Fiction: Douleur (terminée)

Une séparation, qu'y-a-t-il de plus douloureux ? Des émotions dévoilées, une histoire aux zones d'ombres... un amour possible ? "Three Shot".
Drame / Romance / Suspens | Mots: 6075 | Comments: 0 | Favs: 5
Version imprimable
Aller au
akari-no-mai (Féminin), le 30/12/2012
LE truc qui m'a fait le plus plaisir à écrire ces derniers temps.
UA.




Chapitre 2: Part. 2



Elle ferma doucement les yeux, le temps de s'imprégner, comme la veille, du parfum de l'endroit, de l'odeur incrustée en ces quatre murs et qu'elle aimait tant. Juste une dernière fois. Une dernière inspiration qu'elle fit durer le plus longtemps possible puis elle ouvrit la porte. Rapidement, faisant presque sursauter le brun qui ne bougerait pas plus. Il ne la retiendrait pas. Pas qu'il baissait les bras, non. Juste qu'il ne savait pas comment la retenir. Il comptait sur le temps pour qu'il la lui ramène. Au plus vite de préférence. Il jeta un œil sur la petite table de nuit en bois : elle avait encore oublié son téléphone.

-Temari !

A peine avait-il prononcé son prénom qu'une légère brise lui fit se rendre compte qu'elle était déjà partie, en ayant laissé la porte ouverte. Partie. Sans qu'il ne puisse la joindre un jour... Il ne remarqua même pas que sa veste noire n'était plus accrochée à la porte.

Elle prit le premier bus qui passa sans même regarder là où il se rendait, après tout, ça n'avait aucune importance. Elle partait de toute façon et le lieu ne lui importait pas. Elle s'assit près d'une fenêtre. Elle posa son bagage sur ses genoux, sorti la veste du flemmard pour la garder contre elle, et elle posa sa tête contre la vitre froide et expira doucement tandis que le bus redémarrait. Elle descendrait au terminus c'était tout ce qu'elle avait prévu pour le futur. Après, elle verrait, elle aviserait...
Elle ferma les yeux et les rouvrit en sursautant lorsqu'une mini tornade vint se poser près d'elle en chantonnant et parlant fort. La mini tornade en question n'était autre qu'un gamin de bonne humeur qui prenait le bus avec ses parents, ceux-ci assis en face de lui, et qui comptait lui pourrir le reste de son trajet. Cependant, au lieu de lui faire une remarque ou de ronchonner, elle lui sourit quand il jeta un regard vers elle. Les parents du môme se sentirent alors comme obligés de s'excuser et de balancer tout un tas d'autres phrases auxquelles elle ne prêta pas attention et auxquelles elle répondit en esquissant un maigre sourire. Ils recommandèrent ensuite à leur fils quelques choses avant de l'oublier et de parler entre eux, puis ils s'éloignèrent, sans doute l'enfant ne devait-il pas entendre ce que disait ses parents. La blonde jeta un regard à l'enfant puis aux parents, quatre ou cinq rangées plus loin. Le petit garçon ne devait pas avoir plus de cinq ans et ses parents le laissaient à une parfaite inconnue sans un mot -car même si elle n'avait pas prêté attention à toute la discussion, elle savait que les parents n'avaient pas parlé de le lui abandonner pour le trajet-. Il avait les cheveux trempes assez clairs et la peau plutôt mate, une simple veste sans capuche elle aussi trempe -ce qui expliquait ses cheveux mouillés- alors qu'il pleuvait des cordes dehors.
Il leva les yeux vers elle et elle n'y réussit à lire qu'un mélange de sentiments quasi indiscernables et dû abandonner l'idée de les discerner car déjà l'enfant commençait à lui parler :

-Comment tu t'appelles ?

Elle entrouvrit la bouche pour répondre mais ne réussit pas du coup, encore trop dans ses pensées.

-Euh... … Tema...ri

-Moi c'est Alberto, dit-il en souriant. Un sourire d'enfant semblant avoir oublié tous ses malheurs, un sourire innocent, sans arrière pensée, sans ironie, un vrai sourire. Au lieu d'y répondre, elle baissa les yeux : depuis combien de temps n'avait-elle pas vu un tel sourire, depuis combien de temps n'avait-elle pas fait un tel sourire ?

Elle entendit à peine ce qu'il avait dit ensuite mais le grelottement qui suivit fut assez explicite pour qu'elle devine ses mots. Elle le regarda, regarda la veste noire et la lui tendit en baissant les yeux : il en avait plus besoin qu'elle après tout...
L'enfant jeta un regard en arrière, vers ses parents, et l'accepta étant sûr qu'ils ne lui prêtaient pas attention en la remerciant plusieurs fois. La blonde fronça les sourcils : pourquoi agissait-il de cette façon ? Cependant, elle n'osa pas de suite poser la question. Il s'assit bien au fond de son siège et resta silencieux avant de lui demander où elle allait descendre, ce à quoi elle répondit qu'elle n'en savait rien à part que c'était au terminus.

-C'est les hauts quartiers, c'est le prochain arrêt je crois. C'est là-bas où je vais avec maman et monsieur...

Les hauts quartiers ? Oh non... et dire qu'elle les avait fui pour ne plus y croiser ses frères qui ne voulaient pas qu'elle suive le Nara... Que pourrait-elle leur dire si elle les rencontrait ? Qu'ils avaient eu raison de ne pas aimer cette personne ? Non, ça, elle ne le pouvait pas.

-Que vas-tu faire là-bas ?

-Moi je vais faire rien... C'est maman elle veut voir papa parce qu'elle veut plus de moi elle a dit elle préfère le monsieur alors je vais aller avec les gens de papa... Papa il était jamais à la maison c'est pour ça que je vivais avec maman mais il a dit qu'il allait s'occuper de moi maintenant.

Puis il baissa la tête, sans l'ombre d'un sourire.

-Moi j'aime papa et maman mais papa et maman s'aiment pas... Quand j'étais petit, ils criaient toujours et un jour papa a dit à maman de partir alors elle m'a pris avec elle mais elle veut plus de moi maintenant...

Il leva les yeux vers la blonde, une lueur de détermination dans le regard et déclara :

-Quand je serai grand, je trouverai une gentille femme et je l'aimerai pour toujours ! Je la quitterai jamais ! Et si elle me quitte, je mourrais !

Temari entrouvrit la bouche pour parler mais aucun son n'en sortit. Un souvenir ayant dépassé ses paroles. De simples mots auxquels elle n'avait plus pensé depuis longtemps, le plus beau des sourires qu'elle avait vu aussi... « Je suis rien loin de toi... si un jour la vie t'éloigne de moi, j'en mourrais. Tu es mon souffle de vie Temari. » et il lui avait souri, un sourire vrai, beau, irrésistible.

-Shikamaru... Tu as raison Alberto, après tout, on n'est rien sans la personne qu'on aime, mais on peut pas mettre fin à ses jours, hein ?

Elle attendait sans doute de l'enfant qu'il la rassure en lui disant que « non on ne peut pas se tuer pour ça » mais il ne répondit pas, n'ayant pas pris sa phrase pour une question. Elle serra les poings, il ne ferait jamais ça... Il aimait bien trop la vie, hein, il l'aimait trop ! Elle en était persuadée. Elle porta son attention sur le trottoir qui passait rapidement devant ses yeux, ce n'étaient plus des immeubles immenses mais des jolies petites maisons avec jardin, des résidences luxueuses de plus en plus nombreuses, des voitures de luxe rangées dans des garages ou juste devant, pour étaler, montrer ses joyaux. Des babioles. Les lampadaires étaient plus hauts aussi, plus beaux, peints d'or et d'argent, les trottoirs en pavé marbres, la route en goudron bien noir et agréable, de l'autre côté, une allée centrale pour les cyclistes, bordée de gazon. L'arrêt de bus était majoritairement en marbre rosé et l'espèce de toit en verre. Fragile. Ce quartier était d'une beauté fragile. En un coup de vent, tout aurait put être emporté, mais la solidité, la sûreté n'importait pas. Elle s'en souvenait parfaitement, ces gens là se croient à l'abri de tout...
Le petit garçon aussi regardait le paysage défiler, en souriant. Ce n'était pas nouveau pour lui, c'était juste un retour aux sources, il revenait là où il était né, il allait revoir son paternel qui le couvrirait de cadeaux, de personnes qui s'occuperaient de lui sans cesse. Il trouverait sans doute cela bien, amusant, puis aurait soif de liberté, d'espace...
Bientôt le bus s'arrêta et les derniers passagers qui s'y trouvaient, la plupart élégamment vêtus descendirent. L'enfant attrapa la main de la blonde afin de descendre sans se faire bousculer et la lâcha une fois dehors. Sa mère lui fit signe de venir et il s'en fut, en un dernier signe de la main et un sourire. Les gens se dispersèrent, le bus partit, le temps passa, et elle se retrouva seule, assise sous l'abri de bus, en proie à de terribles angoisses alors que les lampadaires s'allumaient un à un. Un homme sortit d'une luxueuse villa, avec, au bras, une belle demoiselle, la tête baissée, elle ne le vit pas s'approcher d'elle et sursauta lorsqu'elle entendit cette voix prononcer son prénom. Elle leva alors furtivement la tête et vit la jeune femme rire, comme pour se moquer, le jeune homme lui pressa le bras afin qu'elle se taise et elle se tut.

-Temari ? Que fais-tu ici, seule ?

Elle ne répondit pas il lâcha alors la demoiselle en lui disant d'aller l'attendre dans la voiture. Il se baissa au niveau de sa sœur et lui prit la main.

-Temari, qu'as-tu enfin ? Pourquoi est-tu venue ici ?

-Je dois repartir...

Il lui leva le visage mais elle détourna le visage. Dans cet état, il lirait très bien dans son regard ses tourments et elle n'en avait aucune envie. Cependant, il l'encouragea muettement à parler et elle parla sans réellement savoir pourquoi.

-Je dois repartir... J'ai peur qu'il fasse une bêtise parce que je suis partie... j'aurais pas dû...

-Qui ? Nara ?

Elle hocha la tête et il lui demanda pourquoi.

-Il a dit quelque chose qui m'a pas plu... Il a dit, je ne sais plus exactement, que j'étais bonne à rien et là j'ai rien dit, alors il a cru que ces mots m'avaient blessé, c'était vrai, mais j'ai dit le contraire, j'avais pas envie qu'il ait raison, j'avais envie de le blesser comme il l'avait fait. Et il m'a dit de partir, mais le matin suivant j'étais -ce matin donc- il m'a ramenée, j'étais blessée, et j'ai décidé de repartir, pour de bon cette fois, mais j'ai fait une rencontre dans le bus, et je le sais : je dois retourner auprès de lui... J'aurais pas dû le quitter. Kankuro, j'ai été stupide de m'en aller, tout allait si bien entre nos disputes futiles, je n'arrive pas à respirer sans lui, regarde, j'étouffe, je suis faible comme une poupée de cire, et j'ai mal au cœur...

Le brun baissa la tête, il avait enfin l'occasion de se moquer de son imbécile de Nara, de lui montrer que son frère et lui avaient eu raison, mais le désespoir de sa sœur le poussa à l'aider. Il lui tendit son téléphone portable.

-Appelle-le.

La blonde leva les yeux sur son frère qui rajouta à sa phrase « avant que je ne change d'avis. ». Elle saisit alors l'appareil et composa le numéro rapidement. Elle porta le mobile à son oreille et patienta -obligée-. Une sonnerie. Deux. Trois... Son angoisse montait à mesure que les tonalités arrivaient à son oreille comme de poignards jetés un à un dans son cœur. Elle retapa le numéro, le monde autour d'elle n'existait plus, plus rien, la brise ne la touchait même plus, elle réessaya à nouveau, en tremblant et murmurant des « réponds » successifs, le répondeur encore. Elle raccrocha, retéléphona, serra ce qui se trouvait sous sa main, autrement dit, celle de son frère jusqu'à lui faire mal, mais toujours personne au bout du fil. Son bras retomba et sa tête rencontra le torse de son frère. Des larmes lui montèrent aux yeux, un scénario affreux défila devant ses yeux fermés et son frère la prit dans ses bras. Sa chemise fut rapidement trempée des larmes de sa sœur, bizarrement, il avait mal. Jamais auparavant il ne l'avait vu en un tel état. Il l'avait détruite. Il passa une main dans ses cheveux comme elle le faisait elle avec lui et Gaara, quand ils étaient plus petits pour les consoler ou les endormir.
Il savait qu'il était un mauvais parti ce Nara. Elle avait trop vu en lui un conte de fée. Malgré tous les efforts qu'elle faisait pour paraître intouchable, forte, elle restait une fille et sans doute une des plus fragiles d'entre elles sur le plan émotionnel.
Il soupira, sa soirée était fichue. Il l'aida à se relever -ou plutôt la força- et la fit monter dans sa voiture.

*
* *

-Prends soin d'elle ou je m'arrangerai pour que tu perdes la vie dans d'atroces souffrances.



Chapitres: 1 [ 2 ] 3 Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: