Fiction: Secret

Je m'appelle Naruto. Et j'ai décidé que je deviendrais Hokage. Pour voir jaillir l'admiration de la haine et du mépris ambiant. Seulement les héros sont toujours des garçons. Et je ne suis qu'une toute petite fille qui sert de prison à un démon. Alors j'ai créé Uzumaki Naruto, le pitre qui ferait des miracles à partir de ses piètres capacités. Sauf que ce secret est lourd à porter.
Classé: -12D | Action/Aventure / Humour / Romance | Mots: 181918 | Comments: 13 | Favs: 17
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Narsha (Féminin), le 02/05/2013
Cette fiction est déjà publiée sur Fanfiction.net, je ne fais que la reporter ici. Si vous êtes impatients de lire la suite, vous latrouverez sans aucun mal.



Chapitre 11: Feelings



Les jours s'enchainèrent dans cette deuxième semaine à une vitesse ahurissante. J'étais en permanence fatiguée, et pourtant mon esprit et mon corps réclamaient toujours et encore de nouveaux enseignements. Plus que l'énergie gagnée par la rupture du sceau des cinq éléments, ma volonté inflexible de progresser encore et toujours me donnait des résultats inespérés. Et malgré quelques mésaventures qu'il me faudra ici narrer dans un souci d'exactitude, tout se passa de la manière la meilleure possible.

Tout d'abord, j'aimerais commencer par évoquer la suite de mes entrainements avec Ebisu-Sensei. Après la nouvelle humiliation qu'il avait subie à cause de ma technique du Harem, le professeur d'élite avait décidé, semble-t-il, de se venger de la manière la plus mesquine qui soit. Et je dois avouer avec le recul que son idée était tellement perverse et rusée que je regrettais de ne pas avoir la même le jour où je me trouverai face à un élève récalcitrant. Puisque je bougeais incessamment en tous sens, exécutant des mouvements en tous sens, brouillons et dénués de toute force de frappe, il allait donc me doter d'une puissance supplémentaire. Du moins, présenta-t-il ainsi de manière alléchante ce qui allait devenir mon pire cauchemar. Et c'est ainsi qu'il me présenta une réplique parfaite des poids de Lee… Sous la forme d'une unique ceinture abdominale. Comme j'utilisais mon centre de gravité pour pirouetter et tournoyer, une voie d'amélioration était donc de modifier ce centre. D'un seul coup je me mis à peser trente kilos de plus que d'ordinaire. Contre ma peau, la ceinture pesait. Pendant des jours mon corps se penchait en avait et mes épaules étaient basses pour supporter ce poids en permanence. Car oui, il refusait que je l'enlève quelles que soient les circonstances. Les seules exceptions étaient le temps des douches, et dieu seul savait comment, il était parvenu à organiser nos séances de manière à réduire ce temps de félicité au maximum.

J'étais lente. J'étais trop lourde. Pataude. J'avais l'impression de trainer un poids mort à chaque pas. Et mon corps souffrait de ce surpoids inattendu. Lorsque je marchais ou que je courrais, je ne contrôlais plus mon poids. Au lieu de prendre en compte inconsciemment l'énergie que j'utilisais pour me propulser plus avant, je me contentais de retomber sur le sol inélégamment, avec la grâce d'un hippopotame. S'il me fallut quelques jours pour me réhabituer aux tâches quotidiennes lorsque j'étais ceinte de cette ceinture, il n'en était pas de même pour mes combats. Chacun de mes coups devait être en permanence anticipé, calculé, modifié… Quelque part cet exercice mental était bienvenu, et je me raccrochais à celui-ci à l'extrême. Tant que mon esprit se concentrait, se déconnectait de ce qui était secondaire (ma douleur, mes états d'esprits, mes pensées vagabondes…), je devenais apte à mieux combattre.

En cela puis-je peut-être affirmer que l'adage « A quelque chose le malheur est bon » est en effet vrai quelque part. Je ne pouvais qu'observer à quel point mon corps changeait. Sans compter mes crises de croissante récentes qui me laissaient presque maigre, je sentais ma masse musculaire se modifier. Moi qui avant aurais cru ma silhouette assez sportive, je pouvais sans me tromper infirmer cette hypothèse. Lorsque je combattais Ebisu-Sensei, oui qui que ce soit d'ailleurs, je ne fonçais plus tête baissée pour frapper ouvertement l'ennemi de mon poing. J'usais de stratagèmes, je rusais, je feintais. Chaque coup de l'adversaire était pour moi une nouvelle opportunité de renverser sa force pour la faire mienne, une nouvelle information dans cette équation dont le résultat devait toujours être ma victoire. Je me trompais souvent, présumant trop de mes propres forces. Au fil du temps, j'appris à relativiser les choses. Je sus lorsqu'il fallait battre en retraite et attendre qu'une autre chance se présente.

Seule resta inflexible ma volonté : je n'abandonnerai jamais.

Kakashi-Sensei avait raison. J'avais en moi un potentiel que ni Sasuke ni Sakura ne portaient en eux. Je savais contrôler mes émotions, agir rationnellement le temps d'un combat, d'une mission. J'étais celle qui pouvait sourire tout le temps et tromper ceux qui se laissaient prendre au piège. Celle qui versera des larmes amères dans le confort douillet de son domicile. Celle qui se laisserait assaillir par le doute. Et qui pourtant saura résister aux épreuves car elle se saura soutenue. Je serai cette Naruto.

En à peine un mois, moi que l'on considérait comme une malédiction, moi à qui on avait prévu un avenir d'éternel cancre, moi qui venais de rater ma possibilité de devenir Chuunin, j'étais devenue un ninja voué à la protection du Hokage. Un membre de l'ANBU.

Mais il ne faut pas que je néglige les autres aspects de mon entrainement. Car mes fins de semaine et mes soirées auparavant libres se retrouvèrent vite occupées par une seule et même personne : Jiraya. Et je pus donc assister avec amusement à des discussions entre mes deux professeurs sur mes besoins en termes de potentiel. Les lesquels n'étaient visiblement pas d'accord. J'aurais pu me dire que cela aurait pu m'octroyer un panel de connaissances plus complet… Mais non ! Il semblait bien plus juste de dire que les deux se disputaient aussi indirectement à travers moi. C'est à dire qu'ils m'apprenaient des connaissances utiles, mais plus dans le but de prouver à l'autre que leur méthode d'enseignement était la meilleure que pour réellement me faire progresser.

Lorsqu'au bout de la semaine je pétais un plomb, la situation s'améliora. Un peu. Disons que j'avais su faire valoir mes heures de loisir et de sommeil. J'avais donc mon dimanche et mes soirées. Ce qui me laissait au final, une demi-semaine avec un pervers à lunettes, et une autre demi-semaine avec un ermite pervers.

Revenons-en aux enseignements de Jiraya. Tout d'abord, il prenait toujours garde à s'installer près des bains et de la rivière. Bien que l'automne se fasse de plus en plus sentir, certaines jeunes filles téméraires prenaient du bon temps et allaient se prélasser dans l'eau en maillot de bain. L'été n'en finissait pas de mourir. Les lourds nuages qui volaient au dessus de nos têtes semblaient pressés de s'en aller, au lieu de faire exploser l'orage salvateur.

_ Bon, comme je te l'ai dit, Naruto, je vais t'enseigner à te servir du chakra de Kyuubi.

_ Ben, je m'en sers déjà, et je pense que vous vous en étiez rendu compte.

_ Oui, oui, je sais tu discutes avec lui pour négocier du chakra. Mais imagines que tu te trouves dans le besoin et que ton hôte soit mal luné ce jour là.

_ Ben ça me changerait pas trop de d'habitude.

« Hé ! Kitsune, tu... »

« J'avoue elle était facile. »

« Mouais… »

« Mais avoue que c'est vrai, n'empêche. »

« Tch ! Tu le fais vraiment exprès ! »

« De rien, c'était gratuit. »

« … »

« Mais j'rigole… C'est pas comme si je ne t'aimais pas… »

_ Tu fais ta maligne, mais de toute façon il te faut te servir de tes armes à ta disposition. Fais comme tu l'entends pour obtenir son chakra, mais je ne pourrai pas t'aider sans ça.

_ Quel est le rapport entre le chakra de Kyuubi et les techniques que vous souhaitez m'enseigner ? demandais-je alors. Je ne peux pas me débrouiller toute seule ?

_ Ecoute bien : ton chakra ordinaire est très loin de suffire pour exécuter les techniques que je me propose de t'enseigner. C'est pour ça qu'il te faut apprendre à puiser à ta guise dans l'immense réserve de chakra de Kyuubi. Pour l'instant, tu ne fais que jeter de la confiture aux cochons. Tu ne devrais pas perdre ton temps à suivre le même entrainement que tout le monde.

_ Ah parce que tout le monde devient ANBU, je savais pas…

_ Tu es dotée d'une formidable d'énergie vitale, ma petite. Et pour t'aider on devrait songer plus en terme de puissance que d'économie de chakra. Quand tu sauras exploiter le chakra de Kyuubi le mieux possible, je pourrai t'enseigner des tas de techniques.

_ Comme quoi par exemple.

_ Eh bien tout d'abord, les rituels d'invocation.

_ Ah ouais ! JE pourrais invoquer des animaux super dangereux avec ça ! Je vais devenir vachement balèze, c'est sûr. Je parie que ça pourra m'aider avec Kyuubi. C'est quoi comme animaux ?

_ Des grenouilles.

Wow, wow, wow… Il avait bien dit ce que je venais d'entendre ? Des grenouilles ? En plus il était super sérieux. Comment des grenouilles pourraient-elles m'aider à avoir le dessus dans un combat avec Kyuubi ? Sérieux, il débloquait le vieux. Il devait un peu se sentir seul dans sa tête, je ne voyais pas d'autre explication potable à ses propositions stupides. Devant mon air sceptique, il ajouta :

_ On verra bien si ce que tu pourras faire lorsque ton propre chakra sera épuisé.

Et c'est ainsi qu'il me fut demandé par ledit vieil homme d'épuiser mon chakra jusqu'à la dernière goutte. Ce qui tombait bien, fut que la première semaine de cours avec lui se déroula majoritairement le soir, après avoir été épuisée par Ebisu-Sensei. Lorsqu'il fut certain que ma propre énergie n'irriguait plus mes méridiens de chakra, il décida finalement de passer aux choses sérieuses et de me faire une petite démonstration. Il se mordit profondément le pouce pour faier sortir du sang, et étala celui-ci sur la paume de sa main gauche, laquelle était ornée d'un tatouage. D'un geste théâtral, il posa cette main au sol. Des lignes de signes étranges partirent d'en dessous sa main, se développant en cercles. Un nuage de fumée me masqua brièvement l'homme. Je commençais par trouver la chose un peu cliché et ses effets spéciaux pourris. Avant de l'apercevoir deux mètres au dessus de moi, juché sur la tête d'un crapaud géant. La bête orange et noire tenait un rouleau dans sa gueule gluante. Le kanji signifiant la loyauté était peint sur son collier. Le même coup qu'il avait fait aux bains la dernière fois. La langue se déroula, déposant dans mes mains le rouleau épais.

_ C'est le contrat qui a été passé avec les différents crapauds, de génération en génération. Tu écris ton nom avec ton propre sang, en dessous tu laisses les empreintes de tes doigts toujours avec du sang.

Je m'exécutais, déposant le document officiel au sol, le déroulant avec précaution. Plus de cinq contractants se trouvaient avant moi. Je reconnus le nom de Jiraya. Mais aussi mon père, Minato Namikaze. Ainsi l'ermite n'avait peut-être pas entièrement tord, sans doute marchais-je dans les traces de feu mon géniteur. Je laissais fleurir un sourire mélancolique sur mes lèvres. A mon tour, je blessai mon pouce, écrivis mon nom en kanji de sang avant de recouvrir tous mes doigts d'hémoglobine afin de pouvoir être reconnue comme la seule et unique Namikaze Naruto.

_ Lorsque tu veux faire appel avec la créature, malaxe le chakra et appose la main avec laquelle tu as fait le rituel. L'incantation astrologique est « Sanglier, Chien, Coq, Singe, Mouton »

Une fois mon inscription terminée, j'allais me rincer les mains dans la rivière. Puis je me plaçais devant Jiraya. Dans ma tête, je me répétais dans l'ordre les cinq signes à produire. Je les avais retenus. Maintenant il fallait les exécuter. D'abord le sanglier. Je joignis tout d'abord mes paumes, les doigts des deux mains pliés les uns contre les autres, poignets verrouillés vers le bas. Puis le signe du chien. Je fermais mon poing droit et le recouvris de ma main gauche, les doigts serrés et tendus. Maintenant le coq : mains formant une tente, mais les pouces repliés l'un contre l'autre et les index croisés. Enfin le singe, c'est-à-dire les deux mains jointes horizontalement. Et finalement le mouton que l'on appelait parfois chèvre, le signe que Sasuke exécutait avant chacune de ses techniques de type Katon. J'apposais ma main contractante au sol :

_ Kuchiyose no Jutsu !

Un nuage de fumée prometteur m'enveloppa. Sous ma main, je sentais la peau gluante du batracien sous ma main. Je souris d'un air confiant. Il allait voir ce qu'il allait voir. En plus la créature se mouvait, ce qui voulait dire que je ne n'avais ni écrasé la bestiole, ni invoqué un macchabé. C'est alors que la brume épaisse se dissipa. Sous ma main frétillait un têtard géant d'une cinquantaine de centimètres de long. Mon sourire se mua en grimace. Même le crapaud invoqué par Jiraya semblait déçu par ma performance.

_ C'est parce que j'étais pas prête, prétextais-je, je recommence.

« Besoin de mon aide ? »

« Pas encore, je veux prouver à ce vieux que je peux y arriver avec mon propre chakra. »

« Hum, intéressant… »

« Quoi ? T'as l'air de te foutre de ma gueule. »

« Ton chakra, tu veux bien sûr parler de celui que tu viens d'épuiser jusqu'a la dernière goutte comme il te l'a demandé ? »

« … »

« Alors Kitsune »

« Pas con… RHAAAA ! Je suis trop bête ! »

« Bon, je suis disposé à te prêter un peu d'énergie, si tu veux… »

Sauf que têtue comme je l'étais, je décidais de recommencer sans l'aide de mon démon intérieur et me concentrais avec la plus grande puissance. Réitérais le rituel d'invocation. Et retombais avec un têtard. Peut-être un peu plus gros celui-là…

_ Encore un têtard ! Quand est ce que tu vs me sortir l'énergie de Kyuubi au lieu de faire n'importe quoi ? Sors-moi tout le chakra que tu peux, comme si c'était une question de vie ou de mort !

_ La ferme ! C'est ce que j'ai fait ! Et puis d'abord, regardez mieux ! Il a des pattes !

_ Il a encore une queue alors c'est à toit de la fermer petite impertinente !

La colère me prit. On n'avait pas le droit de m'insulter et de m'obliger à faire ce que je ne voulais pas. On m'avait imposé de devenir ANBU, mais je n'avais rien demandé à personne. Je n'avais fait qu'obéir aux ordres. Après on m'avait fichu dans les pattes d'un parrain que je ne connaissais pas, qui m'envoyait des mots doux et qui pouvait très bien ne pas exister du tout ! Ensuite on m'avait imposé comme professeur un type que j'exécrais le plus au monde et qui me reprochait ses propres échecs et me les faisait cruellement payer. Enfin non seulement je n'avais pas choisi d'avoir Kyuubi dans le ventre, mais en plus on me forçait à l'utiliser alors que je voulais réussir par moi-même. JE voulais être Namikaze Naruto et personne d'autre ! Je ne voulais pas être associée à un masque d'ANBU, je voulais qu'on connaisse mon visage ! Je ne voulais pas qu'on m'associe au démon qui avait détruit Konoha il y a seize ans de cela, je voulais que l'on voie ma propre force, qu'on soit fier de moi ! JE voulais qu'on m'aime pour ce que j'étais vraiment.

J'EN AVAIS MARRE !

La colère que je gardais en moi me surpris. Elle était profonde, cachée en mon sein depuis tant d'années. Je voulais qu'elle éclate, comme une bulle de savon. Mon sentiment était doté d'une telle force, que je pénétrais dans ma dimension intérieure où était enfermé Kyuubi sans que celui-ci ne me le demande. Et pris ma part cde loyer avant même d'écouter ses doléances. Ils avaient voulu du Kyuubi ? Ils en auraient. Et ils allaient payer. Très cher. Je glissai mon poing à travers les barreaux. Et mes yeux bleus rencontrèrent ceux rouges et fendus du démon. J'étais trop en colère pour craindre des représailles. Je glissai mon bras entre les barreaux de la cage. J'empoignai une queue du monstre et serrai le poing.

Dans la réalité, je sentis une vague déferler dans mon bras. Celui-ci tremblait de manière incontrôlable. Les frissons envahirent tout mon corps, et je vis Jiraya reculer. Je formais les sceaux et apposais ma main au sol. Avant de me retrouver à plusieurs dizaines de mètres de haut, surplombant la cime des arbres.

_ Yeaaaaaah ! Qui c'est le boss ? criais-je en me pavanant sur le dos du crapaud.

Je courrus d'un bout à l'autre. Pas de trace d'une quelconque queue. En plus il était classe, ce crapauds, il portait des vêtements et il fumait une pipe traditionnelle ! C'est pas magnifique ? Je glissai jusqu'à l'avant de sa bouche. Là une paire d'yeux énormes et intimidants me fixaient avec colère.

_ Hep là ! Pourquoi tu fais tout ce raffut sur mon crâne, abrutie ? brailla-t-il d'une voix puissante.

_ Huh ? Il parle ?

_ Ça fait longtemps que je n'ai pas respiré l'air libre. Qu'est-ce qui se passe ici non d'un nénuphar ?

_ Ben… J'vous ai invoqué…

_ Où est Jiraya ? Où est passé le vieux pervers, et pourquoi il m'a collé un moucheron sur la tête.

_ Non, non, j'vous assure ! C'est moi qui vous ai invoqué… Monsieur… euh… Monsieur le crapaud ?

_ Wha ha ha ! On ne m'avait jamais appelé comme ça ! Et ce n'est pas bien de dire des mensonges ma petite. Une fille dans ton genre est incapable de jeter un tel sort. Retournes donc jouer à la dinette.

Son rire me fit aussi mal que les insultes de Jiraya. Mais j'allais lui montrer que je pouvais le mépriser autant qu'il le faisait lui-même.

_ Huh ! Alors c'est tout ce que ça fait d'invoquer des crapauds ? On tombe sur un tas de pustules inutiles ?

Les yeux jaunes se plissèrent et se fixèrent sur moi. Je lui rendis un sourire effronté.

_ Sérieux ! Ouuuuh, qu'est-ce que j'ai peur ! Un crapaud me fait un regard noir.

_ Pardon ? A qui crois-tu t'adresser au juste, jeune péronnelle ? Une gamine qui prend de haut le majestueux Gama Bunta, père de tous les crapauds, on aura tout vu ! Je vais t'écrabouiller, tu m'entends ?

Je perdis l'équilibre tandis qu'il se secourait pour me jeter hors de sa vue. Nos regards ne cessèrent de s'affronter. Mais je n'avais pas peur de lui. Parce que j'abritais dans mon ventre une créature autrement plus terrifiante.

« Hey, Kyuubi, ça te dit des cuisses de grenouille ? »

« Tu as pris mon chakra sans mon autorisation, Kitsune… J'aime pas ça… »

« Quoi, t'es encore là-dessus ? »

« Un jour, tu vas regretter tes accès de colère et tes petits larcins d'énergie… »

« Oh, allez ! »

« Va-t'en, et sors d'ici ! Je pensais que tu serais différent de Mito ou Kushina. Vous êtes toutes les mêmes. Va-t'en ! »

« M… Mais Kyuubi ! j'en ai besoin ! »

« Pour faire quoi, croire que tu es forte ! Tu n'es rien sale morveuse ! Sans moi tu n'es rien ! Sans moi tu n'as rien ! »

« Mais allez quoi ! »

« CASSE-TOI ! »

Ça alors je venais de me faire rembarrer par un Bijuu !

Sauf que maintenant… J'étais dans la merde. Je déglutis. Il faudrait la jouer prudente sur ce coup là… A moins que… Je fouillais l'extérieur du regard.

_ Putain j'en reviens pas le vieux il s'est taillé !

Mais par terre gisait ouvert le rouleau avec nos noms.

_ Namikaze, hein… murmura le crapaud géant.

Soudain, les dernières gouttes du chakra du démon renard s'épuisèrent et la fatigue me retomba dessus comme une masse. Je m'écroulais au sol.

Mon réveil se fit de nouveau dans l'hôpital. Je serrai les dents. J'étais si pitoyable et prétentieuse. Comment avais-je pu recourir à l'énergie de Kyuubi après avoir prétendu que j'arriverai sans lui ? Résultat j'avais épuisé toute mon énergie pour invoquer un crapaud irascible. Je me demandai d'ailleurs ce qui était arrivé pour que je parvienne jusqu'ici ? Est-ce que l'ermite pervers m'avait amené jusqu'ici. Je frappai le mur de mon poing. Une main attrapa mes doigts avant que je ne puisse terminer ma course. Là à côté su lit se tenait Shikamaru, un livre à la main. Mes yeux rencontrèrent les siens et il sourit.

_ Yo ! Tu ouvres enfin l'œil… Fallait bien, tu as dormi trois jours et trois nuits d'affilée.

_ J'me sens encore faible…

_ Ce n'est pas en frappant les murs que tu iras mieux.

_ Tu peux me dire ce que tu fous là ?

_ Je suis venu rendre visite à Choji… Quelle galère… Et toi tu pionçais à côté.

_ Choji, hein… (Je sentis une certaine tristesse et un peu de jalousie. Oui, c'était ses amis qu'il venait voir. Depuis que j'étais redevenu ce que j'étais vraiment, toutes mes relations à autrui allaient de travers…) Il va si mal que ça après l'examen Chuunin ?

_ Oh là, te fais pas de bile pour lui ! Il est allé s'empiffrer après les matchs et ce naze a fait une indigestion !

_ Trop fort ! Il y a des choses qui ne changent pas !

_ Et comme il n'est pas un minet auquel les filles rendent visite…

_ Je comprends…

Shikamaru pensait en premier à ses amis. C'est pour cela que j'aimais me trouver à ses côtés. Mais s'il n'en avait pas vraiment l'air comme ça, il prenait soin des gens qu'il aimait. Sauf que… Je n'étais pas quelqu'un qui méritait son amitié. Après tout je n'étais qu'une prétentieuse doublée d'une menteuse. Je ne valais pas la peine qu'on m'apprécie. Autant ne pas faire tous ces efforts pour être reconnue.

_ Prends pas cet air aussi triste ! C'est pas comme si j'étais le seul à être venu te rendre visite !

Je sursautais, émergeant de mes pensées sombres. Avant de fixer le garçon. Shikamaru avait détourné les yeux et semblait pris d'un défaut d'élocution. Lui qui savait tout sur tout et qui savait expliquer, le voilà qui ne parvenait pas à éclaircir un point.

_ Enfin, j'étais venu voir Choji et puis t'étais là… Enfin, c'est pas comme si je ne t'aurais pas rendu visite s'il n'avait pas été malade… Euh… Enfin on ne m'avait pas prévenu, alors je n'aurais pas pu…

Le fait qu'il s'embrouille me fit sourire.

_ Ah ! Tu souris enfin ! J'aurais au moins accompli quelque chose.

_ Je pensais que toi et moi… On ne pouvait pas être amis… J'ai menti à tout le monde, et tu étais l'une des personnes les plus proches de moi… Et puis je suis une fille et tu es un garçon…

_ Mais arête de t'embêter avec des questions à la noix ! Est-ce que les femmes sont toujours aussi galère quand elles se posent des questions ?

Il posa sa main sur ma tête, et passa ses doigts dans mes cheveux.

_ Tu sais très bien ce que tu es à mes yeux.

Sa main tapota maladroitement le haut de mon crâne. Et je dis la première ânerie à laquelle ce geste me faisait penser.

_ Un chien ?

Shikamaru rétracta sa main avant d'exploser de rire. Je ne le voyais pas souvent rire, et je trouvais cela rafraichissant. Peut-être qu'il en avait besoin de rire. De relâcher la pression, je voulais dire. Parce que ce devait être éprouvant de se préparer à la troisième épreuve. Surtout pour quelqu'un d'aussi flemmard que lui. Lorsqu'il se fut calmé, il me tendit la main.

_ Tu es une amie, Naruto.

Je saisis sa main en souriant.

_ Je suis tellement heureuse que ce soit le cas.

Il sortit de sous le lit un panier de fruit et le déposa au creux de mes jambes.

_ Ah, au fait ! Ce n'est pas de bon cœur mais j'ai apporté un panier de fruits à Choji… Le toubib a dit non tout net ! On partage ?

_ Wow, t'es sûr ?

_ Te fais pas d'idées ! Je ne veux pas laisser pourrir ces fruits, c'est tout !

_ Hi hi hi ! On les bouffe devant Choji ?

_ T'es lourde !

Shikamaru sortit un canif à lame repliable de sa poche et entreprit e découper une pomme, d'en enlever le trognon et la peau. Il me tendait les quartiers épluchés un à un. Ils étaient juteux. Ce fut en mangeant les fruits que je sentis à quel point j'avais faim. Au bout de cinq pommes, une banane et un demi ananas chacun, il fallut avouer que nous callions. Je gardais quelques unes de ses pommes pour plus tard et les posai sur ma table de chevet.

Sur celle-ci trônait un vase avec des fleurs. Et devant une boite de chocolats entamée. Le seul qui manquait avait contenu u morceau d'orange confite. Mes chocolats !

_ Qui a bien pu…

_ Pour les chocolats, je ne sais pas. Et ne m'en propose pas j'ai déjà mangé trop de fruits.

_ Et… Et les fleurs ?

J'en voyais trois. J'identifiais sans aucune peine la rose rouge ainsi que son sens. L'œillet blanc me laissa perplexe, tout comme l'orchidée. Je tendis la main pour saisir les fleurs avant de me piquer les doigts sur un cactus qui encombrait également l'espace. Et comment est-ce que je devais prendre ce cadeau. Shikamaru m'aida à extraire les épines qui étaient assez fines.

_ Pour les fleurs, tu devineras sans peine de qui elles sont. Après tout, tu ne manque pas de prétendants.

_ Oui… Merci au fait… Pendant l'examen.

_ Ah ça… C'était tellement évident et tu ne voyais rien. Je te conseillerais de faire attention. Je ne connais pas Neji ni Lee personnellement, mais j'en juge de par l'attitude de Sasuke qu'il est assez dangereux. Tu devrais faire attention.

_ Je le sais parfaitement.

_ Je sens comme de l'amertume dans ta voix. Il s'est passé quelque chose ?

_ Non, rien du tout, mentis-je.

_ Je vois.

_ En parlant de Lee, j'ai entendu dire qu'il ne pourrait plus être ninja.

_ C'est vrai.

_ J'aimerais… Je ne sais pas… Aller le voir…

_ Tu peux marcher ?

_ Je ne suis pas sûre.

_ Lève-toi au moins.

Avec Shikamaru qui me soutenait, il fut facile de me remettre sur mes pieds. Puis la nourriture ingurgitée et les forces de Kyuubi combinées eurent pour effet de me donner assez de vigueur pour tenir de moi-même. Le garçon resta à mes côtés au cas où j'en airai besoin. Puis lentement, nous nous dirigeâmes vers la chambre où se trouvait le spécialiste du Taijutsu. Soudain, je sentis une vague de chakra malsain se répandre dans l'hôpital. Je la reconnus aussitôt. C'était Gaara. La porte de la chambre de Lee était ouverte, et nous vîmes le sable danser sous les ordres du rouquin, rampant sur les draps du lit et le visage de Lee. Shikamaru forma le sceau du Kage Mane. Je ne réfléchis pas et m'élançais vers le garçon paralysé. Dans le même temps j'avais saisi un kunai dans la poche de Shikamaru. Apparaissant derrière mon adversaire, je glissai ma lame sur son cou et appuyais.

_ Tu vas nous expliquer un peu tout ça le freak ! fis-je en faisant une clef de bras à l'adolescent.

Derrière nous Shikamaru cria. Son bras gauche se tordait dans un angle bizarre.

_ Hé Naruto, tu sais très bien qu'avec la manipulation des ombres je dois faire les mêmes mouvements que l'ensorcelé, bordel !

_ Oups ! Désolée, Shikamaru.

Puisque la cible était obligée d'effectuer les mêmes mouvements que lui, tant qu'il ne bougeait pas, elle non plus. Je me reculais à la hauteur de mon ami. Si je faisais un malaise, autant que je tombe sur lui et non pas sur le lit de Lee, à la merci de Gaara.

_ Parle, ordure ! ordonnais-je. Qu'est-ce que tu voulais faire à gros sourcils !

_ Le tuer.

_ Quoi ! (c'était dit sur un ton si clame que cela me faisait peur. Je n'oubliais pas que j'étais potentiellement sur sa liste de victimes)

_ Mais pourquoi ? C'est toi qui as remporté la rencontre. Tu ne lui pardonnes pas de s'être bien battu ?

_ Il ne s'agit pas de cela. Il doit mourir parce que je le veux c'est tout.

_ Tu te rends compte de ce que tu dis, malade mental !

_ Je ne sais pas dans quel esprit tu as été élevé, mais tu ne trouveras jamais ta place dans le monde des hommes de cette manière.

_ Ne vous mettez pas en travers de ma route. Sinon vous mourrez.

_ Vas-y je t'attends. Montre de quoi tu es capa !

_ NARUTO ARRÊTE, ordonna Shikamaru. J'ai assisté à ton affrontement avec Lee, je sais que tu es fort. Mais on ne se défend pas mal Naruto et moi. On n'a pas tout montré durant les qualifs. En plus… On a l'avantage du nombre. Mais si tu es raisonnable… On passe l'éponge et on te laisse filer.

_ Je le répète une dernière fois, ne vous mettez pas en travers de ma route. Sinon vous mourrez.

« Naruto, je ne suis toujours pas en très bons termes avec toi pour le moment, mais il te sera impossible de le battre seule »

« Je sais Kyuubi, mais je reste une morveuse prétentieuse, tu te souviens ? »

« Il n'empêche que le porteur d'Ichibi semble beaucoup plus lié à son Bijuu que nous ne le sommes. Et je ne m'avance pas beaucoup en disant que tu es parfaitement terrifiée par ce garçon. Tu peux jouer les dures autant que tu veux devant ton ami, mais pas devant moi. Le moindre son qui sort de la bouche de ce maudit Tanuki te fait trembler comme une feuille ! »

« Comment peut-il en être autrement ? C'est un putain de taré ce type. Mais ici, avec Shikamaru, je suis la seule de nous deux qui peux lui tenir tête n'est-ce pas ? »

« C'est tout à fait vrai. Remarque que si tu te mettais à trembler ça devrait bien lui plaire à ton ami. Tout comme ça plairait à Sasuke et aux autres qui t'ont déposé des fleurs symbolisant leur amour pour toi… »

« C'est quoi ces sous entendus vaseux ! »

« C'est tellement drôle de te faire réagir, Naruto »

_ Tu nous tueras ? Avec quoi, ton sable peut-être ?

_ Ne l'excites pas Naruto ! Tu ne vois pas qu'il est fort comme un démon ?

_ Shikamaru, tu es en train de bousiller ton bluff.

_ Galère…

_ Il n'est pas seulement fort comme un démon. Il en abrite un dans son corps. Et c'est pour cette raison que je ne pourrai pas perdre contre lui.

_ Nous sommes semblables… Comme tu l'as dit tout à l'heure je n'ai pas été élevé comme tout le monde. Je suis venu au monde en prenant la vie de la femme qui aurait dû être ma mère. Mon père voulait faire de moi un ninja surpuissant. Je suis né monstre. Mon père a invité l'esprit du sable à prendre possession de moi.

_ Faut pas être sain pour faire une chose pareille, commenta Shikamaru. Un homme ne devrait pas faire ça, drôle de façon d'aimer.

_ Shikamaru ? (Je le fixais dans les yeux. Une lueur d'incompréhension teignait les siens.) Juste… Ne te mêle pas de ce que tu ne peux pas comprendre.

_ Aimer ? Ne me jugez pas avec vos critères.

_ Quand ils savent… Très peu de gens peuvent nous « aimer ». Shikamaru. Moi aussi j'ai un démon dans mon ventre. C'est ainsi qu'ils ont stoppé l'attaque de Kyuubi il y a seize ans…

_ Ah, je comprends mieux les réactions de ma famille à ton égard. Comment pourrais-je t'en vouloir pour quelque chose dont tu n'es pas responsable ?

_ Ne dis pas ça… Tu ne sais rien…

_ La famille… Je vais vous dire quel lien j'ai avec la famille. Des tissus de chair reliés à moi par la haine et l'envie de meurtre. Ma mère était un sac de provisions. Je suis la plus grande création de mon village. Le fils du Kazekage. Mon père m'a enseigné la base du Ninjutsu. Il m'a élevé avec un soin et une attention extrêmes. J'étais véritablement choyé. C'est ce que je croyais être de l'amour… De l'âge de six ans à aujourd'hui, pendant des années mon père biologique a tenté de me faire tuer un nombre incalculable de fois ! Lorsque j'ai atteint mes six ans, on m'a jugé encombrant. J'étais un outil effroyable, à manier avec la plus grande précaution. D'un coup, j'étais devenu une relique du passé qu'ils souhaitaient voir disparaître. Jeune, je me suis demandé pourquoi j'existais. Je n'ai pas trouvé la réponse à cette époque. Il faut la trouver pendant qu'on vit. Sinon ça revient à être mort.

_ Qu'est-ce que c'est que ce charabia ?fit Shikamaru.

_ Et je suis parvenu à une conclusion. J'existe pour tuer tous les êtres humains autour de moi. C'est en vivant dans la crainte d'être assassiné un jour que j'ai trouvé mon équilibre. En supprimant les uns après les autres les meurtriers potentiels autour de moi, j'ai trouvé une raison de vivre. Je ne combats que pour moi et n'aime que moi. Les autres existent uniquement pour que je ressente que je suis vivant. Il n'y a pas de monde plus fabuleux que le mien… Tant qu'il y aura encore des gens à tuer, je continuerai d'exister.

