Fiction: Lagadoù

Kiba pensait être un étudiant ordinaire, jusqu'à ce fameux soir où il se fait successivement accoster par quatre individus aux pouvoirs étranges, les Lagadoù. Il se rendra alors compte qu'il est lui aussi un Lagad, et devra apprendre à maîtriser sa Capacité s'il veut cacher son secret à ses amies Karin et Anko.
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Aogami (Masculin), le 05/03/2013
Chapitre d'intense questionnement : quelle est donc la Capacité de Kiba ?



Chapitre 3: Test



Kiba se réveilla avec un bon mal de tête, dans la position dans laquelle sa chute l'avait laissé. Les volets étaient toujours à demi-fermés, laissant cependant filtrer un peu de lumière : le jour s'était levé. Il se releva avec peine, tandis que lui revenait en mémoire ce qui s'était passé. Il mit ses mains devant lui pour voir si elles brillaient toujours : ce n'était pas le cas, mais il constata avec surprise que sa peau était plus pâle qu'à l'ordinaire. Cela voulait dire qu'il avait éveillé sa Capacité ? Quelle était-elle ? Comment le savoir ? Kiba se souvint alors qu'il avait rendez-vous avec Mei. Elle avait certainement les réponses à ses questions.

"Quelle heure est-il, d'ailleurs ?"

Il consulta son réveil en s'étirant paresseusement... et s'interrompit en plein bâillement avec la sensation d'avoir raté une marche. Midi quinze !!

-Et merde ! jura-t-il.

Heureusement, il n'eut qu'à reboutonner sa chemise pour être prêt à partir. Il attrapa en trombe ses clés et son blouson, et se dirigea vers la porte. Il passa devant le miroir de sa salle de bains, y jeta machinalement un coup d'oeil distrait... et s'arrêta net.
Ce n'était pas lui qu'il voyait dans la glace ! Interdit, il s'en approcha. La personne qu'il voyait dans le miroir lui ressemblait beaucoup, sans être tout à fait lui. Ses cheveux n'étaient plus bruns mais noirs, et ses traits étaient légèrement différents, plus doux, plus félins, le rapprochant physiquement de Mei ou Iruka. Subjugué, Kiba passa un doigt le long de sa joue, à présent lisse et sans imperfection. Son reflet l'imita, confirmant ainsi qu'il s'agissait bien de lui.

-Waoh... souffla-t-il, impressionné.

Il croisa alors accidentellement son propre regard dans la glace. Ses yeux n'avaient pas vraiment changé, mais les couleurs étaient plus intenses : il pouvait distinguer avec plus de netteté son hétérochromie, la tache ambrée au milieu du bleu-vert de ses iris.
Tout à coup, ses pupilles se fendirent comme celles d'un chat. Il aurait dû y voir un risque, car il avait vu les yeux de Hidan faire la même chose avant qu'il ne subisse Dizesper, mais il était incapable de détourner le regard. Il les contempla se dilater, comme hypnotisé. Puis soudain, les pupilles se refermèrent brusquement, se réduisant à deux traits noirs verticaux, et Kiba sentit une douleur aigüe lui traverser les yeux, un peu comme lorsqu'il sortait au soleil après avoir passé des heures dans le noir. Affolé, et la mise en garde de Iruka lui revenant (un peu tard) à l'esprit, il s'écarta du miroir. Il se rassura en regardant autour de lui : il voyait toujours, il n'avait pas perdu la vue.
Soulagé, il s'attarda sur les aiguilles de la montre accrochée à sa tablette, au-dessus du lavabo : midi vingt !

-Oh putain ! ne put-il s'empêcher de lâcher.

La douleur qu'il avait sentie devant le miroir avait au moins eu l'avantage de lui rappeler une autre recommandation, celle de Mei, cette fois : il revint sur ses pas, saisit ses lunettes de soleil et les mit sur son nez, après quoi il quitta sa chambre, cette fois pour de bon.

"Je l'ai échappée belle !" songea-t-il en traversant la rue Saint Hélier d'un pas pressé.

Mais cette douleur... Était-ce un signe avant-coureur de la cécité, ou bien la manifestation de sa Capacité ? Kiba se sentit un peu déçu à l'idée que sa Capacité ne puisse consister qu'à donner la migraine aux gens. Il rêvait plus secrètement à quelque chose de plus grandiose.
Sur son passage, les gens le dévisageaient brièvement en le croisant. Cela le surprit, au début : même si son apparence avait quelque peu changé, il n'en restait pas moins humain. Ce ne fut qu'en levant la tête qu'il comprit : des nuages gris remplissaient le ciel. Porter des lunettes de soleil par ce temps devait trahir, dans l'esprit des gens, une certaine étourderie, sinon un caractère anticonformiste. Insensible aux regards intrigués, Kiba atteignit bientôt l'esplanade Charles de Gaulle. Il se demanda si Mei l'attendait toujours : sa montre indiquait tout de même midi et demie ! Il chercha des yeux la jeune femme. Par chance, l'esplanade n'était pas bondée, et il eut tôt fait de repérer la tenue blanche de Mei, assise sur un banc. Il se retrouva devant elle en quelques enjambées.

-Tu es en retard, commenta-t-elle sans le regarder.

-Je suis désolé, s'excusa honteusement Kiba en s'asseyant à côté d'elle. Je ne m'attendais pas vraiment pas ce que cette boule m'envoie au tapis. Vous auriez pu me prévenir, au moins !

Il sourit juste après, de peur de paraître trop réprobateur.

-Si je t'avais dit ce qui t'attendait, tu n'aurais pas osé t'en servir, se justifia Mei. Je me trompe ?

-Non, en effet, reconnut Kiba.

Il y eut un silence, seulement brisé par les cris de quelques enfants qui passèrent à une cinquantaine de mètres des deux jeunes gens.

-Et sinon, on fait quoi maintenant que j'ai éveillé ma Capacité ? demanda Kiba, non sans une certaine fébrilité.

-On va commencer par déterminer de laquelle il s'agit, dit Mei en se levant.

-Euh, je ne sais pas si ça peut aider, mais... Sans le faire exprès je me suis regardé dans le miroir, et je me suis fait mal aux yeux.

La dernière chose à laquelle Kiba s'attendait fut un coup sur la tête de la part d'une Mei visiblement pas contente du tout.

-Espèce d'inconscient ! dit-elle, furieuse. Tu te rends compte que tu aurais pu te tuer ?

-Mais je t'ai dit que je n'avais pas fait exprès ! se défendit Kiba d'une petite voix.

-Quand on utilise sa Capacité devant un miroir, le miroir réfléchit la Capacité. S'il s'était agi de quelque chose de dangereux, tu aurais eu des problèmes ! Tu as eu de la chance de t'en tirer avec une simple douleur !

-Est-ce que ça veut dire que ma Capacité consiste à donner mal à la tête aux gens ? voulut savoir Kiba.

Mei se tut un instant pour réfléchir, puis répondit :

-Je ne pense pas, en tout cas je n'ai pas entendu parler d'une telle Capacité. Bon, tu viens, ou tu comptes rester là à attendre je-ne-sais quoi ?

Kiba se leva et suivit Mei. Ils descendirent les marches qui menaient à la station du métro, mais au lieu d'emprunter les escalators, Mei bifurqua vers la galerie marchande souterraine dont l'entrée se situait au pied des premiers escaliers. Il s'agissait de la partie la moins fréquentée du centre commercial : à part une modeste sandwicherie et des boutiques de sacs à mains d'une origine douteuse, il n'y avait strictement rien d'intéressant. Du moins, en apparence, car Mei mena Kiba devant ce qui ressemblait à une modeste agence d'import-export. Elle poussa les portes vitrées, et ils se retrouvèrent dans un hall où se croisaient plusieurs personnes, les unes au téléphone, les autres avec une pile de documents sous le bras.

-Tous ces gens sont des Lagadoù ? demanda Kiba.

-Oh non, pas tous, répondit Mei à voix basse. Il y a aussi des gens normaux.

-Et ils savent, pour les Lag...

-Il va falloir que tu apprennes à tenir ta langue ! coupa Mei. Ils pensent travailler pour une société d'import-export, mais ce n'est qu'une couverture.

Ils traversèrent rapidement le hall, jusqu'à un ascenseur. Mei fouilla dans son manteau et en sortit une carte magnétique, qu'elle passa dans le lecteur juste à côté. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent dans un "Ding !" chantonnant, et les deux Lagadoù entrèrent dans la cabine.

-Cet ascenseur, dit Mei alors que les portes se refermaient sur eux, est exclusivement réservé aux porteurs de cette carte.

-Et j'imagine que les porteurs en question sont des Lagadoù ? devina Kiba.

-Tout à fait. Tu en auras une, toi aussi.

L'ascenseur s'enfonçait sous terre, encore et encore. Ils devaient être à présent bien en dessous de la ligne du métro. Au bout d'un long moment, la cabine s'immobilisa d'un coup, donnant à Kiba l'impression d'avoir pris dix kilos en une seconde avant de les perdre aussitôt. Les portes s'ouvrirent alors sur un vaste hall, aux murs blancs et brillants comme du plastique, et des portes de tous côtés. Assis dans l'un des confortables fauteuils disséminés dans la pièce, les attendait Iruka. Le Lagad se leva à leur arrivée.

-Salut Kiba ! dit-il en tendant la main vers le jeune homme. Alors, ça s'est bien passé ?

-J'ai cru mourir, répondit Kiba en la serrant. Mais ça va, maintenant.

-Parfait, fit Iruka. Bon, on va s'occuper de déterminer quelle est ta Capacité ! J'en frissonne d'impatience !

Kiba ne répondit rien, mais il n'en pensait pas moins !

-Tu pourrais être moins survolté ? demanda Mei avec agacement. Tu en deviens fatiguant !

-Désolé, mais découvrir la Capacité d'un nouveau Lagad est tellement excitant !

Mei leva les yeux au ciel en signe d'exaspération, et poussa doucement Kiba vers l'une des portes du hall. Elle l'ouvrit et le fit entrer dans une petite pièce blanche semblable à une salle d'interrogatoire telle qu'on en voyait dans les séries policières. Elle ne comportait qu'un siège, installé devant une simple table.

-Vas-y, installe-toi, dit Mei en désignant le siège.

Kiba obéit et s'assit. Il ne savait absolument pas ce qui l'attendait. Iruka entra alors à son tour. Il portait à la main une mallette métallique noire, qu'il posa sur le plateau de verre de la table. Silencieux et attentif, Kiba le regarda l'ouvrir et en sortir un appareil monté sur un trépied, semblable à une paire de grosses jumelles, ou aux oculaires d'un microscope. Iruka sortit ensuite un enchevêtrement de fils électriques, ainsi qu'un petit ordinateur portable. Après avoir effectué plusieurs branchements entre l'appareil et l'ordinateur, Iruka déclara :

-C'est prêt, on peut commencer.

-Tout ce que tu as à faire, expliqua Mei à Kiba, c'est regarder dans les lunettes devant toi, et activer ta Capacité. Tu l'as déjà fait ce matin, tu ne devrais pas avoir de mal à recommencer. Nous te dirons quand arrêter.

Kiba s'avança sur sa chaise et plaça ses yeux devant les oculaires. Il n'y avait à l'intérieur qu'un point blanc, juste devant, et comme un objectif d'appareil photo juste en dessous.

-Regarde le point blanc, conseilla Iruka. Tu es prêt ?

-Oui, répondit Kiba.

-C'est parti ! s'exclama gaiement Iruka en pressant une touche de l'ordinateur d'un geste théâtral.

Kiba se concentra sur le fameux point blanc, et tenta d'activer sa Capacité. Comment avait-il fait, chez lui devant son miroir ? Alors qu'il essayait plusieurs techniques pour activer sa Capacité, il entendit Iruka dire :

-C'est bon, ça marche ! Continue comme ça !

"Surtout, rester sur le même état d'esprit !" songea Kiba.

Il continua de regarder fixement le point blanc, ignorant combien de temps encore le test allait durer. Et puis, au bout d'une minute, Iruka lui annonça que c'était terminé. Kiba se recula des oculaires. Mei et Iruka étaient penchés au-dessus du petit ordinateur. Piqué par la curiosité, Kiba contourna la table et jeta un oeil à l'écran. Il s'y affichait toute une série de graphiques compliqués, de chiffres et de pourcentages auxquels il ne comprit rien du tout. Et visiblement, il n'était pas le seul.

-Ho ho... fit Mei.

-C'est quoi cette histoire ? fit Iruka, incrédule.

-Il y a un problème ? demanda Kiba. Quelle est ma Capacité, alors ?

Mei leva la tête vers lui.

-Le problème, dit-elle, c'est que justement on ne sait pas.



Alors, pas trop frustrés ?



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