Fiction: Les lèvres de Baudelaire.

L'histoire se déroule dans notre monde. Tandis que deux jeunes personnes entreprennent un voyage à travers le monde, une découverte scientifique va bouleverser toute l'humanité. Sans le savoir, ils joueront un rôle majeur dans cette lutte contre le mal. Même si ça doit les mener à leur perte.
Classé: -16D | Action/Aventure | Mots: 11297 | Comments: 1 | Favs: 1
Version imprimable
Aller au
junYx (Féminin), le 25/09/2012
Bonjour ou bonsoir !
Si vous lisez ceci, c'est que ma fiction a finalement été publié ici. Si jamais vous en avez marre d'attendre, elle est aussi sur Fanfction.net & sur Fanfic-fr. Comme beaucoup d'auteurs, j'ai vraiment du mal à pouvoir sortir mes chapitres. Fin bref...
Bonne lecture !




Chapitre 4: Pierre



Dans cette maison, tout était beau. Les murs étaient recouvert de bandes d'or fin, les sols isolaient le froid grâce à leur bois et d'immenses tapisseries habillaient quelques fois les murs, narrant des épopées lointaines. Les portes coulissantes en papier restaient constamment ouvertes pour que le doux vent vienne caresser le visage de tous les habitants tandis que le soleil disparaissait au creux des arbres. L'intimité du jardin zen, à l'arrière de la demeure, offrait un espace de détente plutôt remarquable pour les âmes errantes de cet endroit chargé d'histoires. C'est là que se trouvait Naruto, ses doigts enfouit dans le sable chaud avec un sourire béat. À ses côtés, Ino se prélassait dans l'herbe tout en manipulant une immense carte de la ville et entourant à l'aide d'un épais marqueur rouge les endroits qui lui semblaient intéressant. Un peu plus haut, sur la terrasse ombragée, un très vieil homme au visage griffé d'impressionnantes cicatrices les suivait du regard à chaque mouvement. Il s'appelait Shikaku.
Son fils, Shikamaru, était dans son bureau, ses doigts fins et manucurés massant ses tempes bouillonnantes. En face de lui, l'air gêné, se présentait Tayuya et son sac de voyage en toile.
Il releva la tête, l'observa un moment puis se décida à répondre.
- Écoute, commença-t-il, je ne peux pas faire ça. Si j'étais seul, évidemment. Mais là...
- Shika, je t'en prie !
Ils se connaissaient depuis enfant. À quand remontait la dernière fois qu'il lui avait dit non ?
- Tu te rends compte de ce que tu me demandes ? C'est illégal.
- Faux. Ce n'est pas officiel, c'est tout. J'ai besoin d'un abri ! Ils me recherchent, je n'ai pas le choix. Et il faut que je continue mes expériences.
Shikamaru réfléchissait à toute vitesse. La Racine avait fait sa fortune, son rang social et plus récemment sa carrière en le nommant à la tête des doyens de Jordan Collège, au cœur d'Oxford. Aujourd'hui, Tayuya lui demandait de la trahir.
- Tu peux t'installer ici, bien sûr. Mais pour le reste, je ne peux rien te promettre.
Elle applaudi comme une enfant gâtée à qui on venait d'offrir la Lune, une fois de plus. Il leva les yeux au ciel, l'enlaça brièvement et commanda à son majordome de la conduire jusqu'à ses appartements. Lorsqu'elle passa devant la fenêtre qui donnait sur le jardin zen, elle entraperçu les deux enfants baignés de lumière dorée. L'instant lui parut mystique.


