Fiction: Destin (terminée)

"Elle se déhanchait, sautillait, tournoyait sans montrer un seul signe de fatigue ou de lassitude, une lueur de malice flamboyant dans ses iris verts." "Son esprit était obnubilé par l'image de son frère, ricanant de la confiance aveugle qu'il avait en lui depuis qu'il était né. "-C'est un ancien Capitaine, un représentant de la justice, [...] Et surtout, le seul en qui j'avais vraiment confiance en ce monde ! Mon pilier, mon propre frère est un traître !" " Le destin est joueur...
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Noussy (Féminin), le 27/05/2012
Un Saku/Sasu aux ambiances médiévales... Bonne lecture !



Chapitre 1: Destin



La musique allait bon train déjà, et nombreux étaient les passants qui s'arrêtaient, curieux, afin de contempler les musiciens. Singuliers musiciens, pensaient beaucoup, différents des bohémiens qui jonchaient les rues pavées de la ville, guettant l'arrivée dangereuse de quelque officier. Une foule s'amassa bientôt autour des artistes de l'infortune, un léger et régulier tintement de pièce parvenant de temps en temps aux oreilles de la jeune danseuse au sourire gai.

Le soleil brillait au dessus des toits aux extrémités pointues et aux manteaux de tuiles rousses, éclairant la place bruyante et bondée de monde en ce Mardi matin. Ce n'était pas jour de marché, et les représentants de la loi étaient peu présents en ces lieux trop populaires, au plus grand bonheur de la petite troupe. Un petit cochon rose circulait en sautillant entre les spectateurs, un petit gobelet coincé dans son groin, sautant pour récolter les pièces d'argent ou de bronze qu'enfants comme adultes s'amusaient à lui lancer.

Ceux qui n'avaient que faire du petit animal avaient les yeux rivés sur la jeune vagabonde assez étrange aux cheveux singulièrement rose et au sourire resplendissant qui bougeait au gré de la mélodie que jouaient une petite brune et un jeune blond. Elle se déhanchait, sautillait, tournoyait sans montrer un seul signe de fatigue ou de lassitude, une lueur de malice flamboyant dans ses iris verts.

Le musicien blond, joueur de luth, chanta encore trois notes et s'arrêta, suivi de près par la flûtiste qui l'accompagnait. La jeune fille aux cheveux roses se glaça sur une pose théâtrale, dessinant une courbe avec son dos, les bras gracieusement relevés, les yeux clos, lui valant les applaudissements enflammés de ses admirateurs d'une journée. La foule se dissipa petit à petit, l'oubliant déjà, comme à chaque fois qu'elle dansait pour subsister. Le petit cochon sauta sur les genoux de la brune, en se lovant dans ses bras, après lui avoir docilement remis le gobelet plein de pièces.

« - C'est bien, mon Ton-ton ! Bravo, mon porcelet d'amour ! Tu as fait du bon boulot ! Complimenta la brunette, en caressant son compagnon rose.
- Shizune, tu veux bien te préparer au lieu de couiner des idioties à un cochon qui ne comprend rien à ce que tu racontes ? Ironisa la jeune fille aux yeux verts en se couvrant les épaules d'une légère cape de voyage.
- C'est toi qui ne comprends rien ma petite Sakura ! Ton-ton nous aide aussi à gagner des sous. Il mérite qu'on le récompense. Pas vrai, mon poussin ?
- Et voilà, elle recommence ! Tu ne serais pas un peu amoureuse de ce cochon, Shizune ? Se moqua le joueur de luth.
- Naruto, cesse de dire n'importe quoi. Et arrêtez, ce n'est vraiment pas le moment de se chamailler comme des gamins ! Les coupa Sakura, agacée. »

Elle soupira de lassitude, sous le regard surpris de ses deux amis. Elle savait qu'elle était de plus en plus irritable, et était consciente que son comportement étrange inquiétait ses camarades, mais elle ne tentait même pas de se montrer vivable. Depuis quelque temps, elle ne savait combien exactement, son cœur était sans cesse oppressé par un affreux sentiment de vide, comme si son organe vital n'était rien d'autre qu'une pompe à sang, sans aucune fonction extra biologique. Elle n'en avait pas informé Shizune, ni Naruto ; elle craignait qu'ils ne prennent l'affaire à la légère. Cependant, sa force de caractère était mise à rude épreuve, et elle commençait à vaciller sérieusement.

Sa petite bourse en cuir fermement attachée à la ceinture de sa robe rouge, elle ouvrit la marche en prenant bien soin de rabattre sa capuche sur ses mèches rosées. Elle préférait marcher seule, en tête de troupe, afin de se perdre un peu dans ses pensées plus ou moins sombres, devançant de quelques mètres les deux autres. A peine eurent-ils le loisir de tourner le coin d'une ruelle qu'un son de galop résonna derrière eux. Shizune ne put que tirer Naruto et se plaquer contre le mur bordant la rue étroite, évitant ainsi l'impact, mais elle ne parvint pas à sauver le troisième membre de la troupe qui poussa un cri de panique. Dans un geste désespéré pour se protéger, la Rose recula rapidement, mais trébucha malencontreusement sur une dalle mal placée.

