Fiction: Douleur (terminée)

Une séparation, qu'y-a-t-il de plus douloureux ? Des émotions dévoilées, une histoire aux zones d'ombres... un amour possible ? "Three Shot".
Drame / Romance / Suspens | Mots: 6075 | Comments: 0 | Favs: 5
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akari-no-mai (Féminin), le 30/12/2012
LE truc qui m'a fait le plus plaisir à écrire ces derniers temps.
UA.




Chapitre 1: Part. 1



-Tu ne peux pas me blesser. Tu n'as plus ce pouvoir.

Le brun arqua un sourcil. Vraiment ? Ses mots ne pouvaient pas la blesser ?

-Une personne que l'on n'aime pas ne peut pas nous blesser.

Là, lui était blessé. Cette phrase eut l'effet d'un coup de poignard dans le dos. Vraiment, jamais il n'avait ressenti pareil douleur. Douleur parsemé de peine. Jamais il n'avait pensé qu'elle en arriverait pas. Jamais il n'avait imaginé un tel extrême. Jamais il n'avait cru qu'elle lui ferait aussi mal. Cependant, il n'en laissa rien paraître, mais, trop blessé pour parler, il se contenta de lui indiquer la porte derrière elle. Elle suivit du regard ce qu'il lui montrait, reporta ses yeux sur lui, les baissa. Après quelques secondes pendant lesquelles le jeune homme crut qu'il allait faillir à sa décision, se jeter à ses pieds pour lui demander de le pardonner elle inspira une dernière fois l'air de leur appartement et partit. Alors, le bras tendu retomba mollement tandis que son propriétaire fermait les yeux. Son cœur, qui avait battu à la vitesse de la lumière ces dernières minutes sous l'effet du stress, de la colère, de la douleur ralentit d'un coup. Comme s'il se fut trouvé dans le coma.
Ce ne devait être qu'un horrible cauchemar.
Arrivée en bas de l'immeuble, elle jeta un dernier regard à la fenêtre laissée entrouverte malgré la pluie, qui commençait déjà à lui brouiller la vue. Ou alors étaient-ce ses larmes ? Toujours fut-il qu'elle serra les poings très fort avant de donner un fort coup dans le crépis qui l'écorcha. Mais ce n'était pas important. Plus rien n'avait plus d'importance. Elle n'avait d'ailleurs même pas mal à la main. Seulement au cœur, très mal, une douleur qui lui faisait tourner la tête. Fragile. Il l'avait rendue fragile. Les larmes qui sillonnaient ses joues, se mêlant aux torrents du ciel, le lui prouvait. Avant, jamais elle n'aurait pleuré pour une telle connerie. Avant, jamais elle ne se serait attaché à quelqu'un à ce point. Mais elle l'avait connue. Il lui avait fait découvrir des mondes encore inconnues. Des contrées perdues. Des rêves plus qu'il n'en faut. Il avait deviné ses démons. Avait su deviner et consoler ses peines enfouies au fond d'elle. Sa présence l'avait rassurée. De très réservée, elle avait fini par lui parler de tout. Par lui avouer à chaque fois que ça n'allait pas, ce qui l'attristait et lui la consolait, la prenait dans ses bras, essuyait ses larmes, lui redonnait le sourire. Le seul fait de lui prendre la main transformait ses jours noirs en de véritables jours de fête.
Et lui laissait entendre qu'elle ne l'aimait, plus du moins. Oh, elle en avait mal. Sa poitrine semblait prise dans un étau qui l’empêchait de respirer. Là, seule au milieu de la rue, sous la pluie et le jour déclinant, ses yeux se fermèrent.
Il s'écroula. Tomba misérablement au sol. Détruit. Il était détruit. Jamais il n'avait eu aussi mal et jamais il n'avait cru qu'une telle douleur était possible. Lamentable. Il était lamentable. Jamais un homme ne devait se trouver en un tel état tant pour l'image que les autres doivent avoir de lui, tant pour lui-même. Une fille. Il en croiserait d'autres, à tous les coins de rue, mais aucune ne serait une femme pour lui. Aucune ne saurait étirer sur ses lèvres un sourire, moindre soit-il. Aucune ne pourrait lui parler des heures durant sans que ça ne finisse par le lasser. Aucune ne pourrait lui faire si mal au cœur. Il entrouvrit les yeux, histoire d'être sûr que ce n'était qu'un cauchemar, mais la porte laissée ouverte lui prouva le contraire. Il voulut parler, mais aucun son ne s'échappa de ses lèvres entrouvertes.
Elle resserra un peu plus les poings et courut, les yeux à demi ouverts. Partir. Bientôt, son cœur allait exploser et il ne fallait pas qu'il le sache. Il devait la croire insensible à ce qu'il s'était passé, comme elle l'avait prétendu. Essoufflée, elle s'arrêta dans une rue qui lui était inconnue et que la pluie rendait sinistre si elle ne l'était pas d'habitude. Mais plus rien n'avait d'importance. Ni sa vie, ni sa mort. Ses genoux heurtèrent le sol et pour ne pas que ce fut le cas pour tout le reste de son corps, elle dut s'appuyer sur ses mains. Vraiment ? La solitude pouvait faire très mal. Les réverbères désormais allumés se reflétaient dans les gouttes de pluie froide, spectacle qu'elle aimait habituellement. Mais aujourd'hui n'était pas un jour habituel. Autrement, elle n'aurait pas si mal au cœur comme si on l'eut serré pour le vider de son sang. Elle y porta une de ses mains et serra le tissu trempé d'eau. Elle devait faire peine à voir. Ses cheveux plaqués sur son visage, ses vêtements collants à sa peau, sa main ensanglanté, son visage déformé par la douleur. Les yeux maintenant complètement ouverts, elle les perdit dans le vague, des bribes de souvenirs lui revenant en mémoire, illustrant à merveille les mots de Shakespeare. Effectivement, « où la joie a le plus de rire, la douleur a le plus de larmes ». Elle avait froid et se prit à penser que s'il fut là, il l'aurait prise dans ses bras pour la réchauffer et l'aurait rassurée. Qu'il lui aurait dit que ce n'était qu'une mauvaise passe, juste une impasse où elle n'aurait pas dû s'engouffrer. Juste un mauvais moment à passer, juste rebrousser chemin afin de retourner sur la bonne route. Mais il n'était pas là, autrement elle ne pleurerait pas, elle n'aurait ni froid, ni mal, ni peur. Elle essaya d'étirer ses lèvres en un sourire mais ne parvint qu'à faire une grimace, elle était horriblement attachée à lui, ligotée, enchaînée... Dépendante.
Quelle était cette petite voix qui lui disait que la vie continuait ? Une putain de voix... La même qui lui avait dit de prononcer ces infamies. Salope qu'il avait pourtant écoutée.
Ils se levèrent, en même temps, comme si un lien surpuissant les unissait à vie, une connexion. Sauf que lui ne se fit pas plaquer au sol. Sauf que lui ne se retrouva pas le visage écrasé contre le sol. Sauf que sa vision ne se troubla pas de rouge et ensuite laissé là, au milieu de la rue gorgée d'eau.

Sans doute plus de trois heures qu'il la cherchait en vain. Trois longues heures à passer au peigne fin tous les quartiers qu'elle aurait pu connaître, tout ce qui était encore ouvert à cette heure-ci, mais rien ni personne en mesure de le renseigner. Trois heures pendant lesquelles son « stressomètre » augmentait à mesure que le temps lui filait entre les doigts et qu'il ne la trouvait pas. Aucune trace... Il arpenta au hasard les rues les plus reculées et insalubres de la ville, sans doute encore des heures durant. Tant que le soleil vint à laisser transparaître les bords de l'horizon. Ses yeux ne restaient ouverts que par une force inconnue. Il la voulait.
Ses pas avaient finis par le mener à un des ces quartiers qu'il n'avait arpenter qu'une ou deux fois avec un ami blond plutôt stupide... Une silhouette se dessinait à mesure qu'il avançait, une masse semblant posée sur le sol. En approchant un peu plus, la lumière lui laissa devinait la couleur de ses cheveux, de ses vêtements...

-Temari ! cria-t-il sous l'effet de la stupeur, ça ne pouvait tout de même être elle, ce corps inerte, gisant au milieu d'une rue sale. Il fallait pourtant qu'il se rende à l'évidence.

Il s'élança à ses côtés, usant de ses dernières forces et s'agenouilla près d'elle en lui prenant la tête.

-Non... Temari... Parle-moi, dis-moi que tu vas bien ! Dis-moi que tu me détestes, que tu ne veux plus me voir ! Dis-moi ce que tu veux, mais parle !

Il passa une main sur son visage, le sang le traversant avait en parti séché. Elle devait être là depuis un bon moment. Il jeta des regards furtifs tout autour de lui, prit la blonde dans ses bras et courut dans le sens inverse. Partir, il devait partir au plus vite, avant que ce quartier ne se réveille avec ses monstres de torture et ces pervers. Avec ses odeurs fétides de sang maculant les routes et son ambiance glaciale. L'eau aspiré par les vêtements de la blonde réduisait la vitesse du Nara, déjà qu'il était difficile de courir avec un poids mort dans les bras. A peine sorti de ce quartier, il chercha du regard un banc -leur appartement étant trop éloigné- il en devina un cent petits mètres plus loin et l'y posa doucement. Il lui prit rapidement le pouls et soupira de soulagement lorsqu'il en perçut un, cependant très faible. Il fouilla ses poches, trouva un mouchoir et s'en servit pour essuyer sa blessure, celle au front, pas celle au cœur.

-Temari... Je t'en supplie, pardonne-moi. J'aurais dû être là pour te protéger... J'ai manqué à mon devoir... A ma parole...

Se rendant finalement compte qu'il parlait seul, il se tut. Il ne devait pas lui dire tout cela, du moins pas maintenant, mais peut-être n'aurait-il jamais l'occasion de le lui dire ?
Il en avait carrément oublié ses vêtements mouillés. Elle allait prendre froid et il avait déjà laissé faire trop de mal à son cœur. Il la releva doucement, lui enleva son pull et lui mit sa veste à la place, il lui releva ensuite les cheveux. Ces gestes, si simples en soit, lui redonnèrent l'aplomb qu'il lui manquait pour courir jusque chez lui. Il la souleva à nouveau, la serrant contre lui, et arriva plutôt rapidement à leur appartement. Une fois la porte ouverte, il s'empressa de la déposer sur le canapé, alla refermer la porte, chercher une couette bien chaude et la couvrit. Il prit ensuite une compresse et de l'eau tiède pour nettoyer son visage d'ange. Une fois son visage nettoyée de presque toute trace de sang, il alla chercher le désinfectant dans la pharmacie et voyant son visage paisiblement endormi il grimaça à l'idée de le troubler. Il lui applique tout de même et elle grimaça à son tour avant de redevenir paisible. Il l'observa, agenouillé au sol, près du canapé, un long moment. Puis, pris par un élan indicible, il posa ses lèvres sur son front, lui jurant muettement de toujours prendre soin d'elle.

-A la condition que tu vives, finit-il à voix haute.

Il posa ensuite sa tête sur le bord du canapé, loin de s'imaginer qu'il allait s'assoupir. Il rouvrit les yeux quelques heures plus tard mais elle n'était déjà plus là où il l'avait vue avant de fermer les yeux. Il se leva rapidement et fit disparaître toute trace de fatigue en se lavant le visage. Où était-elle ? Il ouvrit la porte de la chambre et la trouva assise sur le bord du lit, mettant des affaires dans une valise. Elle ne réagit même pas lorsqu'il entra et s'assit près d'elle. Ils restèrent d'abord silencieux, elle attendant qu'il parle, lui cherchant vainement quelque mot, quelque amorce de phrase.

-Temari...

Aïe, mauvais choix. Elle aussi connaissait son prénom, elle n'avait pas besoin qu'il le dise. Malgré sa réaction inexistante, il continua :

-J'ai été stupide hier...

Toujours aucune réaction. Il inspira :

-... Ainsi que les jours d'avant. Je te demande pardon.

Il avait l'impression de parler à un mur : froid, sans réaction...

-Oublie toutes les conneries que j'ai dites... Je ne les pensais pas.

Elle ferma les yeux.

-J'ai mal. se plaignit-elle sans vraiment le vouloir, en fermant les yeux.

Elle avait coupé toutes ses suites de phrase, mais elle lui avait au moins adressé la parole. Il se mit alors face à elle et voulut soulever sa frange afin de voir sa blessure mais elle lui attrapa la main.

-Pas là.

Et toujours en gardant les yeux fermés, elle plaça sa main sur son cœur en murmurant un faible « là ». Après quoi il la prit dans ses bras sans qu'elle ne s'en doute ce qui la fit sursauter et rouvrir les yeux. Elle le détestait et pourtant ne le repoussait pas. Au contraire, elle posa même sa tête sur son épaule en prenant une grande respiration. Bizarrement, elle se sentait mieux d'un coup. Le fait d'avoir refermé les yeux peut-être ? Non, elle savait que ce n'était pas ça. Elle se surprit à l'entourer elle aussi de ses bras avant de le repousser.

-Je pars.

Elle détourna son regard du sien rapidement, autrement elle y lirait trop de peine pour garder sa décision. Elle partait. Pour aller où, ça elle n'en savait rien. Elle devait juste partir, ses mots d'hier lui faisant encore atrocement mal. Elle ne voulait plus souffrir ainsi. Elle savait -du moins elle imaginait- que ça n'allait pas être facile de l'oublier, d'oublier cet épisode si important de sa vie, si... volumineux. Elle souffla, vraiment, elle ne pensait pas qu'un silence pouvait être si pesant, si bruyant, si froid... Qu'une décision prise pourtant depuis plusieurs longues heures pouvait être si facilement remise en question en un instant. Elle l'avait pourtant bien méditée. Avait tout pesé, mais lui avait tout bousillé en la prenant dans ses bras. Il lui avait tout rappelé, tout ce qu'elle avait mis de côté pour prendre sa décision. Le monstre. Elle n'osait même plus bouger, même pas porter sa main à son front qui la lançait tout à coup. De toute façon ça n'aurait rien changé. Elle aurait dû dormir plus. Enfin, après plusieurs heures -qui en fait étaient juste quelques longues minutes- elle ferma bruyamment sa valise et se leva, contourna le jeune homme et posa sa main sur la poignée de la porte.



En postant ça sur mon blog, je me suis fait déchirée par quelqu'un qui trouvait que je n'avais pas le droit de couper ici... Que de bons souvenirs ^^



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