Fiction: Générations désenchantées

Elle est une enfant comme les autres, peut-être plus brillante, plus en avance...non ! C'est une jeune adulte dans un corps d'enfant. Rajeunie par des pilules, elle se voit privée de sa famille, traquée par une organisation cherchant à la faire taire. Pour survivre : accepter son rôle, devenir une autre personne. Et, avec un peu de chance, en profiter pour panser les blessures du passé, faire la paix avec elle-même et peut-être laisser ceux, qu'elle ne voyait pas, l'aimer.
Classé: -16D | Drame / Romance / Suspens | Mots: 28368 | Comments: 18 | Favs: 15
Version imprimable
Aller au
nana13 (Féminin), le 29/05/2012
Nous allons découvrir l'identité de cette fille brune...si quelqu'un s'y intéresse ^^"""



Chapitre 2: Jamais je ne lui pardonnerai



L’énorme horloge électronique indiquait sur les écrans qu’il était presque 18h30, elle allait finir par être en retard à son cours d’aïkido. Ses longs cheveux noirs attachés rapidement et ses mèches sur le front volaient à chacun de ses pas. Elle était grande et fine, habillée simplement d’un jean et d’un sweet bleu sur lequel elle avait accroché un badge portant le logo de son club et son nom : Goshi no Sabaku. Son prénom signifiait forte ambition et effectivement elle était ambitieuse. Excellente élève, elle avait passé plusieurs années aux Etats-Unis dans un collège privé, était revenue au Japon il y a deux ans et attaquait sa première année à l’université avec avidité. Elle était également la meilleure disciple de son club d’aïkido, même les garçons ne faisaient pas le poids face à elle. Elle retrouva Tayuya sa meilleure amie, une fille aux cheveux teints en violet et son fiancé Hidan près du club. Ils suivaient les mêmes cours d’aïkido, mais Tayuya étudiait au conservatoire la flûte traversière et Hidan voulait devenir scénariste de films d’horreur.

« Tu es en retard.
-Gomen, s’excusa la brune, ma mère avait perdu ses clefs, j’ai dû l’aider à les retrouver. »

Ils crurent heureusement à son mensonge, en vérité elle avait passé une bonne partie de la journée à la bibliothèque à réviser pour le concours de biologie, mais si elle leur avait dit, ils auraient pesté contre le fait qu’elle les délaisse pour ses études, alors qu’ils attaquaient à peine leur première année d’étudiants. Hidan voulut l’enlacer, mais elle se dégagea, elle n’aimait pas les marques d’affection en public. Les deux filles se dépêchèrent de rejoindre leurs vestiaires et Hidan celui des hommes. Alors que Goshi se déshabillait, Tayuya lui lança moqueuse :

« Tu me laisseras gagner un combat aujourd’hui ? Gai-senseï n’arrête pas de me faire des reproches.
-Tricher c’est mal.
-Toujours aussi stricte toi. » Soupira-t-elle.

Une fois leurs tenues enfilées, elles rejoignirent le tatami et commencèrent les échauffements. Goshi était toujours aussi concentrée, mais elle ne pouvait s’empêcher de regarder l’heure plusieurs fois de suite, le cours allait durer deux heures, mais on lui avait dit de revenir assez vite parce qu’ils recevaient des invités.

« Goshi, on s’affronte ? Proposa Hidan.
-Si tu veux. » Répondit-elle avec indifférence.

Hidan n’était pas très bon en aïkido, il s’était inscrit pour la suivre il y a deux ans et avait commencé à la draguer. Comme il lui plaisait, elle avait répondu à ses avances et ils s’étaient fiancés, mais le mariage ne se ferait pas avant la fin de ses études et qu’elle ait un emploi stable, c’était sa condition. Elle ne voulait pas devenir une femme au foyer dépendante de son mari, surtout pas. Elle savait qu’elle avait du talent et ne voulait pas le gâcher. Ils se mirent en position et se saluèrent, puis il fonça sur elle sans prévenir et voulut la saisir au poignet, mais elle fut plus rapide. Son pied se décolla du sol et vola jusqu’à sa tête pour la frapper. Comme il était plus grand qu’elle, elle avait dû sauter en même temps et, heureusement pour lui, sa force de frappe avait été légèrement diminuée...ce qui n’empêcha pas le jeune homme de vaciller.

« Mawashi Geri... » Déclara-t-elle.

Avant qu’il ne se remette de son coup, elle le saisissait déjà au poignet avec ses deux mains et le renversait pour l’envoyer au tapis. Enfin elle marqua sa victoire en montrant son poing à quelques centimètres de son visage, signe qu’il avait perdu. Elle avait toujours favorisé cet enchainement, mais il ne parvenait pas à le mémoriser ou le contrer, elle était trop rapide.

« ... Katate Ryote Dori ! Tu ferais bien de travailler un peu tes techniques Hidan au lieu de vouloir m’affronter comme ça. Ça n’a aucun sens.
-J’aime ton caractère dominateur. »

Elle ne répondit pas à sa provocation charmeuse, Gai voulait lui parler des futurs championnats, tout le club comptait sur elle. Elle se désintéressa de son petit-ami pour aller voir son professeur. Elle en profita également pour le prévenir qu’elle partirait avec un peu d’avance.

******

La famille no Sabaku vivait dans un quartier au Sud de Tokyo, la mère travaillait depuis peu comme réceptionniste dans un grand hôtel, le frère cadet Kankurô avait arrêté les études pour devenir mécanicien et le dernier, Gaara, était encore au lycée où il suivait comme elle des études scientifiques. La rue avait le défaut d’être près d’une patinoire très moderne donc d’être beaucoup fréquentée. Goshi ne patinait pas, tourner en rond autour d’une fausse mare gelée était loin de lui plaire, en revanche l’animation des rues l’intéressait plus. Les gens se ressemblaient tous, alors se fondre dans la masse, jouer au caméléon, imiter tel ou tel passant était quelque chose qu’elle faisait souvent depuis toute petite. C’était d’ailleurs plus un entraînement qu’un jeu, pour sa carrière d’ici quelques années son talent de comédienne pourrait parfois lui sauver la vie. Aujourd’hui elle avait choisi comme modèle une petite vieille. Quand on jouait une personne âgée il fallait courber légèrement le dos, marcher plus lentement, moins soulever les pieds. Son sac d’aïkido devait lui paraître plus lourd, le froid la faire vaciller comme une feuille morte, elle était dans son rôle.

C’est bien plus difficile qu’une prise d’aïkido ou que de viser une cible à plusieurs mètres.

Très prise dans son jeu, elle ne s’aperçut même pas qu’il pleuvait. Une vraie douche se déversa soudain sur la capitale du Japon. Les gens ouvrirent leurs parapluies pour se protéger, mais pas elle, la pluie ne la dérangeait pas. C’est pourtant trempée jusqu’aux os qu’elle arriva devant chez elle. Pas de voiture, les invités avaient dû venir en bus. Elle ouvrit la porte et clama comme à son habitude :

« Je suis rentrée ! »

Elle ôta rapidement sa veste transformée en éponge, ses chaussures et chaussettes dans un état tout aussi déplorable, et fila vers le salon. Sa mère, une belle femme aux cheveux châtains, douce et souriante, y conversait avec une autre qui semblait plus jeune qu’elle. Cette dernière était très jolie, brune comme la jeune fille, mais légèrement plus petite en taille. Elle était habillée d’un tailleur simple et de bon goût dont la jupe dévoilait de jolies jambes et des chaussures de prix.

« Ma chérie je te présente Yoshino Nara.
-Enchantée Mme Nara.
-De même.
-Et voici son fils Shikamaru. »

Un jeune garçon d’environ sept ou huit ans se tenait enfoncé dans le canapé à côté de sa mère, ses cheveux étaient coiffés avec un catogan brun, il était assez grand pour son âge et un peu maigrelet. Il semblait surtout beaucoup s’ennuyer et ne fit aucun effort pour sourire. La porte d’entrée claqua une nouvelle fois et une tête aux cheveux d’un roux sombre apparut. Goshi alla accueillir son plus jeune frère :

« Tu es en retard Gaara...où est Kankurô ?
-Il arrive. »

Son cadet fit irruption à son tour dans le salon, puis ils s’assirent près de leur mère où dans des fauteuils et commencèrent à discuter. Yoshino était institutrice dans la même école que son fils, mais elle s’occupait des premières années alors qu’il commençait sa seconde. Quant à son mari, il était directeur de la police d’enquête de Tokyo.

« Comme mon époux, souligna Mme no Sabaku, c’est d’ailleurs là qu’ils se sont connus.
-Avant que papa ne décède... »

Le père de Goshi était mort alors qu’elle avait onze ans, lors d’une poursuite criminelle. Il était tombé dans une embuscade et avait été tué à cinq contre un après avoir été tabassé un long moment. D’après les rumeurs, son assistant l’aurait abandonné aux mains de ses assaillants. Quand la police était arrivée, elle avait bouclé le périmètre et pu ainsi coffrer le gang, mais pour le chef de police il était trop tard. Pour Goshi son père était un héros, il s’était sacrifié pour retenir le plus longtemps possible cette bande de tueurs en série. Son plus cher désir était maintenant de devenir une grande représentante de la justice comme lui. Elle songea que rencontrer le mari de Yoshino serait peut-être une bonne chose, il pourrait la faire entrer plus vite dans la police.

« Excusez-moi, quand votre époux arrivera-t-il ?
-Il ne devrait pas tarder.
-J’aimerai lui poser des questions, si ça ne le dérange pas.
-Ma fille souhaiterait entrer dans la police, expliqua Mme no Sabaku, elle est très motivée.
-J’aimerai que mon fils le soit autant plus tard. »

Shikamaru grogna, la motivation ne semblait pas faire partie de sa personnalité. Mme no Sabaku, qui aimait beaucoup les enfants, suggéra à sa fille de l’emmener dans sa chambre pour le faire jouer. Goshi se sentit soudain mal-à-l’aise, les enfants ce n’était pas du tout sa tasse de thé, elle n’arrivait jamais à les cerner. Cependant elle désirait être agréable avec Nara Yoshino et accepta de conduire Shikamaru dans sa chambre.

« Alors, tu veux jouer ? J’ai encore une peluche que m’a offerte Kankurô... »

Elle saisit une pieuvre violette qui faisait les yeux de Bambi et la tendit sous le nez du garçon, mais il sembla aussi passionné que si elle lui avait proposé de recopier le dictionnaire. Bon, elle voulait bien faire des efforts, mais il fallait aussi qu’il en fasse...ou alors il n’avait pas compris comment s’en servir. Elle s’efforça de sourire et lui toucha le nez :

« Regarde, l’horrible pieuvre va te manger ! Grrr, oh la vilaine ! »

Shikamaru la regarda, puis regarda Goshi, bailla et finalement articula tranquillement :

« Vous n’êtes pas obligée de me parler comme si j’avais trois ans, Sabaku-chama.
-C...chama ? (Suffixe désignant une personne âgée au Japon)
-Enfin, moi je dis ça surtout pour éviter de vous rendre ridicule. »

Et un grand sourire en prime dévoilant toutes ses dents, le teint de la jeune fille prit une magnifique couleur brique. Pendant ce temps dans le salon, Mmes Nara et no Sabaku continuaient de discuter. Gaara et Kankurô s’étaient vite lassés et étaient ressortis de la maison, l’un pour retourner à son garage chéri, l’autre pour aller avec des amis à la bibliothèque. Les deux femmes avaient pu se lancer dans des discussions plus personnelles :

« Karura-chan, chuchota la brune, je veux profiter de l’absence de mon mari pour te parler franchement.
-Je t’en prie, c’est bien pour cela que je t’ai invitée après tant d’années.
-Je sais que tu nous évitais, que tu es partie aux Etats-Unis tout ce temps à cause de nous...pourquoi être revenue et avoir repris contact ?
-Parce qu’on m’a appris récemment que Shikaku s’en voulait toujours...je sais maintenant que c’est un homme intègre et je veux me réconcilier avec le passé.
-Tu peux vraiment lui pardonner ?
-Oui, je n’aurai pas l’âme en paix tant que je ne l’aurai pas fait. »

Yoshino admirait la force mentale de Karura, elle ne savait pas si elle aurait pu pardonner, elle, si quelqu’un était responsable en partie de la disparition de son époux. Mais son amie avait raison, après tant d’années il était temps pour les deux familles de se réconcilier. Soulagée d’un grand poids, elle changea gaiement de sujet :

« J’espère que mon fils ne sera pas trop pénible, il ne sait pas faire la différence entre une fille et un ours polaire.
-Il n’a que sept ans, c’est maladroit à cet âge-là. Ne t’inquiète pas, je suis sûre qu’ils s’entendent déjà comme larrons en...
-LA VIEILLE VA TE FAIRE BOUFFER L’ANANAS QUI TE SERT DE COIFFURE, ESPÈCE DE SALE GOSSE !!! ALORS COMME ÇA JE SUIS RIDICULE ?!! TU TE CROIS BEAU PEUT-ÊTRE AVEC TES CUISSES DE SAUTERELLE ET TES OREILLES DÉCOLLÉES ?!! »

Les deux femmes en lâchèrent leurs tasses de thé qui se brisèrent sur le sol. Karura se précipita dans la chambre de sa fille pour la découvrir tenant Shikamaru par le col et le secouant comme un prunier. En la voyant, le garçon changea aussitôt de tactique et se mit à pleurer :

« AU SECOOOOURS !!! LA DAME ELLE EST MÉCHAAAAANTE !!!
-Enfin Goshi, je t’ai demandé de le faire jouer, pas de le terroriser !!!
-My oh my ! Quel pleurnichard !!! »

Le jeune comédien promis aux Oscars se libéra et se jeta dans les jambes de l’adulte en riant sous cape et en versant un torrent de larmes magnifiquement réalistes. Goshi avait l’air d’avoir oublié comment on respire, elle était devenue aussi violette que la peluche, sa bouche s’ouvrait sans qu’aucun son n’en sorte. Quel culotté ce gosse ! Il avait de la chance d’avoir dix ans de moins qu’elle sinon elle l’aurait transformé en punching-ball.
Avant que Mme no Sabaku puisse accabler sa fille de reproches, une sonnerie retentie, celle de la porte d’entrée. La maîtresse de maison alla ouvrir et Goshi l’entendit parler avec le nouvel arrivant :

« Shikaku, je suis ravie de te revoir, entre donc. »

Yoshino attrapa son fils et le ramena dans le salon, elle n’était pas dupe comme Karura, mais elle préférait attendre pour le gronder. On ne faisait pas la leçon à son fils devant tout le monde. Goshi se recoiffa rapidement et se dépêcha de rejoindre les autres dans le salon. Sa mère discutait maintenant avec un homme d'une trentaine d'année, assez grand, coiffé comme son fils. Il portait également un petit bouc, mais elle le reconnut tout de suite...

Elle avait onze ans, elle revoyait la scène comme si c’était hier. Sa mère habillée de noir, elle-même tenant fermement la main de ses petits frères. Le cimetière lui semblait immense à cette époque, il l’effrayait un peu aussi comme tous les enfants. Il y avait beaucoup de monde, son père était quelqu’un de très populaire, elle en était très fière. Contrairement à sa mère, elle ne pleurait pas, elle voulait être forte comme il lui avait appris. Un inspecteur de police fit un discours, très beau selon elle.

« Le directeur de la police d'enquêtes criminelles, no Sabaku, était et sera toujours un modèle pour nous tous. Il a donné sa vie pour servir la justice, grâce à lui un gang de tueurs en série est maintenant sous les verrous. Ce grand personnage s’est sacrifié pour la sécurité de Tokyo, pour la sécurité du Japon. Sa femme et ses enfants doivent être honorés en son nom, que chacun se souvienne de no Sabaku comme d’un homme droit, honnête, courageux. Ce sont ces hommes-là qui font de notre pays un lieu sûr, une fierté pour le monde. »

Le préfet de la ville s’était alors avancé et avait donné à Karura la médaille posthume au ruban écarlate. Sa fille s’était alors jurée de toujours faire honneur à cette médaille, d’en devenir digne afin de ne jamais salir la mémoire de son père. Au retour, Gaara se plaignit soudain d’un besoin pressant, Goshi l’emmena donc dans un bar pour utiliser leurs toilettes. En attendant son frère, elle repéra deux policiers invités à l’enterrement et décida de se rapprocher pour entendre leur conversation qui paraissait sérieuse :

« Alors il ne sera pas rétrogradé ?
-Non, pas même un blâme ! Les supérieurs sont convaincus qu’il a agi sur ordre de no Sabaku.
-Sur ordre ? Il l’a abandonné devant le repaire du gang...quel lâche !
-J’ai tout de suite vu que c’était un trouillard. Il a été pistonné, j’en suis sûr. D’ailleurs on ne rentre pas si jeune dans la police autrement.
-Mais non, il s’était déjà fait remarqué plusieurs fois pour son intelligence et son aide alors qu’il n’était que lycéen. Sabaku-senpai avait beaucoup d’estime pour lui. Je ne peux pas croire qu’il l’ait abandonné.
-Pourtant le chef s’est bien retrouvé seul face au gang. Je suis sûr qu’il l’a lâché.
-Nara Shikaku…dire que je lui faisais confiance. »

Shikaku... Goshi voyait très bien de qui ils voulaient parler, elle l’avait aperçu à l’enterrement et il avait aussi fait un discours. Il était même venu une ou deux fois à la maison…il avait l’air tellement gentil...

Et il se tenait près de sept ans plus tard devant elle ! Comment osait-il revenir dans la maison de l’homme qu’il avait trahi ? Quel être totalement dépourvu de morale était-il pour agir comme cela ? Et elle, comment n’avait-elle pas fait le lien avec le nom de famille, ou plutôt d’épousée, de Yoshino ? Sans doute parce que cela remontait à longtemps. En voyant son visage, Karura comprit immédiatement que ce ne serait pas facile de la convaincre de faire la paix.

« Chérie...tu te souviens de Shikaku ?
-Je n’ai rien à dire à cette personne ! »

Il était devenu chef de la police, il occupait maintenant le poste de son père !!! Comment sa mère pouvait-elle le tolérer chez elle ?!! Goshi avait l’impression que sa génitrice la trahissait. Cet homme avait abandonné son mari à une mort certaine, il s’en était réchappé sans être puni, ce n’était qu’un lâche, un menteur et un voleur !!!

« Monsieur, je crois que votre place n’est pas dans cette maison, si vous aviez un tant soit peu de respect pour mon père vous le sauriez ! Quant à moi, il est hors de question que je vous adresse à nouveau la parole !
-Ma chérie, écoute... »

Mais la jeune fille disparaissait déjà dans l’escalier pour rejoindre sa chambre. Karura se tourna vers Shikaku pour s’excuser, mais il leva la main pour l’en empêcher. Il comprenait le sentiment de la brune à son égard, des dizaines de gens l’avaient eu après la mort de no Sabaku et lui-même s’en voulait encore. Et puis comment être fâché envers une jeune fille qui avait tellement de son père en elle ? L’espace d’un instant il avait revu son chef, pour qui il avait beaucoup d’admiration. Karura soupira, la soirée était définitivement gâchée, peut-être aurait-elle dû prévenir sa fille en avance au lieu de lui faire la surprise.

******

Minuit sonna, Goshi n’était pas ressortie de sa chambre depuis. Elle avait tiré une valise de sous son lit et examinait son contenu : la médaille de son père, son badge de policier dans un étui et son pistolet, un Steyr M-A1. Il y’avait également une vieille photographie de lui jeune dans le Texas. Bien qu’il soit japonais, il y avait, comme elle, passé une grande partie de sa vie, c’était comme une seconde patrie. Elle caressa le visage de l’enfant brun sur une barrière. Derrière lui on apercevait une vieille maison de bois, ils les y avaient emmenés très souvent. Il lui avait appris à tirer, à monter à cheval, c’étaient des moments privilégiés qu’elle garderait toujours en elle.

Tu verras papa, je serai une grande policière comme toi très bientôt.

Elle se déshabilla, libéra enfin sa longue chevelure noire et se mit en chemise de nuit. La clarté de la lune faisait briller sa jolie peau dorée et ses yeux vert émeraude. Elle sourit à son reflet dans le miroir, puis se coucha. Pour faire disparaître ses sombres idées, elle colla son oreille contre le mur et écouta la respiration de ses frères, sifflante pour Gaara, bruyante pour Kankurô. Finalement ses yeux se fermèrent et elle s’endormit.
Au même moment, dans une petite pharmacie portant le nom Hyûga, un couple achevait de ranger les nouveaux médicaments reçus. La femme ouvrit une caisse et découvrit des boites de pilules bleu ciel qu’elle n’avait jamais vues. Elle consulta son ordinateur et comprit qu’il s’agissait d’un nouveau médicament révolutionnaire contre le rhume. Elle décida de mettre quelques boites bien en avant afin de les montrer aux clients demain.

« Maman, j’ai fait un cauchemar ! »

La pharmacienne sourit et souleva sa petite fille aux cheveux noirs, en pyjama, qui pleurait à ses pieds :

« Viens ma jolie Hinata, je vais te ramener dans ton lit. »

Au même moment Yoshino bordait son fils, endormi depuis longtemps. Elle caressa sa joue et rapprocha son doudou en forme de cerf. Il avait beau prétendre être un grand garçon et ne plus en avoir besoin, elle ne le voyait pas dormir sans. Elle referma doucement la porte sur lui et se rendit dans la cuisine où son mari buvait un thé.

« Dure journée, n’est-ce pas ? »

Il ne répondit pas, il lisait le journal, on annonçait la mort d’un général américain travaillant pour la Nasa. Un conflit qui aurait mal tourné, les journaux n’avaient pas beaucoup d’informations, l’endroit était très secret. Le suspect principal était un jeune scientifique du nom de Kabuto Yakushi qui avait disparu sans laisser de trace.

« Il ne manquerait plus qu’il ait filé au Japon. » Se moqua gentiment Yoshino.

Elle adorait son mari, mais il tenait tellement à cœur pour son métier de policier qu’il lisait tous les journaux et suivait assidûment les informations télévisées. Elle attrapa le journal et le jeta plus loin.

« Mais...
-On arrête le boulot anata, tu t’es assez pris la tête avec la famille no Sabaku sans être obligé d’en rajouter avec les meurtres.
-Je comprends que la fille de Karura m’en veuille tu sais.
-Moi aussi, je serai pareille à sa place, on ne pouvait pas s’attendre à une paix totale dès la première soirée. Mais maintenant tu t’occupes de ta petite femme.
-C’est un ordre ? Demanda-t-il déjà plus taquin.
-Oui ! »

Il l’attrapa par les hanches et ils se jetèrent sur le canapé en riant. Quoi de mieux qu’une nuit amoureuse et torride pour oublier les aspects négatifs de la journée ? Et l’avantage d’avoir un fils aussi dormeur que Shikamaru, c’est qu’ils ne risquaient pas d’être dérangés.

*******

La Nasa éteignait ses lumières, encore une journée de labeur qui s’achevait. Orochimaru s’approcha de Tsunade qui triait quelques dossiers et lui susurra à l’oreille :

« Je t’invite à boire un verre ? À la mémoire de ce pauvre Jiraya. »

La scientifique sursauta et le foudroya du regard, son visage n’exprimait pour lui que de la haine et du mépris.

« Comment...comment peux-tu dire ça ?!!
-De quoi veux-tu parler ?
-Tu l’as tué !!! Tu l’as tué et tu voudrais que je vienne boire avec toi, espèce de salopard !!! »

Orochimaru se contenta de sourire, ce gros crétin avait donc parlé avant sa mort, mais s’il n’était pas sous les verrous et encore libre de ses mouvements c’était certainement parce que personne n’avait de preuve contre lui. Les caméras étaient éteintes au moment du crime, les gardiens ne pourraient pas affirmer qu’il était encore dans les laboratoires à l’arrivée de Jiraya, il portait des gants donc pas d’empreintes et son révolver devait avoir été recyclé maintenant.

« Si je te dégoûte tant que ça, appelle donc la police, tu as un téléphone derrière toi. »

Son expression le confirma dans ses hypothèses, elle savait, mais elle ne pouvait rien prouver. Elle pouvait juste le détester à mort, lui lancer des regards de haine et réprimer un haut-le-cœur devant lui...rien de plus. Et il était un élément indispensable, la Nasa avait besoin de son argent, sans preuve valide aucune enquête, même minime, ne serait lancée.

« Ma pauvre Tsunade, tu es surmenée. Le travail et le chagrin te font perdre la tête. »

Il s’approcha pour lui caresser le bras, mais elle recula :

« NE ME TOUCHE PLUS JAMAIS !!! TU N’ES QU’UN MONSTRE !!! »

Elle le bouscula et se dépêcha de sortir de la pièce. Il la laissa faire, elle n’était rien, elle ne pouvait rien contre lui, il n’aurait même pas besoin de la tuer. Il sortit à son tour et regagna ses appartements. Sa secrétaire l’attendait, il la congédia en disant qu’il ne souhaitait n’être dérangé sous aucun prétexte. Les appartements où il logeait étaient à son image : luxueux et modernes. Une fois seul, il commença par aller prendre une douche bien chaude. Puis il enfila un kimono d’intérieur et se préparera un café. Alors que la cafetière se mettait en marche, le téléphone sonna en inscrivant le numéro de son nouvel employé. Kabuto était un garçon intelligent, il l’avait appelé sur un téléphone spécialement conçu pour ne pas être mis sur écoute.

« Bonsoir Kabuto, tu es bien arrivé ?
-Oui monsieur, je vous remercie. »

À l’autre bout du fil le jeune homme suait, ses jambes tremblaient bien que sa voix soit calme et posée. Il jeta un œil à la luxueuse chambre où on l’avait installé, peut-être n’en profiterait-il pas très longtemps. Mais finalement, avait-il raison de s’affoler ? Orochimaru avait besoin de lui pour reconstituer la formule, le tuer ne l’avancerait en rien. Autant lui annoncer la nouvelle immédiatement :

« Monsieur, la disquette est tombée de ma poche.
-COMMENT ?!! »

Le milliardaire dû faire un effort titanesque pour ne pas hurler davantage, il ne fallait pas alerter sa secrétaire. Il retrouva son calme froid et déclara simplement :

« Si c’est cette peste de Tsunade qui a la disquette, elle a dû la détruire. Serais-tu capable de reconstituer la formule de mémoire ?
-Non, elle est trop complexe, de plus j'avais des éléments dans les laboratoires de la Nasa que je n'ai pas ici...mais si vous avez encore les pilules, je peux les décomposer et étudier leur contenu. »

Orochimaru toucha les deux cachets au fond de sa poche, il ne les avait pas testé encore et ne pouvait pas s’y résoudre tant que le scientifique n’était pas capable d’en créer d’autres. D’un autre côté, l’idée de les voir être disséqués était insupportable. Une fois cela fait, il y’avait un risque que Kabuto ne parvienne pas à recomposer la formule et il aurait gâché vingt ans de sa vie. Il ne pouvait pas faire ce sacrifice. Si au moins il avait eu une pilule supplémentaire... comme celle qui était tombée dans la cuve par exemple !

« Voilà ce que tu vas faire Kabuto, préparer ton laboratoire et commencer à réfléchir sur la formule, je me charge du reste.
-Bien Monsieur.
-Mais...ne me déçois plus jamais comme ce soir. » Ajouta-t-il plus froidement.

Kabuto déglutit, mais prononça clairement :

« Non Monsieur. »

Une autre qualité de ce garçon, il ne discutait pas quand on lui donnait un ordre. Orochimaru raccrocha et alluma son ordinateur portable. Normalement les données des médicaments envoyés partout dans le monde lui étaient transmises puisqu’il se chargeait de la gestion. Et parmi ces nombreux médicaments, lesquels pouvaient être confondus avec une pilule de FDJ-15P ? Il étudia les prototypes pendant un quart d’heure, mais conclut assez vite que les nouveaux cachets contre la grippe étaient de loin ceux qui ressemblaient le plus à ceux qu’il recherchait. Encore un petit clic de souris, et il saurait où pouvait se trouver la dernière pilule de jouvence. Quatre possibilités s’affichèrent alors : New-York, Berlin, Londres et Tokyo. Un habitant dans l’une de ces villes allait bientôt acheter, sans le savoir, de quoi lui faire perdre dix ans, le plus efficace des médicaments, il devait se dépêcher. Heureusement Kabuto n’était pas la seule personne à être secrètement sous sa coupe, il possédait également les services de quelques gros bras sans scrupules, mais extrêmement doués pour retrouver n’importe qui n’importe où.

*******

Karura resserra le haut de sa veste, il faisait encore frais pour un mois de mai. Elle marchait dans la grisaille du matin, ses cheveux châtains soulevés par le vent ainsi que sa jupe qui descendait jusqu’en bas des genoux. Bien qu’elle soit encore belle, elle ne s’habillait pas comme Yoshino qui mettait son élégance et sa beauté en valeur, elle était très timide, très femme au foyer et ne voulait pas séduire ou se faire remarquer. Elle poussa la porte de la pharmacie Hyûga et fut accueillie par une jeune stagiaire :

« Bonjour et bienvenue, que pouvons-nous faire pour vous ?
-Ma fille s’est plainte de maux de tête et a de la fièvre. Je crois que c’est un début de grippe. »

Effectivement depuis son réveil, Goshi ne cessait d’éternuer et avait mal au crâne à se cogner contre les murs, plus un bon 38,7 de fièvre. Forcément à force de courir à droite et à gauche pour un entraînement ou des cours, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, ça devait forcément finir par lui arriver. Sans compter qu’elle avait été choquée hier de la venue de Shikaku Nara. Karura se sentait coupable, aussi avait-elle foncé sans discuter chez le pharmacien le plus proche. La stagiaire lui conseilla les nouveaux cachets qui venaient de sortir et attrapa la première boite sur l’étagère.

« Il paraît que c’est révolutionnaire, elle a au moins seize ans ?
-Oui.
-Bien, alors ça vous fera... »

Karura ressortit avec un sac plastique contenant ce qu’elle croyait être un banal remède contre la grippe. Elle rentra chez elle pour trouver sa fille en pyjama malgré l’heure avancée. Goshi jeta un énième mouchoir en papier dans la poubelle de la cuisine et grogna :

« J’ai horreur d’être malade !
-Je t’ai acheté des cachets, il paraît que c’est très efficace. »

Sans hésiter, la brune se fit couler un verre d’eau et ouvrit le paquet de gélules. Si elle avait été moins enrhumée, moins troublée par sa fièvre, elle aurait remarqué que le cachet qu’elle avait choisi était plus long et plus ovale que les autres biens ronds. Mais elle ne le remarqua pas et l’avala avec une longue gorgée d’eau fraîche.

« J’espère que ça marchera.
-Pas d’aïkido ce soir ma puce, je ne veux pas que ça s’aggrave.
-Oui maman. »

Elle détestait manquer les cours, que ce soit ceux de l’université, de sport ou de tir. Comment deviendrait-elle une brillante enquêtrice si le moindre virus devait la clouer sur place ? Gaara et Kankurô qui se faisaient une partie de Mario Kart sur console se moquèrent d’elle :

« Tu l’as bien cherché, tu ne sors jamais avec un parapluie, même quand il pleut des cordes.
-Les parapluies ça encombre !
-Pour l’instant c’est ton nez qui est encombré ! » Ricana Kankurô.

Ce qui lui valut un coussin dans la tête et Gaara en profita pour gagner la course. Mais Goshi ne l’avait pas oublié non plus et lança acerbement :

« Dis donc Gaara, je croyais que tu devais aller chercher ton compagnon aujourd’hui.
-KUSO !!! »

Le rouquin bondit littéralement de son fauteuil et éteignit l’écran de la télévision et la console, malgré les cris d’indignation de son frère aîné qui se serait volontiers fait une partie en solo. Cela faisait trois semaines qu’il négociait avec sa mère pour avoir un animal à la maison, il serait entré dans une animalerie et aurait vu une mère porteuse prête à accoucher, les petits étaient né une semaine après, et finalement avec des mois de labeur pour avoir l’argent et une négociation serrée auprès de sa génitrice, il avait enfin l’autorisation d’en acheter un.

« J’en aurai pour plusieurs heures, je dois d’abord passer au lycée terminer un exposé avec Matsuri, ensuite il faudra que je choisisse ses affaires pour dormir, ses jouets...
-Pour Matsuri ? Demanda Kankurô.
-Baka ! »

Goshi était remontée s’habiller, elle redescendit et enfila elle aussi une veste et ses chaussures, mais sa mère l’arrêta avant qu’elle n’ait pu sortir de la maison :

« Où vas-tu, jeune fille ?
-Je sors.
-Dans ton état ? Ce n’est pas raisonnable !
-My oh my ! C’est juste un rhume, rien de grave. »




Tadaaaam !!!
Goshi vient d'avaler la dernière capsule de FDJ-15P !!! Pas tellement de suspence puisqu'on sait tous ce qui va se passer.

Ah, au fait, petit jeu amusant (ou pas)

Pratiquement chaque personnage de Naruto que vous verrez dans cette fic dans cette fic est inspiré d'un personnage de Détective Conan (ou de plusieurs). A vous de deviner qui est qui au fil de la lecture ;p

Merci à tous de me lire !!!




Chapitres: 1 [ 2 ] 3 4 5 6 Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: