Fiction: Générations désenchantées

Elle est une enfant comme les autres, peut-être plus brillante, plus en avance...non ! C'est une jeune adulte dans un corps d'enfant. Rajeunie par des pilules, elle se voit privée de sa famille, traquée par une organisation cherchant à la faire taire. Pour survivre : accepter son rôle, devenir une autre personne. Et, avec un peu de chance, en profiter pour panser les blessures du passé, faire la paix avec elle-même et peut-être laisser ceux, qu'elle ne voyait pas, l'aimer.
Classé: -16D | Drame / Romance / Suspens | Mots: 28368 | Comments: 18 | Favs: 15
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nana13 (Féminin), le 21/06/2012
Rien à dire...



Chapitre 4: Ne m'abandonnez pas !



Shikaku lâcha un juron en voyant l’embouteillage devant lui, c’était les heures de pointe et plus moyen de circuler dans Tokyo...du moins pas en voiture. Il se gara et décida de continuer son chemin à pied, heureusement il n’était plus très loin de la rue où vivait la famille no Sabaku. Tout en marchant, les mains dans son imperméable, il se re-visionnait le comportement de la petite blonde face à lui. On aurait vraiment dit qu’elle le détestait, comme si elle le connaissait et qu’elle avait une solide raison de lui en vouloir. Si elle faisait partie de la famille no Sabaku, alors Goshi ne devait pas être le seul membre à avoir de la rancune. Mais quand même, pour une enfant c’était vraiment inhabituel un tel regard. Et puis ce silence, on aurait cru voir un martyr résister à la torture.

Mon vieux Shikaku, tu n’as pas tellement la cote avec les enfants finalement.

Son portable sonna au moment où il arrivait à destination, c’était Yoshino :

« Anata, tu rentres dîner ce soir ?
-Oui, pas de problème mon cœur, je n’ai aucune grosse affaire en ce moment.
-Bon, alors je prépare un repas pour trois personnes. Qu’est-ce que tu penses d’une soupe avec du miso et des oeufs durs ?
-Parfait.
-Moi je n’aime pas les oeufs durs. » Râla une petite voix au bout du fil.

Shikaku sourit, comme Yoshino travaillait dans la même école que son fils, elle l’attendait souvent à la sortie et le ramenait à la maison. C’était charmant de voir cette belle jeune femme tenant par la main son mignon et grincheux petit garçon. Sa voix de son épouse retentit immédiatement :

« Shikamaru Nara tu mangeras tes oeufs ce soir !
-J’aime pas les oeufs ! Ça pue les oeufs !
-C’est excellent pour la santé ! Tu devrais prendre exemple sur ton ami Choji, lui il mange tout ce qu’on lui présente...ET PUIS ON NE VA PAS TERGIVERSER QUINZE ANS !!! TU MANGERAS CE QU’IL Y’A DANS TON ASSIETTE, OU JE TE SERVIRAI DES OEUFS DURS JUSQU’À TA MAJORITÉ !!! MATIN, MIDI ET SOIR !!! »

Shikaku raccrocha, il adorait sa femme, mais il subissait déjà beaucoup de ses colères alors pas question de se mêler à celles contre Shikamaru. Le pauvre n’aurait jamais une bonne opinion sur les femmes si Yoshino était aussi sévère.

******

En entrant, la première chose que Goshi entendit ce fut la télévision : Karasu, la marionnette déjantée, l’émission favorite de Kankurô. Elle traversa le couloir, mais il n’y avait personne dans le salon. Elle remarqua alors un vase brisé, un tiroir renversé. Les bijoux de sa mère qui se trouvaient à l’intérieur avaient disparu, et le téléphone était décroché, son fil était coupé. Quand on faisait ce genre de geste, c’était pour empêcher les gens d’appeler des visiteurs indésirables...la police par exemple. Son sang se figea, un affreux pressentiment la prit, il lui sembla brusquement urgent de savoir où étaient sa mère et ses frères. S’étaient-ils débattus pour que la pièce soit dans cet état ? Pourquoi est-ce qu’elle n’entendait plus rien ? Un bruit résonna dans la salle de bain, comme une fenêtre qu’on ouvre. Sans réfléchir, elle s’y précipita. La porte de la salle de bain était ouverte, elle s’avança et y jeta un coup d’œil...et elle le vit ! Un homme avec des cheveux argentés comme Hidan, mais plus petit en taille, les lèvres violettes, les yeux sournois. Il terminait de passer la fenêtre et sauta sur le talus avant qu’elle ait pu l’arrêter.

« ATTENDEZ !!! »

Il ne l’entendit pas, il courait déjà vers le talus arrière du jardin et disparaissait dans la nuit. Elle jura, qu’était-il venu faire ici ? Il avait des mœurs étranges pour un cambrioleur, il n’avait même pas emporté le portefeuille de sa mère sur la table du salon !

« Maman... »

Bon sang ! Où était sa famille ? Qu’en avait-il fait ? La télévision allumée prouvait bien qu’ils avaient été surpris par lui, ils devaient être quelque part dans la maison.

« MAMAN !!! GAARA !!! KANKURÔ !!! »

Elle fouilla rapidement les chambres et le dressing sans succès, redescendit l’escalier quatre à quatre et fonça dans la cuisine, personne ! Le couloir était vide, ainsi que les toilettes. Son cœur commençait à s’affoler. S’il leur était arrivé quelque chose alors qu’elle était absente, elle ne se le pardonnerait jamais !

Et finalement, en ouvrant la buanderie, elle les trouva.

******

Shikaku avait raccroché et s’approchait prudemment de la porte d’entrée, tout était silencieux. Il tourna la poignée de la porte, mais Goshi l’avait refermé sur son passage et on ne pouvait pas l’ouvrir de l’extérieur sans une clé. En bon policier, il avait forcément un passe-partout, mais le problème c’est qu’il n’avait jamais su s’en servir de ce truc-là. D’habitude il avait toujours un spécialiste avec lui. Sinon il pouvait utiliser son pistolet pour briser la serrure, mais il n’avait droit de se servir de son arme qu’en dernier recours. Il opta donc pour le passe-partout et commença à crocheter la serrure quand un cri retentit :

« AAAAAAAAAAAAAAAAAH !!! »

Un cri de détresse, un cri d’enfant et qui venait de l’intérieur de la maison. À entendre la force du hurlement, il se passait des choses graves là-dedans ! Il appuya sur son passe, mais il restait bloqué.

« MERDE, MERDE ET MERDE !!! »

Plus le temps de réfléchir, le cri déchirant continuait de plus belle à l’intérieur. Il décida brusquement de considérer cette situation comme ayant nécessité de dernier recours et sortit son arme. Un coup de feu dans la serrure, un coup de pied dans la porte qui s’ouvrit enfin et Shikaku entra dans la maison.

« POLICE !!! » Hurla-t-il par réflexe.

Le cri venait de la buanderie, il se précipita et découvrit la petite blonde agenouillée sur le sol qui hurlait à tue-tête sans parvenir à se calmer. Elle se tenait la tête entre les mains et semblait en proie à une véritable crise de nerf. Shikaku leva les yeux et comprit pourquoi : Mme no Sabaku était assise sur le sol, le dos appuyée contre sa machine à laver, les yeux grands écarquillés sous l’horreur de sa propre mort. La balle était entrée dans sa bouche et ressortit en haut de la nuque, éclaboussant l’appareil blanc de sang. Gaara et Kankurô étaient allongés sur le sol, baignant dans une mare de ce liquide rouge et poisseux. Le brun avait reçu une balle dans la tempe qui l’avait, comme sa mère, traversé de part en part en emportant un morceau de son cerveau avec lui. Quant à Gaara, il avait l’air d’avoir beaucoup plus souffert que les deux autres vu les traits tirés de son visage. Il n’avait pas été tué d’une balle, il avait été étranglé avec un fil de fer. Il avait une blessure à la gorge qui confirmait cette théorie. Trempé dans le sang de son frère, ses cheveux semblaient encore plus rouges maintenant. Shikaku respira pour se donner le courage de les approcher, l’odeur amère de sang lui dilata les narines et lui donna la nausée. Il toucha leurs pouls, mais c’était visible de toute façon qu’il n’y avait aucun espoir. Ses mains tremblèrent quand il composa le numéro de son bureau :

« I...ici Shikaku, je viens de tomber sur un meurtre de trois personnes...une femme de quarante ans et deux adolescents...amenez une ambulance et une patrouille ! Dépêchez-vous, je vais vous donner l’adresse ! »

L’ambulance ce n’était pas pour les trois cadavres, mais pour la petite blondinette qui hurlait encore.

« MAMAN !!! MAMAN !!! MES PETITS FRÈRES !!! JE NE VEUX PAS !!! JE NE VEUX PAS !!! »

Shikaku la prit dans ses bras, elle se débattit férocement, le griffa, le mordit tout en le trempant de ses larmes qui abondaient sur son visage :

« LÂCHEZ-MOI !!! JE VEUX RESTER AVEC EUX !!! JE VEUX RESTER !!! LÂCHEZ-MOI !!! NE MOURREZ PAS !!! NE ME LAISSEZ PAS !!! »

Shikaku l’emporta dans le salon en la tenant serrée contre lui malgré les griffures qu’elle lui donnait à tous les endroits qu’elle pouvait atteindre. Elle le foudroya du regard, jamais elle n’avait autant ressentit de colère, de dégoût et d’amertume :

« POURQUOI VOUS NE LES SAUVEZ PAS ?!! POURQUOI VOUS LES LAISSEZ ?!! VOUS NE SERVEZ À RIEN !!! JE VOUS DÉTESTE !!! JE VOUS DÉTESTE !!! »

Elle continuait de hurler « je vous déteste » à pleins poumons. Shikaku hocha la tête, il était d’accord : il ne servait à rien. Pourquoi avait-il répondu au téléphone quand sa femme avait appelé ? Pourquoi s’était-il arrêté ? Pourquoi ne les ramenait-il pas à la vie ? À quoi lui servaient son arme, son insigne, sa position ? Rien ! Une fois de plus il avait condamné la famille no Sabaku au malheur ! Malgré elle, Goshi s’arrêta de hurler quand elle vit les larmes sur son visage. Il l’attira contre elle et murmura :

« Pardon...c’est toi qui as raison...je suis un minable, je ne vaux même pas la peine que tu me haïsses. »

Elle en pleura de plus belle et enfouit sa tête dans son épaule, ils restèrent là à sangloter en attendant les secours. Plantés au milieu du salon, avec les trois morts dans la pièce d’à côté qui les terrorisaient et les peinaient.

******

« Ils sont morts depuis une demi-heure environ Mr le directeur, comme vous le pensiez la mère et le premier fils sont morts par balle, le benjamin est mort cinq minutes plus tard par strangulation et blessure à la gorge. Par contre nous n’avons trouvé la fille aînée nulle part dans la maison.
-Vous avez essayé de la joindre sur son portable ?
-C’est son petit-ami qui a répondu, elle l’avait oublié chez lui, mais il ne sait pas ce qu’elle est devenue. Il semble qu’elle ait quitté l’appartement avant son retour...ce qui est bizarre c’est qu’elle aurait aussi oublié son jean chez lui.
-Son jean ? »

Shikaku jeta un coup d’œil à la fillette assise avec les ambulanciers, on lui avait donné un calmant et elle allait mieux...en tout cas la crise était passée. Elle ne pleurait même plus, se contentant de fixer le sol d’un air hébété. Les méninges du directeur se mirent à tourner, elle portait les vêtements de Goshi, ceux qu’elle avait en allant voir Hidan, c’était certain. Pourquoi ? Pourquoi Goshi lui aurait-elle donnée ses vêtements ? Il retourna dans la maison, les experts terminaient d’inspecter les lieux et de recouvrir les trois cadavres. L’un d’eux vint à sa rencontre :

« Pour nous il s’agit d’un meurtre pour cambrioler la maison. D’abord le malfaiteur entre par la fenêtre de la cuisine et menace la mère en train de cuisiner, le poisson était à moitié découpé. Ensuite ils vont dans le salon et là récupèrent le fils aîné en train de regarder la télé. Puis direction la buanderie où il les tue immédiatement. Il retourne dans le salon et commence à fouiller les meubles pour emporter les objets de valeurs, les bijoux dans ce cas. Mais tout ceci alerte le plus jeune dans sa chambre qui descend, pour son plus grand malheur. Le cambrioleur retourne dans la buanderie et attend que sa victime arrive, puis lui saute dessus et l’étrangle. Dix minutes plus tard, arrivée de la fillette qui découvre les corps. Donc pas de témoin. Nous n’avons trouvé aucune emprunte suspecte.
-Tout ceci relève du travail de professionnel, remarqua le Nara, ce sera difficile de trouver une piste.
-Si au moins nous arrivions à joindre Goshi no Sabaku...
-Hey, remarqua un jeune policier qui écoutait la conversation, si ça se trouve c’est elle la meurtrière et... »

Il se tut immédiatement devant le regard glacial de son chef. Shikaku s’avança et il recula comme s’il allait se prendre la foudre sur la tête, mais le directeur de prononça pas une parole. Il se tourna vers la fenêtre et observa la fillette qui attendait toujours, il commençait à avoir de sérieux doutes sur son identité. Le jeune policier remarqua son regard et osa demander :

« Euh...la parole d’une enfant si jeune ne vaut rien et elle a dû être assez secouée. Est-ce que je l’emmène au foyer pour enfants perdus en attendant qu’on retrouve ses parents ?
-Non ! »

La réponse de Shikaku avait claqué sèchement.

« Je m’en occupe moi-même. Et vous vous assurerez qu’elle ne figurera pas dans le rapport, vous la citerez seulement en tant que témoin sans donner la moindre description.
-Pourquoi Mr le directeur ?
-Parce qu’il est très possible qu’elle fasse partie de la famille no Sabaku et qu’on cherche à se venger d’elle plus tard.
-Bien Mr le directeur. »

Shikaku remit son imperméable et sortit après les corps embarqués sur des civières. Il retourna auprès de la gamine et lui prit la main, très gentiment :

« Je sais que tu n’en as pas envie, mais il faut que tu viennes avec moi. »

À sa grande surprise, elle n’opposa aucune résistance et le suivit dans sa voiture. Il décida de mettre ça sur le compte du calmant qu’elle avait pris et du choc qu’elle avait subi. Elle jeta juste un regard en arrière quand l’ambulance partit avec sa famille. Ils retournèrent à la voiture du Nara et s’y installèrent. Lui sur le siège du conducteur et elle à sa gauche.

« Ecoute, cette fois-ci il va falloir que tu m’expliques quels sont tes liens avec la famille no Sabaku. Je dois te protéger et donc connaître la vérité sur toi. Est-ce que tu sais où se trouve Gōshi no Sabaku ?
-Oui...Murmura-t-elle d’une voix sourde.
-Alors tu dois me le dire. »

Goshi hésita, tous ses sens étaient embrouillés par le chagrin, il y’a une heure elle avait perdu les derniers membres de sa famille. Comment réfléchir après ça ? Son rajeunissement lui semblait tellement surfait maintenant. C’était en partie de sa faute s’ils étaient morts, parce qu’elle avait traîné, parce qu’elle n’était pas rentrée directement ! Oui, tout était de sa faute ! Elle se souvenait encore de la manière dont elle avait parlé à sa mère, pourquoi avait-elle été si froide ? Sa mère, tellement douce, tellement attentionnée...et Kankurô ? Elle avait été méchante en lui envoyant ce coussin à la figure...et Gaara ? Elle l’avait ignoré quand il était si heureux d’avoir un animal à la maison ! Alors autant tout avouer au directeur de la police, plus rien n’avait d’importance hormis sa culpabilité.

« Je suis Goshi. Lança-t-elle brusquement.
-Pardon ?
-Goshi c’est moi, j’ai rajeuni. »

Shikaku en avait entendu des vertes et des pas mûres dans sa vie, mais celle-là c’était de loin la plus surprenante. Pourtant cette enfant venait de subir un choc en voyant trois cadavres baignant dans leur sang, il l’imaginait mal avoir envie de plaisanter. Peut-être essayait-elle de se protéger en inventant n’importe quoi.

« Mentir c’est mal ma chérie.
-Je ne suis pas votre chérie et je dis la vérité ! Je suis Goshi no Sabaku ! »

Elle commençait à sentir l’agacement poindre, mélangé à la tristesse ça risquait de la faire sortir une nouvelle fois de ses gongs. Elle souffla et déclara le plus calmement possible :

« Hier vous êtes venu en visite parce que ma mère souhaitait vous pardonner pour avoir abandonné mon père aux mains d’un gang de tueurs en série. J’ai refusé de faire de même, ce que je ne regrette absolument pas, et je vous ai dit que si vous aviez du respect pour sa mémoire vous ne reviendriez plus jamais dans sa maison ! »

Est-ce qu’une enfant parlerait ainsi ? Aussi froidement surtout ? Mais Shikaku n’était pas homme à avaler n’importe quoi. Qui lui disait qu’elle n’était pas tout simplement présente ce soir-là et qu’elle avait tout entendu ?

« Et comment tu aurais rajeuni ? »

À son ton, elle sentit qu’il ne la croyait pas. Kuso ! Que répondre à ça ? Elle n’avait pas la moindre idée, juste une hypothèse assez vague :

« Ce matin j’ai avalé un cachet, un truc qui vient juste de sortir...
-Si c’est comme tu dis, beaucoup de gens seraient dans ton cas à cette heure-ci.
-MERDE À LA FIN !!! VOUS NE CROYEZ PAS QUE J’AI AUTRE CHOSE À FOUTRE QUE D’INVENTER DES HISTOIRES TORDUES ALORS QUE MA MÈRE ET MES FRÈRES VIENNENT DE SE FAIRE ASSASSINER ?!! »

Là-dessus elle explosa en larmes et plongea sa tête dans ses mains. Shikaku était légèrement incrédule, si elle jouait la comédie elle était fortiche. Il avait de plus en plus envie de croire son histoire. Et puis il se souvint de ce qu’elle avait hurlé dans la maison en découvrant les trois corps : « mes petits frères », elle avait nommé ainsi des garçons qui avaient au moins six ans de plus qu’elle. Aucun être humain, et surtout pas un enfant, n’aurait le réflexe de mentir en pareille circonstance. Son désespoir était sincère. Brusquement il démarra, elle releva la tête et le fixa avec inquiétude :

« Qu’est-ce que vous faites ?!!
-Je t’emmène dans mon ancien appartement. Je l’ai gardé, même après avoir emménagé avec Yoshino. Je pensais le donner à Shikamaru quand il serait étudiant, mais je crois qu’on va lui trouver une autre fonction. »

Elle ne comprenait pas où il voulait en venir, mais accepta de le laisser faire sans protester. Elle commençait à se sentir fatiguée, son rajeunissement et la perte de sa famille faisaient mauvais ménage. L’abattement l’emporta finalement et elle s’assoupit.

« Réveille-toi, on y’est. »

Vingt minutes plus tard elle fut tirée de son sommeil par la voix du Nara. Ils se trouvaient dans un quartier en centre-ville, empli de magasins et d’immeubles. Elle descendit de voiture et suivit le directeur de la police vers l’un d’eux, un building de hauteur assez impressionnante.

« Il y’a plus de mille appartements, expliqua Shikaku, personne n’aura l’idée de venir te chercher ici.
-Me chercher ? »

Elle ne comprenait toujours pas. Ils entrèrent dans le hall et prirent l’ascenseur jusqu’au dix-septième étage. Une fois là-haut, Shikaku sortit un trousseau de clés, ouvrit la porte rouge d’un des appartements et fit entrer la Sabaku. L’endroit était minuscule : juste une salle de bain, des toilettes et une pièce principale avec la cuisine incorporée. La peinture était défraichie, des prises sortaient du mur et le parquet était couvert de poussière, mais la vue sur la ville était vraiment splendide. Goshi s’assit sur le matelas reposant sur le sol, Shikaku se gratta la tête :

« Navré, l’endroit n’est pas très reluisant, mais pour ce soir je pense que ça ira. »

Il lui demanda de rester là et disparu dans le couloir de l’immeuble. Une demi-heure plus tard il était de retour avec du savon, un gant de toilette, une serviette, un pack de lait, un sachet de gâteaux et une boite de sushis.

« Heureusement que la petite supérette est toujours là. L’eau fonctionne, ainsi que le chauffage.
-Qu’est-ce que c’est tout ça ?
-Tu vas rester là et surtout ne pas sortir, je reviendrai demain matin.
-Pourquoi ?
-Je dois vérifier certaines choses, entre autre si tu m’as dit la vérité, même si elle est extraordinaire. Il doit rester un sac de couchage dans le placard. Ça ira ?
-Oui, merci. »

Elle semblait se ficher de passer la nuit toute seule dans un appartement poussiéreux qu’elle ne connaissait pas. Si elle avait eu la mentalité d’un enfant, elle aurait sûrement pleurniché ou du moins demandé à ce qu’il reste avec elle. Là rien, pas une plainte, pas un gémissement. Soit elle était très mature pour son âge, soit il s’agissait réellement de Goshi...bien qu'elle puisse être simplement aussi en état de choc. Il lui laissa son portable pour appeler en cas de problème et quitta l’appartement. La blonde commença à installer , avec des gestes mécaniques, son petit pique-nique dans un coin, puis elle étendit son sac de couchage sur le matelas et emporta sa trousse de toilette dans la salle de bain. Elle se débarbouilla sommairement avant de retourner s’enrouler dans le duvet. Elle éteignit rapidement et s’allongea. À l’heure qu’il était, sa mère et ses frères devaient avoir été transportés à la morgue. Elle ferma les yeux, essayant de faire disparaître l’horrible vision qu’elle avait eue dans la buanderie. Tout ce sang...les êtres chers à son cœur...morts...elle se remit à pleurer, elle passerait la nuit à ça.

******

Yoshino avait fait manger Shikamaru et l’avait envoyé se coucher. Maintenant elle tournait en rond dans son salon en attendant son mari. Il lui avait dit qu’il rentrait tôt et il était presque minuit. Et s’il était tombé sur des personnes avec de mauvaises intentions ? Après tout il était directeur du bureau d’enquête le plus important de Tokyo, il avait résolu un grand nombre d’affaires et arrêté beaucoup de criminels, on pouvait lui en vouloir pour ça. Aussi fût-elle grandement soulagée d’entendre la porte d’entrée claquer et la voix de Shikaku retentir :

« C’est moi ! »

Elle se précipita vers lui, son désarroi faisant place à de la colère, et il n’avait pas posé son imperméable qu’elle l’enguirlandait déjà :

« Où étais-tu passé ?!! Je me suis fait un sang d’encre, et toi tu arrives comme une fleur !!! Est-ce que tu réalises l’heure qu’il est ?!! Quand je pense que tu m’avais dit que tu rentrais tôt !!! J’espère que tu as une bonne excuse pour...
-Karura-san est morte. »

La voix manqua soudain à la brune qui ouvrit de grands yeux effrayés. Elle dû respirer plusieurs fois avant de réussir à articuler :

« Ka...Karura no Sabaku ?
-Oui, elle a été retrouvée dans sa buanderie, tuée par balle...Kankurô et Gaara sont également décédés. On pense à un cambriolage qui a mal tourné.
-Et...et Goshi ?
-Introuvable.
-Kami-sama... »

Son regard se voila de larmes et Shikaku se précipita pour la prendre dans ses bras.

« Dire...dire que nos deux familles venaient à peine de se réconcilier.
-Je suis désolé mon cœur. »

Il était sincère, il se sentait très coupable de ce qui arrivait. Il ne lui parla pas de la blondinette, mieux valait attendre pour ça. Il avait déjà prévu de retourner sur les lieux du crime demain, afin de retrouver les médicaments et de voir si elle lui avait dit la vérité. Si c’était vrai, alors ce n’était peut-être pas un hasard ce cambriolage.

*******

« Toutes ces boites... »

C’est la seule chose que l’un des malfaiteurs se sentit capable de dire en voyant étaler dans un hangar portuaire la montagne de médicaments. Tokyo ne possédait plus une seule de ces pilules, ils étaient certains qu’elles se trouvaient devant eux. Ukon, qui avait dirigé les opérations, leur donna leur argent et les chassa des lieux. Pour appeler le véritable organisateur de tout ceci, il fallait qu’il soit seul. Eux n’étaient que de petits malfrats, doués pour le crime, mais leurs services s’arrêtaient avec la paye. Ukon attrapa son portable et composa le numéro d’Orochimaru, le milliardaire ne tarda pas à décrocher.

« Alors ?
-Mission parfaitement remplie monsieur. Les boites sont empaquetées et partiront pour votre villa de Sapporo demain.
-Parfait. »

Ainsi que celles retrouvées à Berlin, New-York et Londres. Ses hommes de mains avaient fait du bon travail. Bien sûr ce serait un peu long de tout trier, mais la jeunesse éternelle était à ce prix-là. Ukon demanda avidement :

« Monsieur, pourquoi tenez-vous tellement à récupérer ces bêtes cachets pour le rhume ?
-Ne pose aucune question superflue si tu tiens à rester en vie Ukon ! »

La voix d’Orochimaru était féroce, terriblement effrayante même pour le criminel. Il savait à quel point son employeur était sans pitié, il avait lui-même, sous son ordre, exécuté plusieurs de ses compagnons qui avaient failli. Quand on travaillait pour Orochimaru on était bien payé, à condition de ne jamais déraper.

« Et les petits voleurs que tu as engagé ?
-Ils viennent de recevoir leur argent, ils patientent dehors.
-Liquide-les, pas de témoin.
-Bien sûr monsieur. »

Il l’avait déjà prévu, tout était prêt dans un autre hangar, plus éloigné du port. Il sortit rejoindre les autres et clama :

« Les gars, le grand patron est content de vous. Y’a encore dix millions de yens qui vous attendent. »

Aucun d’eux ne se méfia, ce n’était que des petits voyous arrogants qui ne répondaient qu’au mot argent. Ils suivirent Ukon comme des chiens suivent le maître qui agite un morceau de viande sous leurs truffes. Ukon ouvrit la porte métallisée d’un autre hangar et éclaira avec sa lampe torche le fond de la salle. Une valise était posée sur la terre battue.

« L’argent est dedans, servez-vous.
-J’EN VEUX !!!
-DÉGAGE BAKA !!! MOI D’ABORD !!!
-NON MOI !!! »

Le maître avait lâché la viande, devenus fous les chiens se jetaient dessus. Ils ouvrirent la valise et commencèrent à se disputer les liasses de billets. Ils étaient tellement pris dans leur folie qu’ils ne remarquèrent pas qu’Ukon verrouillait la porte derrière eux, seule issue de sortie. Lorsque l’un d’eux arracha la dernière liasse de billets, il décala sans s’en rendre compte une lamelle de caoutchouc au fond de la valise qui empêchait deux fils électriques, branchés sur une batterie, de se toucher. Les deux fils rejoint firent circuler l’électricité jusqu’à un sachet d’essence et en une demie seconde la mallette prit feu. Dans un hurlement de douleur, celui qui s’était brûlé gravement au visage envoya rouler ce qui l’avait touché. Erreur fatale, dans l’obscurité, aucun d’entre eux n’avaient vu que le sol était également couvert d’essence. Le feu se propagea autour d’eux, en quelques minutes l’incendie avait gagné tout le hangar. Fous de peur, ils se précipitèrent vers la porte et essayèrent de l’ouvrir, sans succès.

« UKON !!! ONORE !!!
-UKON !!! OUVRE-NOUS !!! PITIÉ !!!
-JE NE VEUX PAS MOURIR !!! OUVRE !!! »

Mais Ukon n’ouvrirait pas, ils étaient condamnés à périr comme des rats dans ce hangar. C’était une zone peu fréquentée, on ne se rendrait pas assez vite compte de l’incendie pour les sauver. Les billets allaient brûler, la police croirait à un gang de voyous qui auraient fait les malins une fois de trop. Personne ne ferait de lien avec lui. Il s’alluma une cigarette, peu lui importait que des hommes meurent à quelques mètres de là, peu lui importait qu’ils brûlent vivants, peu lui importait qu’ils s’arrachent les cheveux en hurlant de désespoir, qu’ils meurent dans des agonies terribles, que l’un d’entre eux essaye de se fracasser la tête contre un mur pour ne pas trop souffrir. Il avait l’âme presque aussi noire qu’Orochimaru. C’est pour ça qu’il était à son service.




Reposez en paix Gaara et Kankurô...

Je sens que cette décision de les faire mourir si vite va me coûter pas mal d'ennemis.




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