Fiction: Secret

Version imprimable




« Je le sens… Il fait son mouvement… Ichibi est en train de se réveiller… DEBOUT GAMINE ! »

Le chakra de Kyuubi se répandit d'un seul coup dans mes muscles paralysés, raccordant les nerfs servant à la mobilité. Je poussais un gémissement de douleur. Alerté, la personne accroupie à mes côtés me secoua brutalement par l'épaule.

_ Kakashi-sensei ! Naruto se réveille.

_ Je pensais que tu n'allais jamais le dissiper ce Genjutsu, grommela la voix ennuyée de Shikamaru.

_ Comme si je ne venais pas de te mordre pour te réveiller ! grogna un chien.

Oh putain, je suis tombée où ? Y'a des chiens qui parlent. Pour continuer dans le monde de l'absurde, le garçon le plus mignon de notre génération m'a fait une super déclaration dans les escaliers. Ah et oui, il parait que je suis la fille du Yondaime. Donc je ne dois pas m'inquiéter, je viens juste d'apprendre que mon père décédé est la même personne qui m'a enfermé un démon dans le ventre. Je pourrais ne jamais lui pardonner ! Mais en même temps il était mort, alors la conversation avec l'au-delà était compromise. Quoi que… Un père Hokage, et le plus fort des quatre ? Ah, j'étais la meilleure ! Je devais avoir le pouvoir dans le sang. Qui avait la classe ! Hein ? Hein ? J'étais la meilleure ! Et puis personne ne m'avait rien dit, et surtout pas ce vieux gâteux de Jiraya ou ces grenouilles stupides ! Ni même le vieux Sandaime ! Ah mais on se foutait bien de ma gueule dans ce pays de merde, non seulement on ne me dit rien à propos du démon dans mon ventre, et on ne me dit pas non plus que c'est mon propre père qui l'a transféré dans mon ventre. Qu'est ce qui manque à ce charmant tableau de famille, une mère psychopathe ?

« Je dirais une mère qui a été Jinchuuriki avant toi et qui es morte durant l'opération de scellage par Minato alors que j'essayais de détruire le village en étant contrôlé par un type qui a fondé le village de Konoha il y a quatre-vingts ans. »

« Waw, quand on verse dans l'irréaliste, tu te poses, toi. Y'a même pas une chance sur un million pour qu'une telle théorie soit vraie ! »

« Théorie, ouais… Bon c'est pas tout ça mais Ichibi est en train de se réveiller »

« Tu veux dire que Gaara est resté en mode 'taré assoiffé de sang' ? »

« Je veux juste dire que la situaton est encore pire. »

« Avoue, tu veux juste te foutre sur la gueule avec Ichibi ! »

« Ah tu m'énerves, Gaki, va te faire voir si c'est comme ça ! »

« Euh… Kyuubi ? »

« … »

« Je… Je plaisantais… »

« … »

« Ha ha ha ! C'était drôle… Hein ? Ça… ça n'a pas l'air de prendre… »

« … »

« Mais qu'il est susceptible ce démon ! »

_ OY, NARUTOOOOO ! beugla Sakura à mon oreille. TU COMPTES RÊVER ENCORE LONGTEMPS ?

_ Je pense qu'on devrait laisser Pakkun la mordre, suggéra Shikamaru.

J'entendais comme des bruits de lutte résonner d'un bout à l'autre de l'arène. Et pourtant, aucun des spectateurs dans les gradins ne faisait le moindre bruit. Ils semblaient tous comme endormis.

_ Mais qu'est ce qui se pas… commençais-je.

Je n'eus pas le temps de terminer ma phrase. Je sentis la menace arriver derrière moi. Le temps que Sakura me crie de faire attention, je m'étais déjà levée, et mon corps entrainé pour me faire intégrer les services spéciaux avait déjà réagi. Un ninja masqué arborant l'emblème d'Oto me visait par derrière. Sans même le regarder, ma main avait bloqué le bras qui tenait son kunai. Je pivotai sur mes appuis pour lui faire face, tordant son bras sans aucune difficulté. Shikamaru, Sakura et le chien (Pakkun c'était lui ? On était tirés d'affaire, tiens !) se mirent en formation, surveillant les différents autres angles d'attaque. L'homme masqué me regarda dans les yeux et j'y lus de la stupéfaction.

_ Comment une simple civil peut… ?

_ Surprise, je suis juste pas en tenue !

Toujours en le tenant de ma main droite, je fis pivoter ma jambe gauche, m'en servant comme appui pour percuter sa tête d'un puissant coup de talon du pied droit. Sous la violence du choc, son corps partit valdinguer en direction du mur d'enceinte et je le lâchai, pris appui sur les mains et le percutai au niveau du sternum de la pointe de mes pieds joints. Avant qu'il n'ait pu reprendre son souffle, je m'étais déjà remise en garde. Sa cage thoracique craqua, ainsi que le mur derrière lui lorsque mon genou droit enfonça une nouvelle fois sa poitrine. Le mur explosa derrière lui, et il chût. L'affrontement était terminé.

_ Naruto… souffla Shikamaru, impressionné par mes talents.

_ Encore plus rapide que pendant nos entrainements, fit une Sakura interloquée.

Je fis jouer mes muscles et m'étirai. Mon dos craqua ainsi qu'une de mes épaules. Je n'avais pas d'arme à ma portée. Ne faisant ni une ni deux, je me précipitai sur le banc où dormaient Hinata, Choji et Ino, et dérobais à la blonde une sacoche remplie d'armes de jet que je fixai solidement à ma ceinture. Nous n'avions visiblement pas le temps pour que je trouve une tenue adéquate au combat. Un autre adversaire surgit face à moi, et je parai ses coups de poing, mes mains s'appliquèrent sur sa poitrine et je poussai suffisamment fort pour le projeter par-dessus le parapet. Avant de réfléchir, je réagis à l'arrivée soudaine d'un ennemi derrière moi qui reçut un coup de pied retourné dans l'abdomen, ce qui l'envoya bouler contre un banc. Son dos le percuta avec force, et je lui lançai un kunai en plein cœur. Une fleur rouge s'épanouit sur son torse alors qu'il rendait son dernier souffle.

_ Il est mort, gémit Sakura.

_ Hé, on ne joue plus Sakura. Ces types veulent nous tuer !

L'un d'eaux menaça la rose. Elle était en état de choc et ne pouvait par conséquent assurer sa défense. Malheureusement je me retrouvai à nouveau aux prises avec le gars que j'avais fait passer par-dessus bord, et qui n'avait pas apprécié ce traitement. Un éclair vert et noir me frôla et je reconnus Gai-Sensei qui fit passer le ninja menaçant Sakura par l'ouverture que j'avais pratiquée dans le mur précédemment. La brèche s'agrandit brusquement sous les coups puissants du maître d'arme. Kakashi apparut entre Sakura et Shikamaru tandis que ma lame cisaillait la gorge de mon adversaire. Alors qu'il retombait au sol, son sang gicla sur mon visage. Je saisis une serviette en papier dans un sac plastique de Choji et m'essuyais.

_ Bravo, Naruto, je savais que j'avais eu raison de te faire former par Ebisu. Avec de telles performances à ce stade contre des ninjas de niveau Chuunin voire plus, tu vas gagner ton masque en un rien de temps.

_ Merci Kakashi-sensei !

_ Kakashi, mon éternel rival ! Comment fais tu pour avoir des élèves aussi merveilleux ?

_ Les vôtres sont très bien aussi Gai-sensei, répliquais-je pour le faire taire.

_ En un mois Sasuke et toi avez appris plus que mes Genins en un an de formation !

_ Pas le temps de discuter, l'ennemi continue d'attaquer. Je vous explique la mission et vous passez par ce trou immédiatement après. Rattrapez Sasuke et arrêtez-le ! Trouvez vous un endroit sûr et n'en bougez plus jusqu'à nouvel ordre !

_ Il s'est passé quoi avec Sasuke ? Qu'est-ce qu'il a fait ?

_ Je t'expliquerai en route, déclara Sakura.

