Fiction: Secret

Je m'appelle Naruto. Et j'ai décidé que je deviendrais Hokage. Pour voir jaillir l'admiration de la haine et du mépris ambiant. Seulement les héros sont toujours des garçons. Et je ne suis qu'une toute petite fille qui sert de prison à un démon. Alors j'ai créé Uzumaki Naruto, le pitre qui ferait des miracles à partir de ses piètres capacités. Sauf que ce secret est lourd à porter.
Classé: -12D | Action/Aventure / Humour / Romance | Mots: 181918 | Comments: 13 | Favs: 17
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Narsha (Féminin), le 07/05/2013
Cette fiction est déjà publiée sur Fanfiction.net, je ne fais que la reporter ici. Si vous êtes impatients de lire la suite, vous latrouverez sans aucun mal.



Chapitre 17: An annoying traveling companion



Revenons un instant à nos retrouvailles avec le Jounin vêtu de son affreux pyjama vert moulant et à Jiraya. Afin de faciliter les recherches, Gai avait fait appel à son équipe pour chercher dans toute la ville. Avec le Byakugan de Neji, rien n'avait été plus facile. En réalité, leur but était de retrouver Sasuke, et non pas ma petite personne. Au final, la grenouille que j'avais envoyée à Jiraya comme message le prévint à temps, et il arriva au même moment que l'équipe rivale de la nôtre. Ils me trouvèrent en train de mettre Sasuke en position latérale de sécurité, dans un recoin de la pièce aisément défendable en cas d'attaque ennemie.

Alors que j'expliquais brièvement l'attaque dont j'avais été victime, et la chance dont j'avais pu bénéficier, Sasuke bougea derrière moi. Je sentis une goute de sueur glisser le long de mon dos tandis qu'il se relevait. Afin de régler le problème, je me demandais si je ne devais pas refaire passer le marchand de sable pour lui. Mais avant, j'avais autre chose à régler.

_ Tu te rends compte que par ton imprudence, tu aurais pu te faire tuer ! me criait Jiraya.

_ Le résultat aurait été le même, répondis-je, si vous aviez su résister à la première fille qui passait pour vous faire un clin d'œil !

Je désignai la jeune femme sur son épaule d'un coup sec du menton. Appuyés sur le mur, trois observateurs extérieurs se délectaient de la conversation.

_ Il n'empêche que j'ai mis du temps à te retrouver, et que tu aurais pu te faire tuer.

_ Et j'aurais dû faire quoi ? M'exposer pleinement devant deux criminels qui étaient à ma recherche ?

_ Mais maintenant ils connaissent ta véritable apparence espèce d'idiote !

_ Ah ça c'est la faute de Sasuke, s'il ne m'avait pas appelé par mon prénom alors que je me faisais passer pour une civile…

_ En parlant du gamin Uchiha, je crois qu'il est réveillé, me signala le Sannin.

Réveillé et en rogne, je le savais. Une aura de colère était parfaitement visible autour de lui, bien sûr qu'il m'en voulait. Jiraya se retourna pour discuter avec Gai de la meilleure option à prendre pour moi et mon coéquipier, comprenez, la meilleure punition pour nous reprocher notre manque de prudence, mon envie de m'amuser au lieu de travailler, et son désir de vengeance irraisonné. J'aurais préféré qu'il continue à me sermonner. Sasuke avait attendu patiemment que la conversation se termine pour me rappeler sa présence.

_ Alors toi, je ne sais pas comment je vais te le faire payer, mais tu vas le sentir passer !

_ Quoi donc ? fis-je innocemment. Le fait de t'avoir sauvé la vie ?

_ Là maintenant je n'ai pas envie de rire à tes petites plaisanteries. J'ai bien l'intention de ne pas te quitter d'une semelle.

_ Et là c'est le héros qui veut me sauver la vie, le garçon qui cherche à devenir très proche de moi ou l'imbécile qui va se faire tuer à force de s'attaquer à plus fort que lui qui me parle ?

_ Juste… Tssss… Ah ! Tu vois tu essayes encore de m'embrouiller pour que j'oublie ce que je veux te dire !

_ De toute façon tu ne pourras pas me suivre, je pars en voyage ! Tu n'as qu'à retourner au village aider à réparer deux ou trois trucs.

_ Pas question de te laisser t'échapper ! Si c'est comme ça je viendrai aussi, un point c'est tout !

Et le voilà qui va se planter à côté de Jiraya pour le convaincre de l'amener avec nous. Non, mais il s'y était cru lui ! Une main se posa sur mon bras, déviant momentanément ma colère. Je laissai cheminer mon regard le long de ce bras bandé jusqu'à la tête de Neji. Il me sourit, et je lui répondis. Quelque chose se noua dans mon estomac. Les baisers partagés avec Sasuke avaient beau être agréables, la vue de l'adolescent me donnait encore des frissons. Il avait vraiment quelque chose de magnétique en lui, et ça fonctionnait visiblement très bien. Tellement bien que sa coéquipière m'adressa un regard noir. Evidemment, il était certainement son parrain. Je me dégageai de la légère prise sur mon bras, me rappelant brusquement que si je lui avais pardonné pour son comportement, cela ne signifiait pas que je ne lui en voulais plus.

_ Tu vas bien, lui demanda sa voix veloutée ?

_ O… oui…

Même le plus simple des mots trébuchait sur ma langue lorsqu'il se trouvait dans les parages. Je priais même pour ne pas trop rougir. C'était intimidant de me trouver en présence d'un garçon aussi majestueux (physiquement parlant, parce qu'il semblait qu'au niveau de la personnalité… Mais d'aucun s'entendait sur le fait qu'il tendait à s'améliorer). D'autres mains chaudes se posèrent sur mes épaules et je sentis la présence de Sasuke derrière moi. Les deux mâles dominants s'observaient farouchement. Neji entremêla alors ses doigts aux miens. Je ne savais plus que faire. Et je devinais que plus rouge que moi était guère possible. C'est alors que je captais le regard moqueur des adultes sur ma petite personne, et soupirai. En un geste, je rassemblais mes poignets et remontais mes épaules, desserrant la prise des deux garçons sur mon corps. Puis je me baissai sur mes appuis et saisis Sasuke qui se trouvait en position de déséquilibre, le fauchai et le lançai sur Neji. Enfin, je me retournai en garde pour les laisser s'expliquer tous les deux. Leur hostilité me permit de reculer de la scène de combat qui se préparait.

_ Eh bien, on peut dire que tu es une chanceuse, me lança la fille aux macarons.

_ Euh… Jan-Ken ? C'est ça ?

_ Ten-Ten… soupira-t-elle.

_ Tu es dans la même équipe que Neji, tu n'as pas ce genre de problèmes ?

_ Il ne me regarde pas avec les mêmes yeux. Pour lui je ne suis qu'une coéquipière. Proche et pourtant tellement loin. Et toi, tu viens à peine d'arriver et les deux plus beaux mecs du village te regardent et se battent pour toi. Tu as pourtant l'air très commune à mes yeux.

_ C'est la question que je me pose en regardant dans mon miroir tous les matins.

_ Mais pour avoir tenu tête à Neji aussi longtemps, je dois reconnaître ton talent.

_ Quoi, juste maintenant ? Il ne s'est rien passé.

_ Non, je parle du marché nocturne de Konoha, tout le monde a entendu parler de votre combat. Enfin personne n'y a assisté jusqu'au bout car vous vous êtes éclipsés, mais il est revenu couvert de blessures et passablement en colère. Et je ne sais pas comment tu t'y es pris pour lui faire peur à ce point.

Ah, certainement les séquelles de notre affrontement contre Gaara et de ma prise de possession par Kyuubi. Autant lui faire croire que j'en étais pleinement responsable. Pour toute réponse je lui renvoyai un sourire entendu.

_ Alors, quel est ton avis sur nos deux génies ? Tu ne penses pas que Sasuke est le plus mignon des deux ?

_ Je ne sais pas trop, je connais cet abruti depuis les bancs de l'académie, et je ne l'ai jamais vraiment vu de cette manière.

_ Ce qui peut expliquer pourquoi tu as rougis à la présence de Neji et pas à la sienne.

_ En même temps il pense qu'il est meilleur que tout le monde !

_ Ne t'inquiètes pas Neji est totalement identique, quand Lee et lui en viennent aux poings.

Les deux garçons ne se frappaient pas encore, se contentant de se regarder dans les yeux avec fureur. Je jetai un coup d'œil vers Jiraya, et l'interrogeai.

_ Il va venir ?

_ Comme les deux situations semblaient pouvoir te convenir, mais de manière inégale, j'ai décidé qu'il allait rester avec nous un petit bout de temps. Gai m'a appris que Kakashi est hors de combat pendant un bon moment.

_ Qu'est-il arrivé à Kakashi-sensei ?

_ Il a combattu vaillamment, il est bien digne d'être mon rival. Evidemment seul moi aurais pu sortir de cet affrontement indemne ! Il est actuellement alité.

_ Et on peut le soigner, pas vrai ?

_ Il nous faudra l'aide de Tsunade, une autre raison de la trouver. Et tant que ce gamin Uchiha n'a pas de Sensei, je devrais le prendre en charge aussi, je dois une faveur à Kakashi.

_ Quoi ! m'écriais-je stoppant le combat des deux imbéciles. Il va venir avec nous ?

_ Hé, s'il vient, je viens aussi, s'imposa Neji.

_ Certainement pas, répondis-je d'une même voix avec Ten-Ten.

_ Il y a beaucoup trop à faire au village pour que je vous laisse vagabonder. Je ne peux malheureusement pas prendre de décision pour ceux qui ne sont pas mes élèves, alors vous deux, vous avez intérêt à vous entraîner d'arrache pied. D'ailleurs, voilà pour vous motiver.

Il sortit deux tenues vertes de son sac et nous les tendit. J'étais encore en train de penser à modifier la couleur et à ne prendre qu'un pantalon, car le tissu extensible pouvait être bien pratique pour des coups de pied, tandis que Gai expliquait que c'était la raison de sa force et de celle de Lee. Jiraya tirait une tête de deux pieds de long, et Sasuke laissait dériver un regard dégoûté sur les formes que moulait la tenue sur le professeur. Nous eûmes certainement le même ressenti sur la chose, c'était immettable pour un garçon. Rectification, c'était immettable tout court. Pour quiconque.

_ Si jamais tu enfiles cette horreur, je ne te parle plus, me signala le brun.

_ Eh bien ce sera une bonne chose de faite, se vit-il rétorquer. Rien que pour ça je vais la garder.

_ Excellente idée Naruto, me dit Gai-Sensei. Je t'en garderai une à la maison spécialement pour toi. Tu préfères une couleur assortie à celle de Lee, ou une qui te démarque ?

_ Je… pense me contenter de celle que j'ai déjà… A… avant de décider de quoi que ce soit d'autre, lançais-je d'un air gêné.

_ Tu veux que je la brûle pour toi ?

_ Pourquoi n'irais-tu pas brûler la tienne ailleurs ?

Comment faisait-il pour ne pas s'apercevoir qu'il traversait la ligne ? Il était clairement sur le point de passer la limite entre mon contrôle sur mes envies de violence et mon total relâchement desdites pulsions. Mon poing allait bientôt frapper le cartilage de son nez, et je goûterais avec joie la sensation du cartilage qui se brise sous l'impact. C'était sans compter Neji qui décida d'entamer une nouvelle joute verbale avec son nouveau rival.

_ Uchiha, ne crois pas qu'un petit mois de voyage va changer quoi que ce soit !

_ Eh bien, un mois sans moi et nous étions déjà très proches physiquement, Hyuuga ! Alors imagine ce que qu'il adviendra d'un mois avec moi…

Euh ? Du stress nerveux ? Quelqu'un allait vraiment se prendre mon poing dans la figure ! Et pas que, un genou dans les parties viriles de deux enquiquineurs seraient bien à même de faire retomber la tension. J'échangeai un regard avec l'adolescente, la même idée lui traversait l'esprit. Et ses poings tremblaient de ce mélange d'agacement et d'excitation qui précède le passage à l'action.

_ J'ai vérifié par moi-même, elle me préfère clairement à toi. Quand nous nous sommes embrassés…

_ D'après ce que j'ai compris tes uniques chances avaient été de te transformer en moi.

_ Bon, vous avez fini votre compétition, tous les deux ? soupirais-je. Jiraya, allons-y. Si Monsieur Sasuke préfère continuer de faire joujou avec monsieur Neji, c'est son problème.

_ Tu as raison, le temps presse. Tsunade ne nous attendra pas, plus nous trainons et plus elle aura fait du chemin.

_ Vous savez où elle se trouve ? fis-je en partant avec lui.

_ Eh bien pas vraiment. Voici tes affaires que j'ai pu récupérer de ta chambre. Au fait, excellente invocation…

_ Hé ! Mais attendez-moi !

Evidemment, Sasuke avait décidé son départ sur un coup de tête, et Jiraya refusa de faire un détour pour retourner en ville. Je le comprenais. Je n'avais pas envie que mon voyage avec lui se trouve avec une personne en plus. Ainsi Sasuke, pour aller avec sa nouvelle tenue de combat, acheta un nouveau sac, un nouveau futon, un nouvel équipement, pendant que j'allais me changer. Et remis sur mon dos l'ancienne tenue de ce bon vieil imbécile que je fus. La première réaction de mon camarade fut de me dire que cette tenue me donnait l'air stupide et que je devrais l'enlever. Je compris que c'était une mauvaise idée de répondre que je pouvais très bien me battre en sous-vêtements devant Jiraya. Dans le fond l'idée n'était pas si mauvaise : je finissais la majorité de mes combats à moitié nue. Je préférais me taire pendant les quelques kilomètres qui suivirent, chaque fois que mon regard se posait sur Jiraya, il avait les joues rouges. Et chaque fois que mes yeux se posaient sur Sasuke… Eh bien, je ne savais pas trop puisque je préférais largement détourner mon regard avant de remarquer quoi que ce soit.

_ Alors ? Comment s'est passé ton tête à tête avec Uchiha Itachi ? demanda Jiraya qui avait été mis au courant par Sasuke.

_ Ça a été bizarre. Mais ça m'a permis d'établir une grande théorie à propos de mon entrainement pour les services spéciaux. Maintenant je comprends ce que je fais là !

_ Kakashi a fait une erreur, et tu viens de t'en rendre compte ? demanda le brun.

_ Bien sûr que non !

_ Tu ne sais même pas le fonctionnement des illusions ! Crois moi, c'était une facile, je m'en suis rendu compte en te libérant.

_ Et qu'est-ce que j'aurai dû savoir, oh grand spécialiste du Genjutsu toutes catégories confondues ?

_ Pas la peine d'être sarcastique. Dis-moi ta théorie d'abord.

_ Eh bien on mon entrainement pour les services spéciaux a été biaisé. Tout concorde avec ce que j'ai vu, j'ai appris le même style de combat que ton frère. Pourquoi ? La raison est simple, on m'a appris à me battre contre lui pour que je le tue. Et l'ordre vient des hauts cercles du village. Cette personne s'est même arrangée pour que tu aie l'information, pour que tu ailles le tuer et…

_ Tu ne crois pas que tu fais trop de films, gamine ? me lança Jiraya. Kakashi t'a fait entamer une formation pour entrer dans les services spéciaux parce que tu le méritais, et cet homme sait de quoi il parle, il a été le chef des ANBU, comme l'a été Uchiha Itachi, d'où le style de combat.

_ Alors comment ça se faisait que j'arrivais à anticiper ses coups ?

_ Sans doute parce que tu te trouvais dans une illusion ? Nous pouvons presque contrôler tes réactions lorsque tu te trouves sous le pouvoir du Sharingan.

_ Je pense qu'il s'agissait plus d'un test que d'autre chose, pour voir ce dont le réceptacle de Kyuubi actuel était capable, répondit Jiraya.

_ De toute façon, pourquoi est-ce que c'est toi qui apprends tous les secrets des techniques de mon frère et pas moi ! J'ai été toujours meilleur que toi depuis les bancs de l'académie ! me reprocha Sasuke.

_ Et la venue d'Uchiha Itachi au village est totalement due au hasard, aucun de nous n'avait su la prévoir !

_ Alors en gros vous êtes en train de me dire que ma super théorie est…

_ Juste ton esprit manipulé et ton imagination débordante, jeune fille.

_ N'empêche qu'il y a tout de même quelque chose de peu clair dans cette histoire avec Itachi. Quelque chose ne va pas et je ne peux pas mettre le doigt dessus…

De nouveau le voyage se poursuivit en silence. Intérieurement, je me demandais pourquoi le vieux avait accepté la venue de Sasuke. Sa mentalité était différente de la mienne ou de celle de Jiraya. Pour la simple et bonne raison qu'il avait eu toutes les bonnes cartes en main dès le début : une bonne naissance, une famille aimante, du talent et des gens qui croyaient en lui. Sauf que peu à peu il avait perdu ses atouts alors que je consolidais les miens lentement les miens. J'avais des amis que je garderai à vie, un entrainement éreintant et régulier, et un rêve que je voulais poursuivre. Mon but m'amenait dans la lumière et courant, Sasuke se perdait dans la contemplation des ténèbres et reculait hors de mon atteinte. Un jour j'avais cru que notre voie était compatible et que nous nous tenions la main sur ce chemin de l'avenir. Je n'étais même plus certaine de la sentir cette main, elle s'évaporait entre mes doigts, alors que je luttais pour la retenir. Peut-être était-ce là pourquoi Sasuke était venu nous accompagner dans ce périple : nous allions lui redonner la lumière qu'il avait perdue.

Nous n'avions que deux tentes pour la première nuit. Originellement, Jiraya et moi devions dormir séparés, chacun dans son petit coin de tranquillité. Sauf que maintenant il y avait une autre personne qui voyageait à nos côtés. La question était donc de savoir lequel d'entre nous allait écoper de moins de place dans la tente ? Ferait-on une division en fonction de la génération ou du sexe ? Je refusai catégoriquement de dormir avec Jiraya, c'était clair et net. Si je commençais à me calmer quant à notre dernière dispute en date à propos de mon père, je me sentais toujours quelque part mal à l'aise à coté de lui. En cela la présence de quelqu'un d'autre était apaisante, car nos deux caractères de cochon ensemble auraient tout fait exploser. Fort heureusement, Sasuke était quelqu'un de calme et serein. Le fait que ce soit lui qui nous accompagne me dérangeait un peu, beaucoup même. Finalement il décida de dormir à la belle étoile, ainsi il ne dérangerait personne.

Le repas se passa dans une bonne humeur relative, et nous nous souhaitâmes la bonne nuit avant de retourner dans nos tentes. Bien plus tard, je fus réveillée par un bruit au milieu de la nuit. Alertée, je me relevai, et tentai d'identifier la source potentielle de danger. Discrètement, je sortis par la porte de ma tente, un kunai à la main. Les nuages avaient masqué la lune, plongeant la vallée où nous campions dans la pénombre. L'humidité de l'air élevé et le temps lourd m'indiquèrent qu'un orage n'allait pas tarder à éclater. Pourtant ce n'était pas un grondement de tonnerre qui m'avait réveillée…

De nouveau ce son ! C'est quelqu'un qui respire ! Il y avait effectivement quelqu'un, me rendis-je compte. Au bout de quelques pas dans l'herbe humide de rosée, mon pied heurta le paquetage de Sasuke. La main du garçon jaillit brusquement de sous les couvertures, et je sursautai, manquant de lui transpercer le poignet lorsque ses doigts s'enroulèrent autour d'un de mes pieds. Ce n'était pas bon, ils étaient bien trop froids. Cet imbécile n'avait même pas allumé de feu pour se garder au chaud un minimum. Quelle fierté, je vous jure ! Ses yeux rouges brillants se fixèrent sur moi. Mais je n'avais pas peur de regarder dans ces yeux là. Si ceux de son frère m'avaient piégé, je savais qu'en dehors des entrainements, Sasuke ne m'attaquerai jamais de cette manière.