« - SAKURA ! Hurla Shizune sous l'effet de l'affolement. »

La monture se cabra en hennissant juste devant la malchanceuse, tandis que son cavalier essayait de la maîtriser en tirant sur les rennes et en marmonnant de fermes « Tout doux, Night ! Calme ! ». Après s'être assuré que la bête était apaisée, il en descendit avant de poser son regard sur la jeune fille sauvée de justesse. Cette dernière fixait son imprudent agresseur, la stupeur peinte sur son visage. Elle était comme hypnotisée, choquée, tellement qu'elle ne réalisa pas que sa capuche était tombée dans sa chute. Le cavalier plongea ses iris sombres dans ceux d'émeraude de Sakura, tout en passant la main dans ses cheveux d'ébène. Il arborait une expression calme, impassible, donnant l'effet d'un masque de glace. Effet accentué par sa peau très claire, en contraste avec sa tenue gris sombre, sa monture d'un noir pur, et ses prunelles d'obsidienne.

« - Veuillez accepter mes excuses, mademoiselle. J'ai quelque peu perdu le contrôle de ma jument et... Ne nous sommes nous pas déjà rencontrés quelque part ? demanda le cavalier en scrutant la jeune fille. »

Shizune se précipita aux côtés de son amie, rabattit sa cape sur ses cheveux, l'aida à se relever, et se tourna vers le brun en effectuant une courbe respectueuse impeccable.

« - C'est à nous de nous excuser, Monseigneur. Nous ferons attention la prochaine fois. »

Et elle partit précipitamment, tirant par l'épaule une Sakura toujours sous le choc, suivie de près par Naruto qui jeta néanmoins un regard au jeune brun par-dessus son épaule.

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« - Bon sang ! On a failli y passer ! Tu te rends compte ? C'était un haut placé, Sakura ! Un Capitaine ! Et au lieu de déguerpir en vitesse, que fait-elle ? Elle admire le beau prince ! Qu'as-tu à dire pour ta défense, jeune fille ?
- Laisse moi, Shizune... marmonna la réprimandée à travers ses mains qu'elle avait plaquées sur son visage. »

Sa tête menaçait d'éclater sous l'effet d'une violente migraine, alimentée par les images de sa rencontre mouvementée avec le brun au cheval noir. Quelque chose lui échappait, elle en était certaine, mais elle ne parvenait pas à saisir quoi.

« - Te laisser ?! Réveille-toi, Sakura ! Fais attention à ce que tu fais ! Nous aurions pu tous y rester...
- Shizune...
- Elle n'a même pas rabattu sa capuche ! Tu montrais tes belles mèches roses à Monseigneur ?
- POURQUOI FAUT-IL QUE L'ON SE CACHE ? »

Elle avait littéralement explosé. Elle en avait assez. Elle n'était ni une bohémienne ni une voleuse. Elle ne comprenait décidément pas pourquoi il fallait se dissimuler sans cesse sous les pans d'une cape grisâtre, pourquoi aucun d'entre eux n'avait le droit de chercher un loyer, ni un travail digne de ce nom. Ils étaient des immigrants, certes, mais cela ne les excluait pas de la race humaine !

« - Ma chérie... Je suis désolée... Calme-toi. »

Shizune soupira. Elle se contenta de prendre l'adolescente dans ses bras, la berçant, espérant ainsi tarir ses larmes. Naruto était plongé dans ses pensées depuis un long moment, étendu sur la pile de couvertures dures et rêches pliées dans un coin de la petite cabane dans laquelle ils vivaient momentanément. Emergeant soudain de sa profonde réflexion, il demanda doucement à Shizune, lançant au passage un regard plein de remords à sa sœur.

« - Pourquoi l'as-tu appelé Monseigneur ? »

Ce détail lui trottait dans la tête. Cette appellation respectueuse était réservée aux Grands, les cinq familles dont les opinions et les décisions influaient plus que celles du Seigneur Féodal lui-même. Il n'avait jamais vu aucun d'entre eux, et il était dit qu'ils ne s'abaissaient pas à se mêler à la population. Après tout, ils avaient dépassé l'aristocratie et le Gouverneur lui-même leur devait du respect.

« - Il avait l'emblème des Uchiwa dans le dos de sa cape, répondit Shizune.
- Ah ! Je n’avais pas remarqué !... Il est Capitaine de la Chevalerie, mais il est très jeune.
- Ne t'en étonne pas. Les Uchiwa, tu le sais, sont les représentants de la Justice depuis des générations. Leurs descendants forment l'élite de l'Armée.
- Ils en ont de la chance, chuchota Naruto pour lui-même, rêveur. »

Remarquant soudain que Sakura avait cessé de pleurer, le jeune homme lui fit un sourire resplendissant, puis bondit sur ses jambes en criant, soudain de bonne humeur.

« - J'ai la daaaaaalle ! On mange des nouilles, Shizune ? »

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Le Colonel Hatake jeta un discret coup d'œil à sa droite. Le Capitaine Uchiwa Sasuke était visiblement concentré au maximum sur la scène qui se déroulait à quelques mètres de leur cachette, tentant de retenir les moindres détails qui pourraient leur être utile dans leur mission. Reportant son attention sur les deux individus en noir qui se tenaient en face de lui, il s'adonna lui-même à l'espionnage. Leurs capes lourdes traînaient sur le sol caillouteux, mais aucun d'eux ne s'en préoccupa. Leurs visages étant dissimulés par leurs capuches, le jeune officier aux cheveux argentés ne pouvait espérer reconnaître un visage familier. C'est que le gang Akatsuki était célèbre, mais ses membres étaient restés une énigme pour la police jusqu'à présent. Ils n'avaient pu formuler que des hypothèses, et les portraits des suspects étaient accrochés depuis des années dans le hall d'entrée du commissariat central.

Kakashi Hatake laissa échapper un sourire de satisfaction. Il avait depuis peu été assigné à l'unité chargée de l'affaire « Akatsuki », et déjà, ils avaient réussi à les repérer. Il fallait tout de même avouer que l'aide du nouvellement nommé Capitaine de la Chevalerie et plus jeune membre de l'illustre famille Uchiwa qui se tenait à ses côtés, avait été des plus précieuses. Le jeune promu s'était donné littéralement à cette affaire, restant plusieurs fois éveillé jusqu'à pas d'heure dans son bureau, évaluant la situation, récapitulant les indices et essayant de trouver une tactique...

« Je le comprends... Il s'agit de son frère, tout de même... »

Car Itachi Uchiwa, le frère aîné de Sasuke et ancien chef du département chargé de l'Akatsuki s'était fait enlever. Et il était clair que le gang était l'auteur du kidnapping. Depuis, Kakashi avait lui-même été nommé chef du département, et Sasuke avait tout fait pour être intégré à l'unité. A présent, leurs efforts joints portaient enfin leurs fruits. Quelques minutes plus tard, lorsque la porte s'ouvrirait, ils pénètreraient dans la cachette dont l'ouverture était taillée sur le flanc d'une immense falaise, délivreraient Itachi et arrêteraient cette menace qui planait en ombre obscure sur la sécurité générale, et par extension, sur les dossiers du commissariat.

Les deux hommes se décidèrent enfin à se diriger vers l'entrée supposée être secrète de leur quartier général. Dans un large mouvement de cape sombre, chuchotant sous leurs capuches des phrases qui ne parvenaient pas aux officiers camouflés, ils progressaient, lentement et en jetant de temps à autre un coup d'œil autour d'eux. Enfin, ils s'arrêtèrent devant l'ouverture dissimulée et prononcèrent rapidement quelques mots. Aussitôt, la roche, qui semblait aussi solide et immobile que le reste du relief auquel elle adhérait, remua lentement, et contre toute attente, presque sans bruit.

Kakashi fit un signe à Sasuke qui comprit immédiatement. Le brun communiqua l'ordre aux hommes qu'il commandait, et qui sortirent immédiatement de leur cachette, coururent jusqu'à la porte qui se refermait d'elle-même et s'engouffrèrent derrière leur capitaine qui se glissait avec la souplesse d'un félin à travers l'étroite ouverture qu'elle offrait juste avant qu'elle ne se referme derrière eux, rendant ainsi son aspect monotone et innocent à la paroi fripée. Devant eux, un couloir sombre et sec s'étendait jusqu'à dévier soudainement vers la droite, vide et silencieux.

« Etrange... Normalement, je devrais entendre l'écho du bruit des pas des deux hommes puisqu'ils sont entrés juste avant moi. Moi qui m'attendais à la possibilité de les trouver juste en face de la porte... »

Conseillant à ses hommes plus de prudence suite à sa constatation, gardant en tête la possibilité d'un piège, le jeune Uchiwa scruta la porte et les alentours à la recherche d'un moyen d'ouverture... En vain.

« - La commande doit donc venir de l'intérieur... conclut-il. »

Il avança lentement, arme en main, sur le sol poussiéreux de la grotte. Arrivant à l'extrémité du passage, la seule possibilité qui s'offrait à lui était de tourner à droite, et donc de se retrouver face à une porte unique en acier brut. Cependant, en s'engouffrant tous ensemble dans une impasse, ils laissaient à l'ennemi le champ libre pour les encercler, c'est pourquoi il ordonna à trois des six hommes qui l'accompagnaient de rester dans le passage principal et de l'avertir en cas de danger.

Puis, il colla son oreille à la porte.

« - Ils sont apparemment peu... Trois peut-être, quatre au maximum. Je ne peux pas entendre ce qui se dit, reporta-t-il.
- Nous devrions les attaquer, dans ce cas, proposa l'un des officiers.
- L'effet de surprise est en notre faveur et nous sommes plus nombreux qu'eux, soutint un deuxième. »

Sasuke réfléchit un instant. Ils étaient bien peu... Et décidément pas assez vigilants. Quelque-chose clochait, mais il ne pouvait savoir quoi. Cependant, s'ils restaient ainsi plus longtemps sans rien faire, ils allaient finir par se faire découvrir, et si les choses de l'autre côté de cette porte étaient plus corsées que prévu, ils n'auraient qu'à activer un mécanisme se trouvant forcément à l'intérieur pour laisser les hommes de Kakashi entrer !

« - Très bien. A mon signal, nous pénétrons dans la pièce. Tenez-vous prêts à toutes les possibilités et essayez de trouver le mécanisme pouvant ouvrir la porte d'entrée, décida Sasuke. A vos armes... A l'attaque ! »

La porte s'ouvrit à la volée, plus légère que prévu faisant sursauter les quatre hommes debout à l'intérieur d'une pièce éclairée par quelques bougies. Le premier, que le Capitaine reconnut facilement comme étant Kisame Hoshigaki, décrocha une masse du mur, réagissant en premier. Un jeune homme aux cheveux gris, alias Hidan, poussa un juron et courut vers l'extrémité de la pièce pour récupérer rapidement sa lance empoisonnée, juste à temps pour parer la lame d'un officier, en même temps que Kakuzu. Sasuke entra en dernier dans la pièce, après avoir appelé les trois autres à la rescousse, histoire d'avoir l'avantage du nombre, et d'ouvrir plus rapidement la voie à Kakashi. Constatant que chacun de ses hommes se battait avec l'un des membres d'Akatsuki, il commença par scruter la pièce des yeux, rapidement d'abord, puis plus minutieusement en sautant de coin en coin, donnant un coup de main à ses hommes par la même occasion. Lorsqu'enfin, une manivelle apparut dans son champ de vision, deux de ses hommes tombèrent.

Ce n'est qu'à cet instant précis qu'il remarqua la présence du quatrième membre du gang. Une épée ensanglantée à la main, son visage était en entier dissimulé par sa capuche, aidée par la semi obscurité du lieu. N'ayant pas d'autre choix que de combattre, le jeune Uchiwa se jeta sur l'homme en question en poussant un cri de guerre, épée en l'air.

Tout en parant les coups habiles de l'adversaire, et en attaquant de temps à autre, il essayait de trouver un moyen de prévenir les autres de l'endroit de la manivelle, mais il ne pouvait perdre sa concentration à aucun moment. L'inconnu était doué, certes, mais il y avait autre chose qui faisait que le brun avait de plus en plus de mal à suivre le mouvement.

« C'est comme s'il lisait dans mes pensées ! »

Il semblait anticiper ses gestes, connaître ses points faibles, savoir parfaitement comment parer ses attaques... Et ce, sans faire un seul mouvement inutile. Il ne connaissait qu'une seule personne capable d'une telle prouesse... Sasuke redoubla d'effort à cette pensée, mais son but n'était plus le même. Un horrible doute s'immisça dans sa concentration... D'un geste, il poussa l'arme de son vis-à-vis vers la gauche, se glissa sur sa droite et coupa d'un geste net l'attache de la cape noire qui tomba au sol en un bruit feutré.

Sasuke se figea. Ses yeux s'écarquillèrent, ses lèvres s'entrouvrirent, ses mains devinrent tellement moites et lourdes qu'il en lâcha son arme. Il ne lisait pas dans ses pensées, il connaissait simplement par cœur le moindre de ses mouvements. Une seule personne était capable d'anticiper ses gestes, celle-là qui avait partagé le même enseignement que lui, avec qui il avait croisé le fer tant de fois, qui le connaissait par cœur, comme il avait cru la connaitre par cœur... Son propre frère...

« - Itachi... murmura le cadet Uchiwa en faisant un pas vers son aîné. »

Mais il s'arrêta net. La pointe de l'épée d'Itachi se plaça juste en face de sa poitrine, comme creusant le fossé qui était apparu entre les deux frères. Repoussant l'évidence, Sasuke reprit sur un ton enjoué :

« - Arrête... ça va, tu peux arrêter de jouer leur jeu... Kakashi est dehors avec deux unités... Ils les arrêteront sûrement maintenant. »

Un sourire se dessina sur les lèvres de l'aîné Uchiwa. Un sourire qui donna un frisson à son cadet. Froid, moqueur, méprisant... Tout le contraire de l'Itachi jovial et protecteur qu'il connaissait.

« - Itachi... amorça Sasuke.
- Tais-toi, l'arrêta son vis-à-vis avec une voix glaciale. Sasuke... Es-tu stupide ou le fais-tu exprès? J'aimerais croire que tu me tends un piège, sinon, tu me fais honte. »

Sasuke fronça les sourcils. Son frère avait toujours eu une voix douce en s'adressant à lui, et ne l'avait jamais rabaissé. Au contraire, il tendait à l'encourager dans tout ce qu'il faisait, et le guidait dans ses pas tout en veillant à lui apprendre à être indépendant. Son ton fit frémir le jeune Capitaine qui n'en croyait pas ses oreilles.

« - Que se passe-t-il, Itachi ?
- Je ne te savais pas aussi naïf... fit ce dernier d'un ton las. Mais je tiens à vous féliciter tout de même. Trouver l'une de nos cachettes est un exploit venant de l'Armée...
- « Nos » cachettes ? Comment ça « nos » cachettes ? Tu veux dire que tu...
- Je fais partie de l'Akatsuki, stupide petit frère. »

Un silence s'ensuivit. « Non, c'est impossible ! Ça ne colle pas ! » se répétait le cadet Uchiwa.

« - Mais... Ton enlèvement ?
- Tout était planifié à l'avance, déclara l'aîné avec un soupir agacé. »

Sasuke tremblait, mais il ne le montra pas. Tout son esprit était en ébullition. Il ne savait que faire, s'il devait être triste ou en colère. Les révélations de son idole le mettaient hors de lui. Ne réfléchissant plus, il attrapa la lame de l'épée à deux mains, la fit pivoter avec une force nouvelle vers lui, puis donna un coup de pied dans le ventre du traître en hurlant de rage et de douleur. De ses mains ensanglantées, il activa le plus rapidement possible la manivelle après avoir récupéré son épée, puis siffla de toutes ses forces pour avertir les autres de leur position. Ses hommes tombaient un à un, pendant que leur capitaine se jetait sur son frère qui s'était relevé, prenant cette fois l'offensive comme tactique. Lorsque Kakashi arriva, il n'eut que le temps de voir qu'une trappe se refermait sur une tête grise, et un Sasuke au sol, les mains vermeilles, les yeux fixes scrutant, hagards, le plafond rocheux...

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La lumière du jour pénétra dans la pièce à travers la petite fenêtre sale, baignant l'unique pièce de la cabane d'une lueur terne et grise. Cela suffit cependant à réveiller Sakura, qui se leva en grognant, trouvant son réveil trop sombre pour annoncer une bonne journée. Elle s'habilla et sortit le plus silencieusement possible, jetant au passage un coup d'œil à ses deux amis qui dormaient encore. Dehors, il faisait à peine jour, et l'air était un peu trop frais pour elle. Aussi s'empressa-t-elle d'enfiler sa cape par-dessus son habituelle robe rouge, en frissonnant.