Nous bondîmes par l'ouverture, rapidement suivis par Shikamaru et le chien. Immédiatement nous dûmes louvoyer entre les rues encombrés de shinobi qui se battaient et de serpents géants qi détruisaient les bâtiments publics. Sérieux, quand les méchants s'y mettaient, ils nous en mettaient plein la vue. Nous on n'avait pas de plans aussi machiavéliques, et on ne détruisait pas tout ce qui se trouvait sur notre passage. Durant ce temps là, Sakura me résumait le combat avorté entre Sasuke et Gaara, ce dernier qui s'enfuyait après avoir été profondément blessé par une technique de Ninjutsu ultra puissante que Kakashi avait apprise à Sasuke, et enfin cette histoire d'alliance entre Suna et Oto, avec Orochimaru combattant le Sandaime Hokage. De toute notre équipe, seul Shikamaru ne se sentait pas intéressé par l'idée de ramener Sasuke, après tout, ils n'étaient pas coéquipiers, s'étaient vaguement fréquentés en classe, l'un étant premier en tout, et l'autre trop fainéant pour vouloir répondre aux tests écrits. La seule chose qui nous liait avec Pakkun et Shikamaru était l'ordre de mission donné par Kakashi. Ma première mission de rang A !

Avant de partir dans la forêt, je me retournai quelques secondes pour contempler le visage de mon père à jamais gravé dans la falaise surplombant la ville. De là, je savais qu'il veillerait toujours sur moi, et qu'un jour, je serai à ses côtés, veillant sur la vie des futurs aspirants ninja.

_ Souhaite-moi bonne chance, lui souris-je.

Je rattrapai le groupe en quelques longues foulées. Soudain le chien s'arrêta. Il avait flairé quelque chose ! Immédiatement il nous enjoignit à le suivre sur une sente qui partait entre deux arbres. Puis il accéléra brusquement. Je n'eus aucun mal à le rattraper, mais nous étions tous les deux ralentis par nos coéquipiers, ceux-ci n'ayant pas la même endurance que nous (dixit Sakura), ou bien subissant le contrecoup de leur match (dixit Shikamaru). Le chien ninja nous indiqua que huit hommes étaient à nous trousses. Avant d'en repérer un neuvième servant à déjouer les embuscades.

_ Vous êtes à la traine derrière ! criais-je.

_ Bien que l'ennemi ne nous ait pas localisé, ils gagnent rapidement du terrain sur nous ! prévint le canidé.

_ Quelle poisse ! gémit le fainéant. Vraisemblablement ils sont tous très au-dessus du niveau de Chuunin. S'ils nous rattrapent nous seront exterminés !

_ Et Naruto en a éliminé trois comme pour rire ! s'exclama Sakura.

_ Et je suis en robe, et quasiment sans équipement, surenchéris-je.

_ Ce n'est pas fini l'auto congratulation ? dit le chien. Mais la gamine blonde a raison, vous manquez cruellement de capacités !

_ Il faut tendre une embuscade, déclara Sakura.

_ Mauvaise idée, répondit le chien. Je vous rappelle qu'ils travaillent pour Orochimaru.

_ On a aucune chance, alors, fit Shikamaru. Ceux qui fuient doivent être très discrets pour ne pas gâcher le piège, d'autre part ils doivent pouvoir se placer de façon à organiser une riposte sans pouvoir se faire prendre. Pour la première condition, le flair d'un chien ninja devrait suffire. Cependant pour la deuxième, nos adversaires et nous avons une connaissance équivalente du terrain. Il y a trop d'inconnues pour que le plan fonctionne correctement ! Ce sont des hommes surentraînés et prêts à nous tuer.

_ Effectivement, dis-je. Je suis contente de t'avoir avec moi, je n'aurais pas pu penser à tout cela en si peu de temps.

_ C'est normal, tu n'as pas été dotée d'un cerveau à la naissance !

_ De toute manière il faut qu'on fasse quelque chose rapidement, ils vont bientôt nous localiser précisément ! intervint Pakkun, mettant fin à notre début de dispute.

_ Et qu'est-ce que nous avons face à eux ? Une demeurée. Une fille sans talents particuliers. Un chien. Et le plus grand froussard que cette terre n'ait jamais porté. Il ne reste qu'une seule solution.

_ Laquelle ? demanda Sakura.

_ Il faut faire une fausse embuscade histoire de les retarder, en retournant leur prudence contre eux. Cependant le leurre a toutes les chances de mourir. Qui est partant ? Le seul qui ne peut pas le faire est le chien, car il est capital pour retrouver Sasuke. Je ne vois que moi pour faire ce travail !

_ Shikamaru, tu ne peux pas ! m'écriais-je.

_ Ah, depuis le temps que j'attendais de tels cris du cœur de la part d'une fille. J'ai l'impression que ce seront les derniers que j'aurais. Partez !

_ On compte sur toi ! répondit Sakura.

Il tournoya autour d'une branche et s'y accroupit. Je le laissais s'éloigner un bon moment. Puis réfléchis. J'aurais largement le temps de rattraper le groupe si je me servais de Kage Bunshin. Si la mission constituait seulement à rattraper Sasuke et à le convaincre de revenir, Sakura serait largement suffisante, si je lui adjoignais l'aide de mes clones. La seule chose qui pourrait arriver serait qu'il résiste par la force, là, je n'aurais d'autre choix que de revenir en arrière. Mais je savais également que Shikamaru ne pourrait se débrouiller seul. Du moins pourrait-il retenir l'ennemi avec sa technique de manipulation des ombres, encore fallait-il repérer les positions de l'ennemi. Et puis il y avait ce neuvième qui était censé les prémunir contre les embuscades. Mon ami n'avait pas assez de chakra pour tenir. Que faire ?

_ J'ai une idée, déclarais-je tout à coup. Kage Bunshin no Jutsu !

Mes clones partirent directement en direction de Shikamaru. Je saurai ce qui était arrivé lorsqu'ils disparaitraient. Mais je ne pouvais pas laisser mon ami sans une sécurité. Ils avaient un moyen de déjouer les embuscades ? Nous aussi. Quelques instants plus tard Pakkun déclara que nos poursuivants avaient stoppé leur course. Je soupirai de soulagement. Quelques temps après, mes clones désactivés m'envoyèrent les informations.

Shikamaru avait effectivement fait un excellent travail, en simulant nos traces de pas et celles de Pakkun à l'aide de morceaux de bois. Malheureusement son ombre n'avait attrapé que huit des neuf poursuivants. Sans hésiter, mes clones étaient apparus sur le terrain, et avaient entrepris d'éliminer les huit ninjas au sol. Puis ils s'étaient disséminés dans la clairière. Après avoir râlé contre moi car je le privais de son moment de gloire, il avait attendu, tous les sens en alerte la venue du dernier ninja. Je n'avais pas pu le repérer immédiatement car il s'était caché dans un des arbres. Mais partant du principe qu'il s'agissait d'un homme et qu'il subissait les mêmes désirs qu'eux, j'avais utilisé le Harem no Jutsu pour le débusquer. Et cela n'avait pas manqué, il avait saigné du nez devant la vingtaine de nymphettes blondes et nues qui paradaient dans la forêt. Avant que j'aie pu le frapper, quelqu'un l'avait déjà éliminé. Asuma-sensei était apparu sur le terrain, le cadavre sous son bras. Reprenant ma forme normale, mes clones l'avaient salués tandis qu'il emmenait avec lui un Shikamaru épuisé.

_ Il va bien annonçais-je à Sakura et Pakkun. Heureusement qu'il avait immobilisé l'ennemi, mes clones n'auraient pas pu éliminer ces gus autrement. Mais nous avions de la chance Qu'Asuma-sensei se trouve dans les parages.

Nous continuions à avancer. Le chien nous indiqua que Sasuke avait combattu dans les parages contre la fille à l'éventail et que Shino avait affronté le marionnettiste pervers. Malgré mon envie de m'assurer si le garçon aux insectes allait bien, je ne pouvais qu'aller de l'avant. La pression qu'exerçait Ichibi se faisait de plus en plus forte. Je n'avais pas le temps d'avoir peur. La moindre hésitation pouvait tous nous tuer. Au loin nous aperçûmes la silhouette déformée par son sable de Gaara. Visiblement chacun des deux garçons avaient donné du fil à retordre à son adversaire. Mais lorsque je vis Sasuke gémissant sur une branche, des marques noires couvrant son bras gauche et une partie de son visage, mon sang ne fit qu'un tour. Je m'élançai. Je vis le garçon à la gourde de sable bondir vers mon rival. Il n'arriverait pas avant moi. J'arrivai en face de lui et mon pied le frappa violemment au visage. Il s'écrasa sur une branche plus loin. Tandis que Sakura relevait Sasuke, je m'approchai de la zone de combat. Derrière moi mon coéquipier gémit :il était sacrément mal en point. De toute notre équipe, je devais bien être la seule capable de me battre. J'allai devoir laisser la vie de Sasuke à Sakura et à un chien, je plaçais bien trop d'espoirs sur cette combinaison hasardeuse.

_ Maître Kakashi avait pourtant dit que tu n'avais plus à te soucier de cette marque ! s'inquiétait Sakura.

Quelle marque ? Est-ce que cela avait à voir avec l'inquiétude de Sakura pour Sasuke au moment de l'examen Chuunin ?

_ Euh, je ne suis pas dressé pour le combat, moi, signala le chien ninja.

Bon, rectification, je laissai la vie de Sasuke entre les mains de Sakura, une hypothèse encore plus hasardeuse de la précédente. Sasuke gémit et cria en se tenant l'épaule. Sakura ne pouvait faire autre chose que d'être présente et le soutenir dans l'effort. J'allais prendre le commandement de notre unité. J'ordonnai à mes coéquipiers de se mettre à couvert, la zone risquait d'être salement endommagée si je devais affronter le Bijuu ici et maintenant. J'enjoignais ensuite le chien à prévenir Kakashi, au cas où la situation tournerait mal. Je n'étais pas certaine de pouvoir totalement gérer la situation. Surtout si je devais faire appel à Kyuubi. Dans ce cas, j'avais quelque chose à leur demander.

_ Sakura, Sasuke, est-ce que vous me faites confiance sur ce coup ci ?

_ Pas de problème, me répondit la rose.

_ Je peux difficilement faire autrement, grogna le brun.

_ Ce que je veux dire c'est que je vais devoir utiliser des techniques dangereuses, et je crains soit de vous blesser, soit de vous faire peur au point que… Bon sang, c'est si dur à dire.

_ Quoi que tu fasses, je suis avec toi, me répondit la fille.

_ Comme si tu pouvais réussir à me faire peur.

_ Sasuke, tu as vu comment Gaara s'est transformé, n'est-ce pas ? Sakura m'a dit que tu t'étais immobilisé pendant le combat. Tu as assisté à sa transformation. La sensation que tu as eue à ce moment là, tu t'en rappelles ?

_ Je…

_ Je vais peut-être vous faire subir exactement la même. Je ne sais pas si on va s'en sortir cette fois-ci.

_ Ne sois pas défaitiste, tu l'as assommé en un coup de pied.

_ Il va se relever dans pas longtemps, crois moi, je sais ce que ça fait. Quoi que les dernières fois qu'on s'est retrouvé face à face j'ai failli mourir. Alors je préfère vous dire mon plus grand secret maintenant.

_ Quel secret ? Être une fille n'était pas ton plus grand secret ? se moqua Sasuke.

_ Il y a treize ans, un démon a attaqué le village de Konoha. Afin de protéger les villageois, celui-ci a été enfermé dans un réceptacle.

_ Tout le monde sait ça, fit Sasuke.

_ Le réceptacle, c'est moi.

Le silence me répondit. Ils étaient sans doute trop choqués par ma révélation.

_ Récemment, j'ai appris que la même personne qui a sauvé le village, et a scellé Kyuubi no Yôko dans mon corps n'est autre que mon propre père, le Yondaime.

_ Naruto… Sakura appela mon nom.

_ Si jamais je ne m'en sort pas, fuyez et laissez moi ici. Une belle fin pour un enfant maudit haï de tous.

_ Naruto, je crois en toi, déclara Sakura.

_ Merci, fis-je en essuyant une poussière qui m'irritait l'œil. Oui, une poussière, pourquoi est-ce que j'aurais des larmes perlant au bord de mes paupières sinon ?

_ Naruto, déclara Sasuke. Si tu as des larmes à verser, gardes les pour plus tard. Et maintenant botte-lui le cul !

_ Toi… fit Gaara en se relevant, j'aurais vraiment dû te tuer quand j'en avais l'occasion.

_ Quoi, ça fait combien maintenant. Cinq fois ?

Il se jeta en avant, et je l'évitai sans peine. Sauf que ce n'était pas moi qu'il visait. Je ne pus que vois le sable et le garçon continuer leur course vers mes compagnons. Avec tout le courage qu'elle possédait, Sakura se dressa en travers le la route du monstre. La détermination que je lus dans ses yeux me fit chaud au cœur, en même temps qu'elle me blessa. Aura-t-elle jamais cette expression quand viendra le moment de me protéger ? L'amour juvénile qu'elle ressentait pour Sasuke était magnifique. Le bras monstrueux du Jinchuuriki la heurta en pleine poitrine et elle fut plaquée contre un arbre. Il se trouvait juste au dessus de Sasuke. Mais lui aussi avait été secoué par la lueur d'amour dans les yeux de la belle. Il se tint la tête de sa main libre et encore humaine. Je profitai de cette ouverture pour récupérer Sasuke.

_ Pourquoi est-ce que vous n'avez pas fui ? engueulais-je Sakura.

_ Pour Sasuke… et pour toi…

_ Que représentent-ils pour toi ? me demanda Gaara.

_ Ce sont mes amis, lui répondis-je.

Mes yeux bleus rencontrèrent les yeux cyans. Je ne cherchai même plus la gentillesse qu'il y avait eu ce soir là quand nous nous étions embrassés. Ma seule envie était de lui faire payer. Et mis à part de la peur, de la pitié ou de la tendresse, je n'avais jamais eu ce regard avec lui, sans me trouver sous le contrôle de Kyuubi. Gaara plissa son œil humain de rage. Puis le sable se resserra autour du corps de Sakura et elle hurla.

_ Alors, qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?

Je serrai les dents et bondit vers lui. Une langue de sable vint changer ma trajectoire, je l'évitai, me servant d'elle comme appui, perdant mes chaussures englouties par le sable au passage. Je courus le long du bras de sable. Mes pieds enrobés de chakra de type Suiton laissant des marques sombres sur le sable. Je bondis et fis mine de viser sa tête. Il plaça son sable en bouclier. Je m'en servis comme tremplin, exécutai un salto avant jusqu'à me trouver à la verticale de Sakura.

_ Suiton, Mizu Rappa !

_ Encore et toujours cette technique, se moqua le monstre.

Ouais, sauf qu'elle est assez efficace contre toi, connard. Je parvins à sectionner le sable au ras du corps de Sakura. Malheureusement, une fois mouillé, il formait une coque dure. Je m'excusai intérieurement envers Sakura alors que je glissai le long du tronc pour casser la coque. Le coup de pied que j'envoyai la brisa, brisa également le tronc derrière, et heureusement que j'avais visé entre les jambes de Sakura, parce que sinon, elle serait morte. Je récupérais son corps avant de foncer vers Sasuke. Je déposai le corps de notre coéquipière à côté de lui.

_ Cette fois allez vous cacher dans un endroit sûr, ordonnais-je.

_ Naruto, depuis quand est-tu aussi forte ?

_ Hah ! C'est vraiment la première fois que tu me regardes combattre ou quoi ? J'ai travaillé dur pendant longtemps pour arriver à ce niveau. Et si je suis en train de te rattraper, tu devrais sérieusement t'interroger sur tes motivations au combat.

Gaara voyant qu'il n'était parvenu à rien s'essaya à augmenter ses pouvoirs par ailleurs déjà démoniaques. Son autre bras se recouvrit de sable et une queue lui passa, seules ses jambes restaient encore humaines. Des excroissances jaillirent de ses bras croisés, et je reconnus les shurikens de sable, quoi que ceux-ci soient plus rapides et plus compacts que ceux que j'avais vus lorsque je me trouvais avec Neji. Sasuke s'aplatit sur la branche afin de limiter le plus possible la zone exposée. Je me contentais de les éviter de quelques pas et torsions du corps. Quoi, c'était tout ? Je regardai la créature dans les yeux. Même monstrueux, ils reflétaient la même détresse que Gara avait eu à son habitude, la même détresse qu'avant. Il fallait que je nous éloigne de Sasuke et Sakura. Pakkun réapparut rapidement dans la zone.

_ Impossible de s'éloigner, il y a trop de ninja d'Oto dans les bois. Des shinobi sont en train de les éliminer mais cela prend du temps, m'annonça le chien. Qu'est ce que c'est que ce truc !

_ Ça ? C'est Gaara, un ninja de Suna. Il est juste en train de se transformer en un horrible monstre. Il est totalement happé par l'obscurité.

_ Je vais rester avec toi, j'ai l'impression que c'est le moyen le plus sûr de ne pas mourir.

Le chien s'installa tranquillement sur ma tête et je grognais.

_ T'as intérêt à bien t'accrocher. Et si jamais un soldat d'Oto se pointe…

Des bouches s'ouvrirent sur le corps du monstre mi –homme, mi-sable. Un vent terrible se leva, balayant les arbres et érodant l'écorce comme pour rire. Je ne parvins pas à garder ma position stable. Mes pieds moites glissaient sur le bois. Je fus emportée et heurtais un arbre douloureusement. Je me relevais avec difficulté, décrochant des échardes de mes épaules nues et de la plante de mes pieds. Je décrochai Pakkun de son perchoir, préférant le glisser sous mon bras, car il était difficile de me mouvoir avec ses griffes fouillant mon cuir chevelu pour se retenir de bouger. Je ne me ferais pas avoir par ce type ! Je me battrais jusqu'à la fin, ne l'avais-je pas promis à mes amis ?

_ Eh bien ? C'est tout ce que tu peux faire ? se moqua Gaara. Regarde-toi, tu es incapable de me toucher !

Une nouvelle salve fut lancée dans ma direction. Je ne pouvais rien faire avec ce chien à mes côtés. Je le laissai sur la branche. Je pensais avoir trouvé le point faible de la créature : entre la carcasse de sable et le corps de Gaara. Malheureusement il n'y avait que ses jambes d'exposées, alors la seule partie que je pouvais espérer atteindre était la base de sa queue. Je m'élançai de branche en branche, tournoyant dans les airs. Du coin de l'œil je vis les deux blessés en état de semi-conscience tenter de se protéger l'un l'autre. Bien une idée de Sasuke, ça, jouer les durs. Et Sakura et son amour pour lui. Je me demandai quand elle se réveillerait et constaterait que l'admiration et l'affection qu'elle avait pour lui n'étaient pas assez fortes pour être appelées comme de l'amour. Elle l'adulait parce qu'il était le meilleur et qu'il jouait les mauvais garçons à l'âme torturée. Mais elle ne ferait que se détruire avec lui lorsque l'explosion surviendrait. Je bondis sur une branche, un shuriken de sable frôla ma jambe, l'écorchant douloureusement. Je serrai les dents, ce genre de blessures n'était rien. Je finis par avoir un bon angle de vue sur ma cible. Je lançai de nouveau un Mizu Rappa qui durcit sa croute de sable, lançant dans un timing impeccable un kunai qui alla se planter en plein dans le mille. Avec son corps immobilisé de la sorte, il n'avait pas eu le temps d'éviter quoi que ce soit. D'un coup de pied rageur, j'enfonçai la lame le plus profondément et y accrochai une note explosive. Son bras de sable me toucha au visage. Je crachai du sang, un sourire vicieux aux lèvres.

_ Et boom ! murmurais-je au vent.

L'explosion m'envoya directement sur le brun, et j'écrasai Sasuke sous moi. Bizarre je les croyais sur une autre branche. Quoi, dans son état il aurait sauté pour me réceptionner ? Il était taré ! Au loin je vis le sable s'écouler le long du corps du roux, formant une masse informe.

_ En quoi es tu meilleure que d'habitude, loser ? pantela Sasuke derrière moi. Malgré toutes tes cabrioles tu n'as réussi à le toucher qu'une seule fois. Cette fois ce ne sera pas comme au pays des vagues, je ne serais pas là pour surveiller tes arrières.

_ Oh, mais tu avais l'air de beaucoup le faire récemment, surveiller mes arrières, Sasuke, lui répondis-je d'un ton cynique. Et je ne parle pas que du fait que tu me protèges alors que je n'ai rien demandé.

_ Quoi ?

_ Tu passes ton temps à mater mes fesses ! J'essayais de le dire d'une manière détournée, une sorte de blague, « surveiller mes arrières »…

_ Ce serait plus facile si tu ne portais pas ce genre de vêtements !

_ Elle est très bien ma robe, tu es juste jaloux que je ne la porte pas pour toi !

_ Tu as raison, je suis jaloux. Mais maintenant je vais te demander de prendre Sakura et le chien ninja avec toi. Tu en as déjà trop fait. Enfuis-toi le plus loin possible. Dans mon état actuel, je suis presque certain de pouvoir le retarder un peu.

_ Mais ça ne va pas dans ta tête ? Tu tiens à peine debout !

_ Une fois j'ai tout perdu… Je ne veux plus voir mourir sous mes yeux… Des amis qui comptent tant pour moi…

_ Tu as raison, on ne devient vraiment fort qu'en se battant pour les êtres qui comptent pour nous. Et c'est pour cela que je vous protégerais. A n'importe quel prix.

« Viens donc stupide démon ! T'as un loyer à payer pour vivre dans mon ventre ! Essayes donc de me posséder ! »

Je malaxai mon chakra mêlé à celui de Kyuubi. Mes blessures se résorbaient tandis qu'un cercle de puissance se formait autour de moi. Sasuke recula, repoussé par la puissance que je dégageais. Si une seule Naruto est parvenue à le toucher une fois, combien pour un millier ?

_ Tajuu Kage Bunshin no Jutsu !

Le moindre espace, la moindre branche se trouva peuplée d'une Naruto en tenue d'été. Tous les spectateurs de la scène ouvrirent de grands yeux. Ils ne me croyaient pas capables d'une telle force, n'est-ce pas ? Un halo rouge recouvrit les mains et les pieds nus des clones, sans pour autant être les flammes de Kyuubi. J'avais le monstre sous mon contrôle.

_ D'où… D'où sortent tous ces clones… ? s'étonna Gaara.

_ Tu te rappelles ces poings et ces pieds, n'est-ce pas ? Tu as intérêt à sortir ta super défense, car je ne vais pas y aller mollo !

Je bondis avec mes clones dans tous les directions, certains crachant des trombes d'eau pour durcir et disperser le sable, d'autres qui rouaient le monstre de coup. Chacun d'eux était une vengeance contre le mal qu'il avait fait à mes compagnons. Après l'explosion, il était encore immobilisé, et j'en profitai. Je le délogeais de sa branche comme je l'avais fait durant le combat avec Neji. L'armure de sable épais qui recouvrait le corps du garçon perdait de sa stabilité et s'amollissait. Il finit par s'écraser au sol, mais je n'en avais pas fini avec lui. Je partis à sa poursuite.

_ Tu crois vraiment pouvoir me vaincre ? me défia-t-il.

Il poussa un terrible hurlement. Et le sable s'étendit dans toutes les directions avec brusquerie. Je fus touchée au ventre. Il était beaucoup plus rapide qu'avant. Quelques organes avaient dû changer de place avec ce coup. Je parvins malgré tout à me rétablir sur une branche et fus forcée de m'appuyer sur le mur. Un goût métallique empli ma bouche. Je toussai, et trouvai du sang sur ma main. La régénération de Kyuubi peinait à suivre, peut-être que je devrais prendre un peu plus de son chakra ? Un monstre énorme fait de sable était devant nous, écrasant les arbres alentours.

« C'est Ichibi »

« Merci j'avais deviné, je suis pas conne non plus. »

« Ben… »

« Oh et puis je croyais que tu me faisais la gueule toi, alors retourne bouder ! »

Des langues de sable vinrent m'attaquer, mais je n'avais pas encore récupéré avec toutes ces attaques des clones. A ce stade là, mon bras allait être broyé. Comme avant, j'utilisai la technique de la prison aqueuse sur mon propre corps déjà fortement éprouvé pour me débarrasser de ce sable. Puis je retournai vers mes coéquipiers. Avec un monstre de cette taille, je ne faisais pas le poids seul. Et hors de question de faire confiance à Kyuubi, il était déjà peu probable de survivre dans de telles conditions, alors mieux valait fuir.

