Fiction: Until Death Do Us Part

Quand Naruto perd tout espoir.
Drame | Mots: 9293 | Comments: 0 | Favs: 3
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Angel Of Hell (Féminin), le 02/09/2012




Chapitre 1: Until Death Do Us Part



Un bruit d'une centaine de pas précipités résonnait dans les couloirs du palais de l'Hokage. Comme si quelqu'un courrait pour sauver sa vie, suivi par une bête ou par un tueur. Les talons de cette personne tapaient si fort sur le plancher froid que les murs en tremblaient. L'air était froid et les ombres dansaient dans les faibles éclairages des chandelles.

Naruto respirait ardemment quand il poussa violemment la porte du bureau de Tsunade. Celle-ci alla s'enfoncer contre le mur adjacent en un bruit sourd et désagréable qui fit tourner les têtes des ninjas présents dans la pièce. Tous les regards furent tournés vers lui, vers le sien qui brillait d'un mélange de détermination, d'inquiétude et de larmes de colère. Sa main tremblait sur la poignée de la porte alors que l'Hokage, debout derrière son bureau, l'air grave et sérieux, lui faisait signe d'approcher.

De chaque côté de la vieille femme, deux ninjas se tenaient sur leurs pieds, l'air mal en point, quelques écorches sur le visage et égratignures qui étaient colorées de sang séchés. Naruto leur jeta un bref coup d'œil. À droite, Ibiki. À gauche, Genma. Ses yeux azurs se posèrent finalement sur Tsunade qui laissait à l'instant un dossier tomber sur son bureau, faisant voler les autres documents plus minces autour.

— Alors ? lança Naruto, d'une voix agitée et impatiente, ni trop forte ni trop faible.

Tsunade ferma les yeux. Un moment, ses sourcils parurent si tristes que Naruto en détourna le regard pour regarder pendant une seconde l'homme imposant et le ninja respecté qu'était Ibiki. Là, le manteau déchiré à quelques endroits, le visage défait par les nombreux combats qu'il avait visiblement menés avec acharnement, Naruto lui trouvait quelque chose de... d'humain, quoi.

De l'autre côté, Genma prenait appui sur le bureau, le dos courbé. Celui-là avait mal quelque part. Peut-être sur tout le corps, et Naruto n'osa même pas imaginer ce qui les avait mis dans cet état. Quelque part au fond de lui, inconsciemment, il savait que c'était ces bâtards en manteau noir et rouge.

— Combien de ninjas sont encore en état de combattre ? demanda soudainement Ibiki, brisant le silence qui devenait trop long, surtout pour Naruto à qui la question muette restait sans réponse.
Tsunade, de dos à eux, regardant le village presque à la ruine totale, demeura de marbre pour quelques secondes supplémentaires. Naruto bouillait. Mais heureusement, l'Hokage se retourna mais garda ses yeux bas, fixant le document qu'elle venait de laisser tomber sur son bureau.

— Plusieurs sont morts, et d'autres, incapables de se tenir debout. Les blessés sont de plus en plus nombreux. Cette fois, je ne crois pas qu'on s'en sortira...

— Quoi ? Cria Naruto. Qu'est-ce que vous racontez, baa-chan ? N'était-ce pas vous qui disait que le village de la feuille subsisterait jusqu'à ce que la Terre s'arrête de tourner ? Vous ne pouvez pas abandonner si vite ! Pas après que tant de ninjas aient laissés leur nom derrière, pas après tant de sacrifices !
Ibiki voulut intervenir, avant que la conversation ne dérape, mais la voix grave et forte de Naruto reprit le dessus sur l'ambiance morbide de la pièce. Sur les joues du jeune homme brûlaient des larmes de colère, de peine et de profonde souffrance.

Tsunade, impuissante devant cette vision, ne put que se taire et continuer d'écouter les paroles déchirantes de l'adolescent qu'elle considérait comme son propre fils.

— Vous avez déjà oublié ? Tous les grands ninjas de ce village, qui appartiennent au passé ou bien au présent, on s'en fout ! Tous ceux qui y ont laissé leur peau ! Jiraiya, Kakashi-senseï, Sakura !

— Naruto... tenta la vieille femme.

— Votre frère ! Votre époux ! hurla-t-il dans sa lancée, ignorant le poignard qui alla droit au cœur de Tsunade. Le troisième Hokage, Asuma, Kurenaï, Lee ! Iruka-senseï ! Tous ces ninjas qui ont sacrifié leur putain de vie dans l'espoir que le village survive, qui nous ont laissé leur bénédiction !

Un violent coup sur le bureau fit sursauter Tsunade qui sortit de son état de léthargie qui avait suivi l'évocation de son frère et son époux. Des larmes silencieuses roulaient sur ses joues alors que Naruto continuait, pleurant sans même s'en rendre compte. Son poing sur la table faisait trembler le pauvre meuble sous son poids et sa colère.

L'Hokage releva des pupilles brillantes de culpabilité vers l'adolescent.

— Alors c'est déjà la fin ? Vous abandonnez ? VOUS N'ÊTES QU'UNE BANDE DE LÂCHES !
Ibiki attrapa Naruto par les bras lorsque celui-ci, emporté par sa colère, eut tenté de sauter, toutes griffes et crocs sortis, sur Tsunade. Le démon renard avait sans doute profité de l'état de colère et de souffrance du blond pour prendre le contrôle. Le temps que Naruto se calme, Ibiki le lâcha doucement, petit peu par petit peu.

Le torse gonflant régulièrement au rythme de sa respiration saccadée, Naruto lança un regard lourd de reproches et de haine envers l'Hokage qui, elle, refoula sa culpabilité. Elle se tourna de nouveau, faisant quelques pas vers la grande baie vitrée. Naruto essaya de bouger, mais ses poignets étaient coincés par Ibiki qui se tenait derrière lui.

— Dites-moi pourquoi ! Nous ne sommes pas aussi désespérés pour abandonner si vite. Je suis encore là, moi. Je compte bien venger Sakura-chan, et Kakashi-senseï, Iruka, Lee, Jiraiya. Je vais tous les venger, je vais les tuer ces rigolos de l'Akatsuki. Ils n'ont pas fini d'entendre parler de moi. Tsunade ! hurla-t-il alors, faisant sursauter la blonde.

— Tu n'es pas en mesure de tous les vaincre seul, Naruto, murmura-t-elle d'une voix grave.

— J'ai bien vaincu leur chef ! Ils ne sont plus aussi nombreux qu'avant, je peux... je peux laver les noms de mes camarades !

— Ils ont quatre membres de plus, quatre ninjas aussi puissants que les anciens, déclara Tsunade en lui faisant face.

— Ce n'est pas ce qui me fera reculer, répondit Naruto, sûr de lui.

Et c'était vrai. Il n'avait pas regardé ses amis souffrir pour ensuite mourir sans laver leur nom et leur honneur. Maintenant il comprenait la douleur et le désir de vengeance. Il sentait déjà sa force remonter en lui, son chakra aussi puissant qu'il ne l'avait jamais été. Oh oui, l'odeur de sang envahissait déjà ses narines et voir les assassins de l'Akatsuki payer pour leurs impardonnables crimes ne ferait qu'apaiser sa douleur.
Mais les mots que Tsunade lui lança à la figure furent aussi douloureux qu'une pluie d'acide. Tout son corps fut électrocuté quand ils atteignirent ses oreilles de plein fouet comme le coup fatal qui causa l'écoulement intérieur de sa première blessure.

— Sasuke Uchiha est notre principal ennemi.


* * *



Les arbres lui obstruaient la vue et leurs branches le nuisaient alors qu'il ne cessait de courir, maintenant profondément noyé dans cette immense forêt. Naruto n'était pas prêt de s'arrêter. Sa gorge brûlait, ses poumons le suppliaient de prendre une pause pour se regorger d'oxygène mais le blond était têtu et n'écoutait plus son corps qui réprimandait le repos. Sa conscience ne le menait plus qu'à un endroit. Son cœur ne le guidait qu'à un seul autre sur cette planète, sur ce monde cruel.

Sasuke. L'odeur de Sasuke planait tout autour de lui. Il était prêt, prêt à bondir sur lui. Les sharingans hantaient le blond et Naruto stoppa si brusquement que son cœur arrêta net lui aussi. Les paroles de Tsunade lui revenaient en tête comme un écho assourdissant qui était tout sauf agréable. Sasuke ? Avec l'Akatsuki ? Jamais... Jamais il ne croirait à ça !

La forêt était froide et bientôt complètement plongée dans la pénombre. Le soleil poursuivait sa route dans le ciel, et alors qu'il se retournait de nouveau, ayant pressenti une présence, un morceau de brindille et une longue branche par terre prit feu sous ses yeux, violemment. Il sursauta, se retourna derechef, commençant à être plutôt étourdi.

Cependant, lorsqu'il vit, à l'orée de la forêt, émergeant des feuilles et des ténèbres, une silhouette qu'il aurait reconnue malgré la noirceur lui faire face, son sang ne fit qu'un tour. Deux billes rouge luisaient de malice, puis un peu plus bas, une longue lame aiguisée et pointue brillait sous la faible luminosité des flammes. Naruto ravala sa salive péniblement, alors qu'un pied sortit de l'ombre, et le deuxième. Le blond gardait les yeux bas, effrayé ou pas encore prêt à voir qui c'était. Il savait. Mais il préférait y aller en douceur, plutôt que de provoquer le choc qu'il appréhendait, les retrouvailles tant attendues.

Le début d'un manteau noir cachait le haut des jambes qui transparaissaient dans le noir et au premier nuage rouge, Naruto reconnut l'habit des criminels recherchés pour avoir tué de ses propres amis. Ses poings se serrèrent. Mais les sharingans et le sabre. Itachi était mort. Alors ça ne pouvait être que...

— Te voilà enfin, retentit une voix sobre et légèrement grave.

Sasuke sortit de l'ombre de tout son corps et fit face à l'Uzumaki qui avait les yeux calmes, le corps presque plus aussi tremblant et la bouche plissée. Le blond retenait avec peine toute sa colère et son chagrin qui avaient besoin d'être évacué, quand il dit, inspirant profondément :

— J'ai cru que tu te cacherais éternellement...

Le jeune Uchiha restait debout, droit et immobile comme une statue de marbre, les yeux fixés sur Naruto, le visage aussi pâle qu'un fantôme et les cheveux virevoltant doucement au vent.

— ... Sasuke.

Un aussi long silence n'eut jamais semblé aussi pénible pour Naruto qui tenait un kunaï serré dans la main qu'il cachait dans sa pochette à armes sur sa jambe. Il examina un moment son ancien camarade de classe, et constata que malgré les nombreuses années de fuite et de combat, Sasuke était resté le même. Sombre et froid, expulsant autour de lui cette aura maléfique qui donnait aux gens cette envie de fuir à toutes jambes.

Toutefois, Naruto n'avait pas cette envie, là maintenant. Ses yeux descendirent sur le corps long et svelte du jeune ninja qui, à première vue, devait s'entraîner dur et longtemps. Malgré une musculature parfaite et une force incroyable digne au prodige qu'il était, il restait mince et frêle. Ses yeux noirs reflétaient l'être assoiffé de sang qu'il était devenu mais Naruto y avait toujours vu – et voyait encore – cette éternelle étincelle qui luisait au fond des pupilles de l'Uchiha. Cette lueur de souffrance et d'agonie qui trahissait qu'en-dessous de cette armure de glace, Sasuke était malheureux.

Ce dernier aussi, de son côté, inspectait sans oublier de détail l'image du ninja exemplaire et admirable qu'était devenu Naruto. Il devait bien se l'avouer, rendu là, que Naruto n'était plus le gamin incapable et pleurnichard qu'il était dans leurs jeunes années. Il était devenu grand, bien plus que lui-même, fort et à l'effigie de son démon intérieur. Il portait toujours cet ensemble orange et noir qui permettait à Sasuke de voir qu'en Naruto reposait les restes du « ninja imprévisible de Konoha » qu'il avait un jour été et cet enfant-démon que les villageois reniaient autrefois.

Sasuke fronça les sourcils lorsque ses iris remontèrent sur le corps du blond pour se poser sur son visage. Les moustaches du renard étaient toujours là, lui donnant cet air sauvage et bestial. Les cheveux blonds ébouriffés, en désordre et devenu un peu plus long le rendait plus vieux, plus adulte, ainsi que les rondeurs d'enfance disparues dans les traits de son visage. Il ressemblait de plus en plus au Quatrième. La sagesse luisait dans ses pupilles azurées. La sagesse, le courage et la détermination. Pendant un moment, Sasuke crut entendre la voix qu'il y a une centaine d'années qui criait à qui voulait l'entendre que... « Je ne reviendrai jamais sur une parole donnée, tel est mon nindô ! »

— Face à face, lâcha finalement Sasuke après un silence qui leur avait permis de se remettre de leurs émotions. Après presque dix ans.

— Qu'est-ce que tu cherches au juste, l'interrompit Naruto d'une voix sombre et grave en défaisant la poigne de ses doigts de sur le kunaï, sachant pertinemment qu'il n'aurait jamais assez de courage pour attaquer le premier.

Les fines lèvres du ténébreux s'étirèrent jusqu'à ce qu'un sourire amer et ironique éclaire son visage à la couleur de la lune.

— Toujours aussi imprévisible, furent les seuls mots qui franchirent sa bouche.

Il baissa la tête sur son sabre. Naruto suivit les mouvements lents, restant sur ses gardes. Un vent froid balaya les arbres autour d'eux alors que Sasuke remontait doucement la manche trop longue de sa veste. C'est à cet instant que Naruto vit, qu'au bout du manche, imprégné autant sur celui-ci que sur la main de Sasuke, du sang dégoulinait, coulant jusqu'au bout de la lame.

Avant, plusieurs années auparavant, Naruto aurait fait un pas en avant brusquement en disant «tu es blessé!». Mais il n'était plus ce ninja là. Car toujours calme et immobile, le blondinet étudiait le prochain mouvement du brun. Une main retenant la manche de la veste, l'autre tenant fermement la poignée de l'épée, Sasuke ferma les yeux. Naruto plissa les siens. Le sang coulait, mais par où, cela était une toute autre question.

— J'ai cru que tu allais sauter sur moi et me dévorer d'une seule bouchée. Ajouta Sasuke d'une voix à mi-chemin entre l'amusement et la sensualité.

Naruto ferma les yeux. Son odeur était divine. Un mélange des bois, de la forêt, des rivières et de tous ces parfums naturels, de sa propre odeur corporelle et du sang qui sentait aussi fort que possible, allant frôler l'instinct animal qui brûlait en Naruto en ce moment-même.

Étrangement, Sasuke n'avait jamais été aussi tentant. L'Uzumaki ne savait pas s'il avait envie de le déchiqueter en morceaux ou bien de lui sauter au cou pour le couvrir de baiser, goûtant ainsi chaque parcelle de sa peau.

Mais d'un coup sec et brusque, les corps de Kakashi, Sakura, Lee, Iruka, et encore d'autres ninjas qu'il connaissait bien lui revinrent en mémoire et le blond oublia ses envies sauvages pour se concentrer sur la réalité qui le rattrapa dans sa course effrénée. Il rouvrit les yeux rouges du démon, chaque veine de son corps bouillant de rage et de détermination :

— Où sont tes semblables ?
— Mes semblables ? répéta Sasuke, curieusement.
— Tu sais très bien de qui je parle ! cria Naruto, à bout de nerfs en faisant un pas devant, la main de nouveau fermée sur un kunaï qu'il sortit à toute vitesse, le pointant sur Sasuke.

Celui-ci ne perdit pas une seconde pour se protéger de son sabre en le mettant devant lui, horizontalement.

— Si tu parles de l'akatsuki, je ne suis plus avec eux depuis bien trop longtemps pour m'en souvenir, déclara-t-il avec sobriété mais aussi avec ennuie.

Naruto eut une grimace confuse.

— Et cette cape que tu portes ? Juste pour le plaisir ou bien tu me prends encore pour l'idiot de service ?

— Aucune de ces réponses, répondit sèchement Sasuke alors que Naruto s'attendait à une réponse bourrée de sarcasme, fidèle à l'ancien Sasuke, le Sasuke d'une lointaine époque.

Ce fut pourquoi Naruto resta un moment incapable de parler. Même s'il savait inconsciemment depuis le début que Sasuke n'avait fait aucun mal aux ninjas de Konoha, maintenant il en était certain. Le cœur soulagé, il fit un autre pas devant. Sasuke recula.

— Je ne suis pas là pour me battre, dans ce cas, dit doucement Naruto en abaissant son kunaï, ce qui fut une grossière erreur...

— Dommage pour toi ! S'écria Sasuke en sautant aussi vite que Naruto ne le vit pas à l'œil nu.

En une fraction de seconde, le jeune Uchiha atterrit droit devant Naruto, à un centimètre près. Le blond n'eut que le temps de le voir planter son sabre dans le sol qu'il prit appui dessus pour envoyer ses jambes en l'air.

Sasuke, dans son vol, plia les genoux pour que ses pieds atteignent le torse de Naruto. Tout se passa si vite que dans le temps qu'il n'en fallut pour comprendre, le blond était contre l'arbre à quelques mètres plus loin, son dos s'y écrasant littéralement.

Il retomba péniblement, et resta un moment par terre. Un goût amer et salé, métallique se mélangea dans sa bouche et lorsqu'il l'ouvrit, il cracha le liquide impur et rouge. Un mince filet de sang glissa sur son menton mais il s'en fichait. Il l'essuya paresseusement et négligemment, puis se donna une poussée avec ses mains pour se remettre debout. Ses pensées s'enchaînaient quand il remonta le menton.

Là, toujours à la même place, Sasuke reprenait son sabre, debout, fièrement dressé tel le ninja sûr et puissant qu'il était.

— On dirait... Commença Naruto en prenant une profonde inspiration, un hoquet lui faisant tressauter les poumons. ...Que tu ne comprends pas. J'ai dit que je ne suis pas là pour me battre.

— Tant mieux, ce sera plus facile si tu te laisses faire.

Derechef, le jeune brun partit comme une flèche en sa direction. Têtu, celui-là, pensa tout juste le blond avant de voir apparaître une masse noire au dessus de lui. Il s'écarta du chemin juste à temps pour que Sasuke plante son chidori nagashi au sol plutôt que sur lui. Un bruit de mille oiseaux désagréable déchira les oreilles du blond alors qu'il restait debout, légèrement pantelant, regardant Sasuke tenter tant bien que mal de retirer sa lame profondément ancré dans la terre.

Lorsque fait, Sasuke, également un peu essoufflé, s'approcha lentement. Ennuyé que le blond ait si facilement évité l'attaque, il réessaya. Rapide comme l'éclair, invisible comme le tonnerre, il fut derrière Naruto en une nano seconde. Il agrippa son cou en s'y accrochant. Alors qu'avec ses jambes autour de la taille du blond et son bras autour de son cou immobilisaient Naruto pour lui empêcher toute fuite, son second plaçait son sabre dont la lame enveloppée de foudre scintillait près de sa poitrine.

— Ta fin est plus proche que tu ne le crois, souffla Sasuke à l'oreille du blond, d'une voix mielleuse et pleine de haine qui crachait son venin.

La lame s'enfonça dans le cœur de Naruto et celui-ci lâcha un cri avant que tout ne parte en fumée. Sasuke retomba par terre en titubant avant de reprendre équilibre et de comprendre que ce n'était qu'un clone. Une grimace de frustration et de colère fit retrousser ses lèvres, alors qu'il tournait la tête dans tous les sens, cherchant Naruto, essayant de deviner à quel endroit il apparaîtrait pour l'attaquer à son tour.

Sasuke se retourna brusquement et rapidement quand il sentit un coup de vent lui frôler la nuque. Le noir fut le seul tableau qu'il put distinguer. Le noir infini, les ténèbres imposantes et maîtresses des lieux. Ses pupilles détaillèrent en vitesse chaque petit détail de la forêt, par terre, là-haut, il en fut presque étourdi quand une tornade blonde atterrit lourdement devant lui, faisant presque trembler le sol, lui déversant un ouragan de coups de poings. Sasuke tenta de les éviter du mieux qu'il put. Un seul lui échappa et il recula en manquant de perdre équilibre. Il essuya le sang qui coulait de sa lèvre inférieure et lança un regard meurtrier et glacial au blond devant lui. Celui-ci ne riait plus. Lui non plus.

— L'heure n'est plus à la rigolade, soupira Sasuke, le souffle court et la poitrine en feu. Je vois... Alors on ne joue plus.

— Tu as toujours voulu savoir lequel de nous deux est le plus fort, alors profite de cette occasion car ça sera la seule, cracha le blond d'une voix dénuée d'émotion, juste imprégnée d'une froideur inhabituelle venant de lui.

Sasuke lâcha un petit rire amusé. Puis un second. Naruto, de marbre, ne bougea pas, ne fit que regarder son ancien camarade d'une paire d'yeux qui avait perdu de leur éclat.

— La seule ? Parce que monsieur est sûr de me tuer. Wow, Naruto, tu sais ce que tu ne devrais pas dire des sottises plus grosses que toi ? Mais si tu y tiens, je veux bien que tu me tues. Depuis qu'il n'y a que ça d'intéressant, alors vas-y, TUE-MOI ! Hurla-t-il ensuite et Naruto ne sursauta même pas.

Toujours aussi droit et immobile, c'était au tour du blond d'avoir cette allure qui effraierait bien des gens. Le démon commençait à prendre possession de son chakra, le transformant en une aura orangée qui émanait de son corps. Ses crocs poussèrent sous ses lèvres ainsi que ses griffes. Il devint aussi bestial et sauvage que le démon qui sommeillait en lui et qui se réveillait doucement, attiré par l'odeur du sang de Sasuke, son odeur toute entière.