_ Naruto ? demanda-t-il d'une voix tremblante de froid.

_ Va te mettre dans la tente, il ne va pas tarder à pleuvoir, lui ordonnais-je.

Plutôt dormir avec lui que d'avoir un malade le lendemain. Et puis, l'idée de le savoir malade par ma faute et mon refus me mettait mal à l'aise. Il était inutile que je m'enfonce encore plus dans le remords et les hypothèses dérangeantes. Tandis que le garçon prenait son sac, je saisis ses couvertures et les pliai sommairement. Il ouvrit le pan de la tente pour me laisser passer avant de me laisser passer. Il était temps, j'entendis de grosses gouttes cogner contre la toile. Sasuke alluma la lampe à huile d'une bille incandescente, éclairant l'espace exigu que nous allions partager. Il tentait de le cacher en serrant les dents, mais je voyais à ses épaules qu'il était parcourut de douloureux frissons. J'aurai donné cher pour disposer d'un réchaud portable en ce moment et lui faire un thé ou une quelconque boisson chaude. Je lui ordonnai de se glisser dans mes draps, pendant que je préparai la deuxième place, entassant nos sacs un peu plus loin. Pendant que le bruit des draps froissés murmurait à mes oreilles, je dépliai les couvertures que je tenais dans mes bras. Avec ses achats de dernière minute, il avait été incapable de trouver quelque chose de correct pour dormir et avait substitué la quantité à la qualité. J'échangeai ma couverture en polaire contre une des siennes, et étendis la mienne sur nos deux places. Je soufflai la bougie.

_ Tu veux que je te rende ta place, souffla-t-il dans le noir.

_ Je ne vais pas mourir de dormir dans tes draps, chuchotais-je en réponse.

A tâtons je cherchai ma veste épaisse pour m'en faire un oreiller de fortune avant e me rappeler que je l'avais déjà utilisée pour cette même occasion, et que la tête du brun s'y trouvait à présent. En revanche je trouvai sa tunique, qui bien plus fine, devrait faire l'affaire. Je me glissai dans les draps froids d'avoir passé la moitié de la nuit dehors. Je baillai et murmurai un « bonne nuit » à mon compagnon qui grogna. Je restai un moment sur le dos, les yeux grands ouverts à fixer l'obscurité, avant de juger cette place inconfortable. Je commençai à me tourner et à me retourner pour trouver une position plus à mon goût, lorsqu'un bras musclé m'enserra la taille pour me demander de cesser mes gesticulations. Je constatai que ses mains étaient encore bien froides, il en mettait du temps pour se réchauffer.

_ Tu as froid, Sasuke.

_ Ce n'est pas vrai, tes mains sont froides.

_ J'ai toujours les extrémités froides, tiens regarde.

Son pied se posa sur mon mollet, me faisant glapir. Il pouffa discrètement. En représailles je me retournai pour lui chatouiller les côtes, et il ne se laissa pas faire. Notre combat se termina par sa victoire, assis sur mon ventre tandis que je le suppliais d'arrêter. Un de mes poumons avait dû se perdre en route car mon souffle était erratique. Par contre mes abdominaux se rappelaient à moi d'une manière douloureuse. Dehors, le son continu de la pluie qui frappait la toile de tente étouffait nos rires et nos cris. Sasuke ralluma la lumière de la lampe, avant de la tamiser en posant une couverture dessus, prenant garde à ne pas l'exposer au feu. Manquerait plus que l'on fasse brûler la tente et qu'on se retrouve à trois avec le vieux. Je plissai les yeux sous l'afflux de lumière.

Toujours assis sur mon ventre, je garçon me regardait de ses yeux profondément noirs. Je savais qu'il était beau, peut-être pas autant que l'était Neji à mes yeux mais il était indubitablement magnifique. Je voyais à quel point ses traits variaient. Moi qui l'avais toujours pris pour un glaçon pour son insensibilité faciale, je voyais se dessiner les émotions directement dans les deux onyx. On aurait pu croire sa bouche intimidante, sa mâchoire carrée par les ombres de la lampe pouvait le rendre plus dangereux qu'il n'en avait l'air. Mais rien qu'à ses yeux, je pouvais voir toute l'affection qui en débordait. Plus que de l'affection. Et ces yeux me fixaient moi. Comme si j'étais la plus belle chose sur laquelle ils soient tombés en ce bas monde. Et cela me gênait au plus haut point.

_ Tu vas me regarder encore longtemps comme ça ? demandais-je d'une voix moqueuse.

_ Je commence à bien te connaître Naruto, tu as toujours recours à l'humour lorsque tu tentes de calmer le jeu.

_ Mais pas du t…

_ Chut… Tu n'as pas à être gênée de quoi que ce soit, tu sais… Je vais faire bien mieux que de te regarder.

Ses mains se posèrent sur mes joues, tandis que je voyais son visage lentement se rapprocher du mien. Je fermai les yeux, sachant ce qui allait se passer, attendant ce baiser qu'il me promettait. Il me faisait languir pour son propre plaisir, et une impatience grandissait en moi à sentir son souffle sur le bas de mon visage sans que rien ne se passe. Je rouvris les yeux avec frustration. Les siens étaient moqueurs.

_ Es-tu en train d'espérer quelque chose d'autre encore ?

_ Connard, répondis-je à cette bouche qui me tentait.

Pour toute réponse, il scella notre baiser. Mes doigts allèrent se perdre dans ses cheveux noirs, tandis que sa bouche picorait la mienne, sans me laisser le temps de reprendre mon souffle. Enfin sa langue vint explorer ma bouche tandis que je faisais de même, dansant, s'enroulant autour de la mienne comme si elle avait peur de la perdre. Il me quitta un instant pour reprendre sa respiration, avant de retourner souder ses lèvres aux miennes. Je l'entendis étouffer un gémissement tandis qu'il revenait encore se couler contre mon visage. Je sentis ses mains agripper ma nuque pour approfondir encore l'étreinte, et sentis ses hanches rouler contre les miennes. Je sentis le désir mâle émaner de lui tandis que son bas-ventre excité pressait contre mon ventre.

Je n'étais pas prête. Il était bien trop tôt !

La peur remonta dans mon dos tandis que je repoussai les épaules de mon compagnon et reprenais mon souffle. La lueur dans ses yeux confirma le message que son corps avait transmis au mien. Sasuke me sourit. Je sentais encore mes lèvres frémir de ses baisers emplis de tous ces sentiments mêlés.

_ Est-ce que tu trouves mes mains toujours aussi froides ?

Son désir pour moi était aussi violent que ses sentiments pour son frère. Depuis la nuit où tous les siens avaient péri, il ne savait plus aimer que par la brutalité. Etais-je un exutoire pour ce désir de vengeance ? « Je sais à quoi tu penses et je te mets en garde, Namikaze Naruto. T'engager sur cette voie n'offre pas de retours et t'obligera à des choix terribles. Et personnellement, je crains que tu n'aie pas la force que requiert ce chemin. » En ces termes m'avait parlé Uchiha Itachi lorsqu'il avait deviné quel but j'avais en tête. Il avait raison, je n'avais pas la force nécessaire, je savais quels choix faire et je ne pouvais pas.

Mes hanches se soulevèrent et je projetai mon compagnon sur le côté. Je perçus de la surprise et puis du ressenti dans ses yeux. Il n'était pas habitué à ce qu'on lui résiste. Il se jeta sur moi, et je savais qu'il le faisait encore par jeu. Mais je ne pouvais pas nous autoriser à aller plus loin. Je n'étais pas prête à approfondir notre relation ainsi. De toute manière, la manière dont je l'aimais et sa manière de m'aimer étaient différentes. J'aimais à tester la limite de nos corps avec lui. J'aimais m'illusionner, et croire que je l'appréciais autant qu'il m'appréciait. Mais c'était juste faux.

J'étais juste triste et en colère contre moi-même.

_ Naruto, je suis désolé, commença-t-il.

Ah, tu es désolé ? Moi aussi Sasuke, nous avons tous les deux des tors dans cette relation. Toi pour avoir voulu aller trop loin trop vite et moi pour t'avoir laissé faire et encouragé. Dans l'affaire, c'est moi la méchante. C'est moi qui te manipule, et je crois qu'en un sens tu le sais. Je veux te sauver des ténèbres qui te dévorent, et je refuse de payer le prix de ta rédemption.

Un voyage sans toi aurait été mieux. J'allai demander à te renvoyer chez toi.

_ J'ai besoin de parler à Jiraya.

Je sortis dehors sous la pluie. Le chakra rayonna autour de moi, répondant à mes émotions profondes de… Je ne savais même pas ce que je ressentais. Il y avait de la culpabilité, de la tristesse, et la colère et tant d'autres émotions. Et la pluie elle-même éviter de m'arroser, comme un refus de l'apaisement qu'elle aurait pu me procurer. Sasuke voulu me suivre. Je secouai la tête et repartis vers l'autre tente, le laissant seul à se reprocher tout ce qu'il avait pu faire de mal.

J'eus la surprise de constater que mon parrain était réveillé. Ses yeux marron reflétaient une certaine ironie.

_ Ça m'avait l'air chaud entre vous deux, dis-moi, me lança-t-il.

_ Il… Il ne peut pas rester.

_ Comment ça ? Mais ça fait partie de ta punition, et c'est moi qui décide…

_ Non, vraiment, il ne peut pas rester. Je n'ai pas envie qu'il se passe quoi que ce soit d'autre entre nous.

_ Que se passe-t-il ? Tu n'as vraiment pas l'air bien, ma petite.

_ La relation que j'entretien avec lui risque de nous détruire tous les deux. Je sais quel choix je peux faire dès maintenant pour le sauver de sa vengeance, et je n'ai pas envie de le faire. Si je choisis de l'aimer, je sais qu'il restera à mes côtés jusqu'à la fin, et ça me donne l'impression de reculer vers mon réel but dans la vie. Et j'ai peur de le perdre si je refuse de lui donner mon cœur.

_ Vous aviez l'air de bien vous entendre tous les deux.

_ Parce que nous nous ressemblons. Sauf que j'ai découvert d'autres personnes avant que Sasuke ne devienne aussi proche de moi. Et tant que je ne sais pas ce que je ressens vis-à-vis de ces autres garçons, j'aurai le sentiment d'avoir raté quelque chose. Et si Sasuke reste avec nous, je sais que je vais être forcée de faire le choix entre l'aimer ou non, sans être prête, sans être en mesure de décider.

Le vieil homme soupira, avant de passer sa main dans mes cheveux.

_ Je ne peux pas le renvoyer au village sans manquer à ma parole. Et vu ce que je pressens de toi, tu n'aimes pas non plus revenir sur tes mots, hein Naruto ? Ce qu'on va faire, c'est que tu vas dormir dans cette ente et que je vais aller dormir dans la tienne. Il n'avait pas l'air encore prêt à assumer votre amourette non plus.

_ Et pour le reste du voyage ?

_ Je trouverai bien de quoi vous occuper à deux endroits différents. En attendant, les jeunes gens de votre âge ont besoin de beaucoup de sommeil, alors dors. Tout ira mieux demain.

Tout ira mieux demain. Tout était relatif. Sasuke et moi étions incapables de nous parler. Il cherchait à s'excuser discrètement d'avoir été trop brusque envers moi, sans pouvoir le trouver, sa vue m'insupportait. Moi, je me reprochais mon comportement et déprimant en cherchant toutes les possibilités éventuelles qui auraient pu survenir. Du coup je déprimais et préférais ne pas le croiser sous peine de me sentir encore plus mal. Et prenant mon attitude comme un reproche, il s'en trouvait blessé dans son orgueil, en colère contre lui, et en colère contre moi. C'est comme si un mur s'était bâti entre nous au cours de la nuit.

La matinée passa donc péniblement. Afin de distraire mon attention de mes problèmes de cœur qui de toute manière me paraissaient insolubles (Jiraya m'avait glissé en aparté qu'ils étaient même futiles et que je devrais me « contenter » de ce que j'avais sous la main). Je décidais de le cuisiner sur sa relation avec cette mystérieuse Tsunade. Selon ses dires, c'était la plus belle femme du monde, mais qu'elle avait un caractère assez buté. Sasuke commenta cette affirmation d'un « mpf » grossier et d'un regard appuyé dans ma direction. Elle devait être très puissante, puisqu'elle faisait partie des trois Sannin. Et accessoirement ce devait être une vielle puisque de l'âge de mon parrain. Mais en dehors du cercle fermé de la médecine, elle était plus connue pour sa fréquentation assidue des salles de jeux d'argent, qu'elle aimait plus que sa propre vie malgré une malchance persistante. D'aucun la surnommait « le légendaire pigeon », c'était pour dire à quel poiint elle se faisait plumer.

_ C'est bien beau tout ça, mais où est-ce qu'on va la commencer cette recherche d'informations ? demandais-je.

_ Toutes les possibilités sont ouvertes. Cependant toi, tu vas plutôt t'entraîner, Naruto.

_ Alors quand commence-t-on ? Ça fait des heures que l'on marche et qu'on ne fait rien d'autre.

_ Et moi dans tout ça ? demanda Sasuke. Vous allez m'enseigner des techniques aussi ?

_ Toi, tu as plus besoin de consolider des acquis que d'accumuler des connaissances.

_ Je n'ai pas besoin de cela, mes capacités sont déjà au mieux.

_ Cela, jeune Uchiha, c'est se montrer prétentieux. Je n'ai pas besoin de t'observer longuement pour voir que Naruto est bien plus avancée que toi sur le plan du corps à corps et de la mise en situation. Mais si tu tiens à être utile au village, alors travaille moi cette pupille qui te rend si spéciale et si habile.

_ Je n'ai qu'à lire ses mouvements avec mon Sharingan pour prévoir ses attaques et riposter ensuite, déclara Sasuke avec un sourire en coin.

_ Ce que ton esprit sait n'est pas ce que ton corps sait, répondit calmement Jiraya.

_ Que voulez-vous que je vous prouve pour que vous acceptiez de m'enseigner également ?

_ Je n'ai pas refusé de t'enseigner, idéalement je suis en train de te prouver que tu fais fausse route.

_ Pardon ? grogna le brun.

_ Tu ne pourras pas battre Naruto, Sharingan ou pas Sharingan. En un seul coup elle t'a mis hors jeu pour te protéger afin que tu n'attaques pas ton frère.

_ Elle n'aurait pas dû, je l'aurais tué.

_ Je l'ai fait pour te protéger. Quoi que tu dises, tu n'es pas à mon niveau.

_ Naruto, j'ai toujours été meilleur que toi, et ce avant même que nous entrions à l'académie.

_ Il est vrai que tu avais de l'avance, tu avais toutes les capacités nécessaires, et je n'avais rien. Mais j'ai travaillé dur, alors que tu n'as pas bougé. Tu étais déjà au dessus des autres, à quoi cela te servait-il de devenir encore plus fort ? Tu souhaitais gagner contre ton frère, mais tous tes combats ont été remportés avec aisance, naturellement tu t'es cru au dessus des autres.

_ Tu n'es pas meilleure que moi !

_ On vérifie ça quand tu veux, Uchiha !

_ Posez vos affaires à côté de ce rocher. Je vais arbitrer votre match. Il se déroulera en trois manches, déclara Jiraya.

_ Une seule suffira, répliqua Sasuke.

_ Le premier qui n'est plus en état de continuer a perdu, répondis-je.

_ Ah, les enfants de nos jours ! soupira Jiraya.

Sasuke se plaça face à moi sur le terrain. J'avais enfilé une tenue parmi celles qui me restaient, à savoir l'éternel pantalon orange et un bête T-shirt. Je le scrutai attentivement, sans regarder son visage, tentant d'anticiper ses mouvements par les mouvements de son corps. Je ne voulais pas voir son visage, sachant que son visage n'exprimerait rien. Peut-être tenterait-il de jouer l'avantage qu'il avait sur le Genjutsu, mais cela nécessitait un contact oculaire. Sauf que mes yeux ne croiseraient pas les siens. Etait-ce pour me protéger des illusions, ou simplement pour ne pas lire dans leur noirceur des émotions qui me troubleraient trop ? Je l'ignorais. Tout ce que je souhaitais en ce moment et lui prouver à quel point il avait tord de me sous-estimer.

Je n'avais pas pensé qu'il avait tant entrainé le corps à corps.

Le dernier combat qu'il avait fait face à Gaara m'aurait été utile pour savoir quelles étaient ses nouvelles capacités physiques. Malheureusement ce traitre de Kabuto m'avait mis hors d'état de nuire durant ce moment, m'empêchant de prévenir les Jounins du danger que représentait Gaara.

Sasuke avait copié le Taijutsu de Lee, et avait maîtrisé en un petit mois ce que l'autre garçon avait passé des années à acquérir. Le sourire de victoire que Sasuke affichait se figea tout à coup, il m'avait foncé dessus dans une bête attaque frontale, parce qu'il était certain de pouvoir me toucher. Mais cette vitesse de combat était celle que j'employais naturellement après toutes ces séances à me faire botter le train par Ebisu-Sensei. J'esquissai un pas de danse vers le côté, fauchai son pied d'appel qu'il reposait pour mieux bondir, faisant glisser son pied. Le corps du garçon partit en arrière sans qu'il ne puisse le contrôler, et j'accentuai le déséquilibre d'une simple poussée sur son épaule. Son propre poids le fit chuter, et il se releva, des herbes sèches constellant sa chevelure de jais et ses vêtements d'encre. Il ne souriait plus du tout.

_ Pourtant tu les as vus venir, mes coups, le moquais-je.

De nouveau il tenta une attaque, mais s'essaya à des angles plus détournés et plus inventifs. Mais que pouvait-il faire contre moi avec des jambes aussi raides. Elles bouillonnaient d'énergie, comme emplies de ce feu qui était son élément héréditaire. Et cette énergie lui permettait de nombreuses possibilités d'attaque qu'il ne se lassait pas d'exploiter. Mais l'eau est souplesse, l'eau est mouvement perpétuel. L'eau sinue, l'eau évite. Une torsion de hanche et son coup de pied circulaire me frôle sans me toucher. Il me suffit ensuite de pencher ma tête et mes épaules afin de laisser ses coups me frôler sans qu'ils ne me touchent. Et cela le met encore plus en rage, jusqu'au dernier moment, il est certain de toucher. Puis je lis dans son corps toute la frustration qui le consume peu à peu. Par jeu, je le fis choir de nouveau, me penchai vers son corps au sol comme pour le maîtriser et cueillis une herbe longue à l'extrémité graminée juste à côté de sa tête et la glissai entre mes lèvres avant de m'éloigner.

_ Naruto, je préférerai que vous terminiez ce combat rapidement, suggéra mon mentor tandis que Sasuke se relevait en grommelant. Il nous reste un peu de route avant la prochaine ville.

J'évitai son enchainement de coups suivants, avant d'entendre siffler les shurikens qu'il envoie vers moi. Mais le bruit des lames couvre autre chose que je ne parviens pas à déterminer. De quelques déhanchés, un flip arrière et un salto, je me mets hors d'attente des projectiles, m'abritant derrière un arbre. Mon corps était totalement hors de vue de Sasuke. Parfait.

Un fil métallique brilla au soleil, et je compris quel son je n'avais su percevoir correctement. Ces shurikens étaient attachés à des câbles attachés aux doigts du garçon, lorsqu'il tira dessus, les shurikens revinrent à la charge et m'encordèrent à l'arbre. Saucissonnée, je ne pouvais plus bouger. Du moins le croyait-il, quelques instants à l'abri de son regard m'avaient permis de permuter avec un Mizu Bunshin créé au débotté. Mon corps réel se trouvait allongé dans les herbes hautes, attendant en silence de voir les prochaines attaques de Sasuke. Point encore plus positif, les mains de mon clone n'étaient pas attachées. Discrètement je formais un sceau de mes mains, et l'être aqueux prisonnier comprit la manœuvre et forma rapidement quelques mudra avant que le brun ne surgisse. Il surgit sans protection devant mon double, de nouveau assuré d'une victoire.

_ Suiton, Mizu Rappa, incanta le double.

Sasuke ne se dégonfla pas face à cette trombe d'eau et se servit de ses fils pour diriger une attaque de flammes directement sur la Naruto entravée.

_ Katon, Ryuuka no Jutsu !

Il utilisait contre moi la technique la plus puissante de son répertoire ! Celle-là même qu'il avait employé contre Orochimaru, selon les dires de Sakura. Face à ce déluge de flammes, ma marée ne résista pas et s'évapora, provoquant une immense poche de vapeur d'eau qui fit grogner Sasuke de douleur. Le clone disparut et je serrai les dents. J'eus l'impression de sentir ma peau brûler durant quelques instants. Ce n'était pas une sensation des plus plaisantes. Je profitai de l'occasion qui se présentait à moi pour aller frapper Sasuke.

Jiraya voulait que l'affrontement tourne court, parfait. Avant que Sasuke n'ait pu réagir, je surgis par-dessus lui et abattit ma jambe gauche sur son crâne. Mon pied droit reprit appui avec le sol, et le corps du garçon avait accompagné mon impact, et bien que blessé, il se préparait à une riposte. Je profitais de son mouvement vers le bas pour le frapper de mon coude en travers de son dos, et il poussa un cri. Mes mains agrippèrent durement ses épaules et j'enfonçai mes pouces dans le creux derrière ses clavicules. Je sautai sur mon pied gauche qui redescendait pour donner une impulsion à mon genou droit qui remonta dans sa poitrine, faisant gémir de nouveau ses côtes que mon coup de la veille avait déjà endommagées. Son souffle sortit brusquement de sa gorge et je le laissai retomber, perclus de douleur.

_ C'est fini, annonçais-je à mon professeur.

_ Je ne crois pas, répliqua Jiraya en désignant le garçon qui se relevait derrière moi.

_ Naruto… gronda Sasuke.

Cette fois-ci son attaque ne me rata pas, et je sentis du sang chaud couler contre mon visage. Kunai au poing, il venait de m'ouvrir une arcade sourcilière. Je reconnus le style de combat, il venait de copier tout l'affrontement avec son Sharingan et venait en réclamer encore une couche. Je pestai intérieurement, j'avais super mal ! Mais j'avouais que son angle d'attaque était bien choisi, les blessures à la tête saignaient abondamment, et ce dernier allait profiter de l'aveuglement de mon œil gauche pour pousser son avantage. Il croyait tout avoir de Namikaze Naruto ? Il croyait pourvoir gagner en copiant simplement mes mouvements, qu'il essaye de copier celui-ci !

J'avançai vers lui, et lui lançai une série de coups espacés de quelques pirouettes et d'évitements calculés très près de manière à perdre le moins de temps possible à recouvrer la distance entre moi et mon adversaire lorsqu'il subissait le coup. Je vis ses lèvres bouger, et supposait son adaptation. Au premier circulaire qu'il me confronta, je me lançai dans des mouvements encore plus ardus. Leur difficulté était non seulement le temps à respecter, mais aussi une souplesse du corps que celui-ci n'était pas forcément prêt à supporter. Cette technique m'avait été inspirée par l'ouverture des portes, à ceci près qu'elles n'étaient pas nocives pour la santé si on était capable de les exécuter correctement. Elles nécessitaient cependant une souplesse et un échauffement préalable qu'était loin de posséder Sasuke. Si ses muscles étaient prêts à être étirés, ils ne le pouvaient pas à ce point. Car l'ouverture des jambes réclamées pour la plupart des mouvements que je venais d'exécuter requerraient des hanches plus féminines que les siennes. Et l'imbécile s'était laissé prendre au piège. J'entendis très nettement le moment où sa cuisse manqua de se tordre dans un angle impossible pour son corps, le mettant au martyr, et Sasuke retomba à genoux.

_ Alors, tu abandonnes ou tu as besoin d'une démonstration supplémentaire ?

_ Mpf, fut la seule réponse que j'eue de lui.

Il se releva en maugréant, et j'eus soudain envie de connaître l'attitude de Sasuke une fois qu'il sera une personne âgée : sera-t-il aussi aimable qu'il l'est aujourd'hui ? Sa démarche chaloupée alors qu'il boitait douloureusement vers Jiraya me fit sourire. Mais peu à peu, cette bonne humeur passagère s'estompa. J'étais certes très heureuse d'être parvenue à le désarçonner, voire heureuse de lui avoir fait mal, mais… Cela n'allait pas arranger mes relations avec lui. Si je savais qu'il allait devoir s'accommoder de mes nouvelles capacités et tenter par tous les moyens de s'améliorer, je n'avais eu aucunement envie d'aller jusqu'à le blesser physiquement. Et j'étais triste qu'il m'ait frappé au visage, alors que je n'avais visé que des points plutôt solides de son corps

Jiraya s'approcha de moi, une trousse de secours à la main. Je remarquai alors que la blessure avait tellement saigné que mes cheveux avaient été teintés de rouge, et le liquide avait coulé jusque dans mon cou. Le vieil homme ouvrit une gourde d'eau et nettoya sommairement les traces qui coagulaient déjà, et me fit presser une compresse recouverte d'un produit antiseptique sur ma plaie. Le liquide piquait affreusement, et les vapeurs m'en donnaient même le tournis et les larmes aux yeux. Je poussai un râle de douleur où j'étouffais une insulte que j'épargnerais aux chastes oreilles.

_ La plaie est profonde, il ne t'as pas loupé. Heureusement que les pouvoirs du Kyuubi te permettent de régénérer. Je ne suis pas un expert dans le domaine, mais je pense que tu vas garder une marque.

_ Je pense qu'il va peut-être plus mal que moi, fis-je en désignant le vaincu du menton, j'ai senti ses côtes craquer, j'ai frappé dans le même endroit qu'hier.

_ Ça va ta poitrine, gamin ?

_ Mpf.

_ Bon, je vais prendre ça pour un oui, déclara Jiraya tandis qu'il me fixait un gros pansement sur l'arcade. En route vous deux, nous devons atteindre la ville.

Je compris que je n'avais rien vu de ce qu'était un marché dans une ville en fête malgré ma soirée avec Neji et mon après midi avec Sasuke. Soit la raison avait été un combat avec l'un, des caresses avec l'autre. Après tout, la sagesse populaire conseille : « Faites l'amour, ne faites pas la guerre », et en cela je peux dire que j'ai évolué. Si seulement le monde qui nous entourait pouvait comprendre cela aisément. Dans la liesse ambiante, je sentais qu'avec des efforts, on pourrait atteindre cet idéal de paix et souder les gens. Si seulement il existait une solution…

Le marché différait des deux autres que j'avais visités par sa taille et sa diversité plus importante. De nombreux enfants couraient les rues en compagnie de leurs amis ou de leur famille. A Konoha, des jeunes gens de cet âge auraient majoritairement porté les lunettes de l'Académie ou le bandeau frontal, et leur attitude serait différente, pleine de méfiance et de prudence même dans les moments les plus ludiques. Je jetai un coup d'œil à Sasuke. Il semblait agacé par les rires des demoiselles qui nous suivaient à distance en se croyant discrètes. Jiraya me conseilla de profiter des festivités et me tendit un programme qu'il avait ramassé sur le sol. Je sautais de joie en l'entendant dire que nous dormirions ici et nous y entrainerions quelque temps.

_ Content que ça te fasse plaisir, me dit mon parrain.

_ Comme si on avait le temps de s'amuser, grommela Sasuke qui n'avait toujours pas digéré sa défaite. Commençons l'entrainement dès aujourd'hui.

_ Qu'est-ce qui lui prend ? me demanda Jiraya, j'avais toujours cru cet enfant maître de ses émotions.

_ Il n'a pas aimé se rendre compte de l'écart entre nos capacités offensives respectives. Mais entre nous, je crois qu'il n'aime pas ses nouvelles amies.

_ Ses nouvelles amies ?

_ La basse-cour qui glousse en frétillant du croupion chaque fois qu'il se trouve dans les parages.

_ Naruto ? Serais-tu jalouse ?

Je me posai sérieusement la question, et me retournai vers les jeunes filles de tous âges qui rodaient autour du brun. Un léger pincement au cœur me prit en observant certaines qui étaient magnifiques.

_ Peut-être un peu, certaines sont super bien foutues. Alors que je ne ressemble à rien physiquement parlant. Mais je dois avouer que je m'amuse beaucoup plus des réactions de Sasuke que de leur présence.

_ Mpf, m'adressa le bougre pour seule réponse.

_ Vous entendez tout le bonheur du monde qui se trouve dans ce simple son ? ironisais-je, faisant rire Jiraya.

_ Sérieusement, relança Sasuke, je veux commencer à m'entrainer dès maintenant.

_ Eh bien personne ne te retiens, petit. Mais j'avais d'autres projets pour toi.

_ Que voulez-vous dire ? Pourquoi Naruto et pas moi ?

_ Parce que j'aime les défis et que Naruto me ressemble plus que toi. Enseigner à des génies dans ton genre n'est pas drôle. Tu te crois déjà tout puissant, et je n'ai pas la patience de te montrer encore et encore tes erreurs de jugement. Ni le temps de penser quoi te faire travailler sans que nous ne nous ennuyions tous deux.

_ Naruto a appris plus de choses que moi dans le même laps de temps, en quoi suis-je différent ?

_ Naruto poursuit un but.

_ C'est aussi mon cas.

_ Oh non, là est toute la différence. Naruto cherche à se surpasser elle-même pour atteindre son but, elle sait déjà ce qu'elle fera quand elle sera Hokage.

_ Si elle devient Hokage.

_ J'ai toute confiance en elle.

_ Les Hokage ont toujours été des hommes selon la volonté populaire, et tous sont dans la lignée les uns des autres. Elle n'a jamais été l'élève du Troisième, la ligne est rompue.

_ Un jour tu réaliseras la profondeur de ton erreur, et pourquoi Naruto est une des rares jeunes que le village acceptera de voir succéder aux anciens. Et l'Hokage peut tout à fait être une femme, rien ne l'interdit, c'est au Daimyo de notre Pays d'en décider. Et par rapport à ce que je disais avant que tu ne m'interrompes : tu ne pourras pas rattraper Naruto tant que tu essaieras de copier ton frère.

_ Comme si je copiais cet homme ! Tout ce qui vient de lui me dégoûte !

_ Et personnellement, je te trouve trop ténébreux pour avoir envie de t'entraîner. Tu ramènes à la surface de douloureux souvenirs.

_ Et que vais-je faire si je ne peux pas m'entraîner. Je croyais que vous aviez accepté que je vienne à cause d'une promesse faite à Kakashi-Sensei.

_ Tu vas commencer par m'aider à entraîner Naruto au Taijutsu et au Genjutsu. J'ai également besoin de toi pour la recherche d'informations. J'ai besoin que tu trouves dans la région toutes les boutiques susceptible de vendre des médicaments, des livres sur la médecine et la liste de leurs clients récents. Egalement tous les cas de guérison suspects, c'est-à-dire trop rapides pour une durée normale ou miraculeux. Aussi si on a aperçu des Médics-Nin dans la région. Bref, tout ce que tu pourras trouver sur les déplacements de cette femme Tsunade que nous recherchons.

_ Et vous Sensei, qu'allez-vous faire ? demandais-je en sortant ma grenouille rebondie de ma poche.

_ Je vais chercher des informations là où vous ne pourrez aller avant d'atteindre votre majorité. Mais dis-moi, tu as une petite fortune là dedans, Naruto ! Ne sais-tu pas que l'argent est un des trois vices des ninjas, et que c'est celui-ci qui ronge Tsunade ?

_ Ce ne serait pas plus logique que Sasuke cherche tous les endroits où cette Tsunade a contracté un prêt? Si elle perd tout le temps l'argent qu'elle a, elle a dû créer des dettes et de nombreux ennemis un peu partout, non?

_ Là n'est pas la question, tu ne dois pas changer de sujet! L'argent est comme un feu qui te dévores, plus tu en as, plus tu en consommes! Contente-toi de ces 300 ryos pour aujourd'hui.

_ Mais c'est la dèche ! C'est trois fois rien ! Rendez-moi mon argent !

_ Combien crois-tu que j'avais d'argent quand j'étais jeune ? Je me suis arrangé pour que mes occupations ne pèsent pas sur mon budget !

_ Ouais, vous passiez votre temps à mater des filles aux bains ! Bon, Sasuke, tu viens avec moi, ou je te laisse avec ces demoiselles ?

_ Attendez encore, tous les deux ! Vous portez mes affaires !

Je fis observer qu'il était un vieux fou tyrannique. Au final, je vis Sasuke échanger un regard avec moi. Immédiatement, chacun cacha une main dans son dos et nous décidâmes de l'issue du sac avec un Janken. Après quelques matchs nuls, il coupa ma feuille et je sus que j'allais me trimballer ces affaires avec moi toute l'après-midi. Cependant, mauvaise perdante, je réussis à m'éclipser dans la foule avant qu'il ne puisse me rattraper et lui laissai la charge du sac. La journée s'écoula sans encombre jusqu'au moment de retrouver mon tuteur…




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