Attention, cette fanfiction de Naruto est catégoriée spoil, c'est à dire qu'elle peut évoquer des passages du manga qui ont été publié au Japon mais pas encore en France. Sa lecture est donc susceptible de vous gacher le plaisir proccuré par le manga. Pour enlever ce message et voir toutes sections Spoil du site, rendez vous dans vos options membres.


Fiction: La légende sanglante.

Tout le monde en a déjà entendu parler. Cette légende, ce manoir inquiétant, l'empreinte de sang qui entache le paysage. Kurenai, journaliste privée d'aventure va se retrouver prise au piège lorsqu'elle accepte de couvrir l'événement de la commémoration de ce drame qui fit couler beaucoup d'encre et trembler plus d'un. Elle voulait de l'aventure, elle était loin de se douter qu'elle plongerait au coeur d'un monde de ténèbres. Un monde dont on ne réchappe pas. Jamais.
Classé: -12D | Spoil | Drame / Mystère / Spirituel | Mots: 24310 | Comments: 0 | Favs: 9
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Beverlyy (Féminin), le 20/05/2013
Nouvelle fiction qui sera postée également sur mon compte fanfic :) J'espère qu'elle vous plaira.



Chapitre 4: Prison Spectrale



Le temps s'était suspendu dès lors qu'Itachi avait débarqué dans la pièce. Le regard de Kurenaï passait successivement de son visage à l'éventail qu'il tenait en main. L'arc était en bois qui semblait usé par des années et le tissu d'un bleu profond laissait voir l'emblème du manoir en scintillant paresseusement. L'aura des fantômes était devenue quasiment palpable, au point d'en effrayer la jeune femme qui tourna prudemment son regard vers Setsuna et Hikaku. Si Setsuna bouillonnait de rage, Hikaku n'arrivait pas pour autant à se contrôler malgré son calme olympien.

-ESPÈCE DE FUMIER ! Tu es la honte de notre clan ! Sale rat indigne de notre nom ! Comment oses-tu porter l'emblème des Uchiwa !?

- Setsuna, calme-toi. Nous ne pouvons rien faire contre lui.

Kurenaï ne savait plus où se mettre. Elle considéra un instant le visage d'Itachi, lequel restait parfaitement placide. Il avait exactement la même expression que lors de leur première altercation. Il tenait l'éventail fermement, comme s'il avait peur que l'objet s'envole. Alors même que les insultes de Setsuna résonnaient dans la salle, il ferma les yeux, comme pour les enregistrer et pouvoir les reprendre à bon compte.

-Setsuna, ça suffit ! Itachi Uchiwa... Enfin tu daignes nous parler. Lança Hikaku d'une voix forte.

Itachi ne répondit pas, les yeux toujours clos. Kurenaï observait Setsuna qui fulminait, se mordant la lèvre pour s'empêcher de débiter un nouveau flot d'injures.

-Tu as tué tout le clan, brisé notre famille, sali notre honneur...

Un léger spasme tordit le visage d'Itachi. Kurenaï se sentait de plus en plus mal à l'aise, comme si une catastrophe était imminente.

-Et tu es prisonnier de la malédiction de la clé céleste. Tu as emprisonné tout le clan réduit à l'état de spectres et tu es condamné.

-Tu crois qu'il en a quelque chose à foutre !? Rétorqua Setsuna. Il s'en tape ! Il a les mains tâchées de sang, tout comme son âme ! Il est la honte des Uchiwa ! Il ne mérite que de...

Setsuna ne put finir sa phrase qu'un kunai vint fendre l'air, transperçant sa poitrine pour atterrir sur le mur d'en face. Kurenaï s'était raidie et Hikaku sursauta, faisant trembler la lumière phosphorescente qu'il irradiait. Itachi avait ouvert les yeux, fixant l'arme qu'il venait de projeter. Setsuna considéra un instant la pointe plantée dans le bois et laissa échapper un rire gras et appuyé.

-TU PENSAIS M'AVOIR !? CA NE M'AURAIT PAS DÉPLU GAMIN !

-Vous êtes les seuls...

Hikaku interrompit Setsuna qui voulait répliquer tandis qu'Itachi cherchait ses mots.

-Les seuls... A vous souvenir.

Sur ces paroles, il se tourna vers Kurenaï, le regard lourd. Elle en fut tétanisée, incapable de répliquer quoi que ce soit. Qu'est-ce qu'il voulait dire par là ? Hikaku et Setsuna ne semblaient pas comprendre non plus. Itachi s'était retourné, prêt à quitter la salle lorsque d'un coup, Kurenaï lui agrippa le bras comme elle l'avait fait auparavant.

-Tu... Tu ne peux pas partir comme ça !

-Je n'ai que faire de toi Kurenaï.

-Je... J'en suis consciente ! Je ne veux qu'une chose, pouvoir sortir d'ici ! Et cet éventail est le seul moyen !

-Tu sais déjà voir les fantômes, c'en est bien assez. Tu es condamnée d'une manière ou d'une autre, c'est ton châtiment pour être entré ici. J'ai encore quelque chose à accomplir dans ce manoir.

-Tu es un égoïste ! UN PUTAIN D'ÉGOÏSTE !

En même temps qu'elle avait hurlé à s'en égosiller, Itachi la repoussa avec force, la faisant quasiment voler à travers la pièce. Elle tomba près de l'autel, directement rejoint par Hikaku qui s'efforçait de vouloir l'aider, sans succès.

-Au moins, on peut lui reconnaître la force à cette enflure, cracha Setsuna.

-Kurenaï ? Est-ce que vous allez bien?

-Oui... Je vais bien, dit-elle en se relevant péniblement.

Itachi se tenait sur le pas de la porte, contemplant la jeune femme à terre qui se relevait tant bien que mal. Il n'arriva pas à décrocher son regard avant une bonne poignée de minutes et Kurenaï en fit autant. Elle ne comprenait pas ses réactions, ne savait plus réellement s'il était un tueur sanguinaire ou simplement un malade mental. Son comportement était à la fois calculé et confus. Il ne se maîtrisait pas, n'arrivait pas à réfléchir correctement mais n'allait pas simplement à l'instinct. Mais elle était sûre d'une chose : elle n'aurait pas l'objet tant convoité. Itachi le lui confirma définitivement lorsqu'il passa la porte, l'éventail en main.

Setsuna avait recommencé à cracher sur l'Uchiwa, contraint de rester à sa place, le mur lui offrant une barrière totalement hermétique avec le reste de la maison. Lorsqu'il essaya de frapper de son poing inconsistant sur la surface boisée, un choc lumineux projeta une flopée d'étincelles rouges. Aucun moyen de poursuivre le scélérat qui venait de quitter les lieux. Kurenaï était à présent debout, face à la porte close.

-On dirait que ça ne va pas être facile, dit Kurenaï en se malaxant l'épaule.

-Cet homme est souillé de ses crimes, peut-être ne veut-il pas l'admettre. Le déni du tueur sans doute.

-Tu veux rire Hikaku !? Il a essayé de me perforer le thorax !

-Setsuna, tu es un fantôme. Il n'aurait rien fait.

-Pfeuh ! Je continue à penser que cette ordure cherche simplement un moyen de s'échapper en nous laissant croupir chacun dans une pièce de ce foutu manoir !

-Si tel est le cas, alors tu lui as fourni un objet de choix Setsuna.

Hikaku avait lancé son accusation d'une voix grave. Kurenaï avait saisi directement les propos du spectre tandis que Setsuna se contenta d'hausser un sourcil, l'air suspicieusement mauvais. C'était pourtant évident. Itachi savait maintenant que l'éventail était une clé potentielle pour ouvrir le cadenas. En un sens, il lui suffirait de rassembler assez d'énergie spirituelle pour activer l'objet et en récupérer la clé céleste. Si c'était le cas, si Itachi était bien le tueur sanguinaire prisonnier de cette malédiction, il ne faisait aucun doute qu'il s'en irait une fois l'accès dégagé.

-Mais... Je ne comprends pas... Commença Kurenaï.

-Pfuah ! L'apanage des femelles ! Ne pas comprendre. On ne te demande rien !

-Setsuna ! Ne faites pas attention Kurenaï. Que ne comprenez-vous pas ?

-L'éventail de la vérité nécessite l'énergie spirituelle de chaque fantôme enfermé ici n'est-ce pas ?

-Exact femme, et alors ?

-Alors cela veut dire qu'Itachi a besoin de votre énergie spirituelle également ! Lorsqu'il l'aura, vous serez libérés de cette malédiction n'est-ce pas ?

-Cela me semble logique... Setsuna ? Qu'en dis-tu ?

Hikaku s'était tourné vers son compagnon d'infortune qui semblait réfléchir à cette hypothèse. Lorsqu'il grimaça, Kurenaï sut que ça n'allait pas être si simple.

-Je ne sais pas. A vrai dire, la seule qui pourrait vous répondre serait Nekobaa.

-Mais Nekobaa est morte Setsuna ! Ne dis pas de sottises ! Son âme est aux cieux ! Là où devrait être la nôtre d'ailleurs !

-Je le sais bien pauvre abruti ! Si tu crois que ça m'amuse ! Je ne sais que le principal ! L'éventail de la vérité est ma création, mais sous l'égide de Nekobaa ! Elle seule savait exactement les préceptes de la malédiction de la clé céleste ! L'éventail est un indicateur ! Il permet de rechercher les âmes ! Il ne devait servir qu'à Madara à la base pour rechercher mon âme et interroger ma grandeur ! Je n'ai pas décidé que ce vaurien d'Itachi ne décime le clan ! C'était une protection envers un tiers, un ennemi !

-Et bien on dirait que ce piège s'est définitivement retourné contre nous.

-Ce n'est pas ma faute idiot ! Nekobaa m'avait prédit l'avenir avant de me fabriquer l'éventail ! C'est d'ailleurs pour cela que j'ai décidé de mettre en place cette protection ! La clé céleste devait servir à prévenir la calamité !

-Que veux-tu dire Setsuna !? Explique-toi bon sang ! Rétorqua Hikaku.

Setsuna se tourna vers Kurenaï, lui adressant un regard sévère. Il n'avait aucune envie de confier le reste de son éternité à cette greluche, mais il n'avait définitivement pas le choix. Ce n'était même plus une question de vie ou de mort, c'était quelque chose de bien pire. Il ne voulait pas de cette errance infinie entre ces murs miteux. Mourir semblait être un doux réconfort comparé à la promesse d'une existence spectrale. Résigné, il fit mine de s'asseoir sur l'autel.

-Je ne pense pas que nous soyons revenus par hasard Hikaku, et je suis sûr que tu penses la même chose que moi.

Ayant perdu toute agressivité, Setsuna avait l'air d'un vieil homme fatigué sous son halo rougeoyant.

-Nous sommes morts depuis longtemps, c'est du moins ce qu'en témoigne la présence d'Itachi. Nous sommes ses ancêtres, bien trop vieux pour avoir vécu à cette époque. Or, nous sommes à nouveau ici, alors que nous sommes censés avoir trouvé le repos. Itachi n'a pu nous tuer à la période où nous étions encore vaillants et pleins de vie. Maintenant, la question se pose et je sais qu'elle vous trotte dans la tête puisque j'en parle sans donner la réponse : pourquoi sommes nous là ?

-Parce que la clé céleste a été activée, répondit naturellement Kurenaï.

-Exact. Pas mal pour une greluche. Maintenant, réponds à ça ma jolie : pourquoi a-t-elle été réactivée après que nous ayons été tués par nos ennemis ?

-Et bien... Parce-que... Peut-être que quelqu'un a réactivé la clé et est mort de la main d'un Uchiwa ?

-Bravo ! Je t'applaudirais bien si je n'avais pas cette forme vaporeuse.

-Voyons Setsuna ! Qu'est-ce que tu insinues !? Hurla Hikaku qui commençait à perdre son calme.

Le spectre se fendit un sourire à la fois mauvais et désolé, comme s'il contenait une envie de vomir.

-Allons Hikaku, ne soit pas si débile. J'ai légué l'éventail à Madara n'est-ce pas ? Ce qui veut dire que même après notre mort, le sort marchait toujours ou du moins il aurait pu être renouvelé. Et il n'y a que deux personnes qui puissent le savoir.

-Qui ? Qui pourrait être au courant ?

-Nekobaa... Et le principal intéressé, Madara.

Kurenaï se figea devant l'air implacable de Setsuna et le visage atterré d'Hikaku.

-Et oui. Deux morts.

_

Hikaku allait répliquer lorsque la porte s'ouvrit, laissant entendre un grincement à vous glacer le sang. Les ongles de Kurenaï se plantèrent dans la paume de sa main et ne s'extirpèrent de sa peau que lorsqu'une ombre féline fit son apparition. Les deux spectres se mirent à l'écart, contemplant le nouveau venu sans dire un mot.

-Ah te voilà, nyan !

-D...Denka... fit Kurenaï en laissant échapper un soupir de soulagement

-Oh tu te souviens de mon nom ? Nyan ! Ca me fait plaisir !

Il avait dit ça en remuant frénétiquement sa longue queue, soulevant quelques moutons au sol. Avisant la pièce de ses petits yeux perçants, il posa son regard sur les deux ancêtres.

-Messire Hikaku, Messire Setsuna, ravi de vous revoir... Nyan.

-Denka, cela faisait un moment, dit Hikaku en s'approchant du chat.

-Pffew ! Sac à puces ! J'imagine que tu n'as toujours pas retrouvé Hina depuis toutes ces années ! Cracha Setsuna.

Denka fit mine d'ignorer les propos d'Hikaku, bien que Kurenaï eu l'impression que la fourrure du félin se mit légèrement à frémir.

-Setsuna, tais-toi donc !

-Bah Hikaku, j'vois pas pourquoi j'me tairais devant ce matou.

-Si Nekobaa t'entendais...

-Pffuah ! C'est bien à cause d'elle que nous sommes là !

-Setsuna tu t'entends !? C'est de ta faute si nous en sommes là ! Nekobaa n'a fait que te servir !

-Grrmph.

Visiblement à court d'arguments, le spectre grincheux alla maugréer dans le coin opposé de la pièce. Hikaku poussa un profond soupir et fit mine de caresser Denka sur le dessus de la tête, lequel apprécia le traitement.

-Excuse Setsuna, tu le connais, il n'a pas changé.

-Ce n'est pas grave, nyan. Ce n'était pas lui que je venais voir. Je cherchais notre nouvelle résidente.

-M...Moi ? Bégaya Kurenaï.

-Bien sûr, nyan ! Il faut que je te montre tes appartements !

-A...Appartements ? Qu'est-ce que...

-Ta chambre si tu préfères, nyan ! Tu ne vas tout de même pas dormir ici !

Kurenaï hocha lentement la tête. La perspective de passer la nuit dans la salle des prières ne l'enthousiasmait pas, surtout si elle devait subir les ronchonnements de Setsuna. Cependant, l'idée selon laquelle elle devrait traverser des couloirs remplis de spectres l'emballait tout autant. Croisant le sourire confiant d'Hikaku, elle se sentit néanmoins un peu plus à l'aise et se décida à suivre Denka hors de la pièce après avoir secrètement prié pour qu'elle ne se retrouve pas nez à nez avec un fantôme du passé.

_

La forme n'en avait pas perdu une miette. Cet éventail allait se révéler gênant pour la suite des opérations. Dans quelques semaines, le moment viendrait et là, plus rien, pas même la clé céleste n'entraverait son chemin.

L'ombre glissa le long du mur, arpentant la pièce jusqu'à son centre. Un guéridon trônait là, recouvert d'une nappe d'un rouge écarlate. Le dessus s'illumina, formant un halo inquiétant. Progressivement, un décor, puis un visage se dessina. De longs cheveux bruns épousaient un visage féminin dont les yeux rouges ne laissaient aucun doute.

-Cette femme... A donc ces yeux...

-Maître...

Une nouvelle ombre venait d'apparaître, progressant à pas feutrés vers son interlocuteur. Celui-ci ne prit même pas la peine de lui accorder le moindre regard, comme fasciné par l'image qui lui faisait face.

-Je dois en savoir plus. La voir à l'œuvre.

-Attendez au moins qu'elle se familiarise avec le manoir.

-Me crois-tu aussi patient ? Je pense lui envoyer quelques amis...

-Vous voulez dire... Eux ?

-Bien sûr. Tu sais ce qu'il te reste à faire.

-Oui, maître.

Le guéridon devint noir de jais tandis que les deux ombres fusionnèrent. Trois sphères ombrageuses s'échappèrent du meuble en un bruit assourdissant. La lumière dura encore quelques secondes, le temps de mettre en relief un sourire satisfait.

Puis la pièce plongea à nouveau dans un sommeil profond.

_

Kurenaï sortit prudemment de la salle des prières. Denka l'attendait sur le seuil, admirant du bout du couloir, le fantôme de la salle principale. Ce dernier était toujours là, les cheveux se balançant paresseusement à chaque fois qu'il s'approchait du siège central, son regard rempli d'amertume à chaque tentative désespérée pour s'y asseoir.

La brune observait la scène l'air inquiet et mal à l'aise. Mais, alors même qu'elle voulait interroger son compagnon à quatre pattes, ce dernier se dirigea vers l'une des portes en face d'elle. Ce couloir comportait au total quatre portes et, en entrant précipitamment dans l'antre sacré, elle n'avait pas fait attention aux autres. Sur le mur d'en face s'étalaient deux portes. L'une était en acajou massif et les poignées d'or forgées aux armoiries des Uchiwa ne laissait pas de doute sur la pièce qu'elle abritait. Cette façade avait des allures de royauté et Kurenaï devinait qu'il s'agissait probablement des appartements du feu maître des lieux, du chef du clan.

Elle n'eut pas le temps de s'attarder que Denka s'était déjà posté devant la seconde porte, celle ci beaucoup plus simple, moins grande, de simples poignées en bronze et encadrée de plinthes d'un bleu nuit. Lorsqu'elle approcha, elle put distinguer deux noms gravés sur le bois : "Itachi" et "Sasuke".

-C'est la chambre de maître Itachi, nyan ! Annonça inutilement Denka.

-"Sasuke"...

-C'était son frère, nyan.

-Et Itachi l'a...

Denka ne prit pas la peine de répondre à sa question et poussa la porte d'un léger coup de patte. Kurenaï entra à sa suite, dans une large pièce aux murs uniformes aux plinthes de la porte. Le bleu nuit rendait la pièce sombre mais élégante. Un large bureau encombré de toutes sortes d'armes rouillées faisait l'angle du fond de la chambre. Deux lits en bois sculpté se faisaient face, l'un aligné au mur de droite, l'autre à celui de gauche. Seul un lustre de papier typiquement japonais agrémentait la pièce d'une lueur douce. Aucune décoration superflue n'était de mise et il en résultait une ambiance glaciale.

Kurenaï remarqua que l'un des lits était défait, preuve qu'on y avait dormi il y a peu de temps. Elle commençait à craindre le pire et ce fut Denka qui le lui confirma.

-Voici ta chambre. Maître Itachi y vit également. C'est une des seules pièces dépourvue de spectres.

-Vous... Vous plaisantez !?

-Nyan ?

Denka se tourna vers Kurenaï, arborant un sourire aimable. Cette dernière, en revanche, n'y fut pas du tout réceptive, contemplant avec horreur la pièce qu'on lui avait désignée.

-Il est hors de question que je dorme dans la même pièce que lui !

-Tu n'as rien à craindre de Maître Itachi nyan ! Il ne s'en est jamais pris à nos invités.

-Qu'est-ce que vous en savez !? Dan est...

-Ton ami Dan s'est suicidé nyan.

Kurenaï commençait à douter de cette histoire. Dan pouvait s'être donné la mort tout comme il aurait pu être assassiné. Et le seul vivant ici était Itachi. Il était absolument exclu qu'elle reste dans la même pièce que lui, bien qu'elle doive lui arracher l'éventail si elle espérait pouvoir un jour sortir de cet enfer.

-Je ne resterai pas dans cette pièce !

Ignorant les avertissements de Denka, elle sortit de la chambre et se retrouva à nouveau dans le couloir. Elle n'avait pas envie de rendre une petite visite au fantôme de la salle principale et préféra pousser la lourde porte donnant accès à la chambre du chef. Elle n'entendit pas Denka la suivre lorsqu'elle pénétra dans l'immense pièce aux allures royales. Les hautes tentures de velours bleues et rouges couvraient la majeure partie des murs et fenêtres, empêchant la lumière du jour d'inonder la pièce. Un immense lit à baldaquin occupait la majeure partie de l'espace, laissant voir de superbes draperies de soie brodée. Il n'y avait pas plus de décoration que dans la chambre d'Itachi et seul un joli rocking-chair aux allures un peu décalées pour le style oriental du manoir trônait dans le coin de la pièce.

Kurenaï se sentait mal à l'aise dans cette chambre qui semblait beaucoup trop haute. Elle eut le tournis lorsqu'elle essaya de distinguer la hauteur du plafond. Elle n'avait pas remarqué que quelque chose n'allait pas. Cette salle n'était pas vide. Il y régnait une atmosphère plus qu'inquiétante, oppressante. Elle pouvait sentir ses poils s'hérisser un par un alors qu'elle scrutait chaque recoin de la salle rectangulaire. Pourtant, à chaque coup d'œil, le lit demeurait à sa place, les tentures également.

Crriii... Crrriiii...

A peine audible, le petit crissement bourdonnait pourtant aux oreilles de Kurenaï. Elle s'était figée, cherchant du regard d'où pouvait provenir le bruit. Une perle de sueur dévala sa tempe lorsqu'elle perçut un mouvement près d'elle.

Quelque chose bougeait.

Le rocking-chair auparavant immobile faisait des va-et-vient réguliers, en une berceuse macabre au rythme hypnotique. Une sphère rougeoyante venait d'apparaître, se balançant en cadence avec le siège. La lumière se fit plus intense, la sphère s'étira, prit forme... Humaine.

De longs cheveux apparurent, retombant sur des épaules fines couvertes d'une robe simple faisant penser à celle d'une mère au foyer. Le visage se modela, laissant voir des traits doux et féminins. Les mains se formèrent, tenant fermement ce qui semblait être deux aiguilles à tricoter. Cependant, aucun ouvrage ne semblait naître des cliquetis qu'elle produisait. Elle se contentait d'agiter frénétiquement les longues tiges métalliques, les yeux clos, l'air méditatif.

Clic... Clic clic... Criii... Criii...

Les cliquetis semblaient en rythme avec les crissements, offrant une mélodie qui eut le don de tétaniser Kurenaï. Essayant de se décontracter au maximum, elle avisa le spectre sans bouger un orteil. Il fallait pourtant qu'elle agisse, elle n'allait pas rester ainsi indéfiniment. Elle avait deux solutions : quitter la pièce ou converser avec le fantôme. Elle avait d'ores et déjà opté pour la première solution lorsqu'elle se concentra d'avantage sur le visage paisible de la tricoteuse. Une perle écarlate venait de s'échapper de l'une de ses paupières closes.

-Du... Sang...

Kurenaï se mit une main sur la bouche, conscience d'avoir dit ça tout haut. Le fantôme venait d'ouvrir lentement les yeux, laissant découvrir deux iris aussi sombres que le fond de l'enfer. Sa joue portait à présent une trace sanglante et les cliquetis venaient de s'interrompre. Kurenaï déglutit, avisant les moindres mouvements de sa compagne spectrale. Un silence angoissant avait pris possession de l'espace, sans que l'une des femmes n'ait l'idée de le briser.

Il fallait qu'elle se sorte de ce guêpier. Ce fantôme ne lui inspirait pas confiance et elle ne doutait pas du fait que Denka ait une bonne raison pour lui attitrer la chambre d'Itachi. Elle n'avait pas envie de passer la nuit avec lui, mais elle préférait subir sa compagnie plutôt que celle de cet ectoplasme.

Sa jambe esquissa un mouvement arrière, doucement. Il ne fallait pas qu'elle fasse le moindre geste brusque. Elle se sentait définitivement comme face à une bête sauvage prête à bondir sur elle. Il ne fallait pas qu'elle fasse le moindre bruit, il fallait qu'elle sorte silencieusement, le plus calmement possible.

Crrrrrrriiiiiiii...

Une latte du parquet venait d'émettre un crissement strident sous son pied et un objet vola au même instant, traversant la pièce pour s'épingler sur le mur. Le projectile avait rasé Kurenaï de près, lui arrachant quelques perles hémoglobines sur le bord de la joue. Quelques centimètres de plus et l'aiguille à tricoter lui crevait l'œil.

Sans demander son reste, elle courut à toutes jambes vers la sortie, s'attendant même à ce que le spectre la poursuive. Elle ne regarda même pas devant elle lorsqu'elle traversa le couloir à vive allure pour rejoindre la salle principale. N'osant même pas ouvrir les yeux, elle se cogna contre le trône et poussa un cri strident lorsque le fantôme à l'air hargneux se pencha vers elle, l'air d'avoir été dérangé dans une tâche primordiale.

Elle ne prit même pas la peine de s'attarder et se releva d'un bond, continuant sa course effrénée. Elle avança tout droit, passant par l'arche du second couloir. Elle eut à peine le temps d'apercevoir un cul-de-sac similaire à celui du couloir opposé que son pied glissa sur une surface lisse, la laissant s'effondrer de tout son long à terre.

Kurenaï se releva avec difficulté, constatant qu'elle venait de s'affaler dans ce qui semblait être une énorme flaque d'eau inondant le sol en bambou. A peine accroupie, un halo rouge se manifesta et la jeune femme n'attendit pas un seul instant qu'elle prenne forme. Il fallait qu'elle s'échappe de cet enfer au plus vite ou elle ne le supporterait pas. Elle quitta le couloir à toutes jambes, se retrouvant à nouveau dans la salle principale, espérant voire poindre le visage amical de Denka ou une occasion de retourner dans la salle des prières.

Lorsqu'elle fut face au trône, elle craignit de voir réapparaître l'ectoplasme grincheux et chercha autour d'elle une autre issue possible. Elle vit alors un rayon de lune filtrer d'une porte à double battants. Son cœur bondit dans sa poitrine et elle retrouva un espoir d'être enfin libre de ce maudit manoir. Sans même se préoccuper du reste, elle courut vers l'issue, poussant la façade de tout son poids. Elle passa à travers, manquant de se rétamer une nouvelle fois et atterrit dans ce qui semblait être un jardin extérieur.

Une bouffée de bonheur l'envahit lorsqu'elle sentit le doux parfum des herbes folles et l'oxygène envahir ses poumons. Cependant, ces derniers se comprimèrent à la vue de ce qui l'attendait.

Plus qu'un jardin, c'était une plaine tapissée d'herbes défraîchies qui l'attendait, un lac en son centre, une cabane recouverte de mousse sur la rive.

Mais, plus que tout, un mur immense d'environ dix mètres gardait captif ce paradis de verdure.

Kurenaï en faisait partie.



Après une trèèèès longue pause, j'ai décidé de m'y remettre sérieusement ! Et je ne pouvais pas mettre cette fic entre parenthèses indéfiniment ! Je vous ai donc prévu un joli chapitre tout neuf ;) Et à partir du prochain chapitre, je vous mettrai en image jointe un schéma du manoir pour que vous puissiez vous repérer :D ! En espérant que ce chapitre vous plaira !



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