L'Uchiha, frustré de ce silence, se jeta sur lui pour le bombarder de coups d'épée que le blond esquiva facilement avec qu'un seul kunaï. Un long combat de corps à corps s'ensuivit lorsque Sasuke balança furieusement son épée pour utiliser ses poings, tout à coup plus avide de sang et de contact physique. Il y avait longtemps qu'il ne s'était pas servi de son corps comme arme mais malgré tout le taïjutsu restait aussi facile et ses mouvements fluides ne trahissaient en rien les gènes d'une longue lignée de ninjas d'élite qui bouillaient dans ses veines.

Naruto, lorsqu'il parvint à mettre Sasuke à terre d'un coup plus fort que les autres sur le crâne, recula pour reprendre son souffle. Le brun, par terre, gigota lentement et faiblement alors que, sonné par le coup, il reprenait ses esprits. Il se mit lentement à quatre pattes, les poings serrés et cracha du sang par terre, toussotant, la tête basse, les cheveux pendant dans le vide. Il se releva avec peine mais parvint à tenir sur ses pieds. Il chercha un moment Naruto qui avait de nouveau disparu, tout en glissant ses mains à l'intérieur de sa veste pour chercher dans ses poches à kunaï quelques shurikens. Ses mains tremblaient d'adrénaline alors que, d'un brusque coup de chaleur, il retira sa veste en la balançant au loin, ne gardant que son kimono blanc.

Il reprit ses shurikens pour tenter une contre-attaque mais au même moment, un hurlement bestial déchira ses tympans alors qu'il tourna la tête vers la bourrasque de vent qui souffla sur lui. Fuuton no Jutsu ? se demanda-t-il avant que les rafales d'une puissance surnaturelle l'envoyèrent faire un vol plané de quelques longs mètres jusqu'à ce qu'à son tour, son dos se fracasse sans merci sur le tronc d'un arbre gigantesque. Et avant qu'il n'ait pu retomber par terre, Naruto apparut comme une ombre devant lui, attrapant le col de son kimono de ses poings serrés, ne laissant à aucun moment l'opportunité à ses chevilles de toucher terre.

Leurs visages furent si près que leurs souffles se mélangèrent, ne faisant qu'un pendant une petite seconde. Sasuke, les yeux grands ouverts, tenta de respirer, mais quelque chose l'en empêchait. Était-ce les poings du blond serrés contre sa gorge, son corps près du sien, sa chaleur étrangement rassurante et bienfaisante sur son propre corps, ou bien la bouche de Naruto qui semblait vouloir faire de lui qu'une seule bouchée ? Le démon tentait de le posséder, enfin c'était ce que pensait Sasuke, se disant que Naruto n'était plus le même, mais ce n'était pas tout à fait le cas. Le blond résistait. Il refusait de laisser au démon renard le loisir de faire de Sasuke une proie aussi facile. Il était déjà essoufflé et à court de chakra. Même si Sakura était morte, Naruto refusait de laisser cette promesse devenir qu'un souvenir déchu d'un passé détruit.

— Vas-y, souffla Sasuke, les yeux fiévreux fixés sur la bouche du blond. Vas-y, tue-moi. Tu es si près du but, ne recule pas...

Pris d'une rage soudaine, Naruto se retourna en lançant son fardeau, et Sasuke se laissa faire. Son corps fut propulsé comme une vulgaire chaussette et il s'écrasa plus loin au sol, faisant plusieurs tours sur lui-même avant de s'arrêter, complètement assommé par le choc brutal de la force sauvage de Naruto. Ce dernier, debout légèrement courbé et haletant, grogna, les crocs sortis. Regardant, au loin, le corps de Sasuke, immobile et gisant, il reprit lentement conscience. Le renard avait pris, l'espace d'une seconde, le total contrôle sur son corps et résultat, il avait peut-être blessé gravement son ami.

Naruto, une fois sobre et toute trace du démon disparue, partit comme une flèche en courant pour rejoindre Sasuke. Celui-ci gigotait faiblement, quelques hoquets, tressautements et gémissements qui trahissaient son état de faiblesse s'échappant de sa bouche. Le blond se laissa tomber à ses côtés, le retourna sans douceur et se mit à quatre pattes au-dessus de lui. Il referma ses mains sur les poignets de Sasuke, étendus de chaque côté de sa tête. Le ténébreux, dans les vapes, ne fit rien pour empêcher le blond de se pencher pour presque frôler son nez du sien.

Naruto observa, de très près, les paupières à moitié closes de Sasuke s'ouvrir lentement. Le jeune Uchiha battit des cils un moment avant de voir clairement. Il ne sut pas si c'était dans ses rêves, s'il était déjà dans l'autre monde, ou bien si c'était la réalité. Naruto était penché sur lui, sa chaleur consumant ainsi tout son corps, de la racine de ses cheveux jusque dans ses poignets, prisonniers des paumes chaleureuses du blond, à ses orteils nus, gelés par le froid de la nuit.

Les saphirs du blond étudièrent les obsidiennes de Sasuke pendant un trop long moment. Ce dernier ne se débattait pas quand Naruto avoua, d'une voix chaude et grave :

— Je ne te tuerai pas.

Il ferma les yeux et se pencha encore plus. Ses lèvres frôlèrent la peau froide et blanche de Sasuke qui avait également les yeux fermés. La bouche de Naruto se promena un peu, sans vraiment toucher, passant par le nez, le front, les paupières et les joues, descendant vers le cou. Naruto frissonna, sentant les poils de ses bras se hérisser alors que ses mains sur les poignets du brun perdaient de leur fermeté. Mais tant que les poignets étaient immobiles et inanimés, il n'avait pas besoin de serrer.

Alors doucement, le blond posa ses mains en coupe sur le visage de l'Uchiha, prenant appui de chaque côté de sa tête avec ses coudes. Sasuke était comme un fruit défendu. Un fruit délicieux et doté d'un goût des plus paradisiaques. Une drogue qui allait le rendre fou de bonheur s'il avait la chance d'y goûter.

— Je ne te tuerai pas, continua-t-il de chuchoter, le cœur battant à vive allure. Le combat ne s'achèvera que lorsqu'on sera tous les deux morts.

— Mourir ensemble, murmura Sasuke quand leurs bouches se scellèrent, pour un baiser doux et passionné que Naruto cessa quand il sentit la jambe de Sasuke se redresser et son pied se poser sur son torse. Trop fleur bleue à mon goût.

Sur ces dernières paroles, Naruto fut projeté dans les airs sans comprendre, et Sasuke se releva en attendant patiemment que Naruto retombe sur le chidori qu'il prépara à la vitesse de l'éclair. Mais Naruto, ayant déjà compris, roula sur le côté et retomba à quatre pattes plus loin, exactement comme le félin qu'il était, grognant, ronronnant devant la merveilleuse proie qui avait finalement décidé, fidèle à elle-même, de ne pas se laisser dévorer.

— Ça y est ? T'as retrouvé tous tes esprits ? Lança Naruto, se remettant debout avec une agilité déconcertante.

Les mille oiseaux hurlaient toujours dans la paume de l'Uchiha qui fixait d'un regard glacial le blond qui s'apprêtait à contre-attaquer. Mais au moment où Sasuke fut prêt à lancer ses éclairs dans le ciel et déchirer l'ultime chance de s'enfuir ou bien de sauver sa vie au blond, une explosion éclaira la nuit noire et le bruit qu'eut fait ce cataclysme obligea les deux jeunes hommes à tout lâcher pour se serrer les oreilles.

Les arbres furent presque déracinés par la force de l'attaque, et tant Naruto que Sasuke s'éclipsa en courant le plus vite qu'il put en direction inverse de l'explosion et du feu qui consumait maintenant la forêt, et qui approchait dangereusement des deux ninjas qui tentaient de fuir. Cependant, une seconde explosion éclata derrière eux, cette fois si proche qu'ils furent projetés contre les troncs.

La dernière chose que Naruto aperçut fut le noir total.


* * *



Naruto toussa violemment et ce soudain tressautement de ses poumons le tira des ténèbres dans lesquelles il sommeillait alors qu'il ouvrit les yeux. La forêt était toujours plongée dans l'obscurité, le matin était proche cependant.

Le temps de lentement reprendre ses esprits et de constater que les arbres étaient en feu tout autour, il se souvint de ce qui s'était passé. Ses pupilles azurées s'écarquillèrent comme si on venait de l'étrangler. Où était Sasuke ? Il fallait qu'il le retrouve avant que les flammes ne s'en chargent. Jamais il ne laisserait son ami disparaître sans lui, pas après tant d'années à s'acharner pour le retrouver.

Naruto se releva avec difficulté, se retenant sur le tronc de l'arbre tout près pour ne pas retomber. Il avait quelques courbatures mais rien de grave et il parvint à tenir debout après une petite minute. Dès lors qu'il eut retrouvé tous ses esprits, il posa un œil par terre et écarquilla les yeux : quelques gouttes de sang traçaient une sorte de petit chemin devant lui.

L'Uzumaki n'attendit pas, il décida de suivre les petits points rouges par terre. Mais il n'eut nul besoin d'aller très loin, car à peine un arbre dépassé qu'il aperçut, à quelques mètres de lui, Sasuke était debout et lui souriait méchamment, amèrement, comme s'il était fier d'une quelconque victoire. Naruto fronça les sourcils tout en le détaillant. Sasuke était debout mais sa silhouette était quelque peu croche, et Naruto comprit assez vite pourquoi quand il vit qu'il avait une main posée sur son ventre, un peu plus à droite et plus bas près de sa hanche. Et le blond fit le lien avec les gouttes de sang qui l'avaient mené à lui. Il était blessé.

Un ricanement bourré de sarcasme et d'ironie emplit alors la forêt et résonna en écho dans les oreilles de Naruto qui releva la tête.

— Tu voulais q-qu'on meurt ensemble, hein ? lança Sasuke, la voix dérangée par quelques gémissements de douleur qu'il étouffait, tout en retirant d'un coup sec le bout de branche pointu enfoncé en lui.

Il rigola davantage tout en continuant. Sa blessure saignait beaucoup trop aux yeux de Naruto mais l'Uchiha semblait s'en balancer.

— Je crois que c'est le moment ! cria-t-il ensuite en sortant trois shurikens d'une main qu'il jeta au blond sans que celui-ci n'ait vu quoique ce soit.

Mais même si Sasuke l'eut attaqué à une vitesse incroyable, le blond les esquiva de justesse, ce qui ne fit pas le bonheur du brun qui perdit son sourire. Naruto, qui s'était réfugié dans l'arbre derrière lui, sauta pour rejoindre la terre ferme. Il avait un visage sérieux et des traits durs. Il n'avait plus envie de rigoler, lui non plus.

Sasuke, malgré son état, fulminait de rage. Non seulement le blond n'abandonnait toujours pas sur lui, mais aussi, il était fort. Très fort. Que faire ?

Comme toujours, il ne laissa rien paraître sur son visage, à part les traits de sa colère, alors qu'il réfléchissait. Mais ce fut Naruto qui brisa cette fois-ci le silence.

— Qu'est-ce que tu recherches, au juste, Sasuke ? Itachi est mort depuis très longtemps. Ta vengeance est accomplie. Tu peux rentrer pendant qu'il en est encore temps. Et puis, on a besoin de toi au village...

Ces mots semblèrent amuser l'ancien membre de l'équipe 7 car derechef, Sasuke se mit à rire. Un rire toujours aussi froid et ironique, toujours aussi sombre et à en donner des frissons d'effroi. Naruto désespérait à peine, écoutant ce rire le rendre malade.

Cependant, ce qui le rendait réellement malade, c'était cette main que Sasuke gardait sur sa blessure, sans même presser, comme s'il se fichait de perdre tout son sang...

— Qu'est-ce qui te fait rire ? grogna Naruto, plus qu'énervé.
— Tu cherches encore à... à me ramener après toutes ces années ? Tu ne lâches pas, hein ?
— Je me souviens avoir fait le serment de te ramener, pas de lâcher prise. Je ne suis pas un lâche, quand je dis quelque chose, je tiens parole.
— Je ne reviendrai jamais dans ce village pourri, de toutes façons, Konoha n'est plus qu'un... qu'un tas de poussière !

Naruto ouvrit inconsciemment de grands yeux.

— Comment le sais-tu ? s'étonna-t-il.

Avant de répondre, Sasuke resserra sa prise sur sa blessure et étouffa une plainte, s'efforçant de garder son sourire fier et méchant même si Naruto voyait bien qu'il souffrait.

— Je le sais c'est tout, j'ai de bonnes sources.
— Tu es blessé, Sasuke. Reviens. On prendra soin de toi, de ta blessure.
— Oh, c'est vrai ? C'est trop gentil. Je n'ai pas besoin de plus de traîtres, crétin ! Pas besoin de mettre les pieds là-bas. Je déteste Konoha ! JE LES DÉTESTE, TU ENTENDS ? Hurla-t-il, ce qui le vida de ses dernières forces.

Il s'écroula à genoux tout en prenant appui par terre de son bras valide. Il baissa la tête en enfonçant sa main sur sa plaie, espérant faire partir la douleur incessante et insupportable. Naruto ne dit rien. Il savait tout sur l'histoire des Uchiha, tout sur leur tragique destin et sur la vie d'Itachi. Il comprenait que Sasuke n'aurait plus jamais l'envie de retourner dans un village qui avait trahi sa propre famille.

Doucement, il commença à marcher vers lui. Sasuke, le sentant s'approcher, se tendit en tentant de reculer mais il perdait trop de sang pour encore avoir la force de jouer au têtu. Naruto tomba à genoux sans le regarder. Sous les yeux écarquillés et confus de Sasuke, il sortit de sa poche à shuriken quelques bandages roulés. Il en défit un long morceau.

Ensuite, il releva des yeux neutres vers le brun, même si quelque part au fond de ses yeux il espérait que Sasuke voit qu'il se souciait de lui.

— Si tu refuses de rentrer, laisse-moi au moins rallonger ta vie.
— Ne... ne me touche pas, grogna Sasuke en s'écartant alors que Naruto passait ses mains autour de sa taille pour placer le bandage. Hey, dobe, tu comprends au moins ? Je t'ai dit de ne pas me toucher !

Tout en ignorant ses protestations, le blond eut un petit sourire. Un ricanement qui enragea d'autant plus l'Uchiha qui fulminait.

— On peut... savoir p-pourquoi tu rigoles ? s'énerva-t-il même si la perte de sang commençait à avoir raison de lui.

— Tu me fais marrer, c'est tout, répondit Naruto tout en serrant le bandage sur la plaie de son ami.
— Wow, monsieur est médecin en plus, continua Sasuke en ignorant la dernière réplique, faignant d'être surpris même si au fond il était plutôt impressionné.

— Depuis que les ninjas encore vivants à Konoha se comptent sur les doigts de la main, il faut savoir comment se soigner. Et puis, si tu arrêtais de bouger aussi, ce serait plus facile.

— Excuse-moi d'avoir un trou dans le ventre et que ça fasse mal, hein.

Naruto continua de ricaner doucement, tout bas, alors que Sasuke était frustré que le blond soit si amusé. Ne venaient-ils pas de se battre ? Pourquoi continuait-il d'être si tendre avec lui-même après qu'il ait failli le tuer plus d'une fois ? Au fond, Naruto était un peu comme lui. Têtu. Et quand il voulait quelque chose, il le cherchait, aussi loin que son but pouvait se trouver, il l'atteignait.

Une fois le travail terminé, Sasuke se laissa tomber assis. Sa vision commençait à être floue mais il avait encore toute sa tête. Naruto resta à genoux près de lui, à le regarder.

— Qu'est-ce que tu veux, encore ?
— Si tu as de si bonnes sources, commença Naruto, toujours amusé par le caractère de chien de son ami, alors d'où venait cette explosion ?
— Tss. Tu n'es vraiment au courant de rien, tu n'as pas changé depuis le temps, toujours aussi ignorant !
— Réponds.
— Au cas où tu ne le saurais pas, le monde ninja est en guerre.
— Je vois.

Un long silence s'étala alors sur plusieurs minutes. Sasuke, malgré sa blessure qui le faisait souffrir, recula jusqu'à être dos collé contre le tronc d'un arbre. Il s'y adossa en gémissant de douleur. Naruto, pour sa part, se contenta de le regarder bouger, puis s'approcha et s'adossa à son tour, à ses côtés.

Sasuke tourna des yeux ennuyés vers lui.

— Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il.
— J'attends, répondit simplement Naruto sans le regarder.
— Tu attends quoi ?

Le blond haussa les épaules paresseusement puis tourna la tête vers Sasuke. Celui-ci avait la peau plus pâle qu'elle ne l'était déjà et des yeux endormis, presque sur le point de se fermer. Naruto pouvait bien voir qu'il essayait de lutter contre l'évanouissement. Il manquait de sang et il était épuisé.

— Rentre à Konoha, ordonna Sasuke sur un ton brusque.
— À quoi ça sert maintenant que ce n'est plus qu'un tas de poussière ?

Sasuke voulut dire quelque chose mais s'abstint, ne sachant pas quoi dire de toutes façons. Il savait que sous cette réponse s'en cachait une autre. Il savait que Naruto voulait plutôt dire « je ne pars pas sans toi ». Il soupira.

— Tu n'abandonneras jamais hein ? demanda-t-il dans un souffle.
— Une promesse c'est une promesse.
— Même mort, tu ramènerais mon cadavre ?
— Probablement.
— Finalement, tu n'as pas beaucoup changé.

Naruto ne dit rien. Il n'avait que ce sourire amusé sur les lèvres.

— Toi non plus.

Puis, après un très long moment d'inactivité et de silence complet, écoutant les flammes brûler les branches plus loin derrière eux, Naruto sentit un poids sur son épaule. En baissant les yeux, il sursauta : Sasuke y avait posé sa tête, sans doute à bout de forces.

— Qu'est-ce que tu fais... ? demanda-t-il, incertain.
— Si t'es assez têtu pour attendre que je meure avant de me ramener, alors rends-toi au moins utile.
— Je ne veux pas attendre que tu meures.
— Je ne veux pas rentrer à Konoha.
— Et si je te dis que ceux qui ont détruit ta famille sont déjà dix pieds sous terre ?
— Et si je te dis que je veux en finir, ici, avec toi ?

Cette dernière phrase laissa le blond complètement confus et ahuri. Et le temps qu'il comprenne les mots et la demande cachée de Sasuke, il glissa un bras autour de lui et le serra très fort contre lui. Là, sa peine et sa colère refoulées refirent surface. Des larmes maintenant de joie coulaient sur ses joues. Il n'avait pas pu sauver ni Lee, ni Sakura, ni Kakashi, ni plusieurs autres de ses amis, mais au moins, il avait Sasuke.

— Naruto...
— Oui ?
— Ne serre pas si fort.
— Désolé...

Naruto se mordit les lèvres, les yeux remplis d'eau. Si ça continuait, Sasuke allait vraiment mourir. Sa blessure avait beau être bandée et pansée, elle devait être mieux soignée et désinfectée. Ici, au beau milieu de la forêt, ça n'allait pas se faire. Et puis, il avait perdu trop de sang. Attendre encore ici voulait dire attendre la mort.
Ce fut pour cette raison qu'il ne put s'empêcher d'essayer encore une fois de le convaincre.

— Sasuke, rentre avec moi, je t'en prie.
— ...
— Je sais que tu refuses de retourner là où ta famille a été trahie et massacrée et où ton frère a été utilisé comme un vulgaire pion, mais les choses ne sont plus pareilles aujourd'hui. Les années ont passé, Sasuke, et le Konoha est en ruines. Si tu rentres avec moi, on sera plus forts à deux pour vaincre les ennemis et on rebâtira le village toi et moi. On le rebâtira de la bonne façon. Tu es tout ce qu'il me reste alors rentre avec moi...

Ses joues étaient inondées de larmes quand il baissa la tête pour voir si Sasuke allait donner une réponse. Cela le surprenait qu'il ne l'ait pas déjà arrêté dans ces grandes paroles dégoulinantes de sincérité. Une chose dont Sasuke avait horreur et il en était pleinement conscient.

Et en baissant les yeux, Naruto comprit pourquoi son ami était aussi silencieux : il était sur le point de s'évanouir. Ses yeux luttaient contre les ténèbres qui tentaient de l'assaillir alors Naruto le secoua un tout petit peu, d'une main sur sa joue.

— Hé, teme, t'endors pas. Il faut... il faut rester éveillé, balbutia Naruto, la vision troublée par le voile de ses larmes.

Sasuke gémit, et s'accrocha faiblement aux vêtements du blond pour tenter de se redresser. Avec les derniers élans de force qui lui restaient, il s'adossa au tronc de nouveau.

— C'est... pas... facile avec... tes discours... à la noix...
— OK. Vas-y, dis ce que tu veux sur moi, dis-moi que je suis le plus stupide des ninjas, le plus faible et le plus misérable, mais ne t'endors pas. T'as compris, Sasuke-teme ?

Pleurant maintenant doucement, le blond rattrapa ledit « teme » lorsqu'il glissa dans ses bras. Son cœur s'affola quand il sentit le corps mou contre lui. Il le secoua un peu plus fort, paniqué à l'idée qu'il se soit évanoui malgré ses interdictions.

— Sasuke ! Réponds, Sasuke !

Naruto avait beau le secouer dans tous les sens, les yeux du jeune Uchiha restaient fermés durant un si long moment que le ninja de Konoha ne sentait plus son cœur battre lorsqu'il entrevit les pupilles noires fixés sur lui sous les paupières à moitié ouvertes.

Il lâcha un soupire de soulagement en baissant la tête sur la blessure de son compagnon. Il fronça les sourcils puis releva ses deux pierres saphir sur Sasuke qu'il avait allongé par terre.

— Sasuke, il faut qu'on rentre à Konoha. Je sais que tu ne veux pas, mais...
— Ça ne sert à rien, souffla Sasuke d'une voix si basse que Naruto se pencha pour comprendre.
— Qu'est-ce que tu racontes ? Il faut te soigner. Peut-être que tu t'en fous de mourir maintenant, ici, dans cette forêt en flammes, mais moi non ! Je refuse que la mort de Kakashi et Sakura reste impunie. Il faut qu'on rétablisse leur honneur et tout ce qu'ils ont fait pour nous, Sasuke.

Sasuke ferma les yeux de douleur suite à ces mots, laissant deux larmes perler aux coins de ses yeux, secouant faiblement la tête de droite à gauche, toujours profondément ancré dans ce refus de remettre les pieds dans ce sanctuaire. Le sanctuaire de sa famille, de son propre enfer. Naruto le savait pertinemment, mais malgré tout, il se pencha plus et attrapa le col de Sasuke d'un geste brusque mais en évitant de lui faire plus de mal.

— Tu es sur le point de crever, teme ! Je ne veux pas te perdre toi non plus, j'ai déjà assez perdu comme ça ! Ta famille, ton frère, ils sont tous morts, tu m'entends ? Rien de ça ne reviendra ! Plus jamais. Mais moi je suis encore là, et toi aussi. Quel genre de héros je suis si je reste incapable de te sauver, hein ? Tu peux répondre à ça, toi qui sais toujours tout ? Oublie ce passé une bonne fois pour toutes, ça ne fait qu'envenimer le peu d'humanité qui te reste !

— Tu... ne comprends... pas, chuchota Sasuke avec difficulté.
— Alors explique-moi ! S'énerva le blond, criant plus fort que ce qu'il n'aurait voulu, hors de contrôle.

Sasuke ravala sa salive, ferma les yeux pour mieux les rouvrir. Sa vie s'échappait doucement par cette plaie et il devait faire vite. Naruto se rendit compte qu'il était à quatre pattes au dessus de lui quand il sentit les doigts de Sasuke dans ses cheveux. Il réalisa aussi qu'une de ses mains était sur sa joue, et qu'elle était si froide qu'il ne pouvait pas nier la réalité.

Il chassa cette idée morbide et se concentra sur son ami qui tentait tant bien que mal de parler.

— Je... je sais déjà tout ça. Je sais que... j'ai déjà... tout perdu, et que... que rien ne me reviendra. Quand Itachi est mort, j'ai compris... que le chemin que... que j'avais choisi ne me mènerait nulle part. J'ai compris que tu avais raison depuis le début. Je ne t'ai jamais écouté... Naruto.

— Ça ne te donne pas le droit de mourir, teme, lâcha Naruto, le visage tout près de celui blanc comme neige de son éternel rival.

Sasuke acquiesça faiblement, un sourire de capitulation sur les lèvres. Les yeux de nouveau fermés, il les rouvrit doucement. Naruto n'avait jamais vu cette tendresse et cette once de chaleur dans son regard noir comme la nuit. Son corps était froid, mais son âme s'était réchauffée durant les dernières minutes de sa vie.
Pendant que, lentement, Naruto se faisait à l'idée que Sasuke approchait de sa fin, ce dernier glissa ses bras autour de la nuque du blondinet qui affichait une expression perdue entre confusion et tristesse.

— Si tu pouvais... au moins... commença Sasuke en fermant les yeux, visiblement incapable de continuer.
— Dis-moi, Sasuke. Si je pouvais quoi ? Je ferai n'importe quoi pour toi...
— ...accepter mes... excuses...

Naruto ouvrit de grands yeux, incrédules.

— Et accepter aussi le fait que... finalement, j'aurais été un... salaud fini jusqu'à la fin...
— Sasuke...
— J'ai aussi compris que... que de nous deux, le plus fort, c'est toi.
— Tais-toi, maintenant. Sasuke, tais-toi, répéta le blond tout en se penchant un peu plus.

Et comme un peu plus tôt, lors de leur affrontement, de leur dernier affrontement, il frôla les lèvres de Sasuke des siennes.

— Tais-toi.

Naruto fut comblé comme jamais quand il sentit Sasuke prendre autant part au baiser que lui, de surtout sentir ses mains s'accrocher à ses cheveux, ses bras autour de son cou. C'était comme si le passé disparaissait d'un coup de baguette magique. Comme si tout d'un coup, au contact de leurs lèvres, les atrocités du monde ninja s'envolaient, tout comme les nombreuses plaies qui tapissaient leur longue route.

Naruto refusait de croire que celle-ci s'achevait sur ce dernier soupçon de chaleur. Il refusait de penser qu'à cet instant, Sasuke venait de s'éteindre. Sa bouche ne bougeait plus contre la sienne, son cœur ne battait plus contre son torse, ses mains étaient misérablement retombées dans son dos. Sa respiration s'était fait de plus en plus faible jusqu'à ce qu'aucun souffle n'effleure la peau de Naruto.

Celui-ci laissa ses larmes rouler librement sur ses joues alors qu'il reculait. En bougeant, les bras de Sasuke, qui étaient toujours noués à son cou, retomba au sol dans un bruit qui déchira le cœur du blond. Sasuke, le trésor de sa vie, la seule chose qui lui restait, la personne la plus précieuse à ses yeux, n'était plus qu'un pantin désarticulé.
Un profond chagrin l'envahit et il plaqua une main sur sa bouche au moment même où les sanglots s'enchaînaient dans sa gorge. Quelques bruits étouffés sortirent de sa bouche. Soudainement, il se sentait si seul que son estomac en fut retourné. Il avait déjà vu des cadavres dans sa vie. Il avait déjà tant vu de ninjas morts, incluant dans ceux-ci son propre senseï et sa meilleure amie.

Cependant, cette fois, ce n'était ni destructeur, ni douloureux. C'était pire que ça. Ça n'était ni Kakashi, ni Sakura.
C'était Sasuke. Et il était mort.


* * *



Tsunade était assise à son bureau. Derrière elle, par la baie vitrée, on pouvait voir le village. Enfin, ce qu'il restait du village qui fut jadis Konoha. Elle aurait tant voulu pouvoir répondre à la question suivante : qu'est-ce qui avait pu déclencher cette dégringolade ?

Depuis quelques années, tout déraillait. Les ninjas mourraient, les attaques s'accumulaient, la Quatrième Grande Guerre des ninjas avaient laissé plus d'une centaine de pertes d'innocents et de soldats. L'akatsuki s'était agrandie peu à peu suite à la perte de leurs plus grands combattants, et d'autres malfaiteurs s'étaient joints à l'organisation criminelle. Tout ce brouhaha avait créé tranquillement la nouvelle Guerre des shinobis. Et les ninjas mourraient. Et le village disparaissait lentement sous la poussière.

Tsunade était également morte d'inquiétude depuis la veille au soir. Naruto avait quitté son bureau si rageusement qu'elle avait peur d'envisager le pire. Même si au fond d'elle, elle savait pertinemment où le jeune renard était parti. En courant aussi vite, il n'y avait aucun doute qu'il s'était lancé à la recherche de son rival. Certes, ils avaient des comptes à régler, mais la vieille femme ne pouvait s'empêcher de se dire qu'entre eux, la tension augmenterait éternellement et les sentiments s'accumuleraient tant que le passé sera dans leurs pattes. À l'aube de la fin du monde ninja, Tsunade se demandait pourquoi ne pas tout laisser derrière et s'allier afin de chérir et de protéger le dernier espoir qu'il restait pour sauver le village.

Elle était à fond dans ses pensées quand la porte s'ouvrit brusquement. À l'entrée, lorsqu'elle leva ses yeux, elle vit un des AMBU de la dernière escouade. Elle se leva rapidement.

— Oui ? Qu'y a-t-il ? S'impatienta-t-elle.
— Le gamin Kyuubi est rentré au bercail... avec un fardeau assez particulier.
— Qu'est-ce que ça veut dire ? s'écria Tsunade, les sourcils froncés et la colère trahissant son impatience.
— Hokage-sama...
— Où est-ce que je peux le trouver ? L'interrompit alors ladite Hokage.

L'AMBU hésita un instant, puis retira son masque pour pouvoir parler normalement.

— À l'hôpital de Konoha.


* * *



L'esprit embrouillé et les yeux vidés d'âme, Naruto posa les pieds par terre. La route avait été longue, et Sasuke n'avait jamais paru aussi léger. Il semblait vide, et il l'était. Son âme, son âme lourde de souffrance avait finalement décidé de s'envoler vers le ciel, et Naruto refusait de penser à ça, quand il déposa délicatement le corps de son bien aimé sur le lit de la chambre dans laquelle il avait atterri, par la fenêtre.

Plus rien n'avait de sens désormais, ni d'importance. Il venait de traverser le village et les ruines qui en découlaient, des flammes qui brûlaient ici et là, les édifices et les maisons, les cadavres et les restes de Konoha, mais il s'en fichait. Rien de tout ça n'équivalait l'horreur et la souffrance qui habitait maintenant son cœur. Le monde venait de chavirer et était tombé, tombé très bas.

Le blond n'entendit pas la porte s'ouvrir. Ses yeux, dénués de vie et de détermination, ne brillaient plus. Il ne les releva pas lorsque Tsunade entra dans la chambre, les jambes chancelantes et l'expression du visage plus qu'horrifiée. Il ne bougea à peine les doigts, pour serrer les poings. Il n'avait d'yeux que pour cette poupée de porcelaine allongée sur ce lit, plus magnifique que jamais, endormie pour toujours. Les larmes perlaient de ses yeux, coulant sur les joues refroidies par la nuit qu'il avait traversé.

— Naruto, souffla Tsunade en s'approchant, faisant silencieusement signe à l'AMBU de débarrasser le plancher.

L'homme ne se le fit pas dire deux fois et disparut dans la seconde. L'Hokage ravala péniblement sa salive en posant un regard sur le jeune Uchiha, immobile sur le lit. Plus pâle que les draps sous son corps, plus immobile que Naruto, debout à ses côtés, il respirait la tranquillité, et ça ne sentait pas bon. Malgré le matin qui faisait briller ses rayons dans la chambre, l'ambiance restait sombre et morbide.

Quand la vieille femme releva des yeux confus vers le blond, elle vit des larmes silencieuses couler sur ses joues. Son cœur de femme se brisa devant ce tableau déchirant. Naruto était comme son fils, et sa douleur lui passait à travers le corps.

— Je suis désolée, fut tout ce qu'elle fut capable de dire, dans un souffle désespéré.

Mais Naruto ne bougeait pas. Son visage n'avait aucune expression, mais les larmes continuaient de chuter. Elle reposa son regard sur Sasuke. Plusieurs images du passé lui revinrent au visage comme un coup de poing. Son propre époux mort au combat, son petit frère. C'était un couteau planté droit dans le cœur, c'était ce que ressentait Naruto en ce moment, et Tsunade, le ressentant comme si c'était hier, se mit à pleurer doucement elle aussi.

— Je t'en prie, dis quelque chose bon sang, sanglota-t-elle dans un murmure, respectant le silence dédié au défunt.
— ...

Ce fut suffisant pour Tsunade de comprendre qu'il n'y avait rien à dire. Elle se tut donc, priant intérieurement pour que Sasuke trouve la paix dans la mort, puisqu'elle savait très bien qu'il ne l'avait jamais trouvé étant vivant. Elle ferma les yeux, et pria, pria jusqu'à ce qu'une voix qu'elle faillit ne pas reconnaître la tira de ses songes sombres et noirs.

Elle releva la tête.

— Même mort, je ramènerais ton cadavre. Tu te souviens, Sasuke... ? chuchota Naruto, d'une voix si basse et si différente, que Tsunade n'en crut pas ses oreilles.

Mais en même temps, les mots qu'il avait prononcé la laissèrent en état de profonde confusion. Non seulement, il avait tenu jusqu'au bout une vieille promesse qui datait d'une époque lointaine, mais aussi, il parlait comme si Tsunade n'était pas dans la pièce. Comme s'il était seul avec Sasuke. Enfin, avec son corps...

La vieille femme détourna la tête, dégoûtée, comme si elle venait de voir un fantôme. Au même moment, Naruto bougea enfin. Du coin de l'œil, elle le regarda s'avancer lentement vers Sasuke, s'agenouiller, embrasser longuement ses lèvres, puis son front et ensuite remonter le drap pour recouvrir son corps en entier.

Tsunade ferma les yeux, sincèrement désolée pour cette tragédie. Elle savait que le jeune Uchiha était et avait toujours été très important pour Naruto. Elle n'avait jamais simplement réalisé à quel point il l'était. Elle avait tout le temps été aveuglée par le mal qu'il avait fait à Naruto comme à Sakura, Kakashi, et le village au complet.
Mais maintenant elle réalisait, que quoiqu'il puisse se passer, il restait et resterait à jamais profondément ancré dans le cœur du blond, comme si cet amour était gravé dans la pierre. Elle réalisait aussi, maintenant que le pire était arrivé, que cet enfant n'avait jamais demandé finir d'une telle façon. Elle se rendait compte qu'il n'était qu'un jeune ninja, au même titre que Naruto. Un humain, un enfant. Juste un enfant...

Une main sur la gorge, prête à bondir sur sa bouche si une envie de vomir la prenait, elle laissa couler davantage de larmes. Derechef, elle revoyait son petit frère, son époux.

— Oh, mon Dieu, gémit-elle. Je suis tellement... désolée. Dis quelque chose, Naruto...

Après un long silence qui fut parsemé des sanglots de l'Hokage, Naruto parla enfin.

— Tsunade.
— Oui ? Je t'écoute attentivement, Naruto.

Tsunade, coupée dans ses pleurs, releva la tête pour regarder les orbes azurés toujours baissés sur Sasuke. Mais après ce qui lui parut être une éternité, le jeune adulte posa ses pupilles bourrées de chagrin et de profonde souffrance dans ceux de la vielle femme.

Puis, tout bas, de cette voix qui ne pouvait pas être la sienne, dénuée d'intonation et de vie, il déclara, coupant les cordes du pont, laissant tomber par terre le destin du village qu'il gardait entre ses mains, sans hésitation ni remords :

— Je rends les armes.



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