Fiction: L'ombre de ma moitié (terminée)

Je n'avais jamais réalisé à quel point j'avais besoin d'elle. Je n'avais jamais réalisé à quel point j'avais de la chance qu'elle soit à mes côtés. Je n'avais jamais réalisé à quel point elle m'était chère. Je n'avais jamais réalisé à quel point j'étais heureux. Il a fallu que l'on me retire mon bonheur pour que je comprenne.
Drame / Romance | Mots: 1899 | Comments: 0 | Favs: 2
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hane-chan (Féminin), le 10/12/2012
Un one-shot dont l'idée m'a été soufflée par la magnifique chanson Ai Nante du chanteur Tegoshi Yûya, que j'ai découvert par hasard en tombant sur le petit monde enchanteur des dramas et leurs acteurs....

Un petit couple qui ne se démarque pas trop, une histoire d'amour comme il en existe tant d'autres, mais à laquelle j'ai insufflé ma passion de l'écriture.




Chapitre 1: L'ombre de ma moitié



Son sourire et sa gentillesse m'avaient sauvé. La douceur et la tendresse de ses regards m'avaient apaisé. Le son de son rire et de sa voix m'avaient rassuré. Elle avait toujours été là pour moi. Quoi que je fasse, elle était toujours là pour me soutenir, pour m'épauler. Il suffisait que je prononce son nom et elle accourait. Peu importe ce que je lui demandais. Elle était simplement à mes côtés, quoi qu'il puisse se passer. Telle une ombre connue, rassurante. Mais je ne l'ai remarqué que bien tard. Que bien trop tard.

Cela faisait bien longtemps qu'elle était la seule à occuper mes pensées. Bien longtemps qu'au réveil je me demandais comment elle allait. Bien longtemps que la journée elle m'obnubilait. Bien longtemps que ma dernière pensée avant de dormir était pour elle. Cela faisait tant de temps que je l'aimais que cela ne me paraissait plus qu'un sentiment normal, comme si cela avait toujours été le cas, comme si c'était une chose qui allait de soi. Cela faisait tant de temps que je l'aimais elle et personne d'autre, que j'ai fini par oublier comment j'avais un jour pu vivre sans elle.

Elle était ma vie, mon quotidien, mon point d'ancrage à la réalité, mon ange, mon espoir, ma lumière, mon guide, mon étoile, mon coeur, mon souffle, mon oxygène, mon sang, mes yeux, ma voix, ma mémoire, mes souvenirs, mon passé, mon futur, mon présent, mon ancre, mon encre, ma force, mon sourire, mon rire, ma mélodie, mon paradis, ma chanson, mon bonheur, mon éternité, mon âme-soeur, mon tout. Mais je l'ai perdue. Je ne suis plus que l'ombre de moi-même.

Je ne sais plus depuis combien de temps je me suis réveillé, depuis combien de temps j'ai compris quelle était la nature de mes sentiments pour elle. Depuis combien de temps fais-je semblant de rien ? Je ne sais plus. C'est si flou dans mon esprit que cela aurait pu être hier comme des années auparavant. Je sais juste que chaque matin je me réveille avec le même émerveillement cruel qui me rappelle la magnifique femme dont je suis stupidement tombé amoureux, comme le dernier des bleus.

Les sentiments sont si cruels... On peut si facilement les retourner contre nous. Il est si facile de contrôler une personne qui agit guidé par ses sentiments... Je sais si facilement reconnaître ce genre de pensée chez les autres... J'ai appris à déceler les failles de mes adversaires pour les utiliser à mon avantage... Et voilà que je me retrouve pris dans mon propre piège... Amoureux d'une fille trop proche mais trop loin de moi, une fille qui sans que je ne m'en rende compte était devenue une superbe jeune femme épanouie. Mais je n'ai jamais compris que c'est moi qui la rendais heureuse... Et maintenant, il est trop tard...

Qu'est-ce que l'amour sans elle ? Cela ne rime à rien. Pourquoi aimer si ce n'est pas elle ? Cela ne rime à rien. Pourquoi continuer à vivre si ce n'est pas pour elle ? Cela ne rime à rien. Tant de questions auxquelles la réponse n'est qu'une évidence à l'égard de mes sentiments. L'amour est cruel. Le monde est cruel. Il continue de tourner, impassible, insensible à la douleur qui remplit tout mon être à chaque fois que je songe à elle. Le souvenir de son sourire ne m'est plus qu'amère trahison.