Les tremblements que j'avais tenté de réfréner depuis tout à l'heure me parcoururent le corps. Shikamaru m'adressa un regard inquiet. Et lut ma peur dans mes yeux. Le sable de gaara nous menaça en grandes arabesques.

_ Allez ! Faites moi ressentir cette sensation !

_ Ça suffit ! exigea quelqu'un à la porte.

Maito Gai avait mis un pied dans la pièce.

_ Les combats débuteront au moment de l'épreuve. Pas besoin de s'affoler jusque là. Vous pensiez dormir ici peut-être ?

Les yeux de Gaara s'écarquillèrent. Il nous fixa tous les trois tour à tour puis gémit en se tenant la tête. Tandis que son sable réintégrait sa gourde, il se dirigea vers le couloir. Il nous adressa un dernier regard menaçant.

_ Vous ne perdez rien pour attendre. Je vous tuerai…

Lorsqu'il fut enfin parti, je me laisser tomber au sol. Shikamaru tenta de me relever. N'y parvint pas. Força un peu. Je lui montrais la ceinture abdominale avec les poids. A l'heure actuelle je devais peser entre quatre-vingt-dix et cent kilos, impossible qu'il puisse faire quoi que ce soit avec ses bras aussi maigres. Comme si j'avais été aussi légère qu'une plume, le professeur de Lee me remit sur mes pieds. Et s'éclipsa avant de nous adresser un de ses sourires dont il avait le secret. Shikamaru m'escorta ensuite de nouveau jusqu'à mon lit.

_ Tu veux que j'aille te chercher quelque chose ? demanda-t-il gentiment.

_ Je sais pas.

_ Je vais me chercher un soda au distributeur. Intéressée ?

_ Pourquoi pas ?

Il tourna les talons et passa dans le couloir. J'avais été tellement troublée par ma rencontre avec Gaara que je n'avais pas fait attention à ce qui se passait ici. Le rideau qui m'isolait des autres lits se ferma brusquement. Et assis au pied du mien se trouvait Uchiha Sasuke.

_ Qu'est-ce qu'il est collant parfois ce Shikamaru. Je pensais qu'il ne partirait jamais !

_ Qu'est-ce que tu fais là, demandais-je d'une voix froide.

_ Quel ton affectueux, dis-moi Naruto. J'étais juste venu te déposer d'autres fleurs. Et jeter celles en trop.

D'un geste assuré, il plaça d'office d'autres roses rouges, se saisit de l'œillet et de l'orchidée avant de les jeter sauvagement à la poubelle. Je le regardais comme s'il était un peu fou. C'était d'une manière autre que Gaara, mais quelque part il me terrifiait. A vouloir me posséder à tout prix. A toujours e trouver là au mauvais moment. Cet opportuniste macho qui ne me laissait aucune liberté… J'appuyais sur la commande qui appelait les infirmières pendant qu'il avait le dos tourné. Mes doigts pressaient encore le bouton lorsqu'il revint vers moi. Il m'adressa un sourire moqueur. Comme pour dire « Allons, Naruto, ce genre d'enfantillages, pas avec moi… ». Alors que des pas pressés se dirigeaient vers nous, il se pencha sur moi et me saisit par les épaules. Son visage s'approcha du mien avec une lenteur calculée. Aujourd'hui je me trouvais dans l'incapacité de le frapper.

« Kyuubi, aide-moi ! »

« En quoi as-tu besoin d'aide ? N'est-ce pas ce que toi et les tiens considérez comme… romantique ? »

« S'il te plait ? »

« Rien ne me fera changer d'avis. D'ailleurs je suis toujours en colère contre toi. Tchao gamine, réveille moi quand on ne nagera plus dans la guimauve »

Je détournais la tête et tentais de ramper hors de mon lit. Sauf qu'en plus de ma ceinture qui m'handicapait, Sasuke s'agrippait à mon corps et refusait de me laisser partir. Je regardais avec angoisse vers la sortie. Plus que quelques pas et les infirmières pourraient chasser de ma chambre ce visiteur indésirable. Soudain, je compris en un instant que s'il s'invitait ici et s'autorisait à faire ce qu'il voulait de moi, il pourrait très bien s'inviter chez moi, et là personne ne viendrait m'aider à faire quoi que ce soit. Cette pensée amère me remit les idées en place. Il tenait mes épaules, pas mes bras. Mes doigts agrippèrent ses cheveux, et il prit cela pour une invitation un peu sauvage de continuer ses attouchements. Je relevais brusquement ma tête et mon front rencontra son menton en un grand bruit.

L'infirmière qui entrait pile à ce moment là dans la pièce poussa un cri. Du sang goutta de la commissure des lèvres du brun, venant tacher les draps. Profitant de son moment d'inaction, j'utilisais une de mes mains pour lui envoyer mon poing dans la mâchoire. Je la sentis vibrer sous le choc avec satisfaction. Avec mon autre main restée derrière da nuque, j'enfonçais mon pouce dans le creux de son cou, là où ça fait bien mal. Il grogna. L'infirmière vint pour nous séparer.

_ Ne laissez plus jamais enter ce type dans ma chambre.

_ Naruto… Tu vas me le payer…

J'eus peur qu'il n'aille jusqu'à frapper l'aide soignante. Dans pareil cas, je n'aurais su comment réagir. Je sentais toute la violence qui résidait dans Sasuke, toute cette douleur et cette haine qu'il tentait d'extérioriser sans trop savoir comment. Peut-être se trouvait-il tendre dans sa tête. Dans le couloir, l'infirmière examina rapidement le jeune homme avant de décréter qu'il n'avait rien de grave. Evidemment. Il était solide comme garçon. Shikamaru arriva enfin, ses boissons à la main. L'infirmière ferma la porte.

_ Sasuke Uchiha-san, veuillez m'accompagner jusqu'à l'accueil. Nous discuterons de votre attitude avec mes supérieurs.

_ Qu'est-ce que tu regardes, lança agressivement mon coéquipier à mon ami.

_ Sasuke. Nous avons été camarades depuis les bancs de l'académie. Je n'irai pas jusqu'à prétendre te connaître ou t'apprécier. Mais si tu souhaites vraiment faire quelque chose de bien, ne t'approche plus de Naruto.

_ Quoi ? Tu la veux toi aussi ? Elle est à moi ! Et à personne d'autre. Nous sommes liés par quelque chose que tu ne comprendras jamais, malgré tous les points de Q.I. qui peuvent se trouver sous cet ananas brun.

_ Ne te méprends pas. Je ne suis que son ami.

_ Si elle arrive encore à le croire !

_ Tu ne pourras pas la forcer à t'aimer, Sasuke. Et crois moi, je pense qu'elle t'apprécie déjà trop pour son propre bien.

_ Sasuke Uchiha-san… nous devons y aller !

_ Vas-y, va jouer l'ami fidèle à qui elle raconte tous ses malheurs ! Moi je n'ai pas peur de lui monter ce que je pense.

_ Et moi au moins je la respecte. S'il te plait, je pense que cette conversation a assez duré.

_ T'as juste peur de te faire éclater.

_ Non, je ne veux juste pas blesser Naruto avec mes mots ou mes actes. Car elle nous entend.

Les pas s'éloignèrent dans le couloir. Shikamaru entra dans la pièce et revint s'asseoir à mes côtés. Me tendit la boisson. Je la pris sans rien die. Que pouvais-je ajouter de plus ? J'avais de la chance de l'avoir à mes côtés. Aucun mot ne fut nécessaire pour exprimer mes remerciements. Il me suffit d'un regard vers lui. Il lui suffit d'un sourire. Et puis il s'en alla avec son flegme naturel, un panier de fruits vide dans sa main, un doigt de l'autre marquant la page où il avait arrêté sa lecture.

Je jetais un coup d'œil à la poubelle. Les fleurs n'étaient pas trop endommagées. Je les remis dans l'eau, tentant de leur redonner une forme. Des gens me les avaient offertes parce qu'ils avaient des sentiments à mon égard. Je devais m'en monter digne. Je devais les respecter. Je finissais d'arranger l'œillet quand un raclement de gorge me fit sursauter. Derrière moi se tenaient Neji et Hanabi. Je souris à la petite, ignorant délibérément l'adolescent.

_ Hey ! Comment ça va ?

Elle s'inclina devant moi avec une déférence qui me mit mal à l'aise. Je ne pouvais être une dame aussi respectable pour qu'on s'incline avec tant de précautions devant moi. Lorsqu'elle releva la tête, des larmes brillaient dans ses yeux. Oubliant toute cette décence guindée, elle se jeta sur moi. Elle ne pleurait, ni ne riait, ni ne faisait aucun bruit. Elle se contenta de se serrer contre mon cou. Je refermais mes bras contre son corps mince. Elle caressa sur mon visage les quelques cicatrices blanches qui restaient des coups de lame de Zaku. A mon oreille elle babilla que j'étais son héros. Et que c'était pas grave si je n'avais aucune manière ou la peau bronzée d'une roturière. J'avais à ses yeux le plus noble des cœurs, et cela suffisait à me rendre incroyable.

_ On ne peut trouver la noblesse avec ses yeux, lui dis-je. Certains que l'on croit être bon peuvent se révéler détestables.

En prononçant ses mots j'évoquais Sasuke. Mais je devinais que pour Neji, c'était lui dont je parlais. Ses doigts s'étaient crispés sur le paquet qu'il tenait dans son dos, et sa respiration s'était momentanément bloquée dans sa poitrine.

_ Tu sais, je crois que mon cousin t'aime bien, murmura la fillette à mon oreille.

_ V… Vraiment ? murmurais-je en réponse.

L'idée d'être aimée par Neji n'était pas détestable, au contraire. J'aimais tout de lui. Sa voix, son apparence. Mais il y avait encore en moi cette blessure. Le mépris qu'il m'avait porté parce que j'étais une femme de surcroit d'une autre classe sociale… Mais étrangement, penser aux sentiments que Neji éprouvait pour moi était beaucoup plus gratifiant que d'imaginer ceux de Sasuke à mon égard. Je ne voulais même pas penser à Gaara.

Neji poussa Hanabi dans le couloir pendant que celle-ci chantonnait que nous étions des « zamoureux ». Puis son regard blanc se fixa sur moi. D'un geste un peu brusque il exhiba les œillets immaculés qu'il dissimulait dans son dos. Je remplaçais ainsi celui qui était en piteux état. Alors il s'assit à mes côtés et les mots coulèrent de sa bouche.

Il parla de lui. Beaucoup de lui. De l'éducation stricte qu'il avait reçue. De l'entrainement intensif qu'il suivait. De la mort de son père. Du sceau sur son front. De sa cousine trop frêle qu'on avait placée sur un piédestal. De la petite chipie qui l'attendait dans le couloir.

Je l'écoutais sans un mot, buvant ses paroles avec attention.

Et puis il parla de moi. De l'impression de liberté que je lui donnais. De ma joie communicative. De mon sourire. De l'éclat de mes yeux. De ma gentillesse et de mon courage à toute épreuve. De ma force tranquille. De mon côté espiègle qui le faisait rire. Et disant cela il saisit ma main, ses doigts pétrissant les miens et les réchauffant. Suivant les contours de mes os, goûtant la douceur de ma peau…

Et puis je retirais ma main et commençais à parler de moi. De la haine des gens à mon égard. De mes efforts insensés pour les faire rire et de les délivrer de leur ressentiment. De mon envie d'être entourée d'amis. De la bête qui sommeillait en moi.

Il me dit que cela n'avait pas d'importance.

Je lui dis que c'était trop soudain, que je ne savais pas.

Il me dit qu'on était jeunes et qu'on avait le temps.

Je lui avouais que pour lui j'étais prête à attendre.

Et il m'invita au marché nocturne de Konoha qui se déroulait le soir même.



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