Fiction: Concours EdoTensei: Don't leave me alone.

Concours Halloween 2012. On dit qu'une maladie, aussi grave soit-elle, ne change pas une personne. Que si jamais on détruit le mur battit par la maladie, on retrouvera la personne que l'on a connu. Mais, ça, c'est comme les dictons. Dans certaine situations, ces mots n'ont pas de sens.
Horreur | Mots: 3727 | Comments: 3
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Mistumi-chan (Féminin), le 15/12/2012




Chapitre 1: Don't leave me alone.



Seize heures. La pendule du salon sonnait. Encore environ deux heures. Deux heures ; cent vingts minutes ; sept mille deux cent secondes. Elle frissonna. Deux heures, ce n'était pas si long. Deux heures dans une vie, ce n'est rien. Elle se leva. Elle entendait des bruits venant de la cuisine. Elle fit quelques pas, posa sa main sur la poignée, et attendit. Et si c'était ça ?... Après tout, qu'est-ce que cela pourrait être d'autre ? Et puis, qu'était-elle en train de faire ? D’espérer ? De penser pouvoir échapper à une mission concernant tous les villages aux alentours, et mobilisant tous les ninjas, des Genins à l'Hokage ?...Oui. C'était égoïste de sa part, mais oui.
Les bruits se turent enfin, tout devint silencieux. Elle tourna la poignée, et ouvrit la porte. Un pigeon, d'un plumage aussi sombre que les cheveux de la jeune fille, s'était emmêlé la patte dans un fil des rideaux, et se trouvait à présent à terre, haletant. La demoiselle eut un soupir exaspéré, puis s'accroupit, et défit le nœud autour de la patte de l'oiseau. Elle remarqua un bout de papier fixé également à sa patte. Elle s'en saisit. Le pigeon, une fois libéré, sauta sur le rebord de la fenêtre. Le parchemin avait été scellé par le tampon de l'Hokage. Elle inspira profondément pour ralentir les battements de son cœur. Elle se leva, alla chercher un couteau, et s'assit à une chaise. La jeune fille regarda sans le voir le morceau de parchemin. Ses yeux d'argent étaient dans le vague. Cela dura longtemps ; le temps de dédramatiser la situation dans laquelle elle se trouvait. Puis elle saisit la lame, et déroula le message. C'était ça.

« Hyûga Hinata,
Vous serez de service cette nuit, à la maison Uchiwa. »

Hinata eut un mouvement de recul. Non. Pas là-bas. La pendule sonna une fois. Seize heures et demi. Les services débutant à dix-huit heures, deux heures avant le coucher du soleil, elle avait une heure pour se préparer. Elle se leva, prit le pigeon dans ses mains, et le lâcha par la fenêtre.

Quelques temps plus tard, elle était habillée et équipée ; prête. Elle refit le compte encore une fois. Cinq shuriken, dix kunaï, autant de parchemins explosifs, et une bobine de fil. Le strict minimum, elle en était consciente ; mais pour ce genre de mission, les repères sont chamboulés. Un virus tel que celui-ci on n'en avait jamais vu ; une mort cérébrale, mais un corps qui continue à se mouvoir, à se nourrir, et à s'entretenir.
L'horloge sonna une fois; dix-sept heures trente. Il était temps. Elle rangea ses armes dans sa sacoche, et sortit.

Elle marchait. Les bruits sourds de ses pas sur la terre, et le cliquetis métallique des armes qui s’entrechoquaient dans sa sacoche comme seuls fond sonore. Le vent soufflait légèrement, le ciel était tapissé de coton. Ce temps aurait sûrement été plus agréable si seulement les rues n'étaient pas désertiques. Depuis l'arrivée du virus à Konoha, il y avait à peine trois jours, le cinquième Hokage avait conseillé aux populations de ne plus sortir de chez-eux, et de faire le moins de bruit possible, pour leur sécurité. Bien entendu, certain avaient agis puérilement ; mais lorsqu'ils avaient vu de leur propres yeux l'avenir cauchemardesque qui les attendait, ils avaient fini par tenter de repousser le plus possible le jour de leur mort. Konoha et toutes les populations alentours étaient terrifiées. Malgré le peu de temps qui s'était écoulé depuis l'arrivée du virus, la plupart des familles étaient concernées par la maladie ; un de leur proche étant victime de celle-ci. Perdre un proche, c'était dur. Mais lorsque l'on savait que cette personne était toujours sur Terre, emprisonnée dans un corps qu'elle ne contrôlait plus, ou qu'elle n'était plus, mais que son enveloppe nous rappelait au quotidien qu'elle avait été, c'était insupportable. Quoique l'on ait fait, que l'on soit resté ou non cloîtré chez soi, que l'on ait tenté d'oublier le monde qui nous entourait, les gémissements nocturnes faisaient resurgir la vérité du plus profond de nous. Beaucoup en devenaient fous, jusqu'à chanter en cœur avec ceux qu'ils aimaient ; n'ayant cure de se faire remarquer, n'ayant cure de mettre en péril leur vie, et celles de leur famille: les bruits des vivants les attiraient, plus que tout. C'est pour cela que les services avaient été mis en places ; il fallait retenir les malades chez eux, les empêcher à tout prix de sortir et de causer de nouveaux cas. Les souffrants n'étaient pas dangereux en eux-mêmes : ils étaient aveugles, leur longévité était limitée, et leur capacité de se mouvoir ou de réflexion était très basse ; mais dès qu'ils reconnaissaient, juste un chuchotement d'humains, ces pantins désarticulés devenaient incontrôlables. Évidemment, ces missions étaient plus que tout périlleuses : si les ninjas en services se faisaient contaminés, c'était fini. C'est pourquoi tous les grades étaient mobilisés : les Genins se relayaient nuits et jours pour surveiller les rues, et neutraliser dans certains cas les indésirables, les Chuunins se chargeaient des services, les Juunins, durant la journée, surveillaient les remparts des nouveaux arrivants -souvent en provenance de Oto. La nuit, un Juunin par maison assistaient les Chuunins. Quant aux autres, ils participaient aux patrouilles nocturne des Genins. Enfin, les plus compétents cherchaient sans cesse la provenance et l'antidote de la maladie. Hinata, elle, faisait équipe avec Haruno Sakura et Hatake Kakashi.
Elle arrivait. Plus que quelques mètres. « la maison Uchiwa » Sasuke.

Une main sur son épaule. En un bond, elle se retourna, sortit un kunaï de sa sacoche et se plaça en position de combat : son bras gauche tendu vers l'avant, son pouce replié vers le centre de sa paume, et son avant-bras droit parallèle à son biceps gauche ; ses jambes légèrement fléchies.
« Hinata !... »
L'intéressée attendit quelque secondes, puis se releva, rangea son kunaï et avança vers un charmant visage effrayé, encadré par une chevelure rose.
« -Jolis réflexes, mais garde tes forces pour ce soir, reprit Sakura.
-Dis plutôt que je t'ai fais peur ! Enfin ; des nouvelles ? Sakura travaillant dans les laboratoires du manoir de l'Hokage, elle était au courant de toutes les découvertes concernant le virus.
Les yeux émeraudes de la jeune fille pétillèrent, mais elle répondit d'un ton aussi neutre qu'elle le put.
-Pas mal d’informations oui... On a découvert pas mal de choses concernant le fonctionnement de la maladie ! Le virus se transmet de salive à sang, ça on le supposait déjà. La salive des victimes contient un anticoagulant, un peu comme les sangsues, mais en beaucoup plus puissant ; donc, si tu te fais mordre, tu te vides de presque entièrement de ton sang. C’est pour ça que les malades ont le teint verdâtre et qu'ils ressemblent à des cadavres ambulants ! -Elle toussota.- Mais pendant leur perte de sang, leur organisme produit à une vitesse phénoménale une très grande quantité de glycogène, une molécule qui permet d'emmagasiner de l'énergie dans les muscles et dans le foie. Leur corps peut donc survivre sur une assez longue période, quasiment sans sang. Mais leur survie est quand même limitée à plusieurs semaines... Bref, sans sang pour amener la quantité d'oxygène nécessaire au cerveau, celui-ci s'arrête de fonctionner, on a donc un cas de mort cérébrale. Mais le problème, c'est que leur moelle épinière prend le relais, et c’est un miracle -si l'on peut appeler ça ainsi- qu'un organisme uniquement guidée par sa moelle épinière puisse continuer, et presque sans de trop grosses complications, à faire des actions telles que se nourrir !... Et aussi, sans irrigations, et donc sans oxygène, les nerf optiques se dessèchent -presque en même temps que les yeux deviennent inutilisables- et les cas deviennent aveugles. On a aussi réussi à prouver que l'élaboration du virus venait d'Orochimaru ; mais on le supposait déjà depuis un bon moment. Et autrement, la conservation des organes privés de sang est encore un mystère, on ne sait toujours pas pourquoi ils sont plus actifs la nuit, on ne sait pas ce qui les rend aussi agressif, et surtout leur goût soudain pour la chair humaine...
Sakura sourit en réponse à l'air ébahi de son amie.
-Eh bah, vous vous ménagez pas ! Hinata fit une pause ; reprit son sérieux. Et pour ce qui est de l'antidote ? Cette question lui brûlait les lèvres depuis qu'elle était sortie.
-Toujours rien. On continue à chercher, mais je ne pense pas que c’en soit réellement la peine. Avec l'était de leur cerveau, les litres de sang qu'ils leur manquent, les yeux inexploitables et la qualité de leur corps et de leur organes... 'Faudrait des dizaines de dons de sangs et de greffes Je ne pense pas que ce soit la peine de les guérir. Ce serait encore moins beau à voir, et agréable, pour eux et leur famille.
-T'es en train de dire qu'on ne peut plus rien faire, une fois la maladie déclarée..?
-...
-Le mieux c'est de les tuer ?
Sakura écarquilla les yeux.
-Mais non ! On peut pas faire ça ! On doit les garder en vies, les laisser tranquilles.
-Jusqu'à ce qu'ils meurent.
-...d'une mort naturelle.
-...
-...ou parce qu'ils deviennent incontrôlables. »
Hinata était bouleversée. Elle ne comprenait pas. Pourquoi ? Les malades avaient déjà énormément souffert ! Se faire mordre ! Qui plus est, par... un mort-vivant ! Ils avaient le droit de guérir ! Des greffes, de sang, de peau, d'organes, ça pouvait se faire ! En beaucoup de temps et d'argent, oui peut-être, mais quel est le prix à payer pour une renaissance ? Et puis, chaque maladie avait un antidote ! On pourrait... opérer ! Oui c'est ça ! On enlève le virus, et c’est bon, tout redevient normal ! Plus de maladie, juste à peine un souvenir !...

...Pourquoi lui ?

« Hinata. »
Sakura posa de nouveau une main sur l'épaule de son amie, et la força à la regarder droit dans les yeux. Elle comprenait.
-Je te l'ai dit, on continue à chercher, et ce, jusqu'à ce qu'on arrive à une conclusion. Qu'on ait prouvé que oui, un antidote peut servir, ou que non, ça sert à rien de continuer les recherches. Mais pas une supposition. Une conclusion.
Hinata soupira, fit quelque pas en arrière et se dirigea vers une habitation. Sakura la suivit. Arrivée au porche, Hinata baissa le bras et effleura la lanière d'une de ses sandales. Son amie l'arrêta, hocha la tête. Sakura frappa trois coups, pour annoncer une arrivée d’allier. Des bruits de verrous, de chaînes, puis la porte s'ouvrit. Elle entrèrent dans la maison, leurs chaussures aux pieds.
Kakashi referma la porte sur elles, enclencha les diverses protection de la porte d'entrée, et se retourna. Il commença :
« Je vous le dit tout de suite, je ne pourrai pas vous aider ce soir. »
Sakura ouvrit la bouche, mais le Juunin reprit, d'un ton qui se voulait aussi neutre possible :
« -Un Chuunin et un Juunin en moins depuis la nuit dernière. C'est déjà un miracle que leur coéquipier s'en soit sortis. C'est tombé sur vous, ne me demandez pas pourquoi.
En réponse au regard interrogateur de Sakura, il acheva :
-Aburame Shino et Yûhi Kurenaï. »
Un silence s'imposa entre les trois ninjas. Pas un silence gêné, ni même de stupéfaction. Juste quelques minutes de silence. De réflexion. D'analyse.
« Bonne chance. »
Kakashi ouvrit de nouveau la porte, se glissa à l’extérieur, s'apprêta à partir.
« -Est-ce qu'il va bien ?
Kakashi se retourna, et posa son œil noir sur Hinata.
-De qui ?
-Le survivant.
Le Juunin baissa les yeux quelques instants, puis regarda la jeune fille d'un air calme.
-Kiba va bien, oui. »
La porte se referma. Hinata avança, et enclencha les protections. Elle s'adossa sur la porte, et regarda devant elle.
Sakura n'eut pas l'air de vouloir laisser le silence s'installer de nouveau.
« Viens, il doit être par là-bas. Il est quelle heure ? »
Elle attendit. Hinata finit par lever ses yeux vers elle. Un regard vague. Sakura s'avança et la prit dans ses bras.
« -Reste avec moi ma vieille.
-... »
Sakura prit son amie par la main et l'entraîna dans la pièce principale. Son regard parcourut la pièce circulaire. Tables et chaises à terre, tiroirs ouverts et vidés, livres croupissants, les pages vers le plafond. Une porte en bois sculptée attira son attention. Hinata, incapable de réfléchir pour le moment, la suivait. Un coup d’œil suffit à Sakura pour remarquer que les dessins de bois étaient en fait les œuvres d'ongles. De griffes, plutôt. Une clé rouillée sortait de l'abîme de la serrure. Elle l'empoigna
« Une fois rentrées, plus un bruit. »
De sa main gauche, elle saisit un kunaï. Elle jeta un regard à son amie et ouvrit la porte.
Elle enclencha le verrou. Hinata sursauta.

Son corps était recouvert d'un drap blanc, n’épargnant que son visage. Il dormait. Du moins, c'est ce qu'elle pensait : il n'avait ni œil, ni paupière, mais le calme de son corps rythmé par sa respiration silencieuse et les traits de son visage détendus lui donnaient l'air serein. Vivant.
Les murs de la pièce étaient d'un vieux blanc, grignotés par endroit par le temps. Une petite fenêtre transperçait un mur, son cadre de vieux bois gris était penchés, le verre de la vitre abîmé. Cette pièce devait avoir été aménagée suite à la contamination de l'héritier Uchiwa : elle ne comprenait plus qu'une pendule, une ampoule pendant au plafond, un lit d'hôpital et trois chaises. Sakura tira Hinata de sa contemplation et l'entraîna s'asseoir sur deux de celles-ci.

Dix-huit heures quinze.

Elle attendirent longtemps. Très longtemps. Sasuke était imperturbable. Immobile sur son lit de métal. Hinata, elle, rêvait. Il n'avait pas changé. Ses cheveux étaient longs, lisses, noirs. Quelques mèches cachaient ses orbites vides. Son teint était plus pâle qu'à l'habitude, ses fossettes étaient presque verdâtres. Il souriait, de ses lèvres presque inexistantes. Un sourire figé par le mal-être. On aurait dit un enfant malade. Une grippe peut-être. Un mauvais rhume.

Les heures passèrent. Les deux jeunes filles peinaient à garder leurs yeux ouverts. Leurs paupières se faisaient de plus en plus lourdes. Le soleil arrivait au terme de sa course. Quelques couches orangées venaient épouser l'horizon, précédées de nuages roses. N'importe quel relief devenait sombre, laissant ressortir les couleurs diverses du ciel.

Sasuke s'agitait dans son sommeil. Des mimiques à la signification étrangère perturbaient son visage. Du fond de son être sortaient des sons rauques ; son souffle lui grattait la gorge.

Les rayons du soleil n’atteignirent plus la hauteur de la maigre fenêtre. La luminosité se fit de plus en plus basse. Sakura se leva ; le soleil était couché. Elle fit quelques pas et alluma l'ampoule. Elle se redirigea vers sa chaise. Fatiguée, elle écrasa la pied d'Hinata. Celle-ci lâcha un cri. Elle plaqua sa main sur sa bouche, juste avant que son amie en fasse de même. Il était trop tard.

Sasuke se redressa. Le drap glissa sur son torse recouvert d'un T-shirt blanc. Les adolescentes retinrent leur souffle. Sasuke tourna la tête vers la naissance du bruit. Il posa ses deux pieds verdâtres au sol, puis prit appuis sur eux. Il avança en titubant. Puis il ne releva pas sa jambe droite assez haut : son pied traîna au sol durant l'avancée de sa jambe gauche. Quand le poids de son corps s'abattit sur sa cheville pliée, un bruit sec. Pétrifiant. Affreux. Sasuke se stoppa. Renversa sa tête en arrière, découvrit son visage décomposé. Ouvrit lentement sa bouche béante. Hinata détourna ses yeux. Ses poumons se remplirent d'oxygène, puis il hurla. Un hurlement long, atroce, déchirant, insupportable. Suivis d'un échos, quelque part ailleurs dans le village. Puis un autre. Encore un. Une cacophonie de hurlements, entrecoupés de temps en temps d'inspirations, de raclements de tissus. Tous les malades du village, au son de la voix d'un des leurs, lui apportaient leur soutient, en joignant leur voix à la sienne.

C'était ce que se répétait inlassablement Hinata, blottie dans les bras de Sakura. La seule raison pour laquelle elle ne criait pas pour faire taire cette abomination. Non, non, non. Sasuke était encore humain. Sasuke avait des amis -à l'allure peu recommandable, peut-être- qui... NON ! Il fallait qu'elle se rende à l'évidence, ce n'était plus le même ! Cette chose n'était pas celui qu'elle aimait. Sasuke n'était plus. Il était perdu. Cette horreur était simplement ses restes, qui étaient là pour la faire souffrir. Uniquement. Hinata pleurait. En silence.

Sakura repoussa doucement le corps recroquevillé de son amie. Elle empoigna un kunaï, et tendit ses jambes. Hinata la retint. Elle s’approcha de son oreille.
«-Ne fais pas ça.
Sakura la regarda d'un air très calme. Un regard apaisé, qui contrastait avec les hurlements qui résonnaient dans cette pièce à la lueur jaunâtre.
-On ne peut plus rien faire de toute façon. Il est réveillé. Il fait nuit. Il a mal. Il nous a entendues. »
Hinata secoua la tête, son geste entrecoupé de sanglots.
Sakura se leva. Et marcha vers le corps à la jambe tordue. Celui-ci l'entendit. Il ferma lentement sa bouche, son cris s’éteint progressivement, ses échos également. Un silence de mort. Il ne fit pas un geste. Sakura ramena son bras droit à hauteur de poitrine, sa main tenant le kunaï touchant presque son épaule, et s'élança vers le cadavre. Elle le percuta au coté gauche, et stoppa sa course derrière lui. Un sang noir, flasque, caillé, jaillit. Il tituba, puis reprit difficilement son équilibre. Sa respiration se fit plus grave, plus forte. Sakura fit demi-tour et recommença. Mais la charogne se retourna également, et interrompit la course de la jeune fille en agrippant son poignet gauche, qui avait favorisé son élan. Sakura cria au contact de la peau en décomposition. Elle essaya de s'en sortir, mais la force qui retenait son membre était animée par l'instinct de survie. Insurmontable. Hinata se leva et accourut. Sakura cria et la repoussa d'un coup de pied au ventre. De sa main libre, elle poignarda son agresseur. Au torse, au cou, au visage, aux bras. Sa panique prenait le dessus. Elle avait fermé les yeux. De nouveaux le sang jaillit. La main froide se desserra. La jeune fille bondit en arrière. Le corps mou s'écroula.

Sakura rejoignit Hinata, pliée en deux.
«-Désolée. Je ne voulais pas qu'il te touche...
-C'est bon.
Hinata sourit.
-Tu as mis fin à cette horreur, c'est tout ce qui compte. »
Les deux amies s’enlacèrent. Elle se relevèrent et avancèrent vers le corps, à terre. Sakura, contrairement à Hinata, s'approcha très près. Elle voulait sûrement regarder s'il était exploitable par le laboratoire. Elle examina les blessures qu'elle lui avait causées. Hinata n'y vit que des plaies, débordant d'un sang noir luisant. Sakura lui tendit son kunaï.
« Tiens-moi ça, s'il te plaît. »
Elle sortit des gants de plastiques de sa sacoche et les enfila. Elle se plaça à la droite du corps. De ses mains, elle effleura le torse percé de son cobaye. Elle dut trouver une blessure intéressante : elle courba son dos, et approcha son visage. D'une main hésitante, puis ferme, elle écarta la chair décomposée.

La créature se redressa et enfonça ses crocs dans le cou de la jeune fille.
Celle-ci hurla, autant sous l'effet de la surprise que de la douleur. Hinata n’hésita pas une seconde. Elle resserra sa prise sur son kunaï, et en hurlant, l'enfonça aussi profond qu'elle le put entre les deux orbites du pantin. Le sang rejaillit. D’un violent coup de pied, elle repoussa le monstre. Elle se tourna vers son amie, agonisante. Elle était assise, le visage vers le sol. Elle perdait une quantité de sang affreusement importante en très peu de temps. Hinata voulut l'aider, mais la salive ayant été en contact avec son sang contenait un anticoagulant. Elle ne pouvait pas arrêter le saignement. Elle s'agenouilla auprès d'elle. Elle était impuissante.
Sakura souffrait terriblement. D'un geste tremblant, elle posa sa main sur celles d'Hinata.
Sur le kunaï.
Hinata secoua la tête.
«-Non.
-Tu le dois.
Ces quelques mots devaient lui coûter beaucoup. Sa voix n'était plus qu'un mince filet, se perdant dans la dureté de ces mots.
-Tu n'avais pas dit ça.
-Si. Le soleil s'est couché. Dans moins d'une heure, je ne serais plus moi-même. Dans tous les cas, tu devras finir par tuer ce que je serrai devenu. Je ne veux pas te faire du mal.
Elle le va les yeux vers elle, sourit. Acheva :
-Fais-le maintenant. Avec moi. »
Hinata baissa la tête. Pour le bien de Sakura. Oui, pour son bien. Pour qu'elle repose en paix. Elle posa son regard au fond des yeux de son amie, et se laissa faire.
Elle se laissa porter quand ses mains, accompagnées par celles de Sakura, se levèrent vers le ciel. Elle se laissa faire quand les mains de son amie resserrèrent leur étreinte sur le kunaï.
Elle se laissa faire quand le kunaï transperça le corps agonisant.
Mais c'est seule qu'elle extirpa l'arme, et qu'elle coucha Sakura sur le sol.
Elle retint sa tête quelques instants. Sakura la regardait. Elle souriait. Elle articula un « Merci. », et ferma les yeux. Hinata resta dans cette position quelques instants.
Jusqu'à ce que son amie arrête de respirer.
Elle la reposer doucement sur le sol, posa à terre le kunaï. Et remercia Sakura.
Elle se releva et se retourna. Elle frissonna. La créature était de nouveau debout, le reste de son visage était tournée vers elle. Elle était pitoyable. Hinata fronça les sourcils. La moelle épinière étant le cerveau de ce corps, elle n'aurait qu'à sectionner la colonne vertébrale. Cela interromprait toutes connections, et le corps s'écroulera de nouveau, pour de bon. Mais pour paralyser le corps en entier, il faudra viser le haut de la colonne. La nuque. Elle ouvrit sa sacoche pour en sortir un nouveau kunaï : le sang de Sakura ne pouvait être souillé par celui-ci de ce monstre. Mais elle interrompit son geste. Elle le tuerait à mains nues.
Elle concentra son chakra au bout de ses doigts. Elle s'élança vers la créature. Celle-ci n'eut pas le temps de réagir. Hinata se précipita sur elle. De sa main gauche, elle poussa sa tête vers le bas ; elle posa le bout de son index et de son annulaire droit sur sa nuque. Le monstre sursauta, puis bascula vers l'avant. Un bruit sourd, ridicule.
Hinata fut prise d'un sentiment animal. Elle voulut piétiner sa victime. Même après sa mort. La tuer de nouveau. Retrouver ce sentiment de supériorité. Ce qu'elle avait ressenti pendant la chute de sa proie. Elle la roua de coup de pied. Hurla. Comme un animal.
Son regard se posa sur le cadavre de son amie.
Hinata prit son visage entre ses mains, éclata en sanglots.



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