Fiction: Les Mercenaires

Dans la vie, chaque homme, chaque femme est attiré par une chose unique : l'Argent. Le fric, la tune, le flouze, le pognon, l'oseille, le blé... Autant de surnoms que de raisons pour se l'accaparer. Ils sont 12. De la petite prostituée de luxe au grand expert financier avare, ils vont se réunir pour faire le plus grand cambriolage de la décennie.
Classé: -12D | Action/Aventure / Suspens | Mots: 6760 | Comments: 5 | Favs: 5
Version imprimable
Aller au
Rahjenaimar (Féminin), le 05/08/2012
Et voilà ! Une idée qui a germé dans ma tête après avoir regardé pour la énième fois Ocean's eleven. Brad Pitt et George Clooney sont décidément une intarissable source d'inspiration *o* :p

Bonne lecture !




Chapitre 2: On se lasse de tout, sauf de l'argent



Neji Hyûga gara son Cabriolet sur un trottoir humide. Il venait de pleuvoir. Il resserra le col de son long manteau beige et attrapa la petite valise en cuir marron qui trônait sur le siège passager. Puis il sortit de la voiture.
Son regard parcourut la rue, à la recherche d'un numéro 24. Il maudit alors tous les conducteurs du monde de ne jamais laisser d'emplacements libres au bon endroit : le numéro 24 était à l'exact opposée, et il était pressé. Il verrouilla la portière et se lança à la recherche de la maison.

Il venait de faire plus de quatre heures de route en voiture pour dénicher celui qui lui serait d'un grand secours dans l'organisation de son opération. On lui en avait parlé en des termes peu mélioratifs, comme quoi il s'agirait d'une sorte d'ermite qui ne sortait jamais de chez lui, bien qu'il habitât dans un quartier tout à fait agréable, et qui réglait tous ses achats et toutes ses factures par correspondance en faisant livrer ce dont il avait besoin à domicile. Peu de gens l'avaient rencontré en personne, donc il n'était pas parvenu à obtenir une description précise.
Il avait déduit qu'il aurait besoin de lui après avoir reçu la veille dans son appartement parisien tous les documents promis par Sasuke Uchiwa : des plans architecturaux datant de la construction de la bijouterie, une liste des employés, toutes les transactions effectuées durant l'année, et d'autres documents encore.
Impressionné par la complexité du fonctionnement du système sécuritaire, Neji avait su aussitôt qu'il aurait besoin d'aide pour trouver les personnes qualifiées. Et il paraissait que l'homme qu'il cherchait avait des relations internationales... pas toujours très clean.

En fait, il n'eut pas de mal à trouver la maison. Elle était le contraire parfait de tout ce qui se faisait dans ce quartier. Alors que chaque maison avait une charmante devanture en chaux blanche, des volets peints de la même couleur que la porte et un petit jardin très bien entretenu, cette maison-ci était dissimulée à la plupart des regards par un taillis de verdure entremêlée. Le portail, à la peinture écaillée, s'ouvrait de temps en temps en grinçant, selon la force des courants d'air. Derrière, on apercevait un mur en béton nu, et grossier. Pas de décoration inutile, pas de peinture, de pots de fleurs ou de guirlandes. C'était effroyablement austère.

« On m'avait prévenu qu'il vivait reclus mais j'avoue que là, je ne m'y attendais pas, commenta Neji. »

Il regarda à gauche, à droite. Personne dans la rue. Poussant doucement le portail, il se glissa à l'intérieur et se dirigea vers la porte d'entrée. A côté de la porte, un écriteau plastifié disait : Merci de bien vouloir déposer les livraisons devant la porte d'entrée. Pour les signatures, j'espère que vous n'en avez pas besoin car sinon... Amusé, le médecin chercha une sonnette, mais il n'y en avait pas. Une cloche ? Non plus. Alors il frappa à la porte. Mais il n'y eut aucune réaction.
Il jura. Pourquoi donc est-ce que ce type ne pouvait pas être comme tout le monde ? Une femme, deux enfants ? Il remarqua alors que la porte n'était pas verrouillée au niveau de la poignée. S'il n'y avait pas d'autre verrou, alors peut-être que...
Il posa la main sur la poignée, puis l'actionna. La porte s'ouvrit d'elle-même, et sans - au plus grand étonnement du Hyûga - grincer une seule fois.

