Fiction: Destin (terminée)

"Elle se déhanchait, sautillait, tournoyait sans montrer un seul signe de fatigue ou de lassitude, une lueur de malice flamboyant dans ses iris verts." "Son esprit était obnubilé par l'image de son frère, ricanant de la confiance aveugle qu'il avait en lui depuis qu'il était né. "-C'est un ancien Capitaine, un représentant de la justice, [...] Et surtout, le seul en qui j'avais vraiment confiance en ce monde ! Mon pilier, mon propre frère est un traître !" " Le destin est joueur...
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Noussy (Féminin), le 26/07/2012
Un Saku/Sasu aux ambiances médiévales... Bonne lecture !



Chapitre 2: Seconde Partie



L'immense salle de bal du château Uchiwa était déjà honorée par la présence de nombreuses personnes dont le sang était le fruit d'une composition presque étudiée des branches fades d'un arbre généalogique alourdi de noms tous plus évocateurs les uns que les autres. Les représentants de quatre des cinq grandes familles étaient bien entendus à l'honneur, et les Uchiwa, les cinquièmes fortunés membres des Grands, étaient tous en train d'entretenir une conversation distinguée avec l'un ou l'autre invité, veillant sur le bon déroulement de leur fête. Enfin, presque tous les Uchiwa car dans un couloir, un peu plus loin dans le château, un jeune brun faisait les cent pas devant une porte fermée. De temps à autre, il jetait fébrilement un coup d'œil à sa montre en or, puis, lorsqu'il jugea que cette porte était close depuis trop longtemps, il y toqua rapidement. « Voilà, voilà, nous avons terminé ! » lui répondit-on à travers le bois. Et la porte s'entrouvrit enfin sur une Ino toute souriante.

« - Ce n'est pas trop tôt... maugréa Sasuke.
- Ça en valait la peine, crois-moi ! Elle est comme... transformée ! s'exclama la blonde d'une voix où perçait l'excitation. Sors, Sakura, ne sois pas timide ! »

La porte s'ouvrit alors lentement, laissant l'interpellée faire un pas en avant, la tête baissée et le regard fuyant. Ino put alors clairement observer le changement d'expression qui traversa le visage de son meilleur ami. D'abord, son habituel masque d'indifférence dominait ses traits.

« Regard éteint, moue ennuyée... La routine, quoi, détailla la blonde pour elle-même. »

Ensuite, la curiosité se fraya un chemin à travers la glace. Son regard s'était un peu mis à pétiller faiblement, mais il garda son impassibilité. Lorsque Sakura fit enfin son apparition, éclairée par les torches dansantes du couloir, la glace fondit d'un coup. La surprise régna d'abord, mais bientôt, ce fût quelque chose de bien plus insolite. Quelque chose qui faillit faire sauter de joie la jeune Yamanaka.

« Il est franchement émerveillé ! C'est la première fois que je le vois prendre cette expression avec quelqu'un d'autre qu'Itachi ! »

Fière d'elle, Ino contempla son œuvre. La robe, qu'elle avait choisie elle-même, était une magnifique palette de rouge, passant du vermeil au rouge vif, volant au passage un peu de carmin, de rouge cerise et de bordeaux. Finement brodé et décoré de perles nacrées, le bustier moulait parfaitement les formes fines de la jeune fille. Ses cheveux rosés étaient relevés en un demi-chignon désordonné, laissant une frange retomber sur son front et quelques mèches bouclées à l'arrière de sa tête, libérant le reste de ses cheveux sur ses épaules poudrées. Un peu de maquillage avait suffi à insuffler dans ses iris quelque chose de magique, et lorsqu'elles rencontrèrent les pupilles noires de l'Uchiwa, elles retombèrent aussitôt au tapis tandis qu'une rougeur sur les joues de leur propriétaire, traversant la poudre, vint s'harmoniser au rouge chaud de ses lèvres.

« - Alors ? Elle est belle, pas vrai ? Je savais bien que le rouge lui irait bien, et je pensais que ces nacres feraient l'affaire en boucles d'oreilles ! Il ne m'a pas fallu longtemps pour trouver les souliers qui iraient avec le tout mais pour ce qui est des cheveux, ils m'ont donné du fil à retordre, et... »

Mais elle s'interrompit, souriant de malice face au spectacle qui s'offrait à elle. Sasuke s'était doucement approché de la demoiselle, lui avait offert son bras en souriant, et ne la quittait toujours pas des yeux pendant qu'ils abandonnaient impitoyablement tous deux la Yamanaka à ses bavardages. Cette dernière soupira d'un désespoir feint puis lissa sa robe pour s'apprêter à rejoindre la salle de fête lorsque deux bras s'enroulèrent autour de sa taille, l'emprisonnant contre ce qu'elle devina être un torse. Elle n'eut même pas besoin de se retourner pour deviner qui était son geôlier...