Temari tapait du pied. Assise sur le canapé qui avait autrefois supporté les fesses de Louis XIV, elle contemplait son mari sous le charme d'une vulgaire donzelle Viennoise maquillée telle une voiture volée. Ils étaient à cette réception depuis maintenant plus de deux heures, et les érudits que comptaient Jordan College ne semblaient pas préposés à l'amusement. Alors, en désespoir de cause, elle restait là, doigts agrippés à son verre de fin cristal à ruminer son ennui. Au coin du salon, adossé au mur modeste, le nouveau Maître, Shikamaru Nara sirotait du tokay avec nonchalance. Il avait des très larges épaules, mises en valeur par son costume sombre et sa cravate bordeaux. Il était beaucoup plus grand que son mari, et semblait bien plus intelligent. Curieuse, mais surtout charmée, elle s'approcha.
- Maître ?
Il lui lança un regard sévère.
- Madame Uchiwa ?
- Bonjour, Maître. Votre établissement est vraiment... somptueux. Je comprends mieux la renommée et l'excellence de vos élèves.
Elle tentait de paraître humble, mais elle savait que son foulard en soie et sa longue robe noire en cachemire des plus chics trahissaient sa modestie. Sans parler des lourdes boucles d'oreilles en or pur qui fleurissaient sur ses oreilles.
- Je vous remercie, madame.
La situation devint gênante. Il exprimait clairement son aversion envers elle mais surtout ce qu'il pensait qu'elle représentait : l'épouse un peu idiote d'un haut représentant d'une religion qu'il méprisait complètement. Cette affirmation fit réfléchir Temari quelques instants. Fille du roi d'Arabie Saoudite, elle n'avait guère connu les méandres de la passion et encore moins les sentiments amoureux ; cependant, lorsqu'on présenta à la jeune fille qu'elle était alors ce grand homme mystérieux et terriblement beau, elle ne s'était pas imaginée une seconde que se marier avec lui aurait pu lui en apprendre davantage. Pourtant, elle avait accepté de bonne grâce, désireuse de fuir son pays natal mais surtout son père. Elle fut alors projeté au sommet des sommets, devenue future reine d'une immense institution. Et cela lui plaisait beaucoup.

Hanabi Inuzuka était le contraire de Temari. Alors que celle-ci ressemblait davantage à une paysanne, Hanabi incarnait la parfaite princesse au long cheveux de nuit, à la peau laiteuse et aux yeux étrangement clairs. Ses mains, comme chaque partie de son corps, étaient lisses, fragiles, ce qui dénotait qu'elle n'avait jamais eu à travailler de sa vie : fille d'un milliardaire Viennois, son mari Parisien avait prit la relève avec toute la dignité possible du haut de son statut de millionnaire. Elle appréciait Kiba, c'était évident. Il représentait pour elle un investissement à long terme qui lui assurait des gains chaque semaine de façon plus ou moins grandissante, mais surtout, il devenait un atout majeur dans la construction d'un réseau social. Deux éléments indispensables dans sa conquête du pouvoir.
Sous ses airs d'innocente épouse, la rusée cachait des facultés incroyables. Précoce déjà, elle avait surpassée sa sœur pourtant si intelligente et à l'âge de 5 ans, s'attaquait à la mise en place de sa première entreprise : une vente aux enchères de poupée en porcelaine. Après l'avoir copieusement grondée, sa nourrice s'était empressée de rapporter la bonne nouvelle aux géniteurs si peu attentionnés.
La Dame préférait garder un souvenir lointain de ses parents, pour ne pas avoir à les détester.
Dans son demi-sommeil, Kiba murmurait des choses incompréhensibles, tandis que comme tous les matins, l'exemplaire madame Inuzuka faisait un inventaire de sa journée à venir, afin d'éviter tous retardements ou complications qui auraient pu faire tanguer son élan naturel. À coté d'elle, son époux se réveilla enfin en grognant puis se leva lourdement vers la salle de bain. Elle lui en voulait encore d'hier soir, où il lui avait annoncé qu'il était absolument urgent qu'ils quittent Paris pour quelques temps. Quitter Paris ! Impossible. Autant dire adieu à toute sa vie. Il l'avait froidement regardé, puis lui avait craché que si elle ne venait pas, leur mariage risquait d'être fortement remis en question.
À son tour, elle frotta ses petits yeux translucides et glissa des draps en soie pour se hâter à son indispensable tâche du matin : être belle.

Tayuya, elle, ne se préoccupait nullement de son apparence. Après avoir laissé vieillir une couleur rousse qui virait désormais au rouge terne, c'est sa peau blafarde qui criait au scandale, tandis que ses ongles rongés et ses lèvres toutes gercées ne relevaient pas le niveau général. La scientifique se fichait complètement de comment les hommes pouvaient la percevoir : elle ne devait rien à personne et était largement plus intelligente que tout le monde.
Après avoir subtilement déjoué les codes de sécurité de son hôte, elle accéda au laboratoire à la pointe de la technologie. Elle dut admettre qu'il avait le goût pour ce genre de chose. Ayant toute la nuit devant elle, elle en profita pour chasser de ses doigts agiles chaque clavier, chaque dossier et chaque écran ; la polyvalence des recherches de son ami l'impressionnait beaucoup d'autant plus que certaines allaient à l'encontre de loi et de morale profondément ancrées dans les mœurs. Même si l'envie d'en savoir toujours plus lui tiraillait les entrailles, elle se calma pour achever enfin ses précieuses investigations.
Tayuya avait du fuir. C'était une femme censée. Sa parole contre celle de la Racine ne valait rien du tout, elle devait donc se faire oublier le temps de trouver des réponses. Ça, c'était la partie facile. Shikamaru, son Shikamaru ne lui aurait jamais dit non : il l'aimait trop ; mais le Maître Nara pouvait très bien lui claquer la porte au nez sans regrets et appeler la police juste après. Heureusement pour elle, ce ne fut pas le cas, et elle était convaincue qu'il ne la trahirait pas, ses documents étaient donc bien cachés au cœur de la maison. Subsistait un dernier contretemps : comment récupérer les données ? Il y avait évidemment plusieurs copies sur son ordinateur, mais il était tout bonnement impossible de le pirater. L'idée lui vint en regarder les longues bibliothèques qui ornaient les murs de l'avant-bureau. Tous les mois, les informations étaient contrôlées par le Cerveau - ils appelaient comme ça l'énorme ordinateur disque-dur - puis répertoriées, classées et rangées dans le compartiment adéquate. Cette machine là n'avait pas d'extraordinaires protections, et elle connaissait les mots de passe de son collègue, en cas de nécessité absolue. La jeune femme n'éprouva aucun remords à se servir impunément de ceux-ci.
Elle put donc se remettre au travail.

Il était 5 heures 09. Elle travaillait depuis deux heures et quart.
Il se passa deux choses : d'abord, Tayuya, en découvrant la vérité, mettait en marche un immense rouage qui allait l'entraîner dans les profondeurs de l'irréel, sans en avoir évidemment conscience. Puis, en faisant une vérification de routine, elle se rendit compte qu'on l'espionnait depuis quasiment le début.
Elle déglutit. Elle avait parfaitement conscience de sa découverte. Et aussi qu'elle venait de condamner son meilleur ami.
Elle choisit de prendre ses affaires, de laisser un mot et de fuir. Encore une fois.

Au même instant, à deux étages de là, Naruto et Ino dormaient. Aussi loin qu'ils s'en souviennent, ils avaient toujours dormi ensemble. Cela permettait d'économiser un lit, de se tenir chaud et de se rassurer lors des soirs trop durs ou des longues nuits d'hiver. Si Shikamaru s'était offusqué de la relation qu'ils entretenaient, eux ne se rendaient même pas compte de cette proximité si sensuelle. Ils ne se rendaient pas compte de tout cela. Comment auraient-ils pu ? Ils avaient grandis en s'effleurant du bout des doigts, en se collant l'un contre l'autre à tout moment. En s'observant lorsqu'ils étaient nus. Non ils n'avaient pas encore conscience de ce désir qui naissait peu à peu dans le ventre. Ils ne comprenaient pas les rougeurs sur leurs joues, que leur corps se mettent soudainement à transpirer. Ou cette chaleur sourde qui inondait leur reins. Ils ne s'en rendaient pas compte. Pas encore.

Quelques heures après la départ précipité et silencieux de Tayuya, le Nara rentrait enfin de cette épuisante soirée. Les mondanités étaient pour lui la pire chose au monde (après le fait qu'il n'y ait plus de thé, évidemment). Qui aimait parler à des gens les plus stupides les uns que les autres tout un buvant un vin infâme, tandis qu'un minable orchestre débitait mécaniquement les dernières musiques à la mode, sans aucune pointe d'originalité ou de talent ? L'idée d'avoir à supporter encore les yeux curieux des érudits sur chacun de ses gestes, pour le juger ensuite lui donnait la nausée. Ce monde de faux-semblant ne lui correspondait pas, même s'il avait essayé de s'y faire pour le bien de son rang. Mais l'éducation précieuse et pointue qu'il avait reçue le mettait sans cesse en garde contre toute cette colonie de fouine usurpatrice. Ainsi, quand l'ignoble Mme Uchiwa avait osé lui adresser la parole, seul le regard inquisiteur du représentant de La Racine avait empêché qu'il la poussa avec l'espoir qu'elle en meurt. Il avait entendu beaucoup de choses sur cette femme, et rumeurs ou pas, il préférait y croire, faute de mieux.
Shikamaru s'assit lourdement sur l'un des deux fauteuils en épais cuirs rouge de son bureau et s'accorda le folie d'enlever sa cravate et de déboutonner sa chemise. Durant quelques instants, grâce à la cheminée qui crépitait, à son dossier confortable et à la vue agréable sur cette pièce, le Maître se crut au paradis. Puis ses yeux déjà lourds de sommeil aperçurent le papier finement ouvragé, gribouillé de l'écriture maladroite de son amie de toujours. Intrigué, il l'attrapa.

«  Très cher ami,

Je t'en prie, je t'en supplie, ne m'en veux pas. Ce que j'ai entrepris dépasse de loin tout ce que tu n'as jamais osé faire, alors ne me juge pas tout de suite. Je t'ai trahi, j'en ai pleinement conscience, mais c'est pour le bien du monde entier. S'il y a des pertes, surtout toi, j'en serais extrêmement malheureuse ; mais avais-je le choix ? Je t'ai raconté ce matin le début de mon entreprise, et j'avoue t'en avoir caché la majeure partie par mesure de sécurité. Seulement, dans ton laboratoire, cette nuit, j'ai été découverte. Que le ciel m'entende ! Pardon, mon ami. Je viens de gâcher ta vie. Je te dois à présent la vérité.
Vois-tu, depuis des siècles, la Racine nous ment avec pour seul but de nous asservir. Après avoir brûlé les précieux textes des apôtres, qui nous expliquaient le sens réel de Dieu, elle a choisi de cacher au monde entier des découvertes phénoménales, en sachant cependant qu'elles finiraient pas être redécouvertes. Ce fut le cas. Par moi.
La matière aime la matière, Shikamaru. De cette union ancestrale est née l'âme, le fantôme de l'être humain, ce qui l'habite. Pour protéger cette fragilité, a été développé l'enveloppe charnelle qui part sa peau épaisse a pu contenir ce flux volage. Seulement, notre force, notre conviction, notre vie ne dépend pas du fantôme, qui n'est qu'une représentation spirituelle de la conscience. Il existe une troisième chose au cœur de nous-même, très puissante, destructrice. Une chose dont la Racine a peur puisqu'elle défit le dieu unique qu'elle a instauré, ainsi que toutes ces années de ''lobotomisation'' des foules.
Cette troisième partie, appelle la comme tu veux. Ayant grandi dans une culture indou-asiatique, c'est pour moi ce qui peut se rapprocher le plus possible du chakra. Ce chakra, cette force incommensurable leur fait peur, Shikamaru, parce qu'elle nous met au même niveau que Dieu. On ne connaît pas son étendue, ni sa frappe, on ne sait pas si elle est contrôlable ou si elle deviendra notre pire ennemi. Si j'avais plus de temps, je te raconterais comment j'en suis arrivée là. Hélas, peut-être un autre jour.
Mais il faut que tu saches que tout ce que tu vas entendre désormais est faux. Le chakra est l'essence la plus pure et la plus vraie de la vie. Il est bon pour nous, et nous a permis de vivre durant tout ce temps.
La Racine veut le détruire Shikamaru ! Elle a peur de ce que sa connaissance pourrait nous apporter, et surtout, elle a peur de se faire tuer lentement par sa sagesse.
Toi, ou même moi, n'avons pas le pouvoir de contester. Pas encore. Je m'en vais pour travailler encore là-dessus, et nous sauver du chaos.

Qui sommes-nous, mon ami ? Qui sommes-nous réellement ?
J'ai peur de ce que l'avenir nous réserve.

Prends soin de toi,
Je t'aime,

Tayuya. »

Shikamaru jeta la lettre dans le feu et attendit.



Chapitres: 1 2 3 [ 4 ] 5 6 Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: