akari-no-mai (Féminin), le 30/12/2012 LE truc qui m'a fait le plus plaisir à écrire ces derniers temps.
UA.
Chapitre 3: Part. 3
Oh ça... ça ne faisait aucun doute. Bien sûr qu'il prendrait soin d'elle. Cependant il ne répondit pas et le brun posa sa sœur endormie dans un fauteuil et s'en fut en fermant la porte sans douceur. Après cela, il ne se rappelait pas de grand choses, peut-être s'était-il endormi ? Toujours était-il qu'il se sentait mieux malgré la douleur oppressante, lancinante qu'il ressentait presque à chaque minute. C'était ça qui l'avait réveillé. Elle était toujours là, assoupie sur le fauteuil entouré de blanc. Ses cheveux, cascade blonde, tombaient négligemment sur son visage et sur ses épaules. Lumineuse. Elle était lumineuse, ou alors était-ce la lumière de la fenêtre juste derrière elle ? La lumière d'un, tout de même, pâle soleil d'automne qui avait débuté sa course sans doute depuis plusieurs longues heures... A trop avoir regardé la fenêtre, il en avait mal aux yeux. Il baissa les yeux vers le sol : il était bien heureux d'avoir pu voir encore le jour, encore plus heureux d'avoir pu la retrouver, bien qu'il devinât que ce ne serait pas simple de la retrouver entièrement. La peur, soudain, qu'elle ne lui accordât plus jamais sa confiance, qu'elle lui fût distante, qu'elle fût totalement changée, différente avec et envers lui, le prit et il fronça les sourcils. Il était impossible d'être bête, idiot, stupide, au point où il l'avait été. Quelle mouche l'avait pu piquer pour qu'il fût si con ? Il soupira, rêvant plus qu'espérant qu'elle ne lui en tiendrait pas rigueur, ces derniers jours avaient été purs supplices pour lui. La savoir loin de lui, la croire loin de lui à jamais, la deviner blessée malgré ce qu'elle prétendait, la savoir plus que jamais inaccessible... Oh il en avait été mal au point d'avoir essayer de mettre fin à ces putains de jours, sans vraiment le vouloir, dans un état un peu second où la raison disparaît emportant avec elle toute conscience des actes. Oui, il était bien heureux d'avoir été trouvé par le frère de la princesse au bois dormant. Il se leva, trop vite de toute évidence puisque la tête lui tourna et qu'il dût s'asseoir un instant. Il ne voulait que faire sa toilette et rentrer chez lui, avec elle. Juste ça pour continuer sa vie auprès d'elle, même si elle était loin d'être rose tous les jours -d'ailleurs ça tombait bien, lui comme elle, ils n'aimaient pas spécialement le rose-. Mais ,à partir du moment où elle ouvrirait les yeux, il se promettait, il lui promettait muettement, que plus jamais il n'agirait de la sorte. Il ne voulait plus être séparé d'elle. C'était tout.
*
* *
Elle fut réveillée par des paroles échangées entre une voix qu'elle connaissait très bien, pour ne pas dire parfaitement, et une autre qu'elle n'avait entendue que rarement. Ses yeux, alors encore mi-fermés- s'ouvrirent brusquement et elle se leva tout aussi rapidement. Comment avait-elle atterri ici ? Pourquoi entendait-elle sa voix alors que les murs autour d'elle étaient blancs et que la pièce sentait fortement le désinfectant ? Pourquoi... ? Elle vit une porte qui semblait mener à la douche et y entra, histoire de dégager de son visage toute trace de sommeil et ainsi retrouver ses esprits. Elle entendit l'autre porte s'ouvrir suivi d'un long soupir et d'un « galère ». Elle se sécha les mains et le visage et se plaqua contre la porte afin de la bloquer un maximum. Elle y glissa lentement pour finir assise sur le carrelage froid et se prit la tête dans les mains. La soirée de la veille lui revint en mémoire : sa détresse, son frère, le trajet pendant lequel elle avait essuyé ses larmes dans des milliers de mouchoirs avant de s'endormir. Pathétique, elle avait été pathétique. Elle fit une grimace, se dégoûtant elle-même. Malheur ! Elle s'était montrée faible devant l'un de ses frères et pire encore : il avait eu pitié d'elle ! Autrement, il ne l'aurait jamais ramenée jusqu'à celui qui attendait sans doute qu'elle sorte, derrière la porte, ou assis ou allongé dans son lit de malade. Oui malade. Il était malade. Dans tous les sens que ce terme pouvait comporter. Comment pouvait-on ne plus réfléchir au point de risquer son âme ? Remarque, elle n'avait sans doute pas été mieux, les yeux mouillés de larmes devant un homme qu'elle ne pouvait plus dire connaître. Puisque seuls son noms et son passé lui étaient connus.
Le brun entra dans sa chambre qui lui parut froide rien que par le fait de ne voir que le vide dans le fauteuil, il soupira et referma la porte. Il entendait l'eau couler dans la salle d'eau et en déduit facilement qu'elle s'y trouvait, puis plus rien jusqu'à un léger glissement contre le bois lisse qui était sans doute celui de la porte. Alors elle ne sortirait pas de sitôt... ? Il voulut que ça le rassure, que ça le déstresse mais ça ne fit que le plonger en un plus grand état de doute. Il avait tellement préparé le discours qu'il lui tiendrait sans trop réfléchir que maintenant, il doutait de sa validité. Il s'assit, à son tour, sans bruit, contre la porte de la salle d'eau. Ainsi, se sentait-il mieux, un peu plus proche d'elle et cela le calma quasi instantanément. Se sentir mieux lui sembla si simple. Il ne se posait plus aucune question. Quand elle se déciderait à sortir, il lui dirait tout ce qui passerait dans sa tête à ce moment-là. Suffisait juste qu'elle sorte...