Tout a commencé de façon anodine. Rien ne laissait croire que le destin allait nous jouer un tour aussi perfide, vicieux et cruel. Tout portait à croire que ce n'était qu'une mission de routine. Rien ne laissait présager que l'Enfer allait empiéter sur la Terre. Tout laissait penser que l'on rentrerait sains et saufs. Rien ne laissait envisager que tout allait basculer en une fraction de secondes. Mais j'avais oublié de me méfier des évidences. Et ce seul oubli impensable de ma part allait nous plonger dans le désespoir le plus total. Allait me plonger dans le désespoir le plus total.

Ce jour-là, alors que nous nous préparions à partir, nous avions été rejoints par des renforts. J'avais été très surpris, pour plusieurs raisons. D'après les informations que l'on nous avait transmises aucun renfort ne serait à prévoir. De plus, j'avais, comme à mon habitude, notamment lorsque j'étais chef de mission, veillé à ce que tout le monde soit prêt, préparé et armé avec une attention toute particulière pour parer à toute possibilité. Mais celle-là n'était pas entrée dans mes plans... Aussi, j'étais très étonné par la nature des renforts. Je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'elle soit là. Mais pensant que la mission n'était qu'un mission de routine, quasiment sans risques -puisque le risque zéro n'existe pas- je n'avais vu aucun inconvénient à ce qu'elle participe. Et même en connaissant le réel danger de la mission, je n'aurais pu refuser sa participation : elle était une ninja d'exception, et son aide était toujours la bienvenue. Seulement j'aurais pu la protéger si j'avais su dès le départ le degré du danger qui nous attendait.

Chacun de ses sourires était aussi pur que la lumière du Soleil. Chacun de ses regards était aussi brillant que la lumière de la lune. Mais je lui ai volé. Je lui ai arraché son sourire. Je lui ai volé sa pureté et son innocence. Je l'ai tuée. Je n'aurais jamais dû accepter qu'elle vienne avec nous. Et toujours cette question qui me hante : pourquoi ? Pourquoi n'ai-je rien fait pour tenter de la sauver ? Pourquoi l'ai-je laissée mourir ? Le regard qu'elle m'a lancé, ce regard qui me disait à l'aide, restera à tout jamais gravé en moi. Je l'ai vu se faire tuer, et je n'ai rien tenté. J'étais tétanisé par la peur. Incapable de faire quoi que ce soit. Mon adversaire me terrifiait, j'étais paralysé. Mais j'étais prêt à mourir pour elle. Alors pourquoi ne l'ai-je pas fait ?

Tétanisé par la peur de mourir moi-même, j'ai laissé mourir la fille que j'aimais le plus au monde. J'ai laissé mourir ma raison de vivre par peur de la mort. J'ai tué ma raison de vivre pour ne pas mourir. Finalement, je me suis suicidé. Sauf que je suis toujours vivant. Mon corps est toujours vivant, mais je suis mort de l'intérieur. Je ne suis plus que l'ombre de moi-même. Une chose indistincte et insignifiante, capable de se mouvoir, mais incapable de la moindre pensée logique. Une bête que l'on contrôle comme une marionnette par le seul mot pourquoi ? Je n'ai plus le désir de vivre. Sans elle le monde est bien fade et insipide. J'aimerais tant la rejoindre ! Mais je l'ai tuée. Je dois me repentir et vivre sans elle est ma punition. Et puis j'ai une promesse à respecter. Une promesse que j'ai faite à un précieux ami lui aussi mort pour une mission dont on avait mal jugé le danger. Mais comment tenir ma promesse avec l'état d'esprit qui est le mien depuis sa mort ?

Ils nous sont tombés dessus sans que je ne vois rien venir. Ils n'avaient rien à voir avec notre mission. Mais ils nous ont tendu une embuscade. Leur piège a parfaitement fonctionné. Je ne les attendais pas du tout. Un imprévu de plus qui n'a pas entraîné suffisamment rapidement de modification du plan. Car il n'y avait aucun moyen de replis. Ils la tenait déjà. Ils avaient déjà abattu toute l'équipe de renfort. Ils la tenaient. Et elle me fixait de ses yeux effrayés. Mais je n'ai rien fait pour la sauver. Ils me terrifiaient. Je n'ai pas pu esquisser le moindre mouvement. Ils m'ont laissé en vie, me balançant son corps qui se vidait de son sang. J'étais tellement apeuré par ces ennemis que je n'ai même pas cherché à la rattraper. C'est sa chute qui l'a achevée. J'avais oublié à quel point, malgré les apparences, elle était fragile.