Les rues étaient encore totalement vides, si ce n'est quelques bohémiens qui dormaient encore sur le pavé humide de rosée. N'aimant pas l'ambiance quelque peu lugubre de la ville à cette heure matinale, la jeune fille hâta le pas vers la grande porte principale qu'elle traversa sans un regard en arrière. Elle longea le mur de pierre brune qui scellait la capitale, fredonnant un air entraînant qu'elle avait entendu Naruto jouer.

Enfin, la Rose emprunta un étroit chemin de terre, s'enfonçant corps et âme dans l'épaisse forêt encore sombre. L'herbe verte et mouillée craquait sous ses souliers, les branches noueuses des énormes arbres, habitants éternels de ce fragment de nature, s'accrochaient parfois à sa cape, laissaient échapper quelques gouttelettes de rosée, et faisaient frissonner leurs feuilles fraîches à son passage.

Sakura marchait lentement. Ses yeux verts s'harmonisaient parfaitement avec toute cette effusion de verdure, et ayant soudain honte de la couleur peu discrète de sa chevelure, elle rabattit sa capuche sur sa touffe rose afin de préserver son petit paradis verdoyant. Elle y venait chaque matin lorsqu'il ne pleuvait pas, trouvant en cet endroit plein d'une vie différente la sérénité à laquelle elle aspirait.

Tout en se perdant dans ses pensées, elle avait suivi son chemin habituel et était arrivée à son endroit fétiche : une brève étendue fleurie et herbeuse, éclairée à présent par le frais soleil du matin, et dont les brins d'herbe un peu hauts étaient de temps à autre balayés par le souffle discret d'une brise passagère. Un peu plus loin, ce parterre s'évanouissait brusquement, laissant une falaise plonger vers un niveau moins élevé du sol. Fidèle à ses habitudes, la jeune fille dégrafa sa cape, la plia soigneusement et la posa par terre, puis elle s'allongea à côté d'elle, frissonnant de plaisir.

Rien ne lui procurait plus d'allégresse que de sentir le chatouillement coquin des pousses vertes et couleurs contre sa nuque, ses joues, ses bras et ses pieds. Elle aimait n'écouter rien d'autre que la mélodie du vent, douce et silencieuse, accompagnée des petits gazouillis joyeux des oiseaux chantant un nouveau jour d'une vie. Sakura sentait la nature. Sa respiration même se faisait aussi légère que possible pour ne pas déranger cet équilibre si fragile...

Elle était sereine...

« - Que fais-tu ici ? »

Sakura sursauta violemment, se redressa aussi vite qu'elle le put et regarda autour d'elle, affolée. Mais en voyant la personne qui se tenait devant elle, droite et fière, le regard aussi glacial qu'il était possible qu'il le soit, elle se raidit.

« - Je... Vous...Comment êtes-vous... bredouilla la danseuse.
- Tu n'as rien à faire ici, trancha le jeune homme. »

La jeune fille sentit une sorte de malaise s'installer en elle. Lorsqu'elle l'avait croisé, l'autre fois, juste après avoir failli être réduite en purée par les sabots de son cheval, il lui avait paru beau. Beau et rayonnant. Il s'était comporté de manière si courtoise envers une simple fille du peuple qu'elle s'était dit qu'il avait bon cœur.

« Les gens ne changent pas aussi brusquement. Il doit simplement être de mauvaise humeur... »

Aussi s'empressa-t-elle de s'appliquer à faire une révérence parfaite, comme le lui avait appris Shizune, dans l'espoir d'atténuer la colère de son vis-à-vis.

« - Je vous demande humblement pardon, Monseigneur. Je sais que ces terres ne m'appartiennent pas, et que je n'ai aucun droit de me trouver en un endroit aussi beau... »

Sakura se tut et attendit, mais rien ne se passa. Il demeura silencieux, dur et sévère, attendant lui-même la suite.

« - Mais... poursuivit alors la Rose, je ne puis avoir de doute quant à la bonté et l'indulgence de Monseigneur. Monseigneur ne chassera pas la pauvre paysanne que je suis pour avoir foulé ses terres...
- Foule ces maudites terres, si tu en as envie... murmura le brun en la dépassant pour s'arrêter devant la falaise. »

Il s'assit sur le bord sans aucune hésitation, ses cheveux voletant autour de son visage pâle. Sakura ne pouvait apercevoir son expression, le jeune homme lui tournant le dos, mais elle pouvait facilement voir qu'il était mal en point. Curieuse et n'ayant pas le cœur à abandonner une personne à sa peine, la demoiselle s'approcha doucement, et s'assit à côté de l'aristocrate, un peu en retrait pour ne pas le déranger. Elle n'osa pas parler, toutefois, et se contenta de fermer les yeux pour écouter la symphonie du vent et des feuilles d'arbre.

Sasuke ne prêta aucune attention à la jeune fille derrière lui. Bien sûr, il se souvenait d'elle, grâce à ses cheveux singulièrement roses et ses yeux d'un vert éclatant, mais il n'y pensa pas plus que cela. Son esprit était obnubilé par l'image de son frère, ricanant de la confiance aveugle qu'il avait en lui depuis qu'il était né. Son père, le Général de l'Armée, lui avait ordonné de prendre une pause d'une semaine, et de laisser le reste à Kakashi. Fugaku Uchiwa n'avait d'ailleurs eu aucune expression en apprenant la traîtrise de son fils aîné, ce qui avait achevé de mettre le jeune Capitaine hors de lui.

« - C'est son fils... Et un ancien Capitaine... Et un représentant de la justice... Et l'un des meilleurs éléments de l'Armée... Et surtout, le seul en qui j'avais vraiment confiance en ce monde ! Mon pilier, mon propre frère est un traître !
- C'est lui qui perd, vous savez... »

Sasuke se retourna brusquement vers la jeune fille qui avait parlé. Il ne s'était pas rendu compte qu'il désespérait à haute voix, et l'intervention l'avait pris au dépourvu. Lui qui perdait ? Il était évident que s'il se faisait arrêter, il y avait de grandes chances que la prison à perpétuité ne suffise pas à purger ses crimes... Et d'ailleurs, à combien de crimes avait-il participé ? Il était clair qu'il avait longtemps aidé l'Akatsuki en leur communiquant les plans de la police... Il avait été une pièce maîtresse dans la réussite des actes du gang. Alors pourquoi les avait-il définitivement rejoints, en prenant le risque de se faire démasquer ?

« - Il savait ce qui l'attendait. Il est loin d'être bête, reprit le brun d'une voix dure, sans vraiment savoir pourquoi il répondait. Il n'a sûrement pas peur de la mort...
- Je ne parlais pas de la peine qu'il risque de subir, rectifia Sakura, se faisant plus douce qu'auparavant. Perdre la confiance des gens qui nous sont proches, décevoir son entourage et ceux qui nous faisaient confiance, être méprisé, haï, et perdre l'estime que les autres avaient pour nous... Je ne crois pas qu'il y ait un homme sur terre qui y soit indifférent. »

Sakura regardait au-dessus d'elle les nuages courir vers un avenir incertain, blancs et doux, innocents et soumis à la puissance du vent. Elle frissonna en imaginant Shizune et Naruto lui tournant le dos. A l'image de leurs regards, où se mélangeaient tristesse, déception et dégoût, elle retomba sur terre, faisant un effort pour chasser cette pensée de son imagination et se reconcentrer sur son vis-à-vis.

« - Surtout lorsqu'il s'agit de son frère cadet, continua-t-elle. Lorsqu'on est un exemple pour quelqu'un, le décevoir est la pire des choses qui soit. Il est sûrement torturé de remords en ce moment...
- Comment peux-tu en être aussi sûre ? rugit le brun brusquement. Tu ne le connais même pas !
- Je... Il ne peut-être un monstre... Il est... votre frère... bredouilla la Rose, le volume de sa voix diminuant tout au long de sa phrase. »

Elle ne s'était pas attendue à une telle réaction, mais elle pouvait imaginer, faute de pouvoir comprendre, ce qu'il ressentait. La frustration, le désappointement, un sentiment d'égarement... Sûrement tout ceci, oui... Cela se lisait dans ses yeux comme à travers de l'eau claire. La jeune nomade le voyait comme un être sensible, plus fragile que comme il lui était apparu lors de leur dernière rencontre, et par conséquent, elle n'arrivait pas à imaginer qu'une personne apparentée au jeune homme puisse être foncièrement mauvaise.

Sasuke, lui, ne comprit pas le sens de la réponse de cette fille aux cheveux roses. Il ne posa cependant aucune question, las et agacé, et tourna encore une fois le dos à son interlocutrice. Il se figurait à présent son frère comme un monstre, un être sans cœur ni conscience, le dégoût qu'il éprouvait à son égard exagérant l'image gâchée qu'il avait de lui. Itachi avait été pour lui l'être le plus important au monde, et sa trahison avait sur son cœur l'effet le plus douloureux. Sans prévenir, les mots de la jeune fille lui revinrent en mémoire.

« C'est lui qui perd... »

Il ferma les yeux, et imagina son père, sa mère, et même son aîné lui tourner le dos en le regardant avec mépris. Il eut un violent frisson.

« Itachi est vraiment un monstre pour pouvoir supporter cela... »

Sur cette pensée, encore plus frustré qu'auparavant, il se leva et marcha vers le chemin qui l'avait amené, sans un regard pour la nomade qui le suivit des yeux en se mordant la lèvre inférieure, inquiète d'avoir dit une bêtise. Lorsqu'il disparut entre les feuilles vertes que les arbres portaient maternellement, elle se leva à son tour et, soupirant, quitta l'endroit pour retrouver son gîte.

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Sasuke se dirigea rapidement vers ses appartements, ne prenant pas la peine de rendre leur salut aux quelques domestiques qu'il croisait. Ses traits se détendirent dès qu'il eut refermé la porte de sa chambre derrière lui, et il se permit enfin de soupirer longuement, extériorisant ses émotions peu joyeuses.

« - Eh bien ? Je t'attends depuis une heure ! Tu étais où ? »

Une jeune femme se tenait devant lui, appuyée contre le mur faisant face à la porte qu'il venait de franchir. Elle était vêtue d'une riche robe de velours violet foncé et avait coiffé ses cheveux blonds platine d'une longue queue de cheval, laissant cependant une mèche retomber sur son œil droit. Voyant que le brun ne répondait pas, un soupir traversa ses lèvres pulpeuses, et une étincelle de tristesse brilla dans ses yeux turquoise, tandis qu'elle s'approchait du nouvel arrivant.

« - Tu es encore allé là-bas, pas vrai ? devina-t-elle en lui lançant un regard de reproche.
- Et alors ? répliqua le Capitaine d'un ton sec en s'allongeant sur son grand lit et en se couvrant le visage d'un coussin.
- Comment ça, et alors ? Ce n'est pas bien pour toi de ruminer ça. Tu es fort, tu peux oublier !
- Qui te dit que je suis fort ? Et qui te dit que j'ai envie d'oublier ? »

La blonde grimaça à cette réplique. Elle posa ses poings sur ses hanches, reproduisant ce geste très répandu parmi la gent féminine, et cria d'une voix tremblante de colère.

« - Il ne s'agit pas que de toi, Sasuke ! Quand vas-tu comprendre cela ? Tu es Capitaine, fils de Fugaku Uchiwa, voué maintenant à être Général, et à reprendre la place que les Uchiwa ont depuis des générations ! Tu comptes renier ces responsabilités et passer ta vie à te morfondre sur un traître ? »

Les mains de Sasuke s'agrippèrent plus fermement au coussin qu'elles tenaient.

« - Reprends-toi, bon sang ! Cela fait vingt jours, maintenant ! Depuis ça, tu ne fais plus que des gaffes au travail... A cause de ton insouciance, l'Armée a failli perdre une dizaine d'officiers, avant-hier... Je ne te savais pas aussi lâche !
- Vas-t-en, Ino, gronda l'Uchiwa sur un ton menaçant.
- Non ! Tu ne me fais pas peur, sale lâche ! Et figure-toi que je ne suis pas la seule à penser comme ça. Le conseil Supérieur en a aussi par-dessus la tête. Le bal de printemps que ton clan organise est dans moins d'une semaine. Si d'ici là tu n'as toujours pas retrouvé tes esprits, je peux t'assurer que ton poste s'évapore... »

Sasuke repoussa le carré de velours qui dissimulait son visage d'ange au monde. Visage qui exprimait à présent de l'indignation et un brin de panique.

« - Ne me regarde pas comme ça, c'est leur décision... reprit Ino d'une voix plus douce. »

La jeune fille soupira et s'assit sur le bord du lit en jouant avec l'une de ses mèches platine.

« - Sasuke... Sérieusement, trouve-toi une cavalière et prouve leur que tu ne te préoccupes plus de cette affaire. Prouve-leur que tu es toujours toi-même.
- Pourquoi t'es pas ma cavalière, toi ? grommela le brun à travers sa grimace.
- Parce que je suis déjà invitée, tu le sais...
- Ah ouais... Par ce crétin d'Inuzuka...
- Sasuke ! »

Son interlocutrice soupira à nouveau, désespérée. Ino savait à quel point Itachi comptait aux yeux de son frère cadet. Elle avait beau être sa meilleure amie, et le connaître par cœur, la blonde ne voyait vraiment plus comment elle allait pouvoir aider le cadet Uchiwa à remonter la pente. Elle l'avait supporté maintes et maintes fois, mais il n'avait jamais été question d'une blessure aussi profondément taillée dans le cœur fragile du brun, qui, sous ses apparences froides et inébranlables, cachait un être aux attaches bien trop délicates. Elle avait alors abandonné petit à petit, à court d'idées et de patience, et ne faisait à présent qu'espérer qu'un miracle survienne pour empêcher son ami d'enfance de sombrer dans les abîmes de la dépression...

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Sakura dansait, dansait, sans se préoccuper de ce qui l'entourait. Son esprit, tourmenté depuis ce qui lui semblait être une éternité, était enfin libéré du poids des idées noires. Les pans rouges de sa robe virevoltaient autour d'elle, habillant son mouvement d'un volume amplificateur, valorisant ses gracieuses manœuvres qu'elle exécutait dans l'harmonie la plus totale. Elle avait dansé toute sa vie. La danse était sa vie. Sa conscience était entièrement et dangereusement donnée à la musique qu'elle suivait, qu'elle moulait de ses gestes fluides, si bien qu'elle ne vit pas l'ombre discrète qui s'était approchée d'elle. Lorsqu'elle se figea encore une fois dans une pose théâtrale, suscitant les ferventes acclamations du public et la réveillant par la même occasion de son état de transe, l'ombre se rapprocha doucement à travers la foule qui se dissipait, et se posta juste derrière la danseuse qui rabattait sa cape sur ses épaules en riant des pirouettes de Ton-Ton. Ce n'est que lorsqu'une pièce fut jetée dans le gobelet que le cochon tenait encore que la Rose se retourna.

« - Oh ! s'exclama-t-elle. Vous ?! »

Le brun, son regard froid et lointain posé sur elle, ne lui répondit que par un hochement de tête, surpris et un peu agacé de cet accueil indigne de l'écart de rang entre eux. Il ne fit cependant aucun commentaire et reporta brièvement son attention sur les deux autres membres de la troupe, lesquels le scrutaient avec stupéfaction et méfiance.

« - Puis-je vous parler un instant ? demanda-t-il soudain à l'intention de Sakura.
- Bien sûr.
- Pas ici, si vous n'y voyez pas d'inconvénient.»

Notant le vouvoiement avec une pointe de satisfaction inexpliquée, elle concerta Shizune du regard. La petite brune soutint un moment les pupilles sombres de l'officier qui s'était tourné vers elle en même temps que sa protégée, cherchant de ses prunelles expérimentées une quelconque trace de mauvaises intentions. La familiarité de Sakura envers le jeune homme la fit redoubler de prudence. Elle savait l'adolescente naïve et confiante – Trop confiante – et constituait donc une proie parfaite pour les manipulateurs amoureux du jeu, ou avides d'aventure. Seulement, à sa plus grande stupéfaction, les prunelles d'ébène étaient loin d'être chargées d'animosité ou d'un quelconque sentiment négatif, mis à part une profonde solitude. Au contraire, elles semblaient la prier, peut-être inquiètes de se voir affronter un refus, et malgré un examen des plus minutieux, la seule chose qui l'inquiéta fût le reflet d'une blessure très profonde.

« - Ne tarde pas. Nous retournons au gîte, tu nous y rejoins.
- Oui, acquiesça Sakura. »

Naruto observait sa sœur suivre docilement le Capitaine, et trouva fort étrange leur comportement à tous deux. Celui de la Rose était trop informel, trop détendu, et celui de l'Uchiwa trop aisé et adouci. Sakura étant de nature secrète, il ne s'étonna point du fait qu'elle ne lui avait rien raconté sur une quelconque nouvelle rencontre avec le « Prince », comme l'avait nommé Shizune quelques semaines auparavant. Mais elle n'était pas du genre à se familiariser de la sorte avec un inconnu, et un Seigneur, de surcroît, et le blond se demanda si son comportement était une conséquence de la surprise ou si elle avait tellement pensé à lui qu'elle s'était inconsciemment persuadée de le connaître. C'est avec un certain amusement qu'il songea à cette dernière hypothèse, et il arbora un grand sourire en rapportant son avis à Shizune :

« - Je ferais un excellent diseur de bonne aventure !
- Arrête de dire des bêtises et avance, répliqua la brune en soupirant. »

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« - Que vouliez-vous me dire, Monseigneur ?
- Je vous invite au bal donné par ma famille dans trois jours. »

Sakura se figea... Puis se reprit en répliquant d'un ton plus amer.

« - Monseigneur a tous les droits, mais Monseigneur aura la bonté de cœur de ne pas se moquer de moi...
- Ai-je l'air de plaisanter ? soupira Sasuke, mi- agacé mi- amusé. »

Sakura lui jeta un regard méfiant.

« - Et le prix sera fixé à combien ?
- Le prix de quoi ? demanda l'Uchiwa, étonné.
- Le prix de notre spectacle ! Monseigneur me pardonnera, nous ne demanderons pas beaucoup mais comme c'est un spectacle donné dans un château, les costumes seraient choisis par la maison, et il nous faudrait un dédommagement pour les trois jours qu'il nous faudra pour préparer la prestation et... »

Sasuke éclata de rire. Un rire franc, sonore, dénué de moquerie. La danseuse le scruta, étonnée, amusée et émerveillée à la fois.

« Il ressemble encore plus à un prince de contes de fées lorsqu'il est de bonne humeur... »

« - Je ne vous demande pas de donner un spectacle ! Rectifia le brun, en gardant un sourire amusé. Je vous invite à être ma cavalière. »

Il observa avec un amusement non dissimulé son interlocutrice écarquiller les yeux, entrouvrir légèrement les lèvres, et le regarder avec effarement. Elle ne s'y attendait apparemment pas du tout.

« - Vous... Vous voulez dire... Que je devrais porter une robe... Et assister à un bal dans le château de Monseigneur ? Avec Monseigneur ?
- C'est ce que j'ai dit oui, confirma ledit Seigneur. »

Là, les prunelles émeraude se chargèrent d'une méfiance tellement puissante que Sasuke agita instinctivement ses mains devant lui en s'exclamant :

« - Et non, il n'y a pas de piège, je vous en donne ma parole !
- Mais... Pourquoi moi ? Je veux dire... Il y a tellement de filles de votre rang qui se feraient sûrement une joie de vous accompagner au bal... Et je n'ai rien à me mettre... se lamenta-t-elle en sautant du coq à l'âne.
- Vous vous préparerez au château même, un peu avant le début du bal. Je déduis de votre discours que vous acceptez ?
- ... A une condition.
- Laquelle ?
- Que Naruto et Shizune viennent aussi.
- Vos compagnons de troupe ?
- Oui...
- C'est d'accord... soupira le brun. Je ferai préparer une robe et un costume supplémentaires... »

Sakura faillit sauter au cou du « Prince » mais se retint et se contenta d'une révérence respectueuse, à laquelle il ne répondit qu'avec un léger signe de tête, puis il la suivit des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse entre les murs de pierre. A ce moment-là seulement, un gros soupir traversa ses lèvres pendant qu'il montait sa jument, et bien d'autres encore suivirent pendant son chemin vers sa demeure, puis s'arrêtèrent enfin lorsqu'il traversa au trot le pont-levis du château Uchiwa. Enfin, il sauta de sa monture et la fit entrer dans l'écurie, prêt à s'occuper d'elle lui-même, comme il aimait le faire. Alors qu'il pansait consciencieusement Night, l'image de cette danseuse aux traits si inhabituels lui revint en mémoire.

« Bien entendu que j'aurais pu choisir l'une de ces idiotes sans cervelle qui ne pensent qu'à l'héritage de mon père... Mais elles sont des idiotes sans cervelle qui ne pensent qu'à l'héritage de mon père... En même temps, rien ne me prouve qu'elle n'en est pas une aussi. Mais bon, de toute façon, si c'est pour les faire changer d'idée, c'est bien la meilleure façon de le faire. Mon père connaît déjà toutes les filles des nobles du pays, et il sait d'avance que si ce n'est pas Ino, j'accepterais au hasard l'une d'entre elles pour la forme. Alors que si je choisis ma cavalière moi-même... Il suffira de ne pas crier sur tous les toits qu'elle est une mendiante et le tour sera joué. Elle n'est pas moche, et ses manières sont parfaites, elle fera l'affaire. »

Un sourire satisfait étira ses lèvres finement dessinées, tandis qu'il conduisait à son box une Night toute flamboyante de propreté.





J'en ai mis du temps pour écrire ce truc ! Bien plus de temps que de raison, j'avoue... Franchement, trouver une idée un tant soit peu ORIGINALE pour un SAKU/SASU, soit le couple le plus répandu du monde de la fanfic Naruto, ce n'est vraiment, mais alors vraiment pas facile. Je m'y suis reprise à plusieurs fois, et je n'ai pu trouver que cette fin ultra niaise et un peu décevante en conclusion pour ce looong OS ^^' Vous avez ma permission pour me passer un savon >.<



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