Satisfait, le médecin pénétra à l'intérieur. Il y régnait une chaleur étouffante et une obscurité quasi-complète : la seule lumière provenait de la porte qu'il venait d'ouvrir.
Un grésillement lui parvint, le guidant à travers la maison et les différentes pièces, toutes plongées dans le noir. Il monta des escaliers en colimaçon, traversa un couloir et arriva dans une pièce encombrée d'ordinateurs en tous genres, portables, fixes, petits, très gros, bruyants, silencieux... Tous ces écrans étaient disposés en demi-cercle. Au centre du demi-cercle, un homme était affairé à tous les maintenir allumés. Il l'observa une bonne minute, et s'aperçut qu'il gérait les bénéfices de trois entreprises en même temps, en plus d'envoyer nombre de mails et de surveiller le cours de la bourse sur le prix du caoutchouc.

« Shino Aburame ? appela Neji. »

L'homme bondit aussitôt de son siège et fit volte-face. Le Hyûga fut tellement surpris de cette réaction disproportionnée qu'il n'eut pas le temps de réagir quand l'autre saisit un revolver et le pointa sur sa poitrine. Par précaution, il leva les mains en l'air.

« Ne nous énervons pas, dit-il, prudent.
- Qu'est-ce que vous voulez ? aboya l'homme avec une voix étonnement grave. »

Il avait des lunettes de soleil rondes sur le nez, chose étonnante par rapport à la pénombre de la pièce. Avec ces lunettes, ses cheveux brun foncé en pagaille et le bourdonnement incessant des ordinateurs, on aurait dit un gros insecte, comme une reine dans une fourmilière qui supervisait toutes les activités de ses ouvrières.

« Je veux seulement vous proposer une affaire, répondit Neji calmement, les yeux rivés sur le canon de l'arme.
- C'est ça, ouais ! Vous voulez me coffrer, plutôt ! M'envoyer à l'asile ! »

Le Hyûga se dit qu'effectivement, un tour en cellule de soins psychologiques ne lui serait que bénéfique. Mais il tint sa langue, car il était bon diplomate, pas bon bagarreur. D'autant qu'il avait l'impression que l'autre, qui le tenait toujours en respect, pouvait le descendre avec la même froideur que s'il plongeait un crabe dans de l'eau bouillante. Silencieux, il attendait visiblement une réaction.

« Non, comme je viens de vous le dire, je vous propose une affaire. Je pense que si vous baissiez votre arme et que vous me laissiez vous la présenter, nous pourrions trouver un arrangement. »

Bizarrement, l'homme aux lunettes n'esquissa pas le moindre mouvement, comme s'il attendait passivement que l'autre s'explique. Son mutisme était quelque peu troublant. Neji abaissa doucement les mains et ouvrit sa mallette, puis tendit la photographie du collier à son interlocuteur.

« Qu'est-ce que c'est ? souffla l'homme, surpris.
- Notre affaire, dit Neji en souriant. »

Il fut soulagé de voir l'autre se détendre et reposer son arme, avant de s'appuyer nonchalamment sur le bord de la table en U qui lui servait de bureau.

« Je cherche à... disons, récupérer ce collier pour un investisseur, reprit le Hyûga. Mais il est assez dur à obtenir. J'ai besoin de vos relations pour me faire l'équipe qu'il me faudra.
- Où est-ce qu'on le trouve, ce collier ?
- Dans une bijouterie de Los Angeles.
- Il faut donc des gens qualifiés. Chose étrange : les plus belles choses ne sont destinées qu'aux riches. Ils sont les seuls à pouvoir se les payer, et ceux qui les volent ne pourront rien en faire à moins de les revendre à leur tour. »

Neji se sentait de plus en plus mal à l'aise, même si son expression était neutre. Shino Aburame pouvait passer de la paranoïa compulsive à la civilité éloquente en moins de deux minutes, et sans prévenir. C'était quelqu'un d'assez... spécial. Et ce n'était pas faute de l'avoir prévenu.

« Quels sont les gains ? reprit l'homme. »

Neji masqua un rictus. Il suffisait de parler argent pour intéresser le plus marginal des hommes. Celui-ci examinait attentivement le bijou sur papier glacé. Malgré son air de fou furieux retranché au fond de sa tanière, Shino Aburame avait l'air d'être très intelligent. Il avait compris qu'il y avait un joli paquet de billets à se faire.

« Tout ce qu'on pourra prendre d'autre dans la bijouterie. Il faudra les revendre, et ça fera beaucoup d'argent. Mais je ne vous apprends rien, vous êtes expert en finances après tout.
- Hum. »

Le Hyûga reprit la photographie des mains de son interlocuteur et la rangea dans sa valise en cuir. Il demanda :

« Vous êtes partant ?
- Je pense, oui.
- Très bien, je vous recontacterai. Vous avez un téléphone ?
- En effet.
- Parfait. »

Neji tendit la main. Mais l'autre ne bougea pas, lui laissant un intense sentiment de solitude. Ignorant ce manque criant de savoir-vivre, il retira sa main et s’apprêta à sortir.

« Attendez, l'interrompit Shino, si vous allez à Los Angeles, je vous conseille de contacter un flic du nom de Kiba Inuzuka. S'il se méfie ou s'il refuse, dites-lui que je vous l'ai conseillé, on se connaît bien. Il acceptera. »

Le Hyûga hocha la tête. Message reçu. Il se retourna en disant :

« À très bientôt. »

*****


Le lendemain, Neji se dit qu'il était temps d'aller s'installer aux États-Unis, afin d'assurer le terrain et ainsi une porte de sortie au cas où tout se passerait mal. Il prit une valise, la remplit de tout ce dont il avait besoin, puis, hélant un taxi, se rendit au complexe aéronautique de Roissy.

L'aéroport était noir de monde. Les gens se rentraient dedans avec leurs valises, les parents serraient leurs enfants contre eux à les étouffer, par crainte de les égarer, les étrangers clignaient des yeux et essayaient de trouver des panneaux d'indication adaptés à leur langue.
Neji se dirigea vers la billetterie. Une femme d'une quarantaine d'années, aux yeux fatigués et à la peau grise, l'accueillit avec un faux sourire :

« Bonjour, monsieur. Que désirez-vous ?
- Bonjour, est-ce qu'il reste une place pour un vol direct vers Los Angeles ?
- Hé bien, pas pour celui de cet après-midi, mais celui de 23h30 n'est pas complet.
- Je vais prendre un billet pour ce vol, merci. »

L'hôtesse d'accueil s'exécuta. Le billet fut vite imprimé, il paya, et partit se trouver une place confortable avec vue sur la piste d’atterrissage. Il regretta de ne pas pouvoir encore disposer à sa guise d'avions en tous genres de la société privée de Sasuke Uchiwa.
Il regretta également le temps où il pouvait se payer trois vols en classe affaire par semaine, le temps où l'argent rentrait à flot, le temps où il était un chirurgien riche et passionné.

Un jour, il avait été un médecin anglais de grande renommée, sans histoires, qui avait fait des études brillantes dans la prestigieuse faculté de Nottingham, et qui avait une longue carrière en perspective. Respecté et reconnu par tous, c'était un pur et simple génie.
Puis, il avait découvert le business de la médecine au noir.

En vérité, ses débuts dans ce milieu étaient destinés à faire le bien : effaré des pratiques ignobles qui y avaient cours - et qui visaient à arnaquer un malade sans ressources en le vidant de tout ce qu'il avait avant de le laisser à moitié mort sur une table d'opération - il avait pris ce nouvel engagement comme une action humanitaire. Il se disait qu'il pouvait pratiquer des opérations dans le secret pour sauver la vie des victimes de bien des charlatans.
Mais tout cela avait dérapé : débordé d'ambition, il s'était rendu compte que c'était un milieu bien pratique pour exercer de nouvelles techniques de médecine, que les lois lui interdisaient d'expérimenter sur des humains vivants, si bien qu'il ne pouvait pas en connaître les effets. Profitant du marché au noir, il avait pratiqué de plus en plus d'opérations expérimentales, avant d'être dénoncé par la famille d'un malade sur lequel il avait greffé une prothèse en métal mal liée au reste du corps et qui avait sectionné une artère, lui causant une hémorragie interne.

Il n'avait pas fait de prison en raison des nombreuses vies humaines qu'il avait sauvées, légalement ou illégalement, mais avait reçu une interdiction définitive de pratiquer la médecine et avait payé une lourde somme de dédommagement, qui avait dû le faire renoncer à sa villa, à deux de ses voitures de sport (la troisième étant la Cabriolet) et à sa femme, qui l'avait quitté peu après. Quittant l'Angleterre, son pays natal, il s'était installé en France où il avait parfait sa maîtrise de la langue nationale et avait continué de pratiquer, discrètement, ses habitudes médicales.
Cependant, il était désormais un homme sans ressource, qui désespérait de pouvoir un jour se remettre en selle.

La proposition de monsieur Uchiwa tombait donc au moment idéal : oublié par la presse, de plus en plus endetté, cet ex-chirurgien de génie commençait à ressentir le besoin d'argent. Cette possibilité d'en récupérer énormément d'un coup l'intéressait donc beaucoup.

Il s'appuya sur sa valise pour qu'on n'essaye pas de lui voler ses affaires et s'allongea sur un banc avant de fermer les yeux pour dormir un peu, les mains croisées sur son ventre. Il s'endormit avec la pensée que son Cabriolet lui manquerait.




Chapitres: 1 [ 2 ] 3 Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: