Attention, cette fanfiction de Naruto est catégoriée spoil, c'est à dire qu'elle peut évoquer des passages du manga qui ont été publié au Japon mais pas encore en France. Sa lecture est donc susceptible de vous gacher le plaisir proccuré par le manga. Pour enlever ce message et voir toutes sections Spoil du site, rendez vous dans vos options membres.


Fiction: La légende sanglante.

Tout le monde en a déjà entendu parler. Cette légende, ce manoir inquiétant, l'empreinte de sang qui entache le paysage. Kurenai, journaliste privée d'aventure va se retrouver prise au piège lorsqu'elle accepte de couvrir l'événement de la commémoration de ce drame qui fit couler beaucoup d'encre et trembler plus d'un. Elle voulait de l'aventure, elle était loin de se douter qu'elle plongerait au coeur d'un monde de ténèbres. Un monde dont on ne réchappe pas. Jamais.
Classé: -12D | Spoil | Drame / Mystère / Spirituel | Mots: 24310 | Comments: 0 | Favs: 9
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Beverlyy (Féminin), le 15/12/2012
Nouvelle fiction qui sera postée également sur mon compte fanfic :) J'espère qu'elle vous plaira.



Chapitre 2: Par delà les murs.



Le dossier tomba au sol.

Les feuilles s'éparpillèrent en un léger bruissement. Kurenaï ne s'entendait même plus respirer tant son cœur venait de se compresser dans sa poitrine. Elle n'en croyait pas ses yeux... Ne voulait pas y croire. C'était impossible.

Asuma, son amant, l'homme qu'elle aimait au prix d'une discrétion et de concessions quotidiennes pour dissimuler leur relation était là, comme une vulgaire vedette de série X, à peloter la secrétaire tout en lui examinant les amygdales. Toute la scène était à vomir, comme sortie d'un mauvais cauchemar. Pendant quelques instants, seuls les gémissements étouffés d'Anko se firent entendre puis, lorsque cette dernière ouvrit les yeux, comprit qu'ils n'étaient pas seuls, le monde entier sembla se figer. Asuma s'arrêta, Anko se releva précipitamment, manquant de tomber du haut de ses talons et Kurenaï ne put hurler, tant l'envie lui arrachait la gorge.

Lorsqu'Asuma se leva à son tour, Kurenaï esquissa un pas en arrière, une sorte de réflexe incontrôlable. Elle avait l'impression que le diable se tenait devant elle, prêt à lui lacérer le cœur, si ce n'était pas déjà fait. Elle voulut pleurer, crier, frapper, mais rien ne sortait. Tout était contenu comme une sorte de folie meurtrière qui menaçait d'exploser à tout moment. Anko ne savait plus où se mettre, faisant semblant de chercher une de ses barrettes au sol et le temps sembla reprendre progressivement son court à mesure que le PDG cherchait ses mots.

-Ku... Kurenaï ! Tiens tiens, c'est une surprise ! N'est-ce pas Anko ?

-Oh... Oui ! Hahaha ! On ne t'attendait pas !

-Alors... Tu... Oh le dossier de la Légende Sanglante ? C'est courageux de ta part de... Heum... Kurenaï...? Kurenaï !?

Les paroles du couple résonnaient encore dans sa tête mais Kurenaï s'était enfuie à toutes jambes. Elle sentait qu'Asuma la suivait, entendait le bruit de ses pas dans son dos. Elle se forçait à aller plus vite, de toutes ses forces. Elle devait échapper à ce menteur, ce connard, ce profiteur qui venait de réduire ses espoirs à néant. Elle ne serait jamais madame Sarutobi, n'aurait jamais le couple harmonieux dont elle rêvait, ne pourrait plus jamais profiter de ses lèvres, de ses bras, de ses mensonges si doux. La réalité venait de lui foutre la plus grande raclée de sa vie et elle en venait à prendre la fuite, comme une vulgaire voleuse. Derrière elle, Asuma criait à s'en époumoner.

-KURENAÏ ! ARRÊTES-TOI KURENAÏ !

Son prénom, dans la bouche de cet homme ne signifiait plus rien. Plus résolue que jamais, elle prit encore plus de distance, tapant un sprint dont elle ne se serait jamais crue capable. Lorsque le passage sinueux apparut devant elle, elle savait où elle allait. Son échappatoire, ce qui n'était qu'une mission de terrain et qui allait devenir son rempart contre cet homme. Il ne la suivrait pas, ne lui imposerait pas son visage tellement trompeur, ses sourires hypocrites, ses lèvres qui embrassaient d'autres femmes. Au bout du chemin, elle savait exactement ce qu'elle allait trouver. La grande porte de chêne, les grands murs en pierre feraient leur apparition, comme pour l'inviter à plonger de l'autre côté. Elle n'était pas prête mais elle savait une chose : Une fois à l'intérieur, Asuma ne serait plus qu'un mauvais souvenir.

Elle faillit tomber à plusieurs reprises mais reprit sa course de plus belle jusqu'à entrevoir le manoir aux hauts murs de pierre grise, à la fameuse porte portant les armoiries du clan Uchiwa. Elle ne s'arrêta qu'une fois appuyée sur la façade en bois, reprenant son souffle du mieux qu'elle put. Son cœur jouait du bongo et le rouge lui monta rapidement aux joues tandis qu'elle haletait bruyamment. Elle savait que tout se jouait ici, en cet instant, face à cet antre qui se refermerait à jamais si elle venait à y rentrer. Sa résolution s'ébranla lorsque son regard se porta vers l'éventail à moitié souillé d'un rouge sang que le temps avait progressivement effacé. La haie qui bordait la pierre semblait aussi impressionnante que la muraille tant elle était haute et touffue. Seule la porte demeurait à l'abri de cet amas de végétation à l'abandon. On eut dit une prison, une prison complètement hermétique. Sans même savoir ce que cette demeure représentait, on savait, rien qu'à en voir l'extérieur, qu'il aurait fallu à tout prix éviter de s'en approcher. Et tandis qu'elle scrutait, apeurée, les toits dépassant de la haute cloison, un bruit de pas lui fit comprendre qu'Asuma venait de la rattraper.

-KURENAÏ !

-Vas... Vas-t’en !

-Arrête ! Ne rentre pas là-dedans !

-VAS-T’EN ASUMA ! JE NE VEUX PLUS TE VOIR ! JE... TU...

Une larme noircie de mascara vint s'abattre sur son chemisier. Kurenaï venait de laisser ses dernières résistances s'effondrer. Devant cet homme décoiffé, visiblement débraillé et avec une trace de rouge à lèvres sur la joue. Il ressemblait à un vulgaire playboy tout juste bon à laisser son pénis guider ses actions. Il était ridicule, immonde et Kurenaï en eut la nausée tout en goûtant aux perles salées qui roulaient sur ses joues. Instinctivement, sa main rencontra la poignée et ses doigts se convulsèrent tant l'instant était crucial. Une seule pression et elle se retrouverait à l'intérieur. Un seul geste de plus et elle dirait adieu au monde extérieur.

-Kurenaï ! Ne sois pas ridicule ! Il n'y a rien entre Anko et moi ! Lâche cette poignée maintenant !

Il se justifiait, maladroitement, comme un gosse qui cherche une bonne excuse après une bêtise. Plus les mots pleuvaient sans qu'elle ne les reçoive, plus Kurenaï laissait sa main appuyer sur son destin. Lorsque les derniers mots furent prononcés, un bruit métallique se fit entendre et la porte s'ouvrit avec un grincement horrible. Un long couloir de ténèbres se présenta à Kurenaï comme pour l'inviter à rentrer et elle s'avança lorsqu'Asuma esquissa un pas pour la rattraper.

-KURENAÏ ! JE T'AIME KURENAÏ !

-Va dire ça à ta connasse.

Elle lui lança un dernier regard et se retrouva happé par l'obscurité. La porte se referma avant même qu'Asuma ne puisse entrer à son tour et, conformément à la légende, le bois devint acier, prenant l'aspect d'une surface lisse, froide et impénétrable.

-

Une paire d'yeux jaunes perça dans le noir le plus total. Quelque chose venait de s'éveiller dans la pièce et un frottement se fit entendre. Lorsqu'un pas, puis un autre retentit sur le sol, les deux billes étincelantes avancèrent à la recherche du fameux promeneur. Ils s'arrêtèrent, contemplant une masse informe aussi sombre que le reste.

-C'est l'heure, nyan.

-Je le sais Denka. La porte vient d'être ouverte.

- On n’avait pas eu de visiteurs depuis longtemps ! J'espère qu'il tiendra le coup assez longtemps, nyan !

-Peu importe. Il finira comme les autres.

-

Kurenaï était enfin à l'intérieur. Elle ne vit rien pendant quelques minutes tant la pénombre était présente. Lorsque ses yeux purent s'habituer à l'environnement, elle put distinguer ce qui ressemblait à un long couloir bordé que deux portes de chaque côté. Un long tapis poussiéreux, un lustre crasseux et le papier peint jaunit, voilà tout ce qui pouvait agrémenter l'endroit. D'un coup, elle se fit l'effet d'être dans un mauvais film d'horreur. Cette évidence fut confortée lorsqu'elle voulut revenir sur ses pas. Un lourd cadenas d'acier maintenait la porte fermée et, lorsqu'elle essaya d'en approcher sa main, une étincelle de douleur vint percer sa peau. Une larme sanglante s'écoula le long de son doigt pour mourir dans sa paume. Elle était prise au piège, ce n'était pas dur à comprendre. La légende n'était pas là que pour nourrir de vieilles croyances stupides et des rumeurs alléchantes à échanger autour d'un café après tout. Elle avait voulu s'en rendre compte par elle-même et, en suçotant son doigt blessé, elle prit conscience que c'était chose faite.

-Ce cadenas ne s'ouvrira pas.

Elle avait dit ça d'un ton mécanique, sans reconnaître sa propre voix. Était-elle vraiment en train de réaliser qu'elle ne sortirait peut-être plus jamais ? Qu'elle finirait ici, comme tous les autres, ceux qui ont tentés de percer les secrets de ce manoir et qui n'en ont jamais réchappé ? Qu'est-ce qui pourrait l'attendre ? Kurenaï se mit dos face à la porte pour contempler une fois de plus le long corridor. De la moisissure, un décor peu engageant. Etait-ce là tout ce qu'elle verrait jusqu'à ce que mort s'en suive ? Ce n'était pas le moment de polémiquer et pourtant, la curiosité lui titillait déjà la langue. Le goût de l'aventure revenait, progressivement, même si pour le coup, Kurenaï savait, en son for intérieur, qu'elle était belle et bien prisonnière de cette maison de poussière.

Ses yeux brillèrent plus intensément, révélant le sublime écarlate de ses pupilles. Au contact du briquet d'Asuma, les mains de Kurenaï se crispèrent. Contemplant la flamme qui semblait embraser les murs couverts de saleté, elle avala sa salive en essayant de ne plus avoir l'image de ce qui était maintenant son ancien amant. Elle venait d'en échapper, quitte à s'enfermer pour de bon. Peu importe, elle ne verrait plus son visage, n'entendrait plus ses mensonges. Son cœur lui faisait l'effet de s'effriter, de se décomposer aussi lentement que le tapis rongé par les mites. Prisonnière de son malheur, elle venait de se faire prisonnière tout court. Bravo Kurenaï ! Se dit-elle en faisant un pas timide vers le fond du couloir.

Autour d'elle, les quatre portes semblaient scellées tant le bois, avec l'humidité, avait adhéré au reste des cloisons. Le couloir débouchait aussi sur une porte fermée, plus imposante, du même style que la porte principale. Peut-être celle-ci aussi se changerait en acier une fois franchie ? Cette idée en tête, Kurenaï se mit à penser qu'il ne fallait peut-être pas brûler les étapes. Elle devait chercher un moyen de sortir. Il était hors de question qu'elle finisse comme ses prédécesseurs. Quitte à avoir l'aventure, le piquant du danger, autant le faire à l'extérieur, là où l'odeur de moisi ne se fait pas sentir. Ce manoir était tout simplement étouffant, en tout cas la partie qu'elle pouvait admirer. Plus elle contemplait les portes, plus elles lui donnaient l'impression de se refermer sur elle comme pour la broyer de toutes parts. La boule au ventre, elle décida qu'il était temps d'avancer avant d'en avoir des vertiges. La première porte qui se présenta fut à gauche, non loin de la porte principale que le cadenas maintenait fermée. Le briquet en main, la flamme rassurante à ses côtés, elle poussa la porte qui n'opposa aucune résistance et entra dans ce qui semblait être le repère du diable en personne, là où aucun rayon de soleil ne pouvait filtrer. Le noir absolu.

La faible lueur ne pouvait éclairer cet antre de ténèbres. Kurenaï ne distinguait pas grand chose. Elle manqua plusieurs fois de trébucher sur une surface plane et lisse, comme un meuble aux contours parfaitement taillés. Si sa vue ne l'aidait pas, son odorat en revanche l'alarma directement. Une odeur immonde s'échappait du fond de la pièce sans qu'elle ne puisse dire de quoi elle pouvait provenir. Un mélange de vieux restes qui auraient pourri et de viande avariée, le tout agrémenté de relents de vomi. Le tout était indescriptible tant il était atroce. A l'aveuglette, Kurenaï avança en prenant garde de ne pas buter contre les fameux meubles qui étaient alignés dans la pièce. Elle devina une allée dans laquelle se faufiler, suivant toujours plus l'odeur que le faible passage qu'éclairait la flamme. Un haut-le-cœur la prit au fur et à mesure qu'elle approchait du but. C'était proprement insupportable. Les senteurs combinées produisaient un mélange si infecte qu'on se demandait si il était encore possible de respirer. Apparemment, ils n'avaient pas dû se poser la question ! Ironisa Kurenaï, songeant au fait qu'elle devait être la seule encore en vie ici. Cette idée l'inquiéta d'avantage et la vague de solitude qu'elle ressentit lui fit froid dans le dos.

-Et merde !

Après s'être pris une énième fois le pied dans l'un des objets alignés, pestant contre ce dernier, elle entreprit de se mettre à sa hauteur pour en découvrir la nature. Les bords étaient lisses, bien taillés.

-Du bois...

Et pas du vulgaire bouleau, un beau bois d'acajou parfaitement ciré. Plusieurs noms s'étalaient devant elle sans qu'elle ne puisse tous les déchiffrer. "Inabi ... Yashiro ... Tekka ...". Lorsque son doigt glissa sur une sorte de blason en acier portant les armoiries du manoir, Kurenaï devina enfin où elle était. Des cercueils étaient alignés de part et d'autre, tel un cimetière couvert, à l'abri des regards. Le cimetière Uchiwa... Là où les morts trouvaient le repos.

Clac.. Clac.. Clac.. Clac

Tous les sens de Kurenaï se mirent en alerte. Elle se retourna doucement, pointant la flamme dans son dos. Rien. Seule la pénombre offrait à ses yeux un espace totalement vide. La lumière commençait à faiblir, le briquet n'en pouvant plus de lutter contre l'ombre infinie. Vérifiant sa besace, ses quelques armes et son pauvre carnet, Kurenaï se rendit compte qu'elle n'avait rien pour parer à toute attaque imprévue. Peut-être n'aurait-elle pas besoin de ses shurikens, cette maison semblait de toute façon aussi vide et morte que la pièce dans laquelle elle se trouvait. Mais ce claquement venait de la persuader du contraire. La chair de poule commença à faire frémir ses bras et elle essaya de se contrôler comme elle put, commençant à se redresser pour quitter la pièce.

-Éteignez... Cette lumière...

Un son guttural, plaintif et à la fois menaçant lui arracha un cri de stupeur. La flamme s'était éteinte dans la seconde, comme craintive face à cette demande inconnue. Dans un mouvement de panique, Kurenaï entreprit de rallumer le briquet pour au moins quitter la pièce sans réveiller les morts mais lorsque la faible lumière réapparut, elle comprit qu'il était trop tard. Sa tête pivota, l'ignoble odeur lui donna un coup de fouet. Face à elle, un crâne humain se dessinait, le regard vide, la carcasse pourrie au fil des années où la chair s'était déjà consumée. Le briquet tomba à terre, la flamme mourut. Kurenaï était tétanisée, à quelques centimètres de ce reste humanoïde. Un gémissement continuait à se faire entendre et, lorsque l'obscurité engloutit à nouveau le mausolée, une lumière d'un rouge carmin s'éleva, surplombant aussi bien Kurenaï que les lits mortuaires. Elle en eut mal aux yeux tant le halo écarlate était intense. Comme aveuglée, elle fit un effort sans précédent pour se remettre debout et contempler la balle brillante se modeler, prendre la forme d'un visage suppliant, enfermé dans son enveloppe sanguinolente.

-Ai... Aidez moi...

Le haut de sa tête était ouvert en deux comme un fruit mûr. Les petits yeux engoncés laissaient échapper de pathétiques larmes aussi rouges que le reste de son image. Lorsque les cheveux se dessinèrent, longs, lisses, lui tombant devant les yeux, Kurenaï en eut la nausée. Sans même réfléchir, son cœur s'accélérant à toute vitesse, elle s'était enfuie en courant, craignant que l'ectoplasme la poursuive. Elle entendait encore ses gémissements derrière elle, manquant de trébucher sur l'un des cercueils. Seul le halo du spectre lui permettait encore de savoir où elle mettait les pieds et, les yeux douloureux, à demi clos, elle avait atteint la porte priant pour qu'elle s'ouvre. Le sentiment de panique s'était emparé de tout son corps et seules les jambes acceptaient encore d'avancer pour échapper à la vision surnaturelle à laquelle elle venait d'assister.

Elle se pressa d'un seul coup contre la porte, faisant jouer tout son poids pour se sortir de ce guêpier. La porte ne résista pas une seconde et Kurenaï perdit l'équilibre, allant se perdre contre la porte d'en face. Quelques moutons de poussière se décrochèrent du mur lorsqu'elle s'écrasa contre le bois dur. La porte aux cimetières se referma en un grincement inquiétant, laissant le spectre écarlate dans le noir complet. Kurenaï ne sentait même plus sa poitrine tant son cœur cognait de plus en plus fort. Elle reprit son souffle, crachotant suite à l'effort fourni et reprit ses marques dans ce couloir inquiétant.

Mieux vaut ce couloir que cette salle. Pensa-t-elle en se tournant vers le cadenas de la porte principale. Il était toujours là, un gardien à son poste que personne ne pouvait déloger. Elle savait ce qu'elle avait vu dans la salle des cimetières, elle devinait qui se cachait derrière ces cheveux longs, ce regard, cette voix que la mort avait déformée.

-Dan...

Elle avait chuchoté ce nom sans même y croire. Elle connaissait ce fameux journaliste pour l'avoir vu en photo dans un nombre incalculable de journaux. Il était devenu l'un des noms synonyme de courage, de sacrifice au nom d'un secret bien gardé. Peut-être même qu'un jour, dans quelques années, Kurenaï aurait droit à cette gloire posthume, mais elle comptait bien s'en sortir. Hors de question que je finisse dans une salle mortuaire, dans une de ces boîtes en bois ou alors menottée à une des poutres pour sentir la mort arriver à petit feu, pensa-t-elle. Il fallait qu'elle trouve un moyen de faire machine arrière. Il devait bien y avoir une foutue clé par ici et elle était déterminée à la trouver, à n'importe quel prix.

Reprenant avec difficulté ses esprits, Kurenaï tapa sur la porte contre laquelle elle était appuyée pour la faire céder. Rien. Elle semblait aussi bien scellée que celle au cadenas d'acier. Seuls quelques grains de poussière tombèrent à terre, rejoignant la couche grise qui décolorait le parquet. Pestant devant la résistance, Kurenaï s'assit à terre, sans pitié pour son pantalon. Elle savait qu'elle aurait les fesses grises en se relevant, mais après toutes ces émotions, il lui fallait se poser un peu. Elle avait eu une peur bleue en voyant cette espèce de boule d'énergie écarlate apparaître puis se transformer en réplique de Dan au crâne fendu en deux. Mais plus que tout, la couleur, si sanglante, si inquiétante, si agressive avait provoqué chez Kurenaï un sentiment d'angoisse sans pareil.

Elle n'avait jamais cru aux fantômes. Même dans le monde des ninjas, où une sorte de magie spirituelle était monnaie courante, les spectres étaient considérés comme une chimère. On savait que les morts nous observaient, mais on n’avait jamais entendu parler de revenants qui se manifestaient. Alors c'était ça le secret de ce manoir ? Un manoir hanté ? Plein de petits Casper en liberté ? Et quelle arme je suis censée utiliser contre ça au juste !? Pensa Kurenaï en laissant retomber sa tête contre le mur. Elle sentait l'odeur épouvantable de la salle aux cercueils jusqu'ici malgré que la porte soit close. Tout à coup, elle ne se sentait même plus le courage de se relever, craignant de tomber sur une salle encore pire que celle-ci. Peut-être était-ce comme ça qu'était mort Dan, en sentant la peur lui glacer les os. Elle ne pensait pas avoir une mort aussi stupide, tellement digne d'un film d'horreur de série B. Après tout, ici, tout s'y apparentait. Le décor, l'ambiance... Seuls les effets spéciaux étaient plus vrais que nature... Et pour cause, tout ceci n'était pas un cauchemar mais bel et bien réel.

Décidant qu'il était temps de se relever, fusillant ce maudit cadenas du regard, elle scruta le fond du couloir pour décider quelle serait la prochaine porte qu'elle franchirait. Après l'épisode mortuaire, elle n'avait vraiment pas envie de retomber sur des rangées de macchabées goûtant au repos éternel. Il ne restait que trois portes, trois solutions. Soit elle choisissait celle de gauche ou celle de droite, soit elle zappait directement ce corridor miteux. Peut-être que ce couloir n'était fait que de petits cimetières privés de la famille depuis des générations. Auquel cas, il ne serait pas utile de s'y attarder.

Alors qu'elle s'était avancée pour rejoindre l'une des trois portes, son sang se glaça. Une petite boule rouge venait d'apparaître, crachotant quelques paillettes étincelantes. Raide comme un piquet, Kurenaï s'attendit à recevoir la visite d'un nouveau spectre à la mesure de Dan. Cependant, ses sens n'étaient pas alarmés, elle n'avait pas eu cette sensation horrible d'un cœur qui se tord de toutes parts. Après quelques secondes d'un silence brisé par les petits crépitements de ce qu'elle avait pris pour un spectre, elle observa plus en détails le nouveau phénomène qui s'offrait à ses yeux. Plus petite, d'un écarlate beaucoup moins vif, cette boule d'énergie était tout de même différente de celle qui avait précédé l'apparition de Dan.

Le petit rond lumineux et pétillant commença à se mouvoir. Lentement. De haut en bas. Puis se dirigea vers la droite, toujours en sautillant, traçant un chemin illuminant les murs poussiéreux. Comme sur un ressort, il indiquait la porte de droite, au fond du couloir. On voulait la guider, visiblement. Kurenaï ne rêvait pas, cette maison était hantée. Et maintenant ? Elle devait bien se plier aux règles du jeu si elle voulait s'en sortir indemne. De plus, elle ne savait même pas par où aller. Ca ne pourrait pas être pire que le cimetière, que Dan en train d'hurler ses plaintes fantomatiques. Non... Ca ne pourrait pas être pire, ou ce serait l'enfer sur Terre.

Prenant son courage à deux mains, elle suivit docilement son guide peu orthodoxe. Une fois devant la porte, la petite boule passa au travers comme s'il s'était agi d'une façade de beurre. La main tremblante, peu assurée, elle agrippa maladroitement la poignée et poussa un bon coup comme pour se donner du courage. Elle n'ouvrit pas les yeux jusqu'à ce que la cloison s'écarte et la laisse entrer dans une salle unique, peu commune et déroutante. Tout autour d'elle s'étalaient des bibliothèques remplies à craquer, des rouleaux de parchemins alignés sur des tables en bois et une immense plaque de symboles indéchiffrables. Seuls quelques candélabres baignaient la pièce d'une lumière vaporeuse, angoissante. La boule d'énergie explosa dans un "pop" sonore.

-Bienvenue au manoir Uchiwa, nyan !

Deux ombres venaient de sortir des ténèbres pour accueillir Kurenaï. Même hantée, cette maison comportait des hôtes, qui eux, étaient bien vivants. Elle en eut la preuve lorsque les bougies éclairèrent le visage d'un homme.




Chapitre 2 - Done !

J'espère qu'il vous aura plu :)




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