Fiction: Secret

Je m'appelle Naruto. Et j'ai décidé que je deviendrais Hokage. Pour voir jaillir l'admiration de la haine et du mépris ambiant. Seulement les héros sont toujours des garçons. Et je ne suis qu'une toute petite fille qui sert de prison à un démon. Alors j'ai créé Uzumaki Naruto, le pitre qui ferait des miracles à partir de ses piètres capacités. Sauf que ce secret est lourd à porter.
Classé: -12D | Action/Aventure / Humour / Romance | Mots: 181918 | Comments: 13 | Favs: 17
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Narsha (Féminin), le 02/05/2013
Cette fiction est déjà publiée sur Fanfiction.net, je ne fais que la reporter ici. Si vous êtes impatients de lire la suite, vous latrouverez sans aucun mal.



Chapitre 10: Stubborn teacher



Je refermai bien vite l'ouvrage et le glissai dans mon sac. Dedans, je rencontrais aussi deux pommes. Sans doute glissées là un jour par Kakashi à mon insu. Ce qu'il pouvait m'agacer avec sa morale sur les fruits et les légumes ! Je posai à côté mes vêtements pliés et ma serviette de plage avant de me retourner vers la rive. Un jour, Ebisu-Sensei m'avait dit qu'on pouvait marcher sur l'eau de la même manière qu'on pouvait marcher et courir le long des troncs d'arbre. Je me disais que ça pourrait être bien d'essayer. En plus j'étais certaine que Sasuke il ne serait pas capable de le faire ! Je commençais donc par me relaxer et par malaxer mon chakra. Puis je dirigeais les flux vers la plante de mes pieds. Et avançais vers l'eau. Et trébuchai, mon pied glissa dans la vase et je m'étalais dans l'eau.

Je poussai un grand cri. Elle était froide. Tant qu'à faire, je m'immergeais complètement. Avant de concentrer de nouveau mon énergie dans mes pieds. Je sentis l'eau boucher autour de mes jambes. Peu à peu, je m'élevais, et mes pieds ne touchèrent plus le fond. Rassurée de ma victoire et un peu impatiente, j'injectais la dose de chakra. Mauvaise idée. Mon corps fut projeté dans les airs et je m'élevais loin au dessus de l'eau. Jusqu'à quelques mètres. Dans ce monde où tout était à l'envers je ne pris pas tout de suite conscience que j'allais retomber. La gravité rappela mon corps vers le sol. Je pirouettais et vrillais pour atterrir sur mes appuis. Réduisis le flux dans mes pieds. Et retombai sur mes pieds au milieu de l'eau. Le choc fouetta mes pieds sous l'impact. Je serrai les dents. Ma stabilité n'était pas parfaite. J'avais du mal à tenir debout. L'eau enserrait mes pieds dans une gangue glacée jusqu'en bas de mes mollets.

Quelqu'un m'applaudit derrière. Je me retournais à pas lents. L'eau amassée autour de mes chevilles avait la légèreté d'une enclume. Avec de grands bruits de succion je pus faire face à mon admirateur. Quelle ne fut pas ma surprise de tomber sur Jiraya ? Dans mon empressement causé par mon courroux, je perdis de nouveau l'équilibre. Ma concentration troublée perturba le courant qui circulait dans les méridiens de mon pied gauche. Brusquement je me retrouvais avec de l'eau jusqu'au genou. Aussi attachante que des sables mouvants, l'eau et mon chakra me collaient au corps.

_ Ah si les pirouettes semblent être ton fort, la maîtrise du chakra vient à manquer, constata le vieil homme de sa voix puissante.

_ Vous voulez quoi vous ? Il est hors de question que je m'approche.

_ Aaah, mais pourtant, avec ce corps si juvénile et si féminin, tu…

_ Bon l'ermite pas net, vous me soulez à restez là. Et vos propos à propos de mon physique m'incitent à rester où je suis. Bien que ma position soit totalement ridicule et inconfortable.

Il soupira. Posa l'énorme rouleau qu'il portait dans son dos contre un arbre et ôta ses chaussures. Puis il s'avança sans aucun problème sur la berge puis sur l'eau, sans une once d'hésitation. Sa large main se tendit devant moi et je la fixai. Avant de la prendre. Du bout des doigts. Il me saisit alors par le poignet et m'extirpa de mon piège. Je stoppais les flux de chakra avant de me retrouver coincée à nouveau. Je plongeais sous la surface, l'eau montant jusqu'au dessus de ma taille. Je dégageais mon poignet d'un coup sec. N'y parvins pas. Il avait une sacré poigne.

_ Merci, marmonnais-je de mauvaise grâce.

_ Eh bien, qu'est-ce qu'elle a mangé la demoiselle pour être aussi désagréable ? Il faut leur apprendre toutes les manières à ces jeunes !

_ Et visiblement aux personnes âgées aussi, répliquais-je du tac au tac.

_ Tu n'as pas ta langue dans ta poche, petite ! J'aime ça.

Je préférais ne pas relever, une autre de mes piques pouvant faire dégénérer la situation actuelle. Jiraya s'installa en tailleur, le dos droit. Ses yeux me fixaient sans ciller. Ils brillaient d'une lueur confiante. Qui me faisait chaud au cœur. Mais j'avais appris à me méfier de tout le monde. Et vu sa manière de me tenir le poignet et la facilité avec laquelle il avait frappé Ebisu-Sensei, il n'était pas à prendre à la légère. Pas du tout. Je préférais rester debout, et attendre. Attendre quoi ? Qu'il s'en aille sans doute. Je ne savais pas trop

_ Vous souhaitez quelque chose de précis ?demandais-je sur un ton neutre.

_ Eh bien… J'aimerais savoir qui tu es, et par la même occasion jeter un œil à ton livre. Très peu d'exemplaires ont été vendus, et cela sans doute avant que tu sois née. Tu as quoi ? Douze ans ? Treize ans peut-être ?

_ Qu'est-ce que vous cherchez au juste ?

_ Des réponses, petite. Des réponses. Parce que tu me rappelles quelqu'un que j'ai connu il y a longtemps.

_ Ah… Moi aussi je cherche des réponses, avouais-je. Et si c'est bien ce que je crois, vous les avez.

Je sortis ma serviette de mon sac pour essuyer mes mains humides, avant de me servir du recueil. Avec un temps d'hésitation, je tendis les Chroniques d'un courageux ninja après un temps d'hésitation. Il en caressa la couverture usée avec la même précaution infinie que j'avais eue. C'était son enfant d'encre et de papier, né des amours oniriques de sa plume et de sa mémoire. Il l'ouvrit à la première page. Et se figea. Sa tête se releva vers moi. De l'incompréhension durcissait son regard.

_ Qui est-tu ?

Le ton était pressant, appelait une réponse immédiate. Je ne pus empêcher ma bouche de parler sous l'ordre. L'injonction avait claquée, et ce fut presque un salut militaire que je lui offrais.

_ Genin Namikaze Naruto, née Uzumaki !

_ Naruto…

Sa voix avait une façon tendre de prononcer ce nom. Comme si sa polysémie complexe était porteuse d'une histoire que je ne comprenais pas. Mais qui m'impliquait. Et de fait, m'intéressait. Jiraya se leva et s'approcha de moi. Du haut de son mètre quatre-vingt dix, il me surplombait. Ses doigts passèrent dans mes cheveux. Puis cette même main caressa les angles de mon visage. Je voyais ses yeux presque humides alors qu'il me regardait en souriant. Un peu étonnée, je le laissais faire un instant. Laissais ses mains découvrir mes traits, faire ressurgir la mélancolie d'un passé tombé dans l'oubli. Avant de me dégager farouchement. Ce type venait de mater des femmes aux bains. J'étais seule avec lui, et ne portais qu'un maillot de bain. Impossible de lui faire confiance.

_ Ne me touchez pas si familièrement !

_ Alors… Tu ne sais rien ? Tu ne sais rien de ta famille, de ton passé ?

Une ombre passa dans mon regard. Mes yeux se fixèrent sur l'eau où dansaient des éclats de soleil. Je ne souhaitais pas répondre. Mais mon silence était plus éloquent que ma parole.

_ Naruto. C'est le nom du héros de mon premier livre.

Jiraya avait commencé à parler. Et il ne cesserait pas, je le savais. Et mon cœur ne souhaitait rien d'autre que d'entendre cette histoire.

_ J'ai eu l'idée en mangeant des Ramens. C'est bête, n'est-ce pas ? Ce livre, tu le tiens de ton père. Namikaze Minato. Il a été pendant longtemps l'un de mes plus proches amis, au point tel que je le considérais presque comme mon propre fils. Et il s'est marié avec une ravissante jeune femme : Uzumaki Kushina. Ah, elle avait un caractère bien trempé, ta mère. Quelque part je la retrouve en toi. Et moi, qui t'ai donné ton nom, je suis ton parrain.

_ C'est…

_ Oui, je sais tu peux te sentir fière.

_ C'est la chose la plus dégueulasse que j'ai jamais entendu de ma vie ! Et l'autre connard qui m'avait dit que ça se passerait avec un garçon de mon âge. Ah bah bravo le nindô.

Il y eut un temps de pause entre nous. J'affichais une mine écœurée et lui ne comprenait pas. Soudain il rougit et se frappa le front du plat de la paume en riant. Il me montra du doigt et continua de rire à gorge déployée. Lorsqu'il se calma enfin, il ne put réprimer un rictus moqueur. J'avais envie de lui en coller une ou deux.

_ Mais non, Naruto. Pas ce genre de parrain là ! Je suis simplement un ami de la famille !

_ C'est la chose la plus improbable que l'on m'ait jamais dite ! lâchais-je. Et vous pensez que je vais croire à vos sornettes ?

_ Mais c'est la vérité !

_ Figurez-vous que je n'ai pas envie d'accorder foi à vos propos.

_ Et le respect des ainés ? Les personnes âgées disent toujours la vérité.

_ Oui, celles qui sont sages dans leur têtes. Pas les vieux pervers qui vont mater les femmes aux bains !

_ Mais on le faisait souvent avec ton père, tu sais. Cela n'a rien de malsain !

_ Permettez-moi d'en douter.

_ D'accord, d'accord. Tu m'en veux encore depuis tout à l'heure pour une obscure raison. Alors je m'excuse Naruto.

_ Comment ça obscure ? Vous avez mis K.O. mon professeur particulier du mois qui devait assurer ma formation pour rentrer dans l'ANBU ! Outre le fait que vous m'avez déçu en tant que personne. J'avais plus d'estime pour vous quand je ne vous connaissais pas encore.

_ ANBU, déjà ? A ton âge. C'est impressionnant. Tu dois tenir de ton père…

_ Pas d'allusion à ma famille, je vous prie. Tant que je ne vous accorde aucune confiance, il est inutile de faire des remarques dessus.

_ Enfin, je pense qu'un mois c'est un peu court. D'autant plus que tu as de sérieux problèmes pour malaxer ton chakra. Avec tes capacités actuelles, marcher sur l'eau relèverait d'un exploit. Mais je dois avouer que tu te débrouilles pas mal.

_ Bon, si vous êtes là pour gâcher mon entrainement vous pouvez aller voir ailleurs si j'y suis.

Je me décidais finalement à l'ignorer. Bon d'abord, faire comme si j'allais monter sur le tronc d'un arbre. Je vidais mon esprit et me concentrais. Mes paupières closes me permettaient de faire abstraction du vieil imbécile aux grenouilles. Je visualisai mentalement l'énergie qui circulait dans ton mon corps. Avant de rediriger massivement l'énergie vers mes pieds, tout en contrôlant la sortie de mon corps. J'entendis les pas de l'ermite pas net se rapprocher de moi.

_ Approche mon enfant.

_ J'vous ai déjà dit d'aller vous faire voir.

_ Allez approche.

J'ouvris les yeux et avançais de quelques pas dans sa direction. Il avait une main derrière le dos le fourbe. Qu'est-ce qu'il préparait ?

_ Je ne vous fais toujours pas confiance, signalais-je.

Peut-être qu'il tenterait d'ôter le haut de mon maillot de bain ! Vite, je cachais ma poitrine sous mes bras lorsque je vis sa main avancer vers moi. Ses doigts durs s'enfoncèrent dans mon ventre. Cinq flammes irradièrent, brûlantes. La douleur me rappela celle ressentie lorsque le vieux serpent m'avait mis hors combat dans le but de se concentrer uniquement sur Sasuke. La douleur me plia en deux, et je tombais au sol en gémissant. La voix du vieux ninja tomba d'en haut :

_ J'ai touché un point sensible pour te relaxer. Alors marche à nouveau sur l'eau Naruto-chan.

_ Mais vous êtes vraiment pas vraiment pas bien dans votre tête vous…

Je me relevais tant bien quel mal et marchais vers l'eau à pas lents. Cette histoire était des plus suspectes. On venait de me cramer le ventre et maintenant il me proposait de marcher à nouveau sur les eaux ! Il était franchement dérangé. Mais dès que je posai les pieds sur l'eau, je sus que quelque chose avait changé. Je lâchais un rire incrédule avant de sauter d'un pied sur l'autre. Puis je me retournais vers mon bienfaiteur, un sourire aux lèvres.

« Hey,Kitsune ! »

« Kyuubi ! Je t'entends de nouveau ! »

« Tch. Agaçante avec sa joie communicative à deux balles. »

« Allez, avoue que je t'ai manqué pendant qu'on était séparés. D'ailleurs t'étais où ? »

« Où voulais tu que je sois ? J'ai été scellé dans une gamine ! Si j'avais pu me libérer, y'aurait longtemps que je t'aurais croquée pour te faire regretter tes actes. »

« Ouais bah tu m'as manqué à moi aussi »

« … »

« Euh Kyuubi ? T'as pas encore disparu, hein ? »

« … »

« Ou alors ça te gène que je te dise que je t'aime bien ? T'es un démon sympa par certains aspects. »

« Dis surtout que tu ne peux pas te passer de moi… »

« Rah tu fais chier ! »

_ Allez-toi, sors de l'eau ! Je vais t'apprendre une nouvelle technique !

_ Non merci.

_ Pas la peine d'être emplie de joie je… Quoi ? Mais je…

_ Ah non ! Les weekends je fais ce que je veux ! Ce sont mes seuls jours de libres durant ma formation ANBU.

_ Tu… Avec tes capacités actuelles ! Mais c'est totalement ridicule !

« Ah bah moi je l'ai toujours pensé très fort »

« Ta gueule ! Tu vois tu fais tout pour qu'on se tape dessus alors qu'on vient à peine de se retrouver ! »

_ Quoi que…

Jiraya prit un air songeur. Ses yeux m'analysèrent avec une acuité dérangeante. Il ne regardait pas mes formes, mais semblait regarder à travers moi mes actes. Puis il sourit, et je me méfiai. Ce n'était pas un sourire sympathique. Une lueur de défit brillait dans ses pupilles. Avec rapidité, il bougea, invoqua une multitude d'armes de jets qu'il jeta sur moi avec une vitesse incroyable. Toujours sur l'eau, je me lovais et tordais mon corps en tous sens pour éviter cette menace. Rien de plus facile. Avancer les épaules. Reculer la tête. Faire le pont. Prendre appui sur une main. Ecarter les jambes. Vriller. Poser une demi-pointe sur l'eau. Injecter du chakra pour me projeter en l'air. Là, parmi le nuage métallique, je vis une forme qui n'étais pas effilée. Elle arrivait de derrière moi. Par réflexe, ma main gauche saisit l'objet rond avec force. Au lieu de se lever dans ma paume et de stopper sa rotation, je sentis l'objet gémir sous la pression de mes doigts. Jiraya venait de me lancer une pomme ! Et sans y penser, je l'avais écrasée avec force. La chair et le jus du fruit coulaient le long de mon avant bras. Je fixai le vieil homme.

_ Je me disais bien que tu n'avais pu obtenir tes blessures de guerre et tuer un homme dans la forêt sans te débrouiller au moins un peu. Mais je peux t'apprendre à utiliser le deuxième chakra qui sommeille en toi !

_ J'ai dit que j'étais pas intéressée.

_ Considère déjà les effets de la relaxation de ce point sensible dans ton ventre ! La maîtrise de ton chakra est devenue bien meilleure grâce à moi en quelques minutes !

« Kyuubi, il parle de toi, non ? Enfin, le deuxième chakra qui sommeille en moi, c'est le tien, non ? »

« Te fais pas avoir, t'as pas besoin de lui Kitsune. Si tu veux utiliser mon chakra c'est pas à un vieux pervers qu'il faut demander, mais au propriétaire légitime. »

« Eh bien je vais te dire, je suis parfaitement d'accord avec toi. »

« Et puis la maîtrise de ton chakra était juste perturbée par le sceau que t'a infligé cet homme-serpent. Normalement il aurait du m'isoler moi uniquement, mais il l'a foiré, alors ça a dû fermer quelques uns de tes centres de production de chakra. »

_ Bah je les ai considérés. Et vous m'avez défoncé le ventre avec votre rupture de sceau.

_ Ah ? Tu… Tu avais remarqué que…

_ Et puis le chakra de Kyuubi, c'est lui qui le donne s'il le veut. Et franchement, je ne vois pas à quoi vous serviriez pour ce qui est de négocier avec un démon irascible.

Je passai ma main dans l'eau pour nettoyer le jus de fruit collant, récupérais mes affaires et me rhabillais.

_ Et puis vous me proposez de devenir mon Sensei juste dans le but de me mater, je présume. Ce sera sans moi. Au moins Ebisu-Sensei a la décence de se prétendre gentleman.

_ Deviens mon élève, c'est un ordre !

_ Je n'obéis qu'aux ordres de l'Hokage.

Sur ces mots, je décidai de rentrer chez moi. En arrivant à mon appartement, je constatais que je portais toujours les anciens vêtements de Shikamaru. Bah, s'ils étaient trop petits pour lui, ils ne lui manqueraient pas. Me souvenant des bandits dans la forêt, je décidai de me rendre au bureau de l'Hokage pour le prévenir. Dans le couloir attenant à son bureau, j'attendis qu'on m'ouvre. Je me doutais qu'il pouvait me voir depuis sa boule de cristal bizarre.

Devant mon apparence et mes blessures que la réapparition de Kyuubi avaient fait cicatriser, je lui expliquais tout depuis le début. Le sauvetage de Hanabi Hyuuga, et de l'homme trouve presque mort dans les fourrés. Et enfin mon combat contre Zaku. Le Sandaime m'écouta sans sourciller, tirant sa pipe de temps à autre. J'évoquais aussi Jiraya et son insistance pour faire de moi son élève. Bref je finis par lui vider mon sac de tout ce qui n'allait pas dans ma vie, de cette histoire de parrain à Sasuke qui m'avait embrassé.

_ Ce sont là… des choses très différents, Naruto, me dit-il. Tout d'abord, saurais-tu reconnaître ce Zaku si tu le voyais en photo ?

_ O… Oui, je suppose…

_ Bien.

Il sortit un recueil de son bureau, et me proposa de le feuilleter. Dedans, des hommes et des femmes, classés selon un ordre qui m'était inconnu. A mes yeux, cela ressemblait à d'anciennes fiches de ninjas originaires de tous les pays. Des déserteurs ! Je finis par identifier l'homme que je cherchais vers le milieu de l'ouvrage. Je le tendis de nouveau le livre.

_ C'est lui.

_ Tu en es sûre ?

_ Certaine.

_ Yasorô Zaku. Criminel de rang B. Apparemment tu l'aurais éliminé dans la forêt.

_ J'ai faillit y passer aussi, si Jiraya ne m'avais pas aidé.

_ Il n'empêche que c'est impressionnant. Je ne pensais pas que tu t'étais améliorée à ce point Naruto.

_ Question auxiliaire… Depuis quand vous savez que je suis une fille ?

_ Mais depuis longtemps Naruto. Depuis le tout début. Qui crois-tu qui s'occupait de toi lorsque tu étais enfant ? Mais revenons-en au fait. Sais-tu comment sont classés ces personnes ?

_ Pas vraiment… Les lettres font-elles référence aux lettres attribuées aux missions ?

_ Bien, très bien ! Comme tu le sais, les missions sont labelles selon un niveau de difficulté préétabli, de manière à correspondre à un niveau théorique des ninjas. D est le plus bas niveau, un Genin débutant ou peu doué se voit attribué ces missions ou cette lettre dans le cas d'une désertion. Un Genin de niveau supérieur se voit attribuer des missions de rang C, pour les Chuunin la lettre est B et pour les Jounins, c'est la lettre A voire S si ses états de service sont excellents.

_ Alors ce Yasorô Zaku avait un niveau de Chuunin ?

_ Et cela confirme mes dires. Tu es très forte. Le pari que Kakashi a fait sur tes capacités et leur évolution est donc totalement fondé. Toute seule tu n'aurais pas dû être capable de l'abattre. Ce qui signifie que tu as fait quelque chose de très mal Naruto. Tu as bien agi en sauvant Hyuuga Hanabi, et il est certain que tu seras remerciée pour cela, mais ton problème actuel reste ton inconscience. Dès que tu as vu ce cavalier, tu aurais du venir me prévenir.

_ Dans ce cas le garde du corps serait mort. Je sais qu'il a eu le temps d'être pris en charge par les services de sécurité. Sans moi il ne serait plus de ce monde. Mais je tâcherai d'être plus vigilante à l'avenir.

_ Bien. Veux tu que nous évoquions tes autres difficultés. Notamment celles avec les jeunes Uchiha et Hyuuga. Cela risque d'être problématique si tu ne peux t'entendre ni avec l'un ni avec l'autre.

_ Mais je vous ai dit à quel point ils étaient désagréables envers moi !

_ Là encore, je me dois de te mettre en garde. Il s'agit de ta vision des faits. Et dans une vision objective de tes devoirs de ninja il va falloir que tu mettes ces sentiments de côtés.

_ Je ne pense pas qu'on devienne un meilleur ninja si on laisse ses sentiments de côtés.

_ Tu as raison, une dose de passion est nécessaire dans la vie, quelle que soit notre carrière. Malheureusement, si ces émotions gênent ton discernement ou ton esprit d'équipe, il te sera nécessaire de les apprivoiser. Tout doit-être sous contrôle.

_ Et quand est-ce que je peux relâcher la pression ? Je ne vais pas rester sur ce genre de statu quo avec ces types. Ce ne serait pas viable, n'est-ce pas ? Et nous risquerions de nous blesser tous les trois de manière irréversible.

_ Tant que tes actions ne mettent ni en danger le village ou un de ses habitants, qu'elles ne sont pas illégales non plus, tu peux faire ce que tu souhaites. Mais une fois envoyée mission, il te faudra te contrôler.

_ J'peux vous poser encore une question ?

_ Oui.

_ C'est que… Elle est un peu délicate… Ebisu-Sensei a été témoin du baiser que j'ai reçu de Sasuke Uchiha, et il semblerait qu'il ne soit pas le seul à nourrir de telles pensées à mon égard… Alors il m'a parlé des parrains. Et… Comment dire… Je ne me sens pas du tout prête à… Et surtout s'il s'agit d'un ami… Enfin je ne comprends pas comment… Surtout dans ma situation.

_ Oui, effectivement, j'ai été mis au courant de cette histoire. Hem… (Le rouge monta aux joues du vieil homme. Pfff, encore un pervers !). Il n'est pas nécessaire de passer à l'acte immédiatement. Ni même forcément avec ton camarade. Disons qu'il s'agit d'une sorte de mesure de dernier recours… Plus une tradition. Et Ebisu-Sensei n'est pas très progressiste.

_ Vous savez qui est mon parrain ?

_ Oui. Mais ce n'est pas à moi de te révéler son identité. Bien, Naruto, j'ai à faire quelques tâches administratives. Je n'ai pas tellement de temps à te consacrer. Mais pourrais-tu me rendre un service et t'occuper de mon petit fils ?

_ On considère ça comme une mission de rang D ou je dois vous le faire gratuitement ?

_ Hmmm, une mission de rang D en solo pour toi ? Je te l'accorde. Allez vas-y avant qu'il ne lui prenne encore l'idée saugrenue de venir m'assassiner.

Je m'inclinais respectueusement devant le chef de notre village avant de quitter les lieux. Il ne put s'empêcher de sourire devant mes manières. Sans trop savoir comment, je devinais qu'il était fier de moi. Bon, j'avais un petit garçon à divertir ! Je parcourus les couloirs semblables de l'administration. A part les photos des Hokage accrochées au mur, la décoration laissait à désirer. Mes pas me menèrent rapidement à la maison habitée par Konohamaru. Je toquais courtoisement à la porte et fus accueillie par une jeune femme qui devait avoir une petite trentaine d'années. J'exposais le motif de ma venue en ces lieux, et elle appela son fils à descendre. Elle m'expliqua quelques détails sur les spécificités de son fils : ce qu'il aimait et détestait, les réactions à adopter en fonction de diverses situations…

_ Konohamaru-chan, cette jeune fille vient de la part de ton grand-père pour s'occuper de toi.

_ Mais m'man, c'est Naruto-Nii-chan ! Trop fort ! Comment tu fais pour que ça fasse toujours aussi vrai quand t'es une fille ?

_ Euh… Konohamaru… Je suis une fille. Je l'ai toujours été.

_ Hein ?

_ Bon, eh bien je vous laisse, puisque vous vous entendez déjà si bien. Vous me le ramenez pour la nuit, Ojou-chan ?

Je proposais une promenade au garçon qui accepta. Il me regardait avec les yeux plissés, comme cherchant le défaut qui dévoilerait le « truc » de mon tour de passe-passe. Sauf qu'il n'y avait aucune illusion cette fois-ci. Les lèvres serrées, il courait autour de moi en marmonnant, poussant des grognements attestant de la profondeur de sa réflexion. Cela commençait sérieusement à m'agacer.

_ Il faut que je fasse quoi pour que tu arrêtes de me tourner autour ? explosais-je en m'arrêtant brusquement. Ça fait deux fois que je manque de te flanquer un coup par mégarde.

_ Mais pourquoi t'étais pas une fille avant.

_ Parce que je n'avais pas envie. Y'a des tas de trucs qu'on interdit aux filles. C'était plus fun d'être un mec.

_ Pourquoi t'as arrêté alors ?

_ Parce que ça gênait notre équipe que je passe tout le temps pour un boulet et que je n'utilise pas mes capacités.

_ Mais c'est nul ! Je peux pas avoir une fille comme Boss !

_ Heh, va falloir t'habituer, mon petit ! Les femmes arrivent au pouvoir !

_ Et… Naruto-Nii-chan… ? Je peux te demander un truc ?

_ Vas-y, notre relation n'a pas changée.

_ C'est comment des vrais seins ? Pour que ma Sexy Meta elle ait l'air aussi naturelle que la tienne.

_ M… Mais je t'en pose des questions ! Et je t'ai déjà dit que j'étais une fille !

_ T'es vraiment pas drôle, avant t'aimais bien qu'on fasse des trucs entre mecs !

_ C'est la vie, Konohamaru.

_ Ben c'est nul !

_ Tu veux qu'on aille où maintenant ?

_ Je… Je veux voir l'entrainement d'oncle Asuma !

_ C'est ton oncle ? J'savais pas. Tu sais où ils s'entrainent ?

_ Oui ! Suis-moi.

Il me prit la main pour me tirer et se mit à courir. Je laissais mes doigts se refermer sur les siens. C'était bien d'avoir une main dans la sienne. C'était chaud. Et dans mon cœur, une petite flamme joyeuse dansait. Le garnement m'adressa un sourire troué, ses dents encore en croissance. Je ne pus m'empêcher de lui répondre. Sans une once d'ironie. De la pure joie. C'était comme ça d'avoir un petit frère ? Le rouge lui monta aux joues et il détourna les yeux. Il avait les yeux brillants de l'enfant qui vient de recevoir un merveilleux cadeau pour son anniversaire. Il serra plus fort sa prise, comme s'il ne voulait pas que je m'en aille. Je répondis à la pression. Nul besoin de se parler où de se regarder. Comme ça on se comprenait. Nous étions amis. Nous étions rivaux. Nous étions frère et sœur. Nous étions heureux.

En chemin, voyant qu'il s'essoufflait, je lui proposais de faire une pause. A côté, une petite boutique ouverte à toute heure du jour et de la nuit nous tendait les bras. J'achetais une glace à l'eau. Une de celles qui sont sécables. J'en offris la moitié à mon petit camarade. Avant d'acheter une bouteille d'eau. Quel que soit le temps, il valait mieux prendre ses précautions et s'hydrater régulièrement. Nous continuâmes le chemin en marchant, main dans la main, nos bâtonnets dans l'autre main. Le goût sucré et le liquide glacé qui fondait emplit ma bouche d'un arôme citronné. Le petit semblait heureux. C'était bien.

Quand nous arrivâmes au lieu dit, je vis Shikamaru en combat face à Asuma-Sensei. Mon ami semblait exténué. Un peu de terre et quelques égratignures parsemaient sa peau exposée. Le professeur gonfla sa poitrine et un nuage de fumée sortit de sa bouche. Konohamaru avait un air excité à sa vue. Il devait déjà connaître cette technique de Ninjutsu. Le nuage s'approcha dangereusement de Shikamaru qui préféra battre en retraite. Ses doigts étaient encore joints pour effectuer sa technique du Kage Mane. Les dents du barbu claquèrent, et l'étincelle produite embrasa le nuage. Qui explosa. Le souffle de l'explosion balaya Shikamaru qui ne put résister au souffle. Je me baisai sur mes appuis pour résister et agrippais le gamin par l'épaule. Je le plaquais contre moi et protégeais mes yeux de mon bras libre. C'était malin, en plus de l'éloigner de son ombre, la lumière des flammes avaient changé la configuration du terrain pour Shikamaru. Mes doigts gémirent sous la pression et je sentais le garçon glisser. La seule chose que je n'avais pas prévue était la direction dans laquelle Shikamaru tomberait : la nôtre.

Un corps masculin nous percuta à pleine vitesse. Et j'amortis la chute du brun. L'élan qu'il avait fit sortit l'air de ma poitrine d'un seul coup. Mes fesses heurtèrent le sol avec dureté, j'eus la présence d'esprit de soulever Konohamaru assez haut pour qu'il ne soit pas trop exposé. Mon bras nus et mon épaule furent râpés contre le sol en terre battue. Lorsque le mouvement fut cessé, Shikamaru était complètement affalé sur moi. J'avais un bras qui pissait le sang, et un gosse qui se relevait sans aucune blessure pour aller embrasser son oncle. Vie de merde.

Je relevais les yeux vers Shikamaru. Son visage était très proche du mien, je pouvais même sentir son souffle balayer mes mèches. Et ses yeux étaient fixés sur mon visage avec une expression que je ne leur connaissais pas. Comme s'il ne parvenait plus à analyser la situation avec la tête froide. Ils tentaient de s'écarter et pourtant revenaient toujours à force de circonvolutions inutiles. Et me regardaient sans pour autant être là. J'aurais aimé savoir à quoi il pensait à ce moment précis.

_ Hum, tu pourrais te lever maintenant ? demandais-je, rompant la fascination dans laquelle il était plongé.

Il se mit presque immédiatement sur ses pieds. Comme affolé. Avant de soupirer et de se passer une main sur le visage en soupirant. Puis me tendit sa main pour m'aider à me relever. Je serrai les dents. La douleur vive de mon épaule et mon bras se rappela à moi.

_ Désolé c'est ma faute, s'excusa-t-il.

_ Non, c'est moi qui aurais dû faire attention.

_ Non, c'est moi, s'entêta-t-il en rougissant. Tu voulais sauver le neveu d'Asuma.

_ Non, non, j'étais tellement absorbée par votre combat que je n'ai pas pensé à…

_ Bon, vous n'allez pas vous excuser pendant une semaine, rit Asuma.

Je jetais un coup d'œil à ma blessure. Elle n'était guère profonde mais hideuse à voir. Mais cela allait. Je sentais déjà les pouvoirs curateurs que m'octroyait Kyuubi faire cicatriser la plaie. Je relevai la tête et offris un sourire à mon ami pour le rassurer. Le sourire qui dit « Je vais bien et je suis heureuse. » Et que trouva Konohamaru de plus intelligent à faire en ce moment ? Pour se venger de la chute que nous avions eue ? De frapper Shikamaru d'un grand coup de pied derrière la tête. Qui rate et toucha l'épaule de Shikamaru. Avant qu'il n'ait le temps de se plaindre, au moment où son corps encaissa le choc, le visage du jeune homme fut projeté sur le mien. Et sa bouche se posa sur la mienne.

Mon premier baiser qui n'était pas celui de Sasuke. Mais tout aussi accidentel que le premier que j'avais eu.

Sauf que là le coup de crâne qu'il venait de me donner avait été douloureux. Cela avait plutôt tenu d'un choc entre nos dents de devant. Donc peu agréable. Pourtant, alors que nous nous reculions chacun de notre côté en gémissant de douleur et pestant contre Konohamaru, j'eus une curieuse pensée. Cela ne l'aurait pas dérangée de recevoir un baiser de Shikamaru. Parce qu'il ne faisait pas partie de ces garçons qui m'avaient tordu le cœur. Il faisait partie de ces amis que j'aimais profondément. Et recevoir un baiser, s'il était donné avec l'intention d'aimer et non pas de posséder ne pouvait être qu'un compliment. Lorsque je me relevais, du sang gouttait de ma lèvre inférieure. Et le brun semblait fasciné par cette goutte qui perlait le long de la plaie que ses dents avaient ouverte. Une preuve irréfutable de ce qui était arrivé. Je ne pus m'empêcher de rougir affreusement et de me retourner pour éviter son regard. Et pourtant je le sentais dans mon dos. Je pouvais presque entendre sa voix.

Et il aurait dit « Il faut qu'on parle »

Au lieu de cela, Konohamaru intervint une nouvelle fois :

_ Waaa, les amoureux !

_ Si Asuma n'était pas là, entendis-je Shikamaru grogner.

_ Si ce gamin n'était pas là…

Le contrôleur des ombres s'approcha de moi et me rendit mon sac. J'en extirpais la bouteille d'eau. Elle avait été un peu écrasée sous le choc. La deuxième pomme qui me restait après le vol de Jiraya. Le fruit avait pris quelques coups. Sous sa peau, des taches plus sombres m'indiquaient où la chair avait été blessée. Je soupirai. Par terre, sur le « champ de bataille » gisaient nos glaces en morceaux que nous avions dû jeter durant l'action sans nous en rendre compte. Je pris quelques gorgées d'eau pour nettoyer le goût de sang qui avait envahi ma bouche. Puis je la proposais du geste à l'autre blessé qui opina. Je lui lançais. Ses yeux noisette se fixèrent sur le goulot, et il eut une hésitation.

« Baiser indirect » commenta Kyuubi.

« Toi je t'ai pas sonné ! »

« Comme si je pouvais faire autre chose que d'observer tes amourettes ridicules. Vos coutumes d'accouplement sont bizarres. Il est manifeste que tu plais à ce mâle. Si vous aviez été des démons, il y aurait longtemps qu'il t'aurait attrapée et… »

« Je… Je ne veux rien savoir de plus ! »

Mais il avait certainement raison quant à l'explication. Shikamaru, est-ce que je lui faisais vraiment de l'effet ? Possible. Mais je ne le connaissais que comme ami. Ce gars qui me prenait un peu en pitié pour mon manque de capacités intellectuelles et qui enviait ma capacité à rire de tout même dans mes moments de déprime. Mais ça c'était avant. Nara Shikamaru était le meilleur ami d'Uzumaki Naruto. Bien que dans les premiers à accepter l'existence de Namikaze Naruto, que représentait-il réellement à mes yeux. Nous étions de parfaits étrangers l'un pour l'autre. Tout en nous connaissant presque intimement.

L'émotion que je ressentais était étrange. Agréable, oui. Mais indéfinissable.

Mais j'étais certaine que Shikamaru ne serait rien de plus qu'un ami à mes yeux.

_ Et si on faisait une pause pour l'entrainement fiston ? Tu peux rentrer chez toi pour panser tes blessures et celles de Naruto.

_ Merci Asuma. A demain.

_ A demain les jeunes ! nous salua-t-il avant de s'en aller, une cigarette aux lèvres.

_ Ah mais je dois m'occuper de Konohamaru, ordre du Sandaime, objectais-je.

_ Quelle galère… Bah, ma mère aurait préféré que j'aie toujours cet âge… Il n'a qu'à venir aussi.

_ Non, vraiment, je me dois de refuser, fis-je. Je ne voudrais pas m'imposer.

_ Rhaaaa, tu as encore cette même attitude distante que pendant le repas. C'était super chiant, et l'atmosphère était pourrie. C'est quoi cette histoire ?

_ Je ne peux pas te dire.

_ Naruto-Nee-chan ? Est-ce que tu peux me racheter une glace ?

_ Ma mère a dû faire du gâteau pour le goûter.

_ Ouais, super ! On y va ?

Je soupirais. La voix de la majorité avait parlé. Nous repartîmes donc tous les trois. Shikamaru laissait ses pieds le guider, il avait croisés les mains derrière sa tête et observait la lente révolution des nuages. Konohamaru courait un peu partout, ramassant des trésors enfouis dans la terre pour nos les montrer avec fierté. Chaque fois, je le gratifiais d'un sourire. Je ne pouvais m'empêcher de passer ma langue sur ma blessure. Je savais qu'elle ne saignait déjà plus et que la peau avait commencé à repousser, mais c'était machinalement que je le faisais. L'accueil que me réserva Nara Yoshino fut des plus agréables. Elle s'excusa même de son comportement inapproprié à mon égard.

_ Non, ce n'est pas la peine de me demander pardon. Je comprends. Ça ira, j'ai l'habitude.

_ Mais ça ne veut rien dire ! Ce n'est pas l'habitude de la douleur qui va faire disparaitre cette douleur. Mon comportement était indigne et injustifié.

Elle me prit dans ses bras dans un élan d'affection maternel. Je ressentis de nouveau cette chaleur et imaginais que c'était ma propre mère qui me serrait ainsi dans ses bras. Yoshino était vraiment quelqu'un aux humeurs changeantes. Et elle était impulsive. De ce fait, elle constata dans quel état son fils et moi nous trouvions.

_ Shikamaru ! Tes vêtements sont sales ! Et comment ça se fait que Naruto-chan soit blessée aussi ! Allez tout de suite m'arranger ça et que ça saute.

_ Elle est flippante tamère, murmurais-je à l'oreille de mon ami.

_ T'as pas idée.

_ Shikamaru-Nii-san a dit qu'il y aurait du gâteau.

_ Konohamaru ! Tu ne t'es même pas présenté à Yoshino.

_ Oh, tu es le petit fils du Sandaime !

Une lueur s'assombrit dans le regard de l'enfant. Il n'aimait pas être relégué dans l'ombre de son grand père. Cela le blessait profondément, et je pouvais comprendre. Après tant d'années sous la menace de Kyuubi. Et maintenant tout le monde semblait savoir qui était Namikaze Minato. Là encore des noms qui n'étaient pas les miens m'éclipsaient moi.

_ Va t'installer dans le salon, je vais apporter de quoi manger pour tout ce petit monde. Qu'est-ce que vous faites encore là vous deux ?

Shikamaru soupira avant de me montrer la porte d'un signe de tête. Je lui emboîtais le pas. Je retrouvais la salle de bain. Le tabouret m'offrit un siège acceptable le temps que le garçon se débarbouille efficacement. Il me laissa seule quelques instants, le temps d'enfiler des vêtements plus pratiques pour trainer à la maison. Lorsqu'il revint, j'attendais toujours dans la même position. Avec des gestes habitués, il sortit une bouteille d'antiseptique et du coton avec lesquels il désinfecta mon épaule et mon bras.

_ Bon, ben plus de peur que de mal, déclara-t-il ensuite.

_ Shikamaru. Je peux te poser une question ?

J'eus une inspiration soudaine. Quelque chose d'instinctif me poussa à demander.

_ Quoi ?

_ Est-ce que tu es mon parrain ?

_ Je… Euh… Mais c'est quoi cette question ? Bien sûr que non ! (Il rougit)

_ Ah…Pardon, j'avais cru. (Je détournai les yeux vers le carrelage.) Comme on est deux dans mon équipe, et que Sasuke est déjà assez occupé avec Sakura et le reste de son fan club… Et puis le fait que tu sois gentil à ce point d'un seul coup.

_ Mais je n'ai pas changé. Je veux dire, de nous deux, c'est toi qui… Enfin, tu vois où je veux en venir.

_ Ouais…

_ Mais je sais de qui il s'agit, pour tout te dire.

_ Non ! Tu déconnes ?

_ Tu veux vraiment savoir ?

_ C'est très important pour moi.

_ Eh bien… Tu n'en as pas.

_ Hein ?

_ Réfléchis deux secondes ! Tu croyais qu'on allait faire quoi, réunir ceux qui n'avaient parrainé personne et leur demander s'ils voulaient te parrainer ou non ?

_ Mais… Mais j'ai reçu un message de sa part.

_ Ben tu t'es fait avoir, c'est sans doute quelqu'un qui se veut se moquer de toi. Ou quelqu'un qui souhaite te faire croire qu'il est ton parrain. A vue de nez, sachant qui te tourne autour… Je dirais Sasuke ou ce Neji.

_ Mais tous les adultes ont joué le jeu ! Ebisu-Sensei, Iruka-Sensei… Même Hokage-Sama ! Quel était leur but de me faire croire à cette histoire ?

_ Peut-être pour te rassurer. Tu as toujours eu envie d'être comme tout le monde Naruto. La preuve : tu as agis comme une personne polie le ferait devant ma mère, alors que je sais qu'elle t'a blessée par son attitude. Le Naruto que je connaissais…

_ N'est plus là ! Je suis une autre personne.

_ Oui, mais… C'était mon ami.

_ Tu veux dire que toi et moi… On ne peut pas être amis ?

_ Mais non ! Raaaah, essaye de suivre un peu ! Toujours à sauter sur des conclusions hâtives ! Tu as beau avoir changé extérieurement, à l'intérieur, c'est toujours l'ami que j'ai connu.

Je fus surprise lorsqu'il tendit son poing vers moi. J'y choquais le mien. Il n'avait pas son pareil pour me remonter le moral. Voilà pourquoi je le considérais comme mon ami le plus fidèle. L'après-midi se termina sans trop d'encombres. Le seul incident qui fut à déplorer fut de la faute de Konohamaru (encore), qui décidant de se prouver une bonne fois pour toutes que j'étais de sexe féminin, posa sa main sur ma poitrine en guise de test. Et se mangea une droite dans la gueule. J'eus d'ailleurs un peu de mal à expliquer à sa mère pourquoi il avait un œil au beurre noir. J'inventais une réponse bidon et partis me faire rétribuer par l'Hokage. Ainsi se termina mon premier Samedi de libre. Assez satisfaite de ma journée, complètement fourbue et toujours couverte des blessures infligées par Zaku, je rentrais à mon appartement. Où je découvris deux hommes en pleine discussion.

_ C'est une manie chez vous de s'inviter chez les gens sans prévenir ? demandais-je en refermant la porte.

_ Naruto-chan ! Explique donc à cet individu que je suis ton parrain !

_ Quel manque de savoir vivre ! Totalement indigne d'un gentleman.

_ Ebisu-Sensei, il veut juste dire que c'est lui qui a donné mon nom à mes parents. Du moins c'est ce qu'il prétend ? Je n'ai jamais vu cet individu de ma vie.

_ Hum… Je peux comprendre. Mais que fait l'un des trois Sannin dans Konoha ? Depuis le temps que l'Hokage vous fait rechercher…

_ Eh bien, je continue mes recherches d'ordre privé.

_ Comprenez qu'il passe son temps à mater les jeunes filles aux bains.

_ Non, je parle d'autre chose. Mais il est inutile d'inquiéter Naruto avec ces histoires. Maintenant que tu es là, revenons-en au sujet qui nous préoccupe tous les trois. Et deviens mon élève.

_ Ma réponse est toujours non. Ebisu-Sensei s'occupe de ma formation ANBU et je lui fais totalement confiance sur ce point.

_ Mais tes weekends sont libres à ce que j'ai entendu dire, tout comme tes soirées…

_ Ebisu-Sensei… S'il vous plait, expliquez-lui que c'est impossible !

_ Impossible Naruto, je dois voir cette affaire avec Hokage-Sama.

_ La décision ne vous appartient-elle pas ?

_ Je préférerais la savoir réfléchie en plus haut lieu.

_ Je ne pensais pas devoir aller jusque là pour vous convaincre, mais…

Je croisais mes doigts et formais dix Kage Bunshin. Ebisu-Sensei laissa échapper un sourire méprisant. Et remis ses lunettes noires à monture ronde sur son nez. Jiraya se contenta de s'appuyer contre mon évier et de toiser la scène en croisant les bras. J'avais dans l'idée qu'il était en train d'évaluer mes propres capacités.

_ Naruto, durant cette entière semaine, tu as été totalement incapable de me surpasser, en combat. Ce n'est pas de cette manière que tu obtiendras quoi que ce soit. Et de toute manière, si tu me bas, tu n'obtiendras pas grand-chose de plus. La violence ne résoudra rien.

_ Qui dit que je souhaite cela ? Au contraire, c'est par amour que je veux vous convaincre.

Je lui adressais un clin d'œil complice et il blêmit. Je crois qu'il se souvenait de cette humiliation. Je formais les signes du Henge no Jutsu avant d'utiliser la technique du Harem. Une dizaine d jeunes filles pulpeuses se jetèrent au cou du professeur d'élite, tandis que je restais moi-même en retrait pour observer la scène. J'avais cependant oublié Jiraya. Et celui-ci m'adressa un grand sourire, la bave aux lèvres et le nez qui saignait à cause de l'excitation.

_ Oooh quelle technique incroyable ! Deviens mon élève, Naruto-chan ! JE ne peux plus résister !

_ Je n'ai toujours pas envie.

_ Mais enfin cet accord n'aurait que des avantages pour nous deux !

« A-t-il vraiment dit qu'il faisait partie des trois Sannin ? »

« Tu sais quelque chose Kyuubi ? »

« Ces trois ninjas font partie de la légende ! Ce sont les ninjas les plus forts de Konoha. Ils ont été les élèves du Sandaime Hokage. »

« Sans déconner ? »

« Tu devrais accepter l'offre du vieux pervers Kitsune. »

« Alors que je ne suis même pas certaine de ses capacités réelles ? »

_ Je ne suis même pas certaine de savoir si vous êtes un bon ninja ou pas, déclarais-je à Jiraya.

Assis sur une chaise, Ebisu-Sensei tentait de calmer ses émotions. Je l'avais épargné en faisant disparaître toutes ces blondes nues.

_ J'ai quand même battu ton professeur.

_ Ça ne veut strictement rien dire. Moi aussi je l'ai mis à terre avec mon Harem no Jutsu. Ce qui ne signifie aucunement que je surpasse Ebisu-Sensei.

_ Mais je peux t'apprendre à utiliser le chakra de Kyuubi !

_ Je communique déjà avec mon démon intérieur. Et malgré vos dires, je ne suis pas certaine de la rentabilité d'un entrainement avec vous.

_ Alors dans ce cas. Tu n'as qu'à me combattre avec la force de Kyuubi. Si tu gagnes, je te laisserai faire à ta guise. Mais si je gagne… Tu devras aussi t'entrainer avec moi !

Je relevais son défi. Il ouvrit la fenêtre et sauta dehors. Avant de le suivre, je demandais fermement à Ebisu-Sensei de bien vouloir vider les lieux et de retourner chez lui. Jiraya m'attendait sur le toit de mon immeuble. Dès que j'arrivais, il repartit en courant. Il était rapide le bougre. Je le suivis, adoptant une vitesse similaire. Mais dès que je pouvais tendre le bras pour le frôler, il accélérait une nouvelle fois. Mes poumons me brûlaient. Je ne pourrai pas tenir à cette vitesse de pointe bien longtemps. Et il le savait.

« Besoin d'aide Kitsune ? »

« Oui, plutôt. Je peux t'emprunter un peu de chakra ? »

« Définis 'un peu' »

« Putain, Kyuubi tu fais chier ! Allez, sois pas chiant, et viens m'aider. »

Ainsi fut fait. Je sentis l'énergie débordante du démon renard envahir mes méridiens de chakra. Jiraya qui m'avait distancé se retourna vers moi. Une lueur de reconnaissance brillait dans ses yeux noirs. Il voulait du Kyuubi ? Il allait en avoir ! Je galopais droit devant moi, le poing prêt à frapper. Sous mes pieds les tuiles des toits se brisaient et se décrochaient, tombant au sol dans un bruit de terre cuite brisée. Je bondis, intendant de frapper le vieil homme en plein visage. Comme si mon poing n'avait pas eu plus de force qu'un sac de plumes, il l'arrêta et sa main se referma sur celui-ci. Je tentais un coup de pied circulaire visait sa poitrine, mais il recula ses hanches. Mon pied effleura son ventre sans lui faire aucun mal. Profitant de ma rotation, sa main libre frappa durement la cuisse de ma jambe qui frappait, m'obligeant à continuer mon mouvement, et de ce fais à me tordre le bras, m'exposer et me mettre en équilibre. Son poing revint, plus fort encore, et me cueillit au plexus solaire.

_ Alors, demoiselle ? Satisfaite de mes compétences, demanda-t-il d'un ton railleur.

Hors de question que je me laisse faire de la sorte. Je parvins en force à dégager mon poignet prisonnier. Je me servis de ma position recroquevillée pour amorcer une rotation dans l'autre sens. Feintai et la transformais en vrille. Jiraya profita de mon moment de vulnérabilité en l'air pour me frapper de nouveau au ventre. Je fus projetée plus loin sur le toit. Dérapai et manquais de passer per dessus bord. Je me savais rapide. Comment diable avait-il pu frapper avec une telle précision, alors qu'il ne pouvait pas savoir que je feinterai.

_ On n'est dans un combat Naruto, pas dans une chorégraphie artistique. Montre moi ce que tu sais faire.

Je l'avais totalement sous estimé. Il était fort, rapide, précis. Tout le contraire de son aspect et son âge. J'aurais dû me baser sur sa carrure et sa taille. Notre match dura presque toute la nuit. Chaque fois qu'il me projetait à terre, je me relevais, toujours plus déterminée à lui faire mordre la poussière. Pourtant pendant tout cet affrontement, je ne parvins pas à lui mettre une frappe. Aucun de mes coups ne passe. Tous furent déviés, parés ou esquivés. Malgré l'aide et les encouragements de Kyuubi, et mes tentatives de stratégies qui semblaient amuser le Sannin, cela ne me menait à rien. J'étais totalement surpassée. Mon corps avait de plus en plus de mal à bouger. Et pire que pendant cet affrontement avec Zaku, tous les coups que je recevais m'handicapaient les uns après les autres. Mais je n'abandonnais pas. Lorsque Jiraya m'en demanda la raison, je répondis que c'était ma manière d'être ninja. Il eut l'air assez satisfait de ma réponse.

Lorsque l'aube pointa au dessus de l'horizon, je tenais à peine debout. J'avançais et frappais au jugé. Un goût de sans avait empli ma bouche. Je ne ressentais rien. Ni colère de me faire frapper. Ni honte de me faire battre par un vieil homme. Ni joie d'avoir trouvé un homme aussi fort contre qui me battre. Non. Je n'avais même plus la force de penser correctement. Mes positions restaient stables néanmoins. Et malgré mon épuisement général, j'étais capable de parer et d'esquiver encore assez bien. Finalement, Jiraya mit fin à mes escarmouches, et posa une main sur mon épaule.

_ Même rendue à la limite de l'inconscience, tu trouves le moyen de tenir debout. Tu peux être fier d'être une kunoïchi d'une telle valeur, Naruto. Et maintenant, souhaites-tu devenir mon élève.

_ Oui, m'entendis-je répondre, avant de tomber au sol et de m'endormir instantanément.



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