Attention, cette fanfiction de Naruto est catégoriée spoil, c'est à dire qu'elle peut évoquer des passages du manga qui ont été publié au Japon mais pas encore en France. Sa lecture est donc susceptible de vous gacher le plaisir proccuré par le manga. Pour enlever ce message et voir toutes sections Spoil du site, rendez vous dans vos options membres.


Fiction: La légende sanglante.

Tout le monde en a déjà entendu parler. Cette légende, ce manoir inquiétant, l'empreinte de sang qui entache le paysage. Kurenai, journaliste privée d'aventure va se retrouver prise au piège lorsqu'elle accepte de couvrir l'événement de la commémoration de ce drame qui fit couler beaucoup d'encre et trembler plus d'un. Elle voulait de l'aventure, elle était loin de se douter qu'elle plongerait au coeur d'un monde de ténèbres. Un monde dont on ne réchappe pas. Jamais.
Classé: -12D | Spoil | Drame / Mystère / Spirituel | Mots: 24310 | Comments: 0 | Favs: 9
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Beverlyy (Féminin), le 27/05/2013
Nouvelle fiction qui sera postée également sur mon compte fanfic :) J'espère qu'elle vous plaira.



Chapitre 5: Le prix d'une évasion.



Elle s'était allongée sur l'herbe fraîche, contemplant la muraille qui la gardait captive. Depuis qu'elle était entrée en ces murs, Kurenaï se sentait totalement impuissante, démunie. Un goût amer lui vrillait le palais à chaque fois qu'elle visualisait la porte en bois massif, le lourd cadenas, les sphères écarlates qui dansaient dans la pénombre...

Et la raison de sa présence ici.

Une larme roula sur sa joue tandis qu'elle arracha quelques brins de verdure. Elle savait qu'il était vain de penser à Asuma alors même que sa situation semblait désespérée, mais le visage de son amant lui revenait en tête comme un mauvais film en noir et blanc. Pas seulement lui, mais Anko également. Comment avait-elle pu être naïve à ce point ? Quelle cruche, mais quelle cruche ! Penser un seul instant aux mensonges éhontés de cette enflure. Le seul mec entouré d'assez de nanas en minijupes pour pouvoir en changer tous les quatre matins qui osait lui répéter qu'elle n'était qu'une pauvre parano, qu'elle n'avait aucune raison de s'inquiéter. Et, non content de lui mentir comme un arracheur de dents, il l'avait trompée avec cette saleté d'Anko, cette pute connue pour choisir les plus beaux pigeons. Au final, Asuma avait été un pigeon, un piaf idiot, détestable.

Un beau connard...

- Ku-re-nyan !
- AAH !

Elle bondit, prête à attaquer son visiteur lorsqu'elle fit face au petit museau rose de Denka. Elle soupira, soulagée de voir le félin remuer paresseusement la queue entre les hautes herbes. Au moins, il n'y avait pas de spectres, ce qui semblait étonnant vu qu'ils grouillaient de partout dans le manoir.

Elle se rassit, ramenant ses genoux près d'elle dans une position de petite fille prostrée dans son coin. De toute manière, c'était à peu près le cas. Ces ectoplasmes lui filaient la chair de poule et plus encore maintenant qu'elle se rendait compte qu'ils pouvaient interagir avec des objets qui n'avaient rien de fantomatique. Son doigt passa sur la plaie qu'elle portait désormais à la joue et qui commençait à cicatriser. Cela n'empêcha pas un éclair de douleur lorsqu'elle pressa l'entaille. Le souvenir de l'aiguille aussi rapide et tranchante qu'un kunaï lui fit l'effet d'une douche froide tant elle avait été prise au dépourvu. Cette dame spectrale l'avait tétanisée, tant par sa condition que par son allure. Ces cliquetis... La perle sanglante... Le crissement du rocking-chair...

Et ces yeux, ces antres ouvertes sur l'enfer...

- Kurenaï ?

Denka vint se poser face à la jeune femme. Kurenaï ne sut dire si elle aimait ou détestait ce chat, mais au moins, c'était le seul être réellement vivant qu'elle pouvait côtoyer ici. Itachi était la seule exception mais elle n'avait pas envie de partager une conversation avec une espèce d'assassin sans scrupules. Elle n'était pas encore bonne pour l'asile, ça non.

- Je ne retournerai pas dans la maison.

Elle avait déclamé ça d'une voix tremblante, enfantine, mais néanmoins résolue. Elle ne voulait pas revivre ce cauchemar. Le fantôme de Dan dans le cimetière intérieur, ceux d'Hikaku et Setsuna dans la salle aux prières, celle de la chambre du chef, celui de la salle principal, celui du couloir des secondaires...

Non, c'en était assez. Peut-être que ce cinglé d'Itachi ne voyait pas d'inconvénient à vivre avec un collectif morbide, la force de l'habitude sans doute, mais il n'était pas question qu'elle en fasse autant.

- Kurenaï, comment veux-tu sortir d'ici sans retourner dans le manoir, nyan ?
- Je... Je m'échapperai en escaladant les murs !

Elle avait lancé sa réplique d'une voix forte, s'étonnant elle même de ne pas y avoir pensé plus tôt. D'une démarche assurée, elle se dirigea vers le coin de muraille le plus proche. Elle déglutit, s'attendant au pire. Sa main s'avança timidement vers la façade.

- Kurenaï ! Ne fais pas ça, nyan !

Lorsque ses doigts furent en contact avec la pierre, une décharge électrique vint frapper son corps, lui faisant faire un saut de quelques mètres. Elle s'étala de tout son long sur la pelouse et ne prit même pas la peine d'essayer de se relever. Impuissante jusqu'au bout. Qu'est-ce qu'elle s'était imaginé ? Qu'elle aurait réussi à s'en aller aussi facilement ? Peut-être bien qu'elle l'avait espéré oui... Et même de toutes ses forces.

- Nyan ? Kurenaï ?
- Je suis condamnée... Comme Dan...
- Non ! Ne dit pas ça, nyan ! Toi tu as un pouvoir extraordinaire ! Tu...
- Oui, je vois ces satanés spectres ! Comme si j'avais envie de les voir !

Elle s'était redressée, adressant un regard noir au matou. C'est vrai, elle voyait les fantômes et elle les voyait d'ailleurs trop à son goût. Alors peut-être que ce grincheux de Setsuna lui avait révélé qu'elle aurait une chance de faire apparaître la clé céleste avec l'aide de l'éventail de la vérité, mais encore fallait-il qu'elle le dérobe à Itachi et ça, c'était une autre paire de manches.

- Mais eux, ils sont heureux que quelqu'un puisse les voir.
- Que... Quoi !?

Denka lui adressa un regard grave, lourd de sous-entendus.

- Tu... Tu es cinglé ! Tu te rends compte de ce que tu dis !? Regarde bien ce que l'un de ces spectres a voulu me faire, dit Kurenaï en pointant sa cicatrice du doigt. Deux centimètres sur la droite et mon oeil n'était plus qu'un souvenir !

Denka soupira.

- Ils souffrent, tu peux le comprendre puisque tu es dans la même situation, nyan.
- Je...
- Tu es prisonnière depuis quelques heures seulement. Eux le sont depuis leur mort.
- Depuis... Dix ans...
- C'est exact. Depuis dix ans ils errent dans ce manoir sans pouvoir en sortir. Ils ne peuvent quitter l'endroit de leur traumatisme.
- De leur traumatisme ?

Kurenaï ne criait plus. Les paroles de Denka lui firent l'effet d'un calmant au goût amer. Depuis qu'elle avait pris conscience de son enfermement, Kurenaï n'avait jamais songé aux spectres comme les traces de défunts. Elle n'avait vu que ce halo rouge, cette empreinte inquiétante qui attentait à sa vie et sa liberté. Mais Hikaku était-il aussi calme et résigné de son vivant ? Et Setsuna aussi hargneux et mauvais avant de revenir sous forme d'ectoplasme ? Les autres devaient être semblables à ce qu'ils étaient autrefois... Ou bien l'assassinat avait dû les corrompre... En faire des âmes souillées, perdues, captives de cette bâtisse horrible.

- Un fantôme n'est qu'une trace, nyan. Une trace prisonnière du monde humain. Leur place n'est pas ici, ils n'ont pas demandé à être là tu sais ? Mais ils y sont contraints.
- Tout ça parce que cet Itachi les a assassinés !
- Ne lance pas d'accusations sans en être sûre, nyan.
- P... Pardon !? Tu n'es pas sérieux Denka ! On sait tous que c'est lui qui...
- Et qui est "on" ?

Le félin avait perdu son air jovial. Kurenaï n'eut d'autre choix que de ravaler son réquisitoire. Après tout, rien ne prouvait qu'Itachi était bien le meurtrier, mais alors, pourquoi était-il le seul survivant ? Cela n'avait pas de sens. Hikaku et Setsuna semblaient penser la même chose et elle était convaincue de ce sentiment. Itachi le lui avait même dit dans la salle du secret, mais face à l'air sombre de Denka, elle estima préférable de se taire.

- Quoi qu'il en soit, nyan, les spectres ne sont pas mauvais. Ils sont juste tourmentés et n'aspirent qu'à trouver la paix. Tu peux les voir Kurenaï, tu peux donc essayer de les apaiser.
- Oh et j'imagine qu'il y a un mode d'emploi ? Lança Kurenaï d'un ton lourd de sarcasmes.
- L'éventail, nyan. As-tu déjà oublié ?
- Tu... Tu es au courant pour l'éventail ? Je pensais que Setsuna...
- Setsuna n'est pas le seul à avoir retenu les enseignements de Nekobaa, nyan. Je suis un des disciples de notre prêtresse et grâce à son enseignement, je suis un animal ninja qui n'est lié sous aucun contrat. Je suis donc immortel et ne peux disparaître, à moins que Nekobaa elle-même l'ordonne.
- Mais cette Nekobaa...
- Est morte, oui.
- Donc tu ne pourras jamais disparaître ?
- Non. Mais j'ai l'éternité pour poursuivre mon but, nyan.

Kurenaï se rappelait les paroles de Setsuna. Il avait parlé d'une certaine "Hina" et avait évoqué le fait que Denka la recherchait toujours. S'agissait-il également d'un chat ? Ou d'une humaine ? Qu'est-ce qu'une humaine ferait là de toute manière ? Itachi devait connaître son existence si tel était le cas.

- Kurenaï ?
- Denka... Crois-tu vraiment que je suis à la hauteur pour trouver la clé céleste ? Je veux dire... Tous ceux qui sont entrés ici se sont suicidés et j'ai peur d'en faire autant...
- Tu vois ta menace, nyan. Rien n'est pire que de se battre aveuglément. C'est ce qui arrivait à ceux qui sont entrés ici avant toi, nyan.
- Dan...
- Le pauvre ne comprenait pas pourquoi des objets volaient autour de lui. Il priait pour sortir, il a tout essayé pour ouvrir le cadenas, mais il a compris qu'il y arriverait jamais, nyan.
- Et... Et Itachi !? Itachi aurait pu l'aider ! Dit Kurenaï d'une voix forte.
- Itachi est aussi prisonnier que toi, nyan. Il ne pourra pas sortir d'ici seul.
- Il aurait pu se faire aider ! Dan était très intelligent et c'était un ninja très doué ! A côté de lui, je ne suis qu'une débutante !
- Mais il n'avait pas tes yeux.

Denka plongea ses petites billes noires au plus profond des rubis de Kurenaï. Il s'attendait parfois à voir briller les motifs singuliers du Sharingan et pourtant, les iris demeuraient d'un écarlate aveuglant. Ce pouvoir n'était pas celui des Uchiwa et Denka n'en avait jamais vu de pareil. Pourtant, il était clair que Kurenaï pouvait voir les spectres et elle était la première à franchir cette porte et à posséder un tel don.

- Je sais que tu y arriveras Kurenaï. Je serai là pour t'aider, nyan.
- Mais Itachi n'acceptera jamais de collaborer avec moi. Il est tellement... Froid... Glacial. Pire que les spectres eux-mêmes.
- Itachi n'est plus humain.
- Que...

Denka avait tourné le dos à la brune, admirant au loin la cabane recouverte de mousse et de lierres grimpantes.

- Itachi a encore un corps fait de chair et de sang, mais au fond de lui, son âme est aussi consistante que la brume sanglante des spectres du manoir.

Kurenaï sentit ses poils se hérisser. Etait-ce les paroles de Denka, lentes et profondes ? Ou bien le fait d'admirer cette cabane décrépie ? Elle sentait qu'une énergie horrible s'en émanait, comme si une flopée de spectres y logeaient. Elle réprima un frisson et essaya en vain d'en détacher son regard.

- Denka... Cette cabane... Qu'est-ce qui...
- Nyan, c'est un endroit maudit. Ne t'en approche surtout pas.
- Je... Je n'en avais pas l'intention.
- Tu n'es pas aussi idiote que ton prédécesseur au moins, nyan.
- Dan... Dan y est entré ?
- Il a essayé, mais maître Itachi l'a arrêté juste à temps.
- Je pensais qu'Itachi n'en avait rien à faire de ses "visiteurs".
- Une vie reste une vie.

Bizarre pour un assassin, pensa Kurenaï. Peut-être était-ce simplement Denka qui lui racontait des histoires mais elle était sûre d'une chose : Elle n'avait pas envie de percer le mystère de cette cabane. A force de l'observer, elle sentait son cœur se compresser dans sa poitrine, comme si une main invisible pressait son organe avec pour objectif de le faire exploser.

- Bon, nyan, je vais rentrer. Tu viens ?
- Je... Je préfère rester ici.
- Tu vas attraper froid, nyan.
- Ça m'est égal, il n'y a pas de fantômes ici.
- C'est vrai, aucun fantôme ne peut sortir de la bâtisse, mais la mort est partout ici, tu ne peux pas y échapper longtemps Kurenaï.

Denka se dirigea vers le manoir et y entra. Lorsque la lourde porte claqua, le jardin redevint silencieux. Kurenaï se demanda s'il n'aurait pas été judicieux de suivre cette boule de poils plutôt que de rester seule au milieu de cette jungle aux allures de prison. Elle s'en dissuada pour de bon en repensant à sa cavalcade dans les couloirs pour échapper aux attaques spectrales et s'allongea à nouveau dans l'herbe.

Penser à Asuma était devenu bien secondaire. Sa main s'égara pourtant dans sa sacoche, cherchant le lourd briquet que ce dernier lui avait offert. Elle se souvint alors qu'elle l'avait laissé tomber dans la salle des cercueils, effrayée par le spectre de Dan. Tout ce qu'elle trouva dans sa besace fut quelques armes, un paquet de petits biscuits secs et son bloc notes. Elle extirpa de quoi écrire et se rapprocha de la vieille lampe de jardin qui émettait une lumière hésitante. Elle était prisonnière et la raison était justement ce foutu métier de journaliste, alors autant le faire jusqu'au bout. Elle songea à Dan, peut-être que ce dernier avait eu la même idée farfelue.

En grignotant un sablé, elle agita son crayon avant de tracer les premières lignes de ses investigations.

"Clé céleste s'invoque avec énergie de spectres".

Elle traça une flèche d'implication.

"Éventail permet rassemblement énergie de spectres".

Nouvelle flèche.

"Energie de spectres forme clé céleste".

Encore une.

"Éventail = Itachi".

Elle devait convaincre Itachi. Seulement...

"Itachi = Tueur ?"

Si jamais Itachi était l'assassin du clan, il pourrait sans doute essayer de se servir d'elle et de l'éliminer ensuite... Ou bien d'arriver à se servir de l'éventail à sa guise pour invoquer la clé céleste et s'en aller...

Quel casse-tête.

"Dan, suicide ou meurtre ?"

La question de Dan la préoccupait également. Il y avait anguille sous roche, elle le savait et tant qu'à faire, elle essaierait de découvrir cette vérité là aussi.

Prenant une nouvelle page vierge, elle s'affaira à noter chaque spectre qu'elle venait de rencontrer. Si elle devait rassembler leur énergie une fois l'éventail en main, il fallait qu'elle les répertorie. A cette idée, elle esquissa un sourire amer, résignée. Quelques heures plus tôt, elle ne croyait même pas qu'un fantôme puisse exister. Casper, le vieux cliché du drap blanc qui flotte dans les airs... Que des conneries.

Pourtant, elle allait devoir faire la chasse aux ectoplasmes, n'en déplaise aux Ghostbusters.



_



Une des ombres se fraya un chemin au milieu de la végétation. Sans troubler la quiétude des lieux, elle contourna le lac, fit un tour complet du terrain avant de se diriger vers sa proie. Frôlant à peine les herbes folles, elle avança de quelques mètres et passa au dessus d'un bloc strié d'annotations diverses. Sans perdre son temps, elle se dirigea vers la silhouette endormie. De longs cheveux bruns ondulaient paresseusement au rythme d'une respiration profonde et paisible. Ce spectacle avait ravi l'ombre.

Le travail allait être simple.

Elle s'attarda sur le visage serein de la jeune femme. Elle était belle... D'une beauté saisissante même. L'ombre n'était pas très douée pour juger la beauté des gens. Néanmoins, un sentiment curieux venait de naître à l'instant où son regard s'était posé sur les traits purs et fins de cette réplique de poupée de porcelaine.

Elle doutait que ce boulot serait aussi simple finalement.

Elle hésita à ouvrir la fente qui lui servait de bouche. Une antre béante se dessina pourtant dans la masse de ténèbres. Le gouffre s'approchait dangereusement, visant les lèvres entrouvertes de la jeune femme. Si elle arrivait à les atteindre, le boulot serait terminé et l'ombre pourrait être libérée de sa prison obscure. C'est la seule chose qu'elle souhaitait.

Ou du moins, elle le pensait.

Plus qu'un centimètre. Un tout petit centimètre. Elle ne pourra pas se réveiller à temps, elle ne pourra pas y échapper mais l'ombre, elle, échappera à cet enfer. Elle pourra à nouveau être libre, comme autrefois...

- Suiton, Suigadan !

La surface du lac se mit à bouillir et l'ombre ne put achever son méfait. Lorsqu'elle se retourna, une armée de gouttelettes vint la perforer de toute part. Les perles scintillantes engloutirent l'ombre qui ne put répliquer. Elle tenta de s'accrocher vainement à son espoir d'évasion mais s'abandonna à la lumière.

Elle ne pourrait jamais sortir d'ici.

Elle retournerait dans cette prison.

Avec tous les autres.


_


Kurenaï s'était endormie sans même s'en rendre compte. Au final, toute cette cavalcade avait eu raison d'elle. Elle s'était pensée plus endurante que ça, même si les spectres ne faisaient pas partie de ses compétences, elle aurait imaginé qu'elle ne baisserait pas sa garde aussi aisément. Pourtant, elle était tombée de fatigue, raide, comme morte, avec l'herbe humide pour seul matelas.

Réprimant un frisson, elle se surprit à ramener ses genoux vers elle afin de couvrir ses pieds. Elle se rendit compte qu'un bienfaiteur lui avait fait grâce d'une vieille couverture aux couleurs délavées, portant les armoiries des Uchiwa. Quelqu'un était donc venu la visiter cette nuit. A cette idée, Kurenaï fit un effort titanesque pour ne pas trembler et imaginer un scénario d'épouvante. Elle décida qu'il valait mieux se lever avant que son corps ne soit complètement engourdi d'humidité et de froid.

L'air était frais, assez pour que vous puissiez attraper la crève à votre aise. Kurenaï ramassa son bloc et son paquet de biscuits entamé avant de plier la couverture et de la hisser sur ses épaules. Quitte à trembler, elle préférait encore trembler d'effroi que de froid.

Avec cette résolution en tête, elle entra dans le manoir pour la seconde fois.


_


Lorsqu'elle arriva dans la salle principale, rien n'avait changé. De l'obscurité ambiante jusqu'aux murs défraîchis en passant par le grand siège couvert de poussière et le spectre écarlate qui tentait en vain de s'y asseoir. Le simple fait de revoir la scène la fit immédiatement regretter le calme du jardin intérieur. Pourtant, le fantôme exécutait sa besogne en silence, répétant les mêmes gestes, arborant le même air frustré à chacun de ses échecs.

Kurenaï cherchait le moyen de contourner le problème, de ne pas être vue. Elle ne voulait pas réitérer l'expérience de l'aiguille à tricoter, préférant garder ses deux yeux intacts que de s'y risquer. Les coins sombres offraient de quoi s'y faufiler pour rejoindre le couloir des secondaires, mais elle se remémora alors la course-poursuite qui l'y avait conduite, la chute digne du plus mauvais cascadeur au monde et la boule d'énergie naissante face au cul-de-sac.

Finalement, elle remarqua une porte dérobée dans ce qui semblait être tout simplement la façade. La trace rectangulaire avait laissé des marques sombres dues à la poussière et à la crasse accumulées durant des années. Peut-être qu'elle venait de découvrir un passage secret. A cette idée, Kurenaï s'enflamma. Une porte de sortie, exactement ce qu'elle avait désiré.

Elle poussa de toutes ses forces contre la cloison, étouffant un gémissement d'effort. Lorsqu'elle entendit un petit crissement lui confirmer que l'entrée était désormais ouverte, elle se faufila à l'intérieur de la pièce secrète avec l'espoir d'y trouver son bon de sortie.

Peine perdue.

De longues tables de bois antiques, de vieux fourneaux, des rangées d'ustensiles, des lignes de couteaux rouillés. Les cuisines.

Kurenaï esquissa un sourire dépité. Bien entendu, elle était venue de la salle principale, là où la famille se réunissait à l'heure du dîner. Forcément, les cuisines ne devaient pas être bien loin. Camouflée et pourtant spacieuse, la pièce offrait de quoi satisfaire le plus méticuleux des chefs.

A condition d'apprécier les reliques. Tout était pourri. Les couverts inutilisables, les surfaces en bois rongées par ce qui semblait être une colonie de termites affamés et les plaques en acier ternies par le temps. Plus aucun aliment n'avait subsisté depuis le temps. Seules quelques rations de survie et quelques barres protéinées formaient un maigre stock de victuailles. Pas de quoi tenir des années. Itachi se contentait-il de ces quelques aliments déshydratés ou avait-il accès à une autre source de nourriture ?

En pensant à ses pauvres biscuits, Kurenaï se sentit bête de ne pas avoir prévu la possibilité de mourir de faim. Après tout, elle n'avait pas prévu grand chose et certainement pas d'être enfermée pour le restant de ses jours dans un manoir hanté. Pas plus qu'elle n'avait prévu qu'Asuma...

Non, il ne fallait pas penser à ce crétin. L'heure n'était pas aux pensées vagabondes. Elle allait peut-être devoir se contenter de ces pauvres rations de survie alors il valait mieux s'y préparer. Elle piqua une barre qui traînait sur l'étagère et la fourra dans sa sacoche.

Elle entreprit de chercher autre chose qui aurait pu lui être utile, sans succès. Seule une vieille pompe à eau en mauvais état attira son attention. Il lui aurait semblé étonnant qu'elle puisse servir mais le robinet en pierre cracha un jet cristallin dès que Kurenaï eut activé la valve. Apparemment, l'eau devait être filtrée directement du lac. Au moins, elle ne mourrait pas de soif, c'était déjà pas mal. Elle espérait seulement pouvoir s'échapper d'ici avant que le lac soit à sec.

_


Elle sortit discrètement sa tête de la cuisine, jetant un œil à la grande salle. Le spectre était toujours occupé à s'acharner sur le siège principal et sa mauvaise humeur semblait intacte à chacun de ses échecs. Kurenaï se demandait s'il ne valait pas mieux courir le risque de lui parler puisqu'au final, elle n'avait aucune idée de la façon de procéder. Elle devait trouver Itachi, c'était un fait, même si ce mec était la dernière personne à qui elle voulait avoir à faire. Pourtant, la clé de cet endroit, et c'était le cas de le dire, était les spectres eux-mêmes.

Néanmoins, le souvenir de l'aiguille à tricoter était encore tout frais. Si ce spectre la prenait elle aussi par surprise, elle serait cuite et y laisserait bien plus que quelques gouttes de sang frais. Il fallait qu'elle soit parée à toute éventualité et, ce faisant, elle serra sa besace contre sa hanche, y sentant la présence rassurante des quelques armes qui s'y trouvaient.

Ses jambes s'engourdissaient. Elle savait bien que sa peur ne se résorberait pas d'elle même et il fallait soigner le mal par le mal. Tant pis si elle courrait le risque de se faire à nouveau perforer l'œil, elle n'allait tout de même pas rester à ne rien faire. Sa première résolution devant le cadenas d'acier fut de réussir à s'échapper de cette maison par tous les moyens.

Si pour cela il fallait faire la conversation à des fantômes, alors tant pis.

Elle devait sortir d'ici.

A tout prix.



Voilà pour le chapitre 5 ! Merci pour votre lecture et à bientôt :)



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