Fiction: Une mission secréte

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Naruto était resté seul, cloîtré dans son appartement, fenêtres closes. Son sac à dos était ouvert, vide, n'attendant que le nécessaire de mission pour être rempli. Il repoussa le plus tard possible ses préparatifs, trop occupé à penser à la mission qui l'attendait. Pour la première fois de sa vie, il était incertain de la conduite à tenir. Il voulait venger Jiraiya, certes, il foncerait tête baissée, certes, mais il y avait autre chose. Celle qui l'accompagnait était Tsunade, l'Hokage. Malgré ses accusations, Naruto n'en voulait qu'à lui même. Il n'avait pas pu empêcher ça et il savait très bien qu'il lui avait rejeté la faute sur le coup de la rage simplement pour ne pas s'avouer qu'il se sentait le plus responsable de la tournure des événements.

Maintenant, ce qui importait, c'était de sauver ce qui restait de feu son maître. Un corps sans vie, un tombeau de secrets et de puissance.

Il se leva, prépara ses affaires tant bien que mal, peu concentré sur sa tâche. Un fouillis indescriptible avait pris possession de son sac et il n'eut même pas le courage de faire un tri avant de boucler le tout. Peu importe après tout, à main nues ou avec l'arme la plus destructrice qui soit, il y arriverait, il ne prendrait pas de repos tant qu'il n'aurait pas accompli sa mission. Parole de ninja.

Tsunade avait bu plus que de raison pour atténuer les larmes qui n'en pouvaient plus de couler. Ses yeux encore embrumés tant par ses pleurs que par les vapeurs d'alcool l'empêchait de s'organiser correctement. Elle abandonna son bureau, laissant un tas de paperasses abandonné qu'elle ne pouvait même pas déchiffrer et retourna à ses appartements en titubant. Le seul point positif était qu'elle n'avait paradoxalement même plus la force de s'apitoyer sur son sort. Les dés étaient jetés, la mission s'organisait et elle devait se montrer à la hauteur des attentes de Naruto.

"Vous l'avez envoyé à la mort Baa-chan..."

Cette phrase résonnait dans son esprit comme une mauvaise évidence. Elle aurait dû le retenir, elle avait essayé... Mais n'y avait pas mis assez de conviction. Elle l'avait laissé s'en aller droit dans la gueule du loup, comme pour Nawaki... Pour Dan...
Tous ceux qu'elle aimait avaient été tués et, d'une façon où d'une autre, elle était responsable. Elle le savait, bien avant que Naruto ne l'accuse, mais ce visage, ce mélange de rage et de tristesse, cette phrase à la fois douloureuse et à la fois si vraie avaient eu un impact tel qu'elle crût que son coeur allait se briser en deux. Elle avait bu pour panser la souffrance de la culpabilité, mais peu importe le nombre de litres qu'elle aurait pu ingurgiter, rien n'y faisait.

Il n'y avait qu'une chose qui pourrait la sauver, une seule. Il fallait que Naruto reste en vie, par tous les moyens. Si elle venait à le perdre lui aussi, son dernier symbole d'espoir, ce dernier souffle de vie et de courage, elle savait qu'elle aurait tout perdu. Et perdre, à force de mauvais paris, elle savait ce que c'était. Le seul pari qu'elle n'oserait tenter serait de mettre en jeu la dernière carte de son jeu, son dernier pilier avant l'effondrement total de l'édifice, le futur Hokage qu'elle voyait s'épanouir : Uzumaki Naruto.

La fatigue s'empara de son esprit, mais elle ne devait pas céder. Demain, il faudrait redoubler d'efforts. La mission qui les attendaient n'était pas une partie de plaisir, loin s'en faut, et elle savait qu'ils devraient affronter le bourreau de son ancien compagnon. Toute seule, elle n'aurait jamais parié sur une victoire de sa part. Que pouvait-elle faire après tout? Médecin qui n'avait d'exceptionnel que son pouvoir de guérison et sa force colossale? Lui lancer le plus gros rocher que ce monde n'ait jamais porté en pleine figure? Et après? Si même Jiraiya n'avait pu le vaincre, ce n'était certainement pas elle et ses petits bras musclés qui allaient en venir à bout. Non, ç'aurait été probablement impossible.

Mais impossible n'est pas Naruto, pensa t-elle avant de s'atteler au rassemblement de ses affaires.

Elle avait été tellement absorbée par sa tâche qu'une bonne heure venait de passer. Il faisait complètement nuit, seul le ciel parsemé d'étoiles brillantes éclairait le village d'une lueur fantomatique. Tsunade s'approcha de la fenêtre, levant les yeux pour contempler ce tableau féérique. Il y en avait des dizaines, des centaines, voire des milliers. Tous ces petits points lumineux semblaient s'être rassemblés sous ses yeux, créant un immense tapis de perles scintillantes.

-Êtes vous parmi elles Nawaki... Dan... Jiraiya...? Souffla t-elle.
-Baa-chan !

Le coeur de l'Hokage fit un bond vertigineux. Elle baissa le regard et vit Naruto sur le balcon inférieur. En quelques secondes, il sauta par dessus la balustrade et atterri en face d'elle. Tsunade s'écarta de la fenêtre pour lui permettre d'entrer, il s'exécuta.

-Naruto... Qu'est-ce que...
-Je suis désolé Baa-chan. Dit-il d'une traite, la coupant.

Tsunade resta bouche bée quelques instants et s'assit brusquement sur sa chaise. Elle ne savait quoi dire. Il n'avait pas à être désolé, elle avait sa part de responsabilité, elle n'avait pas joué son rôle, n'avait pas empêché l'inévitable. Et voilà qu'il s'excusait, qu'il était venu en personne, à cette heure ci, pour se repentir.