« - Kiba... souffla-t-elle.
- Je t'ai cherché partout ! Le bal est bien sombre sans sa beauté blonde... susurra le brun à l'oreille de la jeune fille.
- Tu as raison ! Rit-elle. Mais que veux-tu, il faut bien que je joue la fée marraine pour le bien des plus jeunes...
- Il est temps pour toi de te retransformer en princesse, dans ce cas ! s'exclama Kiba Inuzuka en serrant la taille d'Ino, le temps qu'ils atteignent la salle où il leur faudra jouer, encore une fois, les indifférents héritiers des Cinq... »

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Sakura était tout simplement fascinée. Toujours au bras du « Prince », elle regardait autour d'elle, des étoiles dans les yeux, et un sourire béat sur les lèvres, inconsciente des regards à la fois interrogateurs et étonnés des personnes du haut monde. Elle chercha Shizune et Naruto des yeux, et les trouva dans un coin de la pièce, intimidés et sûrement tout aussi émerveillés qu'elle l'était. Demandant silencieusement la permission à son cavalier, elle s'empressa de les rejoindre.

« - Wow ! s'exclama Shizune en la voyant. Tu es... magnifique !
- Je confirme ! approuva Naruto en souriant.
- Merci... Mais vous êtes vraiment superbes aussi, tous les deux ! Mais... Il ne faut apparemment pas qu'on sache qui nous sommes vraiment... Alors, il faudra dire que nous venons du Pays du Vent... Ce qui n'est pas tout à fait faux...
- Mouais... maugréa le blond, peu convaincu. Je n'aime pas trop ça...
- Moi non plus... Mais nous n'y pouvons rien. Profitons tant qu'on ne nous met pas dehors... Pour l'instant, nous sommes sous sa protection...
- En parlant de lui... fit Shizune en souriant malicieusement. »

L'Uchiwa s'arrêta à côté de Sakura qui se tendit légèrement. C'est qu'en plus de son apparence encore plus majestueuse dans son habit bleu nuit, il semblait, depuis sa transformation, prendre plaisir à la frôler légèrement à chaque fois qu'il en avait l'occasion, la faisant un peu frissonner à chaque fois. Il se présenta courtoisement, offrit une boisson à Naruto qui ne l'accepta que par politesse, et s'excusa auprès d'eux en emmenant Sakura avec lui, ne lui laissant que le temps d'apercevoir le clin d'œil que la brunette lui adressa, et avant qu'elle ne put réaliser quoique ce soit, elle se retrouva sur la piste de danse.

« - Vous savez danser, n'est-ce pas ? demanda-t-il tout en connaissant la réponse d'avance.
- Oui, mais... N'est-ce pas quelque peu indécent de commencer à danser avant de m'être présentée ?
- Comment savez-vous cela ?
- Shizune me l'a appris.
- Et comment le sait-elle ?
- Je me le demande moi-même... »

Pendant qu'ils parlaient doucement, leurs pas se synchronisaient, et bientôt, leurs mouvements ne furent plus que des manœuvres inconscientes de leur esprit.

« - Vous ne m'avez pas répondue...
- Si je vous avais présentée, quelqu'un vous aurait sûrement invitée à danser.
- Et alors ? S’étonna la Rose.
- Je voulais avoir la première danse... »

Un sourire amusé naquit sur les lèvres de la jeune fille. Elle ne répondit pas, cependant, et se laissa emporter par le rythme de la musique. Elle se prit à apprécier cette danse de manière bien différente de sa prestation quotidienne. C'était une danse insolite, paradoxale, insensée, et ce goût d'interdit qu'elle avait la rendait encore plus savoureuse. Une mendiante n'est pas censée se retrouver dans un château, au milieu de nobles, dans les bras d'un Prince. Une mendiante n'est pas supposée se voir présentée au gens du haut monde, se voir aborder avec une courtoisie distinguée par autant de monde qu'elle ne connaissait pas, elle n'est pas censée danser avec des Ducs, des Marquis, des Généraux...C'est ce que Sakura pensait avec délice lorsqu'elle s'assit sur une chaise enrobée de velours rouge, un peu à l'écart, afin de se reposer...

« - J'espère que vous vous amusez bien, Mademoiselle, fit un jeune homme à la voix ténor dont elle n'avait pas remarqué la présence.
- Oui, je vous remercie de m'avoir permis d'assister à une fête aussi raffinée, répondit Sakura en se levant pour saluer poliment celui qu'elle avait reconnu comme étant un membre des Uchiwa.
- Mais je vous en prie, tout l'honneur est pour nous... Vous... n'avez pas l'occasion d'assister à des bals, dans votre pays d'origine ? demanda-t-il soudain en la fixant.
- Je... L'organisation des bals n'est pas une coutume très répandu au Pays du Vent, en effet, rattrapa la Rose de justesse.
- Je vois... Excusez-moi, je ne me suis pas présenté ! Je fais preuve d'un tel manque de courtoisie... Uchiwa Sai, Colonel dans l'Armée et, en l'occurrence, cousin éloigné de Sasuke. Vous êtes sa cavalière, me tromperais-je ?
- Yumiko Sakura, c'est un privilège de faire votre connaissance, se présenta la danseuse qui bénit à ce moment-là sa tutrice pour leur avoir enseigné l'étiquette. J'ai en effet l'honneur d'être la cavalière de votre cousin, confirma la jeune fille en gardant son sourire malgré le sentiment d'insécurité que lui inspirait le regard inquisiteur de son hôte.
- Je n'ai jamais entendu parler des Yumiko par l'intermédiaire de mes connaissances dans votre pays... sous-entendit le dénommé Sai tandis qu'à travers son sourire glacé, ses pupilles perçantes semblaient transpercer la couverture de la jeune fille.
- Il est vrai que nous ne faisons pas beaucoup parler de nous... contra la Rose en faisant appel à toute la force de sa volonté pour rester calme.
- Excusez ma curiosité, mais comment avez-vous rencontré Sasuke ? Il est normal qu'il ait choisi pour partenaire une demoiselle aussi charmante que vous, mais il ne m'a jamais parlé d'une connaissance du Pays du Vent... Enfin, il est vrai que nous ne faisons pas beaucoup la conversation, lui et moi...
- Ah, fit maladroitement Sakura, ne sachant que dire.
-Il est tellement associable et inamical, par moment... continua le brun, son sourire faux toujours collé aux lèvres. »

La jeune nomade se sentait un peu mal-à-l'aise d'entendre une personne critiquer un membre de sa famille dans son dos, surtout qu'il s'agissait de son cavalier... Mais elle ne put dire un mot et se contenta d'écouter en cherchant une échappatoire.

« - Surtout ces derniers temps... Il est devenu encore plus détestable que d'habitude. Mais dites-moi, avez-vous l'intention de vous fiancer ?
- Je... Vous vous méprenez... Nous ne sommes pas... bredouilla Sakura en sentant ses joues s'empourprer indiscrètement.
- Ceci ne vous concerne en rien, Sai, intervint Sasuke en se plaçant à côté de sa cavalière. Maintenant, Cousin, veuillez nous excuser, la fête nous appelle. »

Seulement, au moment où ils allaient se mêler encore une fois aux festivités, la voix de Sai s'éleva derrière eux, plus forte et plus audible.

« - Au fait, mon cher cousin, saviez-vous que ce traître d'Itachi avait été capturé ? »

Sasuke se figea. Il ne s'y attendait pas du tout. Il eut soudain l'impression que la salle entière s'était tournée vers eux, et cela ne fit qu'empirer son état d'égarement. On l'avait capturé ? Depuis quand ? Pourquoi ne lui avait-on rien dit ? Il sentit son cœur se serrer, sentant dans sa boîte à émotions qu'il contenait en vain renaître l'orage de rage qui l'avait momentanément quitté, ainsi qu'un vague zéphire de chagrin. Son frère était en prison... Il ne l'aurait jamais imaginé, même pas lorsqu'ils jouaient encore dans les couloirs du château, encore enrobés du cocon de l'enfance. L'image de cette falaise où il se recueillait depuis quelques semaines lui revint en mémoire. C'était là où il avait participé à la mission qui avait pour but primaire de « sauver » Itachi. Soudain, un sourire naquit au coin de ses lèvres et il tourna vers son cousin un regard indifférent en haussant les épaules :

« - C'est lui qui perd, vous savez ! s'exclama le brun, un brin amusé. »

Sakura sursauta. C'était là les mots qu'elle croyait avoir mal placé lors de leur deuxième rencontre, et qui lui avaient valu des remords à peine tamisés par l'invitation au bal... Elle sourit au Capitaine, sous le regard méprisant et clairement déçu de Sai, qui s'attendait apparemment à une réaction différente de la part de l'Uchiwa.

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La jeune danseuse marchait en riant aux côtés de Sasuke, profitant de la température adoucie qui régnait dans la serre. Le brouhaha de la fête leur parvenait, entrecoupé, lointain, créant autour d'eux comme une bulle fictive qui les protégerait de toute atteinte extérieure. C'était du moins ce que pensait Sakura en cet instant, tout en contemplant une plante inconnue et trop belle pour exister dans son monde à elle. Soudain, elle rougit violemment en détournant son regard vers les roses blanches, innocentes. Son geste, un peu trop brusque, n'échappa pas au brun qui chercha du regard ce qui aurait pu provoquer une telle réaction, jusqu'à sourire d'amusement à la vue du flamboyant rosier.

« - Ces roses sont particulièrement belles, n'est-ce pas ? s'écria-t-il en s'approchant délibérément des fleurs qui perturbaient sa cavalière. Leur blancheur immaculée semble éclairer la serre, vous ne voyez pas ?
- Si, vous avez raison, fit la Rose doucement en fixant obstinément des lilas au loin.
- Connaissez-vous la symbolique des fleurs ? Savez-vous quel message une rose blanche porte-t-elle ?
- L'innocence... souffla la jeune fille en déglutissant difficilement.
- Et ces roses bleues ? Que signifient-elles ? demanda Sasuke d'un air faussement angélique, s'amusant de la nervosité de la nomade qui semblait vouloir à tout prix éviter tout contact visuel avec lui, ou les fleurs azuréennes...
- J-je ne sais pas, nia Sakura en sentant avec rage et honte ses joues s'enflammer fatalement.
- Je crois avoir entendu Ino le citer... Serait-ce... l'amour interdit ? »

Le capitaine vit avec surprise et satisfaction sa cavalière baisser immédiatement la tête et essayer de cacher ses rougeurs, pourtant bien visibles, à l'aide de sa frange. Un sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme tandis qu'il devinait aisément ce à quoi elle pouvait penser. Il l'avait remarqué, bien avant le début du bal : Il lui plaisait. Il en était presque sûr, et la réaction confuse de la Rose ne faisait que confirmer ses soupçons. La rose bleue, symbole d'amour inaccessible ou impossible, devait sans aucun doute être une incarnation des sentiments d'une pauvre nomade envers un Capitaine de la Chevalerie, et héritier de la noble famille Uchiwa...

En écho aux spéculations du brun, Sakura se maudissait d'exposer aussi bêtement le fond de son cœur à l'objet de ses pensées, et maudissait ces roses à la couleur révélatrice. Elle s'était bien entendu rendue compte de son attirance pour le jeune officier, mais ce n'est que lorsqu'elle n'avait pu s'empêcher de superposer la symbolique de la plante sur sa propre situation qu'elle avait compris l'étendue de son erreur. Elle était bel et bien tombée amoureuse d'un aristocrate...

« - Qu'avez-vous, soudain ? demanda Sasuke. »

Il se sentait un peu coupable de se délecter ainsi de l'embarras de son amie, mais il ne se priva pas pour autant de ce plaisir cynique.

« - R-Rien... Rien du tout, bredouilla la victime en essayant tant bien que mal de reprendre contenance.
- Sakura... »

C'était la première fois qu'il l'appelait par son prénom. Cette minuscule constatation eut pour effet d'accélérer son rythme cardiaque d'une manière peu raisonnable et de la faire frissonner malgré elle.

« - Vous savez, on m'a souvent dit que je pouvais lire dans les pensées... »

Elle frissonna encore, mais d'angoisse, cette fois-ci.

« - Mais on m'a également souvent dit que je ne me comprenais pas moi-même.
- Comment cela ? demanda la jeune fille.
- Je vous donne un exemple. Imaginez qu'en cet instant même, je me rappelle que je m'étais promis de ne plus ressentir aucune forme d'affection dorénavant. Seulement, en même temps, j'ai très récemment rencontré une personne aux cheveux couleur d'améthyste qui suscite en moi une telle effusion d'émotions qu'il est impossible que je l'ignore... »

Le rouge monta subitement aux joues de la princesse d'une nuit. Le discours était clair.

« - Cependant, continua-t-elle en plongeant ses iris dans les obsidiennes de son vis-à-vis, vous savez bien qu'aucun sentiment, aussi fort soit-il, ne pourrait traverser le fossé qui vous sépare d'elle...
- Elle devrait savoir, elle qui a su me comprendre avant moi-même, que je ne suis pas prêt à renoncer à quoi que ce soit !
- C'est impossible !
- D'où venez-vous ? demanda-t-il subitement.
- Je ne sais pas. Mais pourquoi cette question ?
- Je parlais à Père pendant que vous étiez avec mon cousin, tout à l'heure. Figurez-vous qu'il sait qui vous êtes. »

Une déception amère tirailla le cœur de la demoiselle.

« - Oh... Dois-je quitter les lieux maintenant ?
- Et si je vous répondais... Jamais ? »

Plus qu'abasourdie, complètement choquée, Sakura poussa le brun loin d'elle.

« - Je vous en prie, Monseigneur. Votre bonté est trop grande pour que vous vous moquiez de moi...
- Arrêtez donc de m'appeler Monseigneur, et écoutez attentivement ce que j'ai à vous dire. »

Sasuke se rapprocha encore une fois.

« - Il était une fois, cinq grandes familles vivaient en paix, gouvernant un pays prospère aux côtés de leur Seigneur Féodal...
- Est-ce vraiment le moment de raconter un conte ?
- Ne savez-vous donc pas écouter sans interrompre ? S’exaspéra l'Uchiwa. Je poursuis donc. Un jour cependant, l'un des cinq Seigneurs, Namikaze Minato, eut un fils, et son oncle, qui planifiait apparemment sa nomination en tant que tête de la famille, vit son plan tomber à l'eau. C'est alors que les Namikaze entrèrent en une véritable guerre interne. Ce fut d'abord une atroce guerre froide, mais cela tourna le jour où le tout petit héritier faillit se faire assassiner par les sbires de son grand-oncle. Le clan se vit diviser en deux parties : celle qui était restée fidèle à Minato, et celle qui était avide de pouvoir et de richesse, et qui s'était laissée corrompre par le traître. Le problème, c'est qu'Orochimaru, s'était allié à Kabuto, le frère du chef des Haruno, et ils s'en étaient pris également à l'héritière de ces derniers dans le but de faire tomber les deux clans en même temps. Et en ce temps-là, les Uchiwa, les Inuzuka, et les Yamanaka n'avaient rien fait pour empêcher les deux clans de s'entretuer, et de ne laisser derrière eux qu'une énorme flaque de sang et feu, ainsi que leurs deux héritiers, encore bébés, protégés par une servante fidèle des Haruno.
-Quelle horrible histoire... commenta la jeune fille, émue. »

Sasuke soupira longuement, se demandant comment il allait lui annoncer ce qu'il avait eu tant de mal à contenir jusque-là.

« - Sakura, je ne suis pas du genre à tourner autour du pot, et veuillez m'excuser pour le manque de délicatesse mais... Ceci est une histoire vraie, et c'est la vôtre. »

Silence. Temps de réaction. Réaction.

« - Je vous avais prié de ne pas vous moquer de moi ! S’énerva la Rose.
- C'est la pure vérité, je ne me moque pas, dit le cadet Uchiwa d'un ton calme. »

Il s'attendait à cela, mais il ne savait pas vraiment quoi faire à présent.

« - Pour un peu, vous alliez me dire que Naruto est un Namikaze, que Shizune est une servante et que je suis issue de famille noble !
- C'est exactement ce que je suis en train de vous dire, en effet. »

Bouche bée. Elle était bouche bée. A présent qu'elle y repensait, Shizune en savait beaucoup sur la vie des aristocrates. Beaucoup trop pour une simple mendiante. Et tous ces mystères depuis qu'elle était en âge de poser des questions... Etait-ce pour les protéger, Naruto et elle, des potentiels vengeurs ? Les protéger du destin sanglant auquel ils avaient échappé de justesse ?

« - Je n'arrive pas à y croire... murmura-t-elle, les yeux dans le vague.
- Mm, fit Sasuke, comprenant ce qu'elle pouvait ressentir.
- Il faut que j'aille le dire à Naruto, et il faut que je touche deux mots à Shizune. Et... Que va-t-il se passer, maintenant ? Allons-nous juste continuer à vivre comme si de rien n'était ?
- Non. Mon père, qui m'a raconté votre histoire en reconnaissant vos singuliers traits, caractéristiques spéciales des Haruno, m'a demandé de vous faire savoir qu'il comptait se faire pardonner l'erreur passée des Uchiwa en reconstruisant la demeure Haruno et la demeure Namikaze à l'endroit exact où elles étaient. »

Caractéristiques spéciales... Ses cheveux ? Etait-ce pour cela qu'elle devait les dissimuler sous une capuche dès son entrée à son village natal ? Elle comprenait tellement de choses à présent !

« - Comment vous sentez-vous ? S’inquiéta le brun devant l'expression statufiée de la Haruno.
- Bien... chuchota-t-elle.
- Comment ?
- Merveilleusement bien ! »

Dans son élan d'excitation, elle se jeta au cou de son cavalier en riant, les larmes aux yeux, soulagée de ce gouffre abyssal qui rongeait son cœur. Guérie... Sasuke se figea un instant devant cette surexcitation soudaine, et ne put au final que refermer ses bras sur sa cavalière en souriant pour la énième fois depuis qu'il l'avait rencontrée.

« - Vous comprenez maintenant, pourquoi je vous demande de rester ?
- Oui ! fit Sakura, tout sourire.
- Êtes-vous heureuse ?
- Oui !
- Voulez vous... Rester à mes côtés ? »

Ce fut au tour de Sakura de se figer. Le fait d'être passée du stade de mendiante à celle d'héritière de l'un des Grands suffisait amplement à anesthésier sa capacité de raisonnement, mais la question, qui lui paraissait complètement hors contexte, acheva de l'épuiser. Elle ne put que répondre, dans un élan de lucidité :

« - Vous avez décidément un goût particulier pour vous moquer des gens... »

Et elle sombra dans l'inconscience, un sourire aux lèvres.

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Fugaku Uchiwa regarda de sa fenêtre son fils déposer délicatement la jeune Haruno sur un banc du jardin, et la recouvrir de sa veste avant de s'asseoir sur le gazon, juste à côté d'elle. Il observa ses gestes, son regard, son minuscule sourire en coin, et sourit à son tour. Il avait vu juste. Sasuke était bel et bien tombé sous le charme de cette jeune mendiante. Car il savait bien des choses que son fils ne savait en sa connaissance, de ses escapades journalières à la falaise, à ses rencontres discrètes avec la nomade.

Uchiwa père avait fait suivre son fils, et il en gardait un léger sentiment de culpabilité, mais ce n'était que par précaution, de peur que son cadet, influencé par la voie que son frère avait choisi, ne se perde dans un quelconque chemin menant vers des ténèbres trop denses pour qu'il puisse un jour trouver le chemin du retour. En découvrant cette jeune fille au passé brouillé, il avait tout de suite vu en elle le miracle qu'il espérait. Sasuke s'était confié à elle inconsciemment, comme si sa présence l'apaisait, mais il ignorait la raison de cette confiance innée. Ils avaient été inséparables, du temps où Minato Namikaze et Kushina Uzumaki vivaient encore dans la capitale, du temps où ils menaient tous une vie insouciante et prospère, du temps où ils étaient encore meilleurs amis...

La petite Haruno, le petit Namikaze et son Sasuke étaient tellement liés les uns aux autres que leurs parents avaient dû aménager une aile pour enfants dans chaque maison, et organiser leur semaine de manière à ce qu'ils dorment toujours ensemble, dans la demeure de l'un ou de l'autre. Toutefois, le Général de l'Armée était agréablement surpris que ce lien persiste toujours, malgré les années, la distance, les classes sociales et l'éducation même de l'un et de l'autre... Tout ce qui séparerait les amis les plus intimes en ce monde où tout s'effrite trop vite !

Le père Uchiwa couva d'un long regard bienveillant ses deux protégés, et ferma les rideaux de son bureau afin de retourner à la fête qui tendait à sa fin, laissant derrière elle un sillon de modifications qui auront, il le savait, un impact bienfaiteur sur l'avenir de son fils cadet...




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