Fiction: C'est du gâteau ! (terminée)

Réaliser un fraisier pour un anniversaire c’est risqué. Surtout quand on s’appelle Temari no Sabaku, qu’on ne sait pas cuire un œuf sans faire sauter la maison et qu’on déteste son professeur de pâtisserie. ShikaTema : pour le plaisir des yeux et des papilles !!
Humour | Mots: 19178 | Comments: 12 | Favs: 15
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Nayel (Féminin), le 28/06/2012
Ça faisait longtemps que je n'avais pas posté. Au moins deux bonnes et longues années.
Mais le ShikaTema est un couple trop passionnant, trop prenant, trop intense pour le laisser tomber, l'ignorer.
Il faut le sublimer autant que possible !!!

Fans de ShikaTema, je vous chéris !!!




Chapitre 1: Partie 1



A l’heure où certains dormaient paisiblement au fond de leur lit, d’autres débutaient déjà leur journée de travail. Avant même le lever du soleil, ils étaient déjà debout à s’affairer densément.

Tel était le cas de Nara Shikamaru.

Contrairement à ce que les gens pensaient de lui, il n’était pas le paresseux que son allure faisait croire. Son réveil sonnait tous les matins à 2h10 tapantes, il se levait sans broncher et partait envahir la salle de bain familiale avant son père. Puis, sans perdre de temps, il déjeunait sur le pouce, n’étant pas un très gros mangeur et filait à l’atelier avant même que la pendule ne sonne trois heures dans la maison familiale.
Il arrivait le premier sur son lieu de travail et inspectait sa salle d’opération longuement avant d’enfiler son tablier et sa coiffe.

Pour ce faire, il descendait sa haute queue de cheval et rabattait ensuite la petite toque sans aucune difficulté.
A la stupéfaction de tout le monde, Shikamaru, qui était doté du plus grand quotient intellectuel du pays et certainement de toute la zone Pacifique, avait quitté son prestigieux lycée l’année dernière.
Au début, tout le monde avait cru à un coup de folie et que la raison ramènerait l’adolescent qui devait sans doute faire sa crise sur le chemin de l’école.
Or, au fil des mois, l’évidence les avait médusés : l’adolescent préférait accompagner son père, meilleur boulanger de toute la région, au lieu de résoudre des problèmes algébriques qu’il trouvait beaucoup trop simples et futiles. A quoi cela servait-il qu’il perde des journées entières en classe à rêver de nouvelles recettes quand il lui fallait se concentrer sur quelque chose qu’il n’aimait pas ?
Ses parents avaient respecté son choix contrairement à ceux qui appelaient cela un « véritable gâchis » comme ses anciens professeurs ou son entourage. Ils disaient tous que c’était sans avenir, que les gens se lasseraient vite de cette boulangerie qui offrait des spécialités françaises de très bonne qualité, que ce n’était qu’une mode d’occidentalisation et que les Japonais bouderaient ultérieurement la boulangerie des Nara.
Son cercle d’amis n’avait pas compris au départ mais venait se régaler auprès de lui le matin ou pour le goûter. Son quotidien était nettement plus agréable depuis qu’il avait choisi cette voie.
Néanmoins, ce n’était pas sans sacrifices. Il ne connaissait plus les grasses matinées sauf lorsqu’il tombait malade ce qui était rare, il se couchait tard, se levait extrêmement tôt alors qu’il aimait beaucoup dormir. Il travaillait les jours fériés, les week-ends et avait très peu de vacances. Au final, sa vie avait radicalement changé mais il aimait ce qu’il faisait donc cela lui importait peu. Shikamaru installa ses ustensiles et les ingrédients nécessaires sur sa table de travail. Il nourrissait le levain maître pendant que son père faisait son apparition.

- Fiston, tu devrais respecter les horaires et ne pas commencer avant.
- Ça me dérange pas, P’pa.
- Mais tu inquiètes ta mère, elle se fait du souci pour ta santé.
- Maman s’inquiète pour rien, elle ne m’écoute pas quand je lui dis de se reposer.

La discussion était close.
Son fils resterait sourd à sa requête et ferait comme bon il lui semblerait. Il n’avait besoin d’aller loin pour savoir de qui il héritait ce trait de caractère. Shikamaru n’avait pas levé un regard sur son paternel qui enfila à son tour son tablier, sa toque et installa sa table de travail. Son fils effectuait déjà son premier pétrissage afin de mélanger les ingrédients. Il avait un tour de main exceptionnel qui lui ferait certainement remporté le concours de meilleur boulanger, même lui ferait pâle figure face à son fils dans quelques années.

Ses gestes précis manquaient encore de technicité et de vigueur, il manquait à son fils un coup de fouet, le genre d’énergie qui émanait de sa mère. Peut-être qu’un peu de sport lui ferait du bien parce que la motivation était bel et bien là, elle. Rapidement, sa pâte prenait consistance et il s’approchait de la prochaine étape, le frasage, qui s’effectuait à vitesse lente et qui permettait d’obtenir la consistance de pâte qu’on souhaitait.
Celle de Shikamaru était plus molle, souple, « douce » comme on disait dans le jargon du métier, parfaite pour les paresseux ou les mal réveillés qui avaient du mal à mâcher dès le matin. Lui se pliait aux préférences de sa clientèle. Il savait que Mr Madara Uchiwa préférait la pâte ferme et que Mlle Shizune, la pâte bâtarde.

Chacun avait ses goûts et il les connaissait tous.

Il versa ses ingrédients dans son grand bol avec les mesures désirées et jeta un dernier coup d’œil à son fils unique. Il s’apprêtait à étirer la pâte avec tout le sérieux dont il faisait preuve. Shikaku était vraiment très fier de son fils. Non pas parce qu’il avait décidé de choisir sa voie, de suivre ses pas mais parce qu’il faisait son métier avec une passion quasi dévorante qui lui rappelait sa jeunesse.
Il n’y avait rien d’autre dans son esprit que la quantité de gluten, l’élasticité de pâte et son soufflage et avec les années, son esprit avait accordé une large place à sa famille. Shikamaru était encore au stade où il ne voyait que la boulangerie sous ses yeux et que seul ce monde existait. Beaucoup de ses amis lui avaient dit de tout faire pour que son génie de fils continue ses études et devienne un grand et fortuné ingénieur ou directeur d’une multinationale mais il ne les avait pas écoutés, avait délibérément ignoré les cris de désespoir des professeurs et avait laissé son fils faire ses propres choix.
Et il ne regrettait pas.
Il n’y avait rien de plus gratifiant de voir sur le visage de son fils un sourire de satisfaction après la dernière tournée de la journée et de le savoir heureux en tous cas, dans son travail. Seul son bonheur lui importait et il ne laisserait personne dicter les chemins que devrait emprunter son enfant.

- Vieil homme, je n’ai pas pris un seul centimètre cette nuit, bougonna l’adolescent.

Il avait remarqué que son paternel le fixait et songeait aux nombreuses pensées niaises et trop sentimentales pour lui qui taraudaient l’esprit de son pauvre père. Gêné, il ne se retourna pas et continua à étirer sa pâte tranquillement. Shikaku émit un petit rire discret qui signifiait à son enfant qu’il avait saisi son message implicite. Il cesserait de l’embarrasser en arrêtant de le fixer. Le boulanger porta toute son attention sur sa pâte tandis que son fils passait à l’étape suivante, le pointage.

Tout était inscrit dans la tête de Shikamaru.

Il effectuait à la perfection les gestes appris avec son père, ses astuces qu’il mêlait à ses cours. Sans perdre de temps, pendant que sa première pâte reposait paisiblement, il attaquait sa deuxième tournée tout en veillant à sa première pâte comme si elle était la prunelle de ses yeux.

Cinq heures et demies venaient à peine d’être sonnées que les premiers clients pénétraient déjà dans la boulangerie. La mère de Shikamaru avait suivi son époux dans sa passion d’abord parce qu’elle fut conquise par le talent de son mari, pour le soulager et parce qu’elle avait le sens des affaires et était une vraie chef en pâtisserie tout en étant une très bonne gestionnaire des comptes. Elle était polyvalente et son mari l’avait embauchée du premier coup. Elle accueillait avec le sourire ses clients devenus de bonnes connaissances et préparait même à l’avance la commande de ceux qui ne variaient pas les plaisirs. La boulangerie des Nara fonctionnait bien.
Sa clientèle accroissait avec le temps, les nouveaux arrivants et les nouveaux conquis par le bouche-à-oreille rejoignaient les fidèles et de grands restaurants de Tokyo venaient s’approvisionner chez eux depuis peu. Les affaires allaient bon train et Yoshino se faisait une joie de sacrifier un samedi après-midi à faire les comptes.
Avec son fils, cela allait beaucoup plus vite. Lorsqu’il était petit, il savait déjà compter avant tous ses autres camarades grâce au temps qu’il passait à comptabiliser les recettes de l’entreprise familiale avec sa mère. Avec son cerveau surdéveloppé, en moins de vingt minutes, il achevait ce qu’il lui aurait pris au moins plus d’une heure.

Vers sept heures, il n’y avait plus seulement les matinaux qui venaient chercher leur pain mais les chefs de famille arrivaient la mine encore endormie parfois. Les écoliers passaient toujours Au cerf amoureux pour leurs réserves de sucreries, les familles préféraient les viennoiseries et les personnes âgées appréciaient la brioche.
Yoshino connaissait tous ses clients mais il y avait une personne qu’elle appréciait beaucoup : il s’agissait du seul Français de la région qui faisait fortune dans l’architecture, Louis no Sabaku.
Ce dernier par amour du pays du Soleil Levant avait délaissé sa terre natale, tout abandonné pour s’intégrer complètement au pays nippon. Il avait pris le nom de famille de sa femme avec qui il élevait trois beaux enfants qui n’avaient pas encore posé le pied dans sa boulangerie et pour cause, leur père venait de lui-même, en roller pour acheter son pain quotidien.
Et aujourd’hui n’était pas une exception.

- Bonjour, Mme Nara, salua-t-il, en français.

Il parlait toujours dans sa langue natale pour lui souhaiter bonjour sans omettre le salut japonais et continuait dans la langue nippone sans aucun problème.

- Comment allez-vous ?
- Très bien, comme d’habitude, Louis-san, et vous ?
- Ah … j’ai peu dormi à cause de ma fille qui tenait absolument à ce qu’on visionne les six films des Gendarmes de Saint-Tropez, ils sont tous en train de dormir sauf elle. Vous savez, elle fait sa gym matinale, rapporta l’homme, amusé. Cette enfant m’épuise depuis sa naissance.
- Vous en avez de la chance, moi je me suis épuisée à trouver des activités distrayantes pour mon fils qui ne rêvait que d’observer tranquillement les nuages.
- Nous sommes bien tombés. Comment va-t-il d’ailleurs ? J’ai entendu dire qu’il donnait des cours de pâtisseries, c’est vrai ?
- Oui, il veut offrir un superbe cadeau à son meilleur ami et s’est fait une promesse de le financer tout seul.
- Si je parviens à trouver un créneau, je m’inscrirai bien volontiers à ses cours, apprit le no Sabaku, en lorgnant avec gourmandise sur les croissants. Je vous préviendrai.
- Shikamaru sera ravi d’avoir un de ses plus fidèles clients à son cours.
- Non, ma fille est certainement son admiratrice attitrée. Je devrai la filmer et vous la montrer, tiens.

Yoshino émit un rire et enfourna l’habituelle commande du Français dans un joli sachet écologique.

- Deux baguettes traditions, quatre croissants, quatre pains au chocolat, deux pains aux raisins et un pain de campagne, rappela-t-elle, en tendant la commande.
- Impeccable, comme toujours, Mme Nara. Je vous remercie.
- C’est moi qui vous remercie, Louis-san. Passez une bonne journée !

Sans plus attendre, l’homme plongea sa main pour attraper un croissant qu’il fourra dans sa bouche. Un « hmmm » suggestif s’échappa de ses lèvres et il ferma les yeux un instant pour apprécier la saveur de l’aliment. Il se revoyait chez ses grands-parents pendant les vacances quand c’était croissant à volonté, qu’est-ce qu’il vénérait le boulanger de son enfance ! Et les Nara étaient les seuls qui parvenaient à le replonger en enfance.

- Grâce à vous, ma journée est toujours bonne, Mme Nara. Bon, j’y vais ! Je vais nourrir ma sportive qui doit être affamée.

Et il sortit rapidement et roula avec aise en direction de chez lui. Personne n’était en vue et Yoshino en profita pour descendre dans l’atelier de ses deux artisans préférés.

- Mr no Sabaku vient de passer et il a apprécié vos croissants.
- Ce cher Louis … il faudrait que je lui prépare quelque chose de grandiose pour le remercier de sa fidélité.
- Avec lui, il nous faudrait plusieurs cartes de fidélité, marmonna l’adolescent, en tailladant une pâte qui porterait sa signature.

Le visage de sa mère s’embrunit et ses sourcils se rejoignirent exprimant clairement son mécontentement.

- Shikamaru, je t’ai déjà dit d’oublier cette histoire de cartes de fidélité.

Son rejeton haussa les épaules et passa à autre chose ignorant superbement le sermon qu’elle lui faisait tout en priant pour que la sonnerie de la porte retentisse. Il avait proposé à sa mère de créer des cartes afin que les clients les plus fidèles bénéficient de gourmandises gratuites.
Yoshino avait refusé en argumentant que sa boulangerie n’était pas un vulgaire supermarché et qu’elle resterait telle qu’elle était.
Point barre.
Intelligemment, son père n’avait pas rétorqué et l’affaire demeurait close tant que Yoshino ne serait pas d’accord. Quelqu’un exauça le vœu secret de l’adolescent et la matriarche dut remonter pour accueillir ses nouveaux clients.


*************



Si pour les Nara, la journée commençait très tôt, les no Sabaku se levaient à une heure dite normale, exceptée l’adolescente qui terminait sa gymnastique matinale. Elle fonça ensuite dans la salle de bain, volant la place à sa mère de quelques minutes et se doucha en chantonnant à tue-tête comme elle le faisait d’ordinaire.

Temari commençait toujours ses journées ainsi : série d’abdos, fitness et quatre postures de yoga, douche, habillage et direction la cuisine. Le petit déjeuner était LE moment de la journée qu’elle préférait particulièrement. Elle enfila promptement son uniforme scolaire sans s’attarder sur les plis de sa jupe et s’empressa de gagner l’étage inférieur quand elle entendit la voix de son père.
Retenant un sourire, elle dévala les escaliers et sauta sur le dos de son père pour déposer un sonore baiser sur sa joue.

- Salut, Papa !
- Bonjour, Hime-san, tu as bien dormi ?
- Oui, j’ai rêvé que je mettais au tapi ce prétentieux de Sasuke Uchiwa.
- Ça, tu l’as déjà fait, rappela Louis no Sabaku, en disposant les délices sur la table à manger.
- Je rêve de recommencer.
- Son père nous traduira en justice si tu fais cela.

Il n’entendit plus rien et n’eut pas de mal à deviner que sa fille se délectait d’une superbe vision. Ses deux mains maintenaient à hauteur de ses yeux une baguette qu’elle détailla longuement.
Une pâte dorée, parsemée d’une légère couche de farine, l’effluve du beau pain. Le nez de la jeune fille s’apposa sur la baguette et elle huma l’odeur délectable avec contentement et avec un plaisir non feint, elle rompit un morceau, étudia le bruit du pain rompu et inspecta l’intérieur. Une mie jaune, bien alvéolée et une grigne bien inscrite, la signature de sa boulangerie favorite.
Temari planta ses dents dans son morceau, apprécia le croustillant qui crépitait sous ses dents et ferma les yeux pour savourer l’instant. Le bruit bourdonnait agréablement bien à ses oreilles, elle se délecta du goût magique de la mie et du croustillant sous ses dents et une extase s’empara d’elle.

- Chuperbe.
- Ce n’est pas une raison pour parler la bouche pleine, jeune fille, réprimanda le paternel.

Il comprenait mieux que personne les sens appréciateurs de son enfant et ne pouvait qu’acquiescer son jugement. La boulangerie des Nara était la meilleure de tout le Japon. Temari avait tous les ingrédients qu’elle désirait à sa portée et elle se régala de la commande de son père. Ils s’extasièrent tous les deux sur le bout d’une baguette quand un hurlement les fit sursauter.

- TTAAAAAAAIIYOOOOO !!!

Une fusée brune fondit sur la corbeille des pains au chocolat qui fut collée au buste de son tout récent propriétaire.

- Kankûro, tu es insupportable, lâcha Temari, dédaigneuse.
- C’est toi qui l’es ! accusa son triplé, brûle-pourpoint. Tous les jours, tu me voles mes pains au choco …
- Ce ne sont pas QUE tes pains au chocolat, Kankûro !
- Papa les achète pour moi, toi, tu as ton pain de seigle ou de …
- C’est du pain de campagne, ignorant !
- Je sais que tu chipes dans mes affaires, sale pie !

Louis no Sabaku emporta son plateau pour manger dans son salon à l’abri des cris et des insultes. Il en avait l’habitude car chaque matin, ses trois enfants se disputaient pour tout et rien et en dix-sept ans, cela n’avait pas changé et n’était pas prêt de changer. Sa femme tentait de maintenir l’ordre mais lui baissait les bras car cela ne servait à rien.
Kankûro allait renchérir …

- Tu n’as qu’à demander tes propres choses et LAISSE MON PAIN AU RAISIN, DÉGÉNÉRÉE !

Temari allait rétorquer avec une voix stridente et ô combien puissante …

- ALIÉNÉ ! JE NE T’AI RIEN PRIS DU TOUT ET CE NE SONT PAS QUE TES AFFAIRES !

Les insultes qu’ils se lancèrent étaient si grossières, qu’il n’osait pas les retranscrire. Ensuite, son autre fils, Gaara, émergeait du couloir dans sa robe de chambre rouge sang et réclamerait …

- Mes pains aux raisins, Kankûro.

Ce à quoi répondrait …

- C’est Temari qui a tout bouffé !

Dont découlerait …

- ESPÈCE DE MENTEUR, JE VAIS TE TUER !

Et les verres de la cuisine se brisaient s’ils étaient entraînés par le brun et la blonde qui ne se souciaient pas des pertes de la vaisselle. Gaara profiterait de cette bagarre pour préparer son propre plateau et retourner dans sa chambre, en emportant les mets préférés de sa sœur et de son frère qui le remarquaient et viendraient saccager sa chambre. Louis no Sabaku n’avait la paix que lorsque ses triplés se rendaient au lycée.



*********


Comme chaque matin, Temari fulminait contre ses odieux frangins, chacun, affublé de leur meilleur ami, faisait de même. Elle fusilla du regard le brun avec son ami châtain qui sentait le chien à plein nez et ignora le rouquin qui traînait avec un blond aux immenses yeux bleus. Quant à elle, une jolie fille brune avec deux macarons supportait ses malheurs et la soutenait dans son horrible quotidien.

- Encore un an et vous ne serez pas dans la même université, rappela-t-elle.
- Un an, c’est beaucoup trop long … j’ai envie de me pendre !
- Ah non, là, tu leur ferais un grand plaisir.
- Merde … pas moyen de se débarrasser d’eux.

Elle broya du noir une bonne dizaine de minutes, le temps que sa meilleure amie trouve un sujet beaucoup plus intéressant qui lui permettrait de recouvrer une meilleure humeur. Heureusement, elle était pleine de ressources.

- Alors, tu as quelque chose pour ta mère ?

Dans quelques jours, la mère de Temari fêterait son anniversaire et la jeune fille n’avait aucune idée du cadeau qu’elle lui ferait. Elle avait passé en revue tout ce qui pourrait satisfaire sa mère mais aucun coup de cœur ne l’avait ébranlée. Elle se demandait ce que ses frères tramaient de leur côté mais impossible de dénicher quelques informations sans que l’un ou l’autre hurle à la tricherie.
Elle ne pouvait pas non plus demander conseil à son père car ce dernier avait déjà du mal à trouver un présent pour sa femme.
Résultat, Temari était livrée à elle-même et n’avait jamais remarqué à quel point trouver le cadeau idéal était dur.

- Malheureusement, non. J’ai bien questionné ma grand-mère ou ma tante, elles ne trouvent rien de particulier.

La brune se stoppa, ouvrit son sac à dos, fouilla durant quelques minutes et extirpa un papier froissé et griffonné. Temari reconnut l’écriture de sa meilleure amie et le déplia pendant que celle-ci rajusta son sac. Tenten avait noté toutes les idées de la blonde et avait mis sur le papier les siennes également.

- Raye ce que tu rejettes.

L’adolescente ne se fit pas prier, attrapa un stylo et surligna les idées qu’elle oubliait. Finalement, elle les raya toutes et fut encore plus désespérée.

- J’en ai marre.
- Ne désespère pas. Elle rentre quand de son voyage ?

Heureusement pour Temari, sa mère ne reviendrait de son voyage d’affaire que trois jours après son anniversaire, ce qui lui laissait encore du temps mais pas tant que ça. Elle haussa les épaules en signe de temps mort et elles gagnèrent les portes de leur lycée le moral dans les chaussettes.
Temari ne recouvra pas sa sempiternelle bonne humeur de toute la journée. Elle avait rêvassé à tous les cours et s’était ennuyée plus que d’habitude. Même Tenten n’avait pas réussi à la faire rire. Des écoliers passaient devant les portes de leur lycée pour regagner leur école et l’un d’entre eux tenait dans sa main son goûter, une part de fraisier et soudain, un flash la traversa. Elle demeura absente un long moment de sorte que ses amis prirent peur et un sourire béat envahit ses lèvres.

- Temari, ça va ?

Elle agrippa brusquement les épaules de sa meilleure amie et manqua de la secouer comme un prunier tellement elle était radieuse.

- Eurêka, Tenten !
- De quoi tu parles ?
- J’ai trouvé le cadeau !

Les yeux de la brune s’illuminèrent et Temari s’empressa de répondre à sa question silencieuse en l’éloignant de leur groupe de camarades.

- Alors ? pressa Tenten, trépignant d’impatience.
- Un fraisier.
- Pardon ?
- Ma mère adore les fraisiers.

Tenten ne cacha pas son trouble et sa déception. Un fraisier ? Quelle étrange idée.

- Temari … ça implique de l’entretien … je sais que tu adores les plantes mais un fraisier ne résisterait pas aux …
- Je parle du gâteau, Tenten !

La jolie brune en fut encore plus estomaquée et perplexe. Son amie avait la main verte donc pour la plante, elle ne se faisait pas de souci mais question talent culinaire… même Naruto apparaissait plus doué que la Sabaku. Celle-ci ne pouvait pas se lancer dans une telle entreprise ou sinon sa famille risquait une indigestion qui les aliterait pendant des mois à l’hôpital.

- Euh … tu ne sais pas cuisiner, Temari et j’ai bien peur que tu ne réussisses pas ce gâteau.

La joie de la jeune fille s’évanouit immédiatement et Tenten se jura de tourner sa langue sept fois dans la bouche avant de l’ouvrir.

- Je suis fichue … si je l’achète, ça n’aura pas la même valeur que si je le fais moi-même, se lamenta Temari, démoralisée.

Elle n’avait pas tort sur ce point. Cependant, tout n’était pas perdu. Elle pouvait faire appel à un professionnel qui l’aiderait à préparer un gâteau, comme ça, elle ne l’aurait pas acheté et le cadeau serait exceptionnel. Et justement, Tenten savait où son amie pouvait prendre des cours.

- Hey ! Ma mère m’a dit que le boulanger proposait des cours de pâtisserie. Tu ne voudrais pas tenter ?

Temari tourna la tête vers sa meilleure amie avant de lui sauter au cou.

- Oh, Tenten, tu viens de me sauver la vie !
- Et toi de m’enlever la mienne …

La blonde desserra son étreinte et les deux éclatèrent de rire.




**********


Il était vingt-deux heures lorsque Shikaku Nara remonta l’étage supérieur et frappa à la porte de la chambre de son fils. Ce dernier maugréa un « entre » et il le trouva assis sur son lit parsemé de fiches de recettes. Décidément, il prenait réellement son petit job à cœur. Il pénétra dans la chambre de son fils et jeta un œil aux fiches qu’il avait classées par degré de difficulté.

- Ta mère m’a dit que tu avais une cliente.
- Ouais.

Au ton grave de sa voix, Shikaku déduisait que son fils n’était pas satisfait et fâché contre lui-même pour le manque de clients.

- Elle m’a aussi dit qu’elle paierait le double de ce que tu proposais.
- Ouais.

Il n’était pas content de lui. Qu’est-ce que son fils manquait de confiance en lui.

- Tu commences toujours demain ?
- Ouais.

Shikamaru avisa son bureau un instant et soupira profondément.

- Tu penses que ça sert à quelque chose ? Ça fait deux semaines que j’ai affiché les annonces et mis à part la fille de Mr no Sabaku, personne d’autre ne souhaite mes services.
- Si tu satisfais Mlle no Sabaku, elle en parlera autour d’elle et les gens afflueront pour assister à tes cours.
- Cette fille est si influente que ça ?
- Contrairement à toi, elle manie l’art de la communication, répondit Shikaku, en se levant. Bonne nuit, fiston.
- Bonne nuit, P’pa.

L’adolescent suivit son père du regard jusqu’à ce qu’il ferme la porte de sa chambre et il rangea ses fiches dans un soupir pour s’allonger sur son lit. Il vérifia son réveil et ferma les yeux. Demain, une journée identique se déroulerait.

*******


Temari vérifia son carnet où était marquée l’adresse du fameux bâtiment.
Son père l’avait inscrite la veille aux cours de son boulanger préféré et la femme de celui-ci avait immédiatement programmé un cours après sa dernière heure au lycée.
Elle leva la tête et identifia l’immeuble.
C’était bien celui-ci. Elle composa le code inscrit sur son carnet, y entra et monta les deux étages.

Shikamaru avait loué une salle avec une grande cuisine, croyant qu’une dizaine de personnes serait intéressée par son annonce et le regrettait actuellement. La location lui coûterait plus de la moitié du salaire qu’il espérait gagner, ce qui réduisait le budget pour le cadeau de son meilleur ami.
Galère. Finalement, il n’aurait peut-être pas dû s’engager dans un tel pétrin.

Temari se posta devant la porte d’entrée et appuya sur la sonnerie. La porte s’ouvrit automatiquement et elle y entra, en espérant que le boulanger serait un peu plus chaleureux que son accueil. Elle se déchaussa et avança vers le bruit provoqué par les tiroirs de placards qui s’ouvraient et se fermaient. L’adolescente tomba sur une immense cuisine, beaucoup plus grande que la sienne et inévitablement, adéquate pour des cours de pâtisserie et remarqua un adolescent qu’elle avait déjà vu au lycée.
Elle ne connaissait pas son nom mais sa réputation, si.

- Hey, le flemmard, me dis pas que tu prends des cours ?

Le flemmard en question leva la tête d’un article sur un boulanger français et croisa le regard moqueur de l’adolescente. Son visage ne put dissimuler l’horreur et le dégoût qu’il éprouva à l’égard de la jeune fille. Il la reconnaissait, c’était cette fille dont tous les garçons parlaient lorsqu’il était au lycée. Ils bavaient tous sur elle, rêvaient de pouvoir être son petit-ami ou simplement son sex-friend, parce qu’apparemment, la jolie pin-up cachait un terrible caractère qui ferait passer un requin blanc pour un agneau.
Il n’écoutait pas trop les rumeurs mais lorsqu’il l’avait vue plaquer à terre Sasuke Uchiwa et lui filer la raclée du millénaire, il avait pris peur de cette furie et l’avait ignorée. Heureusement qu’elle n’avait jamais fait partie de sa classe.
Que faisait-elle ici d’ailleurs ?
Attendez une minute … Elle ne pouvait pas être la fille de Mr no Sabaku ? Pas possible qu’un homme aussi respectueux puisse être le géniteur d’un démon pareil. Elle avait dû se tromper.

- Sors d’ici.

Temari perçut le mépris dans la voix monocorde de l’adolescent et sa colère fusa comme sa réplique.

- Pour quelle raison ?

Hors de question pour Shikamaru de révéler à cette garce qu’il donnait des cours de pâtisserie. Le lycée jaserait jusqu’à la dix-septième génération de Nara après lui par sa faute. Cette pipelette se ferait un plaisir de débarquer au lycée et de hurler sur tous les toits du Japon qu’il savait cuisiner.

- Dégage.
- Ne me donne pas d’ordre.
- Sinon quoi ?

Il se redressa et de là où elle était, Temari remarqua qu’il avait changé physiquement depuis son départ. Pourtant, il avait beau avoir pris dix ou vingt centimètres, il ne lui inspirait pas l’once de peur et elle croisa les bras sur sa poitrine, solidement campée sur ses jambes.

- Je n’aime pas me répéter, mais pour toi, je ferai un effort.
- Le flemmard faire un effort ?! Grands dieux, le Ciel nous tombera sur la tête !
- Dégage d’ici, la furie.
- Pourquoi veux-tu que je sorte ?!
- Tu te barres parce que tu n’as rien à faire ici, vociféra Shikamaru, hostile.

L’adolescente afficha un air triomphal qui ne lui inspira rien de bon.

- Tu as tort le flemmard, j’ai rendez-vous ici, annonça-t-elle, fière de lui clouer le bec.

Shikamaru cligna des yeux avant de devenir blême.
Alors comme ça, la furie meurtrière était le rejeton de Mr no Sabaku ? Et il allait devoir lui apprendre à cuisiner des plats sucrés ? Le Ciel se fichait de lui, les kamis lui jouaient un mauvais tort, un sale et très mauvais tort qui causerait le suicide psychique de l’un d’entre eux.
Temari remarqua que son adversaire perdait des couleurs et se sentit doublement plus fière.
Magnifique, elle l’avait mouché et il partirait les pieds traînants, la queue entre les pattes. Ce flemmard était resté un perdant finalement.
Une horreur, c’était une véritable horreur. Elle ne pouvait pas être sa cliente. Non, il préférait resté sans un sou qu’enseigner à la furie meurtrière de son ancien lycée. Il se souvenait de ce qu’elle faisait aux garçons et ils s’entendaient déjà assez mal, il n’avait aucune envie de subir son courroux.
Plutôt claquer la porter.

- Tu es là pour quoi ?
- Ça te regarde ?
- T’es toujours aussi agressive.
- Je t’emmerde, le flemmard pleurnichard.

Ah non, elle aussi se rappelait le jour où Hidan lui avait fracturé la rotule et qu’il n’avait pas pu retenir ses larmes tant il avait eu mal. Depuis ce maudit jour, il avait été affublé de ce surnom par cette garce. L’adolescente avait perçu son mouvement de répulsion et sut qu’elle avait touché un point faible.
Le pauvre, il ne s’en remettait toujours pas.

- Figure-toi que moi aussi j’ai rendez-vous.
- Vraiment ?

C’est bon, il l’avait rendue furieuse. Temari avança vers lui, auréolée d’une aura très menaçante qui ne l’effraya pas. Il demeura appuyé contre la table de travail et l’observa avancer vers lui. On ne pouvait pas dire qu’elle s’était enlaidie.
Malheureusement.
Il aurait bien aimé que les kamis la sanctionnent pour tous ses méfaits en lui retirant sa beauté féline. Au moins, il savait quel serait son sujet de prière ce soir.

- Si tu crois que je n’ai pas saisi le jeu que ton cerveau tordu a inventé pour me piéger, tu te trompes, flemmard, siffla-t-elle. Sache que je n’ai pas l’intention de partir d’ici pour te faire plaisir.
- Dommage, parce que je vais fermer et tu vas rester ici jusqu’à ce que j’avoue à ton père où tu te trouves, Mlle no Sabaku.

Les yeux de la jeune fille s’écarquillèrent sous la surprise et Shikamaru sut qu’il avait tapé dans le mille. Ainsi donc, cette insupportable garce avait bien pour père l’homme charmant, le fidèle client de sa famille.
Galère.
Il n’aurait pas pu tomber plus bas.
Temari fixait avec horreur l’adolescent devant elle. Il possédait les clefs de la salle, par conséquent, c’était lui son rendez-vous, c’était lui qui allait lui apprendre à cuisiner ?! Par tous les dieux de la Terre, qu’avait-elle fait pour mériter pareille sanction ?
Avoir ce … flemmard inutile comme seul espoir pour épater sa mère ?!
Non, c’était vraiment pas juste, vraiment, vraiment pas juste. Assister à la décomposition du visage de la Sabaku n’avait pas de prix et valait tous les trésors au monde. Il tenait sa revanche. Puisqu’il allait être son instructeur, il allait pouvoir se venger de tous les « pleurnichard » et « flemmard » qu’elle avait professés durant leur scolarité.

- Co … comment est-ce possible ? murmura-t-elle, plus pour elle-même.
- Tout le monde paie un jour, no Sabaku, t’as de la chance, ça arrive tôt.

Temari darda un regard assassin sur l’adolescent qui ne faiblit même pas.

- Va te faire voir, flemmard.
- Dommage, personne ne te dispensera un cours.

Son père ne lui avait pas précisé que c’était le flemmard son mentor, il avait dit « ton boulanger préféré » point barre. A ce qu’elle savait, le pleurnichard n’était pas boulanger donc cela ne pouvait pas être lui.

- Arrête de foutre de moi, tu ne sais même pas cuisiner.
- Largement mieux que toi, no Sabaku.

Elle lui montra son majeur et partit en direction de l’entrée. Elle remit ses chaussures et sans un adieu, elle disparut et claqua la porte, laissant Shikamaru dans de grandes réflexions. Qu’allait-il faire maintenant ? Il venait de perdre sa seule source de revenu.
Galère.




Voilà la première partie de ce long One-Shot !!!
Qu'en pensez-vous ???




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