-Naruto, je suis responsable. Tu avais raison de me le dire, tu avais tout à fait raison. Mais je ne veux pas rester sur mon échec, je veux continuer. Pour Jiraiya... Pour Nawaki... Dan... Tout ceux qui ont oeuvrés à ce village... Pour Konoha. Je n'abandonnerai pas Naruto, je suis Hokage et tu vas comprendre à quel point je mérite mon titre. Et je sais que, le moment venu, tu seras amené à être Hokage toi aussi et que tu feras la même chose.
-Baa-chan...

Naruto esquissa un sourire. Oui, un jour il serait Hokage, et ce jour là, il mettra sa vie en jeu pour sauver le village... Comme l'avait fait son maître. Jiraiya était mort en héros, il se devait de le rester. Ce héros aux multiples secrets, aux multiples pouvoirs... Il était hors de question de le laisser aux mains de l'ennemi et ils étaient tous deux d'accord sur ce point.

-Je connais le risque que vous prenez Baa-chan et vous êtes un bon Hokage. Je le serai un jour aussi, et je promets de vous surpasser! Mais d'abord, nous avons une mission. Dit-il d'un ton déterminé.
-Oui Naruto, et nous allons la mener à bien. Jiraiya sera de retour parmi nous et nous déjouerons les plans de l'Akatsuki. Nous réussirons, ou je ne m'appellerai plus Tsunade Godaime Hokage!

Tout était dit. Il ne restait plus qu'à attendre l'aube, un ciel prometteur qui les guiderai jusqu'à Ame.

Ils se retrouvèrent devant les grandes portes, lorsque les premiers rayons du soleil pointèrent à l'horizon. Leur nécessaire sur les épaules, ils quittèrent le village encore endormi après quelques recommandations à un Kakashi transformé en Godaime et à une Shizune quelque peu inquiète. Lorsque leurs ombres disparurent dans l'immensité de la forêt alentour, Shizune se tourna vers la copie conforme de sa maîtresse.

-Vous pensez que c'est une bonne idée de les laisser partir comme ça Kakashi ?
-Essayer de les retenir serait encore plus dangereux. Répondit l'intéressé, un livre du Paradis de la drague en main
-Mais rangez ça enfin ! Comme si Tsunade-sama lisait un truc pareil ! Vous allez vous faire repérer ! Gronda Shizune.

Cette dernière arracha le livre des mains et le balança au loin avant de refermer les portes. La fausse Tsunade pleura la perte de son ouvrage favori tandis que Shizune jetait un dernier coup d'oeil vers l'entrée forgée de métal. Elle avait un mauvais pressentiment, le genre de choses qui n'annoncent rien de bon.

Ils avaient parcouru la première partie de la forêt à vive allure, laissant derrière eux la muraille qui entourait Konoha. Les arbres se faisaient plus denses, bloquant la lumière extérieure et ils devaient avancer dans une pénombre ambiante. Cette visibilité réduite n'enchantait guère Tsunade qui ne voulait pas tomber dans une embuscade avant d'arriver à la frontière du village d'Ame. Naruto, quant à lui, n'avait pas l'air très inquiet mais affichait son air le plus déterminé possible. Le bruit de leurs pas résonnant de par leur course effrénée était la seule chose qui se faisait entendre dans cet environnement silencieux et oppressant. Tsunade décida de rompre l'atmosphère lourde qui s'imposait.

-Si tout se passe bien, nous devrions atteindre le village d'Ame dans quelques heures.
-Ce n'est pas si loin tout compte fait.
-Non. Mais le plus difficile sera d'infiltrer le village.
-Baa-chan ! On ne veut pas faire du tourisme illégal, j'ai bien l'intention de me faire remarquer pour faire sortir Pein de sa cachette! Rétorqua Naruto avec force.
-Ce serait se jeter dans la gueule du loup Naruto! Il faut que nous réfléchissions à une stratégie avant! Fit Tsunade avec force.
-Une stratégie ne servirait à rien! Je ne me priverai pas de venger mon maître!
-Mais ils peuvent très bien avoir prévu que nous reviendrions chercher Jiraiya et l'utiliser comme appât pour nous tendre un piège! Si nous tombons dedans, nous n'aurons pas d'occasion de vaincre Pein, Naruto!

L'idée que le cadavre de Jiraiya serve d'hameçon à de potentielles proies rendit Naruto malade. Un accès de rage lui prit la gorge et il n'en fut que plus résolu à faire mordre la poussière au chef de l'Akatsuki. Peu importe qu'il tombe dans un piège ou non, il réussirait à faire payer le prix fort à l'assassin de son maître. Tsunade n'ajouta pas un mot de plus et se contenta de se concentrer sur le chemin à suivre jusqu'à Ame.

-Baa-chan, faites moi confiance. Je vous jure qu'on arrivera à récupérer le corps de Jiraiya, même si je dois y laisser ma vie. Je le jure sur ma fierté de ninja.

Tsunade ne put répondre. Peu importe ce qui arriverait, si Naruto était en danger, c'est elle qui sacrifierait sa vie pour sauver le peu d'espoir qui restait en son coeur. Il était hors de question que Naruto y laisse sa vie sans qu'elle n'y laisse la sienne d'abord. Elle abandonna l'idée d'établir un plan digne de ce nom et se lança corps et âme aux côtés de Naruto. Advienne que pourra, ils mettraient tout ce qu'ils ont pour sauver Jiraiya, ils se l'étaient en quelque sorte juré à eux-même.

Dans quelques temps, l'orée de la forêt poindra et Ame leur ouvrirait ses portes.

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