Fiction: Générations désenchantées

Elle est une enfant comme les autres, peut-être plus brillante, plus en avance...non ! C'est une jeune adulte dans un corps d'enfant. Rajeunie par des pilules, elle se voit privée de sa famille, traquée par une organisation cherchant à la faire taire. Pour survivre : accepter son rôle, devenir une autre personne. Et, avec un peu de chance, en profiter pour panser les blessures du passé, faire la paix avec elle-même et peut-être laisser ceux, qu'elle ne voyait pas, l'aimer.
Classé: -16D | Drame / Romance / Suspens | Mots: 28368 | Comments: 18 | Favs: 15
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nana13 (Féminin), le 09/06/2012
Avertissement pour plus tard : certains fans de Détective Conan trouveront certainement des scènes, dans ma fic, similaires au manga, j'assume pleinement. Il s'agit d'une parodie après tout.
Pardonnez-moi pour mon manque d'imagination.




Chapitre 3: Dix ans de moins...et des cheveux blonds ?



Karura soupira, sa fille était plus têtue qu’une mule. Goshi détestait simplement être malade et niait le fait qu’elle ait besoin de repos sous prétexte qu’elle ne serait jamais une bonne policière si un virus la clouait sur place. La jeune fille sortit et se rendit dans le studio de son petit ami. Hidan s’était installé sous les combles d’un vieil immeuble passablement rénové. Son appartement était assez sombre, les murs recouverts d'affiches de musiciens métalleux et gothiques. Il aimait cette ambiance qui l’inspirait pour ses romans. La brune entra, il était sur son ordinateur, ses lunettes sur son nez, visiblement très concentré.

« Salut.
-Salut, excuse-moi, tu veux bien attendre cinq minutes ? Je termine un paragraphe.
-Pas de problème. »

Elle ôta sa veste et s’installa sur son canapé. Elle était pratiquement chez elle vu qu’elle allait bientôt emménager avec lui.

« Qu’est-ce que tu tapes ?
-Une histoire de monde rempli de sorciers et sorcières.
-Tu as une décennie de retard, une anglaise a déjà remporté le jackpot avec ça.
-Ce que j’écris sera plus pour les adultes.
-Mais ça se terminera en happy end.
-Tu as quoi contre les happy end ?
-Ce n’est pas réel, la vie n’est qu’un long chemin semé d’embûches et menant à la mort. Y’a pas de fin heureuse, pour personne. »

Hidan sourit et marqua la phrase sur un calepin, sa fiancée avait des idées plutôt sombres, mais intelligentes. Il se tourna vers elle et s’aperçut qu’elle devenait assez blanche.

« Un problème ?
-Je suis légèrement grippée, j’ai avalé un cachet il y’a une heure, mais ça ne donne rien.
-Allonge-toi sur le futon, ça ira mieux dans quelques heures. »

Elle s’allongea et sentit immédiatement le sommeil la gagner, elle était plus crevée qu’enrhumée finalement. Elle entendit que son fiancé s’éloigne et releva la tête :

« Où vas-tu ?
-Je dois passer à l’université, et faire des courses. J’en ai pour un moment, mais tu peux rester ici et dormir.
-Tu...tu ne restes pas avec moi ? »

Elle s’en voulut de paraître soudain si fragile à ses yeux, mais il aurait pu faire un effort. Cependant elle ne râla pas et sentit sa tête retomber mollement sur les coussins. La porte d’entrée se referma, à peine si elle entendit Hidan lui dire qu’il laissait ouvert au cas où. Elle s’endormit immédiatement.

Elle fit un cauchemar...ou plutôt cela ressemblait à un cauchemar parce que c’était très abstrait. Pas d’image, juste une sensation insupportable de chaleur, on ne pouvait même plus dire qu’elle avait de la fièvre, elle était en ébullition. La température de son corps avait certainement dépassé 42°C. Elle eut l’impression d’être une poupée en cire qu’on a mise au four. Ses os, ses muscles fondaient en elle, elle pouvait les sentir. Elle avait mal, tellement mal...que quelqu’un la tue !!! Pourquoi ne la tuait-on pas alors qu’elle souffrait autant ?!! Hidan, où était Hidan ?!! Pourquoi l’abandonnait-il à son sort ?!! Que faisait-il ?!! À mi-chemin entre la conscience et le rêve, elle se débattait férocement. Bordel, elle se sentait tellement mal, elle avait envie de vomir et pourtant elle n’en avait même plus la force !!! Elle allait donc mourir là, comme un chien, sur le futon de son fiancé !!! Elle hurla, elle hurla à pleins poumons et personne ne l’entendit.

Que ça s’arrête...maman...

********

« Quand tu me parlais d’un animal, je pensais un CHATON ou un CHIOT !!! Pas ce...ce truc !!!
-Maman, un peu d’indulgence. Il est mignon, non ? »

Kankurô était explosé de rire et se tenait au plan de travail de la cuisine pour ne pas tomber. Karura était tellement en colère contre son benjamin que ses cheveux se dressaient sur sa tête, mais Gaara caressa le nouveau venu sur son épaule comme si de rien n’était.

« Tu vas me faire le plaisir d’aller le rendre tout de suite à l’animalerie !!! Tu n'es même pas sûr que ce soit légal d'avoir ce genre de bestiole !!!
-Impossible, ils ne le reprendront que s’il subit des mauvais traitements.
-JE VAIS LE PASSER À LA CASSEROLE !!! ÇA IRA COMME MAUVAIS TRAITEMENT ?!!
-Beuh...je ne mange pas là ce soir. » Ricana Kankurô.

Mme no Sabaku passa la main sur son front, dire qu’elle croyait que seul son premier fils était capable de bêtise pareille, voilà que son enfant le plus sérieux s’y mettait aussi. Mais qu’est-ce qu’elle avait fait au ciel pour mériter ça ?!!

« Allez maman, c’est un bébé, faut être maternel avec les bébés. Il est végétarien et une fois adulte il ne devrait pas dépasser quarante centimètres maximum...c’est ce que tu voulais, non ? »

Autant tenir un débat avec une poignée de porte. Karura soupira profondément et quitta la pièce, elle s’était faite piégée. Bon, ils la connaissaient : demain elle ne jurerait plus que par lui. Kankurô s’approcha de l’animal et lui caressa la tête :

« Vivement que Goshi le voit, elle va l’adorer.
-Ou nous hurler dessus comme maman. »

********

Une chambre en désordre, des draps éparpillés un peu partout, il faisait très chaud malgré la pluie qui tombait dehors et entrait par la fenêtre ouverte. Hidan, nu, attrapa Tayuya et commença à se déhancher au-dessus d'elle. La fille aux cheveux teints s’agrippa aux barreaux du lit et souffla difficilement :

« Goshi...ne va pas...t’appeler ?
-Pas de...danger...elle est KO à cause...de sa grippe. »

Un énième coup de rein et il se laissa retomber à côté d’elle. Suant tous les deux, ils se regardèrent un moment, puis elle se leva pour aller chercher des bières dans le frigo. Hidan rechaussa ses lunettes et enfila son pantalon. Il était bien allé à l’université, puis faire des courses, et puis sur le chemin du retour il était passé faire un « petit coucou » à Tayuya. Cela faisait deux mois qu’ils couchaient ensembles, sans que Goshi n’ait le moindre doute. C’était elle qu’il allait épouser dans trois ou quatre ans, entre Tayuya et elle il préférait le physique de Goshi. Il la trouvait canon, brillante aussi, trop brillante. Généralement il ne pigeait rien à ce qu’elle disait, surtout quand elle parlait de ses études en laboratoire. Avec Tayuya c’était plus simple, ils ne parlaient pas, elle approuvait silencieusement ses écrits sans commenter et il l’écoutait jouer de la flûte traversière sans relever ses fausses notes. Tayuya était amoureuse, mais elle savait très bien qu’il ne quitterait pas Goshi pour elle. Pourtant elle tenta une fois de plus d’aborder le sujet :

« Fiançons-nous Hidan.
-Tayuya, je vais finir par ne plus venir si tu continues !
-Tu trouves Goshi froide, moi je suis un très bon coup. On s’entend bien mieux quand elle n’est pas là.
-Tu parles bizarrement de ta meilleure amie.
-Je n’ai pas de leçon à recevoir d’un mec qui trompe sa fiancée. »

Ils éclatèrent de rire, leur geste leur paraissait tellement anodin. Ils n’éprouvaient absolument aucun remord. Mais la jeune fille ne tarda pas à redevenir sérieuse :

« Franchement qu’est-ce que tu ferais avec une fille qui n’a en tête que l’autodéfense, la législation et la recherche scientifique ? Vous n'avez même pas encore conclu ! Au moins nous avons des points communs, on prend notre pied au lit et on compose tous les deux !
-Goshi déteste l'horreur, et elle n’aime pas que mes scénarios finissent en happy end.
-J’adore ce que tu écris ! »

Mais Hidan ne changerait pas d’avis, il avait eu suffisamment de mal à conquérir Goshi, maintenant que c’était fait il n’allait certainement pas la lâcher, même pour Tayuya.

*******

J’ai mal...j’ai tellement mal...mes os, c’est comme si on les passait au chalumeau ! Kuso ! Qu’est-ce qui m’arrive ?!! Je ne peux plus bouger...de l’aide...il faut que j’appelle à l’aide !!!

Goshi voulut descendre du canapé, mais elle s’emmêla dans son pantalon et tomba sur le sol. La fièvre avait atteint son summum, ses poumons se comprimaient, ses muscles se dégonflaient. Suante, elle tenta une dernière fois de se lever, mais sa vue se brouilla et elle retomba sur le sol...

Je suis morte ? Ça y’est ?

Et brusquement toute la douleur s’évanouit et elle ne ressentit plus rien d’autre que le froid du parquet. Elle n’osa pas ouvrir les yeux tout de suite, ni même bouger, ce n’était pas prudent. Mais au bout de cinq minutes, elle se risqua quand même à remuer. D’abord les pieds, puis les mains, la langue...incroyable ! Son corps avait retrouvé toutes ses capacités d’un seul coup. Elle n’avait même pas le moindre petit mal de crâne, sa grippe aussi avait disparu. Son corps en ébullition avait dû calciner le virus, efficace, mais douloureux quand même. Elle jeta un œil à l’horloge d’Hidan. DEUX heures ! Elle avait souffert le martyr pendant deux heures ! Si c’était l’effet de ce nouveau médicament, elle ferait volontiers une remarque à son créateur, c’était un peu trop radical comme manière de soigner. Elle voulut se lever, mais ses pieds s’emmêlèrent à nouveau dans son pantalon et elle retomba sur le sol. C’est seulement à ce moment qu’elle prit conscience qu’elle portait des vêtements bien trop grands pour elle. Pourtant c’était son jean, il y’avait même encore la tâche d’huile de moteur que Kankurô lui avait accidentellement faite. Son tee-shirt était devenu une robe pour elle, son soutien-gorge ne tenait plus...parce qu’elle n’avait plus de poitrine. Elle leva ses mains tremblantes, de jolies petites mains d’enfants.

Mais...mais qu’est-ce qui m’arrive ?

Titubante, elle se leva et se débarrassa de ce pantalon gênant, puis se dirigea vers la salle de bain. Elle avait l’impression que les meubles avaient poussé, elle dû prendre un tabouret pour atteindre l’évier. Le reflet du miroir lui renvoya l’image d’une adorable gamine âgée de huit ans au maximum.

« AAAAAAAAAAH !!! »

Le tabouret se renversa et Goshi tomba une nouvelle fois sur le sol. Ce n’était pas possible ! Elle rêvait certainement encore ! Elle remit le siège en place et remonta une nouvelle fois, ouvrit le robinet d’eau froide et s’aspergea vigoureusement, trois fois de suite. Et ensuite risqua un nouveau coup d’œil à son reflet, mais c’était toujours celui d’une enfant, ou plutôt d’elle-même lorsqu’elle avait huit ans...elle ne s’était pas transformée, elle avait rajeunie. Le seul changement chez elle lui fit un choc : ses cheveux étaient devenus blonds, d’un très beau blond doré. Elle les toucha un moment, ils tombaient jusqu’à ses pieds, ils ne s’étaient pas raccourcis comme le reste.

Pas...pas de panique...

Il ne fallait pas qu’elle reste là. Si Hidan la voyait comme ça, elle ne pouvait pas imaginer sa réaction. Elle se dépêcha de fuir l’appartement, dévala les escaliers et sortit en trombe de l’immeuble malgré la pluie torrentielle qui tombait encore. Elle se mit à courir sans s’arrêter, finalement elle paniquait bien un peu et la course à pied empêchait la crise de nerfs. Elle ne s’arrêta que lorsque le souffle lui manqua. Elle leva les yeux, elle était dans un quartier qu’elle ne reconnaissait pas, elle s’était perdue en courant sans regarder où elle allait. Alors elle marcha, plus doucement, elle se retrouva au milieu d’une grande rue entourée de hauts immeubles, les gens qui se hâtaient autour d’elle ressemblaient à des géants maintenant eux aussi. Mais comme elle cherchait à traverser après avoir aperçu un panneau avec une carte, un collégien à rollers fonçant comme un bolide la renversa, elle tomba dans une flaque alors qu’il s’enfuyait en bramant :

« Fais gaffe sale gamine !!!
-Gamine... »

Elle voulut se relever, mais ressentit une douleur à la cheville, elle se l’était tordue en tombant. Ses cheveux blonds trop longs se collèrent sur son visage humide. Elle avait l’impression que tous ses sens étaient brouillés. Qu’est-ce qui lui arrivait à la fin ?!!

« Petite, tu te sens bien ? »

Elle mit un moment à réaliser que c’était à elle qu’on s’adressait, puis s’aperçut que la pluie ne l’atteignait plus. Elle leva la tête et vit un homme avec un bouc et des cicatrices sur le visage qui tenait un parapluie ouvert au-dessus de sa tête.

« Shikaku Nara !
-On se connaît ? »

Elle ne répondit pas, trop horrifiée et en colère, pourquoi fallait-il qu’elle tombe sur lui dans un moment pareil ? Est-ce que son état n’était pas assez désastreux comme ça ? Elle ignorait que le directeur de la police traversait cette rue tous les jours pour se rendre de son bureau à une échoppe où il déjeunait rapidement avant de revenir travailler. Shikaku ne fit aucun lien avec la famille no Sabaku, il ne se souvenait pas de Goshi enfant et les cheveux blonds changeaient tout-de-même son physique.

« Comment tu t’appelles ? Tu es perdue ? »

Elle ne répondit pas, pas question de parler à cet homme ! Le Nara releva cependant la haine dans ses yeux, chose qui le surpris beaucoup, mais qu’il ne prit pas personnellement.

« Ecoute, dit-il doucement, je vais examiner ta cheville et ensuite je t’emmènerai à mon bureau. Il ne faut pas que tu restes sous la pluie, tu pourrais tomber malade.
-Je crois que je pourrai difficilement être plus mal.
-Je te donne ma parole que je ne te ferai rien, tu pourras boire quelque chose de chaud et avoir des vêtements secs. »

Goshi le laissa faire, pas qu’elle ait particulièrement envie qu’il s’occupe d’elle, mais elle ne pouvait pas fuir. Sans un mot, elle tendit la jambe vers lui. Shikaku ne fit aucun geste brusque, comme s’il avait pu la briser simplement en la frôlant.

« Bon, tu n’as rien de grave, mais il faudra quand même mettre un bandage. »

Il la souleva et la prit dans ses bras en faisant attention à bien la laisser sous le parapluie. Malgré elle, Goshi s’agrippa à son cou. Il était tellement grand, et on ne l’avait plus portée comme ça depuis...depuis la mort de son père. Shikaku rejoignit le building où il travaillait, les policiers et administrateurs firent une drôle de tête en le voyant monter dans son bureau avec cette petite fille dans ses bras, mais personne n’interrompit son travail. Shikaku passa devant une jeune femme aux cheveux noirs bouclés qui devait être sa secrétaire :

« Kurenai-chan, vous serez gentille d’aller me chercher dans la caisse des objets trouvés une tenue pour cette enfant.
-Bien Nara-senpai. »

La jeune femme s’approcha de Goshi et lui sourit gentiment :

« Comme tu es mignonne ! D’où tu viens ? »

Mais la blonde ne lui accorda pas un traitement de faveur et ne lui répondit pas plus qu’à Shikaku. Heureusement ils prirent tous les deux ça pour de l’effarement...ce qui était un peu le cas d'ailleurs. Le chef de la police la croyait en état de choc et il ne se trompait pas vraiment. Il ouvrit la porte de son bureau et la déposa dans un fauteuil. Goshi frémit, c’était l’ancien bureau de son père, elle venait souvent y jouer autrefois ! Shikaku Nara lui avait même pris son bureau ! Elle avait beau savoir que chaque pièce était réservée à un poste et qu’il n’y avait pas quinze bureaux de directeur de la police, elle était quand même furieuse. Shikaku ressortit, puis revint avec une trousse à pharmacie. Il en tira de la crème et des bandelettes et enroula délicatement le petit pied. Ceci fait, il ébouriffa les cheveux blonds en souriant :

« Comme tu as été très courageuse tu as droit à ta boisson chaude. Veux-tu du thé ? Je fais très bien le chocolat chaud sinon. »

Elle l’ignora superbement, faisant mine de s’intéresser au cuir noir de son siège. Le sourire de Shikaku ne disparut pas pour autant, il était la patience même avec les enfants. Il sortit donc une nouvelle fois, puis ce fut Kurenai qui entra avec une petite robe bleu marin à col blanc en dentelle.

« Je croyais qu’elle ne servirait jamais, désolée elle est un peu démodée, mais j’ai même trouvé les souliers qui allaient avec et des collants blancs. »

Goshi s’habilla docilement, mais elle frissonnait rien qu’en pensant qu’elle était en train d’enfiler des vêtements de huit ans. Quand elle fut prête, elle soupira, on l’aurait vraiment prise pour une élève de cours préparatoire.

Il faut que je rentre chez moi...

Mais comment ? Elle n’était jamais venue dans cette partie de la ville et si elle donnait son adresse à Shikaku, il ferait immédiatement le lien avec la famille no Sabaku. De plus, pas question de laisser cet ignoble individu revenir chez elle. La meilleure chose à faire dans ce cas était d’attendre qu’ils aient le dos tourné pour leur voler un plan et rentrer seule. Shikaku revint avec deux tasses de chocolat chaud.

« Tu aimes le beurre de cacahuètes ? Ou bien tu préfères la confiture de mûres ? »

Goshi ouvrit de grands yeux étonnés en le voyant sortir d’un placard un sachet de pain de mie et deux pots, un jaune et un violet. Elle adorait le beurre de cacahuète et la confiture de mûres, elle aurait pu en avaler des louches entières. Shikaku lui fit deux tartines et les lui tendit, elle ne put résister à les saisir et les manger. Son estomac commençait à crier famine. Elle fut aussi assez surprise de le voir attraper sa tasse et souffler dessus pour s’assurer qu’elle ne serait pas trop chaude avant de la lui rendre. Elle se secoua intérieurement, il ne fallait pas qu’elle se laisse avoir par sa pseudo gentillesse, elle était encore sous le choc de la transformation, c’était pour cela qu’elle était plus fragile. Il la regarda silencieusement manger pendant cinq minutes, puis lui demanda enfin :

« Tu sais, ce serait bien que tu me dises ce qui t’es arrivé. »

Paf ! Goshi se raidit, voilà pourquoi il était si attentionné avec elle, il voulait des informations. Elle demeura muette, continuant de tremper tranquillement son sandwich dans le chocolat chaud comme si Shikaku n’existait pas. Mais il gardait cette extrême douceur exaspérante, il ne montrait pas le moindre signe d’impatience :

« Pourquoi portais-tu des vêtements d’adulte ? Quelqu’un t’a fait du mal ? Est-ce qu’on t’a forcé à mettre ces vêtements ? »

Aucune réponse, mais il ne se découragea pas et posa une main sur son genou :

« Ecoute ma chérie, quoique tu ais fait tu ne seras pas punie, mais il faut que tu me parles pour que je puisse t’aider. »

Goshi s’écarta violemment de lui, il avait osé l’appeler « ma chérie » ! L’homme responsable de la mort de son père l’avait appelée « ma chérie » ! Shikaku se sentit soudain blessé par l’éclat de haine dans ses yeux, sans qu’il sache pourquoi, cette fois-ci il avait perçu qu'il lui était adressé. Il décida d’attaquer sur un autre terrain :

« Ton papa et ta maman...
-J’ai pas de papa ! »

Goshi elle-même fut surprise par le ton qu’elle avait employé, tellement sincère et qui faisait vraiment penser à celui d’une petite fille perdue. Et ce n’était pas le rajeunissement de ses cordes vocales qui en était la cause. Shikaku se mordit la lèvre, mais il n’osa pas refaire un geste affectueux vers elle :

« Désolé, mais tu as bien une maman, non ? Elle doit s’inquiéter. »

Mais Goshi s’était à nouveau renfermée, pas pour le snober cette fois-ci, mais parce qu’elle ne voulait pas réentendre tout de suite cette nouvelle voix qu’elle détestait déjà encore plus que sa petite taille ou ses cheveux blonds. Le chef de la police cherchait une nouvelle façon de la faire parler quand Kurenai entra :

« Le préfet vous réclame, Shikaku-senpai.
-J’arrive tout de suite. »

Il se leva et montra à Goshi le pain de mie et les pots toujours sur la table basse :

« Tu peux te refaire des tartines, je reviens le plus vite possible. Si tu as besoin de quelque chose, le bureau de Kurenai est derrière la porte. »

Il rajusta sa cravate et sortit, suivit par sa secrétaire. Goshi se retrouva seule dans le bureau, mais au lieu de se faire un sandwich, elle se leva et commença à inspecter les lieux. Le mobilier n’avait pas changé depuis la mort de son père, il devait appartenir à l’immeuble. Shikaku avait aussi laissé un tableau qu’il avait peint, no Sabaku avait un don pour la peinture et aurait pu exposer si son amour du devoir et de la justice n’avait pas été le plus fort. C’était une copie très exacte de Nuit étoilée de Van Gogh, son peintre favori. Goshi se dressa sur la pointe des pieds, mais ne parvint pas à toucher le tableau, alors elle utilisa le même stratagème que dans la salle de bain d’Hidan : un fauteuil. Elle ne voulait pas prendre le tableau, juste le toucher et le sentir. Elle adorait l’odeur de la peinture, autrefois son père avait transformé le garage en atelier et il sentait tout le temps la peinture à l’huile. Après sa mort, sa mère avait ôté les toiles et l’atelier était redevenu garage, plus d’odeur de peinture. Alors, comme un petit animal qui cherche ses repères, Goshi achetait parfois un tube de peinture, ou s’approchait d’une toile, et respirait son odeur. Elle descendit ensuite de son perchoir pour aller regarder les photos sur le bureau, il y’en avait quatre : Shikaku adolescent et un garçon qui devait être son frère jumeau car il lui ressemblait étonnement. Yoshino sur une plage avec un ravissant paréo à fleurs. Shikamaru à l’âge de trois ans devant de nombreuses personnes portant le catogan. La dernière semblait avoir été découpée dans un journal. Goshi y reconnu son père et Shikaku plus jeune, sans bouc, avec une seule cicatrice. Il devait avoir vingt ans environ. L’article disait : Encore une enquête brillamment menée par le directeur no Sabaku et son jeune et talentueux second. Mais elle ne s’attarda pas longtemps, il fallait qu’elle trouve un plan. Shikaku avait laissé son ordinateur sur le bureau, mais bien sûr il y’avait un mot de passe...et elle n’avait pas le temps de chercher. Restait celui de la secrétaire dans ce cas. Elle sortit du bureau et alla la voir, Kurenai lui sourit :

« Je peux t’aider ma petite ?
-Je voudrai jouer, je peux jouer avec l’ordinateur s’il-vous-plait ? » Demanda Goshi avec son air le plus innocent.

Et Kurenai accepta, elle possédait un jeu de cartes virtuel, si on lui avait dit qu’il servirait un jour...Goshi commença à jouer en essayant de ne pas réussir trop vite, ce qui n’était pas très compliqué vu qu’elle n’avait jamais aimé les jeux de cartes. Kurenai s’éloigna pour parler avec un autre policier, c’était le moment idéal. La blonde se connecta à Internet et chercha son adresse, elle n’avait qu’un monorail à prendre, ça irait. Kurenai discutait encore, elle se laissa glisser le long de la chaise et passa discrètement derrière elle, appela l’ascenseur et disparut dedans. Une fois en bas, elle traversa le grand hall en toute tranquillité et personne ne songea qu’elle était en train de s’enfuir. C’est seulement une fois sur le trottoir qu’elle se mit à courir avec beaucoup plus d’aisance qu’en chemise trop grande, merci Kurenai pour les habits à sa taille !

********

« Goshi n’est toujours pas rentrée ? »

Mme no Sabaku commençait à se faire du souci pour sa fille, et si elle avait eu un malaise quelque part ? Elle n’était vraiment pas en forme en quittant la maison. Gaara et Kankurô donnaient à manger au nouvel animal, ils n’avaient pas de nouvelles de leur sœur, mais ils ne s’inquiétaient pas. Selon eux elle devait être restée chez Hidan, elle y passait de plus en plus de temps depuis qu’ils s’étaient fiancés. Pour se détendre, Karura commença à préparer le repas, si sa fille n’était pas rentrée dans une heure, elle appellerait la police. Kankurô alluma la télévision, Gaara monta à l’étage pour coucher son petit protégé.

Une famille on-ne-peut-plus banale les nos Sabaku...

Caché sous la fenêtre, une ombre les espionnait depuis maintenant un petit moment. Tout en lui relevait de l’homme dangereux, du tueur en série expérimenté : son regard froid et sans pitié, ses gants qui ne laissaient aucune emprunte, son pistolet muni d’un silencieux. Les ordres d’Orochimaru étaient simples, retrouver dans Tokyo toutes les boites du nouveau médicament contre la grippe. Depuis ce matin, son équipe et lui les rachetaient à toutes les pharmacies de la ville, un travail de titan. Et ensuite se renseignaient sur les personnes qui avaient acheté avant eux les boites manquantes. Comme le remède était neuf, seulement une dizaine de personne s’en étaient procuré. Rien de plus facile pour des pros de l’enquête de pirater un ordinateur de pharmacie pour trouver le nom de ces futures victimes. Total : six maisons ou appartements cambriolés, un homme agressé dans la rue et une femme à qui ils avaient piqué le sac. Personne ne ferait le lien entre ces personnes, et la dernière famille de Tokyo à posséder une boite de ce remède contre le rhume, c’était les no Sabaku. Pour l’instant, il n’avait encore tué personne, s’arrangeant pour cambrioler les maisons quand les propriétaires étaient sortis, mais là le temps commençait à manquer.

En cas de problème, éliminez les gêneurs.

Ukon avait toujours respecté les ordres d’Orochimaru, sans lui il serait passé sur la chaise électrique depuis longtemps, et en plus il payait rubis sur l’ongle. Cette femme et ses deux fils ne comptaient pas à ses yeux, il les tuerait sans frémir.

*******

Shikaku avait eu la mauvaise surprise de ne pas retrouver la petite inconnue dans son bureau en revenant. Kurenai était au bord des larmes, navrée d’avoir involontairement laissé l’enfant s’enfuir. Mais Shikaku était un homme intelligent, suffisamment pour ne pas perdre son sang-froid et accabler sa secrétaire de reproches quand l’heure était à autre chose. Il demanda qu’on lui amène les habits avec lesquels la fillette était arrivée, peut-être pourraient-ils lui apprendre quelque chose. Le résultat fut au-delà de ses espérances, dans la poche interne de la veste, ils retrouvèrent le portefeuille de Goshi no Sabaku.

« Leurs visages sont semblables, elles doivent être de la même famille. »

Autant commencer par aller leur poser des questions, le Nara n’avait pas particulièrement envie d’y retourner, mais la vie d’une enfant comptait plus que sa répulsion. Il avait déjà condamné un être humain à cause de sa lâcheté par le passé, il ne recommencerait jamais.

« Kurenai, je vais me rendre là-bas seul.
-Vous...vous ne voulez pas que je demande à un policier de vous accompagner ? Un de vos hommes ?
-Non merci, je ne pense pas tomber sur une affaire dangereuse. »

*******

Goshi souffla, elle était enfin arrivée. Mine de rien, avoir des petites jambes fatiguait beaucoup plus. La maison avait l’air d’être calme, tout était allumé donc sa famille était à l’intérieur. Elle espérait que sa mère n’ait pas invité quelqu’un d’autre ce soir, elle se voyait mal expliquer son état devant des inconnus. Et il faudrait les convaincre que c’était bien elle, mais quelle mère ne reconnaît pas sa fille ? Après tout elle l’avait vu grandir.

J’espère qu’elle ne va pas avoir une attaque en me voyant comme ça.

Cette réflexion la fit sourire, elle se décida à traverser le jardin et poussa la porte. Celle-ci n’était même pas verrouillée. Si elle n’avait pas été aussi troublée par ce qu’elle allait dire à sa famille, elle aurait remarqué le carreau de la fenêtre de la cuisine. Cassé. Au moment où elle la refermait derrière elle, le tonnerre gronda.

Premier orage de l’année.




Ah oui, j'ai rien perdu de mon sadisme d'écrivain ^^""

Me tapez pas...pitié !!!




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