La première chose que j'ai faite en recouvrant mes esprits, c'est hurler. Hurler à n'en plus pouvoir, hurler à en réveiller les morts, comme on dit. Mais ce n'est qu'une expression. Elle ne s'est pas réveillée. Et contrairement à ce que tout le monde croit, la mort ne rend pas forcément un visage serein. Si on eût dit qu'elle dormait, elle avait plus l'air de faire un effroyable cauchemar qu'un doux rêve. Et perdue dans un cauchemar duquel elle ne se réveillerait jamais. Je l'ai prise dans mes bras et serrée de toute la force du désespoir. J'avais tant besoin qu'elle ouvre les yeux et me frappe en me criant dessus comme quoi je l'empêchais de respirer... Mais elle ne respirait déjà plus...

Aujourd'hui, je ne sais toujours pas pourquoi ils m'ont laissé en vie. Pourquoi moi parmi tous les autres. Pourquoi, une fois de plus... Ils m'avaient déjà pris celui qui était comme un deuxième père pour moi, et maintenant ils me prenaient celle qui représentait mon futur et mon présent... Et au milieu de tout ça, ils me laissaient en vie... Pourquoi ? Voulaient-ils se venger de ma propre vengeance ? Un cercle infini de haine. Un cercle vicieux, qui n'admet aucune issue. Et moi dans tout ça... Que dois-je faire ? Une ultime vengeance qui se renverra contre mes proches ? Jamais. Plus jamais. Plus jamais je ne veux avoir à subir à nouveau ça. Ce sentiment de culpabilité horrible qui m'empêche parfois de respirer. Plus jamais je ne veux retrouver un de mes amis dans un cercueil. Mais n'est-ce pas là notre vie, celle que nous avons choisi en devenant un ninja ?

Je ne peux plus être un ninja. Je ne veux plus être un ninja. Si c'est pour être ce genre de ninja fuyard qui laisse mourir ses amis à sa place... Je ne veux pas de ça. Mais j'ai été pris au dépourvu. Jamais je ne me serais douté que l'Akatsuki était mêlée à tout ça... Seulement pourquoi n'ai-je pas réagi en conséquence ? Pourquoi ai-je laissé mourir cette blonde intrépide ? Pourquoi était-elle là ? Comment se faisait-il que le Kazekage nous ait envoyé des renforts sans nous dire pourquoi ? Mais dans un sens j'espère que maintenant il s'en mord les doigts. Parce qu'à rejeter toute la faute sur moi... N'est-ce pas lui qui a envoyé une escouade en renfort, commandée par sa soeur ?
Mais n'est-ce pas moi qui renvoie la faute sur lui ? Comme si je pouvais me délester d'un tel poids. Comment pourrais-je montrer l'exemple au fils d'Asuma ? Je ne vaux rien. Je suis un vaurien. Le pire de tous... Je ne peux plus me regarder dans un miroir. Je ne peux plus regarder ses frères dans les yeux.

Je suis horrible. Je ne mérite même pas la mort... Une errance éternelle... Et encore. Je ne sais rien faire d'autre qu'être au service de mon village... Une bonne marionnette bien formée. Mon intelligence hors-norme ne me sert vraiment à rien. Du moins à rien d'autre qu'être le joujou de complots et trahisons, fruit des guerres formé pour les guerres. Né pour tuer. N'est-ce pas ça, la vie d'un ninja ? Ni plus ni moins. Tuer et encore tuer. Encore et toujours. Faire couler du sang, toujours un peu plus, jusqu'à en être recouvert et se noyer dedans. Je ne peux rien faire d'autre. Rien. La vie est injuste et les sentiments sont traîtres. Mais je ne peux rien faire d'autre. Plus maintenant.



Bon voilà ce petit OS assez sombre sans vraiment de fin. Je voulais surtout analyser les sentiments de Shikamaru que vous avez sûrement reconnu... J'ai essayé de garder le mystère tout le long, mais vers la fin je me suis dit que ça serait pas mal si je donnais quelques réponses. Et désolée s'il y a une cassure au niveau du ton ou du rythme à la fin, j'ai repris ce OS après un certain temps de pause.
En espérant que vous avez aimé et que vous me laisserez un commentaire sur vos impressions !




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