Je ne suis pas une fille qui est intéressée par les bijoux. Et de la part d'une femme qui perd tous ses paris…

_ Naruto, cette pierre est unique, m'informa Jiraya. Avec elle tu pourrais te payer trois montagnes.

_ Je me fiche de l'argent, je ne suis pas une grippe-sou comme vous deux. Je n'ai pas encore l'âge de boire de l'alcool, et je ne fréquente pas les bordels. L'un dans l'autre, je sais respecter les trois grands interdits du ninja contrairement à une certaine personne de ma connaissance.

_ Tsunade-sama, ce collier appartenait à votre grand père. C'est un trésor familial. Et vous savez que toutes les personnes qui l'ont porté sont mortes.

_ Il appartenait au Shodaime, murmurais-je. Je pourrais…

_ Par contre, dans une semaine, je serais partie. Si dans ce temps tu ne m'as rien prouvé, je repars avec le contenu de ce porte-monnaie ridicule.

_ Ma grenouille ! Et dire que je venais à peine de la regarnir après m'être faite entubée par Jiraya !

_ Tsunade-sama ! Pourquoi avoir parié ce pendentif ? Il porte malheur !

_ Parce qu'elle ne parviendra à rien de toute manière. Allons-y. Si j'étais toi Jiraya, je fonderais plus d'espoirs dans

La colère avait beau bouillonner dans mon ventre, et Kyuubi pouvait se démener derrière ses barreaux scellés, mon discernement ne m'avait pas quitté. Je fus donc la seule de nous trois (Jiraya étant en train d'observer les formes pleines de son ex coéquipière, et Sasuke se précipitant pour m'aider à me relever), la seule donc, à remarquer les regards que Tsunade envoya à Sasuke et à Jiraya. Un regard à la fois empli de honte et de résolution. Elle venait d'avoir une idée qu'elle n'appréciait guère, mais qu'elle considérait néanmoins. Il fallait que je sache ce à quoi elle pensait. Après avoir rencontré Orochimaru dans la même journée qu'elle nous avait rencontrés, il n'y avait aucun doute qu'il avait pollué l'esprit du médecin de pensées malsaines. J'aurais donné cher pour pouvoir discuter avec son assistante. Si je me savais incapable face à Tsunade, la jeune femme qui l'accompagnait pourrait être à même de parler.

Je passais toute ma semaine à travailler sur ma nouvelle technique et à m'entraîner au corps à corps avec Sasuke. Je ne m'arrêtais jamais avant que la nuit ne soit tombée, m'endormant plusieurs fois sur un lieu de désastre, emplis de crevasses aux motifs de tourbillons. Plus tard, j'appris par l'assistante de Tsunade (Shizune) que cette technique s'appelait Rasengan. Tsunade, lorsque je la croisais m'affirmait que je n'arriverais jamais à rien. Afin de ne pas faire déborder ma colère, je décidai de ne plus rentrer en contact avec cette femme avant l'heure fatidique. Et comme toutes les nuits, les deux Sannin se retrouvaient à boire un verre, souvent accompagnés de Sasuke qui s'assurait que le vieil homme rentrait se coucher au lieu de rester ivre mort chez le tenancier.

Au matin du dernier jour, je me réveillai curieusement dans mon lit au lieu de me trouver allongée au milieu de mes désastres dans la nature environnante. Je me relevai, constatant que Kyuubi avait fait cesser ma douleur et m'avait complètement soignée. Ne restait plus qu'à savoir qui m'avait ramenée dans mon lit. Je jetai un coup d'œil sur ma droite, pour m'apercevoir que l'autre lit était occupé par Sasuke. Il avait pris le temps pour moi, alors. Je me levai pour aller le remercier, quand j'avisai le bras d'une personne allongée par terre. Shizune gisait là, et visiblement elle ne venait pas de s'endormir, elle s'était faite assommée. Jiraya et Tsunade n'étaient nulle part visibles, et dans la pièce, seule l'assistante s'était fait agresser. Que c'était-il passé ? Qu'avait-elle vu alors que nous étions sagement dans les bras de Morphée ? Chose qui, soit dit en passant, était bien plus plaisant que de se retrouver dans les bras e Sasuke de bon matin.

_ Sasuke ! Shizune s'est faite attaquer !

L'adolescent ne répondit pas. Etonnée car d'habitude il avait le sommeil léger, je décidai de le réveiller en versant un verre d'eau entre ses draps. Il n'eut pas plus de réaction. Je touchai son front, il était brûlant. Je me précipitai sur l'assistante du médecin. Si elle l'aidait, elle evait avoir quelques capacités dans le domaine médical. Je secouai la jeune femme sans ménagement par les épaules. Elle se releva d'un coup, ses yeux alarmés emplis de panique.

_ Quel jour sommes nous ! aboya-t-elle.

_ L… Lundi, bégayais-je.

_ Tu es déjà rétablie ? Ce doit être le pouvoir de Kyubi.

_ On n'a pas le temps pour cela, Sasuke est malade. Et personne ne se trouvait à nos côtés alors que nous étions vulnérables. Que s'est-il passé.

_ Oh non…

Elle se précipita vers la fenêtre et l'ouvrit en grand. Avant de reculer précipitamment, un kunai venait de frôler son visage pour se planter dans le mur. Jiraya, tremblant et transpirant s'appuyait avec difficulté contre le mur.

_ Shizune, attends. Tsunade a drogué ma boisson. J'ai des frissons dans tout le corps, mes jambes ne me soutiennent plus et j'ai du mal à malaxer mon chakra.

Je compris immédiatement que la « maladie » de Sasuke était elle aussi dû à un empoisonnement. Cette sale bonne femme était partie de bon matin, escomptant que deux ninjas drogués, moi qui dormait et Shizune assommée ne pourraient pas la stopper. Mais pour faire quoi ? Je l'ignorais, celle qui avait les réponses était Shizune. Avant qu'elle ne puisse bouger, j'avais déjà mis un kunai en travers de sa gorge.

_ Tu as les réponses que nous cherchons, Shizune, alors parle ! lui ordonnais-je.

_ J'ai voulu croire en Tsunade, je pensais qu'elle ferait le bon choix, murmura la femme, effrayée par ma voix détachée qu'elle ne connaissait pas.

Elle était persuadée que je pourrais la tuer si je le souhaitais. Personnellement je me savais encore incapable de prendre la vie d'ne innocente, même pour obtenir des réponses. Mais ma tentative de bluff semblait fonctionner, car le corps raidi de l'assistante s'était détendu. Elle coopérait. Elle s'apprêta à parler, lorsque mon regard accrocha une forme qui fuyait au loin. Quelqu'un venait de nous apercevoir et comptait bien faire son rapport à quelqu'un. Je soupçonnais fortement ce quelqu'un d'être Orochimaru.

_ On devrait se mettre en route immédiatement. Tu nous expliqueras les détails en route Shizune.

Qui que soit cet espion, il semblait ignorer la présence d'un Sasuke malade dans la chambre. Et cela me convenait parfaitement : tant qu'il restait dans cette chambre, rien ne lui arriverait. Et cet Orochimaru de malheur ne pouvait pas mettre la main sur lui. Finalement, ce n'tait pas si mal qu'il ait décidé de nous accompagner dans notre voyage au dernier moment. Nous apprîmes alors le tourment de Tsunade qui vivait dans le souvenir de son frère et de son amant perdus lors des ravages de la guerre. Et que cela l'avait perdu définitivement, totalement éloigné de la réalité, elle avait cessé toute activité de ninja et de médecin, sauf pour enseigner à Shizune. Orochimaru lui proposait de les revoir au travers d'une technique de résurrection. Et pour cela, il lui fallait disposer de deux corps : un jeune garçon et un homme. Soit Sasuke et Jiraya. Je ne pourrai pas lui pardonner d'avoir touché à Sasuke, mais j'étais également persuadé qu'une personne sensée n'accepterait pas de tel accord avec un nécromancien. Il ne restait plus qu'une seule option : elle voulait tuer Orochimaru de ses propres mains. Je lus dans le regard sombre du Sannin drogué qu'il envisageait toutes les possibilités, dont la pire. Il était prêt à tuer Tsunade si elle mettait en péril le village de Konoha pour ses intérêts propres.

Si jamais j'avais à choisir entre ma volonté de sauver Sasuke et celle de protéger le village, que devrais-je faire. Pourrais-je supporter de tuer mon meilleur ami, mon frère, le garçon avec qui j'aimais apprendre ce que c'était qu'aimer un homme ?

Arrivés au point où devrait se trouver les négociations, les lieux étaient déserts. Malgré tout la rue était jonchée de pierres arrachées du mur. Nous comprîmes que Tsunade avait fait le bon choix au final, mais un choix dangereux. Shizune se sépara de son cochon pour lui faire renifler la piste de Tsunade et d'Orochimaru. Voire de l'espion du python. Lorsque nous débarquâmes sur le champ de bataille, Kabuto fonçait sur Tsunade avec l'intention d'utiliser son hémophobie contre elle.

_ Comme on se retrouve, lança Orochimaru.

_ Mais c'est Naruto, comment vas-tu ? me demanda le binoclard avec le sourire.

_ Je n'avais pas rêvé ces yeux durant l'examen, soufflais-je. J'ai refusé de voir la vérité en face.

_ Vous vous connaissez ? demanda Jiraya.

Mais avant que je ne puisse fournir une quelconque réponse, voilà Tsunade qui le pousse avec dureté en dehors de son chemin et fonce vers Kabuto. Je vis l'homme de main d'Orochimaru se saisir de son kunai. Il ne blessa même pas la femme, préférant s'ouvrir le poignet et toucher les veines. Il aspergea la Sannin de sang. Elle s'arrêta net, ses yeux ouverts sur l'horreur qu'elle vive. Kabuto sourit d'un air satisfait : il venait de reprendre la main pour ce combat. Son poing heurta violemment la femme au ventre.

_ Tsunade-sama ! cria Shizune en récupérant son maître.

_ Oui, nous nous connaissons, répondis-je à Jiraya. Sauf qu'à l'époque son bandeau n'était pas orné d'une note de musique.

_ Malheureusement il semble que j'ai fondé bien trop d'espoirs sur toi. Tu étais un cancre à l'école, et tu es restée une incapable. Il est impossible que tu deviennes quoi que ce soit. Et si tu gesticules trop, je te tue.

Je décidais de jouer la comédie et lui criais les pires insanités que je connaissais à la figure, laissant la main de Jiraya agripper mon épaule pour me retenir de faire quoi que ce soit d'imprudent. Mais en un mois d'apprentissage pour les services secrets, j'avais appris à dissocier ce qui faisait partie du combat, et ce qui faisait partie de la vie normale. Je ne céderai pas réellement à la provocation qu'il me lançait. Car c'était ce qu'il souhaitait. Car supposément plus faible, mais très liée aux autres, il pourrait m'utiliser comme appât et forcer Tsunade à se rendre sans résistance. J'espérais que la lueur calculatrice dans mes yeux serait moins visible que mon jeu d'acteur.

Avec vitesse, Shizune se précipita pour venger son maître et cracha des aiguilles enduites de poison en direction du ninja d'Oto. Trop lent, il aurait dû se faire toucher, mais il usa son bandeau frontal pour se protéger. Vraiment très intéressante comme idée, je devrais la garder dans un coin de ma tête et en faire usage plus tard. Je remarquai que son poignet ruisselait toujours de sang tandis qu'il se plaçait à côté de son maître et commençait à dénouer les bandages sur un de ses bras. Du même temps, il avala une pilule que je ne reconnaissait pas, mais qui laissa Shizune songeuse.

_ Shizune, tu prends le binoclard et je m'occupe d'Orochimaru.

_ Compris.

_ Ok, je m'occupe de mamy-sitter la vieille et de protéger le cochon, lançais-je sarcastique.

Kabuto gardait dans son souvenir une jeune fille effrontée qui n'avait pas peur d'ouvrir sa bouche pour dire n'importe quoi et énerver les autres. Il sembla que la drogue ne pouvait pas être dissipée par Tsunade qui était toujours en état de choc. Ne disposant ni d'un échantillon, ni du temps nécessaire à la concoction d'un antidote, il lui fallait attendre quelques heures que l'effet se dissipe. Je supposais que ses capacités physiques étaient toujours aussi bonnes parce qu'il avait eu l'expérience de tels poisons à travers le temps. J'espérai que c'était le même produit qui avait été utilisé sur Sasuke. Ainsi il ne bougerait pas de son lit et resterait sauf tandis que nous combattions. Et au moins j'étais certaine qu'il ne s'agissait pas d'une dose létale pour lui. Si j'avais bien compris, Orochimaru avait besoin de corps vivants pour ses sorts de nécromancie. Au moins je savais que Sasuke était encore vivant.

Kabuto se servit de son sang et le plaça sur un tatouage sur le corps dénudé du maître des serpents pour passer outre les signes incantatoires et procéder à une invocation. A côté de moi, Jiraya s'entailla le pouce et fit de même avec les marques sur la paume d'une de ses mains. Sauf que deux serpents géants apparurent aux côtés d'Orochimaru et Kabuto… Et que nous nous retrouvâmes avec une grenouille minuscule.

_ Je babysitte la grenouille aussi, ou vous souhaitez un peu d'aide pour invoquer le boss des crapauds ?

_ Même si tu n'as jamais été très doué, je te sais meilleur que ça, lança Orochimaru depuis son perchoir écailleux. J'en déduis que Tsunade t'a joué un vilain tour.

_ C'est lui qu'elle a choisi pour le sacrifice. Je suppose que le réceptacle de Kyuubi ou son assistante était le second choix, ajouta Kabuto.

_ Naruto, j'aurais aimé que tu n'exposes pas tes talents devant eux, mais il semble que j'aie besoin de toi. Allons vers la solution qui nous apporte le moins de désagréments. Invoque-le.