_ Pakkun, où en est l'élimination des ninjas d'Oto ?

_ Impossible de se frayer un passage, même si Ichibi les effraye, c'est comme s'ils avaient formé un cercle autour de lui, je ne serai pas étonné qu'ils le lancent contre le village ! Il faut l'arrêter avant.

_ Facile à dire avec un truc aussi énorme ! Je ne connais rien qui fasse cette tai…

En fait si j'en connaissais un. Je dégageai le tissu de ma robe qui collait à mon corps trempé d'eau avant de me concentrer sur les signes. Sanglier. Chien. Coq. Singe. Chèvre. Espérons que cette combinaison soit la bonne. J'apposai ma main sur la branche.

_ Kuchiyose no Jutsu !

Je venais d'invoquer le puissant Gamabunta, roi des crapauds. Dès qu'il me vit, il m'adressa un regard noir, enfin jaune mais très menaçant. Avant de tirer sur sa pipe. Il me fallut toute ma force de persuasion, la promesse de ne plus jamais l'appeler sans son consentement et jurer de jouer avec ses fils de temps à autre pour qu'il accepte… de me porter sur son dos. Pour combattre, il n'y eut pas besoin de trop débattre, Ichibi lui lança sa queue en pleine figure, ce que le batracien évita d'un simple saut dans les airs. De sous son kimono noir, il sortit un long katana qu'il brandit en direction de la créature. Brusquement il se précipita sur me monstre et je m'accrochai tant que je pus en utilisant du chakra pour adhérer à sa peau huileuse. La réponse ne se fit pas attendre. Le monstre l'envoya bouler sans aucun effort. La lame géante tournoya dans les airs avant de retomber et de se planter dans le sol en vibrant.

_ Hey, pas trop de ce côté boss ! Il y a Sasuke de ce côté !

_ Sasuke ? Ton petit ami ?

_ Non ! Mais il y a mes coéquipiers, et j'aimerais éviter de les tuer par votre faute !

Du corps d'Ichibi surgit la tête de Gaara. Puis ses épaules et ses mains jusqu'à mi-cuisses. Il pendait les yeux vides et les bras ballants. Il n'avait peut-être même pas conscience de ce qu'il était en train de faire.

« Merde ! Ce gamin tente de se forcer à dormir ! S'il fait ça, Ichibi sera totalement libre »

« Ce qui signifie ? »

« Que tu peux dire bye bye à toi et ta grenouille »

_ Le sommeil du Tanuki ! cria Gaara.

Son corps retomba mollement contre le corps de sable. Le monstre poussa des cris de victoire d'une voix suraiguë qui me vrilla les tympans. Hors de question qu'il fête sa victoire en annihilant toute forme de vie dans un rayon de dix kilomètres. Il invoqua une énorme boule d'air compressé, Gamabunta sauta pour léviter. Je me penchai par-dessus bord pour observer les arbres et le sol engloutis par la sphère de vent. C'était trop cool cette technique ! Je voulais la même ! Sauf que… J'étais actuellement en position de mourir, mieux valait prévoir une contre-attaque. Aux sphères de vent s'opposèrent des bombes aqueuses lancées par Gamabunta. Ce n'était plus mon combat, mais celui de deux titans. Je me sentais à peu près inutile. Une des attaques toucha néanmoins, mais ma monture tint bon.

_ Je ne pourrai pas essuyer toutes ses attaques !

_ Qu'est-ce qu'on fait alors ?

_ Il faut que tu réveille le spectre, cela annulera le sommeil du Tanuki ! Je l'approche et je l'immobilise, pendant ce temps tu attaques ce gamin pour lui faire retrouver conscience.

_ Et vous allez l'agripper avec quoi ? Vous avez des griffes cachées quelque part ?

_ Tu fais la transformation, parce que j'aurai déjà du mal à contrer ses frappes.

_ En clair j'me tape tout le boulot.

_ Ne discute pas gamine on y va !

_ C'est vous le boss, boss.

Sans pouvoir réfléchir à ce qui pouvait avoir des crocs et des griffes, Kyuubi fit venir dans ma tête s'idée de se transformer en lui. Ce qui était franchement très malin. Aussitôt pensé, aussitôt exécuté, les crocs et les griffes du pseudo démon agrippèrent celui de son confrère de sable. C'était à cela que ressemblait un combat entre Bijuus, alors… Quel spectacle ! Sauf que j'y avais mon rôle à jouer. Le Henge prit fin, et je bondis en direction de Gaara. Mon poing entouré de chakra du Kyuubi percuta sa mâchoire avec force. Le sable se craquela autour de lui tandis qu'il épuisait ses dernières gouttes de chakra à tenter de m'écraser avec du sable. Tout partit en miettes en dessous de nous jusqu'à ce que tout disparaisse. Derrière moi, Gamabunta annula son invocation. Ne resta que l'épée plantée en terre, Gaara et moi chacun d'un côté, chaque moitié de reflet de nos faces pantelantes créaient un seul et même visage. Il avait certainement épuisé toute son énergie, alors que j'avais réussi à en préserver en prenant stratégiquement un peu de l'énergie du démon qui m'habitait pour continuer à avancer. A la disparition de l'épée, je le frappai de toutes mes forces, évitant son poing ridiculement faible. Nous traversâmes les branchages avant de retomber au sol. Un de ses yeux était à moitié fermé, et l'autre tourné vers moi.

_ Je ne cesserai pas d'exister, me cria-t-il alors que je me relevai. Je ne peux pas disparaître.

Je passai une main dans mes cheveux en désordre. Visiblement le traitement infligé par la présence d'un chien, quelques shurikens de sable et des branches d'arbre avait été efficace. Je secouai mes mèches jusqu'à faire partir le maximum d'impuretés. Je sentais encore quelques grains de sable rouler sur mon crâne en passant mes doigts. En plus il avait totalement bousillée ma robe, pas étonnant que je ne puisse la remettre après un tel traitement. Je remontais la fermeture éclair qui se bloqua quelques dents avant le sommet, et l'ustensile métallique se brisa. Je poussai un juron. Le sable et la terre avaient collé au tissu détrempé, l'orange tirait sur le brun crade et mes épaules et mes jambes étaient couvertes des coupures causées par les branches lors de ma chute. Une vrille de douleur parcourut mon corps lorsque je posai mon pied gauche au sol, ma cheville devait être tordue. Ce fut boitant et pied nus que je m'approchai du Jinchuuriki du pays du Vent. Son visage continuait d'exprimer tristesse et solitude, mais il avait la solution à son mal gravée sur son front : l'amour.

_ Ne… Ne t'approche pas ! me cria-t-il.

Mais je m'en fichais. Je savais qu'il craignait que je ne le frappe encore. Evidemment, pour quelqu'un que l'on n'avait jamais réussi à blesser physiquement ou à vaincre depuis sa venue sur nos terres. Il n'y a rien de plus terrible que la solitude, je le savais par expérience. Mais lorsque quelqu'un nous tend la main, même si le futur nous semble obscur, on prendra cette main tendue. Et je voulais être sa rédemption. Je m'assis à côté de lui et pointais mon regard vers le ciel. Quelques larmes roulèrent sur mes joues.

_ Tu sais très bien que nous sommes pareils toi et moi. Ce soit là, tu m'as embrassé, parce que nous nous sommes reconnus, n'est-ce pas ? Ça pourrait être bien que nous trouvions d'autres moments à deux comme ça. Mais malgré toute la tendresse que je peux exprimer à ton égard, je ne te pardonnerai pas si tu touches à un seul des êtres qui me sont chers.

_ Pourquoi vas-tu si loin pour autrui ?

_ Les autres personnes peuvent te sortir de la solitude, si tu les rejette, tu seras simplement plus malheureux et tu t'enfonceras de plus en plus vers les ténèbres. J'ai choisi de rester dans la lumière. Cette chaleur, c'est agréable, non ?

_ Rester dans la lumière… Comment fait-on ?

_ On commence par aimer les autres. Tu sais, comme nous avons fait toi et moi.

_ L'amour…

Quelqu'un se stoppa près de moi. La main de Sasuke se posa sur mon épaule et il me releva. Mais ni lui ni moi ne tenta de tuer Gaara. Je passai mon bras gauche autour de ses épaules et il glissa le sien autour de ma taille. Il m'aida à marcher, j'étais incapable de poser mon pied gauche à terre. Aux côtés du Jinchuuriki apparurent ses coéquipiers. Kankurô fit une remarque sur ma tenue indécente qui m'allait bien. Il écopa d'un regard noir de la part de Sasuke. Alors que nous partions, j'entendis la blonde déclarer :

_ Ces deux là forment un beau couple, vous ne trouvez pas ?

Cette déclaration me fit pouffer. Comme si Sasuke pouvait être intéressé par moi. Tout ce qui l'importait c'était sa vengeance. C'étaient là ses propres ténèbres. Et je savais qu'ils allaient le dévorer peu à peu si on ne faisait rien pour les contrer. Et je pense qu'il était grand temps que l'on par le lui et moi. De tout, que l'on partage un peu plus. Et puis je voulais le combattre pour lui prouver une bonne fois pour toutes que je n'avais pas besoin de son aide. Ou plutôt que je n'avais pas besoin d'être protégée par lui. Une bourrasque fit voler les feuilles sèches autour de nous. Je frissonnai.

_ Tu as froid ?

_ Un peu, mais ça ira.

Sans me demander mon avis, il retira sa veste noire et voulut la placer autour de mes épaules. Je refusai, il allait la salir. Il insista. Je préférais demander où était Sakura. Au final, il ramena tant bien que mal le chien ninja et la jeune fille. Le canidé préféra se faire la malle, il avait trouvé une issue parmi les combats alentours, mais nous étions trop mal en point pour pouvoir passer sans aucun problème. Pendant l'absence de mes coéquipiers, j'avais préféré assembler du bois que Sasuke alluma avec une bille de feu. Lorsqu'il déposa Sakura, j'eus la joie de voir qu'elle allait bien et qu'elle était simplement en train de dormir. Je m'assis à côté du feu et tendis mes mains vers lui. Sasuke s'assit à mes côtés et m'entoura d'autorité d'un de ses bras.

_ Tu trembles comme une feuille.

_ Le feu est suffisant, tu sais. Enlève ton bras.

_ Tu pourrais me remercier, la plupart des filles se damneraient pour être dans ta position. Notamment Sakura.

_ Eh bien, je ne sis pas toute les filles, fis-je en enlevant son bras.

Je laissai néanmoins son flanc contre le mien, car c'était rassurant.

_ Ne me dis pas que tu n'aimes pas ça.

_ Je l'avouerais quand toi tu admettras que tu avais envie de me serrer dans tes bras.

_ Ça risque de prendre du temps alors.

_ Je le pense aussi. Ce serait plus pratique si on arrêtait de se mentir.

_ Ou de se moquer l'un de l'autre, répliqua-t-il.

_ Ouais, il y a de ça aussi. Alors de quoi veux-tu parler ? Faisons un deal : je réponds à une de tes questions honnêtement, et tu fais de même.

_ Pas de triche ?

_ Pas de triche.

_ Je te connais trop bien, Naruto pour te croire sincère sur ce coup là. Redis-moi ça sans croiser les doigts, cette fois.

Je montrais mes deux mains face à lui et répétais avec le sourire.

_ Pas de triche.

_ Bon, qui commence ?

_ Janken ?

Nous avons caché une main derrière le dos. Il n'avait aucune chance, j'étais toujours la plus chanceuse dans ce jeu de hasard. Sauf que je vis ses yeux briller de rouge au moment où je bougeai ma main et formai un ciseau. Sans surprise, je découvris qu'il avait fait une pierre. Et que j'avais perdu la partie. Et qu'il avait le Sharingan activé pendant quelques courts instants.

_ Hé, tricheur !

_ Qui ne tente rien n'a rien, tu sais.

_ N'empêche, tu es quand même un tricheur.

_ On n'avait pas fait de règles pour l'utilisation de Jutsus ou pas. J'ai gagné. Ce que les règles n'interdisent pas est autorisé.

_ Je te déteste pour être comme ça. Alors, que veux-tu me demander ?

_ Eh bien, on va commencer par une facile : qu'est-ce qui s'est passé depuis que je suis parti en entrainement avec Kakashi ?

_ Facile ? Tu me gâches tout mon plaisir si je dois tout raconter, alors je vais te faire la version courte. J'ai gagné contre Kiba aux éliminatoires, mais comme j'étais plus mal en point que lui, il a été sélectionné à ma place. Ensuite j'ai passé mon temps à l'hôpital où j'ai rencontré un mystérieux ninja. Ensuite j'ai commencé mon entrainement d'ANBU avec Ebisu-sensei, puis j'ai eu un autre sensei plus tard qui était un pervers. Après j'ai eu des tas d'histoires sentimentales, avec Neji qui se faisait passer pour toi, qui m'a embrassé super mal. Comme je ne le savais pas j'ai accepté de sortir avec lui au marché nocturne. Où nous nous sommes battus, avant que Gaara n'arrive pour nous tuer et où j'ai fui le combat après que Neji m'ait insulté. Oh, et entre temps j'ai tué un criminel de rang B et j'ai appris à invoquer des grenouilles. Après j'ai décidé de pardonner à Neji et il m'a collé pendant un bon moment. Après tu es arrivé, je suis remonté avec Shikamaru et enfin j'ai été assommée par Kabuto qui est en réalité un espion d'Orochimaru et un psychopathe. Et toi, qu'est-ce que tu as fait ce mois-ci ?

Il était quelque peu tendu à mes côtés. J'avais raconté toute l'histoire sur un ton égal, zappant quelques passages, comme le fait qu'en un mois j'avais embrassé plus de garçons que depuis que j'étais née. Que j'avais pris un abonnement aux chambres d'hôpital. Que je ne savais toujours pas qui m'avait offert les fleurs et le cactus. Mais c'étaient des détails sans importance. Ou du moins, le croyais-je avant de voir sa tête lorsque j'avais brièvement évoqué mes déboires d'ordre sentimental.

_ Eh bien je me suis entrainé avec Kakashi, et il m'a enseigné un nouveau Jutsu et entraîné au Taijutsu.

_ Oui, j'ai entendu dire qu'il était cool.

_ Entendu dire ?

_ J'étais inconsciente durant ton combat face à Gaara. Remarque, ça m'a sauvé par rapport à cette histoire d'encouragements et tout ça…

_ Est-ce qu'on peut parler de cette histoire de Neji déguisé en moi ? Je vais aller lui dire deux mots à celui-là.

_ Non, on ne peut pas, parce que c'est mon tour de poser la question, ta dernière question étant « Entendu dire ? ». Alors parlons de toi, est-ce que tu aimes quelqu'un ? Enfin… Tu vois ce que je veux dire, non ?

_ Non, je ne vois pas ce que tu veux dire.

_ Plus qu'en tant qu'ami. Parce que moi j'ai eu des problèmes avec ça pendant tout le mois, et je parie que ça va me poursuivre encore longtemps. Alors, ta réponse ?

_ J'ai répondu à ta dernière question, qui était « Tu vois ce que je veux dire ? ».

_ Hé !

_ Je ne fais que te rendre ton propre piège. Alors je vais me risquer à te poser cette question : pourquoi Neji ? Je veux dire, qu'est-ce qu'il a de plus que moi ? Tout ton mois a été occupé par ce type, et crois moi je sais que votre petit manège dure depuis l'examen Chuunin. Et je dois avouer que ça m'a plutôt énervé.

_ Je ne peux pas répondre à cette question. C'est vraiment très confus dans ma tête, tu sais…

_ Si je n'ai pas de réponse, tu as droit à un gage. Qu'est-ce que tu choisis ?

_ C'est quoi le gage ?

Il ne parla pas. Il n'eut même pas besoin. Sa main attrapa la mienne et il mêla ses doigts aux miens. Son autre main se posa sur une de mes épaules et il approcha son visage du mien. Je sentais son souffle contre ma bouche. Il ne me forçait pas, il ne faisait que profiter du moment. Aurait-il eu envie d'aller plus loin avec impatience, je savais que cette main sur mon épaule se serait faite dure derrière ma nuque. Mais là, il ne mettait aucune pression. Il n'y avait que sa main caressant la mienne avec douceur. Ses yeux soirs se plongèrent dans mes yeux bleus. Sur son visage transparaissait une émotion que je n'y avais jamais vue. Je n'avais pas besoin de l'entendre dire qui il aimait. C'était évident, tellement évident. Et pourtant, je ne savais absolument pas.

_ Je veux te montrer à quel point je peux être meilleur que lui, je ne le laisserais pas gagner cette guerre.

Et ses lèvres franchirent le chemin qui restait jusqu'aux miennes. Je fermais les yeux, profitai de ce moment de douceur. C'était peut-être mal de faire ça entre-nous. Après tout nous n'étions que deux coéquipiers. Après un court moment, il se retira. J'avais encore la chaleur souple de sa bouche contre la mienne. Je ne savais pas quoi penser. Pas d'arcs en ciels, pas de fleurs qui dansent comme on prétend quand deux personnes sont amoureuses. Juste quelque chose d'agréable. C'était juste mon ami, peut-être un peu plus qu'un ami. Un très bel ami que je laisserais volontiers m'embrasser encore, mais rien de plus, me rendis-je compte. Et à cause de cela, je me disais que je finirais par le blesser. Je n'étais pas sûre que je puisse tomber amoureuse de lui. Mais ce que je voyais en lui, je comprenais maintenant que c'était ce qui m'avait fait apprécier Neji. Seulement l'aspect. Je ne connaissais pas du tout Neji. Alors que Sasuke occupait déjà une grande place dans mon cœur.

Il recula son visage, ses yeux ne quittant pas les miens. Finalement les deux onyx fixèrent une touffe de gazon d'un air gêné, et je vis ses joues rougir. Un léger sourire flottait sur ses lèvres. Sa main qui tenait la mienne ne l'avait pas lâchée. Je n'avais pas envie non plus de me séparer. J'étais bien avec lui. Entre amis.

_ Tu… Alors ? demanda-t-il timidement.

Brusquement, l'envie me prit de le taquiner. J'aimais cent fois mieux un Sasuke que je pouvais titiller et avec qui jouer que ce Sasuke honnête à mes côtés. Je préférais ce Sasuke qui me renvoie dans mes pénates d'une remarque faussement méprisante. Le Sasuke qui semble indifférent à tout, et qui pourtant prend tout à cœur était mon favori. Je préférais le Sasuke d'avant à celui qu'il était à mes côtés. Dans son attitude, aussi agréable soit elle, il manquait quelque chose. Ce petit quelque chose qui faisait craquer toutes ses groupies. J'aimais le Sasuke humain qui s'ouvrait à moi. Mais c'était tellement différent de ce dont j'avais l'habitude.

_ Eh bien… C'était sympa.

_ S… sympa ? s'étrangla-t-il avec colère, ne parvenant pas à former des phrases complètes. Je viens de… Nous avons… Et tu…

_ Eh bien je ne peux pas vraiment comparer ce baiser avec celui de Neji.

_ Et pourquoi ? demanda-t-il sèchement.

Je préférais dégager mes doigts de sa poigne avant qu'il ne les broie. J'allai asséner le coup de grâce.

_ Il avait mis la langue.

La tête qu'il faisait ! Je n'avais pas vécu pour rien. Si j'avais un jour su qu'Uchiha Sasuke pouvait afficher une telle expression sur son visage ! Je partis dans un grand éclat de rire, impossible à réfréner. Je riais tant que mon ventre menaçait d'exploser. Mais j'étais incapable de m'arrêter. Le regard du garçon m'indiquait qu'il se vengerait à un moment où à un autre. Mon agitation finit par réveiller Sakura. Immédiatement nous fûmes à ses côtés pour nous assurer qu'elle allait bien. Elle semblait ne pas garder de graves séquelles de l'attaque de Gaara, ni de ma libération… musclée. Mais par mesure de sécurité, nous avons préféré passer la nuit à côté des braises rougeoyantes. Allongés à même le sol sur un lit de feuilles mortes, nos pochettes d'armes évidées comme oreiller, nous nous serrâmes les uns contre les autres. Je tenais Sakura serrée dans mes bras, et elle collait son dos à celui de Sasuke. Durant la nuit, il me prit la main et je la lui laissai.

En un sens, je commençais à commençai à comprendre cette histoire de parrain. La complicité que j'avais avec Sasuke aurait pu aboutir à une relation de la sorte. Malheureusement il parrainait Sakura, et je préférais ne pas m'aventurer dans ce terrain dangereux. Car l'un de nous finirait blessé. Parce que je savais parfaitement que j'aimais Sasuke d'une manière très différente de la façon dont il m'aimait lui. Un jour quelque chose se distendrait entre nous, c'était certain. Et je souhaitais le moins du monde l'arrivée de cette date.

Le lendemain matin, nous déjeunâmes de baies tardives, réveillés par la rosée qui gouttait depuis les feuilles des arbres au dessus de nous. Sakura nous fixait d'un œil attentif. Elle avait remarqué elle aussi le changement de nos relations avec Sasuke. Ma cheville avait gonflé pendant la nuit, et Kyuubi n'avait visiblement pas pris la peine de me soigner. Pieds nus et vêtue d'une robe dégoûtante, il m'était de surcroît impensable de me déplacer. Notre coéquipier me hissa sur son dos, et nous commençâmes notre marche vers le village. Aucun soldat ne nous avait dérangés durant la nuit, ce qui était étonnant, étant donné que le feu produisait lumière, chaleur et odeur dans le sous-bois. Tout en marchant, Sakura vantait mes actions héroïques et se fit résumer la fin du combat par le brun, d'une voix froide. Moi j'écoutais, bercée par les pas de Sasuke, mon nez perdu dans son col qui sentait les herbes sauvages et la fumée.

Au village une ambiance terrible pesait. Quel évènement avait causé un tel revirement des soldats ? Pourquoi ne sentait-on pas le soulagement d'une bataille achevée et bien menée ? Il n'y avait que tristesse et colère dans les visages que nous croisions. Sakura partit nous chercher des vêtements de rechange pour tous les trois tandis que Sasuke m'amenait à l'hôpital. Nous fûmes tous deux pris en charge par des infirmières aux traits tirés qui avaient déjà fort à faire avec les blessés, mais leur nombre diminuait. Avec un halo de chakra vert autour de sa main, un ninja médecin fit diminuer l'enflure et remit d'aplomb mes tendons distendus. Après quelques pas hésitants et des assouplissements, il se déclara satisfait. On me permit de prendre une douche, et ma robe finit incinérée. A ma sortie, je revêtis la robe noire et simple que l'on m'avait confiée. La robe de deuil.

Orochimaru avait tué le Sandaime. Son crime ne resterait pas impuni.

Sasuke et Sakura m'attendaient dehors. Une employée du service pédiatrique avait insisté pour panser les coupures sur mon visage. Dehors, il pleuvait. Nous ne le ressentions pas. Le ciel aussi pleurait la perte d'un vieil homme cher à nos cœurs. Sur le bâtiment de l'Hokage, nous nous tenions en rangs serrés. Sur une table recouverte d'une nappe blanche étaient posés quelques objets qui avaient importé au défunt. Sur son cercueil, on avait posé un bouquet de fleurs et une photographie. Deux braséros finissaient de brûler des bâtons d'encens. A côté de moi, Konohamaru pleurait son grand-père disparu. Iruka-sensei le serrait contre lui pour le calmer. Je serrai mes poings tremblants. J'étais incapable de pleurer.

_ Iruka-sensei ? Pourquoi les gens vont-ils jusqu'à donner leur vie pour d'autres ? lui demandais-je.

_ Quand une personne meurt, tout s'en va… son passé, son présent et son futur… De nombreuses personnes meurent en mission ou à la guerre… ça a l'air si simple… Ils avaient comme nous des rêves et des objectifs à eux… Mais une autre chose est essentielle. C'est le lien qui nous relie à nos parents, à nos frères, à nos sœurs, à nos amis intimes, à nos amants, à nos camarades du village : aux gens importants pour nous en somme… Ceux en qui nous avons confiance, ceux qui nous aident et ceux que nous aidons, ceux qui comptent à nos yeux depuis que nous sommes nés. Plus le temps passe, plus ce lien devient épais et résistant. Ce n'est pas de la rhétorique. Ceux qui sont reliés à ce fil sont prêts à mourir pour lui. Ils le chérissent.

_ Hm… Je crois comprendre de quoi vous parlez. Mais aller jusqu'à mourir… Pour quelqu'un que je n'arrive même pas à pleurer, je ne comprends pas. Je suis en colère et en même temps je ne le suis pas. Je ressens quelque chose, et pourtant je me sens vide.

_ L'Hokage n'a pas simplement disparu dans le néant, me dit Kakashi-sensei. Il nous a laissé à tous quelque chose. Quelque chose de précieux. Un jour tu comprendras

_ Le fait de pleurer ou non n'a rien à voir avec la tristesse. Tu es quelqu'un qui souris aux autres Naruto pour qu'ils ne pleurent pas. C'est la ta plus grande force. Peut-être ne ressens-tu pas la perte maintenant. Mais plus tard…

Je préférai rentrer seule à mon appartement. En chemin, je croisai Jiraya. Il me proposa de venir l'accompagner dans son voyage à la recherche d'une jeune femme nommée Tsunade. Au départ, je fus moyennement intéressée par cette histoire de voyage d'investigation. Avec ce type il n'était guère étonnant que nous allions faire la tournée des bars de la région, ainsi que des endroits où il pourrait observer de jolies jeunes femmes, nues de préférence. De toute manière je voulais que Kakashi-sensei termine ma formation d'ANBU comme il avait promis de le faire. C'est alors que le vieil homme fit jouer la corde sensible en prétendant apprendre une technique à Sasuke qui surpassait celle que lui avait apprise notre professeur. Je m'arrêtais pour réfléchir un instant. Il y avait dans son empressement de quitter le village aussi rapidement quelque chose de suspect.

_ Il y a un autre motif derrière votre voyage, n'est-ce pas ? Qui est cette Tsunade.

_ C'est l'une des Sannin, comme Orochimaru et moi.

_ Et quoi vous voulez m'inviter à vos retrouvailles ? Votre plan ne tient pas debout. Et je sens qu'il y a autre chose que vous allez me demander.

_ J'ai entendu dire que tu avais passé ton enfance dissimulée par un Henge no Jutsu maintenu par le chakra de Kyuubi. J'aimerais beaucoup assister à cette technique sur le long terme.

_ Il y a définitivement quelque chose de suspect dans cette histoire. Et croyez moi, je découvrirai ce que c'est.

_ Prépares tes affaires et ressors Uzumaki Naruto de ton placard. Nous partirons immédiatement après.

Alors j'allais devoir jouer les gamins stupides durant notre expédition. Qu'est-ce que le vieil homme refusait de me dire ? Décidément, je n'aimais pas cette affaire. Mais il était vrai que si j'avais à voyager avec lui, il serait plus profitable que je ne sois pas une fille, vu les tendances de cet homme, je n'aimerais pas me retrouver dans des situations compromettantes avec lui. D'autant plus qu'il semblait au fait de tendances pédophiles, vu que ses appétits pour la chair tendre ne semblaient pas réfrénés par la limite légale qu'imposait la majorité. J'enroulai donc mon corps du chakra du démon renard mêlée de ma propre énergie et repris les traits rondouillards du petit garçon que j'avais personnifié toutes ces années. Cependant, je pris soin de mettre des tenues adaptées aux deux sexes dans mon sac, hésitai, et enfin glissai la robe jaune que j'avais porté le jour où j'avais rencontré Neji dans ce petit salon de thé, ajoutai l'écharpe noire, les bottes et la ceinture à broderies dorées. Le maquillage ne m'avait pas trop mal réussi la dernière fois que j'en avais mis, et j'espérai pouvoir m'en tirer mieux que ça. A la réflexion, je les glissai dans mon sac et terminais de m'harnacher. Quelques protections au cas où dame nature viendrait me donner de ses nouvelles durant le voyage et j'étais fin prête.

Les portes du village nous ouvraient leurs bras, et nous partîmes tous deux à la conquête du monde. Je ne cessai de le reluquer histoire de pouvoir trouver le moindre indice sur cette histoire de m'emmener avec lui, de me déguiser en garçon et de partir alors que les reconstructions du village auraient réclamé toute la main d'œuvre disponible.

_ Hé, l'ermite pervers ! C'est quoi le programme de on entrainement ?

_ Ermite pervers par ci, ermite pervers par là… Tu ne sembles pas pouvoir m'appeler autrement. Ne sais tu pas à quel point je suis extraordinaire ? Cite-moi un de mes exploits et je te le raconterai.

_ Quels exploits ? Vous passez votre temps à reluquer les filles dans les bains publics.

_ Naruto... Tu as devant toi l'un des trois ninjas invincibles de la légende, dont la renommée s'étend sur toutes les terres connues, des plaines glacées de l'hyperborée aux déserts arides du sud, du lointain levant à l'occident où se meurt le soleil… me déclara-t-il avec une pose théâtrale. L'homme à la blanche toison, seigneur de toute chose batracienne ! L'apollon dont la splendeur stupéfie le commun des mortels. Le noble Jiraya !

_ Ah… C'est tout ?

_ … Comment ça, « c'est tout » ?

_ Vous… Ah, je sais, vous imitez ce type à la télé… Ah je ne me souviens plus de son nom… J'avais trouvé cette émission débile en plus… Ah…

_ C… Comment peux-tu me comparer à un humoriste de pacotille ?

_ Dites moi plutôt pourquoi « l'un des trois ninjas invincibles » dont vous vous vantez de faire partie voudrait faire de moi son disciple ? Vous avez déjà été très suspect en me suivant dans le village pour me supplier de suivre votre entrainement.

_ Le Yondaime Hokage a été mon disciple autrefois… et c'est fou ce que tu lui ressembles… Voilà, c'est aussi simple que ça…

_ Vous êtes obligé de faire des périphrases quand vous parlez de mon père ?

Il sembla recevoir une enclume sur la tête.

_ Co… Comment as-tu su que… ?

_ Neji m'a dit.

_ Ah, ton petit ami ?

_ Je préférerais crever plutôt qu'il le devienne. Je ne lui ait plus parlé depuis l'examen Chuunin.

_ Depuis hier quoi.

_ Ben n'empêche que vous le saviez et que vous auriez pu me dire ! Je ne sais pas quoi penser de mon père. Il avait beau être le meilleur ninja de tous les temps, il m'a quand même mis un démon dans le ventre. Et est mort lâchement pour ne pas avoir à affronter les conséquences de ses actes.

_ Ne parles pas de ton père ainsi, jeune fille ! Tu ne le connais pas du tout !

_ Comment voudriez-vous que j'aie une image positive de lui si vous refusez de m'en parler ?

_ Ah oui, et quand je t'ai dit que Namikaze Minato et Uzumaki Kushina étaient tes parents tu m'as envoyé bouler !

_ Si vous étiez vraiment mon parrain, pourquoi n'ais-je pas entendu parler de vous avant ? Si je n'avais pas été blessée dans la forêt, ou si je ne vous avais pas croisé en allant à l'onsen, est-ce qu'on aurait eu cette conversation ? Vous voulez que j'aime mon père, mais vous n'avez jamais été présent, toujours en voyage pour vos livres pervers. Alors l'image que je garde de mon père ne vous convient peut-être pas, mais vous n'avez rien fait contre cela. Pourquoi me voir juste maintenant et organiser ce voyage bidon. Vous voyez, je sens une réticence de votre pat, et vous refusez de répondre. Alors ne comptez pas sur moi pour vous accepter comme le meilleur ninja du monde.

Le voyage se poursuivit dans un silence morne. Mais j'ignorais qu'une tragédie avait fait permis à deux criminels de rang S de pénétrer le village. Et qu'ils étaient à ma poursuite.

Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: