Fiction: Toujours dans son ombre

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Le premier de mes souvenirs remonte à mon 4ème anniversaire. Je me souviens que la Troisième Grande guerre Ninja avait éclatée. J’étais devant la fenêtre, j’observais le ciel qui était envahi de nuages noirs. La pluie et les éclairs avaient pris possession des lieux. Je savais et je sentais ce qui se passait non loin du village. Je ressentais des personnes se faire tuer, je sentais le massacre qui se passait. Maman m’avait expliqué que c’était un don héréditaire, que cela se transmettait de mère en fille depuis des générations. Ainsi je ressentais différentes choses, tel que les esprits dans le corps des personnes. A ce moment je regrettais d’avoir ce « don », c’est comme si je ressentais moi-même les coups que ces ninjas recevaient. Les seules personnes dont j’aurai aimé sentir la présence étaient mes parents. Mais il y avait beaucoup trop de monde, je ne pouvais pas arriver à dire si celui qui venait de tomber était maman ou papa. Je me souviens de leurs paroles : « Ne t’inquiètes pas Ayame, on revient vite… »
Je voulais croire en leurs paroles, mais mon instinct me disait le contraire…
Je ne sais plus combien d’heures, voire peut-être de jours, j’ai attendu devant cette fenêtre. Il m’arrivait de sortir, par moment, devant chez moi quand je sentais qu’une personne passait devant la maison. Mais la plupart du temps c’était un ninja de patrouille qui me disait de rentrer chez moi. Mis à part ces ninjas il n’y avait personne dans les rues, il n’y avait qu’un silence de mort…
La guerre me sembla durer une éternité, mais elle se termina un jour où les rayons de soleil réussirent à transpercer les nuages. Durant tout ce temps j’avais senti ses âmes s’éteindre et je savais que des familles entières avaient été détruites. Maman fut la seule à revenir de cette guerre. Je me souviens de son visage, rempli d’horreur et de tristesse, me disant : « Soit fière du nom que tu portes. Ton père est un héros, honores-le. ».

Il fallut du temps avant que le village soit à nouveau complètement vivant. Les personnes avaient repris leurs habitudes, mais personne ne pouvait oublier ce massacre qui avait eu lieu. Pourtant il fallait aller de l’avant afin que la flamme du village ne s’éteigne jamais.

Je me réveillais en sueur. Ce souvenir était vraiment pesant, la peur était toujours aussi forte, malgré que cela faisait 2 ans que la guerre était finie. Je pris une profonde inspiration pour mettre ainsi de l’ordre dans mes pensées et mon esprit car aujourd’hui était un jour spécial pour moi. Il y a quelques jours, le jour de mon 6ème anniversaire, j’avais annoncé à Maman que j’avais pris une grande décision, je voulais devenir une grande kunoichi comme elle. Cela choqua un peu Maman, mais elle semblait fière de moi et m’avait d’ailleurs offert ce jour-là mes premières armes.
Ce matin-là je pris mes kunaïs et mes shurikens et je sortis dans mon jardin afin de rentrer dans la forêt qui débutait au fond de celui-ci. Cette forêt je la connaissais par cœur, elle m’était aussi familière que ma propre maison. J’avais décidé de faire mon entraînement près d’un ruisseau qui la traversait. Arrivée à ma destination je découvris sans surprise que l’endroit était vraiment calme, seul le chant des oiseaux et le ruissellement de l’eau se faisaient entendre. Je sentais juste les esprits des animaux qui habitaient dans cette forêt. Eux aussi sentaient ma présence, ils avaient d’ailleurs l’habitude car je venais très souvent. Il arrivait par moment que les biches élevées par le clan Nara viennent me voir.

A présent que la voie semblait libre et que personne ne semblait présent, j’installais des cibles à quelques mètres de moi. La distance me semblait raisonnable, je ne voulais pas tout de suite mettre des cibles aux quatre coins de la forêt. Une fois l’installation finie et que j’avais pris position je fis le vide dans ma tête. Plus aucun bruit ne parvenait à mes tympans, je ne sentais plus les esprits qui m’entouraient, c’était le vide total. Soudain j’ouvris les yeux et lança un premier jet de kunaïs. Tous, sans exception, atterrir à côté des cibles. Je regardais la scène d’un air totalement désespérée. Je sentais que l’entraînement allez être long, très long…

« Ce sont tes poignets qui font dévier la trajectoire de tes kunaïs. »

Effrayée par cette voix je ne pus m’empêcher d’envoyer un shuriken au moment où je me retournais vers cette voix. D’un mouvement de tête le jeune garçon esquiva mon arme qui se planta dans l’arbre derrière lui. Ce jeune garçon je le connaissais, du moins j’avais entendu parler de lui. Il s’agissait d’Uchiwa Itachi, le fils du chef du clan Uchiwa, mais aussi le petit génie du village. Tout le monde lui prédisait un fantastique avenir dans le monde ninja.
Surprise de sa venue je fus tout de même assez énervée de savoir qu’il m’observait et qu’il se permettait de me critiquer. Mais ce qui m’énervait le plus c’était que je n’avais pas senti son esprit avant qu’il ne me parle. Ce n’était donc pas qu’une simple rumeur, ce garçon était vraiment fort…

« Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu m’espionnes depuis combien de temps ? Et puis, je peux me débrouiller toute seule ! »

Il me regarda d’un air totalement surpris, comme si jamais personne ne lui avait parlé ainsi. Soudain un sourire s’afficha sur ses lèvres.

« Excuse-moi si je t’ai effrayé. J’aime bien venir me détendre ici. Je suis arrivé juste au moment où tu as lancé tes armes. Si tu préfères que je parte, pas de problème. »

Il décrocha mon shuriken de l’arbre, s’avança pour me le rendre, et, une fois rendu, il fit demi-tour et commença à partir. Je baissais les yeux et réfléchis. Après tout il ne voulait rien de mal, juste me donner un conseil. Et puis il était plus doué que moi, ses conseils ne pouvaient que m’aider à m’améliorer. Je levais les yeux vers lui et dit :

« Attends ! »

Il se tourna légèrement pour me regarder. On voyait dans son regard une forme de génie, mais en même temps, j’avais l’impression de voir une légère peur qui ne semblait pas très ancienne. Ces yeux ne reflétaient que ce que je sentais dans son âme. Lui aussi avait vu les horreurs que la guerre pouvait créer, cette peur devait provenir de là.

« Je crois que je vais avoir besoin de ton aide. »

De nouveau son sourire apparut sur ses lèvres et il me rejoint. Il se mit à côté de moi et m’expliqua avec précision la manière dont il fallait se positionner afin d’être sûr de ne pas louper sa cible. J’écoutais avec une très grande attention ce qu’il me dit, puis je mis tout cela en pratique. Je fus ravie de voir que je réussis à toucher au moins une des trois cibles. Je regardais Itachi, les yeux pétillants de la joie d’avoir réussi.

« Merci Itachi ! Au fait je ne me suis pas présentée, je m’appelle Ayame Ogawa.
- Ogawa ? Tu es la fille de Shunji Ogawa ?
- Oui, pourquoi cette question ?
- Mon père m’a raconté qu’il a réussi à sauver toute une partie de notre clan à lui tout seul. Je suis désolé qu’il soit tombé.
- Il ne faut pas. Maman m’a dit qu’il est un héros et je compte honorer sa mémoire en devenant une grande kunoichi.
- Alors je vais t’aider. On aura qu’à s’entraîner ensemble. La plupart du temps je m’entraîne seul, mais j’avoue qu’un peu de compagnie ça peut faire du bien.
- J’accepte avec plaisir. »

Pendant toute cette après-midi Itachi et moi nous entraînions au lancer d’armes. Il s’avérait qu’il était un excellent professeur. Et grâce à lui j’avais progressé assez rapidement. En une seule journée j’avais réussi à augmenter la distance entre moi et les cibles.
Depuis ce jour-là un lien s’est créé entre moi et le prodige Uchiwa. Nous nous entraînions assez régulièrement, par moment il arrivait qu’on se voit une semaine entière. On partageait beaucoup de moments ensemble, comme de véritables amis. Plus le temps avançait, plus ce lien se renforçait.
J’avais même eu la chance d’être invitée par sa famille à un repas. Il me présenta son petit-frère, Sasuke, et je compris qu’il était la personne qui comptait le plus à ses yeux. Son père me raconta que lui et mon père avaient combattu ensemble et qu’il se sacrifia pour le clan. Maman était beaucoup trop souvent en mission, ce fut donc la mère d’Itachi qui m’appris certaines choses que seules les femmes peuvent transmettre aux jeunes filles. Je ne dirais pas qu’elle était une seconde mère, mais je l’appréciais beaucoup. Aux entraînements il arrivait que Sasuke vienne aussi, il voulait à tout prix rattraper son frère. Je me sentais bien avec cette famille et surtout avec Itachi. Oui tout allait bien dans le meilleur des mondes…

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