Fiction: Chronique d'une vie trop courte (terminée)

"Je suis triste Je sais que l'avenir est sans espoir et que tout ça ne peut pas s’arranger Je suis fatiguée et mécontente de tout Je suis un échec total sur le plan humain" Sarah Kane
Drame | Mots: 2453 | Comments: 2 | Favs: 5
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Tété-chan (Féminin), le 09/07/2012
Un One-Shot qui sort tout droit d'un de mes cauchemars, ne vous étonnez pas si c'est un peu bizarre.
Des avis à me faire parvenir ? Laissez une ptite review au passage ;)
Bonne lecture buddys




Chapitre 1: Chronique d'une vie trop courte.



Aussi loin que je me souvienne, Sakura a toujours été amoureuse de Sasuke.

Je l'ai rencontrée à la crèche, je peux donc l'affirmer. Elle a toujours été amoureuse de lui.
Moi qui était totalement fou d'amour pour cette petite fleur, j'ai du bien vite renoncer à mes sentiments, me contentant d'être à ses côtés en tant que frère. J'ai essuyé ses larmes, je l'ai soutenue aux moments où elle était au plus mal, j'étais son appui. Mais il faut croire que ça n'a pas suffit.
Elle était obsédée par Sasuke.
Oui, parfaitement, son amour pour lui tournait à l'obsession. Et le pire je crois, c'est que lui, il faisait comme s'il ne le savait pas.

Parce qu'aussi loin que je me souvienne, Sasuke, lui, a toujours piétiné froidement les sentiments de Sakura.

Il essayait de passer outre, parce qu'il la considérait comme sa meilleure amie, la seule fille pour laquelle il avait un minimum d'estime.
Au début, elle se contentait de ce statut et lui pensait que ses sentiments s'effaceraient avec le temps.
Que dalle.
Ils n'ont fait que grandir, prendre de l'ampleur avec les années. Pour finir par l'écraser.

Sakura, je l'ai vue traverser des étapes, surmonter des obstacles, ravaler ses larmes, sourire puis se faner.

De cinq à dix ans, Sasuke était son héros. Pour elle, il était lisse, sans défaut. C'était sa perfection. Elle l'admirait.
Pourquoi ? J'ai bien envie de vous répondre que le cœur a ses raisons que la raison ignore, mais dans le cas de Sakura, il y a quand même une explication.
Sakura a été élevée par sa mère, Miki. A son divorce, Miki avait réussi à avoir la garde de Sakura mais de peur que celle-ci, en grandissant, veuille vivre avec son père si elle le lui présentait, elle lui a caché son existence. Elle lui a dit qu'il était mort d'un AVC une semaine avant sa naissance. C'était faux, archi-faux ! Mais ça mon amie ne pouvait pas le savoir, personne en fait n'avait connu son père à Konoha donc elle ne pouvait l'apprendre par personne et puis toutes les photos de Sakura dans les bras de son père avaient fini dans la cheminée, alors...
On dit souvent que des parents homosexuels ne sont pas bénéfiques pour le bien-être d'un enfant, moi je serai plutôt pour dire que les familles monoparentales peuvent faire beaucoup de mal. Si Sakura n'a jamais eu de modèle masculin chez elle, et si c'est cela qui l'a poussée à aimer Sasuke à un degré aussi élevé, c'est la faute de Miki alors !
Si elle n'avait pas fait tant de secrets, tout cela ne serait pas arrivé. Vous me comprenez ?
En plus, Sasuke et moi, on était aussi pommés qu'elle dans nos vies, donc ça n'aidait pas vraiment. C'est ce qui nous a lié tous les trois, pour le meilleur mais surtout pour le pire.

De dix à quatorze ans, Sakura était insupportable. Elle ne cachait plus son amour, elle l'étalait au grand jour, prenait des airs de pimbêche et se vantait d'être "la seule fille que Sasuke acceptait autour de lui". Elle était collée à lui en permanence, et moi je ne comprenais pas ce qu'il avait de plus que moi. C'est Sakura qui a été la source de notre rivalité, parce que malgré le fait qu'elle ait été chiantissime à cette époque, elle était tout de même attentionnée avec nous deux et jouait à merveille le rôle de la mère que nous n'avions jamais eu lui et moi.
Un jour, en sortant du collège, alors qu'elle allait rentrer chez elle, un homme grand et beau aux doux yeux verts l'aborda. C'était son père. Yasuaki Haruno, après quatorze années de recherche, avait réussi à retrouver sa fille. La photo d'elle jaunie par le temps qu'il avait dans son porte-feuille ne laissa aucun doute à Sakura et ce fut l'élément déclencheur de sa rébellion contre sa mère.
Pendant qu'elle se débattait entre ses deux parents, nous qui n'en avions plus, faisions tout pour attirer son attention en nous livrant une guerre ridicule. Sakura était le trophée à remporter, elle n'en avait pas conscience.

Elle restait là, sur le banc devant le lycée, à fumer des clopes toute la journée avec Shikamaru. Et sans qu'on s'en rende compte, elle se créait une petite bande, un fort pour la soutenir puisqu’on n’était pas là pour le faire. Trop obnubilés par notre rivalité.
Mais ses nouveaux amis ne la connaissaient pas aussi bien que nous, ils ne pouvaient deviner ce qui se cachait derrière ses immenses sourires. On a fini, Sasuke et moi par s'intégrer à ce groupuscule de gens qui ne se prenaient pas la tête. Il y avait, bien sûr, Sakura puis Shikamaru, Temari, Kiba, Ino et Hinata.
Hinata et moi, ça a été le coup de foudre pendant que Sasuke fricotait avec Ino, ça n'a pas été trop dur pour lui de la mettre dans son lit. Mais ça a été très dur pour Sakura lorsqu'il s'est mis à lui raconter leurs parties de jambes en l'air.
Elle encaissait, intériorisait, somatisait.
Elle a gagné un séjour à l'hôpital parce qu'elle avait trop maigri, fait qui était passé totalement inaperçu.
Je ne voyais rien, je vivais mon idylle avec Hinata et plus rien d'autre n'importait.
Je laissais Sakura se débrouiller seule avec ses emmerdes. Le pire je crois, c'est que je n'avais aucun état d'âme. Mon excuse favorite était de me dire "Elle est assez grande maintenant, elle n'a plus besoin de moi."
Si vous savez comme je regrette.

En première, elle s'est complètement détachée de nous. Un groupe de terminales l'avait prise sous son aile, l'Akatsuki, c'est comme ça qu'ils se faisaient appeler. Pein, Konan, Sasori, Deidara, Hidan, Kakuzu, Tobi, Kizame et Itachi, le frère aîné de Sasuke.
Et là, ma petite Sakura est complètement partie en couilles.
Elle a commencé à boire, fumer des joints et même pire. A chaque fois qu'on la croisait, elle était perchée.
Est-ce que je m'en apercevais ? Bien sûr.
Mais c'est tellement plus facile de se voiler la face que d'admettre que votre meilleure amie est dans le mal.
Surtout quand vous vivez un bonheur parfait. Et puis Itachi me rassurait quand je m'inquiétais pour Sakura, il me disait :
"Elle va bien ne t'en fais pas."
Et ça me suffisait pour être rasséréné. Sauf que ça n'allait pas, mais alors pas du tout. Et le pire était à venir.

Je me souviens très précisément, c'était un après-midi ensoleillé de mai, l'Akatsuki zonait devant le bahut.
Sasori peignait une aquarelle du visage de Sakura, Deidara balançait des pétards dans toutes les poubelles de la rue, Konan faisait des origamis.. Bref, un après-midi normal pour l'Akatsuki.
Au moment où je passais, Sasori s'est brusquement levé pour embrasser sa muse.
Le tableau était saisissant, leur baiser était tellement sincère que je n'ai pas douté une seconde que ces deux-là s'aimaient.
Et ils s'aimaient, vraiment. Il passait son temps à l'appeler "mon égérie" !
Les murs de son appartement étaient couverts de portraits d'elle, il l'adulait. Il avait même demandé à Pein, le mélomane de la troupe, de composer une chanson pour elle !

Et Sakura était heureuse, peut-être plus heureuse que dans notre enfance. Elle souriait pour de vrai, était redevenue ma petite fleur.
Elle avait même arrêté ses frasques en soirée :
"Fini l'ecstasy et le cannabis, un p'tit verre par ci un p'tit verre par là, j'vais plus au-delà !"
C'était devenu sa phrase, qu'est-ce qu'on a pu en rire ! Elle était si belle, tellement plus réelle.
Même son teint paraissait plus éclatant, ses cheveux plus brillants, elle remontait enfin la pente ! Sans Sasuke.
Et ça l'a fait péter un câble Sasuke, il ne supportait pas le fait qu'elle l'oublie.
Le jour où il apprit qu'elle était avec Sasori et que c'était du sérieux, il m'a dit mot pour mot :
"Naruto, j'te jure que j'vais la récupérer."
Pourquoi ? Pourquoi ne pouvait-il pas accepter qu'elle respire le bonheur ?
Pourquoi ne l'ai-je pas engueulé ce jour là ? Pourquoi n'ai-je pas essayé de lui retirer cette idée de la tête ?
Pourquoi n'ai-je rien dit ? Pourquoi ai-je ensuite observé, passif, ses ignobles manigances ?
Sasuke était beaucoup trop vaniteux, il voulait trop. Il voulait tout, surtout ce qui lui échappait.
Et moi, j'étais con, extrêmement con de croire qu'il allait renoncer.
Sasuke n'était pas un mec qui abandonnait, quand il avait une idée fixe, vous pouviez être sûr qu'il ne lâcherait pas l'affaire.

Et un soir, c'est tombé.
"Je t'aime."
Lancé au hasard, au milieu d'une soirée, alors qu'ils dansaient.
Sasori n'était pas là, Sakura avait l'objet de son plus vieux fantasme à portée de main, la tentation était trop grande.
Elle a craqué, s'est abandonnée dans ses bras...
Sasuke, n'a pas compris, il ne comprenait jamais rien à ces choses-là.
Il n'a pas pensé aux conséquences désastreuses que sa connerie allait engendrer. Non, il a agi, en bon Uchiwa qui se respecte.
Il a agi. Il l'a baisée. Il l'a reconquise. Il s'est servi d'elle.
Comment ma petite et fragile Sakura pouvait se reconstruire après ça ?
Elle ne pouvait pas.
La seule chose qui lui restait à faire après cette soirée, c'était croire que Sasuke l'aimait vraiment ou le regarder dans les yeux et se laisser mourir. Car pourtant, elle savait qui il était, elle le savait mieux que personne ! Mais elle est quand même tombée dans le piège. Elle s'est laissée entraîner dans la toile de ses bras et a abandonné toute forme de lutte, l'a laissé s'emparer de son corps.

Elle est où ta fierté dans tout ça, mon ange ? Disparue, comme tout le reste.
Tu étais déjà morte Sakura, à partir de ce moment-là, tu étais morte.
Et après, je fais comment moi sans toi ?

Elle a eu un semblant d'espoir, l'espoir que Sasuke l'aimait vraiment. Mais comment pouvait-il ? Il était privé de sentiments depuis que ses parents avaient été assassinés. Il ne savait plus ce qu'était l'amour, et même Sakura ne pouvait lui faire redécouvrir. Elle se leurrait ma pauvre Sakura, elle pensait y arriver mais c'était tout bonnement impossible.
Je ne l'ai pas mise en garde, même moi j'y ai cru un instant. J'y ai cru avec réserve mais j'y ai cru, Sasuke avait vraiment l'air plus humain à cette époque où ils sont "sortis ensemble". Et puis un beau jour, il lui a solennellement déclamé la phrase de rupture par excellence : "Sakura, il faut qu'on parle." Elle n'a pas bronché, elle a écouté tout son discours de connard mais elle n'était déjà plus là. Elle ne pouvait plus pleurer, c'était impossible, les vannes de son cœur étaient asséchées, le flot continue de ses larmes avait tari.
A partir de ce moment là, j'ai vu Sakura tous les jours. On mangeait ensemble chaque midi et je lui racontais toutes ces blagues dont j'avais le secret. Sa bouche riait et ses yeux disaient "Je ne veux pas de ta pitié.". Ses blagues à elle me faisaient craindre le pire, elle mimait en souriant le geste d'un flingue contre sa tempe et murmurait "La tête dans les étoiles !" puis partait d'un grand éclat de rire.
Je riais jaune moi, je savais qu'elle n'hésiterait pas s'il fallait en arriver à de telles extrémités
Pourquoi continuer à essayer de garder en vie une personne que l'on aime alors que tout ce qu'elle désire c'est la mort ?
N'était-ce pas une forme d'égoïsme de la retenir encore et toujours ?
Mais je l'aimais, je l'aimais à en crever Sakura, je l'aimais comme une soeur avec laquelle on se chamaille jour après jour pour des broutilles mais sans laquelle on ne peut avancer.
Sasuke, je ne pouvais plus le regarder dans les yeux, il me faisait peur. Qu'il pousse ainsi Sakura dans ses retranchements sans aucun scrupule me répugnait. Ce mec que j'avais considéré comme mon meilleur ami dans une autre vie était en train de détruire une des personnes les plus chères à mon coeur !
Tout ce que j'ai fait c'est l'engueuler, ce fut aussi la dernière fois que je le voyais mais ça je l'ignorais encore.

La tête dans les étoiles.

Et puis finalement, un jour, elle l'a fait. Nous avions rendez-vous chez Ichiraku, comme d'habitude, pour manger un bol de ramen, elle n'est pas venue. Je l'ai attendue longtemps mais elle n'est jamais venue. Je savais alors que je ne la reverrais plus. Je suis rentré chez moi et j'ai allumé la télé. Le soir quand Hinata est rentrée, j'étais roulé en boule sur le canapé et seule la lumière de l'écran éclairait mon visage blafard. J'avais regardé les informations tout l'après-midi, et rien sur Sakura et Sasuke n'était passé. Je me suis dit qu'elle était peut-être juste malade en fait, que le lendemain elle m'appellerait pour qu'on se voit. Sauf que ce ne fut pas le cas. Je reçu bien un coup de téléphone, le vôtre. Vous m'avez annoncé que mes deux meilleurs amis étaient morts, vous m'avez demandé si je savais ce qui s'était passé. Et bien oui, je le sais, Sakura s'est vengée. Elle les a expédié tous les deux dans les étoiles. D'abord Sasuke, d'une balle entre les deux yeux, sans pitié aucune. Puis elle, comme elle me le montrait, flingue collé contre la tempe, sans trembler. D'un coup, un seul, elle ne voulait pas avoir le temps de souffrir. Elle n'a pas souffert, dites ? Non ? Tant mieux.
Je n'ose pas vous demander... Enfin, est-ce qu'elle a laissé quelque chose ? Une lettre ? Oui ?

"je suis triste
je sens que l’avenir est sans espoir et que tout ça ne peut pas s’arranger
je suis fatiguée et mécontente de tout
je suis un échec total sur le plan humain
je suis coupable, je suis punie
j’aimerais me tuer
j’étais capable de pleurer avant mais je suis maintenant au-delà des larmes
j’ai perdu tout intérêt pour les autres
je ne peux pas prendre de décisions
je ne peux pas manger
je ne peux pas dormir
je ne peux pas penser
je ne peux pas vaincre ma solitude, ma peur, mon dégoût
je suis arrivée à la fin de cette effrayante de cette répugnante histoire d'une consciente internée dans une carcasse étrangère et crétinisée par l'esprit malveillant de la majorité morale"

C'est une citation de Sarah Kane, tirée de 4.48 Psychose, elle n'arrêtait pas de me parler de cette auteure. Je comprends pourquoi maintenant. Je peux la garder ?
Merci.

Voilà ce qu'il me reste de toi Sakura, quelques mots épars sur une feuille froissée. Quelques mots qui ne sont même pas les tiens. C'est réellement ça que tu ressentais ?




hum, hum, j'espère que la prochaine fois j'écrirai un truc plus joyeux



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