Ce n'était qu'une question de temps.
Le temps...
Il perçut un léger bruit derrière la porte mais ne se leva pas. Plongé dans ses pensées, il ne réagit pas. Tout simplement. De toute façon, elle ne sortirait pas déjà. Depuis le temps qu'il la connaissait, il le savait. Il se leva finalement en soupirant, ne trouvant plus le sol très confortable et fit face à la porte au cas où elle sortirait tout en sachant parfaitement qu'il devrait encore attendre quelques poignées de minutes. Il fourra les mains dans ses poches.
Face à la porte, elle baissa les yeux et le devina derrière. Déduction faite grâce à l'ombre. Elle se tritura les doigts. Elle avait peur, elle ne l'avait pas vu mais savait très bien le lieu où ils se trouvaient et l'imaginer dans le pire état l'effrayait. Elle ferma les yeux et ouvrit la porte subitement tout en gardant les yeux fermés, sans ne rien dire, sans ne rien faire d'autre que se jetant dans ses bras. Elle ne voulait pas le voir, en avait trop peur alors elle n'avait trouvé aucun autre moyen de savoir s'il allait bien. Il referma ses bras sur elle et la serra un peu. Elle avait le pouvoir de le faire se sentir infiniment mieux rien que par sa présence, pourquoi donc n'en avait-il pas pris conscience avant de lui parler comme il l'avait fait ? Il ferma aussi les yeux, heureux, au fond de lui de la retrouver. Elle voulu parler mais ne trouva rien à dire, alors elle resta muette. Serrée contre lui, elle pouvait sentir les pulsations de son cœur qui avaient semblé s'accélérer quand il l'avait reçue contre lui et elle devinait le sien sur le même rythme.
-Si tu repars...
-Je ne repartirai pas.
-Jamais ?
-Jamais.
Il rouvrit les yeux, l'éloigna de lui ce qui la fit ouvrir les yeux. Là, elle le vit, il avait l'air tellement faible malgré la lueur dans son regard. Qu'as-tu fait ? Non, elle ne voulait pas réellement savoir.
-Malgré tout ce que je t'ai dit ?
Elle ancra ses yeux dans les siens. Il lui avait fait du mal, il l'avait blessée jusqu'au plus profond d'elle-même, avait été en quelque sorte la cause de ses blessures physiques... Mais rien qu'en étant là, près de lui, il lui semblait que toutes ses blessures même les plus profondes cicatrisaient déjà. Bien sûr il leur faudrait encore du temps pour se refermer entièrement, peut-être même lui resterait-il toujours des traces mais loin de lui ça n'en serait que pire. Elle détourna le regard et prit ses mains, elle noua ses doigts aux siens et serra.
-Pour toujours, comme ça.
Il crut devoir attendre une suite, un « mais », mais rien, elle s'obstinait à ne regarder que leurs mains liées et à ne rien dire d'autre. Elle n'avait rien à ajouter, n' »avait pas envie de briser encore le silence qui, pour une fois était si reposant. Si léger et pourtant si important que le briser aurait été comme détruire l'équilibre du moment (*). Elle sourit intérieurement sachant qu'il n'oserait pas casser un silence alors que ces moments étaient ses préférés. Cependant il ne put s'empêcher de penser que ce n'était peut-être que le calme avant la tempête alors il détacha ses mains des siennes et la prit dans ses bras, sans bruit autre que le doux et léger froissement de leurs vêtements. Elle posa sa tête contre son torse et plaça ses mains sur son dos. Le silence doucement perturbé pouvait être anéanti sans déséquilibrer quoi que ce soit et ne pas l'anéantir aurait été pire que le laisser se réinstaller.
-Shikamaru... murmura-t-elle Je déteste les hôpitaux, tu le sais non ? Et... ne fais plus cette bêtise... S'il-te-plaît.
Il sourit presque timidement. Pourquoi ne voulait-elle plus qu'il fasse cette bêtise ? Cette question n'avait même pas eu besoin de lui traverser l'esprit pour qu'il en saisisse la réponse : elle tenait véritablement à lui.
-Oui maman, je ne ferai plus de bêtise.
En temps normal, elle se serait détachée de lui, lui aurait demandé s'il se foutait d'elle ou se serait faussement mise en colère mais il n'en fut rien ce coup-ci. Elle n'avait même pas fait attention aux mots qu'il avait dits. Elle ferma les yeux.
-J'avais mal.
Elle fronça les sourcils tout en se détachant de lui juste asse pour croiser son regard, puis lui s'écarta, lui prit la main et la posa au niveau de son cœur.
-Là.
Elle ancra à nouveau son regard dans le sien afin d'y trouver la suite mais il baissa les yeux et ne les remonta que lorsqu'ils cachèrent en leur couleur une étincelle.
-Mais maintenant ça va mieux. Je n'ai plus mal nulle part.
Bien sûr il mentait. Jamais on n'avait vu personne n'ayant plus aucune trace de sa tentative de suicide seulement une nuit après. Bien sûr il mentait, mais sans vraiment le savoir. Elle agissait sur la partie de son cerveau qui disait qu'il avait mal comme en l'endormant. Bien sûr il mentait, mais seul le résultat comptait. Elle souriait et rien n'importait d'autre.
FIN
(* inspiration :Albert Camus, L'Etranger)
La présentation donne mieux sur mon blog (Police, alinéas, italique etc) mais bon... :)