Quelques temps plus tard, nous nous trouvions tous les quatre plus deux demi-parts que constituaient le cochon et le crapaud. Shizune saisit Tonton sous un bras et entoura les épaules de son maître de son autre bras et sauta à bas du batracien. Nous en étions encore aux retrouvailles de famille entre Gamakichi et Gamabunta. Ah oui, et le boss des grenouilles se foutaient de la gueule de Jiraya aussi. La petite grenouille sauta vers le sol. Je vis le serpent que montait Kabuto fondre sur l'enfant et ne réfléchis pas plus. Je laissai Jiraya à ses querelles avec l'animal qui fumait la pipe. Mon coup de pied atteignit la grenouille et la propulsa au sol sous les cris indignés de son père. La gueule du reptile énorme s'ouvrit en grand pour me gober. Pendant ce temps là Shizune et Kabuto s'affrontaient. Je parvins à m'échapper en force de la gueule du monstre. Mais sa queue heurta brutalement ma jambe gauche, m'immobilisant. Shizune et moi étions à terre, il ne restait plus que Tsunade qui était sans défense. Kabuto la roua de coups de pieds lorsqu'elle fit voler sa main qui la menaçait.

Je me relevai avec difficulté, ma jambe devait être brisée, et claudiquais misérablement vers le théâtre des actions. A côté de moi, le serpent se relevait pour me frapper encore. Même avec une jambe en moins, je pouvais sauter pour l'éviter. Comme celui dans la forêt de la mort, il explosa sous la pression que je lui imposais grâce à un bon Mizu Rappa. Je continuai d'avancer jusqu'à Tsunade et Kabuto, et m'interposai entre eux. Le poing de Kabuto rencontra mon bandeau frontal. Quand je disais que cette parade me resservirait… Je ne perdis pas un instant et voulus l'atteindre au ventre d'un Rasengan. Même mal maîtrisée, je savais que cette technique pouvait être dévastatrice, les trous que j'avais faits dans les arbres et les rochers en témoignaient. Il roula pour éviter ma technique et je tombai au sol. Dans ce même mouvement, il m'avait atteint au genou gauche également. La bouger était presque impossible. Connard !

_ Tu pouvais encore bouger avec une simple fissure au fémur gauche. Je n'ai fait que t'éloigner de mes affaires. Ne t'avais-je pas prévenue ? « Si tu gesticules trop, je te tue. » Quel dommage, tu n'as pas cessé de brailler des inepties sur le fait de devenir Hokage lors de la première épreuve de l'examen Chuunin. Mais pense un peu à ta situation, et réfléchis. Si tu veux vivre, tu devrais fuir. Plus de vie, plus de rêve.

_ Je tiendrais ma promesse. Mes promesses. J'ai promis de devenir Hokage et cela arrivera. J'ai promis de sauver un ami de ses ténèbres, et j'y parviendrai. Une jambe immobilisée ne saurait me ralentir.

Je me relevai tant bien que mal. Ma jambe droite était totalement engourdie. Je ressentais la douleur de la fêlure, mais je ne pouvais rien bouger en dessous du genou. Pas facile de donner des coups ou même de marcher lorsque je ne peux pas placer correctement mon pied dès le départ. Les yeux froids de Kabuto se cognèrent à la volonté qui brillait dans les miens. Je lus quelque chose comme de la peur dans les siens. Evidemment que je savais que c'était de la folie ce que j'entreprenais. Mais je n'avais jamais été un gamin normal de toute manière. Aucun gamin ne déciderait de devenir un héros et de changer de sexe à cause d'un livre qu'il avait hérité de son père. Aucun enfant ordinaire n'avait de père qui avait sauvé le village en scellant en lui un démon surpuissant. Dans mes yeux brillait de la folie, mais pas celle issue de Kyuubi. Ma propre folie teintée du bleu de l'espérance. Kabuto grogna et me percuta en plein cœur. Je sentis la circulation de mon Chakra empirer, tandis que mes battements se faisaient irréguliers. Je me relevai encore sous les yeux de Tsunade.

_ Pourquoi ? Pourquoi fais-tu tout ça ! pleurait-elle presque.

_ Hé la vielle ! Je vais te prouver ce que fait un Hokage pour son village. T'as intérêt à bien t'en souvenir, parce que tu me devras ce pendentif.

Je venais d'avoir une idée totalement absurde, mais au stade où j'en étais, elle pouvait certainement fonctionner. Je ne pourrais pas vaincre Kabuto, parce que je n'étais pas mobile, alors que lui pouvait bouger et m'attaquer de n'importe où. Je créai un clone à côté e moi, et nous nous mîmes comme un rempart entre Tsunade et notre ennemi. La colère de l'incompréhension de Kabuto le fit foncer droit sur nous, un kunai à la main. A la fin, c'était lui qui avait perdu son sang froid. Ce qui signifiait que j'avais d'ors et déjà gagné.

_ Dis au revoir petite conne ! me cria l'espion d'Oroch



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